L'aventurier ne prend même pas ombrage du fait que la jeune femme soit ainsi accrochée à son bras, bien au contraire. Il apprécie la sentir si proche de lui, même avec leurs couches de vêtements pour atténuer un peu l'impression. Cette chaleur qui émane de son corps est des plus appréciable, et lui donne quelque chose sur quoi se concentrer alors que la route les menant à l'auberge semble faire des kilomètres, alors qu'elle ne couvre en réalité qu'une poignée de rues. Puis enfin, l'établissement arrive à portée de vue. Fort heureusement, car le duo ressemble plus à des invocations de l’au-delà que deux aventuriers pleins de vie.
Sileas ne relève même pas la remarque de l'aubergiste et récupère simplement les clés après avoir payé. Et les deux semblent avoir la même idée en tête alors que sacs et vêtements superflus comme la veste et le manteau sont posés contre la première surface vaguement prévue pour. Retirant sa chemise, l'homme se laisse tomber sur le lit avec un long soupir d'aise, fermant l’œil quelques secondes pour savourer cette sensation si agréable des muscles qui se reposent enfin sur une surface douce. Il se croirait dans un plan supérieur d'existence tant le moment est agréable, avant que finalement la voix de Sia ne résonne de nouveau dans la pièce. Ne rouvrant même pas l’œil au début, il hoche la tête avec un léger sourire.
-"Clairement, j'ai enchainé les missions ces dix dernières années. Je n'ai pas fais grand chose d'autre, même. Beaucoup, beaucoup de travail. Mais je ne m'en plains pas."
Finalement, quand la forgeronne continue la suite de sa pensée, il vient ouvrir de nouveau la paupière et poser son regard sur la demoiselle, arquant un sourcil. La question est osée, mais sincère. Pendant un instant, il hésite à ne pas répondre avant de lentement soupirer.
-"Non tu as raison, il n'y a personne qui m'attend quand je rentre. C'est bien pour cela qu'a vrai dire je n'ai même pas forcément de "chez moi". Entre les auberges et les chambres de la Guilde, j'ai généralement toujours un lieu confortable ou passer la nuit. Mais au fond, n'est-ce pas le lot de beaucoup d'aventuriers ? Il faut trouver un partenaire sacrément coriace, ou lui même dans le métier pour qu'il arrive à supporter les périodes d'absence sans s’inquiéter au point d'être terrorisé de ne jamais voir sa moitié rentrer."
Finalement, il tourne sur le coté pour venir la regarder droit dans les yeux, étirant un instant son sourire alors qu'il s'installe un peu plus confortablement, passant la main droite sur son épaule gauche pour la frotter et la masser un peu et essayer de dénouer un muscle récalcitrant suite aux soins de la demoiselle en une légère grimace, avant de faire comme si de rien n'était.
-"Et toi alors ? As-tu trouvée la perle rare dont le simple regard te donne l'impression d'être la plus belle femme qu'il existe, et dont la pensée de le -ou la- retrouver te fait traverser le royaume en oubliant la fatigue juste pour rejoindre ses bras?"
Je réfléchis un instant à ses mots. Un partenaire sacrément coriace... Je revois un instant Sofia et Evelyn. Pendant longtemps la chasseuse n’a pas voulu rejoindre la Guilde, attendant la blanche chez elles au Village Perché. Aux dires de ma mentor, j’avais bien compris que leur relation n’était pas toujours facile avec l’attente, l’inquiétude et le manque. Était-ce cela qui avait décidé la brune ? Gouter à l’aventure pour être aux côtés de sa partenaire. Je trouvais cela beau, mais il semblait que les deux avaient finies par raccrocher pour vivre leur idylle loin de tout. Je n’avais plus de leurs nouvelles depuis des lunes.
Sileas me retourne alors la question, l’orientant bien plus que la mienne. Je le regarde quelques secondes en clignant de l’œil, l’air de ne pas vraiment saisir avant de fixer à nouveau le plafond quand je comprends ce qu’il sous-entend. Une personne qui me donne l’impression d’être la plus belle femme du monde ? Rien ne me vient à l’esprit avec cette première description. Quant à la seconde, je finis par répondre la première chose qui me vient.
