Je ne peux retenir un léger rougissement à la réponse du blond. Je suis contente de savoir qu’il s’inquiète ainsi pour moi et qu’il cherche simplement à prendre de mes nouvelles. Cela me fait plaisir au plus haut point et je ne sais trop que répondre dans un premier temps. Heureusement pour moi, l’entrée arrive et je dois gérer Pyxidis qui veut se jeter sur le plat. Je prends le temps de maîtriser mon familier, lui donner sa part en faisant attention à ne lui donner que les viandes les moins fumées ou salées. Quand cela est fait, je peux à nouveau converser avec le borgne.

« Et bien… Merci Sileas. Je ne sais trop que dire… Ça me fait sincèrement plaisir. »

Mes doigts viennent jouer un peu machinalement avec mon verre, cachant une certaine nervosité. J’essaye d’organiser mes idées dans ma tête avant de reprendre la parole.

« On peut dire que je vais mieux. Bien mieux. La routine m’a beaucoup aidé à passer à autre chose. J’ai la chance d’être bien entourée et je me suis rendue compte de cela, que j’avais aussi décidé d’agir de manière complètement bête. Alors... »

J’hésite un instant sur la façon de formuler cela.

« Encore merci. Pour tout. Que ce soit de m’avoir accompagné pour cette traque, de m’avoir aidé à me remettre les idées en place, d’avoir simplement été là et pour le fait d’encore t’inquiéter pour moi. »

Mon familier légèrement calmé avec cette entrée, il revient vers moi. Il s’installe confortablement sur mes genoux, émettant un bruit semblable à un ronronnement alors qu’il se frotte à l’une de mes mains. Maintenant, il commence à peser son poids, et même s’il n’a pas encore sa taille adulte, il est déjà plus gros qu’un chat.

*Pixie aussi là pour Sia.*
*Oui, merci à toi aussi.*

Une petite caresse en plus pour ce familier avant qu’il ne glisse sous la table pour s’installer à mes pieds en attendant la suite. Désormais, je vais pouvoir discuter plus tranquillement avec Sileas.

« D’ailleurs… Je pensais reprendre une mission sous peu. J’ai entendu parler du désert volant et de leur projet de colonisation. Puisque j’ai besoin de pas mal de cristaux pour arrêter de squatter chez Adam et Ivan, je voulais voir pour gagner cette étrange île flottante. J’ai réussi à mettre la main sur un pass pour gagner le campement là-bas. Apparemment, il y a encore beaucoup de travail pour construire la ville. »

Évidemment, je ne parle pas encore du courrier que j’ai reçu. Je ne me sens pas de le faire tout de suite. Même si j’ai tiré un trait sur cette personne, en parler reste difficile. Surtout après les nouvelles que cette lettre m’a annoncées. J’affiche un sourire légèrement gêné au blond, me grattant la joue.

« Je sais que tu es en repos actuellement, mais je me demandais si une telle offre pouvait t’intéresser. Tu es le premier qui m’est venu en tête en réfléchissant à cela. Je sais qu’il va falloir bien s’équiper, mais est-ce que tu aimerais faire une mission au désert volant avec moi ? »

Je ne suis pas du genre à m’embarrasser de telles formalités, mais je me sens redevable envers Sileas. Il y a aussi ce petit quelque chose chez lui sur lequel je n’arrive pas à mettre le doigt, mais qui fait que j’apprécie tant sa compagnie. Même si lui et moi ne nous connaissons encore que peu, j’ai envie d’apprendre à le connaître.

« Et même si cette mission ne t’intéresse pas, j’aimerais bien en refaire avec toi à l’occasion. Je me sens plus en sécurité en ta compagnie. Et pas que pour le travail d’ailleurs ! J’aime passer du temps avec toi. C’est toujours agréable avec toi... »

Je me sens m’emballer légèrement et me perdre dans ce que je dis. J’ai cette peur d’être mal comprise qui me crée un nœud au ventre. Sans savoir pourquoi, j’ai l’impression qu’il va me rejeter alors que je sais que cela ne sera pas son genre. Il va sûrement se moquer de moi et je me rendrais compte que je réfléchis trop. Rien de plus.

Cette déclaration semble avoir légèrement fissurée le masque que pose la forgeronne sur ses émotions et ses sentiments au vu de ses prochaines paroles. Sans l'interrompre et se servant à peine dans l'entrée pour caler son appétit, Sileas l'écoute attentivement en lui offrant toute son attention et sa concentration. Quand elle vient ainsi le remercier, il arque légèrement un sourcil avant de doucement hausser les épaules et reprendre d'une voix un peu plus douce et calme.

-"Tu n'as pas à me remercier, tu sais. Les amis sont la pour ça... Et sans même parler d'amitié, tu es quelqu'un qui compte beaucoup pour moi, même si nous ne nous connaissons pas depuis longtemps. Donc bien sur que je souhaite être la quand tu en as besoin."

Puis le sujet dérive sur le travail, encore et toujours. A croire qu'ils ne vivent que pour cela... Ce qui est presque vrai. Si pour Sia, la forge est sa passion, le blond lui même partage un feu similaire pour le combat et la traque. Il n'est pas devenu aventurier pour rien après tout, et il écoute avec la même attention qu'auparavant ce que lui explique l'argentée. Oui, il a déjà entendu parler du désert, et cela lui arrache même un petit sourire amusé alors qu'il vient rattraper au vol la parole.

-"J'ai moi aussi réussi à dénicher un pass, et je comptais bien y faire un tour assez rapidement vu que tu en parles. L'idée de pouvoir participer à la construction et la colonisation de la première nouvelle ville depuis notre naissance... Ce serait dommage de rater cela, surtout au vu de toutes les opportunités qui s'y ouvrent."

La demoiselle devient presque touchante par la suite dans sa manière de présenter les choses. Il est vrai que passer du temps en sa compagnie est agréable pour le blond aussi, qui apprécie de plus en plus chaque moment qu'ils partagent ainsi. Après l'avoir un peu laissée mouliner, Sileas préfère lui répondre plutôt que de la laisser dans cette situation.

-"Écoute, ça serait avec plaisir d'aller au désert avec toi. C'est pas un terrain facile, mais avec un peu d'équipement ça devrait assez bien se passer. Si on peut survivre aux montagnes en plein hiver, c'est juste un climat extrême en opposé. J'ai même une gourde fontaine pour ça maintenant !"

Car l'approvisionnement en eau et surtout de bonne qualité est primordiale pour survivre. Ce n'est pas pour rien qu'une magie similaire est utilisée pour les puits... Mais plutôt que de se perdre dans des pensées parasites, il préfère continuer de répondre à la demoiselle.

-"Et plus sincèrement... Le sentiment est partagé, j'apprécie travailler avec toi, ou même plus largement passer du temps en ta compagnie. Donc bien sur que ce serait un plaisir de t'accompagner dans cette nouvelle région ou même accepter de nouvelles offres de la Guilde en ta compagnie... Ou même passer du temps sans travailler me va très bien aussi, je ne t'avais pas proposé les sources chaudes sans raison, tant que tu es la, le moment sera forcément agréable."

C'est dit c'est dit. Le blond apprécie passer du temps en compagnie de cette demoiselle flamboyante de caractère et de métier. C'est pas toujours facile à admettre, mais des fois il faut assumer. Surtout qu'elle semble aller bien mieux qu'il y'a quelques mois, ce qui est un réel soulagement pour l'homme, et aussi peut être la raison de ce laisser aller verbal soudain. Laissant le silence régner un peu, Sileas en profite pour finir sa part de l'entrée, soupirant d'aise. Définitivement, c'est pile ce qu'il lui fallait. Puis, attendant que la suite arrive, il se décide à retourner au sujet principal.

-"Tu souhaiterais partir quand ? Je peux m'arranger pour être assez rapidement libre étant donné que je n'ai pas tant de travail que cela en ce moment, mis à part une mission qui ne devrait pas être trop longue. Comme ça j'en profite pour faire mes derniers achats d'ici la. Tu peux même m'accompagner si tu as envie, maintenant j'ai aussi un accès aux portails de téléportation, donc on évitera la marche de plusieurs semaines..."

