Lors des balades dans une foire ayant lieu dans un village des plaines, on peut apercevoir un stand très intéressant ! On vous y propose une expérience ludique : entrer dans une histoire que vous connaissez ! Pour des passionnés de bouquins comme vous, pas moyen de ne pas passer par là, et vous voici propulsés dans La Légende des Quatres (www) ! Au milieu de l'histoire des quatres prétendants et de la jolie princesse, comme allez-vous agir ?
Participants : Sabia & Tarek
Thème actuel : Vacances insolites
Un Juicytea glacé dans une main, une crêpe à l’Agluti dans l’autre, elle parcourait dans une certaine tranquillité les lieux, hésitant quelques fois à se lancer dans un de ces nombreux stands de jeux en voyant des peluches grenouille particulièrement mignonnes à plusieurs reprises. Il lui fallut un effort de volonté tout particulier pour ne pas céder et ne pas dépenser l’intégralité de ses économies pour cela. Surtout qu’il s’agissait en plus de jeux d’adresse. Une chose qui manquait malheureusement tout particulièrement à la verte.
Son regard fut, heureusement, attiré par un étal qui semblait proposer divers livres. Ou malheureusement, puisqu’il s’agissait bien de sa seconde faiblesse. Elle y accouru, regarder s’ils possédaient possiblement des ouvrages rares ou sur lesquels elle n’aurait pas encore posé les yeux. C’était parfois dans les endroits les plus incongrus que l’on faisait les plus belles découvertes après tout! Néanmoins, si les livres n’avaient rien d’original, une partie vers le côté de l’endroit proposait une expérience originale : Plonger dans le monde d’un livre tout en pouvant interagir dans celui-ci. Il allait sans dire que les romans d’aventure étaient tout particulièrement populaires, mais un semblait délaissé, sans la moindre file d’attente. La Légende des Quatres! Elle le connaissait bien, le conte était assez célèbre, concernait en même temps la Divinam ainsi que Lucy elle-même tout en étant sur un thème qu’elle appréciait tout particulièrement : Les ships. Même si l’histoire manquait un petit peu “d’épices” à son goût, la base était là. Trahisons, mensonges, de l’amour, des doutes, de la rivalité…
« Je prendrais une place pour la Légende des Quatres! »
La personne en charge de l’atelier acquiesça, mais prévint tout de même que pour des raisons pratiques et pour avoir assez de flux sur l’ensemble des ouvrages, l’expérience devait se passer au moins en duo, et qu’elle serait donc accompagnée de quelqu’un. Cela ne dérangea pas plus la sœur de Lucy que cela. Elle espérait juste que cette personne serait prête à la supporter. Son tour arriva assez rapidement, et elle se retrouva donc associé à un homme aux cheveux rouges, l’air peut-être un peu intimidant et sérieux, mais pas méchant. Avant même d’avoir le temps de se présenter, le monde entier se mit à tourner, et, après un court décompte, l’environnement tout entier venait de changer.
Arbres, ruisseaux, calèches, un château décoré de diverses banderoles colorées en l’honneur d’une fête, dominant un petit village paisible. Un endroit évidemment idéalisé puisque dans un livre, mais très joli. Sabia prit ensuite le temps de contrôler que c’était bien elle, ses mains, son corps, ses affaires, qui étaient heureusement toutes bien les siennes, avant de reposer le regard sur son camarade d’aventure.
« L’on a même pas vraiment eu le temps de se présenter… Moi c’est Sabia! Et toi? »
Elle ne pouvait pas nier qu’il était plutôt beau gosse, mais, heureusement pour lui, l’esprit de Sabia n’était actuellement pas dédié à essayer de caser sa grande sœur, mais bien à essayer de caser une princesse avec son bon prince. Sabia avait d’ailleurs laissé tomber pour une fois son côté religieux et ses présentations, même si sa tenue pouvait laisser deviner son activité. Pas le temps d’expliquer que, non, c’était une Mahun, mais pas la Sainte Mahun. Plutôt celle qui faisait des conneries, et qui lisait des choses tout sauf saintes.
