Je souffle un léger rire à la taquinerie de l’aventurier, lui offrant un petit sourire. Cela permet d’adoucir un peu la suite qui est déjà plus sérieuse et compliquée. J’essaye de me dire que tout ceci n’est sûrement rien, que je m’inquiète pour pas grand-chose, Pixidis est encore jeune après tout, il a beaucoup à apprendre. Les quelques minutes qui suivent sont plus calmes jusqu’à ce que l’aubergiste vienne interrompre cela, laissant le blond l’accueillir. Il me faut un petit temps pour me rappeler le nom du bourgmestre qui nous avait été donné. Je me relève, ajuste légèrement ma tenue et nous laissons mon dragon se reposer pendant que nous allons nous concerter avec le chef du village.

L’endroit se remplir doucement, se transformant progressivement en salle commune où plusieurs travailleurs se retrouvent au plus grand plaisir de la tavernière qui commence à s’activer derrière son comptoir. À la remarque de Sileas, je hausse légèrement des épaules. Je comprends son sentiment, mais nous n’y pouvons rien, nous ne sommes pas engagés pour cela. Je glisse tendrement une main sur son avant-bras, le serrant faiblement pour essayer de le rassurer avec ce contact.

« Ça va aller, ne nous occupons pas de cela. Nous sommes là pour les aider, qu’importe leur politique. »

Dès que mon ami semble un peu plus accueillant, nous nous approchons du bourgmestre et de ses deux comparses. Ils se sont installés à une table, nous faisant signe de les rejoindre dès qu’il nous repère. J’offre un petit sourire au blond, passant devant lui pour venir m’installer à la table où la tavernière vient rapidement déposer des boissons.

« Je suppose que vous êtes les deux aventuriers envoyés depuis la Forteresse ? Mon épouse m’a parlé de vous et de votre échange. J’espère que l’accueil de Col-Blanc vous va...
- C’est parfait, c’est un charmant village. Un accueil aussi chaleureux est agréable et de plus en plus rare. Merci à vous. »

Un léger rire s’échappe des hommes, pas moqueur, simplement comme si j’avais relevé une vérité légèrement triste et qu’ils sont heureux du compliment. Je récupère une des chopes qui est visiblement emplie d’une bière blonde. Il faudra que je continue avec de l’eau, mais je ne tiens pas à refuser l’hospitalité offerte.

« Cela fait plaisir. Nous faisons notre possible pour attirer un peu de commerce jusqu’ici même si c’est difficile. Mais passons, cela doit peu vous intéresser. Alors, dites-moi ce que ma femme n’a pu vous aider à éclaircir sur cette affaire. »

Je réfléchis un peu, échangeant un regard avec mon compagnon avant de prendre la parole.

« Nous avons déjà fait un premier tour, mais nous constatons que le village ne semble pas en danger direct. Si je comprends bien, ce sont surtout vos zones de travail qui sont affectées.
- Exact ! Nos zones de chasse sont particulièrement affectées, mais pas que. La présence de ce grand nombre de prédateurs agite toute la faune qui impacte aussi l’accès aux zones de récolte de végétaux. En cette saison, nous travaillons beaucoup la récolte de certaines plantes thérapeutiques comme le mer-oklm ou la phiatri. Mais les créatures se retrouvent bouleversées, agressives, impossible pour nos récolteurs de se rendre sur place sans être accompagnés de chasseurs ou combattants pour les protéger. Ces derniers ont déjà bien assez à faire normalement pour récupérer de la nourriture... »

Je sirote doucement, comprenant ce qui pose un problème ici. Le village n’est pas en danger direct, mais plutôt qu’un accident risque d’arriver à tout moment puisqu’ils ne peuvent se permettre de se priver de leur source de revenus principale.

« En soit, c’est une bonne chose que le village ne soit pas en danger direct... Pensez-vous que vos hommes puissent nous en dire plus sur les prédateurs vous posant un problème ? »

Le bourgmestre nous présente alors les deux chasseurs avec lui comme dirigeant chacun un groupe de plusieurs chasseurs qui se séparent différentes zones alentours. Une carte est dépliée entre nous sur la table où plusieurs annotations ont été portés. Nous pouvons comprendre qu’il s’agit de lieu de rencontre avec nos cibles, des dates ayant aussi été indiqué et parfois des nombres.

« Voici les différentes rencontres avec les cerberus. Nous avons essayé de noter les lieux le plus précisément possible et d’estimer leur nombre à chaque fois. Ce n’est pas forcément constant, mais il y en aurait entre une dizaine et une douzaine. Peut être séparé en deux groupes distincts. On commence à penser qu’ils essayent de s’organiser pour repousser le minotaure plus loin, mais nous commençons à avoir peur que cela ne se fasse en direction du village, même si pour le moment, c'est plutôt... aléatoire. »

Sur la carte, un des hommes vient montrer quelques points où ils ont noté avoir repéré des traces des affrontements entre les deux espèces, voire observer de loin un affrontement.

« Pour l’instant, il n’y a eu aucun accident de notre côté, mais les attaques s’approchent et gagnent en violence. Nous avons pu apercevoir au loin le minotaure particulièrement blessé et avons trouvé quelques cadavres de cerbères ici et ici. Nous avons l’impression que les combats gagnent en intensité au fur et à mesure que les deux espèces comment à enchainer blessures et pertes. Nous sommes dépassés... »

Je jette un regard en direction du borgne. La situation est compliquée, mais il est le plus expérimenté de nous deux dans ce domaine, je préfère avoir déjà son avis et ses questions sur le sujet avant de n’avancer la moindre hypothèse face à nos commanditaires.

Résumé:

Le blond tourne la tête vers Sia quand elle se raccroche aussi à son bras avant de hocher légèrement de la tête. La forgeronne a raison, cela ne les concerne pas au fond. Ils doivent laisser au bourgmestre le soin de s'occuper de ses habitants, tant qu'ils ne se retrouvent pas pris dans une quelconque combine politique pour essayer de gagner en influence. Posant une main sur celle de son amie, il vient la resserrer avant de s'installer à ses cotés et face au trio d'hommes. Ils semblent amicaux, même si leur air est fermé et particulièrement sérieux, ce qui est logique au vu des évènements. Mais ils ont déjà prévu des boissons, signe qu'ils ont envie de partir du bon pied. Inclinant la tête de nouveau pour les saluer poliment, Sileas laisse sa comparse faire la conversation en se concentrant plus sur les mots de cette dernière, ainsi que les chasseurs face à eux et leurs expressions.

Et comme prévu, le principal danger n'est pas le village en lui même -Devon craignant toutefois qu'il finisse par devenir une ligne de front en devenir si les affrontements continuent d'augmenter en intensité-, mais leur moyen de vivre. La chasse devient de plus en plus difficile, la récolte et cueillette impossible. Les problèmes économiques tueront aussi rapidement le village qu'un minotaure déchainé, simplement d'une manière plus insidieuse. Autant dire que si la vie des villageois n'est pas directement menacée aujourd'hui, leur avenir semble de plus en plus sombre au fur et à mesure que la situation empire. Quand enfin la carte est déployée, le blond dépose sa chope désormais vide et se concentre dessus, essayant d'analyser les différents points et de deviner un schéma utilisable dans ces annotations. Rien ne ressort au premier abord, mais effectivement cela semble devenir de plus en plus violent. Enfin Sia semble finir de questionner les chasseurs, et c'est au tour du borgne de prendre la parole, laissant sa main parcourir la carte et tapoter du bout du doigt certaines zones d'attaques.

-"Je comprends votre problématique. Mais si les Cerberus tentent d'apporter le minotaure par ici, on pourrait tenter de totalement inverser la tendance et essayer justement d'attirer les deux partis dans un terrain plus éloigné pour les faire se battre de nouveau entre eux. Chaque affrontement entre cette meute et le minotaure est à notre avantage après tout. Du moins, tant qu'ils ne se poursuivent pas trop longtemps."

C'est le chasseur de droite qui vient répondre, se raclant la gorge après une nouvelle gorgée de sa bière. L'air concentré, il vient tapoter un autre point sur la carte, un peu plus loin, d'une attaque plus récente.

-"On a déjà tenté ici, ça s'est mal passé. Les Cerberus nous ont sautés dessus et on a failli y perdre plusieurs chasseurs. On n'arrive pas à trouver quelque chose capable de les attirer efficacement, ils sont devenus fous et je les comprends. Ils sont sur un territoire inconnus et chassés par une créature qui peut les ouvrir en deux comme on le ferait d'une miche de pain bien chaude. Je ne pense pas que l'on puisse réellement les forcer. Les attirer à la limite, mais ça serait risqué."

Sileas soupire, se frottant la joue en continuant d'observer les alentours. Plusieurs groupements d'attaques semblent rapprochés, ainsi que les divers points isolés. Non, rien ne fait réellement sens si ce n'est que les tanières des différents groupes doivent être assez proches.

-"A première vue je dirais que notre priorité absolue est le minotaure. Les Cerberus sont un soucis aussi, mais il peut attendre ensuite. Jamais ils n'attaqueraient un village ainsi, et si cela devait arriver, vous seriez capable de vous défendre contre ces bêtes. Contre le Minotaure par contre, c'est une autre paire de manches. Pensez-vous pouvoir dépêcher un groupe de chasseurs demain pour nous faire le tour des principales zones d'attaques et essayer de récolter plus d'informations ?"

La question provoque le silence parmi le trio. L'aventurier en demande beaucoup, et cela les ralentira clairement dans leurs chasses et leurs récoltes du jour. Le ton baisse et les trois hommes discutent, essayant d'évaluer les pertes et si cela est possible. Devon finit par afficher un air assez sévère en redressant le regard vers le duo.

-"Si vous pensez que cela peut vous aider, nous pouvons le faire. Comprenez néanmoins que c'est un grand investissement que vous demander de notre part et que nous ne pourrons vous fournir tous les jours une telle aide, sauf en cas de nécessité absolue. Mais Herbert ici présent vous accompagnera dès l'aube avec son unité, il saura vous montrer les points des différentes attaques. Vous espérez trouver quelque chose de précis ?"

Le blond ouvre la bouche un instant avant de se taire, se demandant si il doit répondre. Il jauge les chasseurs, avant de soupirer. Ils ne sont plus au village précédent, et Col-Blanc semble bien plus accueillant. Hochant la tête, il reprend.

-"J'aimerais essayer de rapidement dénicher la tanière du Minotaure, c'est notre priorité absolue. Surtout si il a été blessé dans les derniers affrontements, je préfère si possible le cueillir tant qu'il est affaibli. Et si possible, peut être trouver un moyen de le sortir de son terrain de prédilection. Une fois cette étape faite, l'on pourra s'occuper des Cerberus. Les pousser à partir ou les éliminer, en fonction. Même si attention, j'ai beau dire cela comme si c'était facile, chacune de ces tâches sera difficile et comportera son lot de dangers."

La tablée hoche la tête, et Sileas porte lui même le regard son amie pour voir si elle veut poser des questions supplémentaires ou modifier le plan. Ayant aussi peu d'informations si ce n'est une zone géographique, le blond lui même ne voit pas ce qu'il pourrait faire de plus en ce moment précis...

Résumé:

J’observe l’échange entre mon compagnon et le maire. Je sirote ma boisson sans rien dire, acquiesçant seulement aux propos de Sileas. Notre tâche s’annonce difficile, mais pas impossible. Avec l’aide des chasseurs, nous gagnerons déjà un temps précieux. Nous continuons d’échanger quelques banalités avec les hommes tout en savourant notre apéritif alcoolisé. Quand les plats arrivent enfin et que deux assiettes généreuses sont déposées devant mon ami et moi-même, les hommes se lèvent et nous saluent.