« Je ne sais pas s’il me considère comme la plus belle femme du monde, mais la chaleur de l'âtre d’un fourneau est ce qui me donne envie de rentrer. »
Je lâche un petit rire en entendant mes mots, me rendant compte du ridicule de mes paroles. Je garde un sourire sur les traits et reprends directement la parole.
« Plus sérieusement... J’ai ma famille qui peut m’attendre. Ils savent que j’ai décidé de voler de mes propres ailes, que je ne compte pas retourner à la maison, mais ma chambre sera toujours là si j’en ai besoin. J’ai aussi des amis qui sont prêts à m’accueillir. Je sais que j’ai une place chez Adam) la Forteresse si j’en ai besoin, ou chez un ami noble avec qui j’ai monté une entreprise gérant des orphelinats et proposant une éducation plus poussée pour des enfants pauvres ou orphelins. Il me suffit de l’appeler et je sais qu’une chambre sera toujours là pour m’accueillir. Et j’ai ma chambre chez mon maître. Ce ne sont pas de vrais chez moi, mais c’est tout comme. »
Cela ne répond pas réellement à sa question, mais plutôt à la mienne. Je réfléchis alors à voix haute au sens de ses mots et à une personne qui pourrait correspondre à cette description.
« Il n’y a pas de personne qui me donne l’impression d’être la plus belle femme du monde. Je n’ai jamais ressenti cela. Et pour l’envie de retrouver quelqu’un... »
J’hésite un instant, sentant mon cœur battre un peu plus vite et un léger rougissement prendre mes joues. Oui, il y a une personne actuellement qui me donne cette envie de rentrer, de retrouver ses côtés. Je n’ose pas encore vraiment le dire, même si je sais que mes deux amis ont bien compris que je suis amoureuse de mon maître. Cela ne fait qu’une petite lune que je me suis rendue compte de mes propres sentiments, accordant cela à mon envie d’apprendre auparavant. Un petit sourire heureux et un regard rêveur se tracent sur mon visage, ce doux sentiment amoureux me prenant.
« Oui, il y a une personne qui me donne envie de rentrer. Mais... Mes sentiments ne sont pas réciproques. »
Ce doux sentiment part pour ne laisser qu’un pincement au cœur et une légère amertume. Je soupire doucement.
« Je sais qu’il s’inquiète pour moi et se sent rassuré de me voir ou savoir en sécurité. Je ne veux pas l’inquiéter alors parfois je retarde le fait de le rejoindre pour que mon état ne me vaille pas de nouvelles réprimandes. Je ne suis qu’une enfant à ses yeux, il se voit comme une figure paternelle qui doit me protéger et m’enseigner. Rien de plus. Je ne suis que son apprentie. Et je le resterais jusqu’à ce que je me décide à le quitter. Un peu nul comme premier amour, non ? »
Je me tourne vers l’aventurier, un petit sourire triste sur les traits. J’essaye de rire de cela, me rendant bien compte de la futilité de mes sentiments. Un jour ce sentiment finira par partir, mais Lyle restera le premier pour lequel j’ai ressenti ce doux sentiment. Mon premier véritable amour.
Vient ensuite une partie un peu plus épineuse qui lui fait ouvrir de nouveau l’œil, avant de souffler un rire à cette petite blague. Il savait qu'il aurait du être plus précis dans sa question, et cette réponse était méritée. Puis simplement l'air rêveur et distant que Sia prend confirme au borgne qu'elle a bel et bien quelqu'un vers qui se dirigent ses pensées. Impossible d'avoir un tel air sans être amoureux, il ne connait que trop bien cette expression. La suite est néanmoins bien moins agréable alors qu'elle lui avoue que ses sentiments ne sont pas partagés. Et alors qu'elle s'explique, l'aventurier comprends un peu mieux de quoi il en retourne. Une apprentie qui finit par tomber amoureuse de son maître. Et c'est logique après tout. Souvent une figure rassurante et compétente, protectrice et bienveillante. Enfin, quand le mentor qui vous est attitré est sympathique et que vous avez de la chance. La suite après n'en est que plus facile à comprendre. Finalement il grogne à sa dernière question qui semble plus métaphorique qu'autre chose pour l'observer, finissant par glisser une main sur celles de la demoiselle pour les serrer entre ses doigts.