Sileas aime passer du temps en ma compagnie. Cette réponse met un moment à faire son chemin dans mon esprit, un nouveau rougissement s’ensuivant. En cet instant, je pourrais disparaitre tant je ne sais où me mettre. C’est la confusion générale dans ma tête, chacune de mes idées défilant rapidement sans savoir où elle doit se rendre. Je n’arrive tout simplement plus à réfléchir de manière sensée.

Heureusement pour moi, le blond enchaine sur le travail. Cela me permet de revenir à moi et de reprendre un peu de mon calme habituel. Je me racle la gorge tout en réorganisant mes pensées. Après tout, il vient juste de dire qu’il apprécie passer du temps en ma compagnie. Rien de plus. C’est normal entre collègues ou amis, ça ne veut pas forcément sous-entendre quelque chose. Et puis je ne dois pas me faire trop d’idées, Sileas est charmant et a sûrement plusieurs jeunes femmes qui attendent son retour.

« Hmm… J’ai encore plusieurs commandes à régler les prochains jours. Peut-être après ta mission alors ? Comme ça on a tous les deux le temps de s’organiser d’ici là. »

Mon esprit revient ainsi au travail, réfléchissant à mon emploi du temps des prochaines semaines. M’organiser avec mes commandes, les projets prévus avec Adam ou Ivan, et surtout l’afflux de demandes qui commence à arriver. Avec les beaux jours reviennent les travaux manuels. Il faut réparer les outils, une période où je ne chôme pas.

« Je pense que j’aurai plus de temps début de seconde lune douce. Je vais avoir beaucoup de travail à la forge. M’accorder du repos comme aujourd’hui est chose rare. »

Sans le vouloir, mes pensées reviennent sur cette histoire de sources chaudes. Mon regard se porte un instant sur mon ami avant de le fuir à nouveau. Même si je l’ai déjà vu sans vêtement, l’imaginer à nouveau ainsi m’embarrasse étrangement. J’ai l’impression d’être devenue bien plus consciente de sa présence depuis notre traque du minotaure. Même si nous nous sommes que rapidement croisés depuis, je n’arrive pas à m’enlever de la tête ce qu’il a fait pour moi. Et maintenant, ses paroles du jour tournent en boucle.

Pour essayer de me faire changer de disque, je me concentre autant que possible sur ce qui peut me distraire. Et comme sauvée par le gong, le repas arrive. Les deux plats de sanglier sont déposés sur la table, la délicieuse odeur réveillant nos appétits. C’est le moment qui attire aussi Pyxidis. Bien plus discipliné que plus tôt, il attend sagement que je lui réserve une part qu’il peut manger à son rythme.

« Et bien bon appétit ! »

S’ensuit un silence perturbé uniquement par les bruits de notre repas. Il faut dire que manger est une chose sacrée pour les goinfres que nous sommes. Ce n’est qu’une fois nos plats à moitié dévorés que ma concentration revient sur la conversation. J’observe Sileas qui apprécie son propre plat sans arriver à réfléchir à autre chose.

« Tu voudras retourner à la foire après ? Ou tu préfères découvrir ce qui se cache dans nos œufs ? Même si je peux faire cela seule, j’avoue que j’apprécierai le faire éclore avec toi... »

Elle a clairement été perturbée par le paroles du blond, et ce dernier ne manque pas de le noter. Il ne préfère pas insister, surtout maintenant qu'il a ramené la conversation sur un sujet plus professionnel, mais il garde cela dans un coin de son esprit pour plus tard. Ne sachant pas réellement si il se fait des idées ou si la demoiselle n'est pas elle même sure de ses paroles et de ce qu'elle pense, il préfère laisser le temps au temps et ne pas trop insister, se concentrant sur le problème plus immédiat qu'est la mission, ou plutôt le voyage à venir.

-"Eh bien disons début de seconde lune alors. Comme ça tu finis tes commandes, je fais ma mission, on en profite pour finir nos derniers achats histoire d'être préparés, et tout devrait être bon. Je dois admettre être particulièrement stimulé à l'idée de découvrir de toutes nouvelles terres encore pratiquement vierges de toute présence. Le village commence à peine à se former, et mis à part les unités de reconnaissance... Rien n'a perturbé ces sables depuis Lucy sait quand. J'ai déjà hâte."

Petite interruption dans cet entracte professionnel, les plats arrivent. Et si le familier de la forgeronne a faim, l'aventurier doit aussi se faire violence pour ne pas se jeter sur le plat comme un goinfre. Un peu de décence ne fait pas de mal, et c'est après un "bon appétit !" déclamé de bon cœur que sa propre assiette subit les assauts frénétiques de la fourchette. Et quand enfin l'Edelweiss reprend la parole, arrachant Sileas de son unique pensée du moment, sous la forme de "C'est bon quand même du sanglier bien cuisiné bordel", ce dernier se retrouve à cligner des yeux un instant pour se resituer. Récupérant quelques manières, il laisse échapper un "mhhhm" songeur, réfléchissant à sa proposition.

-"Eh bien on peut faire les deux. On rentre pour faire éclore nos œufs et voir ce qu'il s'y cache, ça nous permettra de digérer en outre d'assouvir notre curiosité, et ça me ferait aussi plaisir de le faire avec toi... Puis une fois qu'on est fixés sur les espèces, on en profite pour faire quelques achats de ce qu'il pourrait nous manquer pour cette nouvelle ménagerie ?"

Laissant le temps à son amie de répondre, le borgne finit son propre plat en quelques coups de fourchettes à peine. Fort heureusement, la suite arrive déjà avec ce petit trio de viandes, tantôt grillées tantôt mijotées pour leur permettre de continuer le repas et de sortir de table correctement nourris. Mais avant de se jeter sur la suite, l'aventurier se fait violence pour arriver à communiquer avec sa partenaire de table autrement qu'en bruits de couverts.

-"J'ai vraiment bien fais de te proposer cette journée en tout cas, je suis vraiment content de pouvoir passer quelques heures en ta compagnie. Je pourrais même dire que tu m'as manquée ces derniers mois. Mais je note qu'après le désert il faudra que je te demande ton calendrier de travail pour savoir quand t'embarquer pour une mission quand tu as un creux, ou juste pour se détendre un petit peu."

A ce stade il ne demande même plus si cela peut la tenter... Il lui parait assez clair que Sia ne risque pas de refuser, tant que ça ne rentre pas en conflit direct avec son carnet de commande...

Le programme le convient et l’approuve d’un hochement de tête alors que j’engloutis une nouvelle bouchée. Je n’ai pas l’habitude de manger des plats si généreux, mais je ne peux nier que c’est particulièrement bon. Et Sileas sait toujours trouver les meilleurs endroits pour bien manger. C’est bien une chose que j’ai retenue.

Tandis que la suite arrive, mon ami reprend la parole. Je manque de m’étouffer à ses mots, toussant en prenant une gorgée d’eau pour faire passer le morceau qui a failli entrer dans le mauvais trou. Moi qui pensais me calmer un peu sur les idées que je me fais, je dois avouer qu’il vient encore me donner des éléments pour douter. Je ne sais trop ce qu’il lui passe par la tête, essayant de garder la mienne froide. Je ne veux pas m’emballer et me faire d’illusions, pas alors que je viens de finir de me remettre sur pied. Sileas est un ami. Je dois garder cela en tête.

« Je suis contente aussi. J’ai du mal de m’imposer du repos. »

J’essaye de ne pas relever la partie où il dit que je lui ai manqué, mais il est difficile de l’ignorer pour autant. J’essaye de ne pas rougir de cela, me concentrant sur la nourriture. La viande est succulente et les saveurs m’aident à ne pas laisser mon esprit s’égarer en questions sentimentales. Les bouchées se suivent, le repas approchant de sa fin. Évidemment, il est hors de question que je parte sans un dessert et je m’empare de la carte pour faire mon choix.

La commande des douceurs faite, j’essaye de revenir à ce dont nous discutions. Il est difficile de tenir une conversation correcte quand il faut savourer la nourriture.

« Donc tu parlais d’après le désert. Tu as déjà des projets ? Ou au moins des choses dont tu as envie ? »

Je réfléchis en même temps à ce que ce voyage pourrait m’apporter. La lettre que j’ai reçue étant plutôt brève, elle laisse une place trop grande à ce qui peut m’attendre. Je ne sais trop si je peux déjà beaucoup anticiper ce moment ou non. Bien sûr, je réfléchis déjà aux options s’offrant à moi.