« Sur ce, nous allons vous laisser vous reposer et vous préparer pour demain. Je vais rejoindre ma femme, et je vous laisse entre les mains d’Herbert et son épouse. Bon appétit ! »

Nous n’avons pas vraiment le temps de saluer le maire que ce dernier s’éloigne déjà. Je hausse légèrement des épaules avant de me tourner vers le délicieux plat de choux mariné accompagné de différentes viandes. Je hume légèrement la délicieuse odeur de bière s’échappant du chou avant de poser mon regard sur le blond.

« Si nous n’étions pas en mission, nous pourrions sûrement descendre plusieurs assiettes comme celle-ci. Bon appétit ! »

Sans attendre plus, j’attaque le plat pendant qu’il est encore chaud. Je ne me prive pas et mange avec appétit. Tout semble aller pour la première moitié de mon assiette que je dévore avec enthousiasme. En revanche, la seconde moitié a plus de mal à descendre. Non pas que je suis déjà repue, simplement que la nourriture a du mal de passer. J’ai comme une sorte de nœud au ventre alors que les idées noires reprennent le dessus. Je n’ai pas encore eu vraiment le temps de digérer les événements ni ma tristesse.

Je dépose ma fourchette et essaye de faire passer le tout avec un peu d’eau. J’essaye d’afficher un petit sourire et cacher mon malêtre actuel. Sileas n’y est pour rien, l’alcool aide juste mon esprit à ressasser certaines choses. Je m’efforce de prendre quelques bouchées de plus de mon plat, d’au moins goûter chacune des viandes à ma disposition. Me forcer n’aide pas du tout, et je finis par laisser tomber. J’abandonne en soupirant. Je termine mon verre avant de me relever. J’évite de croiser le regard de mon ami tout en prononçant des mots à peine audibles.

« Je… Je te laisse finir. Je suis fatiguée. Je vais aller me coucher. »

Sans lui laisser le temps de me répondre ou de s’inquiéter, je m’éloigne de la table et rejoins la zone de nuit d’un pas rapide. J’ouvre la porte de la chambre à la hâte pour la refermer aussitôt que j’ai passé le seuil. Une fois seule, je laisse tomber les masques. Pixidis émerge légèrement en m’entendant pleurer, voletant jusqu’à moi pour venir se glisser dans mes bras et me réconforter en léchant mes larmes.

Je me traine jusqu’au lit, me déshabillant vaguement avant de me glisser dans les draps. Tandis que je laisse juste assez de place pour mon compagnon, je viens tremper mon oreiller de mes larmes. Je pleure jusqu’à ce que la fatigue m’emporte, Pixidis veillant sur moi en émettant une sorte de ronronnement réconfortant. Je somnole déjà quand Sileas revient. Je ne bouge même pas, trop fatiguée pour faire ou dire quoique ce soit. Je l’entends vaguement se déplacer dans la chambre avant de le sentir s’installer contre moi. Il prononce des mots que je ne distingue pas vraiment dans mon début de sommeil, le laissant me réconforter à son tour. Je plonge rapidement dans un sommeil plus lourd après cela, et ce n’est que peu avant l’aube que j’ouvre l’œil. J’ai encore le visage légèrement bouffi et rougi d’avoir tant pleuré, mais les présences de mon familier et de mon ami m’aide à ne pas me sentir seule. Je suis contre le torse de ce dernier qui émerge en me sentant remuer. Je reste ainsi contre lui, soupirant avant de me dégager légèrement de son étreinte. Il semble que dans mon sommeil, je l’ai laissé me réconforter. Je me relève et commence à fouiller dans mes affaires, récupérant le premier vêtement chaud et propre que j’ai. Quand le borgne est enfin réveillé, je le salue sans le regarder, dos à lui.

« Bonjour Sileas. Merci pour hier. Je vais bien. »

Ma voix est froide, légèrement distante. J’ai besoin de temps et de m’oublier dans le travail. Tel un automate, je rassemble mes affaires et me prépare pour la longue journée nous attendant.

Résumé:

Finalement la conversation se termine et les chasseurs prennent congés du duo d'aventurier qui voit les plats rapidement servis face à eux. Entre l'odeur de la bière et celle du plat, difficile de ne pas avoir l'eau à la bouche, surtout avec les mots de sa partenaire. Un sourire sur les traits et essayant d'oublier au moins temporairement la difficile mission qui les attends, Sileas profite d'un moment de calme dans cette tempête qui s'annonce, hochant du chef en attrapant les couverts.

-"Même être en mission ne me dérangerait pas pour manger plusieurs assiettes, mais tu as raison, autant ne pas trop abuser. La journée de demain s'annonce longue, et ce serait dommage de ne plus arriver à courir à cause de nos abus."

Hélas la bonne ambiance s'évapore bien rapidement, et pas uniquement à cause de l'humeur bien plus sombre des villageois. Beaucoup viennent boire ou manger ici, et il est difficile de nier que le ton est assez pesant. Mais la source du mal-être de Sia provient d'ailleurs, et sans pouvoir rien faire, le blond voit la demoiselle se faner, cesser de manger et finalement prendre congés, soufflant simplement un au revoir à son attention. Durant quelques secondes il est tenté de la suivre directement, quitte à ne pas finir son repas, mais elle semble avoir besoin de solitude. L'aventurier respecte donc son souhait muet, finissant son assiette puis celle de la forgeronne en prenant son temps. Une fois le tout terminé, il hésite même à faire un petit tour pour profiter de cet air nocturne qui lui rappelle tant de souvenirs, avant de se détourner vers les marches. Certes la jeune femme est fermée et ne semble pas vouloir s'ouvrir plus que cela, mais il est aussi de son rôle de veiller sur elle.

Remontant rapidement l'escalier, c'est presque silencieux que l'homme referme la porte, voyant la forme déjà allongée de la demoiselle dans les draps. Avec un soupir silencieux il vient lui même rapidement se déshabiller, rangeant vêtements et armure dans le sac sans fond. Il sera toujours temps de faire le tri plus tard tandis qu'il rejoint Sia et glisse un bras autour d'elle pour l'attirer contre lui. Cette dernière ne réagit même pas, tandis qu'il lui souffle à voix basse, tout en fermant l’œil.

-"Dors Sia, tout va bien se passer. Tu n'es pas seule..."

Et c'est ainsi que la nuit se déroule, l'homme sombrant peu à peu en sentant la respiration de son amie s'apaiser. Elle est pour ainsi dire sans évènements, et les premiers rayons du soleil s'annoncent quand enfin ils émergent. Enfin du moins, Sia émerge et réveille en s'agitant le borgne, qui laisse échapper un léger grognement sans bouger. Un moment passe ainsi, et finalement elle vient se dégager de cette étreinte. Sentant que c'est le signe du lever, Sileas se redresse à son tour en attrapant son sac pour fouiller dedans. Il sent bien qu'elle évite son regard, sa présence, et il ne peut réprimer un léger soufflement du nez alors qu'il finit peu à peu de se réveiller, suite aux mots de sa partenaire d'aventure.

-"Non tu ne vas pas bien. Tout dans tes gestes et ta voix le crie. Mais je ne vais pas insister, je suis la pour te soutenir quand tu en as besoin, pas pour enfoncer le clou. J'espère que tu es en forme, car aujourd'hui c'est balade en montagne sur lit de Cerberus, si nous n'avons pas de chance."

Des vêtements épais sont enfilés, replaçant le tissu et le cuir habituel. Les fourrures sont de mise alors que le blond finit par enfiler son armure. Nul ne sait ce qui les attend, et autant être préparé lourdement. Quand enfin le duo est prêt, l'aventurier ouvre la porte et laisse passer sa partenaire avant de refermer derrière eux. Sac sur le dos, lance attachée et plaques de blindage en place, harnaché de fourrure et emmitouflé dans son épaisse cape, Sileas est paré à tout. Alors quand il voit un groupe de chasseur qui les attends déjà dans la grande salle, il ne peut qu'étirer un sourire. Herbert s'avance dès qu'ils finissent de descendre les escaliers, tendant la main pour la leur serrer tout en prenant la parole, l'air grave mais un léger sourire reconnaissant sur les traits.

-"Oh, vous voici ! J'ai cru que j'allais devoir demander à notre chère tavernière de vous réveiller ! Si tout est bon pour vous, nous pouvons partir dès maintenant. Je vous expliquerai sur le trajet ce que j'ai pu oublier de vous dire hier soir, surtout sur la géographie des lieux. Et au fait, je vous présente Héléna, Albern et Petrov."

Tout en citant les noms, le chasseur en chef désigne d'un geste chacune des personnes, ces dernières saluant de manière relativement désinvolte. Difficile de dire ce qui traverse leur esprits, les épaisses capuches recouvrant leur corps presque entier, et une bonne partie de leurs expressions. Tout ce qu'il est aisément reconnaissable, c'est que l'ambiance est déjà moins lourde que la veille. Certes, les risques sont toujours présents, et la solution ne fait qu'être entraperçue... Mais au moins maintenant, des aventuriers sont avec eux pour les soutenir et les aider. Et dans ces dernières semaines particulièrement difficiles, juste cette lueur d'espoir peut déjà faire beaucoup alors qu'ils se préparent à prendre la route, un chemin qu'ils ne connaissent que trop bien, malgré son hostilité actuelle.

Résumé:

Je serre les dents en entendant la réponse de mon compagnon. Je sais qu’il a raison et je le remercie intérieurement de ne pas chercher plus, de même essayer de détendre l’atmosphère. J’étire un léger sourire à sa tentative d’humour avant de me concentrer à nouveau sur le fait de rassembler mes affaires. Mon familier se réveille, s’étirant tel un chat et baillant avant de voleter dans ma direction pour me saluer avec une sorte de ronronnement heureux.

*Content être avec Sia.*
*Moi aussi je suis contente d’être avec toi.*
*Sia va mieux ?*
*Je vais bien.*

Il ne semble pas particulièrement d’accord, mais il ne dit rien et se contente de m’aider à retrouver mes différentes affaires. Je range le tout dans mon sac sans fond avant d’enfiler mon armure et mes vêtements chauds. Nous rejoignons ensuite les chasseurs et je laisse Sileas s’occuper de les saluer. Je reste en retrait, allant consulter la tavernière pour lui demander de nous préparer de quoi grignoter sur le trajet. Avec un sourire amical, elle s’exécute et je lui laisse quelques cristaux pour lui payer le tout, ajoutant même un petit bonus. La femme ne parait pas spécialement d’accord avec le fait que je paye ce service, mais elle ne refuse pas les cristaux.

Quand la petite troupe est prête, nous nous mettons en route. Le froid nous accueille immédiatement et des petits nuages de brume se forment devant nos visages. De la neige est tombée pendant la nuit, mais le Blizzard n’est heureusement pas présent de la partie. Un beau soleil filtre doucement, annonçant une météo particulièrement paisible pour ce début de journée. Mais la montagne est traitre, les nuages peuvent revenir rapidement, nous le savons tous. Nous pressons le pas, profitant de cette clémence pour arriver aussi vite que possible à destination.

Le manteau neigeux s’épaissit à mesure que nous grimpons et les chasseurs finissent par nous prêter des outils pour marcher sur la neige. De sortes de grosses ovales de bois avec un maillage que l’on accroche à nos bottes. Je ne connais pas cet outil, utilisé uniquement des locaux qui cherchent à se rendre là où la neige est particulièrement épaisse. Même si nous avançons moins vite avec ces raquettes, nous évitons d’avoir la neige jusqu’à la taille et gagnons de l’énergie. Ce qui devient vital dans ces conditions.

