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Une semaine avant l'examination - Bastion du régiment Al Rakija


- Je dois faire QUOI ?! Kemenes se releva de l'ottomane, sidérée par ce que venait de lui annoncé sa supérieure.

Jill, assise confortablement dans son siège, les pieds croisés sur bureau la regardait avec un air amusé.

- C'est comme je te dis. Je vais partir avec le Reine Allys pour commencer d'exercer la manœuvre au large. Tu vas reprendre temporairement mes fonctions et gérer avec notre bougon de ministre des armes. Je compte sur toi Biezdań !

- Mais pour quoi faire  ?! Et pourquoi ce n'est pas moi qui part avec le Guerroyeur et toi qui reste pour accueillir cet invité de marque ? Et reprendre tes fonctions ? Non mais on marche sur la tête là !

- Calme-toi grand diable ! Jill éclata d'un rire cristallin. elle adorait voir paniquer Kemenes, surtout quand il s'agissait de son travail. C'était peut-être un peu sadique mais elle trouvait ça adorable. - Je ne peux pas te donner plus d'informations, estime-toi déjà heureuse que je t'ai prévenue de son arrivée. Furi a été dans la Navale lui aussi, et il la tient en haute estime à ce qu'il parait.

-Ah bon ? Pourtant à son époque elle n'avait pas bonne réputation, la Navale. Interrogea l'amiral en haussa les sourcils.

- Justement, il a fait partie du noyaux dur de ces gardes qui ont réussi à montrer, de par leur professionnalisme, que la Navale ne contenaient pas que des tire-au-flanc. Il va pas te louper, c'est moi qui le dit. La taquina sa chef en lui faisant un clin d'œil.

Kemenes poussa un énorme soupir et se laissa glisser le long du sofa, d'un air dépité. C'était toujours pareil, elle se demandait si elle n'aurait pas mieux fait de devenir pêcheur comme lui avait suggérer sa tante à une certaine époque. Ca aurait été peut-être un peu moins palpitant, mais au moins elle aurait éviter de devenir cardiaque avec de l'hypertension à vingt-sept ans. Jill secoua la tête d'un air faussement désolée et vint s'assoir à côté d'elle. Elle passa son bras autour de ses épaules et la ramena à elle. Etonnée par cette soudaine manifestation d'affection, plutôt rare venant de Loritza, les joues bleutées de la garde virèrent au rose créant ainsi un teinte violacée assez originale.

- Eh, te fait pas de mouron va. Je sais que tu peux le faire, sinon je n'aurais jamais accepté de te léguer mes fonctions. Dit-elle d'une voix douce.

- Temporairement. Marmonna Kemenes d'un air boudeur, ce qui fit rire Jill.

- Oui, oui, temporairement. Allez, merde à toi !

Plus facile à dire qu'à faire. Kemenes allait devoir prier Lucy et tous les dieux de la forêt, de la mer, de l'océan, des fleuves, des montagnes...BREF, de tout ce qu'elle pouvait pour que tout se déroule correctement bien.

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L'amiral n'arrêtait plus depuis cinq heures ce matin. Tout devait être parfait, enfin, encore plus parfait que d'habitude. Ces hommes avait l'habitude d'une supérieure intransigeante, or en cette matinée ils ne se seraient jamais douté qu'elle aurait pu l'être plus encore. Déjà, sa seconde Alydia ne mouftait pas, ce qui n'était en soit pas forcément étonnant, mais tout de même, elle ne pipait mot. Non, le plus surprenant c'était que l'insupportable Janòsz était sage comme une image. Lui qu'on entendait toujours râler et contester les ordres avec un humour sardonique, se tenait à carreaux et écoutait au doigt et à l'œil ce que disait Kemenes, avec une attention qui forçait l'admiration. Ce qui reflétait en somme, le respect qu'il avait pour sa chef, qu'il aimait certes taquiner, mais savait écouter quand le devoir s'imposait réellement.