-"Tu n'as pas à dire que c'est "nul" comme premier amour, jamais. Il y'a autant d'histoires et de problèmes qu'il n'y a d'amoureux, et je suis sur que je peux te trouver nombre de personnes t'avouant leurs premiers émois, et pour la grande majorité ça ne sera pas glorieux non plus. J'en suis surement un bon exemple vivant, même. C'est souvent compliqué quand l'on éprouve pour la première fois des sentiments envers quelqu'un. Je suis désolé pour toi qu'il ne soit pas réciproque, c'est toujours blessant quand on éprouve envers quelqu'un quelque chose et que cette personne n'est pas intéressée..."
Un léger soupir échappe de nouveau des lèvres de l'homme, qui vient lentement essayer d'attirer la demoiselle contre sa chaleur et sa présence. Pas tant pour la consoler car elle semble particulièrement robuste que pour la laisser s'installer si elle le souhaite. Et alors qu'il lui offre une légère impulsion pour la rapprocher de lui, Sileas reprend.
-"Et même si je sais que ce n'est pas forcément facile, vois cela comme une expérience. Ça forge ton caractère et qui tu es, t'aideras à l'avenir. Tu verras, je suis sur qu'un jour tu seras d'accord avec cela aussi. On tend à user nos relations échouées pour mieux comprendre ce que l'on souhaite et désire à l'avenir. Donc en un sens, cet amour qui n'est pas partagé t'aideras à mieux t'épanouir avec quelqu'un d'autre qui lui t'aimeras aussi en retour."
Ce n'était peut être pas la chose à dire à quelqu'un qui est encore en train d'assimiler ce qui ressemble fort à une petite peine de cœur. Mais le blond n'est pas forcément le plus doué pour ces choses la, en plus de ne pas être un particulièrement bon professeur. Il tente néanmoins de faire de son mieux, cherchant de son œil d'acier celui de la fleurie face à lui.
-"Allez, essaye de penser à autre chose. Tu as besoin d'une bonne nuit de sommeil. Laisse à demain les problèmes et les peines qui t'accablent, tu auras bien assez de temps pour y penser. Viens plutôt te réchauffer un peu et essayer d'avoir une nuit reposante. Et surtout comment trouver un moyen de faire ravaler à l'aubergiste son sourire goguenard tandis qu'il nous prends pour un couple en se remplissant bien la bourse pour nous refourguer une telle chambre, même si elle est particulièrement agréable. Car on a pas le droit de le pendre à son enseigne, la Garde risquerait de ne pas apprécier la blague."
C'est pas particulièrement bon comme moyen de détourner la conversation. Mais bon, il essaye et fait de son mieux. Surtout que peu à peu, il sent la fatigue de plus en plus s'emparer de lui, à tel point qu'il se dit qu'il va rapidement devoir finir de se déshabiller si il ne veut pas dormir ainsi avec le reste de sa tenue...
Je me laisse même attirée à lui, profitant de sa chaleur et de la douceur de son étreinte. Il a quelque chose de très réconfortant et je finis par fermer l’œil pour me laisser aller contre lui pendant qu’il continue de me parler. Je ne sais trop pourquoi il tient à me prononcer ces paroles, mais elles ont un effet qui m’allège légèrement le cœur. Je me sens un peu mieux, moins peinée à l’idée de ne pas pouvoir vivre le bel amour que j’espérais. Le blond est optimiste pour mon avenir sentimental et je me laisse adoucir par ses mots, me permettant d’y croire pour au moins ce soir.
Le savant mélange de la fatigue et l’alcool semble nous adoucir tous les deux, nous donnant cette envie de partager plus de choses. Je me sens bien contre l’aventurier, la chaleur se dégageant de son torse me berçant de plus en plus. Je commence à légèrement m’endormir, même si je souffle un petit rire à la remarque ironique qu’il fait. Je relève le regard vers le sien, croisant son iris de glace.
« Tu as raison. J’ai passé une très agréable journée et soirée avec toi. Je n’ai pas besoin de penser à des choses déprimantes. »
Je lui offre un nouveau sourire avant de me redresser, quittant l’agréable chaleur de ses bras à contrecœur. Je m’assieds au bord du lit, lui tournant le dos pour commencer à me déshabiller. Je retire peu à peu les différentes couches, et quand je suis enfin nue, je me laisse tomber sur l’oreiller avec un long soupir et sans exprimer la moindre pudeur devant l’homme. Après un petit moment, je me décide à faire un dernier effort pour me glisser sous les draps. Je devrais repousser ma curiosité pour plus tard, la fatigue s’emparant déjà de mon corps.