« Tu connais l’histoire dans laquelle on est? Quitte à pouvoir interagir avec, on pourrait essayer d’aboutir à une fin heureuse plus rapidement… Ou bien à faire encore plus de drama! Rendre le scénario encore plus captivant et intéressant! Rajouter encore plus de passion! »
L’hésitation était réelle, même si Sabia manquait encore d’un plan solide pour l’instant, elle pouvait se fier à sa mémoire et au caractère de chaque personnage pour savoir ce qui marcherait le mieux pour les convaincre ou les faire agir différemment. Loin d’être une manipulatrice, elle pourrait au moins guider son coéquipier, même s’il restait à voir ce qui le tentait le plus.
« A moins que… »
La verte se rapprocha un peu du rouge, l’air à la fois suspicieux et un peu taquin. Il y avait peut-être bien une autre raison à tout ça.
« … Tu ne sois là pour conquérir le cœur de la princesse? »
Même si là tout de suite la demoiselle qui lui sort un joli petit discours de présentation le laisse un peu pantois. Il avait pensé être seul dans le livre. Que cela ne serait pas forcément un voyage à plusieurs. Il n’est pas spécialement contre, mais elle va s’ennuyer. Ils s’ennuient toujours tous en activité avec lui. En tout cas, c'est sa mère qui le lui dit souvent. C’est peut-être seulement elle. Il la fixe un peu trop longtemps, assez pour qu’un silence s’installe. Il attendait simplement pour être certain qu’aucun autre son ne sorte de sa bouche. C’est impoli de couper la parole à autrui. Encore plus à une demoiselle bien polie.
Il n’aurait pas coupé la parole à une autre personne, mais cela se fait encore moins. Quoi que, si, parfois il coupe la parole à des aventuriers, mais on lui a dit qu’il pouvait sinon ils n'écoutent pas forcément. On peut aussi couper la parole à un ivrogne, mais ce n’est pas le sujet de savoir à qui on peut couper ou non la parole là tout de suite. Là, il faut sortir quelque chose de sa bouche et ne pas avoir l’air de brasser de l’air. Est-ce que de toute manière on ne brasse pas toujours de l’air quand on parle ? Si. Pourquoi est-ce que c’est une mauvaise chose alors ?
— Je suis Tifié Tarek, examinateur de la guilde.
Est-ce que c’est trop pompeux ? Elle n’avait pas donné toutes les informations, mais peut-être est-ce que c’est une orpheline ou une personne ne voulant pas que l’on connaisse est nom de famille ou bien ce n’est pas sa façon de faire ? Pourquoi toutes les présentations ne pouvaient-elles pas être toutes de la même manière ? Il n’en sait rien. Elle a fait autre chose que se présenter et l'ignorer serait assez insultant pour cette dernière.
— Je connais bien l’histoire, la voir sous un nouveau jour est la raison de ma présence, je n’avais visiblement pas compris que cela serait à plusieurs.
C’est un simple constat. Dis de la manière la plus froide et sans émotion possible, mais cela reste un simple constat. Il n’y avait pas de petite ligne indiquant cela. Ça n’aurait pas changé sa prise de billet, juste il n’aurait pas été surpris par cela. Qu’importe. Il lui offre un sourire et enchaîne sans même chercher à savoir si c’est de cette manière qu’il faudrait vraiment répondre ou non.
— La princesse est trop naïve et féminine pour moi. J’aurais choisi son premier prétendant personnellement. Les voyages n’ont jamais été mon truc, surtout en bateau. La cupidité et le mensonge sont très peu attrayant pour moi. Son prince final est bien malsain de la laisser vivre avec un homme qui lui fera du mal pour se mettre en lumière ensuite… En plus il donne l’excuse de Lucy dans sa lettre comme s’il n’avait point d’impacte dans cette histoire. Si nous changeons l’histoire est-ce que trouver une personne qui aimera vraiment cette femme naïve sans chercher à la piéger ne serait pas une bonne idée ? Est-ce que son cœur te tente ?
