Et le temps a filé à une vitesse folle.
Les plaies de mon cœur meurtri ont fini par se soigner et j’ai arrêté de pleurer. J’ai même arrêté de penser à cet homme qui était mon premier amour. La routine et le travail m’y aidant beaucoup, mais pas seulement. Être entourée d’amis précieux et de compagnons à quatre pattes qui se soucient de mon bien-être m’ont permis de progressivement relativiser. On m’a longuement répété que cet homme ne savait juste pas voir la beauté en moi, qu’il ne méritait pas que je continue de pleurer pour lui. Et avec le temps, j’ai fini par le penser aussi. J’ai même commencé à l’oublier, à ne plus savoir à quoi ressemble les traits de son visage ou l’odeur qu’il pouvait porter. Petit à petit, ma peine de cœur a disparu et j’ai repris un rythme de vie plus sain pour moi.
Et puis une lettre à mon attention est arrivée.
Cette douleur que je pensais avoir chassé est revenue poindre, et avec elle le sentiment de solitude. Même si j’ai appris à prendre bien plus soin de moi, le travail est redevenu un moyen de m’oublier et me consoler. Sous le regard attristé de Pyxidis, je m’acharne sur différentes commandes que j’avance alors que je suis la seule à travailler aujourd’hui. Le petit dragon s’occupe de garder le comptoir pendant que je m’oublie à la chaleur du fourneau. Mon familier a bien grandi, étant désormais proche de sa taille adulte. Même s’il est encore très joueur et particulièrement gourmand, il est devenu bien plus mature. Je peux le laisser seul sans avoir à m’inquiéter constamment d’une possible bêtise.
*Un client.*
Le message télépathique de mon familier est suivi du son de la petite cloche du magasin. Je termine de frapper le métal brulant avant de le plonger dans l’eau d’où s’échappe une épaisse brume. Je pose mes outils et range mon espace de travail avant de m’essuyer le front pour accueillir convenablement mon client. Et c’est avec un air neutre et une voix légèrement fatiguée que je sors de la forge pour gagner la boutique et saluer le nouveau venu.
« Bonjour et bienvenue à l’ar... »
Je m’arrête au milieu de ma phrase en remarquant mon familier se faisant caresser par un homme que je reconnais. Sans le vouloir, mon visage s’illumine légèrement, heureuse de revoir cet aventurier que je n’ai eu l’occasion que de croiser depuis notre dernière beuverie pour fêter notre chasse. Après tout, ce n’est pas tous les jours que l’on rentre indemne d’une chasse au Minotaure, non ?
« Sileas ! Ça fait un moment, qu’est-ce que je peux faire pour toi ? »
Mais fort heureusement, et sans réelle surprise, la demoiselle est présente. Après une caresse à Pyxidis qui grandit plutôt bien, venant même le grattouiller entre les oreilles, cette dernière arrive. Sileas étire un sourire en cessant ainsi de s'occuper du petit animal, croisant les bras sur son plastron tandis que son sourire s'étire un peu plus.
-"Bonjour Sia, ça faisait longtemps. Et je suis venu te sortir un peu pardi, j'ai l'impression que tu n'as pas bougée de cette boutique depuis notre dernière mission. C'est pas bon pour tes jambes ça, comment tu vas faire pour courir après les primes ensuite ?"
S'approchant rapidement de la forgeronne il vient lui donner une accolade en reculant ensuite d'un pas, la jaugeant rapidement de bas en haut. Son regard glisse sur elle sans hésitations, avant de laisser échapper un léger grognement dont il est difficile de déterminer le but. Posant le coude sur le manche de son glaive qui est bien la seule chose qui semble avoir changée dans son attirail depuis la dernière fois, il pousse un soupir.
-"Et j'ai bien fais de venir j'ai l'impression, tu as l'air fatiguée et d'en faire trop. Allez, hop hop hop file te changer. Et je te préviens, je n'accepterais pas un refus, même si je dois t'embarquer sous le bras. Aujourd'hui tu vas sortir un peu et te changer les idées, cela te fera le plus grand bien."
Il faut dire que le blond ne sait pas trop dans quel état se trouve la jeune femme après leur dernière rencontre. Cette proposition est l'occasion parfaite de vérifier qu'elle se porte mieux, si ce n'est pas le cas... Eh bien, il est toujours possible de trouver une occupation pour distraire son esprit et laisser ses plaies se panser toutes seules. Au pire, il doit bien y avoir un autre minotaure quelque part qui a besoin d'être attrapée par les cornes. Et vu qu'il est particulièrement têtu, il revient s'installer au milieu de la pièce en croisant les bras, l'air d'attendre, finissant simplement par se détourner vers le dragon miniature pour qui il a a un sourire.
-"Et toi en tout cas tu sembles avoir bien grandi depuis le temps ! Ne t'en fais pas, je suis sur que j'ai quelque chose que tu vas aimer."
Fouillant dans son sac, le borgne vient en sortir plusieurs lanières de viande, plus précisément de porc-becue, venant les agiter devant le museau du familier en attendant de voir si il va mordre à l’appât ou non.
De son côté, mon familier ne résiste même pas à l’appel de la nourriture. Avec des yeux brillants, il vient voler jusqu’au blond pour essayer d’attraper une des lanières de viande. Même mon familier ne me soutient pas.
*Pyxie adore Sileas !*
Un nouveau soupire m’échappe, signant ma résignation. Tournant les talons, je me dirige vers la forge pour pouvoir m’occuper de ranger convenablement mon travail.
« Très bien… J’ai compris. Laisse-moi le temps d’éteindre la forge et me laver un peu. Pyxie, je te laisse fermer la boutique. Et toi, ne lui donne pas trop de viande ! Le sel est mauvais pour lui. »
Et c’est avec une moue boudeuse que je quitte la pièce en laissant mon familier aller tourner la petite pancarte de la boutique et verrouiller la porte. Un petit tour qu’il a mis plusieurs semaines à assimiler, mais qui est devenu un jeu pour lui. Il revient ensuite se poser sur l’épaule de Sileas, content d’avoir un perchoir bien plus haut que mon épaule. Avec une sorte de ronronnement, il vient quémander une nouvelle friandise, comme pour le féliciter de son tour.
De mon côté, je finis de ranger mon matériel, mon travail en cours et surtout de baisser le feu du fourneau. Quand tout semble en ordre, je quitte la forge pour revenir dans la boutique, observant ce duo insolite entre le borgne et mon familier. Les deux paraissent bien s’entendre et s’amuser en mon absence.
« Suis-moi, tu veux peut-être un thé pendant que je me change ? »
Je lui fais gagner l’arrière de la boutique qui mène directement au logement au-dessus. Une jolie pièce de vie nous sert de salle à manger et de salon de thé, donnant sur une petite cuisine. Je viens faire chauffer de l’eau avant de passer telle une tempête pour rejoindre mes quartiers.
« Fais comme chez toi. Je reviens dans un moment. »
Je m’éclipse rapidement, allant me laver sommairement pour retirer la sueur et la suie me couvrant. Je ne réussirais pas à retirer facilement l’odeur de la forge de moi sans prendre un vrai bain, mais cela fera l’affaire. Dès que je suis propre et sèche, j’hésite sur les vêtements à enfiler. Je ne me suis pas vraiment attardée sur mes lessives dernièrement, et il faut dire que les beaux jours sont revenus. Même s’il fait plus frais dans le nord, la température extérieure est idéale. Surtout avec une belle météo.