Le formidable Guerroyeur trônait comme à son habitude dans les eaux du port, et avait été si bien nettoyé qu'il semblait aussi neuf que dans ses jeunes jours. Fier navire de ligne, c'était un violier de premier rang disposant de cent-vingt canons, cent de moins que le galion du Major Loritza, le Reine Allys, plus redoutable mais moins rapide.
La Navale disposait aussi de deux autres navires de ligne, le Chernobog (cent canons) et la Gloire de Lucy, navire deuxième rang (quatre-vingt quinze canons) étaient eux aussi à flots et avaient été cirés et les voiles nettoyées. Un excès de zèle selon Kemenes, qui se doutait que cela ne suffirait pas à impressionner le vieux loup de mer. En tout cas, la force principale de la Navale résidait dans ces quatre navire de guerre, plus deux autres frégates, plus petites, démunies de canons mais incroyablement rapides, parfaites pour des interventions éclair. Cependant, il fallait avouer que les bateaux n'avaient jamais été aussi beaux et avait fière allure.
Deux autres galions, purement d'ordre décoratif, destinés aux parades militaires étaient restés au hangar. Si le ministre était tenté de les voir, cela serait pour la fin de journée. Kemenes ne serait pas contre de lui montrer si Furi était aussi passionné de navires qu'elle, et surtout si ils étaient amenés à s'entendre. Mais, ça c'était une toute autre paire de nageoires.

Une petite troupe de badauds s'était formée pour admirer les voiliers. Certains faisaient même coucou aux hommes de l'amiral qui s'affairaient de partout, se demandant ce qu'il pouvait bien se tramer. Ils avaient l'habitude de voir l'équipage de Biezdań, mais pas autant de gardes de la Navale au même endroit et autant de navires de guerre ! Certains vieillards semblaient même inquiets, était-ce la guerre ? Allaient-ils devoir prendre les armes ?
Kemenes regardait tour à tour rapports, donnant ordres, conseils, refaisant un noeud ici et là, puis décida de faire une pause. Par pause, elle entendait se poster sur le ponton devant les bateaux et regarder l'ensemble, pour voir si tout était en ordre. Mais au moins, elle n'était plus dans la valse constante des fracas des barils de poudre, des clameurs de mousses et des frottements des cordes. Elle inspira longuement en essayant de calmer son stress. Alors qu'elle s'apprêtait à rejoindre son équipage, un soldat vint à elle, en courant comme un damné.

- Amiral ! Amiral ! Vous êtes convoquée de suite au Bastion...Le ministre...Il...Aaaaah...

Le pauvre bougre peinait à reprendre sa respiration. On avait du bien lui faire comprendre qu'il fallait relayer le message dans les minutes qui suivent. Kemenes le calma d'une main compatissante et fit un signe à ses hommes pour leur signifier qu'elle y allait. Il était donc temps.
Un grand écrivain aryonnais, Marsely Proustonov, avait un jour écrit "Il n'y a pas de réussite facile ni d'échecs définitifs." Et aujourd'hui ne serait pas une exception, restait à voir quelle option cela serait pour elle.

L'amiral Biezdań ne savait pas trop à quoi elle devait s'attendre en entrant dans le bureau. Au vu de toute cette effervescence créée juste par la simple présence du ministre, elle s'était fait une image de lui presque irréelle, tel un monstre marin si impressionnant et intimidant qu'on oserait pas faire face à lui.
Il n'en était rien. Bien sûr, Nichodoléon Furi était un homme avec une prestance qu'on ne pouvait nier, mais de là à autant paniquer en sa présence ?  Kemenes ne comprenait pas trop. Elle savait pertinemment à quel point il avait œuvré pour la Navale, en particulier pour la Marine et elle le respectait infiniment pour ça. Cependant, de là à faire mille courbettes en le voyant, comme elle avait pu voir certains collègues le faire, non certainement pas. Ce n'était pas par caractère bravache, Lucy savait que ce n'était pas du tout de cette trempe là. Juste, elle restait humble devant ce personnage, sans pour autant tomber dans le zèle. Puis, il semblait que Furi n'était pas homme à apprécier les flatteries inutiles. Surtout qu'elle n'allait pas le nier, son opération ne la réjouissait pas des masses. Elle avait des interventions bien réelles qui n'attendaient que d'être effectuées, avec une pile dossiers à traiter et des rapports à rédiger. Autant dire que ce "petit" exercice militaire ne tombait pas à point nommé, et bien qu'elle en comprenait pleinement l'utilité, elle se posait la question de pourquoi cela tombait maintenant et avec elle, et non pas directement avec Jill.
Enfin, si le vieux loup de mer souhaitait tant que ça faire sortir tous les gradés de la Marine pour une opération faunopouta ou elle ne savait quoi d'autre, grand bien lui fasse.