Quand nous nous arrêtons enfin, le soleil s'avère déjà haut dans le ciel et l’aube loin. Malgré le froid, nous suons tous de l’effort fournit pour grimper. Nous ne sommes pas loin à vol d’oiseau du village, mais les conditions rendent le tout plus difficile. Nous commençons à inspecter les différents signes des affrontements, écoutant les instructions des chasseurs. Je reste légèrement en retrait, laissant le soin au blond de discuter avec les traqueurs et analyser les traces que l’on peut encore trouver. De nous deux, c’est lui le meilleur dans ce domaine. Accompagnée de deux chasseurs, nous surveillons les alentours, essayant de trouver des traces plus fraiches de nos cibles et anticiper une potentielle attaque surprise de ces bêtes. Enfoncé dans ma capuche, Pyxidis finit par sortir sa petite tête et humé l’air.

*Danger.*

Je relève la tête, essayant de repérer des signes. J’en profite pour alerter mes compagnons de fortune d’un sifflement. Tout le monde se met en alerte d’un coup et la tension se fait sentir. Je ne repère rien au premier abord, laissant mon dragon se dresser sur ma tête avant de voler à mes côtés. Il continue d’humeur l’air jusqu’à trouver la bonne direction à m’indiquer.

*Beaucoup chiens. Autre bête. Plus dangereuse.*
*Loin ?*
*Non. Par là. Plus haut*

Le dragon m’indique une direction en tournant le museau, fixant un point au loin où je ne distingue rien. La neige étouffant la majorité des sons, nous ne repérons rien jusqu’à entendre un hurlement reconnaissable. Le minotaure. La même peur que celle que j’avais ressentie face au Chouettours me prend, mais cette fois je me ressaisis. D’un nouveau sifflement et de signes des mains, j’indique aux deux chasseurs de se rassembler avec le reste de l’équipe. Nous retrouvons Sileas et les autres traqueurs, visiblement inquiets après avoir entendu un hurlement si effrayant.

« Selon Pixie, les cerbères ne sont pas loin et ils sont en train d’affronter le minotaure. Ils sont juste un peu plus haut dans la montagne. »
*Odeur plus proche.*
« Ils semblent s’approcher. »

L’inquiétude ainsi que la peur se lit sur les visages des hommes. Sans attendre, je sors ma carte holographique, demandant aux locaux de nous indiquer l’endroit où nous sommes et l’endroit où nos cibles peuvent se trouver avec les indications fournies par mon familier. Le combat semble cette fois proche et inévitable, nous allons devoir agir dès aujourd’hui.

Résumé:

Les préparatifs sont rapidement terminés et le chemin entamé. Le temps est pour le moment clément, mais malgré ces conditions favorables le manteau hivernal est présent partout autour d'eux. Une cartographie de la vie sauvage est lisible dans les traces laissées depuis les dernières chutes de neige, et le borgne observe ces derniers avec un interêt certain. Si les alentours du village sont particulièrement vides de toute présence animale, ce qui est assez logique, l'entrée dans les montagnes démontre une vie un peu plus active. Rien ne trouble le calme ambiant, si ce n'est les quelques indications et signes parfois fournis par les chasseurs. L'ambiance est tendue, et rien de ce qui s'annonce pour la suite ne risque d'apaiser ces inquiétudes, bien au contraire. Plus l'expédition progresse, plus Sileas a une intuition que quelque chose ne va pas. C'est indéfinissable, simplement quelque chose qui vient tirer un coin de son esprit, l'impression que tout n'est pas à sa place et qu'un élément est dissonant.

Mais malgré les efforts de l'aventurier pour mettre le doigt sur ce qui le perturbe ainsi, rien ne vient clarifier cette émotion qui reste ainsi à le tirailler. Le manque d'animaux, de bruits ? Peut être, peut être pas. Finalement, ce sont leurs arrêts pour examiner les différents affrontements qui finissent par sortir l'homme de sa torpeur. Et il fait bien, car Sia, ou du moins son familier semble avoir repéré quelque chose tandis que le blond échangeait quelques mots avec les locaux sur ce qu'ils savent des derniers affrontements. Les traces sont a moitié recouvertes par la neige, et avec la crainte des hommes de s'avancer plus que de nécéssaire pour réellement comprendre ce qu'il se passe, les informations sont plus que parcellaires. Les sifflements de la forgeronne rappellent néanmoins tout le monde, et bien rapidement Sileas vient la retrouver alors qu'elle se dirige vers eux, observant les alentours pour essayer de comprendre ce qu'il se passe. Un juron échappe de ses lèvres alors que son œil unique détaille les chasseurs, finissant par poser une question dont il connait déjà la réponse.

-"On peut encore les éviter, ou c'est trop tard si ils s'approchent de nous ?"
-"En pleine montagne on n'aura pas l'avantage de la vitesse, et si ils arrivent à nous tomber dessus au mauvais moment, c'en est fini. Rien ne nous dit que soit les cerbères soit le minotaure cherchera la proie la plus simple une fois qu'ils nous auront sentis."

Le blond grogne à cette affirmation qu'il connaissait déjà. Mais au moins, ça n'aura rien couté d'essayer. La carte est déployée et les premiers commentaires fusent des plus expérimentés. Le borgne reste en arrière, principalement occupé à essayer d'analyser la situation. C'est à la fois une catastrophe et une aubaine, car le second cri qui résonne cette fois est bien plus furieux, altéré. Si le monstre n'est pas blessé, il sera surement déjà épuisé par ce premier affrontement, et ça serait l'occasion de le prendre au moment ou il sera potentiellement le plus faible -même si le plus enragé-, alors qu'un des chasseurs profite de l'affichage holographique pour ses explications.

-"Nous sommes actuellement non loin d'un plateau rocheux, il est plus que probable que l'affrontement se déroule la bas. Peu de couverts, mais aussi une bonne visibilité. Il y'a aussi une petite forêt non loin, mais sans avoir le temps de poser des pièges et de préparer le terrain, je ne peux pas recommander de l'utiliser. Si on reste ici on aura l'avantage de la hauteur, mais clairement bien moins d'espace pour manœuvrer, et on pourrait vite se faire déborder si jamais on se prends la meute et le minotaure en même temps de front."

Un grognement échappe des lèvres de Sileas tandis que les conversations vont bon train. Aucun chasseur ne semble vouloir reculer, ils se savent probablement piégés, et les échanges portent désormais sur où se diriger pour mener ce qui ressemble de plus en plus à un combat impossible. Les cris qui percent l'air sont de plus en plus proches, et réguliers. Tout le monde peut désormais sentir que la menace se rapproche, et pas uniquement Pixie. Le borgne porte une main à sa lance dont il plante la hampe dans le sol, pivotant la carte entre ses doigts pour l'examiner à son tour. Un soupir silencieux échappe de ses lèvres alors qu'il finit par se redresser, observant tant sa collègue que les locaux les accompagnant.

-"Ça me parait compromis pour arriver à s'échapper. On pourrait rester ici pour les retenir et vous laisser rentrer, mais les chances seraient faibles, et ça n'arrangera pas votre problème sur le long terme. Si on doit se battre, le mieux est de se répartir les tâches et de profiter d'avoir l'avantage du terrain. Vous vous occupez des Cerberus, en espérant que la plupart d'entre eux souhaitent simplement fuir ou on été blessés par le minotaure, et on se charge de ce dernier. Dès que vous le pouvez, vous vous repliez. Je doute que vos flèches puissent percer le cuir de cette créature. Sia, tu en dis quoi ?"

Tout en parlant il détaille son plan du bout des doigts sur la carte. Descendre dans la plaine et profiter de l'avantage qu'ils auront avec le champ de vision le plus large possible, répartir les chasseurs en deux groupe pour les déployer en éventail et les laisser s'occuper des chiens à trois têtes, évitant ainsi de les avoir sur le dos si jamais ils doivent reculer, et surtout leur permettant de plus facilement s'enfuir si le besoin s'en fait sentir. Et eux deux au milieu, attirant l’œil de la tempête sous la forme du Minotaure. Mais bien sur qu'avant de descendre, il préfère lui demander confirmation. Ils risquent de jouer gros sur un coup de poker, après tout...

Résumé:

J’écoute mon compagnon exposer son plan tout en restant concentrée sur les indications de mon familier. Ce dernier a peu d’informations avec seulement son flair et nous manquons cruellement d’indications. Après un coup d’œil en direction du groupe qui échange longuement, je viens échanger mentalement avec mon familier.

*Pixie ? J’ai besoin de toi.*
*Jeu ?*
*Oui, un jeu. Les animaux que tu sens, tu pourrais t’en approcher ?*
*Oui, mais eux vouloir manger Pixie !*
*Alors approches toi d’eux pour que toi tu les voies, mais eux ne puissent pas t’attraper. Tu peux faire ça ?*
*Pixie peut !*
*Et tu me dis ce que les bêtes font.*
*Pixie aura gâteaux ?*
*Toutes les friandises que tu veux.*

Le dragon semble soudainement particulièrement enthousiaste. Sans un mot de plus, il s’envole et se dirige en direction des cris bestiaux. C’est alors que Sileas demande mon avis. Tous les yeux sont rivés sur moi. Je n’ai suivi que d’une oreille la conversation, sachant plus ou moins de quoi il en retourne.

« Comment les attirer ? Dans l’état actuel, ils n’en auront rien à faire de nous. Nous ne sommes pas une menace à leurs yeux. »

Les esprits s’échauffent légèrement, réfléchissant aux meilleurs appâts possibles à faire avec les moyens du bord.

« Je suis d’accord sur le fait que l’on doit s’occuper du Minotaure à deux. Nous retirer les Cerberus sera d’une grande aide. Vous auriez quelque chose qui pourrait les détourner sans problème ? »

Les chasseurs se creusent les méninges alors que je reçois de premières informations télépathiques de mon dragon.

« On a des appeaux ? Ou des morceaux de viande… Mais rien pour attirer une meute…
- Vous avez une idée de l’emplacement de leur terrier ?
- Plus ou moins…
- Est-ce que vous auriez de quoi imiter des Cerberus en danger ?
- Pas vraiment… Mais on a plusieurs appeaux pour du gibier. »

Une idée germe dans mon esprit, me donnant un léger sourire alors que je redresse le regard en direction de Sileas.

« Essayez d’imiter le plus gros gibier que vous pouvez. Si possible blessé. Et le plus proche de la zone dans laquelle peut se situer leur tanière. On essaye d’interrompre le combat d’une manière ou d’une autre, vous attirez les chiens et nous on s’occupe du minotaure. D’après mon familier, il y a déjà plusieurs cerbères morts et d’autres gravement blessés. Si on arrive à leur donner la possibilité de recharger de l’énergie avec un moindre effort, ils se replieront momentanément. On doit juste leur donner l’occasion de se retirer sans que le minotaure les poursuive. Une fois attirés, vous les prenez en tenailles et vous occupez d’eux. Si vous ne pouvez pas les annihiler, réduisez leur nombre autant que possible. Si la meute devient trop petite, ils chercheront à gagner une zone plus sûre pour protéger la meute tant qu’ils le peuvent. »

Le visage du borgne parait pensif, envisageant mon plan sérieusement. La solution est plutôt bonne, si ce n’est que nous n’avons rien pour divertir le minotaure. J’ai bien une petite idée en utilisant nos différents équipements. Attaquer le minotaure par derrière, lui donner l’occasion de se retourner et l’attaquer encore pour l’enrager et laisser l’occasion aux cerberus de fuir. Utiliser Pixie pour surveiller le terrain depuis le ciel. J’évite d’exposer ce plan devant les chasseurs, ne faisant qu’un léger signe de tête à mon ami pour l’intimer de me faire confiance. Il hésite, mais cède.