Je ne sais trop où le borgne veut me trainer, mais s’il parle de me sortir pour me détendre, je suppose qu’il ne parle pas d’une mission ? J’enfile donc une robe assez simple que Emerald m’a forcé à acheter. Selon lui, je ne prends pas assez soin de ma féminité, que je dois me mettre plus en valeur quand je ne suis pas en mission ou à la forge. Alors que j'essaie de me rappeler les différents conseils de mon ami, je tente de me mettre un peu en valeur tout en restant assez naturelle. Même si je ne veux pas l’admettre, Sileas a raison et j’ai bien besoin de changer d’air.
Une fois prête, je rejoins mon ami et Pyxidis qui se sont installés confortablement. L’un avec une tasse de thé, l’autre ayant décidé de profiter des genoux du borgne. Je pouffe un peu de rire face à cette étrange image de l’aventurier installé si confortablement avec un familier.
« En vous regardant comme ça, on pourrait presque penser que tu es prêt à prendre ta retraite d’aventurier. »
Un large sourire sur les traits, je viens tournoyer devant le blond avant de me servir aussi une tasse de thé et m’asseoir à ses côtés.
« Désolée de l’attente. Mais maintenant que je suis changée, où est-ce que tu comptes m’emmener ? »
Laissant le petit familier tirer un bout de viande pour le gober tandis qu'elle repart, le borgne arque un sourcil avant de répondre d'une voix qui pourrait être presque outrée que l'on insulte ainsi l'un de ses mets préférés.
-"Il n'y a presque pas de sel la dedans ! La viande est cuite naturellement, ça en demande beaucoup moins qu'habituellement. Mais j'ai compris, je ferais attention. Désolé, mais il semblerait que ta maîtresse décide que tu commences un régime."
Bien sur l'animal n'est pas de cet avis, et il arrive à chiper un second morceau qu'il gobe tout en s'installant confortablement. N'étant pas très lourd, le blond le remarque à peine en plus du poids de son armure, et il profite du moment pour narguer l'animal avec une autre lanière de viande, l'incitant à sautiller et décoller pour pouvoir l'attraper et la manger. Tout en se faisant, Sileas observe la pièce qu'il commence à bien connaître à force, surpris de la voir aussi vide. Bon, il n'a pas réellement de réparations à effectuer sur sa tenue, et il pourra amplement retourner voir Adam plus tard pour s'occuper des quelques détails qui pourraient nécessiter plus qu'un simple entretien de terrain. Quand Sia revient, l'homme lui emboite le pas pour enfin découvrir les logements qu'elle occupe, n'ayant jamais réellement dépassé la pièce d'essayage jusqu'ici.
-"Eh bien pourquoi pas. Je ne refuse jamais une boisson offerte, même si elle n'est pas alcoolisée."
Un sourire suit sa petite taquinerie, alors que définitivement, l'aventurier se dit que Java déteint un peu trop sur lui. Et en attendant que son amie revienne, il s'installe tranquillement dans la pièce, préparant les tasses pour le retour de la demoiselle une fois qu'elle en aura fini avec ses ablutions. Le familier vient chercher quelques caresses et surtout un peu plus de viande, une dernière tranche finissant dans son bec avant que l'homme ne finisse par les ranger sous l'air triste de Pyxidis qui n'aurait pas été contre un peu de supplément. Mais malgré cet affront, le petit animal s'installe confortablement, comme si il souhaitait s'endormir ainsi. Sileas n'arrive pas réellement à comprendre le pourquoi, l'armure étant plutôt fraiche, mais n'a pas non plus réellement le cœur à le retirer pour le moment.
-"Ne me met pas un pied dans la tombe avant l'heure tout de même ! J'ai encore deux belles décennies avant de commencer à penser à déposer les armes, et je n'ai pas hâte de devoir y songer."
Enfin ils finissent tous deux installés, le regard d'acier glissant sur les formes et surtout la tenue de l'Edeiweiss, alors que l'aventurier ne peut s'empêcher de hausser un sourcil. Il ne l'a jamais vu habillée d'une telle façon, et à vrai dire il ne pensait même pas qu'elle pouvait posséder de tels atours dans sa garde-robe. Enfin, la surprise visuelle est plutôt agréable, et il ne va pas s'en plaindre alors qu'il reprend la parole.
-"Eh bien déjà surement faire un tour de la ville, profiter du beau temps et du fait qu'il commence à faire bon. Et qui sait, peut être aussi t'inviter à manger un bout ensuite ? Je suis sur que ça ne te ferait pas de mal."
Tout en prenant une gorgée de sa tasse qui a désormais assez refroidie pour être bue, il observe les réactions de la demoiselle face à lui, avant de continuer.
-"Et si jamais cela ne te suffit pas et que je te vois essayer de discrètement te diriger vers le quartier des ingénieurs ou la forge, et bien je t'embarque dans un établissement de sources chaudes et je t'y plonge jusqu’à ce que au choix tu te noies, ou que tu acceptes de te détendre. Une proposition censée, tu ne trouves pas ?"
Ce n’est pas que l’idée d’aller aux sources chaudes me dérange, loin de là, mais plutôt le fait d’y aller avec Sileas. Je dois bien avouer que pouvoir m’immerger complètement le corps dans une source chaude me manque. Passer d’un accès quotidien gratuit à une telle installation à devoir payer pour bénéficier d’un tel moment, cela crée un léger manque. Je ne crois pas avoir pu profiter d’une telle chose depuis que je vis avec Adam. Bien sûr, je me fais des bains, mais cela n’a rien à voir.
Après un petit moment de réflexion, je pose ma tasse désormais à moitié vide. Je prends un instant pour réfléchir, chassant l’idée de me baigner avec le blond plus loin. Et surtout l’image que cela produit dans mon esprit.
« Hmm... Je pense que se promener et profiter de la météo est déjà sympathique. Il me semble avoir entendu des clients parler d’un marché de saison douce ? Il y aurait des marchands qui ne viennent jusqu’ici qu’en de rares occasions. Il y aurait même des jeux pour les enfants et des concours avec la possibilité de gagner des objets magiques. »
Tournant légèrement la tête et me cachant dans ma tasse, je continue plus bas, de manière à peine audible et légèrement gênée.
« La source chaude n’est pas une mauvaise idée... Mais peut être pour une autre fois. Je ne sais pas où est mon maillot de bain. »
Je masque mon rougissement en finissant ma tasse presque cul sec. Je me relève prestement ensuite, me dirigeant vers la cuisine pour laver et ranger mon set à thé. Quand cela est fait, je laisse Sileas finir de son côté pour récupérer mon sac sans fond et vérifier que j’ai suffisamment de cristaux dans mon cryptex.
Quand nous sommes tous deux prêts, je guide mon ami vers la sortie, suivis de Pyxidis qui a bien décidé à nous accompagner. Tandis qu’il vient utiliser la tête de Sileas comme perchoir improvisé, je profite de ne pas avoir ce rôle pour taquiner le borgne tout en marchant, mon bras venant s’enrouler autour du sien.
« On dirait que Pixie t’apprécie bien plus depuis notre dernière rencontre. Aurais-tu caché un ingrédient secret dans ces morceaux de viande que tu lui as donnés ? »
-"Tu as raison. J'en perd mes saisons à force de passer d'une région à l'autre, mais ça a déjà du commencer. Plus qu'un marché de saison douce, c'est plutôt le premier vrai marché après la fonte des routes. Donc tous les biens récoltés et préparés dans les villages avoisinant la forteresse sont acheminés . Et vu que c'est pour beaucoup le premier retour à la "civilisation" après plusieurs mois, ça finit rapidement par ressembler à une grande foire. Ils vendent ce qu'ils ont récoltés, ils achètent ce qu'il leur manque. Qui sait, on pourra peut être même croiser quelques chasseurs du village de notre dernière mission qui vendent leurs herbes et la viande du Minotaure que l'on leur a laissé."