Quand à elle, elle serrait la mâchoire de stress, droite comme la justice. Elle fit le salue militaire requis et salua ensuite la petite assemblée présente dans le bureau. Alydia Soraya, sa seconde, en fit de même, et se plaça légèrement en arrière, par respect pour sa supérieur. Elle pouvait sentir son regard perçant sur sa nuque, essayant certainement de la soutenir mentalement, mais tout ce qu'elle réussissait à faire en faisant ainsi sentir son regard, c'était de rendre l'amiral  encore plus tendue.

- Merci Monsieur le ministre. Je dois beaucoup au Major Loritza, j'espère aujourd'hui ne pas la décevoir en tant que subalterne directe. Dit-elle en s'inclinant légèrement.

Elle espérait ne pas à avoir à s'assoir, son anxiété lui mangeait petit à petit le ventre et une douleur aigue commençait à poindre dans ses entrailles. Lucy soit louée, Furi refusa les banalités d'usages, boissons et petits canapés pour venir droit au but de sa visite.

- Parfaitement clair, Monsieur le ministre. Répondit Kemenes en effectuant un salut, moins vigoureux cette fois-ci. Elle repassa en revu le pitch du vieux marin. "Donc si il finit à la flotte, c'est pas grave pour le ministre, mais ça resterait un de mes hommes en gros ? Meh." Dommage, elle aurait pu demander à Janòsz de balader le ministre, mais elle sentait que même si il ne serait pas là en tant que tel, il aurait tout de même un rôle important à jouer. "Bingo !" Se dit l'amiral quand elle reçut des mains du dénommé Stock une pochette tout belle toute propre de documents, rédigés de manières incroyablement détaillée.

La garde eut toutes les peines du monde à ne pas esquisser un sourire à l'annonce du nouveau nom du ministre. "Il aura beau dire, je suis sûre qu'il s'amuse comme un petit fou avec ses petits soldats, les petits bateaux et son petit nom, là. Léo ? Sérieusement ? Aaaah."
Aryon n'avait pas été attaqué en un millénaire, encore moins par des espions et des commandos. Il aurait dit des pirates sévissant autour la Ville Aquatique, surentraînés, munis de bombes magiques, pourquoi pas, mais là…
Soudain, Kemnes eut une mauvaise impression. L'excuse étrange laissée par Jill la semaine dernière, maintenant cette simulation disant que son état actuel était inconnu. Plus, le flegme du ministre ne lui présageait rien de bon. Le flair de Biezdań ne la trompait jamais, et actuellement il lui disait que cette histoire sentait mauvais l'algue pourrie et les relents de poisson avarié. Elle jeta rapide coup d'œil à Alydia, qui le lui rendit d'un air entendu. Il fallait qu'elles restent sur leur garde, le ministre n'avait pas tout dit. Alors, avec un grand sourire, elle s'adressa sans cérémonie à son nouveau lieutenant :

- Eh bien Lieutenant Saint-Claire, laissez-moi vous conduire à votre navire.

Et sans attendre, elle fit claquer les talons de ces bottes pour se retourner vers la porte du bureau, qu'Alydia avait déjà ouverte. En route pour l'opération Fana...Founo...En route !

L'amiral ne se laissa pas impressionner par la menace du vieux loup de mer. Bien que ses paroles blessèrent les sentiments de la jeune femme car ils avaient été prononcés devant certains de ses collègue, elle ne perdit pas contenance. Si tout ceci était un test, alors elle devait montrer qu'elle savait garder la tête froide.

