*Et si je n'y arrive jamais?* Se demande-t-elle. *Si je garde cette apparence définitivement sans jamais redevenir humaine?* Se questionne-t-elle sans réellement avoir de réponse, sans réellement osé tenter de donner une réponse! Est-ce qu'il se lassera? Est-ce qu'il voudra autre chose qu'une relation finalement platonique avec la jeune noble? Ce n'est pas inenvisageable même si elle refuse de le croire! Pourtant, dans certains moment, lorsqu'elle est triste ou inquiète, ce genre de pensées l'assaillent sans cesse, l'empêchant de réfléchir intelligemment ou de réagir en fonction de ce qu'elle connait et non de possibilités hypothétiques. Oui, Fedora est inquiète! Comme souvent, comme toujours! Inquiète de l'avenir, inquiète de son état, inquiète de sa solitude qu'elle a pourtant recherché en venant seule sur cette plage sans prévenir Wilfred, Gaspard ou Faolan, sans emmener Twintania ou Grimmy, sans rien faire pour ne pas être seule car, après tout, lorsque l'on déprime, c'est parfois affreusement difficile de demander de l'aide n'est-ce pas? Pourtant, alors qu'elle se sait - se pense - seule sur le sable, alors qu'elle a les yeux perdu dans l'immensité bleutée devant elle, c'est à voix haute qu'elle pose une unique question... "Qu'est-ce que je dois faire?"
Elle se glissa hors du manoir d’Emerald alors que celui-ci était retourné en quête. Frustrée au final de n’avoir pu le croiser que le temps d’une soirée. La barde profita alors du temps qu’il lui restait pour déambuler à travers la plage, observant l’immense étendue marine comme une Némésis qu’elle préférait garder à l’écart. Pourtant une silhouette familière attira son regard au milieu de la plage, léger contraste de sa chevelure d’ébène au milieu des grains blancs sablonneux.
La jeune femme se rapprocha d’un pas souple et silencieux, puis vint surprendre la poupée, déposant ses doigts fins sur ses épaules.
« Que dois-tu faire ? Questionna la barde d’un ton léger. Bonjour jolie poupée, que fais-tu ici toute seule ? Non pas que ça m’a déplu de te secourir une fois, mais je doute que réitérer l’expérience soit fort agréable. »
Relâchant sa prise, Calcilia contourna la poupée pour s’asseoir à ses côtés. Eira se dirigea aussitôt vers les premières vagues qui léchaient le sable dans une mélodie rythmée. La renarde pataugea dans l’eau, découvrant le décor marin pour la première fois.
« Qu’est-ce qui attriste ce joli visage ? »
D’une douceur naturelle, la jeune femme épousa la joue de la noble, pour attirer son regard vers elle. Totalement inconsciente des tourments de Fedora, Calcilia se contenta de l’observer d’un sourire tendre. Loin de vouloir presser la jolie poupée, elle attendit que celle-ci lui fasse part de ses tracas si l’envie y était. La délicatesse des traits de la jeune fille faisait résonner dans la barde un sentiment protecteur qu’elle ne connaissait que trop bien.
Finalement, la barde se leva pour tendre sa main vers la jeune noble, l’incitant à se lever.
« Allons faire un tour, ça te fera peut-être du bien de te rafraîchir les idées. »
Les deux renards de la barde tournèrent autour de la poupée, jappant d’une joie qui fit hausser les sourcils de Calcilia. Et avant même que Fedora ne puisse esquisser le moindre mouvement, Eira se posa sur ses genoux. Eberluée Calcilia finit par laisser échapper un doux rire qu’elle étouffa entre ses doigts.
« Il faut croire que mes familiers ne sont du même avis que moi. »
La vulpine se mit sur le dos, dévoilant ouvertement son ventre pour des grattouilles. Calcilia choisit alors ce moment pour s’asseoir en face de la jeune noble, laissant la brise soulever ses mèches bleutées.
Les geste de la belle demoiselle sont d'une douceur sans pareil, sa main venant se déposer délicatement sur la joue de tissu de la poupée qui ne peut que regarder le visage de la jeune femme. Elle se souvient de cette douceur, elle se souvient encore aussi des blessures qu'elle a subie pour la protéger dans cette grotte, quand ces hommes voulaient se servir d'elle pour atteindre son père. Aujourd'hui encore, la douce dame à la chevelure bleutée vient à son secours même si, ce n'est pas exactement la même situation. Cette fois, la menace n'est guère physique mais bien mental pour la petite poupée qui se morfondait seule jusque là. Se lever? Se rafraîchir les idées? Peut-être oui... Mais alors qu'elle tend le bras pour saisir cette main tendue vers elle, voici que l'un des familiers de la jeune femme vient s'installer sur les genoux de la poupée, l'empêchant par la même occasion de se lever. Chose qui, plutôt que de déplaire à Fedora, la fait simplement rire doucement. D'une main calme et délicate, elle vient caresser le renard qui ne demandait que cela et observe Calcilia qui s'installe face à elle.