Après un peu d’organisation avec les chasseurs, nous peaufinons notre plan et convenons de signaux sonores à échanger pour communiquer. Nous nous séparons et en compagnie du blond, je gagne les hauteurs proches du combat. Mon cœur bat à tout rompre alors que j’expose mon idée pour détourner le minotaure tout en nous préparant. L’avantage de venir sur le lieu du combat, c’est que la neige a déjà été bien aplatie par les bêtes. Nous pouvons retirer nos raquettes, ce qui va faciliter nos déplacements. Je retire certaines épaisseurs pour faciliter mes mouvements. Malgré le froid glacial, ma peau est brûlante. L’adrénaline grimpe alors que je sors mes différentes armes et les accroche pour être parée à un maximum de choses.

« Alors, prêt ? Si on s’en sort vivant cette fois aussi, on ira s’échanger les meilleures tavernes que l’on connait de la Forteresse ? »

Un peu d’humour et un sourire pour essayer de me donner du courage, chasser la peur qui me tient au ventre et me concentrer sur le courage qui s’empare de moi.

Résumé:

Le blond aurait été pour une attaque "surprise" et profiter du fait que les deux protagonistes du jour soient déjà engagés pour mettre une première frappe la plus efficace possible, mais la forgeronne semble avoir une autre idée derrière la tête. En effet, l'idée de Sileas a le défaut de pouvoir "unir" les deux forces contre eux, involontairement. Un risque peut être de trop pour les chasseurs, qui apprécient bien plus le plan de la jeune femme d'ainsi laisser les aventuriers retenir le minotaure tandis qu'eux même essayent de faire venir à eux les Cerberus affaiblis. L'idée fait son trajet dans l'esprit du borgne, qui essaye d'évaluer les pour et les contre. L'idée de Sia est moins risquée, mais offre aussi bien moins d'avantages. Tout en vient à une question de parier gros pour potentiellement gagner gros, ou de partir sur quelque chose de bien plus censé et mesuré. Finalement, il hoche de la tête en poussant un soupir inaudible. Les villageois veulent rentrer chez eux ce soir en vie, et il n'a clairement pas le temps d'essayer de défendre son point de vue si jamais ils veulent avoir une chance de profiter de l'opportunité offerte.

Les derniers préparatifs sont rapidement effectués, Sileas s'occupant de vérifier dans son sac ce qu'il a sous la main. Finalement, rien ne sera aussi efficace que son glaive et sa lance, et surtout cette dernière. C'est bien la seule chose qui peut lui permettre d'encaisser les assauts du Minotaure sans se faire briser en deux. Il devra soigneusement évaluer les utilisations de son arme pour espérer avoir une chance, même si l'animal est déjà blessé. Retirant à son tour les raquettes et sa cape qui seront plus des handicaps qu'autre chose dans l'affrontement qui s'annonce, l'homme offre un sourire à sa comparse qui lui adresse la parole, plantant la hampe dans le sol pour s'y appuyer quelques instants, s'offrant ce dernier répit pour chercher du regard un détail critique qu'ils auraient pu rater.

-"Il nous faudra au moins ça une fois rentré, un verre ou deux... Ou plutôt des tonneaux à ce stade, ne nous feront pas de mal. Et plus sérieusement, on fait comme la dernière fois ? Je vais essayer d'attirer son attention et de le faire se concentrer sur moi. Par contre, je risque d'essayer de beaucoup plus esquiver que parer, donc il risque d'être bien moins concentré et de plus facilement se détourner, reste à l'affut. Je préfère quand même que l'on reste tous les deux vivants, c'est mieux pour pouvoir boire un verre."

Et enfin ils semblent parés pour ce qui les attends. Du moins, ils pensent l'être. Récupérant son arme plantée dans la neige, le blond descend d'un pas rapide la distance qui les éloigne encore du combat tandis que les premiers cris bestiaux se font entendre. Les observations de Pixie se font réalité, et des tâches de sang commencent à ponctuer la neige, avec une poignée de cadavres dispersés. Resserrant sa prise sur la hampe, l'aventurier sent son corps se tendre et ses muscles se préparer. L'adrénaline monte en flèche, surtout quand un rugissement se fait entendre à travers l'air. Le Minotaure semble furieux, et le spectacle qui attend le duo quand ils arrivent enfin de visu parle de lui même. Car si la meute a été dépecée d'une bonne partie de ces individus, le mastodonte n'est pas sans blessures lui non plus. Du sang coule de ses pattes et de l'une de ses épaules, et malgré la différence de gabarit, le nombre a suffisamment joué en sa défaveur pour donner aux chiens géants l'opportunité de le frapper de multiples angles. A vrai dire, cela ne fait qu'avantager les deux combattants qui font face à un ennemi certes enragé, mais déjà affaibli, même si ce n'est que minime pour le moment.

Les protagonistes semblent ne même pas remarquer les humains qui pour le moment ne semblent pas hostiles. Les deux forces étant bien trop engagées dans leur lutte à mort pour pouvoir donner de l'attention ailleurs que sur leur adversaire direct. Sileas en profite pour attraper dans son sac l'un de ses javelots de lancer et le soupeser un instant. Si ils doivent attirer l'attention de la créature, c'est leur meilleure chance, outre simplement lui charger dessus et espérer ne pas se faire mordre un jarret par un Cerberus un peu trop vaillant pour son bien. Une poignée de secondes passent, et le signal tant attendu se fait entendre. La meute ne mord pas à l'hameçon dans un premier temps, mais un second souffle d'appeau bien plus long arrive à les intriguer. Les bêtes essayent de se désengager sans y arriver, alors que le blond souffle entre ses lèvres.

-"C'est à nous. Espérons que l'on arrive à attirer le Minotaure, et surtout que les chasseurs s'en sortent avec la meute."

Sans plus attendre, de crainte que sous la menace bien plus directe posée par le mastodonte enragé, les Cerberus ne mordent pas à cet appât offert, l'aventurier s'élance avant de tirer son javelot droit sur le monstre qui se trouve désormais à moins d'une dizaine de mètres de lui, la pointe venant se planter dans l'épaule droite et arracher un nouveau cri à l'animal, encore plus furieux qu'auparavant. Ce dernier pivote son regard ivre de rage et de sang vers l'aventurier qui récupère en main Orthos. Au moins, la diversion semble prendre et la meute en profite pour prendre ses pattes à son cou, attirée par ce qu'elle pense être une proie bien plus simple, laissant au duo la tâche de finir ce qu'elle a commencée.

Résumé:

Malgré la tension qui se crée, un léger rire filtre entre mes lèvres. Boire et manger ensemble est un programme plaisant pour se féliciter d’une mission bien réussie. Nous avons déjà mené l’expérience et cela fonctionne bien pour nous. Cette fois, en rentrant à la Forteresse, nous risquons de faire chambre à part, retournant à mon nouveau « chez moi » qui se trouve chez Adam. Peut-être Sileas en profitera-t-il pour voir un peu sa famille ou simplement profiter des services d’une bonne taverne proche ? La seule chose qui est sûre, c’est qu’après une telle mission, évacuer le stress, l’angoisse et les tensions seront plus que nécessaires.

Pour l’heure, nous devons nous concentrer sur notre cible. Bien que commençant à être apeuré par la féroce créature proche, mon familier accepte de s’envoler et planer au-dessus de nos têtes. Nous nous préparons tous deux, gardant chacun un stock d’armes de rechange proche. La tâche s’annonce rude, mais je suis étrange moins apeurée que pour la mission du Chouettours. Est-ce que je m’habitue aux dangers du métier ? Est-ce parce que j’arrive mieux à me concentrer qu’à l’époque ? Je ne peux nier que les cris du Minotaure me retournent l’estomac, mais cette fois, je ne tremble pas. Ma posture est plus assurée qu’à l’époque. Seulement deux ou trois lunes se sont écoulées, mais j’ai l’impression d’avoir encore pris en maturité en tant qu’aventurière.

Quand le signal se fait entendre, je n’adresse qu’un petit hochement de tête à mon partenaire. Je laisse le blond ouvrir les hostilités. Il attire la bête, permettant à la meute de filer à toute vitesse. Le minotaure charge le borgne et je profite qu’il s’occupe de faire cette diversion pour me placer à l’opposé de sa position. Nous avons seulement deux options avec une telle bête : soit l’affronter ensemble de front pour espérer à la surpasser, soit l’épuiser pour l’avoir au moment où elle sera faible. Pour le moment, le prédateur est complètement fou de rage. Il charge sans trop de réflexion vers la première chose qui a le malheur d’attirer son attention.

Pour l’instant, Sileas est sa première cible. Je me mets dans le dos de la bête, laissant mon ami esquiver les coups ou encaisser quand il a le malheur de ne pas réagir assez vite. Dans ma main directrice, un couteau de lancer fait par mon père. Je ne suis pas très douée avec, mais le talent de mon paternel m’aidera sûrement. En plus de me rassurer. J’ai deux épées à la taille, dont la meilleure prête à être dégainée avec ma main directrice, plusieurs autres couteaux de lancer au niveau des cuisses en plus de celles dans ma botte et mon jade dans la petite poche à ma ceinture. J’ai peu d’espoir de réussir à percer le cuir de la bête, mais je dois donner des occasions à mon partenaire pour que ses armes puissent y arriver. Il m’a suffi d’un coup d’œil pour reconnaitre Orthos des plans que j’avais vus plusieurs lunes auparavant. Si son créateur a tenu ses promesses, cette lance sera notre point fort dans ce combat. Je lance un petit regard en direction du ciel où Pyxidis plane au-dessus de nous, à peine un ou deux mètres au-dessus de la scène pour ne pas être un dommage collatéral de ce qui se déroule.

*Reste sage et préviens-moi si tu vois une bête arriver.*
*Pixie peur…*
*Ça va aller, tu ne risques rien là-haut.*
*Peur pour Sia…*

Un soupir m’échappe et je me mords l’intérieur de la joue. Je n’ai plus le temps de douter. Je me décale pour avoir Sileas dans mon champ de vision et utiliser mon anneau de pensée.

*Je le récupère. Je compte sur toi pour en profiter.*

Sans attendre, je me mets en position et glisse deux doigts dans ma bouche pour émettre un sifflement le plus strident possible. Pendant un instant, l’attention de la bête est détournée, le faisant regarder dans ma direction. C’est tout ce qu’il me faut. Je lance mon couteau, visant son œil pour lui créer une nouvelle blessure. Malheureusement, mon arme n’atteint pas tout à fait sa cible, venant plutôt se ficher au-dessus de son œil, prêt d’une de ses cornes qu’il a certainement brisées dans un autre combat.

Un cri retentit alors que le sang commence à aveugler l’un des yeux de la créature. Sa rage se fait sentir, se penchant pour me foncer dessus, cornes en avant, s’élançant sur ses deux pattes arrière avec une vitesse folle. J’ai à peine le temps de réagir pour l’esquiver. Si j’évite les armes que sont les pointes ornant son crâne, je n’évite pas ce qui lui sert de poing. Le choc me coupe la respiration avant de m’envoyer un peu plus loin dans le décor. Au loin, j’entends la voix de mon familier hurler mon prénom, la peur se faisant sentir dans sa petite voix aiguë.

« Ne crois pas que je vais mourir si facilement... »

Le sang se fait sentir dans ma bouche, activant une partie de l’énergie que j’ai emmagasiné pour guérir de manière superficielle mes blessures internes les plus douloureuses. Une réparation de fortune pour ne pas me déconcentrer de la créature qui veut ma mort. Je me relève péniblement, la vue légèrement brouillée pour constater que déjà on attire l’attention du minotaure ailleurs, me laissant un léger moment de répit supplémentaire.