Je laisse Sileas s’installer à son tour, l’observant du coin de l’œil. Je ne sais trop si c’est parce que j’en ressens un certain besoin ou simplement que j’apprécie ce contact, mais je viens à nouveau rejoindre ses bras, déjà à moitié endormie. Quand je suis confortablement installée et que mon compagnon semble l’être aussi, je pousse un léger soupir d’aise, avant de m’adresser au blond avec une petite voix endormie.
« Bonne nuit à toi, douce paire de bras que j’ai choisi pour m’étreindre. Et bon courage... »
Je souffle légèrement de manière amusée à cette petite taquinerie, pensant tout de même sincèrement à la pauvre nuit que je risque d’à nouveau offrir au blond. Je ne cherche pas plus loin et laisse le sommeil s’emparer de moi rapidement, mon souffle s’apaisant alors que mon corps se détend contre celui du borgne.
Bien que la nuit paraissait être plus calme comparée à celle de la veille, à plein milieu, les cauchemars reprennent. Bien moins violents que les précédents, ils sont suffisants pour agiter mon corps et me faire à nouveau parler dans mon sommeil. La fièvre s’empare de mon corps, le faisant suer alors que l’horreur se poursuit. Je pensais à ce qu’ils se poursuivent jusqu’à me réveiller, mais une douce étreinte vient me réconforter. Sans même me réveiller, je sens une chaleur apaisante m’entourer et me serrer. J’émerge à moitié, prenant conscience que j’ai sûrement réveillé Sileas et que ce dernier me calme encore une fois. La crise semble passer, et encore endormie, je viens me blottir un peu plus contre lui.
« Merci Sileas... »
Je me rendors rapidement, et cette fois pour de bon. Ma nuit se poursuivra jusqu’au petit matin, bien plus apaisée et réparatrice que celle de la veille.
-"Tu sais, le lit n'est pas une créature magique qui va soudainement te dévorer si tu te glisses dedans. Et tu devrais avant de sombrer comme ça pour la nuit..."
Finalement elle vient le rejoindre, et sans même qu'il ne dise quoi que ce soit, elle revient se blottir contre lui. S'agitant quelques instants il vient s'installer confortablement pour garder la forgeronne ainsi contre lui toute la nuit, tout en fermant l’œil. Il serait tenté de le rouvrir tandis qu'il arque un sourcil à la phrase de la demoiselle, finissant par souffler d'une voix de plus en plus fatiguée et proche du sommeil.
-"Bonne nuit à toi aussi... Et ne t'en fais pas pour le courage, dors plutôt..."
Mais à la plus grande tristesse du blond, les paroles de sa comparse semblent prophétiques. La nuit commençait bien, reposante même. Le sommeil dans lequel il naviguait était de plomb. Ses propres cauchemars et inquiétudes parties au loin, le laissant avoir le repos d ont il a tant besoin. Mais comme la veille, peu à peu il se fait émerger en sentant Sia s'agiter dans les bras, gémir des mots dans un sommeil enfiévré et particulièrement peu reposant. L'épisode de panique dure assez longtemps pour réveiller le montagnard qui se réveille, resserrant avec force sa prise par réflexe autour de la demoiselle pour la serrer de nouveau contre sa chaleur en une tentative pour la calmer tout en murmurant d'une voix encore a moitié endormie.
-"Calme toi Sia, tout va bien se passer, je suis avec toi... Détends toi, tu ne crains rien..."
Peu à peu elle semble se calmer en venant se resserrer contre lui, et bien rapidement il l'accompagne à son tour pour finir sa nuit. Le petit matin passe encore une fois, et alors que la matinée s'avance à bon rythme, c'est pour une fois le blond qui se réveille en premier, finissant par grogner en s'agitant légèrement, avant de s'immobiliser en sentant la forme de la jeune femme toujours blottie contre lui. Depuis l'épisode de panique, elle ne semble pratiquement pas avoir bougée, profitant simplement de cette chaleur qu'il vient lui offrir. Avec un léger soupir, il glisse une main dans sa chevelure pour la caresser et l'observer dormir, restant ainsi un moment pour tranquillement se réveiller.