« J’aurais peut-être des choses de mon côté. Rien de trop certain encore… Mais je ne suis pas contre que l’on s’organise quelque chose ! Sûrement quelque chose de plus reposant à la suite d'une mission ? J’avoue que depuis que j’ai regagné la ville, être en pleine nature me manque. Une activité de ce genre me ferait du bien. Comme les sources chaudes. »

Mon esprit divague un peu, le menton dans le creux de la main alors que j’observe les serveurs autour de nous. En parlant de sources chaudes, je ne peux m’empêcher de penser à ce bâtiment en pleine nature désormais abandonné depuis plusieurs lunes. Après avoir passé une bonne partie de la saison froide et toute la saison fraiche sans entretien, l’endroit doit être dans un sale état. Mais je suis certaine que la source s’y trouvant a pu servir à la faune locale. Peut-être même que l’endroit a été récupéré depuis. Il faudrait que j’aille vérifier cela à l’occasion.

Le repas avance bien, et l'ogre qu'est l'aventurier est presque rassasié par ce petit assortiment qui leur est servi. Bien sur, il pourrait ingérer un ou deux plats de plus, mais il ne faut pas abuser des bonnes choses. Avec le repos vient une légère réduction de sa consommation, et il préfère éviter de trop se laisser aller. Et quand Sia lui avoue avoir du mal de se reposer, il ne peut réprimer un rire avant de frapper du poing sur son torse, ce qui ne sert pour ainsi dire à rien à cause de son plastron tandis qu'il manque de s'étouffer.

-"Toi, tu mal de prendre du repos ? C'est un euphémisme, si je ne t'avais pas sortie de ta forge, qui sait combien de temps tu y serais encore restée sans prendre un peu de temps pour toi. A force de frapper du métal tu vas finir par me battre au bras de fer !"

La demoiselle commande un dessert, lui même passant dessus pour une fois. Il est plus d'humeur à taper dans de la barbaque qu'une tarte ou des glaces, a vrai dire. Et sa question suivante implique une réflexion un peu plus longue. Des projets pour la suite, comment peut-il formuler cela ? Ce n'est pas chose aisée, et le blond reste un petit moment silencieux avant de reprendre la parole.

-"Alors pour être tout à fait sincère, pas vraiment ? Du moins, rien d'inhabituel. Surement continuer les missions et peu à peu grimper les échelons de la Guilde pour essayer de devenir Saphir. En profiter pour continuer d'améliorer mon équipement et surement regarder du coté des tatouages d'amélioration pour mon don."

Et peut être essayer de reprendre contact avec sa famille pour de bon un jour, aussi. Mais ce n'est pas quelque chose qu'il veut forcément évoquer tout de suite alors que l'ambiance est plutôt festive. Cela pourra attendre leur retour du désert. Puis Sia évoque son manque de nature et l'idée de faire quelque chose après le désert, ce qui arrache un sourire au borgne.

-"Après quelques jours voir semaines dans le désert, clairement un peu de verdure nous fera le plus grand bien. Soit on s'occupe de trouver des sources chaudes, soit on essaye d'en trouver des naturelles. Ça pourrait nous faire une petite expédition forestière. Ou alors des vacances près d'un lac ou d'une chute d'eau. Je pense qu'après le sable chaud, de l'eau fraiche où se baigner nous ferait le plus grand bien. Mais on pourra toujours voir ce qui nous tente une fois revenus ? Tant qu'on part du principe qu'on s'organise quelque chose, c'est le plus dur de décidé. Il suffira de voir sur le moment ce qui nous fait envie."

Après tout ils sont aventuriers. Presque tout leur matériel tient dans un sac sans fond, et si ils veulent bouger à l'autre bout du royaume, c'est un clignement d’œil pour passer dans un portail et quelques achats pour s'assurer de ne pas mourir de faim. Bon, il y'a toujours quelques menaces potentielles sur la route et ça ne sera pas forcément une partie de plaisir si ils tombent sur la tanière d'une créature ou l'autre... Mais n'est-ce pas la tout le piment de la vie qu'ils mènent ? Puis soudain son visage s'illumine tandis qu'il redresse la tête.

-"Oh, si, j'ai bien une chose à faire en revenant du désert. Le cuir du minotaure était très bien mais pas assez épais, je vais surement essayer de chasser une créature plus massive et coriace pour en récupérer le cuir et me faire une cape enchantée. Vu que c'est mon seul réel point faible, j'aimerais bien le couvrir réellement... Si tu veux venir, ce sera bien sur avec plaisir."

Nous parlons à peine d’aller ensemble au désert volant pour la prochaine lune et nous commençons déjà à prévoir ce que nous allons faire ensuite. Cela a un petit côté intimidant pour moi, même si je suis d’accord avec mon ami quand il propose de se décider sur le moment. Je n’aurais qu’à embarquer toute ma garde-robe dans mon sac sans fond. Je hoche vivement de la tête avec un sourire sur les traits, reprenant mon verre pour le siroter tranquillement.

La réponse suivante du blond vient toutefois me faire tousser et manquer de m’étouffer. Chasser plus gros qu’un minotaure ? Je pose ma boisson avant de regarder Sileas pour voir s’il se moque de moi. Il est parfaitement sérieux. Je cligne des yeux, réfléchissant un instant. Avant que je ne puisse répondre, nous sommes interrompus par les serveurs prenant la commande de nos desserts. Dès que le garçon repart, je me penche au-dessus de la table.

« Tu sais qu’on a eu beaucoup de chances avec le minotaure et le chouettours ? Au-delà, ce serait du suicide d’affronter une créature plus grosse et sûrement plus dangereuse à deux. Je ne me sens pas du tout... »

Je me mords légèrement l’intérieur de la joue, baissant le regard. Je suis touchée qu’il ait pensé à moi, mais contrairement à lui, être aventurière n’est qu’un bonus. Je ne souhaite pas risquer ma vie à affronter de nombreuses créatures toutes plus dangereuses les unes que les autres. Je joue avec mes doigts tout en essayant de relever le regard sur le borgne.

« Je t’admire pour viser le titre de Saphir. Vraiment. Je ne me sens pas capable d’atteindre un tel titre. Je ne suis qu’une petite forgeronne qui essaye de rassembler des cristaux en faisant des quêtes. Rien de plus. Je ne vais pas courir après la plus grosse bête pour essayer de prouver ce dont je suis capable… Ce n’est pas mon objectif de vie. »

Nous sommes à nouveau interrompus, nos desserts étant déposés devant nous. Mon regard s’illumine en voyant le sorbet qui m’est servi. Je me tiens jusqu’à ce que le serveur reparte, mon regard pétillant. Dès que nous sommes à nouveau tranquilles, j’attaque d’une première cuillère mon dessert glacé. Le moment de satisfaction passé après la première bouchée, je reprends la parole.

« Je ne pense pas pouvoir t’aider à chasser une telle créature… Mais on peut réfléchir ensemble à quelle bête pourrait faire l’affaire. J’ai commencé à rassembler une sorte de bestiaire pour connaitre des matériaux utiles à récupérer sur les créatures que l’on peut chasser. »

Je récupère mon sac sans fond, fouillant dedans pour trouver mon bestiaire. Quand j’ai l'objet en main, j’ai la mauvaise surprise de voir qu'Hercules a décidé de s’imposer à la place.

« Hercules ?
- SIA ! TOI ET MOI ON DOIT PARLER !
- Pas maintenant…
- Oh. Bonjour très cher. »

Le marteau se plie légèrement en direction de Sileas, essayant d’exécuter ce qui peut ressembler à une étrange courbette avant de revenir à moi.

« Sia, c’est quoi ce bordel ?
- Je suis en congé.
- Merci, j’ai remarqué cela. MAIS QUE FAIS-TU MAINTENANT ?
- Je mange une glace ?
- Par Lucy, que vais-je fais de cette enfant ?... Écoute-moi bien, forgeronne aveugle, tu ne vois donc pas que cet homme est en train de te proposer un RENDEZ-VOUS ? Qu’il essaye de t’emmener avec lui dans des endroits romantiques ? Quand vas-tu te décider à accepter les sentiments de ce brave et... »

Un soupir exaspéré m’échappe alors que je viens entourer mes deux mains autour du marteau pour essayer de l’étouffer. Ce dernier se met à crier bien plus fort, et je vois bien que les personnes autour de nous affichent un air mécontent.