Résumé:

L'attaque surprise semble avoir fonctionné, et le minotaure ne voit plus que l'armuré qui vient d'ainsi nuire à son intégrité physique. La lance n'a pas fait une grande blessure, mais c'est suffisant pour faire de Sileas une menace qu'il faut éliminer, et ça tombe bien, c'est exactement ce que le blond espérait. Utilisant la même tactique que la dernière fois contre le Chouettours, le duo se sépare alors qu'avec un cri terrible, la bête charge en direction du blond qui voit  ses options défiler devant ses yeux. Il pourrait activer Orthos directement pour arriver au niveau avec le monstre, mais cela voudrait dire ne pas pouvoir frapper avec. Son Don est efficace, mais ne lui permettra clairement pas d'encaisser sans aide la puissance d'un coup direct de la bête, et son armure est pour ainsi dire inutile étant donné que la majorité de l'impact ne sera qu'a peine atténué par le blindage. Finalement, le borgne saute sur le coté pour éviter le premier impact qui heurte le sol, puis recule pour laisser passer le second. La créature dégage une puissance terrifiante, et leur seule chance est d'arriver à l'épuiser et le blesser plus rapidement qu'il ne va les atteindre. Car si encore une fois il peut parfois se permettre de prendre quelque coups, dans ce cas précis l'aventurier sait pertinemment qu'il peut compter sur les doigts de la main le nombre d'impacts qu'il pourrait subir avant de gésir mort au sol.

Le tempo du combat est fou, et il faut toute l'attention et les réflexes du combattant pour arriver à le suivre. Son arme d'hast ne fait qu'accompagner les mouvements du monstre, légèrement dévier leur route alors qu'il continue d'esquiver coup après coup. Dans un coin de son esprit, Sileas ne peut que prier Lucy que les chasseurs s'en sortent, car ils n'ont absolument pas le temps de s'occuper des Cerberus si jamais ils se décidaient à revenir. Pire encore, à ce jeu de l'endurance, rien ne dit le duo que c'est eux qui vont en sortir gagnants. Les blessures du Minotaure sont certes nombreuses mais mineures pour la plupart. Son pelage se couvre doucement de filets rougeâtres au milieu de cette forêt de neige, et pourtant il ne semble absolument pas handicapé par cet état de fait. Heureusement pour le lancier, sa partenaire vient lui transmettre quelques mots. L'homme aura tenu le temps nécéssaire, sans gâcher son atout. Et maintenant, sa chance pour frapper semble venir.


Deux pas en arrière tandis que l'animal pivote, les lames frappant son visage. Une grande inspiration, deux, pour remplir ses poumons d'air alors que le blond se rend compte que cette passe d'armes frénétique consomme bien plus rapidement que prévu son énergie à esquiver au lieu de parer et de bloquer. Mais ce sacrifice paye alors que le minotaure pivote pour s'attaquer à sa comparse. Il ne peut que lui envoyer une pensée d'encouragement avant de reprendre son rôle dans cette partition de mort, son pouce glissant sur la première rune qu'il vient activer tandis que l'arme soudainement semble prendre vie. La magie afflue quand le sceau est rompu, venant nimber la lame et la hampe de toute sa puissance. Et il n'est pas trop tôt, car déjà Sia est catapultée plus loin après avoir encaissée un coup. Sa capacité naturelle devrait l'aider avec cela, mais autant ne pas trop tenter le diable.

Profitant de la distraction du minotaure, l'aventurier plante sa lame dans la patte arrière du monstre après s'être décalé. Le cuir est épais, mais l'enchantement arrive à le pénétrer sans réel problème avant de commencer à déchiqueter nerfs et muscles se trouvant en dessous, la lame ainsi nimbée de magie se creusant de force un trou ensanglanté dans les chairs de l'animal. Un nouveau cri résonne, et Sileas retire prestement sa lame pour reculer, pas assez vite hélas. La riposte du monstre le catapulte à son tour plus en arrière, tandis qu'un flot rouge brulant fait fondre la neige. Si les blessures infligées par les Cerberus étaient légères, cette fois leur cible boite de la patte arrière touchée, signe que la blessure est déjà plus importante. Et encore plus vital, cela le force à s'épuiser encore plus pour garder sa force et sa vitesse, combiné a cette douleur intense qui le rend encore plus ivre de colère qu'auparavant.

L'aventurier roule sur lui même avant de se redresser, inspirant un instant avant de plonger dans sa transe de combat. Le poing de l'animal vole vers ses cotes, mais cette fois c'est la hampe de l'arme qui vibre de l'impact dévié. Même avec la magie d'Orthos, le combattant sent ses bras vibrer du choc. Mais son arme enchantée liée à son don devrait être capable de ralentir la créature, assez pour laisser à Sia le loisir de se remettre debout et de revenir à son tour à l'assaut. Du moins, il l'espère, car il ne possède qu'une seule minute dans un tel état. Puis sa lame redeviendra inerte, et sa fenêtre de défense, comme d'attaque, sera fermée jusqu’à la prochaine activation. Les attaques s'enchainent, les muscles du blond sonnent comme des cloches après chaque impact paré, et ce dernier serre les dents alors que sa pupille dilatée brille d'un éclat fou, totalement absorbé par la fureur du combat et l'adrénaline qui fait battre son cœur au rythme d'une fée emprisonnée. Et sur la même toile de musique, Orthos continue inlassablement sa danse, la lame dessinant de nouvelles zébrures sur le cuir et la chair après chaque parade réussie, ajoutant une nouvelle séries de stries peu profondes mais douloureuses aux bras de l'animal déjà bien engagé...

Résumé:

*Siaaaaaaaa !*

La voix aiguë de mon familier retentit dans mon esprit. Ma vue est légèrement brouillée et il me faut me concentrer pour ravaler la douleur qui me vrille les côtes et le ventre. Pyxidis vient voler à mon niveau, observant mon état d’un air particulièrement inquiet. J’étire un petit sourire qui se veut rassurant, me relevant en m’appuyant sur mon épée que j’enfonce dans le sol. Mon regard se porte sur le combat entre Sileas et le minotaure. Je dois aller aider mon ami.

*Sia blessée…*
« Ça va aller. »

Mon attention est sur le combat qui se déroule rapidement. Je vois le blond qui a réussi à blesser le minotaure. Il n’y a pas de temps à perdre. Le blond fini en mauvaise posture et je dois l’assister. Cette fois, je récupère mon jade avant de siffler pour attirer l’attention du monstre. Malheureusement pour moi, il ne se fait pas avoir à nouveau, continuant d’attaquer le borgne, complètement ivre de rage. Je jure entre mes dents, abandonnant mon plan pour m’élancer en essayant de venir frapper sa patte arrière sanguinolente. Ma lame vient s’enfoncer sans problème dans la plaie, arrachant un cri de douleur qui le fait changer de cible. Il oublie Sileas un instant, se concentrant à nouveau sur le danger que je représente.

Il agite sa patte arrière pour essayer de me dégager, m’envoyant voler un peu plus loin. Ma lame reste bloquée dans sa patte, alors qu’il se débarrasse à nouveau de moi comme d’une simple poupée. Cette fois, j’arrive à mieux me rattraper, mais la douleur au niveau de mes côtes se fait ressentir un peu plus fort.

*Pas taper Sia !*

La voix de Pixie dans mon esprit résonne et je relève la tête pour le voir foncer en direction du minotaure, grognant et visiblement énervé. Lui qui est habituellement si peureux, il vient cracher un petit jet de flammes au niveau de l’œil valide de la créature. Le minotaure pousse un nouveau cri de douleur, agitant son poing pour se débarrasser du petit moucheron qui vient ainsi s’en prendre à lui. Le dragonnet ne s’arrête pas là, allant récupérer mon sac sans fond et en sortant le petit jouet en bois lui servant d’arme. Il vient poser son Casse-Noisette au sol au niveau de la patte blessée du minotaure avant de l’activer. Le petit pantin de bois prend alors taille humaine, devenant un véritable soldat de bois. Sans attendre, le jouet attaque le minotaure à l’endroit où il est déjà gravement blessé, achevant le travail que nous avions commencé pour le faire poser genoux à terre.

Le prédateur se rend maintenant compte qu’il est entouré de trois personnes prêtes à en découdre. Il est gravement blessé à la patte, ne pouvant se relever comme il le souhaite, les deux yeux également légèrement blessés, obstruant en partie sa vue alors qu’il était déjà fatigué de son combat contre la meute de cerberus. À nous trois, nous l’entourons et il ne sait trop où donner de la tête pour s’en sortir. Il pousse un nouveau cri de colère mêlé à du désespoir, avant de décider de commencer à frapper le sol de toutes ses forces autour de lui, espérant certainement écraser l’un d’entre nous ou nous repousser.

*Pixie, recule, ton soldat ne résistera pas à ça.*
*Pixie veut aider !*

Le dragon s’entête à continuer de se battre avec nous, mais recule tout de même par prudence, son âme artificielle restant devant lui tel un mur protecteur.

*Alors aidons Sileas. On doit attirer le minotaure pour qu’il puisse le blesser.*

« Allez, viens gros sac ! Je suis là ! »

Maintenant que sa vue est en partie troublée, il fait confiance à ses autres sens, tournant presque immédiatement la tête dans ma direction. Ses naseaux se dilatent, humant l’air rapidement, tournant à nouveau le dos au blond pour frapper le sol en avançant dans ma direction. Je récupère rapidement un autre de mes couteaux de lancer et vise à nouveau son œil que j’ai loupé précédemment. Cette fois, ma lame touche sa cible, se fichant dans son œil et lui enlevant définitivement la vue de ce côté alors que le sang coule et la douleur de la bête retentit dans les environs.

Résumé:

Essayer de suivre ce qu'il se passe en cet instant sur le champ de bataille est au mieux une tentative désespérée, au pire impossible. Le Minotaure est blessé de plus en plus gravement, attaqué de tous cotés par les deux aventuriers ainsi que le dragon miniature, et autant de coups ne font que l'enrager, limitant toute possibilité de prédire ses prochaines actions. Finalement, la créature se décide à frapper le sol de toutes ses forces, forçant le trio à reculer tandis que la terre vibre et que la neige rouge est projetée dans tous les sens. Sileas évite de peu l'un des poings massifs de l'animal en sautant en arrière, restant sur ses gardes. Chaque seconde gagnée est à leur avantage, vu qu'elle les rapproche d'une nouvelle activation d'Orthos, mais il ne faut pas non plus oublier le reste. Si ils basent trop le combat sur cet élément précis, impossible de réagir à la moindre situation imprévue... Mais il faut aussi dire que sans cela, ils ont de nombreuses difficultés à pénétrer profondément le cuir de la bête. Les lames tranchent certes, mais il est presque impossible d'avoir le temps nécessaire pour arriver à l'enfoncer dans un organe interne.

Toutes ces réflexions sont néanmoins jetées en plan quand, après cette attaque tempétueuse, le Minotaure se décide à sauter en arrière comme il peut malgré sa patte blessée, poussant un couinement de douleur, mais se positionnant de façon à avoir le trio dans son champ d’ouïe, a défaut de vue. Peu à peu il commence à reculer, essayant de se désengager du combat sans jamais cesser de garder la tête tournée vers les aventuriers, essayant d'entendre leurs déplacements et de les apercevoir au travers du voile rougeâtre qui coule devant son œil encore valide. L'animal est loin d'être stupide et il se sent perdre ses forces. Sa patte lui coutera déjà bien assez cher, et il préfère essayer à son tour de s'en aller et de s'en prendre à des victimes plus aisées quand l'occasion se présentera. Le blond jure entre ses dents en commençant à se mouvoir sur le coté gauche, essayant de trouver une position empêchant leur adversaire de pouvoir se protéger de tous en simultané. A peine ses pas commencent à s'enfoncer dans la neige que l'animal pivote le regard vers lui, ce qui donne une idée à l'aventurier.