- Si je peux me permettre mon Lieutenant, je ne sais pas comment fonctionnait la Navale à l'époque où vous y exerciez mais maintenant, c'est l'amiral qui se charge de repartir les hommes sur les navires. A moins que vous ne souhaitiez rester à quai, ce que je ne pense pas, il est dans mon devoir et obligation de repartir mes troupes intelligemment. Vous serez donc avec moi et mon équipage sur notre voiler, le Guerroyeur.

La garde inclina respectueusement la tête et se détourna de son interlocuteur pour regarder au loin. Elle avait parlé avec un ton ferme, poli, sans ciller. Portant au fond d'elle, elle hurlait. La remarque sur la possible collaboration avec "l'ennemi" était de trop, même pour Kemenes. Le vieux militaire poussait l'exercice un peu trop loin, de là à sous-entendre une trahison, toute factice qu'elle était. Elle sentit des picotements parcourir ses doigts, qui ne demander qu'à se resserrer en ses paumes. Mais elle tint bon, et avec un naturel à tout épreuve, elle continua de marcher d'un pas assuré en direction de la base militaire Guido, où leur flotte les attendaient.  

Discrètement, la jeune amiral glissa un mot à l'oreille de sa quartier-maître, la femme brune acquiesça alors et parti n courant d'une bonne allure athlétique. Biezdań sentit quelques regards interrogateurs mais ne confia en rien ce qu'elle venait de dire si discrètement à sa seconde.

En arrivant, le compte à rebours se mit en marche. Pendant les derniers préparatifs, quelques "incidents" se produisirent. Jugeant de la mine satisfaite du vieux loup de mer et de son suiveur, Kemenes attendit patiemment. Tout vient à point à celui qui attendre comme on le disait si bien.  Venant d'une personne qui venait de lui reprochait d'être trop nonchalante, le barbu se permettait une pause cigarette. Fort bien, qu'il s'occupe. Elle observa du coin de l'œil le petit cirque entre son maître canonnier et le ministre. Parfait, Alydia avait fait passé le mot. Si Furi pensait que tout allait se passer selon son bon vouloir, il se trompait fort. Janòsz avait en effet gardé une tenue peu professionnelle volontairement, et savamment aspergé de rhum sa blouse. Il savait montrer un mélange d'impertinence et de respect qui pouvait énerver plus d'un, sur ce quoi l'amiral comptait. Un personnage tel que Furi n'aurait jamais laissé passer ce genre de comportement. Des minutes précieuses de gagnées. Il terminait lentement se cigarette, tandis qu'un traquenard se défilait dans son dos.

Soudain, alors que les préparatifs semblaient être terminés, Alydia et Zerff déboulèrent du quai,  trainant et maitrisant deux mousses du ponton, qui se tortillaient lamentablement, agrippés par le col. Kemenes fit un signe à deux de ses hommes de venir prêter main forte à sa seconde et son maître timonier.

- Ce sont eux ? Demanda-t-elle d'une voix froide en toisa les deux petits marins qui tremblaient comme des feuilles. L'un deux essaya de se dégager de l'emprise de la garde, mais Soraya Alydia était connue pour plusieurs choses : son aptitude au combat, sa tête de mule et sa force herculéenne. Elle tira fortement sur la chemise souillée du mousse, ce qui lui arracha un cri étranglé. Zerff, le soldat hybride faucon émit un sifflement menaçant.

- Aye Amiral, ce sont bien eux. A cette réponse, un sourire carnassier vint s'étirer sur les lèvres de Biezdań

-Fort bien. Suivez-moi.

Elle leur fit un signe autoritaire, et se dirigea vivement vers Nichodoléon et Stock, toujours occupés à manigancer on ne sait quel plan obscure.

- Mon Lieutenant. Appela-t-elle. Le saluant, elle jeta un regard à ses subalternes, qui d'un seul homme, jetèrent les deux marins au sol. Elle laissa une seconde flotter. Une petite seconde savoureuse. Elle vit Stock perdre un peu de sa superbe, ce qui lui fit le plus grand plaisir. Elle voulait faire ses preuves devant le ministre certes, mais être sous-estimée par un mecton moins gradée qu'elle, et qui se croyait sorti de la cuisse de Lucy, il en était hors de question. Ils étaient sur le même pied d'égalité, et elle allait lui prouver de suite.