« Pardon… Il a tendance à s’imposer dans mes relations et essaye dernièrement de me mettre en couple. Sileas, je te présente Hercules, une âme artificielle qui habite un de mes marteaux. Hercules, voici Sileas, un ami aventurier. Si tu ne veux pas que je demande à Pyxidis de te ronger le manche, je te conseille de baisser d’un ton. »

Quand l’objet animé se calme un peu, je le libère, le laissant s’exprimer à nouveau.

« Un ami, dis-tu ? Vous avez couché ensemble ?
- Pixie. Attrape. »

Et sans un mot de plus, je lance le pauvre marteau à Pyxidis qui vient le récupérer pour le ronger. Le dragon affiche un air particulièrement heureux de pouvoir jouer avec cet objet, ce dernier hurlant d’une douleur qu’il est incapable de ressentir et je reprends la dégustation de mon dessert.

« Désolée… Je te propose que l’on retourne chez moi après ce repas.
- Oui, et tu as intérêt à te faire retourn… AIE ! PIXIE ! NON ! »

Heureusement, mon familier viens interrompre le délire de l’âme artificielle avec un nouveau coup de dents bien placé.

A l'évocation d'une quête plus difficile encore que le minotaure, il ne faut pas longtemps au blond pour voir l'expression de son amie changer. Le serveur passe, dépose le dessert de Sia avant que cette dernière ne vienne lui souffler ses inquiétudes, et au vu de son agitation, la suite risque d'être dans le même ton. Et en effet, la forgeronne vient lui annoncer qu'elle ne souhaite pas participer à une telle mission, qu'elle ne s'en sent pas et ne souhaite pas courir le risque. Un soupir est étouffé par le blond qui baisse le regard à son tour. Il est déçu de cette réponse, mais il fait tout pour le cacher. Après tout, c'est son droit. Elle souhaite se concentrer sur son travail d'artisan et c'est tout a fait louable. Quand enfin elle vient attaquer son sorbet, Sileas reprend finalement la parole.

-"Tu es plus douée au combat que tu ne veux bien l'admettre, mais je comprend ton point de vue. Si tu ne souhaites pas venir qu'il en soit ainsi. Et tu sais, vouloir devenir Saphir n'a rien d'admirable. Il suffit juste de frapper plus vite, fort, ou encore d'être plus rusé et vicieux que ce que tu croises en face, et heureusement pour moi, ma famille m'a clairement apporté ce qu'il me fallait sur ces quatre aspects."

Mais malgré son refus, l'Edelweiss semble vouloir l'aider, à sa manière. Cela ne résout pas son problème principal, car aller affronter seule une créature du genre commence effectivement à s'apparenter à un suicide, et l'homme compte bien revenir de cette quête qu'il veut s'imposer. Essayant de chasser les pensées qui occupent son esprit, l'aventurier se concentre sur son amie qui vient sortir... Un marteau. Ce dernier commence à parler, et un fin sourire revient étirer temporairement les traits du borgne quand ce dernier le salue. L'échange qui s'ensuit est particulièrement étrange, entre Hercules qui tente de faire valoir son point et la forgeronne qui risque rapidement de finir rouge comme une pivoine. Le blond ne sait lui même pas trop où se mettre, se raclant la gorge en entendant certaines phrases, avant de redresser le regard sur son amie.

-"Ce n'est pas de ta faute voyons, il n'y a pas de problème. J'ai toujours hésité à acheter une âme artificielle, mais si elle essaye de gérer ma vie sentimentale à ma place, je pense que je vais passer mon tour et l'éviter."

Et au lieu de se calmer, le marteau empire encore. Sileas se passe une main sur le visage en poussant un soupir, secouant légèrement la tête. L'étrange objet finit par couiner de douleur plutôt que d'indécence, et la conversation peut enfin reprendre de manière plus normale, sous les couinements d'un marteau définitivement bien particulier.

-"Ça me parait parfait, on pourra ouvrir nos œufs et savoir ce qu'il s'y trouve ainsi. Et ne t'en fais pas, je ne compte pas suivre les conseils et commentaires de ton nouveau familier magique si jamais je souhaite essayer de te séduire."

Après tout, il essaye déjà. A sa façon. C'est pas très effectif pour le moment mais bon, le blond ne désespère pas. Sia termine son dessert et le blond finit par payer pour les deux, avant d'enfin ressortir accompagné de son amie et sa ménagerie. Puis leur marche reprend, et cette fois la destination est la forge qu'utilise temporairement la demoiselle pour ses travaux.

-"Et donc, un bestiaire tu disais ? Cela pourrait être intéressant, que je puisse savoir quoi récupérer sur quelles créatures et ce que je pourrais te rapporter de manière plus fiable. Et si on peut trouver la créature de mes rêves dedans, ce serait encore mieux. Après tout, est-ce que je ne serais pas encore plus resplendissant avec une magnifique cape en fourrure enchantée autour des épaules ?"

Bien sur, c'est une taquinerie pour essayer d'alléger l'atmosphère et penser un peu à autre chose après cet étrange bien imprévu. Jamais Sileas n'avait pensé recevoir un tel refus de la part de son amie, et le marteau, même si il est particulièrement extravagant, touche toutefois quelque chose du doigt. Si il souhaite inviter Sia, il va devoir songer à des lieux un tantinet plus appropriés que la tanière d'une quelconque créature qu'ils viennent d'éliminer.

Moi qui voulais essayer de répondre à Sileas, le remercier de me voir sous un tel jour, je n’arrête pas d’être coupée dans mon élan par Hercules. Je ne sais trop comment il arrive parfois à ainsi s’imposer dans les choses que je sors de mon sac sans fond. S’il n’y retourne pas, c’est uniquement parce que j’ai un peu de pitié pour lui. AU moins le blond est compréhensif de ce que j’endure avec cette âme artificielle. J’ai désormais la chance de pouvoir finir mon dessert dans un calme relatif, le marteau émettant par moment des couinements et protestations envers Pyxidis.

C’est presque avec un soupir de soulagement que nous quittons l’auberge une fois que Sileas a payé notre consommation. Le ventre bien plein et un air satisfait sur les traits, nous prenons la route de la forge, suivi de près par mon familier qui continue de mâchouiller son nouveau jouet vivant. Le côté aventurier du borgne ressort alors, profitant de cette petite marche digestive pour revenir sur des sujets plus légers.

« Ce n’est pas grand-chose… Juste qu’à force de travailler avec Ivan, il m’a appris quelques trucs que j’ignorais. J’ai été habitué à travailler avec des minerais et métaux, mais jamais avec des morceaux de créatures. C’est des notes que j’ai prises de ce qu’il m’a déjà appris. Il n’y a pas beaucoup, mais avec un peu de recherche, on devrait trouver un truc qui te convient. Je pense qu’en allant à la Guilde à l’occasion ou en trouvant une bibliothèque, on pourrait…
- Non non non ! Sia ! Qu’est-ce que je t’ai appris ? »

Notre silence a été de trop courte durée. Pyxidis volant à notre hauteur tient fièrement le marteau dans sa gueule, et ce dernier profite qu’il ne s’occupe que de son manche pour s’exprimer. Avec le temps, j’ai l’impression avoir compris que c’est la tête métallique qui lui permet de faire entendre sa voix.

« La Guilde ou une bibliothèque, ce n’est pas un lieu de rendez-vous ! Si tu veux te le faire ce grand blond, il va falloir être un peu plus inventive, mon enfant.
- Je ne veux pas le…
- Tais-toi ! Maintenant, c'est moi qui parle. Comme je te l’ai déjà dit, il faut l’emmener dans un lieu bien plus privé. Il t’a proposé des sources chaudes, pourquoi as-tu refusé ?
- Parce que…
- Non ! Ne réponds pas ! Si je ne fais rien, tu resteras vierge à vie ma pauvre fille ! »

À cette réponse, je reste bouche bée, rougissant et préférant cacher mon visage dans mes mains. Je n’avais pas spécialement envie que cela soit dit devant Sileas, mais Hercule et sa finesse légendaire ont tout révélé. Je décide d’avancer d’un pas un peu plus rapide, dépassant mon ami pour cacher mon embarras et surtout laisser le marteau parler dans le vent.