L'aventurier hoche ensuite de nouveau de la tête aux paroles de Sia, retenant bien qu'elle n'est pas contre une journée dans un établissement ou des sources chaudes pour se détendre un peu. Arquant un sourcil a son air troublé plus aisément visible et surtout à sa façon de répondre en un marmonnement. Il ne viendra néanmoins pas relever, s'occupant de vérifier ses affaires tandis qu'elle finit de se préparer, et bien rapidement les voici hors de la forge, a profiter des rues de la ville, la demoiselle accrochée à lui. Un rire le prend à sa question alors qu'il hausse légèrement les épaules.
-"Voyons, l'ingrédient secret est simple, c'est l'amour. J'ai moi même chassé les porc-becue qui ont finis dans ces lanières de viande. Et avec Orthos, c'est bien plus facile de les éliminer au moment opportun. Un coup a la tête une fois que la viande est à point, et c'est fini. Je m'assure donc une qualité de cuisson parfaite. Tu veux gouter au fait ?"
A peine la phrase finie, sa main glisse dans son sac avant d'en sortir un linge contenant des morceaux de cette fameuse viande. Sentant l'animal sur sa tête s'agiter à ce festin pratiquement mis sous son nez, il referme presque directement le tout, laissant juste un bout de viande dépasser pour qu'elle puisse tirer dessus et en récupérer des tranches pour gouter, lui même ne se privant pas de taper dedans. Après tout, le repas a beau être annoncé, un petit casse croute matinal ça ne fait jamais de mal. Et tandis qu'au loin une clameur certaine dépassant celle habituelle de la ville se fait entendre, l'homme continue tant de parler que de marcher.
-"Si tu as besoin de peaux et de fourrure, ça va être l'occasion parfaite. Beaucoup de trappeurs et de chasseurs risquent d'être présents. Pas mal d'herboristes aussi. Et bon, je sais que normalement on doit éviter de parler travail, mais je présume qu'il y'a encore une ou deux colonies minières qui profitent de l'occasion pour essayer d'obtenir des contrats avec des nouveaux acheteurs..."
*Mais c’est tout. Tu dois faire attention.*
*Pixie grandit encore !*
*Tu vas finir obèse.*
*Pixie très bien.*
Le dragon prend un air renfrogné, décidant de rester sur l’épaule du blond et de me tourner le dos, comme vexé. Je souris de cette réaction tout en mangeant ce morceau de viande. C’est vrai que ça n’a rien à voir avec la viande séchée que l’on trouve habituellement. Je pense que l’expression sur mon visage suffit à dire que j’aime ce petit en-cas.
Il vient ensuite parler des différents marchands qu’il risque d’y avoir. À la mention des colonies minières, mon regard s’illumine et je ne peux m’empêcher de penser aux nombreuses opportunités qui s’offrent à moi. J’essaye de me calmer, me rappelant que je dois avant tout me calmer. Plusieurs choses défilent dans mon esprit : voir des herboristes pour se renseigner sur ma fleur, peut être aller négocier des matières premières pour l’armurerie d’Ivan ou regarder différents objets magiques.
« Ça s’annonce intéressant... »
Nous commençons à gagner la foule qui devient de plus en plus massive. Bien accrochée à Sileas, je le laisse nous guider. Plus grand que moi, il doit mieux repérer les différents stands et avoir une meilleure vue. Mon familier décide d’ailleurs de revenir sur sa tête, comme pour servir de tour d’observation.
*Nourriture.*
*Non Pyxie, tu as assez mangé.*
Un grognement échappe de mon familier et un soupir de mes lèvres. Il a développé un appétit de grognours dernièrement. Relevant la tête vers le borgne, je l’observe un instant. Je me rends compte que je ne l’ai presque jamais vu sans son armure. Même quand il n’est pas en mission, il semble avoir du mal de la quitter. Je me surprends alors à l’imaginer dans des tenues plus décontractées et devient curieuse du résultat que cela peut donner.
« On pourrait commencer par du textile ? Il faudrait que je vois pour m’acheter de nouveaux vêtements. Les températures vont devenir bien plus chaudes et les fourrures ne sont pas idéales pour cela. J’aime porter des tenues bien plus ouvertes. Et toi ? Mis à part ton armure, tu portes autre chose ? »
J’essaye de masquer ma curiosité sous ce trait d’humour. Je viens légèrement me coller à l’aventurier comme pour le taquiner et essayer de lui soutirer un léger rire ou sourire en même temps que les informations qui m’intéressent.
-"Alors oui, il m'arrive de porter autre chose que mon armure. D'autres armures moins épaisses, par exemple. Pourquoi, tu t'attendais à recevoir une autre réponse ?"
Un sourire étire ses traits alors qu'il garde pressée contre lui la demoiselle tout en fendant la foule. Rapidement il aperçoit quelques marchands réunis proposant tissus au mètre comme tenues, et il s'y dirige rapidement tout en baissant le regard vers l'argentée à son bras.
-"Je suis curieux de ce que tu entends par tenue plus ouverte en tout cas. Avec le retour du beau temps, peut être que j'aurais le droit à un aperçu sous peu ?"
Bien sur que Sileas est intéressé de ce que la jeune femme peut bien entendre par tenue plus ouverte. Après tout, elle dégage déjà un certain charme avec les fourrures, donc l'imaginer avec une tenue un peu moins épaisse est particulièrement intéressant. Jouant un peu des coudes et des épaules, le borgne leur ouvre un chemin jusqu'aux étals intéressants tandis que diverses toiles, tissus et même cordages sont visibles. Une bonne demi douzaine de boutiques sont présentes, certaines fournissant uniquement des pièces brutes, d'autres des matériaux plus raffinés, les derniers vendant directement des vêtements. Plus intéressé par ce dernier, il s'y dirige, relâchant la demoiselle si jamais elle est intéressée par autre chose.
Car si il taquine Sia, il utilise quand même bon nombre de chemises. Ne serait-ce que sous son armure en elle même. Et quand il n'est pas en mission, même le blond ne peut nier qu'il est parfois agréable d'être habillé légèrement et d'avoir son entière mobilité de mouvement. Il passe donc un bon moment à observer ce qui est présenté, finissant par se faire un petit assortiment de hauts courts et longs, et même d'une veste rembourrée à enfiler sous son armure intégrale. Le total n'est pas donné mais au moins, cela lui permet de refaire sa garde robe. Une fois les cristaux payés, il cherche la tête à la recherche de son amie avant de la rejoindre, rangeant ses derniers achats dans son sac.
-"Et qui sait, si tu es gentille tu me verras peut être porter ce que je viens d'acheter ! En tout cas moi j'en ai fini, donc tu me dis où tu veux aller ensuite. Même si je pense déjà connaître la réponse..."
« Je ne sais pas… Que peut-être il t’arrive de t’habiller comme un humain normal ? »
Je laisse le blond se concentrer sur ses emplettes alors que j’inspecte les différents tissus. Plusieurs toiles intéresseraient ma mère, mais de mon côté, je ne sais trop que choisir. Je préfère me concentrer sur les vêtements tout faits. Même si j’ai tendance à préférer les tenues assez simples, rien n’arrive à me ravir. J’ai déjà plusieurs exemplaires encore en bon état de ce que je vois. Je regrette presque de ne pas avoir Emerald avec moi pour me conseiller. Je suis complètement perdue.