-"Il a beau être blessé, on ne peut pas le laisser fuir ou il ne fera que recommencer. Il va falloir qu'on l'attaque en même temps pour l'empêcher de se défendre de nous deux et qu'il soit forcé de laisser des ouvertures. Mais ça risque de faire mal. Je vais faire le maximum de bruit pour qu'il ne t'entendes peut être pas, profite-en de ton coté."

Et sans attendre, le borgne s'élance avec un cri de guerre, commençant à faire de nouveau tournoyer son arme entre ses doigts pour faire le maximum de bruit possible. Bien sur, l'animal n'hésite pas un seul instant avant de pivoter vers cette nouvelle source de bruit menaçant... Et plutôt que d'attendre sans défense, le Minotaure vient se saisir d'une carcasse de Cerberus trainant à ses pieds avant de la projeter de toute sa force te sa vitesse sur Sileas. Ce dernier est totalement surpris de la manœuvre, et le poids entier du cadavre en plein torse, expirant tout son air avec un cri de douleur étouffé alors qu'il s'effondre au sol sous l'impact. L'aventurier est sonné un instant sous la violence du choc, avant de commencer à lentement reculer pour essayer de se libérer, accéléré rapidement par un second bruit sourd, rapide et irrégulier. Le Minotaure, fort de son succès, semble bien décidé à en profiter pour reprendre sa fuite. Et cela, le blond ne peut le permettre alors qu'il grogne et jure, se servant de la hampe de sa lance comme d'un levier. Une fois enfin dégagé il reprend d'un pas rapide mais encore hésitant la poursuite, essayant de jauger si rien n'est cassé. Et quand il se rend compte que mis à part de vives douleurs, rien ne semble l'handicaper, Sileas reprend sa course pour peu à peu remonter au niveau de cet animal qui est définitivement bien trop malin et retors pour son bien, même handicapé.

Résumé:

Les choses s’enchainent rapidement et le minotaure réagit plus vite que nous. Le voilà qui tente une retraite, utilisant ses précédentes victimes pour faire reculer Sileas. Comme mon compagnon me l’a suggéré, je m’élance pour rattraper notre cible. En le dépassant, je constate que le blond arrive à se dégager de la carcasse, même si difficilement. De son côté, le prédateur ne nous attend pas et il s’enfonce dans la neige pour remonter dans la montagne, certainement en direction de sa tanière. Bien vite, il quitte la zone de la neige aplatit pour retrouver celle qui nous arrive à hauteur de cuisses. Même gravement blessé, dans ces conditions, il nous sème en un rien de temps.

Mes poumons me brulent, une intense douleur me traversant tout le poitrail. Je n’ai même pas fait quelques mètres que je sens un goût métallique me remonter dans la bouche. Une toux désagréable me prend. Maintenant que l’adrénaline du combat redescend un peu, je ressens la douleur de manière vive. Mes côtes me font souffrir et j’ai peut-être des organes touchés. Même si je me suis soignée rapidement, ce n’était que superficiel. Je ne peux pas suivre notre proie dans mon état.

Je me laisse tomber à genoux dans la neige, des tremblements commençant à me prendre. Je me concentre sur ma magie, utilisant toute l’énergie que j’avais en réserve pour soigner mes organes touchés et faire disparaitre la douleur dans mon poitrail. La sensation est horrible, douloureuse et des larmes perlent sur ma joue, mais je serre les dents. Pyxidis me rejoint, voletant difficilement en portant mon sac sans fond qu’il dépose devant moi. Je récupère dedans des vêtements plus chauds, m’enroulant dedans pour ne pas mourir de froid. Entre l’humidité de la neige fondue et la sueur du combat, je sens que le vent frais va rapidement me transir de froid.

Je sors ma carte holographique, vérifiant une nouvelle fois la météo. Lucy est certainement avec nous, pas de blizzard de prévu. Ne ressentant plus de blessure, je me relève, range mes affaires et fait l’inventaire de mes armes. Mon épée enfoncée dans la patte du minotaure y est restée plantée, deux de mes trois couteaux de lancer sont également encore dans l’œil et le front de la bête. Je rejoins Sileas, faisant ensemble un petit point sur la situation.

« Désolée… Je n’ai pas pu le suivre. Mais la météo est avec nous. Avec sa blessure, on va pouvoir le suivre. La neige est épaisse et avec son gabarit, on ne peut pas rater ses traces. Pyxidis ne peut avoir son soldat de bois que pour une heure par jour, mais il ne peut pas le suivre dans les airs et doit marcher avec nous. »

Je lance un regard en direction de mon dragon qui s’amuse avec son Casse Noisette. Les deux semblent avoir une conversation que l’on ne peut pas comprendre.

« Je te propose que l’on prenne le temps de faire une petite pause, remettre des vêtements chauds et de quoi marcher dans la neige et on le cueille dans sa tanière. Si on peut, on l’y piège même. »

Nous avons beaucoup d’options, tout dépendant de l’endroit où notre cible ira chercher refuge.

« Pixie, tu crois que tu pourrais retrouver les chasseurs ? »
*Pixie peut. Souvenir odeur groupe d’hommes.*
« Préparons un message pour eux que Pyxidis leur transmet. En volant jusqu’à eux, il les trouvera rapidement. On leur explique la situation, ils ont dû réussir à maîtriser la meute depuis, et sinon on avise en fonction des nouvelles que l’on reçoit. Tu en penses quoi ? »

Il est difficile de dire combien de temps s’est écoulé, tout étant allé très rapidement. Quand mon compagnon approuve mon idée, je sors de quoi écrire pour rédiger un message que je confie à mon familier. Je le laisse prendre son envol tout en gardant son jouet de bois qui cherche à la suivre. Pendant ce temps, nous nettoyons en partie le sang nous recouvrant, faisant le point sur l’état de nos corps et nos esprits. Nous prenons aussi le temps de nous calmer, nous reposer, de remettre des vêtements chauds et nous préparer à la traque.

Quand Pyxidis revient avec un nouveau message nous confirmant que les chasseurs s’en sont sortis, nous sommes prêts à finir la tâche qui nous incombe. La situation du côté de la meute de cerberus est stabilisée et ne posera plus de problème au village. À nous maintenant d’achever le minotaure que nous avons gravement blessé. C’est avec cette idée en tête que nous reprenons la marche pour trouver la tanière de notre cible.

Résumé:

Sileas est bien trop ralenti suite à cet assaut surprise sur sa personne, et sa comparse est bien trop blessée sur l'instant pour réussir dans cette tâche. Finalement, le Minotaure, malgré sa blessure béante arrive à distancer le duo et s'éloigner. Son pas est lourd, et il laisse une jolie tranchée dans la neige, piquetée de rubis. Fort heureusement, si l'animal a su fuir le champ de bataille, il n'est pas difficile de le suivre à la trace quand nécessaire. Et l'humain étant une créature particulièrement endurante, combiné au rapport de force qui est défavorable à l'animal suite à l'état de sa patte, les aventuriers n'auront aucun mal à le rattraper quand ils en auront l'envie. Mais dans un premier temps, une première estimation de dégâts et de leur état est nécessaire. Et si ils ne sont pas blessés gravement, des premiers secours improvisés ne pourra leur être que profitable pour la suite.

-"Tu n'as pas à t'en vouloir, j'aurais préféré le maintenir ici car il aura surement le terrain pour lui si il arrive à rejoindre sa tanière, mais ça nous évite aussi de forcer trop sur nos propres limites. C'est lui qui est gravement blessé, pas nous."

Hochant la tête à la proposition de la forgeronne, l'aventurier retire son armure pour palper son torse sous la tenue de cuir avec une grimace, récupérant rapidement un baume et une compresse pour soulager la douleur, appliquant le tout en serrant de son mieux le bandage autour de son torse. Une fois cela fait, il se rhabille prestement pour éviter de geler vivant, et à l'image de Sia, il récupère sa cape pour s’emmitoufler dedans. Ces quelques minutes de repos sont bienvenues et permettent au borgne de réchauffer ses muscles et de ranger son arme, d'examiner les lieux du combat d'un air pensif . Outre le souffle du vent, plus rien ne les trouble en cet instant, et laisser l'adrénaline retomber après une telle pression, qui sera bientôt renouvelée, est presque vital.

-"Je trouve que pour le moment, on s'en sort plutôt bien. Mis à part quelques bleus et une lance en moins, je n'ai presque rien. Toi aussi tu sembles en forme, même si un peu plus amochée. Heureusement que tu as tes capacités de régénération tout de même... Mais si on continue comme ça, on pourra finir la soirée dans l'auberge du village et ensuite rentrer pour toucher une prime bien méritée. Par contre je t'annonce, si je suis en état, je compte bien récupérer les parties les plus intéressantes de la bête."

Car dépecer est important. Même si il sera abimé en de nombreux endroits, le cuir sera beau et épais, parfait pour se faire une nouvelle cape ou même une protection d'armure. Les cornes et les griffes peuvent avoir leur intérêt, et ne parlons même pas du reste. Bref, tout dans ce monstre magnifique et dangereux peut se revendre ou être utile, et Sileas ne compte pas se priver. Et la viande, que dire de la viande ? Certes elle sera loin d'être tendre partout, mais il est surement possible de trouver des proportions relativement épargnées par les coups et le stress... Et pour un gourmand comme lui, goûter à tout ce qu'il peut éliminer de nouveau est presque une obligation. Il n'a jamais mangé de Minotaure, et n'aurait absolument rien contre essayer. Cette frénésie culinaire prend toutefois fin avec le retour de Pyxidis et de son message. Avec un soupir soulagé de savoir que les chasseurs ont réussis leur mission, le blond reprend la marche avec une vigueur renouvelée.

Entre les tranchées laissées dans la neige et le sang qui se tarit certes, mais reste présent en bonne quantité, il n'est guère difficile de remonter la trace. Et si la marche prends plus d'un petit quart d'heure pour eux deux, c'est tout à leur avantage. C'est autant d'énergie que le Minotaure gâche ainsi à fuir pour essayer de lécher ses plaies. Tout ce sang montre bien que l'animal, sans être aux portes de la mort, est dans un état grave, et qu'il ne faudra qu'une poignée de coups avec la même violence et intensité pour en arriver à bout. Et c'est justement cette conclusion qui pousse l'homme à reprendre la parole alors qu'ils arrivent dans une partie plus vallonnée des montagnes, aux nombreux dénivelés, parfait pour y cacher un terrier dans une grotte.

-"On va avoir le terrain contre nous, il faudrait arriver à l'attirer à l'extérieur. Je n'ai absolument pas envie de me battre dans un lieu étroit qu'il peut balayer en deux coups de queue et de poings pour nous réduire en pulpe. Et j'ai l'idée parfaite pour cela, donc si cela te convient, je m'occupe de l'attirer dehors et on essaye de l'achever en extérieur."

Bien sur, autant dire que la seconde compétence d'Orthos risque de s'avérer plus qu'utile pour pousser hors de son trou un animal acculé et blessé qui n'a d'autres envies que de les y faire venir pour se venger...