« Reviens ici immédiatement ! Pixie, ne la perds pas. Regarde l’autre fois à la Licorne Rouge il y a eu une belle évolution avec ce beau brun. C’était quoi son nom déjà ? Nae-truc ? Bon, il aurait pu être un peu plus entreprenant avec toi, mais il s’en est bien sorti. La bougie et l’huile aurait été parfait pour te rendre toute fondante, par exemple… Et puis le lit avait l’air très confortable, tu aurais été parfait en y étant pieds et poings liés, non ? En tout cas, ce type avait l’air d’adorer l’idée. J’espère que toi le blond tu prends des notes ! La Licorne Rouge à Grand Port. Tu me l’emmènes là-bas, tu prends leur forfait tout compris, tu me la chauffes, qu’elle soit encore plus brulante que le métal qu’elle fait fondre tous les jours et tu la retournes dans tous les sens ! Si tu la laisses faire, vous serez encore là dans cinq ans et t’auras eu le temps de mourir sur la béquille ! Donc, tu portes un peu tes bourses mon garçon, tu me l’attaches à un lit et tu t’en occupes comme il se doit. Je veux qu’on l’entende crier de plaisir jusqu’à l’autre bout du royaume ! »

Ayant complètement abandonné l’idée de réussir à faire taire ce marteau de malheur, je me hâte de pouvoir rentrer et enfermer Hercules quelque part pour ne plus l’entendre. Voyant la forge apparaitre au bout de la rue, je sens comme un espoir s’emparer de moi. Espoir que le marteau vient souffler, me rattrapant en ignorant superbement les possibles remarques du borgne.

« Reviens ici la grognasse ! On n’a pas fini ! Tu ne vas pas fuir alors qu’il est là à ta disposition ! REVIENS ICI ! Pixie, rattrape-la ! Maintenant que l’autre forgeron est crevé dans un coin, on ne sait trop où, tu peux sauter sur cette occasion en or et te faire enfin une vraie expérience amoureuse et sexuelle. »

Cette fois, je m’arrête net au milieu de la rue, lançant un regard particulièrement noir et furieux en direction de mon dragon et marteau. Le premier lâche le second, ayant peur que ma fureur soit dirigée contre lui. Je récupère l’objet, le serrant particulièrement fort dans ma main sans répondre pour autant.

« Aïe aïe aïe, Sia, tu serres un peu fort là, non ? Je sais que faire mal est un moyen intéressant de… Aie ! Pardon ! Tu vas me briser si tu continues de serrer ! Sia ? Sia s’il te plait ! Je suis désolée d’avoir parlé de Lyle ? C’est ça qui t’a énervé ? Que je parle de lui ? Je suis désolée, mais je dois être honnête. Cet imbécile t’as largué comme une merd… Aie ! Mais laisse-moi finir ! Aiiiie… Arrêtes… Par pitié… D’accord, je ne parlerai plus du rouquin ! Aiiiiiiiiiiie… »

J’arrive enfin à la forge, ouvrant la porte assez rapidement et laissant le loisir à mon ami de me suivre à l’intérieur. Je me dirige vers la partie de l’atelier, ouvrant la forge pour y déposer Hercules sur le premier plan de travail.

« Tu vas pas me laisser là ?
- Réfléchis à tes paroles.
- Sia ! Noooon ! Siaaaaaaaaa... »

La porte se referme avec un claquement et je quitte l’atelier pour revenir dans la partie de vie où Pyxidis a guidé Sileas. N’entendant plus Hercules que comme un lointain cri de désespoir, je souffle légèrement en essayant de me détendre. Je rejoins l’aventurier en affichant un léger sourire.

« Oublie tout ce qu'Hercules a pu dire… Il ne tient pas trop sa langue et interprètes un peu comme il veut ce qu’il voit et entend. Et je m’excuse s’il a pu dire des choses qui t’ont blessé. Un petit thé ? »

J’essaye de masquer ce mélange de malaise et de colère que je ressens encore envers mon marteau. Mon ami n’y est pour rien, alors je trouve une excuse pour m’occuper les mains et l’esprit. Surtout que ces dernières tremblent légèrement des émotions qui s’emparent encore de moi. Me concentrant ensuite sur le pourquoi nous sommes revenus ici, je récupère mon sac sans fond pour en sortir mes gains du jour ainsi que changer de sujet.

« Alors ? Tu as déjà une idée de nom pour ton œuf ? »

Tandis qu'ils reprennent la route, le blond réfléchit a la proposition de son amie. Fouiller dans les bestiaires de la guilde à la recherche de la créature offrant la peau parfaite serait une idée. En effet, l'aventurier est surtout habitué à les parcourir pour savoir comment éliminer les diverses menaces qui peuvent se présenter à lui, et non les dépecer, même si il commence à avoir cette habitude comme Sia aura pu le voir durant leur mission contre le minotaure. Mais soudainement, ses pensées sont happées par un débat autrement plus enflammé, sous tous les sens du terme. Hercules semble avoir su échapper à sa prison de crocs et de bave pour commencer à donner un cour magistral en pleine rue. Et si l'âme est particulièrement brutale dans sa manière de parler, difficile de nier que des informations plus qu'intéressantes sortent de ses lèvres inexistantes de métal. Elle, vierge ? Si il y'a bien une chose qu'il ne soupçonnait pas, c'était bien cela. Sourcil arqué, l'aventurier suit son amie d'un pas plus rapide, alors que le marteau continue de l'admonester. Des points de plus en plus croustillants sortent, et une légère rougeur prends les joues de l'homme à l'évocation de cet établissement. De gêne ou une pointe de jalousie ? Personne ne saurait réellement le dire, et Sileas le premier est dans l'ignorance de ses vraies émotions. Néanmoins, malgré les idées intéressantes que les paroles d'Hercules éveille dans son esprit, le borgne essaye de faire taire cette invocation démoniaque qui ne cesse de torturer son amie.

-"Alors tu es très gentil Hercules, mais tu ferais mieux de te taire. Si je souhaite engager quelque chose avec cette charmante petite fleur, je le ferais à ma façon, et surtout pas en écoutant un marteau libidineux qui voudrait consommer bien trop de mètres de cordes à l'année pour son bien. Après tout en suivant ton conseil, je pourrais être tenté de t'attacher comme appât pour que tu te fasses dévorer à petit feu par une meute de Loloris."

Ses mots n'ont bien sur aucun effet alors que l'âme maudite décide de rejoindre sa maîtresse pour une seconde couche de peinture verbale. A ce stade, Sileas ne saurait même plus dire pourquoi la forgeronne est rouge, tant l'enchainement est rapide est brutal. Surtout que des informations bien plus précieuses finissent par rebondir. Hercules évoque le maître de Sia, et le fait qu'il soit mort. De cela, elle ne lui avait clairement pas fait part. Sourcil arqué sans réellement savoir comment réagir, l'aventurier avance d'un pas de plus en plus automatique. Cela fait beaucoup à assimiler même pour lui, qui se rend compte que son amie a évité d'évoquer de nombreux sujets depuis la dernière fois qu'ils se sont croisés. Il finit par s'arrêter totalement quand la demoiselle attrape son objet pour le serrer de plus en plus fort, à croire qu'elle serait capable de le briser vivant. Mais finalement, elle décide plutôt d'ouvrir la forge et d'y entrer. Plutôt que de rester en extérieur, le borgne rattrape son retard en quelques enjambées, essayant d'assimiler tout ce qu'il vient d'entendre. Guidé par le familier qui souhaite éviter la fureur de sa maîtresse, le blond se retrouve bien rapidement dans la même pièce qu'auparavant, troublé. Au retour de Sia, un simple mouvement de tête et des épaules lui répond dans un premier temps, avant qu'il ne finisse par enfin reprendre la parole.

-"Ce n'est... Pas grave. C'est plutôt à toi que je devrais demander si tout va bien. Il a quand même été dur avec toi, et même si il a une appréciation particulièrement personnelle des évènements comme tu le dis, je n'ai pas l'impression qu'au fond il mente."

Ce n'est nullement un reproche, plutôt de la curiosité teinté d'inquiétude. Si vraiment son maître est mort, la forgeronne doit rudement bien cacher son état. Ou plutôt elle le cachait bien, au vu de ses mains qui tremblent. Et sans même hésiter l'aventurier s'approche de Sia avant de déposer les mains sur ses épaules pour légèrement les presser, si elle accepte son contact. Et si elle ne le repousse pas, il vient même l'attirer contre lui délicatement, secouant doucement la tête avant de reprendre d'une voix plus basse.