Il avait souvent été frustré par ce conte étant enfant. Il avait souhaité une vraie belle fin à cette princesse qui au final sortait des griffes d’un manipulateur pour un autre manipulateur d’une autre catégorie.
— Peut-être que la princesse serait plus heureuse en devenant aventurière…
Il s'était même demandé si l’homme avait agit ainsi pour que son frère cueille la fleur de la demoiselle et qu’ainsi il n’ait pas cette pression dans le pantalon pour la nuit de noces. Il faudra qu’il lui demande à l’occasion.
— J’aurais tellement de questions à poser aux gens d’ici…
La verte émit un petit rire à sa mention de l’aventure. Il était vrai que la plupart des aventuriers faisaient ça par passion - mais beaucoup peinaient à comprendre que la plupart des gens ne fonctionnaient pas vraiment comme eux. Sabia ferait certainement une bien piètre aventurière elle-même, par exemple.
« Et bien allons-y! On ne va pas obtenir nos réponses sans poser de questions, ni changer les choses sans intervenir! »
Pas de réponses en plus alors qu’elle se mit déjà en route, même si elle prit le temps de réfléchir sur le trajet, tout en parlant à voix haute en même temps pour se mettre d’accord sur le plan. Sabia avait une idée assez précise en tête qui commençait à se former, même si elle ne la concernait pas vraiment.
« Non je ne pense pas que la princesse m’intéresse, surtout parce-que les nobles sont toujours très soucieux de leur lignée, et que ça va causer un tas de drama et de difficultés et je ne pense pas que l’on ai le temps pour tout ça ici. Surtout que le drama, je préfère largement le lire qu’être en plein milieu… »
Non pas que l’idée d’une vie de royauté était déplaisante, c’était surtout qu’elle était secondaire. Les princes et les princesses, c’était magnifique et c’était bien beau, mais c’était au final superficiel devant l’Amour avec un grand A. Peu importe avec qui, tant qu’il était là.
« Néanmoins, ce qui se rapproche le plus d’un aventurier serait certainement le second frère. La Princesse était bien trop hautaine pour comprendre l’art et la simplicité du premier frère, mais semblait tentée par l’offre du second, uniquement liée par ses devoirs envers le Royaume. Elle a l’air d’avoir le caractère pour l’aventure et l’exploration. »
Claquant dans ses mains, avant de les frotter rapidement, un sourire en coin, elle aimait bien vers où tout cela les menait. Maintenant, il lui restait à monter un plan. Si le conte de base était bien connu, peu de gens s’étaient souciés de la version longue écrite par le même auteur rajoutant des péripéties supplémentaires et des caractères aux personnages. Et si le décor et l’histoire ici était sûrement celle du conte de base, peut-être que ces détails et ces traits de caractères se retrouveraient ici, ou du moins étaient compatibles avec le monde.
« Commençons par nous rendre chez le premier frère, c’est le premier qui va faire sa demande donc le premier point sur lequel il va falloir interagir. Et c’est aussi un cœur à conquérir. Je vais te présenter comme un ami noble d’une famille alliée de la leur, mais très distante, en visite depuis la Forteresse, après une longue route. Tu auras alors une entrevue avec lui, pour le questionner sur le second frère et lui-même, gagner sa confiance, et être celui qui saura le rassurer et lui montrer l’Amour lorsque sa proposition à la princesse sera rejetée. Et moi euh… Et bien je serai ta domestique! »
Après tout, les nobles se baladaient souvent avec au moins un domestique lors du trajet, et cela lui permettra de continuer d'interagir avec ces deux personnes, potentiellement orienter la discussion ici ou là… Ou simplement leur servir un peu plus d’alcool que nécessaire pour que les langues se délient.