Je me dirige alors vers un étal qui semble un peu plus luxueux. Les tenues sont plus raffinées, les coupes mettant plus en avant les formes féminines. Ce n’est pas trop mon style, mais j’essaye au moins de regarder ce qui est proposé. Le vendeur ne m’accoste pas encore, bien trop occupé à complimenter une femme a l’apparence plus fortunée. Je regarde plusieurs modèles de robes qui me paraissent toutes peu pratiques. Certes, c’est joli, mais je ne me vois pas passer la journée dans de telles robes.
Le blond revient et je réponds avec un léger grognement à sa taquinerie. J’essaye de me concentrer sur les tenues quand il vient ensuite me narguer avec ses achats.
« Tu sais donc t’habiller avec autre chose qu’une armure. »
Et puisqu’il a l’air décidé de passer à la suite, je tire sa main pour lui signifier de rester encore un peu à ce stand. J’ai besoin d’un avis extérieur et je sais déjà que Pyxidis ne me sera d’aucune aide, et encore moins le vendeur. Je récupère deux robes, les dépliants délicatement devant moi pour les montrer.
J’ai essayé de choisir des modèles qui peuvent me servir. Il va maintenant m’arriver de rencontrer des nobles ou personnes fortunées pour l’Arche et je ne peux me contenter de la seule tenue de soirée fabriquée par ma mère. Il y a donc dans ma main gauche une longue robe élégante avec différentes broderies. Même si le design reste simple, elle dégage une certaine élégance. Dans l’autre main, j’ai choisi une robe plus courte et qui me parait plus pratique au quotidien. Restant plus élégante que ce que je porte au quotidien, elle est plus ouverte et échancrée, me laissant une plus grande liberté de mouvements. Contrairement à la première qui cache en grande partie la peau par de somptueuses broderies, celle-ci laisse le décolleté en vue en plus d’être fendu au niveau des cuisses. Les fioritures se concentrent en des petites fleurs de tissus sur les bretelles et la ceinture.
« Laquelle te semble la plus appropriée ? Je dois travailler mon image quand je rencontre des nobles ou des clients fortunés… Selon Emerald c’est important pour l’Arche, mais aussi pour mon propre travail. Et ce que je porte habituellement ne convient apparemment pas… Tu veux bien m’aider et me dire si l’une d’entre elles te parait bien ou non ? »
Mes joues s’empourprent légèrement et je repère du coin de l’œil le marchand qui s’apprête à terminer sa transaction avec sa précédente cliente. Sous peu, il sera ici à me proposer trop de modèles entre lesquels je ne saurais choisir.
-"La première fait bien plus sérieuse si tu veux voir des nobles, la seconde serait peut être plus adaptée pour ton travail quand tu as des clients importants et ne pas donner l'impression d'en faire "trop". Néanmoins la vraie question est surtout comment tu veux être vue. La seconde te met bien plus en valeur et t'irais particulièrement bien, mais est particulièrement découverte. Mais toi qui disait aimer les tenues plus ouvertes justement, cela pourrait être un bon équilibre pour avoir une tenue à la fois adaptée aux rendez-vous mondains et en même temps de charme."
Toujours un peu trop franc et direct parfois, clairement. Après avoir formulé sa réponse, le blond observe l'étal à la recherche d'une tenue qui pourrait être un bon compromis entre les deux. A trop vouloir imiter les nobles lorsque l'on se trouve au milieu de ces derniers, il est aisé d'attirer leurs railleries, car peu compréhensibles sont les codes vestimentaires de ces milieux, et la moindre erreur sera rapidement remarquée. Rester sur une tenue qui fait donc classe tout en restant assez sobre semble être une bonne solution. Le vendeur commence à se rapprocher d'eux pour savoir de quoi il en retourne et essayer de revendre à Sia bien plus de vêtements que réellement nécéssaire alors que le borgne finit par sourire.
-"Bref, je dirais la seconde. Tu n'as rien à gagner à vouloir imiter les nobles et leurs habitudes vestimentaires, et tu seras bien plus naturelle avec un vêtement proche de ce que tu es habituée à porter. Et si vraiment un jour tu as besoin d'une tenue avec un tel niveau de raffinement, autant aller directement à la capitale voir des couturiers spécialisés la dedans."
Bien sur, les derniers mots captés par le marchand sont loin de lui plaire, et il rougit sous la colère alors qu'il pose les mains sur ses étoffes tout en toisant de haut -malgré ses dix bons centimètres de moins que l'aventurier- le malheureux qui a osé critiquer ses produits.
-"Qu'osez-vous dire ? Cela se voit que vous ne connaissez rien à la qualité de mes produits et à l'importance d'un artisanat local pour bien paraître. Ces robes font la fierté de la Forteresse et sont reconnues même à la capitale ! Ne l'écoutez pas mademoiselle, sa tenue prouve qu'il ne sait absolument pas de quoi il parle. J'ai ici un choix de tenues qui fera votre bonheur lors de toute soirée mondaine ou évènement important..."
Roulant des yeux, le blond croise les bras sans même prêter attention au reste du charabia que le vendeur semble prêt à débiter à la forgeronne, restant à coté d'elle pour la soutenir au moins mentalement. Lui a donné son avis, à elle de voir ce qu'elle souhaite faire désormais, même si l'envie d'étouffer l'homme avec l'une de ses marchandises devient plus forte à chaque seconde et chaque phrase qu'il capte du coin de l'oreille.
« Ça ira messire, je pense aller voir ailleurs. Je n’apprécie guère que l’on juge ainsi mon ami. »
Ma main glisse à celle du blond, m’apprêtant à partir alors que le vendeur reste penaud. Je tourne les talons, mais la voix du marchand se fait bien plus douce et mielleuse.
« Attendez ! Veuillez m'excuser pour cette remarque peu courtoise… Je ne pensais pas que Mademoiselle accordait tant d’importance à l’avis de sa moitié.
- Nous ne som...
- Laissez-moi vous faire un prix pour ces deux tenues pour me faire pardonner.
- Ça ira, seulement la blanche m’intéressait.
- Alors je vous offre cet assortiment de sous-vêtements en dentelle pour aller avec cette sublime robe. Je suis certain que monsieur saura apprécier la beauté d’un tel ensemble. N’est-ce pas ? »
Le marchand vient donner un regard plein de sous-entendus au blond tandis que je me sens devenir une tomate, les joues chauffant jusqu’aux oreilles. Je relâche la main de mon ami, préférant masquer ma gêne avec et en poussant un long soupir. J’essaye de me reprendre un peu, me redressant et essayant d’avoir une certaine dignité malgré ma voix chevrotante.
« Très bien, mais je vous prends uniquement la robe, je n’ai pas besoin de…
- Comme vous voudrez ! »
L’homme s’approche de moi pour parler plus bas de manière que je sois la seule à l’entendre.
« Je vous glisse ce petit ensemble avec la robe. Cadeau de la maison. Je vous garantis son effet ! Et si cela ne plait guère à monsieur, vous pourrez revenir dans ma boutique pour l’échanger et trouver ce qui peut ravir votre ours.