-"Je sais que je suis venu ici pour essayer de te faire passer une bonne journée et te changer les idées, et que ton marteau vient de remuer des évènements qui ne sont pas faciles à vivre pour toi. Mais je tiens à te rappeler ce que je t'ai dis quand on est partis chasser ce Minotaure. Je suis la pour toi et je compte bien le rester, si jamais tu en as besoin. "

Bien sur qu'il serait tenté de pousser un peu plus loin sa curiosité et ses questions. Sans même parler des fameuses prouesses au lit qu'Hercules tentait de vendre au blond, beaucoup d'évènements importants semblent s'être déroulés pour l'Edelweiss ces derniers temps. Finalement, qu'elle vienne le repousser ou simplement se libérer de cette étreinte, Sileas vient la pousser vers l'une des chaises pour qu'elle s'installe, s'occupant lui même de préparer le thé. Des deux, c'est surement elle en cet instant qui est encore le plus sous le choc de ses émotions. L'eau chauffe rapidement, et finalement l'aventurier lui même essaye de se recalibrer sur cette conversation plus légère que la demoiselle tentait de faire revenir, sans pour autant l'interrompre si elle se lance dans des confessions plus profondes.

-"Quand aux œufs, je n'en ai aucune idée. Le spécialiste a dit qu'ils étaient rares, donc je présume une espèce un tantinet précieuse ? Mais comment tu fais au fait pour faire éclore l’œuf ? Il suffit vraiment de juste lui donner un nom ? Des fois la magie me laisse toujours perplexe dans son application."

Une fois les thés prêts, l'homme vient les servir et déposer devant la demoiselle une tasse, s'installant face à elle avec la sienne, saisissant ensuite son sac et son œuf qu'il pose devant lui. Définitivement, cette petite coquille est de plus en plus intrigante, comme une surprise qu'il faut ouvrir pour en révéler le cadeau... En espérant que ce dernier soit bon.

En comparaison des mots d’Hercules, ceux de Sileas sont bien plus doux et apaisants. Combinés à ses gestes et sa douceur, je ne peux m’empêcher de me laisser faire et de profiter de son contact. Je ne le repousse pas, me calmant légèrement, même quand il vient m’attirer à lui. Je me surprends à me laisser aller contre lui, l’écoutant en fermant les yeux et en respirant doucement son odeur. Malgré la présence de son armure, le borgne est particulièrement doux et je dois avouer que je me sens bien avec lui. Je ne fais que hocher de la tête sans pour autant me décider à m’ouvrir à lui. Je le laisse ensuite m’installer en soufflant de manière amusée, profitant qu’il parte préparer du thé pour remettre de l’ordre dans mes idées.

Quand il revient, la conversation se poursuit sur les œufs et familiers. Je ne peux me retenir d’avoir un léger rire, ne pouvant qu’acquiescer à sa remarque sur la magie parfois étonnamment simple et pratique. Je me rappelle encore la simplicité particulièrement déconcertante de la création d’objets avec une âme artificielle. Même si Hercules n’est pas forcément le compagnon idéal, depuis ce jour, il a su pimenter ma vie. Affichant à nouveau un léger sourire, mes émotions bien plus calmes, je viens fouiller dans mon sac sans fond pour en sortir un carnet et un livre contenant différentes légendes aryonnaises.

« Oui, rien de plus simple ! Je comprends ton sentiment. Pour Pyxidis, j’ai pioché son nom dans ce livre. Il vient d’un mot ancien qui signifierait “Boussole”. Quand je l’ai fait éclore, j’avais justement besoin d’un être pour me guider et m’indiquer la bonne direction à suivre, c’est alors devenu une évidence à mes yeux. Apparemment, c’est une chose commune que le premier nom vienne naturellement, même si on réfléchit longuement à cela, les autres viendront bien plus facilement. »

Un air légèrement nostalgique apparait sur mes traits tandis que Pyxidis vient se frotter à moi en entendant son nom. Je repense à l’expérience de ma petite sœur où le nom de son Nérouj lui ai venu au détour d’une conversation après avoir réfléchi pendant des jours. Mes doigts viennent gratter le dessous du museau du dragon miniature alors que je repense à quel point ce petit être a su aussi illuminer mes journées, même les plus difficiles.

« Si tu veux, je te fais une démonstration. »

Je récupère l’œuf rouge, l’observant un moment. La couleur de la coquille a quelque chose de presque envoutant, faisant penser à des flammes et me rappelant le brasier du fourneau avec lequel je travaille. Des mots viennent s’aligner dans mon esprit, m’évoquant ainsi le feu, les nombreux récits que j’ai pu lire se mélangeant jusqu’à ce qu’un nom ressorte. Je prononce alors le mot en regardant l’œuf, sentant la magie faire effet quasiment immédiatement.

« Ankaa. »

Un nom évoquant le feu, la renaissance, le brasier et beaucoup de choses me parlant. Je ne place pas spécialement d’espoir en ce familier, mais je souhaite qu’il marque une sorte de renouveau chez moi.

Mais je ne m’attendais pas à ce qu’il prenne la forme d’une limace particulièrement affective.

Mon sourire s’efface légèrement, remplacé par un air légèrement déçu. Un glooby. Le genre de familier que je trouve particulièrement inutile. La chenille me regarde avec cette même expression qu’aurait un poussin devant sa mère. Génial. Je me retrouve avec un insecte gluant. Pour l’instant particulièrement petit, je dois faire attention de ne pas juste l’écraser en le posant sur la table. Pyxie ne peut s’empêcher de renifler cet étrange familier, ce qui donne une réaction particulière au glooby qui s’enflamme soudainement. Je regarde ce spectacle sans trop comprendre ce qu’il se passe, le feu s’éteignant dès que le dragon se recule.

*Feu ?*
*Je ne sais pas, Pixie… Je ne sais plus…*

Mon expression passe par de nombreuses étapes avant de pousser un soupir et venir donner mon index à cet étrange animal qui s’amuse à jouer avec le bout de ma phalange.

« C’est peut-être une sous-espèce rare des gloobies… Enfin, je l’espère… Je suis sûre que tu auras mieux que moi ! »

Donner naissance à un être est aussi facile que de lui donner un nom. Non, définitivement, Sileas ne se fera jamais à certains aspects pratiques de la magie. Fort heureusement pour lui, son amie décide de lui offrir une démonstration en récupérant l’œuf le plus commun des deux pour le nommer. L'effet ne prend que quelques secondes à s'activer et la coquille à craqueler. Finalement, elle cède, révélant... Un glooby rougeâtre. Particulièrement surprenant, l'aventurier arque légèrement le sourcil face à ce familier plus que décevant. Soudainement, il comprends pourquoi le prix du jeu n'était pas si élevé que cela, si les récompenses sont de simples limaces. Enfin, il reste toujours l’œuf qui a fait la passion et l'avidité de l'érudit qui s'avèrera surement plus intéressant. Plus surprenant est la réaction de ce nouveau familier qui s'enflamme une fois reniflé. Un léger rire échappe au borgne, alors qu'il secoue la tête.

-"Je n'ai pas beaucoup d'espoir je dois t'avouer. Le seul moyen d'avoir une journée qui finisse de manière particulièrement flamboyante soit que ton œuf surprise contienne quelque chose de particulièrement rare. Ce qui semble être le cas, vu comme on veut t'acheter son contenu. Au pire si cela ne te plait pas, tu pourras toujours le revendre pour te faire un joli stock de cristaux."

Laissant la demoiselle jouer avec sa nouvelle possession, le blond attrape son propre œuf et laisse ses doigts effleurer la coquille. Elle a beau être épaisse, il a l'impression qu'il pourrait la briser entre ses doigts en serrant assez. Mais aujourd'hui il n'est pas payé pour transformer la faune en omelette et grillades. L'homme se force donc à un certain calme, essayant de trouver un nom. Finalement, c'est plus une succession de syllabes qui lui viennent et qu'il laisse échapper sans réellement savoir à quoi s'attendre.

-"Saïph."

Même réaction que pour Sia. Une poignée de secondes, et des craquements se font entendre tandis que la magie brise la coquille et libère son contenu. Et cette fois, Sileas ne réprime même pas son soupir dépité alors que c'est une limace tout aussi ridicule que celle de la forgeronne qui tient dans sa main. Sauf que contrairement au rouge, cette dernière est bleue. L'aventurier roule des yeux, ne sachant absolument pas quoi faire de ce "cadeau" de Lucy, alors que la créature commence à lentement ramper sur son gantelet.