"Ils sont adorables!" Répond-t-elle simplement en reportant son regard sur l'animal installé sur ses genoux. Quelques secondes, silencieuses, passent. Uniquement interrompues par le bruit du vent avant que Fedora ne relève la tête vers Calcilia. "Est-ce que ça va? Tes blessures ont bien guéries?" S'inquiète-t-elle, évident peut-être en même temps d'expliquer la raison de sa propre tristesse en faisant ce qu'elle fait le mieux : s'intéresser aux autres.
Elle glissa un doigt sous son menton pour venir cerner son regard, préoccupée par cette tristesse qu’elle ressentait dans la voix de la jeune femme. Il était difficile de pouvoir décrypter totalement ses émotions car les expressions de son visage étaient figées. Calcilia ne pouvait alors que se fier à la tendre voix de Fedora. Celle qui la faisait fondre tant elle était empreinte d’une douceur et d’une innocence qu’elle voulait conserver. Autant qu’elle souhaitait faire disparaître toute trace de tristesse qui collait à son timbre.
« Vas-tu donc continuer à éluder ? Je ne te souhaite pas ce voile de tristesse que sonne dans ta jolie voix. Nous pouvons ne pas en parler si le fait que je sois une inconnue te pose problème. Mais essayons de faire disparaître ces démons qui hantent tes pensées. »
La barde se pencha au-dessus d’elle, appuyant son doigt entre ses sourcils de tissu, choisissant de pointer le crâne avec précision.
« Il doit bien y avoir des choses qui te rendraient le sourire. »
Elle fit mine de réfléchir avant de tendre le second renard vers la poupée avant que celui-ci ne la récompense d’un léchouille baveuse sur le visage. Illwy lui sauta dessus pour réclamer lui aussi son lot de caresses. Chacun aussi affectueux que l’autre souhaitait sa dose. Calcilia se glissa à ses côtés glissant une main sur son épaule pour l’attirer dans une douce étreinte protectrice.
« Un fardeau ne se porte pas seule, ma chérie. C’est le meilleur moyen pour finir submergée par tes émotions. »
La barde déposa sa joue contre le sommet du crâne de la jeune fille, perdant son regard au milieu du vaste décor marin. Au bout d’un moment elle poussa un profond soupir en se redressant.
« Je connais un endroit sur la côte qui est joli à visiter. Peut-être que tu connais. Mais ça ne nous fera pas de mal de marcher un petit peu pour nous dégourdir les jambes. »
Époussetant légèrement sa tenue, elle offrit à nouveau sa main à la jolie poupée pour l’inviter à la suivre. Calcilia souhaitait la mettre en confiance sans chercher à la presser. Chaque geste se décrivait alors d’une authenticité bienveillante. D’une courbette joliment effectuée, la jeune femme reprit.
« Après vous, chère demoiselle. »
La barde laissa échapper un petit rire, puis enroula son bras sous le coude de la petite noble.
"Non ce n'est pas ça!" Affirme-t-elle lorsque la belle émet l'idée qu'elle soit une inconnue... Ce n'est pas ça du tout! Mais comment exprimer exactement ce qu'elle ressent lorsque c'est une déception, une peur illusoire d'un possible événement hypothétique? Ce n'est pas aisé de mettre des mots sur des craintes infondées après tout. Mais pas le temps d'essayer d'y réfléchir, voici que le second renard se joint à la partie, venant offrir son lot de léchouilles à la poupée qui ne peut qu'en rire en le caressant également. Au moins, les familiers de Calcilia sont affectueux c'est un fait. Cela avant que la jeune noble ne soit attirée dans une étreinte par la belle dame. Un léger sourire sur le visage, après tout elle n'est jamais contre un câlin, elle se laisse doucement bercer par le bruit des vagues et la chaleur de cette douce amie avant que la décision ne soit prise pour elle que d'aller prendre une marche... C'est donc bras dessus, bras dessous que les deux jeunes femmes se mettent en route, Fedora suivant sa compagne bien que celle-ci ait affirmé passer après Fedora. Après tout, c'est elle qui connait un lieu sur la côte d'après ses dires.
"Ce n'est pas très grave tu sais... Juste une déception? Mon mentor, Lin, et moi-même travaillons sur des enchantements, essayons de me rendre mon apparence humaine mais pour l'instant, ce ne sont que des échecs... J'ai juste peur de ne jamais redevenir moi-même et que... Enfin... J'ai peur de ne pas parvenir à n'être autre chose qu'une poupée voilà tout." Affirme-t-elle. Peut-être ne pas parler de Faolan? Elle ne veut pas exprimer ses peurs sur ce sujet, elle ne veut pas non plus que l'on questionne le fait qu'une poupée et un humain soient un couple! Les gens, la plupart du moins, ne comprennent pas...