- Non, nous ne…
- Je vous laisse lui faire la surprise ! »
Le marchand repart m’emballer la tenue, me laissant complètement désemparer et aussi rouge qu’une pivoine. Quand il revient, je me dépêche de glisser le tout dans mon sac sans fond et de lui donner les cristaux dont il a besoin. Je garde la tête baissée, préférant ne pas regarder Sileas alors que je m’éloigne du stand sans un mot.
« Et n’hésitez pas à revenir ! »
Je note dans mon esprit le nom de la boutique pour ne jamais m’y rendre à l’avenir et laissant mes pas me guider sans trop réfléchir.
*Sia trop rapide !*
Je m’arrête net, la voix de Pyxidis me ramenant à moi. Une fois retournée, je repère mon familier voletant juste au-dessus de la foule et guidant le pauvre Sileas qui a bien plus de mal de se glisser entre les passants avec sa carrure. Je les attends et prend ce petit moment pour me calmer et retrouver mon attitude habituelle. Quand ils sont tous les deux à mon niveau, j’affiche un léger sourire gêné.
« Désolée… Ce marchand m’a vraiment tapé sur le système. Tu as envie de quoi ? »
*Pixie manger !*
Je pousse un soupir avant de me rendre compte que l’on est arrivé dans une partie de la foire où il commence à y avoir des produits pour familiers. Des jouets, tenues et différentes friandises sont visibles sur les étals les plus proches. Je me gratte légèrement la joue tout en réfléchissant.
« Il est encore un peu tôt pour manger… Je sais que tu n’as pas de familier et je ne sais pas si tu souhaites en avoir, mais j’aurais besoin de regarder pour quelques objets pour mes futurs compagnons. Ça ne te dérange pas si on fait un tour ? »
Néanmoins Sia semble les abandonner, et l'aventurier se retrouve à jouer des coudes pour essayer de la suivre et de ne pas la perdre dans la foule. Heureusement, il est guidé par Pyxidis qui semble s'être attaché à lui et qui indique la direction à suivre. Quand enfin il arrive à remettre la main sur la forgeronne, il ne peut s'empêcher de la taquiner.
-"Dommage que tu n'aies pas accepté le lot de consolation tout de même. Je suis sur que cette lingerie t'aurais été à ravir, si tu avais acceptée de la mettre un jour. Tu pourrais en faire tourner des têtes, avec ça."
Avec un petit sourire en coin il observe autour de lui après la question de la demoiselle, finissant par se frotter le menton. Haussant les épaules, il se saisit délicatement du bras de son amie pour l'attirer aux étals les plus proches qui contiennent surtout des objets concernant la vie quotidienne de ces petites bêtes. Et en repensant à ces dernières, le blond attrape un bout de viande du linge qui tient dans une besace de son armure avant de légèrement lever la main. Même pas besoin de réellement viser et un bruit de machoire qui claque répondra rapidement, le dragon miniature profitant de cette petite friandise offerte.
-"Pour le moment je n'ai pas de familiers, et à vrai dire, avant d'avoir un sac sans fond je n'y pensais même pas. Trop de matériel à devoir toujours porter sur soi pour que ce soit utile, mais maintenant il est vrai que je peux commencer à y songer. Peut être que l'on trouvera quelques spécialistes de la région qui ont récupérés des œufs à revendre ? Je ne sais même pas réellement ce que je pourrais vouloir, à vrai dire."
Tout en parlant il vient se frotter de nouveau la joue et le menton. Il est vrai que si il est habitué à chasser les créatures, il n'a jamais réellement songé à ces dernières comme potentiels familiers. Il sait bien qu'il en existe de nombreux types, et que pas mal d'aventuriers aiment en utiliser pour se faciliter la vie ou juste affronter l'ennui, mais jamais Sileas n'avait jusque la songé lui même à profiter des avantages offerts par ne pas tuer l'intégralité de la faune locale pour une mission.
-"Bref, vu que tu sembles plus habituée que moi, au vu de l'animal qui semble profiter de ma tête comme d'un nouveau perchoir, je veux bien des conseils si tu en as. Au moins je pourrais profiter de la foire pour essayer d'en comprendre un peu plus."
Je préfère oublier ce moment gênant et me concentrer sur la suite. J’observe les étals tout en écoutant mon ami. Il est légèrement surprenant qu’il envisage d’être accompagné d’un familier dans le futur. L’imaginant plutôt à décimer la faune ou faire un élevage pour remplir sa panse, je ne le voyais pas spécialement créer un tel lien avec un animal. Je réfléchis donc un instant, regardant Pyxidis s’installer sur sa tête. Je vais essayer de faire un petit tour des choses à savoir tout en regardant ce qu’il peut avoir besoin.
« Si tu envisages un familier, je te conseille de commencer avec un œuf d’un petit animal. Même si c’est plus pratique de ne pas avoir à élever un familier adulte, le lien peut être difficile à établir. Et avec un petit familier pour commencer, tu peux apprendre des bases avant d’envisager plus gros et surtout quelle espèce peut mieux t’accompagner ! »
Je pense un instant à mon laium avec qui je dois encore réussir à créer un lien affectif. La tâche s’annonce difficile puisque ce dernier semble assez peureux et n’arrivant pas à oublier son ancienne maîtresse.
« Un familier déjà adulte, c’est un animal ayant été abandonné ou ayant perdu son maître. C’est très difficile de réussir à passer le lien qu’il avait établi avec son précédent propriétaire. Alors qu’un œuf, tu lui donnes un nom et la magie fait que l’animal t’aimera quoiqu’il arrive. Regarde Pixie. »
*Pixie aime Sia.*
Je souffle un petit rire en observant le perchoir qu’est devenue la tête de mon ami.
« Par contre, cela a le désavantage que tu ne sais pas quel caractère va développer l’animal. C’est pour cela qu’un petit familier est mieux pour commencer. Et en général ça demande moins en investissement initial. Il faut compter la nourriture, de quoi le soigner, de quoi l’occuper parce qu’ils jouent beaucoup quand ils sont jeunes, de quoi dormir et peut être même une armure si tu veux qu’ils te suivent partout. Et évidemment, il y a la magie ! J’ai donné à Pyxidis la possibilité de communiquer avec moi par télépathie, mais il y a beaucoup de magies possibles. J’ai même entendu que l’on pouvait partager son don avec un de ses familiers sous certaines conditions. »
Je me rends compte que je parle beaucoup sans vraiment avoir regardé les objets qui peuvent m’intéresser. Je m’arrête à un étal qui met en avant de l’équipement pour protéger les familiers. Nous continuons et bientôt nous commençons à apercevoir des stands faisant la promotion de centres d’adoptions de familiers abandonnés ou la simple vente d’œufs.
« J’ai déjà plusieurs idées de familiers pouvant faire équipe avec Pyxidis, mais il y a parfois de bonnes occasions sur des œufs. »
Récupérant la main du borgne, je le tire un peu plus loin, regardant à droite et à gauche où les œufs s’alignent et se ressemblent. De nombreux noms de créatures sont mis en avant, ainsi que des prix parfois exorbitants. Certains n’hésitent pas également à vendre au rabais des œufs impossibles à identifier. D’ailleurs, c’est devant un stand faisant gagner des œufs que l’on s’arrête. Plusieurs œufs sont exposés, et parmi les meilleurs lots, il y a des “œufs surprises”, c'est-à-dire que le vendeur n’a pas réussi à identifier l’espèce de l’animal qui pourra éclore.
« On peut essayer ici. C’est apparemment un de ces stands où il faut faire preuve de compétences physiques pour avoir un lot. Même si tu obtiens un œuf, il n’éclot que quand tu lui donnes un nom et en attendant tu peux le garde dans ton sac sans fond. Ça ne s’abime pas vraiment.