« Laisse-moi juste aller me changer dans une boutique! Tu as déjà une tenue parfaite de ton côté, mais moi beaucoup moins. Alors, n’oublie pas, tu es un ami noble distant. »
S’éclipsant un court instant, elle alla alors se présenter en lieu et place de son compagnon de voyage, habillée dans une tenue de domestique assez raffinée de son côté. Elle l’annonça donc à l’entrée, alors que la domestique qui avait ouvert la porte s’éclipsa un court instant, avant de les recevoir. Laissant les deux nobles ensemble, Sabia alla rejoindre la domestique dans les pièces à vivre pour se présenter, apprenant que son nom - qu’elle connaissait déjà de tout de façon - était Mathilda Genièvre.
« Mathilda Genièvre? Oh mais, votre soeur, Persephona, a accouché ce matin à la clinique à côté du Palais, mais si le bébé va bien, la mère est souffrante! Nous sommes allés visiter un proche souffrant et nous avons appris la nouvelle, même si nous ne la connaissions pas! »
« V..Vraiment? Mais c’est horrible je… »
« Ne vous inquiétez pas, je m’occupe de tout! Allez rendre visite à votre sœur! »
La domestique en moins, Sabia avait désormais tout le champ libre qu’elle désirait pour son plan. Ramenant donc le service à thé jusque dans le bureau du concerné, elle le déposa alors devant les deux nobles.
« Mais, dites-moi, où est Mathilda? »
« Elle a dû s'absenter Monsieur. Une urgence avec sa grande sœur, à la clinique. Elle vous communique toutes ses excuses et sera rentrée pour le dîner. En attendant, je me suis portée volontaire pour la remplacer. »
Visiblement affecté par la nouvelle, il hocha la tête, compréhensif et généreux comme Sabia l’avait imaginé. Son bureau, décoré de meubles taillés dans un bois sombre massif, était parsemé de feuilles, de plumes, de tâches d’encre, et de croquis en tout genre. La matériel était cher, exquis, même si son art avait l’air d’avoir un peu de peine à s’exprimer, comme s’il était retenu par quelque chose. Dans l’esprit de Sabia, c’était certainement l’amour. C’était toujours l’amour, de tout de façon.
C’est simple et précis comme constat. En tout cas c’est comme cela qu’il a pris les actions de la jeune femme. Tout est allé trop rapidement pour sa compréhension. Est-ce qu’ils allaient vraiment tenter de draguer un personnage fictif pour lui et dévier l’histoire en même temps ? Il n’était pas contre dévier l’histoire, loin de là vue la façon dont elle tournait, mais pas ainsi. Pas avec lui cherchant à avoir les faveurs d’un prince qui ne sera plus là une fois la fin arrivée.
Il a envie de dire non, de l’arrêter, mais en même temps il ne veut pas l’empêcher de s’amuser. Elle semble tellement prise dans l’action qui se met en place qu’au final il suit le mouvement docilement sans dire un mot et surtout sans savoir ce qu’il pourrait faire pour ne pas briser toute son expérience a elle du moment. Lui, rien que d’être là est impressionnant en soi, mais ce n’est peut-être pas le cas pour elle. Il s’emmêle les pinceaux dans son esprit et l’attitude de Sabia perturbe encore plus cela.
Seulement, maintenant qu’elle les avait fait venir aussi loin, il ne pouvait pas faire marche arrière. Enfin, pas totalement. Il pouvait toujours s’enfuir en courant, mais ça mettrait Sabia dans une mauvaise situation et il n’y avait aucun document expliquant les risques liés à de possibles blessures au sein de l’histoire. Cette attraction était vraiment très mal documentée mine de rien.
— La princesse ne va jamais accepter votre cadeau.
— Quoi ?
— Elle ne comprendra pas le sens de ce dernier, elle n’a pas cette maturité.
L’homme le regarde complètement confus de ses propos, mais pour le coup Tarek a paniqué et ne sait pas faire ce que la demoiselle a proposé. Il ne sait pas du tout faire cela et il panique complètement.
— Votre second frère lui conviendrait mieux, visiblement.
— Mais… qu’est-ce ?