Il reste ainsi jusqu’à la sentir à son tour commencer à bouger et se réveiller, relâchant à peine l'étreinte de ses bras pour la laisser s'étirer et bouger à son tour, lui offrant un sourire alors qu'il vient lui demander d'une petite voix dans laquelle est encore audible les dernières traces du sommeil.
-"Bonjour Sia, comment tu vas ... ? Tu as pu te reposer malgré ton début de nuit difficile ... ?"
Oui, il s'inquiète réellement pour elle. Et il espère au moins que sa présence aura pu lui être un minimum agréable et rassurante alors qu'il finit par s'étirer à son tour avec un grognement digne d'un ours sortant d'hibernation...
Je finis par lentement ouvrir l’œil, soupirant en frottant mon visage à lui. Avec un nouveau grognement, je le relâche et m'installe sur le dos en baillant. Il me faut un petit moment pour réussir à trouver la force de prononcer quelques mots. Je me remets sur le côté, observant l’aventurier en souriant.
« Bonjour à toi mon chevalier servant. »
Je souffle un rire à cette taquinerie, me relevant et m’étirant sans la moindre gêne à la vue de mon corps dans son plus simple appareil.
« J’ai parfaitement dormi grâce à toi. Je te remercie sincèrement... »
Je me gratte légèrement la joue, gênée d'avoir ainsi perturbé son sommeil et d'avoir dû compter sur lui une nuit de plus. Je pense que désormais mes prochaines nuits seront plus calmes même si encore légèrement agitées. Le plus gros est passé et grâce à l'aventurier la chose s'est mieux déroulée que je ne le pensais.
Je me penche vers lui et viens déposer un rapide baiser sur sa joue. Je n'ai pas l'habitude de ce genre de démonstrations affectives, mais j'ai senti que je devais le faire à ce moment. Je regarde le blond un petit sourire timide, essayant de trouver les bons mots pour me justifier.
« Ce n'est pas grand-chose, mais c'est pour m'excuser d'avoir perturbé ton sommeil et te remercier d'avoir apaisé le mien. Ça compte beaucoup pour moi... »
Sa compagnie va beaucoup me manquer. Aujourd'hui sonne le dernier jour de nos péripéties communes. Cela m’attriste un peu, m'étant particulièrement attachée à cet homme avec qui j'aurais pu partager l'étreinte de la mort.
Je chasse ses pensées déprimantes, me levant du lit pour commencer à me préparer et m’habiller. Nous faisons nos bagages chacun de notre côté et quand tout semble prêt, nous quittons ce petit nid douillet qui nous aura accueilli pendant deux nuits. S’ensuit un petit-déjeuner particulièrement riche et nourrissant, n’hésitant pas à faire travailler le cuisinier de manière si matinale. Lorsque nous sommes repus, c'est au tour de l’aubergiste de se frotter les mains, récupérant les clés de la chambre ainsi que les cristaux pour une nouvelle nuit à tarif particulier.
Ces détails réglés, nous commençons à nous promener dans les rues de la capitale. Nous savons tous les deux que l'heure est proche et nous regardons un peu ce moment en marchant à un rythme plus lent. Nos pas nous mènent vers les bureaux pour réserver une téléportation et je m'occupe de me réserver un créneau pour rentrer à la Forteresse. Je ne reviens que quelques minutes après vers le blond, l'air légèrement peiné.
« Et bien, nous allons devoir nous dire au revoir. Ils ont un créneau pour moi dans dix minutes. »
Je baisse un peu le regard, jouant avec mes doigts alors que je continue d'une voix timide.
« J’espère que l'on aura l'occasion de se revoir ou d'avoir une nouvelle mission ensemble. J'ai réellement apprécié ta compagnie. Je ne t'oublierais pas, Sileas. »
Je relève le visage avec un petit sourire avant de finir dans les bras du blond. Nous échangeons ainsi un petit câlin qui dure un long moment, ne cherchant pas à le repousser. Quand enfin il se décide à me relâcher, je lui offre un nouveau sourire bien plus large, sincèrement heureuse d'avoir fait cette rencontre.
« Alors on se dit à une prochaine fois ? »
Je lui adresse un petit signe de la main tout en reculant avant de me diriger vers la salle de téléportation. Avant de disparaître par une porte, je lance un dernier regard en direction du blond dont j'aperçois la silhouette qui quitte les lieux. Avec un sourire confiant, j'emprunte le portail en ayant déjà hâte de retrouver ce borgne grognon particulièrement attachant.