- Monsieur, Mademoiselle, venez donc vous essayer ! Un simple lancé de couteaux. Cinq couteaux et selon votre résultat, vous aurez un ou plusieurs œufs ! »
-"Effectivement en envisageant tout ce qu'il faut faire, je sais pas si j'aurais l'attention et la patience nécéssaire de m'occuper d'un familier. Et j'ai pas forcément envie d'avoir un animal que je vais négliger, ça risquerait de mal tourner."
Néanmoins le fait de pouvoir avoir un familier partageant son don est quelque chose d'intéressant. Et surtout, un peu de compagnie pour distraire les ennemis est aussi un plus non négligeable. Combiné aux objets enchantés qu'il est possible de rajouter à un animal de compagnie, impossible de nier qu'ils peuvent être une force de frappe sur laquelle il faut compter. Traversant les étals d’œufs, l'aventurier observe d'un œil distrait ce qu'il est proposé et surtout les prix qui vont avec. Effectivement, avoir de la compagnie à quatre pattes est loin d'être donné, même pour les familiers uniquement de compagnie. Ceux avec la moindre capacité offensive, inutile d'en parler. Et alors que l'homme notait son projet d'obtenir un petit animal à plus tard, Sia le tire à ce qui ressemble fort à un stand de jeu pour gagner des œufs. Les prix ne sont pas abusifs et les lots peuvent être intéressants, même si les surprises peuvent être particulièrement bonnes comme mauvaises.
-"Pourquoi pas, écoute. C'est une foire, il faut bien s'amuser un peu. Et qui sait, sur un coup de chance, j'aurais peut être quelque chose d'intéressant. Et dans le pire des cas, ça me fera un peu entrainer mon lancer de couteau, je suis rouillé à ça."
Fouillant dans sa bourse, le blond dépose de quoi payer pour tenter sa chance. Les couteaux sont déposés face à lui, et tandis qu'il en attrape un il vient le soupeser rapidement. Définitivement, c'est bien plus léger que ce à quoi il est habitué, avec ses lances. Avec un regard pour la forgeronne, Sileas hausse les épaules une nouvelle fois, avant de se mettre en position. Le premier couteau part bien trop loin, tout comme le second qui est certes plus proche, mais rate tout de même sa cible. Les trois suivants touchent la cible, mais pas assez précisément pour obtenir le moindre lot. Avec un grognement, l'aventurier dépose de quoi essayer de nouveau sa chance sous les encouragements du vendeur qui voit son chiffre d'affaire grimper.
-"Allez, vous pouvez le faire ! Vous êtes sur la bonne voie, et tous les coups finissent par être gagnants avec assez de volonté !"
Un léger grognement sera tout ce qu'il obtiendra en réponse alors que le borgne se concentre. Il expire lentement, avant de tenter de nouveau sa chance. Cette fois, mis à part l'un des tirs, tous finissent dans la cible. Les points sont comptés et l'homme, mi satisfait mi dépité de voir un de ses clients gagner au second essai va chercher l'un des œufs surprise pour les déposer sur le comptoir face à Sileas.
-"Eh bien vous voyez, tout le monde peut gagner ! Félicitations à vous, vous repartez avec l'un de nos œufs surprises ! Espérons qu'il soit plein de belles choses pour vous !"
Un léger rire de fond de gorge prend le combattant qui fouille une nouvelle fois ses cristaux pour déposer de quoi payer une troisième partie, alors que le forain arque un sourcil, encore plus quand le blond recule, pivotant la tête vers Sia.
-"Je ne vais pas être le seul à repartir avec un œuf après tout. Si tu veux me voir souffrir à essayer d'élever une créature étrange, tu souffres avec moi. Je te laisse tirer, tu es bien plus douée que moi après tout, tu as l'habitude de ta lame retour."
Mon attention se reporte sur l’aventurier qui prend les couteaux de lancer en main. Il n’a pas l’air très confiant et quand il lance le premier couteau, je comprends pourquoi. Il n’a clairement pas l’habitude de ce calibre. En le voyant ainsi échouer à plusieurs reprises, j’hésite à venir l’aider à se repositionner pour mieux lancer, mais il ne se décourage pas. Il paye une nouvelle tentative et finit par obtenir un œuf couleur cyan. La teinte rappelle celle de la glace. Je trouve qu’il correspond plutôt bien au borgne.
Il paye ensuite une nouvelle tentative et me provoque. Je ne sais trop que dire sur le moment, hésitant avant de m’avancer. Le forain me juge un instant. Avec ma tenue, je ne dois pas ressembler à une forgeronne ou aventurière. Et Sileas ayant Pyxidis avec lui, on peut se méprendre. Je dois passer par la jolie fille qui tient compagnie à un mercenaire ayant un jour de repos.
Je me mords l’intérieur de la joue, soupesant le premier couteau. Ma langue claque de manière désagréable. La lame est très mal équilibrée, sûrement de façon volontaire pour encourager les gens à louper leur cible. À moins d’être une personne habituée au lancer de couteau ou les fabriquant comme moi, c’est presque imperceptible. Mon regard se porte toutefois sur cet œuf particulier.
« Combien pour celui-ci ?
- Oh ! Vous avez l’œil jeune fille. C’est une des gros lots, il faut faire 50 points, soit tous les couteaux au centre.
- On ne peut pas utiliser ses propres lames ?
- Non ! Cela évite les triches avec des lames enchantées. Et ces lames sont spécialement faites pour ce jeu.
- Surtout faites pour perdre…
- Pardon ?
- Non, rien. »
Je me concentre. Je me mets en position et en essayant de trouver l’équilibre de la première lame. Sous le regard légèrement moqueur du vendeur, j’ai l’impression d’hésiter alors que je cherche la meilleure manière de tenir le couteau. Quand j’ai trouvé, je lance la première lame. Elle vient frapper l’anneau extérieur, mais je ne me décourage pas. Je recommence et chacune des lames vient se ficher dans la cible, arrivant à l’anneau le plus proche du centre au dernier lancer.
« Joli ! Vous avez tout de même droit à un joli lot. Voilà pour vous. »
L’homme vient déposer un œuf rouge, une lueur semblable à celle des flammes d’un fourneau s’en dégageant. Je souffle un léger rire avant de sortir des cristaux que je pose sur le comptoir.
« Une autre partie. Avec les mêmes lames. »
L’homme hausse des épaules et va chercher mes lames pour revenir avec. Une fois que je les ai récupérées, je me remets en place et lance la première lame. Elle vient se ficher directement dans le centre. Un sourire étire mes traits et je vois le marchand perdre le sien. La seconde lame ne tarde pas à suivre, ainsi que la troisième et quatrième. Pour la dernière, j’hésite un instant, soupesant à nouveau la lame.
« Les cinq au centre, c’est ça ?
- Oui oui... Peu de personnes y arr... »
Il n’a pas le temps de finir sa phrase que la lame vient se planter dans le centre de la cible. Mon visage triomphant vient narguer celui dépité de l’homme qui récupère un petit tabouret pour récupérer l’œuf convoité. Quand je l’ai en main, je viens montrer mes deux gains du jour à mon ami.
« Comme quoi, viser une cible immobile, c’est plus simple qu’un minotaure. »
-"Tu vas le ruiner le pauvre, toujours à frapper directement à la gorge."