Résumé:

La traque se poursuit sans encombres, le sillage fait par le minotaure nous facilitant grandement le travail. Entre le profond chemin qu’il a fait et la ligne rougeâtre qu’il a laissé derrière lui, nous ne pouvons pas nous tromper. Je finis même par retrouver mon épée en suivant les traces, l’arme ayant réussi à se défaire de la plaie, augmentant à nouveau l’afflux de sang perdu par la bête. Nous le suivons jusqu’à une zone où plusieurs petites grottes et préaux naturels se suivent. Il y a même des entrées vers des petites galeries, mais celles pouvant laisser la place à une telle bête sont inexistantes.

Alors que nous approchons de la possible tanière du minotaure, nous faisons attention aux bruits que nous faisons. D’un ordre mental, je demande à mon familier de survoler la zone. Ici la neige a été beaucoup aplatie, signe des passages réguliers de notre cible. J’approuve l’idée de mon partenaire, même si dans les faits nous ne pourrons vraiment décider comment le faire sortir qu’une fois la tanière trouvée.

Les taches de sang se font plus espacées et difficiles à trouver. L’animal semble avoir tourné en rond, nous donnant un peu plus de difficultés et comprendre le chemin pris. Quand enfin nous approchons de l’entrée d’une grotte, nous préférons garder nos distances. Les traces ne mentent pas, mais entrer sans réfléchir peut signer notre arrêt de mort. De là où nous sommes, nous entendons des grognements et soupirs de douleur de la part de la bête. L’entrée de la grotte est assez grande pour qu’il puisse se glisser à l’intérieur en s’appuyant sur ses quatre membres, mais suffisamment profonde pour que la luminosité ne nous permette pas de d’identifier notre cible. Nous pouvons aussi voir plusieurs cadavres et ossements à l’entrée de la cavité. Nous ne pouvons pas nous tromper. J’ai même l’impression de reconnaitre un cerberus parmi les restes.

*Pixie sentir gros animal*

Le dragon nous a rejoint, regardant l’entrée avec un air terrifié. Je le rassure d’une petite caresse. J’aimerais qu’il reste à distance et reprenne son envolée pour être en sécurité, mais il ne semble pas de cet avis.

*Pixie veut aider.*

Un soupir exaspéré m’échappe. Je me tourne vers Sileas, reprenant la discussion de notre plan à voix basse.

« On doit l’attirer à l’extérieur, mais j’ai aucune idée de comment le sortir de là sans risquer notre peau... »

Enfumer l’endroit parait compromis, l’entrée trop grande, le manque de matériel et la grotte pouvant comporter des galeries dont nous ignorons l’existence. La meilleure des idées restant d’entrer à l’intérieur pour l’attirer ou réussir à l’attaquer à distance.

« J’ai un arc et des flèches… On pourrait essayer de faire rapidement des flèches enflammées ou utiliser ma lampe magique pour illuminer même un instant l’endroit. Il ne faudrait pas que tu tires dans le vide. »

Résumé:

Bien sur maintenant que la partie facile est terminée, l'animal ne compte pas leur faciliter la tâche. Les aventuriers sont sur son terrain, mais difficile de précisément localiser à quel endroit le Minotaure se terre pour lécher ses plaies. Précautionneusement pour éviter toute mauvaise surprise, ils quadrillent le lieu jusqu'a tomber sur l'entrée de ce qui semble être la tanière de la bête, et les os d'anciens repas semblent confirmer la déduction de la forgeronne. Maintenant vient la partie compliquée, arriver à faire sortir l'animal acculé de son terrier. Et c'est le plus compliqué, alors que le blond recule en emportant avec lui Sia d'une main ferme posée sur son épaule. Ils ne savent pas comment le monstre va réagir, et il peut très bien être tenté de profiter d'une faille présumée dans leur attention pour jaillir de sa cachette et user de l'élément de surprise. Et même blessé, un Minotaure est loin d'être un ennemi à sous estimer, en témoigne la conversation qu'ils tiennent à mi-voix.

-"Si on tire à l'arc, je préfère que tu t'en charges, j'ai que très peu pratiqué. Les flèches enflammées sont une idée, la lumière pourrait l'apeurer et le faire sortir. Et si il continue à reculer, au moins on saura que la grotte est bien plus profonde que l'on n'imagine, et on pourra voir en conséquences."

Fouillant dans son sac, il vient rapidement récupérer son kit à amadou pour commencer à transformer les pointes de flèches de la forgeronne en des pointes enflammées. C'est particulièrement rustique et la flamme ne durera que peu de temps, mais c'est ce qu'ils peuvent faire de mieux. Du tissu imbibé avec une sorte de mèche improvisée, de quoi laisser le feu prendre. A défaut des cages spécialement fabriquées pour contenir les différents composantes de l'arme incendiaire, ils font avec les moyens du bord. Et durant ce processus, certes rapide mais particulièrement stressant, Sileas ne quitte jamais réellement la grotte du regard. Les grognements sont toujours présents, mais finissent par peu à peu devenir moins audibles. Peut être la bête essaye-elle de se cacher, ou encore de se faire oublier. Le borgne n'arrive pas à réellement comprendre ce que leur cible cherche, et c'est bien ce qui l'inquiète. Un ennemi acculé est toujours le plus dangereux. Finalement, les flèches sont enfin prêtes, et l'homme retire sa cape pour la ranger dans son sac, sentant que le moment arrive.

-"Si tu veux, je peux prendre ta lampe magique et l'accrocher à mon armure. Comme ça, on pourra avoir une certaine luminosité dans la grotte sans pour autant se mettre en danger. Dès que tu as une ligne de tir sur le Minotaure tu essayes de lui faire peur avec les flèches enflammées, et on essaye de le faire sortir comme ça. Si jamais il s'enfonce plus profondément, on risque de devoir le suivre... Mais j'espère pour nous qu'il ne s'est pas choisi un réseau de galeries assez large et profond pour l'accueillir."

A vrai dire, c'est presque un vœu pieux à ce stade. Car si la bête s'est dénichée un tel complexe, il risque d'être particulièrement difficile de l'en sortir, et se battre dans un tel terrain est loin de ravir Sileas. Ils ont beau avoir la lampe, la bête aura toujours l'avantage, a défaut de la vue, de l’ouïe sur eux. Et si la neige peut encore masquer les mouvements de la forgeronne à défaut des siens, impossible de la tromper sur de la terre et des cailloux...

Résumé:

Un petit hochement de tête. Je ne suis pas une très bonne archère, mais je me débrouille. Disons qu’avec une cible si large, je peux difficilement me rater. Je prends une grande inspiration avant de sortir le nécessaire. Un peu de tissu et d’alcool en utilisant celui que j’ai dans mon kit de premiers secours. Sileas m’aide ainsi à préparer plusieurs flèches que je n’ai qu’à enflammer avec ma pierre à feu. Nous travaillons aussi silencieusement que possible et j’ai l’impression qu’à côté le minotaure s’endort. Nous a-t-il oubliés ? Ou peut-être qu’il ne nous considère plus comme une menace suffisante ? Nous entendons par moment son souffle, comme une bête qui expire par contrariété.

Quand le tout semble prêt, je sens une pointe d’angoisse me prendre. Je ne dis rien, mais l’adrénaline de plus tôt s’est estompée et mes inquiétudes refont surface. J’ai peur, cette fois notre cible est sur son terrain et nous sommes désavantagés. Le borgne parait déjà plus assuré, il a bien plus d’expérience que moi et cela me donne plus d’assurance. Je serre un de mes poings en repensant à la dernière mission que nous avons eu ensemble. Cette fois, je ne pourrais nous soigner tous les deux. Si nous finissons dans un état similaire, je devrais choisir lequel de nous deux sauver. Je me mords l’intérieur de la joue pour me forcer à chasser ses idées et me concentrer sur le moment présent.

De nouveaux hochements de têtes suivent les paroles du blond. Je l’écoute tout en réfléchissant et fouille dans mon sac pour en sortir ma lampe. Je fais ensuite un geste pour la lui tendre avant de me raviser. Je tourne mon regard vers Pyxidis qui garde le regard fixé sur l’entrée de la grotte.

*Pyxie ?*

Le dragon tourne la tête dans ma direction, comme surpris d’entendre ma voix. J’ai même l’impression de le voir sursauter.

*Est-ce que tu te sens capable de tenir cette pierre en volant à l’intérieur de la grotte pour aider Sileas ?*

Je sens l’hésitation de mon familier, sa peur et son envie de refuser. Il vient sentir la lampe magique et essayer de la prendre entre ses petites pattes. Il a un peu de mal à tenir correctement l’objet qui a tendance à glisser, mais il finit par trouver une prise avec laquelle il se sent plus sûr.

*Comme ça ?*
*C’est parfait ! Tu penses pouvoir entrer dans la grotte avec Sileas ?*
*Pixie peut.*
*Surtout, si tu sens le danger, tu fuis. Tu n’as plus ton soldat de bois.*

Mon familier n’est pas rassuré par cette idée, mais il est courageux. Il m’arrache un petit sourire et je viens lui caresser le dessus de la tête pour le remercier. Je me tourne à nouveau vers le blond, l’air un peu plus sûr de moi.

« Pyxidis va venir avec toi. À vous deux il sera plus simple de le sortir. Même s’il ne peut pas te répondre, il pourra t’entendre et te verra sûrement même dans l’obscurité. Je m’occupe des flèches. Et je compte sur vous pour le sortir de là. N’allez pas au suicide aussi bêtement. Et... »

Je m’interromps dans ma phrase. Je sens que je stresse à nouveau. Je suis nerveuse, mais je prends le temps de me calmer. Je récupère mon arc, le maintenant fermement avant de me pencher vers Sileas. Mes lèvres viennent se poser sur sa joue et y laisser un petit baiser. Comme une promesse ou un porte-bonheur. Qu’importe. J’en ai besoin et ce petit contact me donne un peu de courage.

« Surtout, restes en vie. »

Je m’installe plus confortablement, terminant de préparer mon arc et mes flèches pour allumer mes flèches au dernier moment et me relever quand mes deux compagnons seront prêts. Je les laisse s’approcher de l’entrée de la grotte, chacun d’un côté. Je vois Pyxidis entrer en premier dans l’obscurité, la lampe étant le seul point que j’arrive à percevoir. Sileas disparait peu après et j’allume à ce moment mes flèches. J’en récupère une, arme mon arc, relâche mes muscles en ralentissant ma respiration avant de décocher la première flèche qui file à toute vitesse telle une étoile au milieu de la nuit.

Sia semble avoir une nouvelle idée derrière la tête, et tandis qu'elle communique avec son familier sur comment la réaliser le blond prépare et vérifie une dernière fois son équipement. Outre Orthos et son glaive, il vient récupérer l'une de ses lances de jet, juste pour être sur. Vérifiant les lanières de son armure, Sileas pousse un long soupir pour essayer de se vider l'esprit et se préparer au combat qui les attend. Ces prochaines minutes vont être critiques, et encore plus dangereuses que l'affrontement passé sur les plaines. La forgeronne finit sa conversation et l'homme écoute le plan rapidement avant de hocher la tête, ouvrant la bouche pour rajouter quelque chose... Avant de soudainement se faire interrompre par ce baiser sur la joue. Il ne s'y attendait pas du tout et cligne de l’œil avant d'effectuer un nouveau mouvement affirmatif du chef, répondant d'une voix surement bien plus assurée qu'il ne l'est lui même.

-"Ne t'en fais pas je compte pas faire l'idiot, et je te ramène ton familier en vie et entier. De toute façon j'ai juste besoin qu'il illumine la zone, dès qu'on a repéré le mastodonte, je te le renvoie. Tiens toi juste prête pour la suite, car ça risque de secouer et rapidement."