- Lieutenant, il semblerait que de la vermine s'est glissée dans notre équipage. Je connais très bien mes hommes, mes hommes se connaissent très bien entre eux, aussi telle ne fut pas ma surprise lorsque ces deux cancrelats ont été pris chacun de leur côté sur mon navire, à non pas aider à l'embarcation, mais à la retarder mon Lieutenant.

Dès que Furi avait évoquer d'une éventuelle intelligence ennemie, Kemenes avait ressenti un certain malaise. Elle avait de suite demandé à Alydia d'aller enquêter sur le pont pour voir se qu'il en était. Evidemment, beaucoup de monde avait été appelé pour prêter main forte au déploiement de la flotte et de nombreux visages étaient mal connus mais non pas inconnus. Ainsi, il ne fut pas difficile de vite repérer ces deux énergumènes, surtout que Furi avait fait une erreur.

- En tant que Capitaine de ce navire, je me dois d'en informer l'équipage et ses invités de qualité que des sanctions immédiates vont être prises à l'encontre de ses saboteurs, ce qui retardera légèrement notre mission.

Elle observait tour à tour les petits torpilleurs et ses invités d'un regard acéré. L'un deux, plus effrayé peut-être qu'il ne fallait, pensant que les sanctions seront réelles, se tourna vers la garde de la Navale d'un air désespéré :

- Mais on a juste fait ce qu'on nous a demandé de faire Amiral, j'vous jure !! S'exclama l'homme d'une voix nasillarde. Son complice hocha de la tête vivement, et comme pour s'incriminer encore plus, sorti une petite bourse et la jeta à terre, prouvant qu'ils avaient été achetés.

- On...On allait la rendre hein...Mais...

Le sourire de l'Amiral ne fit que s'élargir, montrant amplement ses dents pointues, luisantes d'un blanc nacré. Apeurés à cette vue, les deux mousses baissèrent les yeux, et fixèrent le plancher du bateau.

- Tiens donc. Et puis-je savoir qui vous a demandé de saboter les préparatifs d'une mission aussi importante que celle-ci ? Interrogea Biezdań, ses yeux bleu pâles brillant d'une lueur menaçante.

- Honte à vous, honte sur toute votre génération pour vous être vendu à l'ennemi ! Déclama Alydia d'un ton très convaincant.

Les deux hommes de de Kemenes prononcèrent des paroles dans le même sens et bousculèrent un peu les deux mousses. Bien sûr, tout ceci n'était qu'une mascarade, mais les sabotages avaient eut bien lieu alors ils se permettaient de les malmener un peu. Ils avaient dit oui, c'était déjà une faute en soit, ils auraient pu tout aussi bien refuser. Les pauvres bougres étaient un peu perdus, ne sachant plus faire la différence entre ce qui était le vrai du faux.

- On est désol-

- Je n'ai cure des excuses de traîtres à leur nation. Maintenant je veux le nom de la personne qui a commandité ces sabotage ou alors vous voulez peut-être faire connaissance avec les poissons des profondeurs ?

Comme pour appuyer ses propos, Zerff fit claquer une corde entre ses mains pourvues de serres. Pâles comme la mort, les deux garçons se tournèrent vers Stock comme une seule âme en hurlant de tous leur poumons :

- C'EST LUI, C'EST LUI !! IL EST VENU ET IL NOUS A DONNE LA BOURSE !

Alydia envoya valser celui qu'elle tenait à terre pour ramasser la bourse. Les armoiries de la Capitale y étaient cousues. Biezdań secoua la tête, d'un air faussement navré puis se retourna vers Stock.  

- Je devrais normalement vous passer les fers et vous jeter immédiatement aux cachots, Monsieur Stock. Cependant, en vue de votre statut et de notre relation privilégiée avec la Capitale, je souhaite d'abord entendre votre version. Ensuite, le Lieutenant Saint-Claire et moi-même décideront de votre sort. Rapidement si possible, car l'heure tourne.

Kemenes avait bien pesé ses mots, en faisant bien comprendre qu'elle n'était pas une prirva de six semaines.