-"Bordel, on est vernis. Deux limaces, on va finir par préparer une salade grillée... Même si celle la aussi semble avoir un effet particulier."

En effet, la bave qu'elle laisse en rampant cristallise rapidement de froid. Surpris, l'aventurier arque un sourcil et retire son second gant pour poser son doigt sur Saïph, faisant attention à ne pas l'écraser. Et a sa plus grande surprise, il sent le bout de son doigt refroidir. Laissant la magie faire quelques secondes, il cesse ainsi de tourmenter son nouveau compagnon à bave pour se rééquiper, posant à son tour sur la table son familier.

-"Et mon Glooby semble faire du froid autour de lui... C'est sur que j'avais exactement besoin de ça en montagne, quelque chose qui rend l'air ambiant encore plus givré. Bon, je présume que ça pourra servir pour aller au désert, mais sinon je ne sais foutrement pas quoi donner comme tâche à cette créature, mis à part servir d’appât à la chasse au faucon. Allez Sia, ouvre nous ce dernier œuf, que nous soyons éblouis par les trésors qu'il renferme..."

Le ton est taquin alors qu'il observe l'Edelweiss. Après deux déceptions, ils ne peuvent après tout qu’espérer que le troisième œuf soit une bonne surprise... Mais comme le dit le dicton populaire, jamais deux sans trois. Et trois limaces, c'est exactement ce qu'ils semblent avoir tirés aujourd'hui. Mais même si l'aventurier n'est pas particulièrement ravi de sa nouvelle possession, au moins elle lui permet de passer un moment agréable avec la jeune femme, et de se changer un peu les idées en bonne compagnie.

Comme mon ami, je mise tout sur l’œuf qu’il me reste, mais je le laisse essayer de faire éclore son acquisition d’abord. Cela ne tarde pas et nous nous retrouvons avec une nouvelle limace sur les bras. Une pierre de feu et un glaçon. Vivants. J’ai un petit rire nerveux alors que Ankaa s’amuse à me lécher et mordiller le bout du doigt, comme si j’étais une sorte de biberon. Au moins, on ne peut pas leur enlever que ces petites bêtes sont affectueuses. Posant mon coude libre sur la table, la joue contre le poing, j’observe les deux insectes qui se voient et décident de jouer ensemble. Mon dragon remue doucement de la queue, l’air amusé et voulant rejoindre la danse. Comprenant qu’il risque d’écraser trop facilement les créatures, il vient seulement pencher le museau pour les pousser. Les deux petits êtres commencent alors à jouer avec Pixie, des petites flammes apparaissant par moment.

« Je suis sûre qu’en mettant le tien dans de l’eau, il pourra faire un système réfrigéré idéal pour la saison chaude. Et le mien… Il pourra sûrement servir de pierre à feu, parfait pour allumer un fourneau. »

Non, je ne pense absolument pas à lancer mon glooby dans un feu. Ce n’est pas mon genre. Mais plutôt que me laisser démoraliser par nos nouveaux compagnons, je m’empare du dernier œuf qui s’illumine légèrement à mon contact. La coquille est vraiment jolie et je peux comprendre pourquoi l’expert a ainsi été fasciné par cette créature. Regardant les motifs, je me laisse comme hypnotisée avant de prononcer le nom qui me vient.

« Hypérion. »

La coquille se craquèle et une nouvelle limace affectueuse et baveuse fait son apparition. Oui, mais lumineuse. Et unique. Le dépit se lit clairement sur mon visage avant d’avoir un nouveau rire nerveux qui devient rapidement fou rire au point d’en avoir presque les larmes à l’œil. Le glooby lumineux vient me lécher la main, me montrant toute son affection baveuse avant d’aller rejoindre les deux autres. L’un clignote d’excitation, l’autre glaçant la bave des deux autres et le dernier vient faire fondre cela en émettant une flammèche.

« C’est tout simplement ridicule. »

Mon fou rire se poursuit, mais commence à se calmer. Je réfléchis au pourquoi du comment l’expert tenait tant à acquérir mon œuf alors que je l’ai gagné pour quasiment rien à un jeu de foire. Au moins, je me rappellerai de ne pas faire confiance trop facilement à ce genre d’animations. Finissant par arrêter de rire, je viens donner une accolade amicale à Sileas avant de souffler.

« Au moins, ton armure sera toujours lustrée maintenant. Je suis sûre que la bave de glooby t’iras à ravir ! Regardes, ils ont l’air de t’aimer. »

Et à ce moment-là, les trois chenilles viennent à toute vitesse en direction du gant du blond, jouant avec le métal comme s’il s’agissait d’un terrain de jeu. L'aventurier, qui a pour habitude de manger les créatures qu’il tue, se retrouve désormais affectueusement couvert de bave et cela s’annonce seulement comme le début de la cohabitation entre l’homme et la limace.

La remarque de la forgeronne fait rire le blond. En effet, une fois qu'elle aura grandi, la limace pourra surement servir pour refroidir des boissons ou quelque chose en ce style. Bon, pas directement, car qui voudrait boire un jus mélangé à de la bave ? Mais si dans certains grands restaurants les bouteilles sont servies dans un bac d'eau et de glace pour les garder au froid, le même concept sera surement possible avec ce Glooby. C'est sur que ce n'est pas le compagnon d'aventure que Sileas rêvait, mais maintenant qu'il possède cela, eh bien il fera avec. Et tandis que les deux limaces commencent à jouer et à vivre leur vie de créatures inutiles dans un monde qui s'en passerait bien, l'homme relève le regard de ce spectacle pour en savourer un autre, celui de la demoiselle fort concentrée sur son dernier œuf.

-"Essayons de voir le positif, en effet. Il faudrait presque que je la mette dans un bocal pour en faire un moyen de refroidissement vivant, mais je ne suis pas sur que ce soit très humain envers cette pauvre créature. Enfin, je verrais bien ce que j'en ferais quand elle aura fini de grandir..."

Puis une troisième limace. Lucy est vraiment taquine aujourd'hui, et ce sont désormais trois familiers élémentaires qui viennent se battre et se chercher au milieu de la table. Elles ont toutes une forme de pouvoir, et pourtant elles ne servent absolument à rien. Le gantelet de l'homme rencontre son front alors qu'il passe lentement la main sur son front en poussant un long soupir dépité. Mis à part une salade, le borgne ne sait absolument pas quoi faire d'eux. Surtout qu'ils semblent particulièrement bien aimer son armure qui commence à se retrouver rapidement lustrée de bave tandis que Sia vient le taquiner. Avec un grognement il soupire de nouveau, de plus en plus dépité et ayant besoin d'une poignée de secondes pour trouver quoi rétorquer.

-"On va faire quoi de ces bestioles ? Déjà que moi, en gérer une ça s'annonce sportif mais toi, deux... Surtout que la rouge la, elle serait bien capable d'allumer un feu si tu la ranges au mauvais endroit. Au moins, ça justifie les prix du jeu de foire. Je ne sais pas où le vendeur a trouvé son œuf "unique", mais clairement ce n'est pas le genre d'unique auquel on s'attendait. Je crains que le vieillard ne soit pas aussi intéressé qu'auparavant pour te racheter cet œuf vu nulle part ailleurs, si il sait que cette offrande draconique est finalement une limace baveuse lumineuse."

Finissant par retirer les Gloobys de son gantelet, il les dépose avec toute la délicatesse dont il peut faire preuve sur la table, relevant sa main pour les empêcher de revenir jouer avec le métal et de continuer à le salir. Fouillant dans son sac, l'aventurier en tire un chiffon pour nettoyer ces résidus avant qu'ils ne sèchent trop, cherchant le regard de l'Edelweiss.

-"Voyons le coté positif. Même si ces créatures ne sont clairement pas ce que nous espérions, cela m'aura au moins permis de passer un peu de temps avec toi et de s'amuser. Je dois pouvoir faire avec un glaçon sur pattes, si ça me permet de profiter de ta présence."

« L’idée du bocal n’est pas mauvaise. »

Je regarde les bestioles s’amuser, maintenant que le gant n’est plus là pour les distraire, c’est Pyxidis qui vient servir de terrain de jeu. Même si les créatures sont baveuses, ce dernier ne semble absolument pas gêné, même plutôt amusé de ces bébés jouant avec lui. Sa queue remue pour créer un jeu pour les gloobies alors qu’il se lèche pour essuyer la bave déposée par ces bestioles. Heureusement pour moi que mon familier est encore jeune, très joueur et surtout qu’il a un tempérament très sociable. Il paraît comprendre la fragilité de ces petites créatures, faisant particulièrement attention à elles.

*Pixie aime animaux boules !*
*Ce sont des gloobies.*
*Gloobies vont rester ?*
*Deux oui, Hypérion et Ankaa. Saïph va repartir avec Sileas.*
*Pixie content d’avoir petits frères.*

Je souffle de manière amusée à cette remarque de mon familier avant de revenir sur Sileas qui me parle. Ses mots m’arrachent un petit rougissement que je réprime en détournant le regard, essayant de me concentrer sur les familiers jouant ensemble.

« Oui, cette journée m’aura fait du bien. »

Je joue avec mes doigts, ne sachant que dire de plus et il paraît que notre attention à tous les deux est légèrement plus portée sur les chenilles baveuses qui font du raffut avec mon dragon qu’autre chose. Pourtant, dans ma tête, je me refais toute la journée que nous avons passée. Même s’il est encore tôt, j’ai l’impression d’avoir beaucoup vécu avec Sileas aujourd’hui. Me reviennent d’ailleurs en tête la remarque du borgne sur le fait qu’il sera toujours là pour moi. Je ne veux pas trop abuser de l’aventurier, mais je sens qu’en étant à ses côtés j’arrive à me sentir mieux et que j’arrive plus facilement à m’ouvrir. J’ai bien compris qu’il est du genre à être charmant avec beaucoup de femmes, mais j’ai bien le droit de m’ouvrir un peu pour une fois, non ?

« Hé Sileas ? J’ai besoin de te dire un truc… »

J’attends que ce dernier me donne son attention pour poursuivre. J’évite de le regarder, préférant me concentrer sur les créatures jouant de manière insouciante tout en commençant à parler.

« Je voulais te dire… Si je souhaite aller au désert volant, ce n’est pas pour rien. Je n’ai peut-être pas été complètement honnête avec toi plus tôt. Je pense qu'Hercules a raison sur certains points même s’il ne met pas la bonne forme pour cela. J’ai reçu un courrier me prévenant que l’on a trouvé les restes d’un corps impossible à identifier dans le désert. Les effets personnels du cadavre ont été récupéré et il semblerait qu’ils appartiennent à mon ancien maître. C’est comme cela que l’on m’a retrouvée et contactée. Je ne connais pas les détails et on me propose de récupérer ses effets personnels puisque j’étais une des rares personnes notées dans ses affaires et considérée comme une proche. Enfin… Si j’arrive à bien confirmer que c’est à lui, on pourra me les remettre. »

Je prends une légère pause, mon regard se portant sur mes doigts qui jouent nerveusement. Je ne sais trop comment formuler la suite.

« Ce que je veux dire… Je sais que je n’ai pas été  honnête avec toi et que les conditions ne sont pas une bonne raison pour te mentir ou te cacher des informations. J’ai l’impression que tu as toujours été très honnête avec moi et tu m’as aidé, comme avec cette quête du minotaure… Je sais qu’on ne se connait que peu finalement, mais… Ce que j’essaye de dire, c’est : est-ce que tu veux quand même bien m’accompagner au désert volant et être là pour moi si jamais les choses sont trop difficiles à supporter ? »

J’ose enfin un regard dans sa direction en posant cette question. Je me mords légèrement la lippe, ne sachant trop comment le borgne va réagir. Selon moi il a toutes les raisons de m’en vouloir et de refuser, je l’accepterais parfaitement. Mais quelque part, j’espère qu’il ne refusera pas et que j’aurais l’occasion de passer plus de temps avec lui, comme aujourd’hui, et d’en apprendre progressivement plus sur lui.

Même la forgeronne semble avoir passée une bonne journée. Si ces quelques heures passés ensembles ont pu la détendre et la soulager un peu, Sileas en est heureux. Son objectif est atteint, et il n'aura plus qu'a la "kidnapper" amicalement de nouveau pour la sortir un peu plus régulièrement de cette grotte qu'elle appelle une forge. Si le blond comprends bien les raisons pour lesquelles l'Edelweiss se plonge ainsi à corps perdu dans le travail, il ne peut totalement considérer que c'est une bonne chose. A moitié perdu dans ses pensées en observant les limaces jouer avec leurs nouvelles victimes, son œil remonte bien rapidement à son amie quand elle semble avoir une confession à lui faire. Il la détaille ainsi, lui laissant le temps nécéssaire pour parler au vu de sa gestuelle qui devient étrangement agitée.

Et quand finalement elle s'exprime, l'aventurier comprends mieux. Hercules avait donc raison et la forgeronne se rend au Désert pour une affaire liée à son ancien maître. Étant à la fois son tuteur et son premier amour, il est logique que la nouvelle la bouleverse. Liant ses mains avant d'y déposer le menton, cela lui sert à cacher la légère moue qu'il effectue, son regard gardant cet air tranchant indiscernable. Clairement, la nouvelle n'est pas forcément pour le ravir, mais en même temps il comprends les raisons de Sia. Il n'aime pas qu'on lui camoufle ainsi la vérité, mais la demoiselle semble réellement désolée voir de s'en vouloir à sa réaction et sa façon de tricoter avec ses doigts. Jaugeant rapidement la situation, le blond se rend finalement compte qu'il ne peut pas lui en vouloir et soupire doucement, déliant ses mains avant d'avancer l'un de ses gantelets sur la table et enserrer l'une des mains de la jeune femme de la sienne. Ses phalanges se resserrent, et il lui offre un léger sourire pour essayer de la détendre un peu.

-"J'aurais préféré que tu m'avoues dès le début les raisons de ton envie de partir au Désert, c'est sur. Mais je me doute aussi que ce n'est pas un sujet facile à aborder, surtout qu'il est encore frais, donc ne t'en fais pas, je ne t'en veux pas. Tu as fini par me dire la vérité après tout, c'est le principal."

Sa prise se resserre de nouveau, avant de se détendre. Il n'est pas la pour lui broyer la main non plus, même si la demoiselle ne manque elle même pas de poigne quand c'est nécéssaire.

-"Donc oui, j'accepte toujours de t'accompagner au Désert et être la pour toi si jamais les choses sont trop difficiles à accepter et assumer. On surpassera cela ensembles, et tu pourras enfin tirer un trait définitif sur cette histoire et te concentrer sur ton avenir. Car tu en as un, et brillant, qui t'attends une fois que tu cesseras de tant douter de tes capacités."

Il laisse sa main quelques secondes encore sur celle de la forgeronne, avant de lentement la récupérer tandis que les gloobys essayent de se précipiter sur le canon d'avant bras pour explorer cette nouvelle terre vierge de toute bave. L'aventurier agit de justesse alors qu'une petite flammèche vient lécher l'armure sans grand dégât, arrachant un nouveau soupir dépité, à l'encontre des familiers cette fois. Se concentrant de nouveau sur son amie, l'homme finit par légèrement pencher la tête et la détailler plus longuement, avec un fin sourire en coin pour cette demoiselle aux charmes certains qu'elle ignore pourtant. Il ne lui dit pas directement, mais il n'y a pas que ses talents martiaux et artisanaux qu'elle sous estime grandement. Mais il y'a un temps pour tout, et peut être qu'il pourra aussi lui faire prendre conscience de sa réelle beauté, un jour.

-"De toute façon je compte bien trouver rapidement un cristal de communication. C'est particulièrement pratique en mission, et si jamais tu as besoin de me contacter, tu pourras le faire. Comme ça, tu n'auras plus d'excuse de ruminer les mauvaises nouvelles dans ton coin. Et je suis sur que malgré cette nouvelle qui ne doit pas t'être très agréable, on saura faire de cette expédition au Désert un moment enrichissant. Entre le travail qui risque de crouler pour toi et toutes ces nouvelles opportunités, qui sait ce que l'on va y trouver ?"

Rester optimiste, toujours. C'est important après tout, et surtout un moyen efficace d'essayer d'attirer les pensées de la demoiselle sur un sujet plus serein pour elle : l'avenir.