Et rapidement l'affaire est dans le sac. Si le blond n'est guère surpris du résultat final, il est toutefois impressionné du talent de l'aventurière avec les lames. Définitivement elle doit s'entrainer dur aux armes de jet, et principalement avec sa lame retour. L’œuf précieux change de main, et le borgne sourit à son amie qui semble sincèrement contente pour peut être la première fois de la journée.
-"Félicitations, tu as tiré un joli prix. Tu comptes en faire quoi de tes œufs, tu veux les faire éclore ? Enfin, éloignons nous un peu, tu me diras ça."
En effet, après avoir vus trois parties gagnantes de suite, plusieurs badauds veulent tenter leur chance. Et si le vendeur s'est retrouvé délesté de son gros lot et risque de payer de nombreux cristaux pour en obtenir un similaire, il risque de s'y retrouver sur la quantités de curieux pensant avoir leur chance de gagner. Préférant éviter de rester au milieu de cette foule, le blond pose une main sur l'épaule de la demoiselle pour leur faire fendre une nouvelle fois la foule. Une fois un peu à l'écart de l'attroupement, l'aventurier observe où ils se trouvent. Le duo est en bordure de la zone aux familiers, non loin de la partie plus artisanale de la foire. L'heure tourne aussi, et celle du repas approche comme le montre les rues qui tendent à temporairement se vider où ils se trouvent, beaucoup de monde allant se rapprocher des marchands de nourriture et divers restaurants qui en profitent pour vendre leurs produits prêts à consommer.
-"Alors, avant d'aller manger tu souhaitais finir tes emplettes pour tes familiers peut être ? Comme ça tu finis de récupérer ce qu'il te faut, puis on en profite. Et ensuite on voit si tu résistes à l'envie d'aller parler aux mineurs cet après midi ou si on fait autre chose, tu en dis quoi ?"
Tout en finissant de parler, le borgne repense à l’œuf qui se trouve désormais dans son sac et dont il a désormais la responsabilité. Qu'en faire ? Le vendre, le cuisiner, l'ouvrir ? A vrai dire, il compte bien profiter du tour que la demoiselle semble vouloir faire pour lui même observer et se renseigner sur le matériel nécéssaire. Mais alors qu'ils arrivent au premier étal, une question vient à l'esprit de l'homme, qui définitivement, n'arrive pas à prévoir grand chose quand il s'agit de compagnons sur pattes.
-"J'hésitais à en profiter pour acheter moi aussi la base pour m'occuper de cet oeuf que j'ai gagné, mais tant que je l'ai pas ouvert je ne sais pas ce dont je vais avoir besoin en fait. Tu me disais qu'il suffisait que je nomme le miens pour qu'il éclose, c'est ça ?"
Non, définitivement, lui et les animaux, c'est bien plus simple quand le second est dans l'assiette du premier...
« Exactement. Je pense aussi que le plus simple est de le faire éclore... Certains familiers n’ont que peu de besoins et la nourriture varie d’une espèce à l’autre. Mais j’ai une idée. »
Je range mon œuf dans mon sac avant de me tourner à nouveau vers l’aventurier.
« Je compte faire éclore celui-ci, mais j’aimerais aussi savoir ce qu’il contient avant. Pour Pyxidis, je me suis assurée de l’espèce avant de le faire éclore. Il y a des spécialistes qui sont capables d’authentifier des œufs. »
Je viens récupérer la main de Sileas sans trop y réfléchir, le guidant à travers la foule qui commence à se déplacer vers la partie réservée à la restauration. J’observe différents étals sans m’arrêter à un spécifique, je les inspecte en cherchant quelque chose de particulier. Mon regard s’illumine quand je semble trouver ce qu’il nous faut. Je tire le borgne sans ménagement et sans lui demander son avis.
Nous arrivons devant un stand qui parait vendre de nombreux objets magiques. Je ne m’arrête pas sur les articles, attendant que le marchand se libère de son précédent client pour avoir son attention. Dès que c’est fait, je sors mes deux œufs et intime à mon ami de sortir le sien.
« Bonjour. Nous cherchons à identifier l’espèce de ces œufs que nous avons gagnés à un stand proche. Pensez-vous pouvoir nous aider ? »
L’homme nous regarde sans dire un mot. D’un certain âge, il parait difficile qu’un homme comme lui voyage encore pour commercer. Une main tremblante vient glisser une paire de lunettes sur son nez. Il inspecte un à un nos œufs sans rien dire.
« Vous dites que vous les avez gagnés ?
- Oui, ils étaient indiqués comme des “œufs surprises”. »
Un grognement échappe du côté du vieil homme qui parait troublé. Il sort un gros grimoire de ses affaires, feuilletant pendant plusieurs minutes d’un air très pensif. Une bonne dizaine de minutes s’écoulent quand enfin il pousse un petit cri victorieux.
« C’est bien ce que je pensais ! »
Il vient poser son énorme livre sur ce qui lui sert de comptoir. Sur le grimoire, un dessin semblable à mon œuf phosphorescent est peint avec un petit texte explicatif à côté.
« Cet œuf ! Je le veux ! Combien ?
- Que pouvez-vous me dire sur cet œuf ?
- Il y a une légende qui raconte qu’il s’agit d’une rare offrande du dragon de glace caché dans les montagnes.
- Celui des rumeurs ? Avec une colonie de gloots qui le vénère ?
- Oui ! Celui-ci même ! Je veux cet œuf. Combien donnez-vous ? »
Je réfléchis un moment. Un tel cadeau dans une simple foire ? Ça me parait énorme. Je préfère récupérer mon œuf pour le moment et le ranger dans mon sac.
« Et ces deux œufs ?
- De simples familiers de compagnie. Sûrement de la même espèce et peut-être même de la même portée. Rares, mais rien de bien fou. Combien pour l’autre œuf ?
- Rien du tout. Je le garde. Merci pour votre expertise messire. »
Je récupère les œufs et dépose quelques cristaux sur le comptoir avant d’embarquer Sileas avec moi. Derrière nous, le marchand semble me supplier de lui vendre cet œuf, mais je l’ignore et nous disparaissons rapidement dans la foule.
« On dirait que ce vendeur ne s’est pas vraiment fichu de nous avec ces familiers. Tu en penses quoi ? Je vais faire éclore les miens et j’ai déjà quelques idées de noms. »
Mais pour Sia, il fait l'effort de tenir. Et cette mesure mentale est récompensée par le regard brillant de l'expert qui semble soudainement vouloir à tout prix obtenir cet œuf qui serait une offrande sacrée. Les politesses sont rapidement échangées par une forgeronne qui semble pressée de ne pas rester par ici, et pour une fois Sileas la comprend. Si pour le moment il n'insiste que par des mots, qui sait ce qu'il pourrait faire devant des refus répétés et l'objet de sa convoitise sous le nez.
-"Si tu fais éclore les tiens, je présume que je peux toujours en faire de même pour le miens, après tout au pire il finira à la broche. Par contre, est-ce que c'est réellement une bonne idée de faire ça en plein extérieur ? Peut être vaudrait-il mieux rentrer dans un lieu tranquille ?"
Et c'est à son tour d'embarquer la demoiselle, profitant du calme tout relatif qui règne pour le moment dans la foire. Ils finissent même par en sortir, alors que l'aventurier pousse un long soupir d'aise. Si le bruit est permanent dans une ville, difficile de trouver pire que de telles foires, et après y avoir passé un bon moment, ses oreilles sifflent presque, tandis que son ventre lui, grogne.
-"Enfin, je te propose de voir tout cela après un bon repas, sinon je t'assure que ton cadeau du dragon des glaces, j'en fais une omelette garnie avant la fin de l'heure."
Bien sur, il blague. Jamais il n'oserait ainsi attaquer une possession de son amie. Et surtout, maintenant qu'ils sont un peu au calme, il peut en profiter pour vérifier que l'expert ne les suit pas. Heureusement, il semble avoir lâché le morceau ou préparer un autre plan pour ce fameux œuf précieux. Puis, se disant que la demoiselle veut surement découvrir ce qui a attiré une telle curiosité de la part d'une présumé sommité en son domaine, le borgne rajoute.
-"Ou alors si vraiment tu ne peux attendre de savoir ce qui a ainsi poussé un zoologiste à presque te sauter dessus, on peut rapidement retourner chez toi pour ouvrir les œufs et voir ce qu'ils nous réservent. Après tout même ceux qu'il a mis de coté ont été jugés "rares", donc qui sait, on aura peut être de belles trouvailles."
Je me fais embarquer par le blond et nous quittons la foire. Même s’il y a du monde dans les rues, c’est bien moins qu’il y a peu. Mon ami semble maintenant hésiter entre sa curiosité pour nos œufs et son appétit. Cela m’amuse et je l’écoute alors que Pyxidis vient s’incruster entre nous.
*FAIIIIIIIIIIM !*
Je sursaute presque d’entendre mon familier ainsi s’agiter d’un coup. Sur l’épaule de Sileas, le dragon miniature commence à battre des ailes comme s’il était énervé ou s’il essayait d’attirer l’attention. Il n’en a visiblement rien à faire des œufs et nous entendre parler de repas l’a réveillé.
« On dirait que Pixie préfère aller manger... »
*Pixie faiiiiim !*
« D’accord Pixie, on va aller manger. »
Je lance un regard entendu au blond, m’accrochant un peu plus à son bras. Je le laisse nous guider vers un des établissements qu’il connait et lui parait approprié. Un petit silence s’installant entre nous, j’en profite pour l’observer du coin de l’œil. Il est particulièrement concentré sur l’itinéraire à emprunter et sur le meilleur endroit où satisfaire notre appétit.
Nous commençons à gagner un quartier plus commerçant avec différentes tavernes et restaurants. Avec les beaux jours qui reviennent, plusieurs établissements ont installé des tables à l’extérieur. Les clients profitent des rayons du soleil pour discuter tout en profitant d’un bon verre ou d’un bon plat.
« On sent que la saison chaude approche… Bientôt il faudra que tu quittes cette armure si tu ne veux pas cuire. »
J’adresse un petit sourire taquin à mon ami alors que je frappe légèrement son armure au niveau de l’abdomen. Même sous l’épaisse couche de métal, j’ai l’impression de sentir les vibrations de son estomac qui grogne. Cela m’arrache un petit rire pendant que mon ami s’est décidé sur un établissement.
Nous nous installons bien vite, Pyxidis décidant de s’asseoir sur le bord de la table et surveiller les allers et venus des serveurs en attendant sa part. À la suite d’un petit soupir de ma part, je sors de mon sac quelques friandises pour familier et vient les lui offrir pour le faire patienter. Ce ne sera clairement pas suffisant pour son appétit de glouton, mais il va au moins se calmer un peu. Le familier géré, je m’empare d’une carte pour pouvoir décider ce que je vais manger. Après plusieurs minutes d’hésitation, j’abandonne cette idée, reposant la carte devant moi.
« Je vais suivre tes recommandations pour le plat. Je fais confiance à tes goûts en matière de cuisine. »
Un nouveau sourire taquin étire mes traits en le regardant. Je m’installe en posant un coude sur la table, le menton dans la paume. Maintenant que nous sommes posés et la nourriture proche, il faut essayer de faire la conversation pour patienter. Tandis que je reprends mon air sérieux habituel, le regard légèrement dans le vide alors que je surveille mon familier, je me décide à entamer la conversation.
« Je crois que depuis notre dernière mission ensemble, je n’ai pas pris une journée comme ça... C’est agréable. Mais je suis curieuse de ce qui t’a poussé à ainsi venir me chercher… Tu as croisé la route d’Ivan ou Adam ? »
Mon regard revient sur le blond, un sourire étirant à nouveau mes lèvres. Je ne cache pas ma curiosité, et sous mes airs taquins, je me pose en même temps une tonne de questions.
-"Il faut dire qu'il commence à faire bon pour la saison, mine de rien. Et tu rêves, j'ai déjà gardé mon armure pour aller dans l'Archipel en pleine saison chaude, c'est pas car la prochaine approche à grand pas que je vais l'enlever. Il te faudra de bien meilleurs arguments que quelques taquineries pour arriver à me la faire enlever."
Après tout, la demoiselle sait déjà bien comment lui faire enlever son épaisse tenue, et elle ne peut pas se plaindre de l'avoir jamais vu sans. Mais plutôt que de continuer à pousser sur ce terrain, l'homme préfère indiquer d'un signe de tête l'un des établissements qu'ils ont face à eux avant d'entrer et demander une table à laquelle ils sont bien rapidement installés. Des odeurs de diverses viandes grillées ainsi que de légumes frits ou sautés viennent bien rapidement titiller leurs narines alors que Sileas se saisit sans hésiter de la carte après la déclaration de son amie.
-"Je sais qu'ils ont tendance à souvent profiter de l'afflux de chasseurs après l'hiver pour justement refaire leurs stocks et passer de nouvelles commandes, autant dire qu'on aura des plats particulièrement frais. Et pour les plats... Hof, tout ce qui a de la viande et un peu d'accompagnement devrait être bon, tu me connais."
Un serveur arrive et leur demande ce qu'ils souhaitent commander. Heureusement que Pyxidis ne peut parler à voix autre autrement l'homme aurait déjà un mal de crane. L'aventurier pour sa part commande deux plats de sanglier des montagnes avec leurs légumes du jour, ainsi qu'un trio de plats divers pour se caler l'appétit. Et bien sur une planche de charcuterie locale bien garnie pour entamer l'entrée. Finalement, c'est une assez petite commande pour le blond qui revient ensuite à son amie avec un sourire.
-"Absolument pas, je n'ai aucune idée d'où ils peuvent se trouver. Mais je me doutais que tu n'avais pas pris beaucoup de temps pour toi depuis notre mission... Et très sincèrement je voulais aussi voir comment tu allais. Tu m'as quand même beaucoup inquiété durant notre traque du minotaure, et je voulais profiter d'avoir un peu de temps libre pour voir comment tu te portais et si ça allait mieux."
Le regard d'acier de l'homme se redresse pour détailler plus longuement la forgeronne, la jauger de bas en haut. Fini son petit sourire alors qu'il arbore désormais un air bien plus sérieux, déposant les coudes sur le bord de la table pour lier les mains devant sa bouche et son menton sans la lâcher du regard un seul instant.
-"Et pour essayer de te changer les idées et te remonter le moral, je me suis dis qu'une journée à sortir un peu le nez de ton travail te ferait le plus grand bien. Je sais que la routine apporte son propre réconfort... Mais j'ai espéré que ma présence soit tout de même plus agréable. Et qu'a défaut, au moins un bon repas et une bonne sortie serait efficace."
Oui, il s'est vraiment inquiété pour elle, et même si il n'a guère eut le temps de le montrer ces derniers temps, il compte bien se rattraper tandis que leur serveur apporte l'entrée avec d'épaisses tranches de pain pour la savourer, avant de les laisser à leur dégustation.