Tout en finissant de parler il vient poser sa main gantée sur l'épaule de la jeune femme pour la serrer quelques secondes en lui offrant un sourire qui se veut rassurant. Il ne va pas lui faire la bise à son tour, mais l'intention y est. Finalement, tout est prêt et Sileas empoigne ses deux armes pour commencer à plonger dans la grotte. Derrière lui, la lumière du jour décline rapidement, remplacée par celle de la lampe portée par le petit familier. Pour l'instant, rien n'est visible devant eux, mais un sifflement se fait entendre. Le projectile enflammé les dépasse pour se perdre bien plus profondément. Un grognement rauque et bien plus proche se fait entendre. Non pas de douleur, mais de colère. C'est à la fois un soulagement et une inquiétude pour l'aventurier. Car certes, cela veut dire que l'ouverture sur la terre n'est pas trop profonde, mais Sia n'a pas non plus touché la cible. Soufflant à voix basse, le borgne donne ses consignes à Pyxidis

-"Dès qu'on aperçoit le monstre, recule derrière moi. Tu n'as pas besoin de prendre de risque, laisse moi juste assez de lumière pour pouvoir sortir sans trébucher, mais ne va pas te mettre en danger sans raisons."

Impossible de savoir si le familier l'a compris et écouté, mais le blond l'espère. Surtout qu'une seconde flèche siffle à leurs oreilles, arrachant cette fois un grognement de douleur, ainsi que du mouvement plus en avant. Le projectile a touché quelque chose, et le Minotaure qui se pensait relativement protégé se rend compte que son terrier est pas si sur qu'initialement prévu, et surtout que des intrus osent s'y aventurer ainsi. Et une créature ainsi acculée est toujours plus dangereuse, Sileas le sait bien. Dès que les bruits de pas se font plus présent il commence à reculer en intimant au dragon miniature d'en faire de même, et ce n'est pas trop tôt car la forme certes ralentie mais encore particulièrement leste de la bête jaillit soudain à portée de vue pour se jeter sur eux. Le borgne attrape sa lance de jet en main et la projette, interceptant la créature en plein vol qui ne s'arrête pas pour autant, même si l'une de ses épaules est ainsi marquée d'une nouvelle blessure.

Les pattes qui écrasent le sol, et l'emplacement ou se trouvait l'aventurier ne sont évitées que de justesse, et clignant de l'oeil le blond pointe Orthos en avant tout en continuant de reculer vers la sortie. Une troisième flèche siffle, Sia ayant surement tiré en entendant le vacarme à l'intérieur, et les poils de la patte encore indemne commencent à roussir, énervant encore plus le Minotaure.

-"Fuis, maintenant ! Reste pas dans la grotte !"

Quelques mots hurlés à l'adresse du familier pour l'inciter à se bouger alors qu'une nouvelle rune est activée, les sifflements de l'air venant faire concours aux cris de l'animal. La retraite est progressive, et Sileas se retrouve à parer et sauter en arrière de plus en plus régulièrement, tenant à distance comme il peut la créature en lui tirant des lames tranchantes d'air en continu pour ouvrir de nombreuses plaies sur son museau, son visage, ses épaules et tout l'avant de son corps, alors que peu à peu derrière lui la lumière du jour réapparait... Ses bras sont douloureux de ses parades, sa lance va bientôt se désactiver et le mettre dans une situation particulièrement précaire, mais au moins il a su faire sortir la bête de sa tanière et lui rajouter une myriade de blessures. Le combat semble bien engagé, même si le blond ne saurait prédire ce que l'animal ainsi blessé va tenter dans un dernier espoir pour sa survie...

Résumé:

Le temps défile bien trop lentement. Chaque flèche décochée est une nouvelle source d’angoisse. Je ne sais pas si je touche ma cible ou si je risque de plutôt toucher mon partenaire ou mon dragon. J’arrive tout de même à vaguement les repérer grâce à la lampe magique tenue par Pyxidis, mais cela reste une source d’angoisse. Le temps s’écoule et j’entends enfin un bruit bien plus distinct après avoir décoché une nouvelle flèche. Peu après, mon familier sort, suivi de Sileas et du Minotaure qui est dans un sale état.

J’arme mon arc, utilisant une dernière flèche enflammée pour essayer de toucher le minotaure. Ma flèche file et vient se ficher dans une des épaules de la bête. Même si cela ne le blesse que peu, les flammes viennent embraser une partie de son pelage. Juste de quoi l’énerver. Notre cible est désormais dans un sale état. Elle perd beaucoup de sang de sa patte blessée, le combat accélérant l’hémorragie qui avait dû se calmer en se reposant. Nous n’allons pas laisser cette bête se soigner.

Sileas doit déjà être fatigué, alors j’abandonne mon arc et mes flèches pour m’emparer de mon épée et ma lame retour. Je lance la plus petite en direction du visage du minotaure, de quoi au moins le déconcentrer de mon partenaire un court instant. La lame vient créer une grande zébrure sur son museau, le sang se mettant à couler, avant de revenir dans ma main. Blessé et énervé, il se redresse pour frapper le sol à l’aveugle. De quoi laisser le temps au blond de se reculer.

Je profite de cette confusion pour me placer à l’opposé de mon partenaire, attaquant le minotaure dès qu’il a fini sa première attaque. Contrairement à la première fois, je l’attaque sans relâche, mon épée créant progressivement plusieurs zébrures sur son cuir. Pyxidis vient aussi participer, tournant autour de la tête de la créature pour la déconcentrée un peu plus. Ainsi attaquée, elle ne tient pas longtemps. Ses muscles tremblent, signe de sa fatigue, mais aussi du sang qu’elle a perdu. Ses attaques perdent rapidement en puissance et précision. Elle se met à frapper dans le vide, et même si nous fatiguons, nous restons plus vifs qu’elle.

Et après plusieurs minutes d’un combat intense, le minotaure s’écroule d’épuisement. Autant Sileas que moi sommes à bout de souffle, les membres endoloris d’un combat si intense. Si notre cible n’est pas encore morte, c’est le moment de lui donner le coup final. Toucher un organe vital d’une bête si massive est presque impossible pour mon épée, peut-être pour Orthos avec sa puissance, mais cela reviendrait à abimer la peau. Je viens alors viser la gorge, ma lame ayant bien du mal à pénétrer une chair si épaisse. La main géante du minotaure essaye de me chasser avec des mouvements las et lents. La pauvre créature agonise en un râle horrible.

Ma lame finit par pénétrer le cuir, arrachant un nouveau cri de douleur tandis que le sang afflux. Je retire mon épée pour laisser l’hémorragie se propager. De son côté, mon compagnon a entrepris une manœuvre similaire, même si avec sa lance et sa puissance physique, il a eu moins de difficulté que moi. Progressivement, nous voyons la vie quitter le regard de ce grand prédateur qui pousse un dernier soupir.

Résumé:

Chaque seconde qui passe est à leur avantage, maintenant que la créature a été tirée de sa tanière. Elle se vide de son sang, et si les aventuriers s'épuisent rapidement, ils ont l'avantage de ne pas souffrir de blessures majeures. Peu à peu le rapport de forces s'inverse, et Sileas a une prière muette pour ces Cerberus morts mais qui leur ont ouvert  cette fenêtre d'assaut. Sans les blessures qu'ils avaient déjà infligés à la bête, et l'épuisement du combat dont elle venait de sortir, rien ne dit que l'issue aurait semblé favorable si "rapidement". Bien sur, rien n'est encore joué et un animal mourant et acculé est toujours le plus dangereux. Le Minotaure n'hésite pas à le montrer en usant de l'énergie du désespoir pour essayer d'éliminer ses assaillants. Hélas pour lui, il perd peu à peu en vitesse, en précision, et la multiplication des attaques finit par le faire plier.

Le blond n'hésite pas à utiliser les charges d'Orthos pour frapper les pattes et les mutiler plus rapidement que le reste, et rapidement achever ce qu'il lui reste de mobilité. Certes, seules deux runes sont encore présentes sur sa garde quand enfin Sia en termine avec la bête, mais c'est largement suffisant pour tout problème qu'ils pourraient avoir sur le chemin du retour, normalement. Un silence aussi glacial que l'air ambiant souffle, alors que l'aventurier observe sa partenaire et son familier

-"Tout va bien de ton coté ? Je crois que j'ai rien pris de trop sévère, mis à part pas mal de douleurs musculaires et de fatigue. On l'aura bien mérité notre bière et notre repas."

Soufflant un petit rire fatigué, l'aventurier fouille pour sortir de quoi dépecer la bête, préférant s'occuper de cette longue et salissante tache tant qu'ils y sont. Puis enfin, une idée vient lui vient, traversant son esprit.

-"Tu peux demander à Pyxidis de prévenir les chasseurs, si ils sont encore en état ? En leur disant qu'on a éliminé le Minotaure et en leur demandant de venir nous aider à dépecer la bête ? On garde juste la peau et ils peuvent prendre la viande, sa revente devrait compenser un peu leurs pertes."

Sileas se dit qu'ils pourraient aussi leur donner la peau, qui vaut un certain prix... Mais a vrai dire, il est presque sur que Sia, ou a défaut lui en auront une utilité. Elle est forgeronne après tout, et il est certain que certaines armures pourraient bénéficier d'une couche interne en cuir d'un tel animal, vu comme il est coriace. Cette dernière accepte, et après avoir envoyé le dragon avec son message, ils se remettent au travail.

Difficile de dire combien de temps passe avant que les chasseurs ne reviennent. Ou du moins deux d'entre eux. Les autres sont soit blessés, soit on escortés les blessés jusqu'au village pour qu'ils soient traités. Le blond hoche la tête, et même si ils ne sont pas aussi nombreux qu'espérés, leur aide est précieuse. Et leur permet de finir de préparer les différents tas de viande pour les ranger dans leurs sacs sans fond. Cette besogne particulièrement éreintante leur prends la journée quasi entière, à tel point que le crépuscule tombe déjà quand ils rentrent au village.

Les heures suivantes sont... Eh bien, loin d'être désagréables. Si l'un des chasseurs est dans un état critique, les autres s'en remettront. Et tout le monde semble particulièrement soulagé d'avoir ainsi fait d'une pierre deux coups. Les rares Cerberus restants risquent de rapidement se disperser, et la seconde meute n'aura surement besoin que de peu d'incitations à retourner sur son territoire initial.  Autant dire que la localité bouillonne d'un esprit de fêtes qu'elle n'a pas connu depuis longtemps. Après quelques négociations, les aventuriers arrivent à garder la peau, les griffes et les cornes -même si une seule est encore réellement en état- de la bête comme trophées, les chasseurs récupérant l'énorme masse de viande ainsi dépecée sur la bête pour la revendre comme met exotique quand elle sera prête et qu'ils retourneront eux même à la Forteresse.


Après une fête en leur honneur et pour le retour à la vie "normale" pour les habitants, les aventuriers passent une dernière nuit dans ce petit village, avant de le laisser une fois la matinée pour rentrer eux même, avec un papier signé du chef lui même attestant qu'ils ont bien accomplis leur mission. Bon, les deux cornes de l'animal devraient déjà être une preuve suffisante, mais sait-on jamais. Et tandis qu'ils battent le chemin tantôt de terre, tantôt de pavés selon l'importance de la route les ramenant à la maison, l'homme ne peut s'empêcher de sourire et de souffler.

-"On peut pas dire que ça se soit mal passé, au moins. Tu as déjà une idée de quelle taverne tu comptes me faire visiter ? Je ne compte pas repartir de la Forteresse sans rouler sous au moins une table, je te préviens."

Résumé: