-"Des artisans de la Guilde ce serait une bonne idée, je serais clairement ton plus fidèle client si ça se faisait..."
Et bien sur, son envie de voir grand tandis qu'elle réalise son rêve prend le pas sur le reste. Sileas ne peut s'empêcher de rouler des yeux tout en étirant un sourire à cette quasi naïveté touchante, cette envie de toucher si rapidement les étoiles. Et cela le dérange presque de devoir la ralentir dans sa trajectoire, même si il le pense nécéssaire pour aider la forgeronne à s'en sortir du mieux possible. Car en effet, elle va peut être hériter d'une particulièrement intéressante propriété, et bien des choses vont changer pour elles si jamais cela se réalise.
-"Je comprends que tu sois impatiente, c'est toujours quelque chose de réaliser son rêve ! Mais attention à ne pas vouloir aller trop vite. Tu parles déjà de vouloir l'agrandir pour accueillir plus de personnel, mais je te dirais qu'avant de t'inquiéter de cela, reprend la déjà en main, trouve assez de clients pour commencer à embaucher du personnel et à ce moment quand tu auras les bénéfices nécessaires tu pourras réfléchir à faire des aménagements et des agrandissements. Désolé d'être comme ça Sia, et je n'ai pas envie de te démotiver dans ta lancée, mais j'ai juste envie que tu arrives à t'en sortir et obtenir ce que tu souhaites..."
La conversation revient ensuite sur un sujet plus léger. Définitivement, l'Edelweiss voit grand dans tous les domaines, mêmes ceux concernant sa vie privée. A l'écouter, elle voudrait un chenil entier et bien fourni. Et pourtant, elle n'a pas tort. Si ce n'est ces étranges limaces baveuses qui sont un accident de parcours, des familiers capables de se battre ou même une monture sont des investissements particulièrement intéressants, pour peu que l'on sache les entretenir et les éduquer correctement.
-"C'est vrai que tu as raison, un second familier capable de t'aider au combat serait particulièrement utile, surtout si tu es un peu excentrée. On ne sait jamais ce qu'il peut se passer quand les temps deviennent durs ou que l'hiver s'attarde un peu trop longtemps. Et deux paire de mâchoires de plus ne sont clairement pas de trop. Mais tu décides aussi de voir grand avec un Laium ! En tout cas, je serais curieux de te voir avec l'un de ces petits dragons de givre. Il faudra juste faire attention à ce qu'il ne s'amuse pas à éteindre le feu de ta forge dès que tu as le dos tourné ! Pour la monture c'est une bonne idée aussi, surtout une volante. Les portails sont particulièrement utiles, mais comme le prouve le désert, ils sont loin de permettre d'accéder à tous les endroits intéressants. Une fois que j'aurais les fonds et surtout un peu plus de motivation à m'occuper de plusieurs animaux, je pense que je ferais la même chose que toi."
C'est agréable de discuter avec la jeune femme, la conversation venant tout seul. Glissant une main à sa chemise pour l'ouvrir et savourer la fraicheur nocturne, le blond s'installe plus confortablement dans le lit en se doutant bien qu'il risque de s'endormir dès qu'ils raccrocheront tant ils ne semblent pas vouloir couper la communication. Finalement, sans cesser de sourire, il reprend.
-"Je vois en tout cas que tu prévois des mois bien chargés entre la forge et de nouveaux familiers. Va-il falloir que je vienne régulièrement te rendre visite pour te faire sortir un peu le nez du travail et te faire souvenir qu'il existe aussi des moments agréables de détente ?"
Et si le ton est particulièrement taquin, il est aussi totalement sérieux. C'est une parfaite excuse pour passer un peu plus de temps avec elle, après tout.
« Ne t’excuses pas… Je comprends et tu as raison. Je dois garder les pieds sur terre et ne pas prévoir trop gros tout de suite. »
La conversation se poursuit sur les familiers et c’est le moment que Pyxidis choisit pour quitter son petit panier et me rejoindre sur le lit. On dirait que ce dernier ait arrêté de bouder, voulant maintenant dormir avec moi. Je vois ses paupières lourdes qui luttent au son de nos voix qui le berce. Je viens m’asseoir sur le lit, utilisant mon oreiller pour me caler et l’installer sur mes genoux. Ainsi, je le caresse et grattouille, le berçant alors qu’il s’endort progressivement. Pour laisser le petit dragon dormir paisiblement, je rapproche le cristal de communication de mon visage et me met à parler plus bas.
« Désolée, Pyxidis vient de s’endormir, je vais essayer de faire moins de bruit… Mais sinon, oui, je pense qu’il va falloir que tu viennes me tirer un peu à l’extérieur à l’occasion. Je risque de beaucoup m’oublier dans les prochaines lunes. »
Je souffle un petit rire, un doux sourire ne quittant plus mon visage. Je me glisse lentement pour m’allonger, gardant le cristal près de mon visage. J’observe ce dernier dans la pénombre, la paupière commençant à être lourde et la voix teintée de fatigue. Je n’ai pas envie de raccrocher et j’ai l’impression que de son côté aussi Sileas ne veut pas arrêter la conversation ici.
« Dis Sileas… On devrait s’appeler plus souvent comme ça ? Tu ne crois pas ? »
La fatigue se fait entendre dans ma voix, réfléchissant bien moins à mes propos. Je baille alors que l’aventurier vient confirmer mes propos. Je sens que je suis à deux doigts de m’endormir. Je bascule sur le côté, mon dragon grognant en s’installant contre moi tandis que je lutte pour continuer de parler avec mon ami.
« Moi j’ai envie qu’on s’appelle plus fréquemment. J’ai hâte que l’on se revoit… Et j’aurais plein de choses à te montrer. Je sais que le Désert ne va pas être facile psychologiquement, mais j’ai envie que tu sois là, à mes côtés. Tu es vraiment un ami sur qui je peux compter… »
Nouveau bâillement de ma part. Il devient de plus en plus difficile de lutter et j’entends vaguement la voix de mon ami m’intimer de dormir. Je n’ai pas envie de couper le contact, grognant quand il propose cela. C’est quand il vient m’appeler « petite Edelweiss » pour me dire de dormir que je commence à arrêter de résister. Dans une dernière tentative de faire la conversation, je viens poser cette question qui me perturbe depuis un moment.
« Pourquoi cette fleur ? Ce n’est pas très beau un edelweiss… »
Et sans que j'entende sa réponse, je gagne le monde des songes. Si l’aventurier vient à me répondre ou prononcer d’autres mots, je ne l’entends plus et le contact se coupe bien rapidement. Cette nuit-là, mes rêves ont été étrangement apaisés, et j’ignore encore la raison de ce calme que la voix de l’aventurier a su produire. Au fond de moi, je sens que quelque chose commence à germer sans que je sache poser des mots dessus.
-"Alors je m'occuperais de te faire voir un peu le soleil autrement qu'a travers une vitre ou le feu de ton brasier en ce cas ! Tu as besoin de te défouler un peu, et autrement qu'en tapant du métal. Ça te fera du bien, car même si tu veux laisser un peu de coté ton métier d'aventurière, tu en restes une. Il faut prendre soin de ton corps !"
Un rire soufflé et a moitié étouffé pour ne pas résonner trop fort, alors que la proposition de la forgeronne finit par résonner à travers le cristal. S’appeler plus souvent, il est vrai que c'est une bonne idée. Réfléchissant quelques secondes à cette idée, il hoche du chef avant de se rappeler qu'elle ne peut le voir ainsi. Roulant des yeux de sa propre connerie, le blond y répond enfin après s'être repris.
-"C'est une bonne idée de s'appeler plus souvent, surtout quand je suis en mission. Et vu qu'en ce moment elles s'enchainent pas mal, cela permettra de garder le contact au lieu de repasser des mois sans pouvoir échanger..."
La conversation continue et Sia semble de plus en plus fatiguée. Il faut dire que dehors, la nuit est haute et qu'il y'a un moment déjà qu'elle a remplacée le jour. Il est probablement l'heure pour tous de dormir, et après les journées de travail que la jeune femme doit accomplir pour être libre à temps pour le voyage, facile de comprendre la raison de ses bâillements répétés.
-"Ne t'en fais pas pour le désert, je serais la, avec toi. Ça ne va pas être facile mais tu arriveras à surmonter cela, je n'ai aucun doute sur ce point. Et une fois cela fait, tu pourras refermer pour de bon un chapitre de ta vie... Et je t'assure qu'après un certain temps, tu seras contente d'avoir pu le faire."
Et lui même sait de quoi il parle, à sa manière. Il faut que l'Edelweiss puisse faire le deuil de ses anciens sentiments et de son apprentissage comme il se doit. Une fois le chagrin passé, elle pourra reprendre le cours de ses jours de manière bien plus paisible, surtout avec une forge ainsi offerte pour réaliser ses rêves. Vient ensuite la question qui lui fait arquer un sourcil.
-"Mais si c'est une belle fleur. Elle est rare et précieuse, s'épanouissant dans les montagnes, tout comme toi. Et j'aime bien le blanc immaculé qui la caractérise."
Le blond arrive à sortir cela sans sourciller, malgré le compliment sous-jacent. La réponse ne vient pas, et l'homme se demande si il a dit quelque chose qu'il ne fallait pas. Finalement, c'est la respiration particulièrement lente de Sia qui finit par vendre la mèche de son état. Et c'est avec un léger sourire que l'aventurier souffle a voix basse pour ne pas la réveiller.
-"Bonne nuit à toi Sia, fais de beaux rêves et repose toi bien. Et a très bientôt."
Coupant la communication, le borgne grogne en rangeant son cristal avant d'a son tour bien rapidement sombrer dans ses rêves, du sommeil du bienheureux.