Vraiment, il avait l’air complètement perdu, ce qui était très compréhensible.
— Le soutenir pour ne pas qu’elle finisse dans une relation toxique avec votre troisième frère avant de terminer sa vie dans les bras de votre quatrième frère serait le mieux à faire.
L’homme ne tente plus de dire quelque chose faisant juste le poisson hors de l’eau complètement sonné par les mots qu’il n’assimile pas venant du roux. Les yeux de Tarek cherchent une réaction de la part de Sabia avant de dire le plus naturellement du monde.
— C’est mieux de lui dire la vérité directement, non ?
Vu la couleur pâle que prenait le visage de l’homme, clairement c’était une idée de merde. Il était visiblement à deux doigts soit de s’évanouir, soit de prendre sa respiration pour hurler le fond de sa pensée.
Sabia de son côté avait plus l’habitude d’avoir des mots doux et des tournures de phrases un peu moins agressives - heureusement d’ailleurs vu son travail. Néanmoins elle n’était pas à l’abri de bourdes ou d’autres étourderies diverses et variées dans ce qu’elle disait. Mais dans tous les cas, elle se devait d’intervenir rapidement avant que la situation ne dégénère et ne laisse le premier frère complètement déprimé ou dans une colère noire.
« Hum… Ce qu’il veut dire, c’est que la princesse n’est effectivement pas assez réceptive à l’art, ou du moins pas celui à taille humaine. Elle est habituée au luxe et à des choses grandioses réalisés par des centaines d’artisans, ou des réalisations prenant à certains plusieurs mois à réaliser. Elle n’est malheureusement pas capable de comprendre votre passion, même si vous êtes une personne formidable. »
Des mots difficiles tout de même, mais il n’y a pas de belle façon d’annoncer une telle chose. Après tout, il devait avoir mis beaucoup d’espoirs et de passion dans ce projet et venir tout détruire d’un coup devait être aussi choquant qu’énervant. Mais il allait être déçu dans tous les cas. Alors autant essayer d’inverser la balance et de faire pencher l’histoire vers quelque chose de plus doux pour tout le monde. Même si la tentative de séduction par réconfort n’était pas si bien enclenchée que ça.
« Nous savons néanmoins que vous ne souhaitez que le bonheur de la princesse, c’est pour cela que le troisième frère de votre fratrie ne doit pas réussir à la convaincre, vous le connaissez certainement mieux que nous, mais vous savez comment il est… »
Le fait est qu’ils connaissaient en partie le futur, et que, donc, le changer était possible. Elle ne savait pas du tout l’impact que ces mots pouvaient avoir ou si l’histoire arriverait malgré tout à retomber sur ses pattes. Avaient-ils seulement une chance ou un fatalisme irrémédiable allait-il les frapper?
« Je sais que cela est compliqué, mais peut-être que si vous travaillez en faveur de votre second frère, il arrivera à la convaincre, puisqu’elle adorerait voyager également mais est retenue par ses obligations envers le Royaume. C’est sûrement ce qu’il y a de mieux à faire… »
Elle essayait d’enrober un peu plus la demande, qui était sensiblement la même, tout en la justifiant un peu plus mais son interlocuteur s’était déjà laissé emballer sur la pente de la colère et du désespoir. Et Sabia n’était pas forcément la meilleure non plus dans ce domaine, elle préférait largement parcourir des livres que de devoir rassurer les fidèles. Même si ici, c’était encore différent, puisqu’elle ne venait pas vraiment exprimer les méthodes de la déesse mais bien de mettre deux âmes ensemble, et de les lier.
« C… C’en est trop! Sortez d’ici! »
Sabia reculant d’un pas sous le cri du noble exaspéré, ouvrit la bouche pour tenter de le calmer, mais, rouge comme il était, elle remarqua facilement que ses émotions avaient entièrement prit le dessus. Aurait-elle était au travail qu’elle aurait sûrement essayé quelque chose, mais, dans ce cas, elle ne voyait plus vraiment quoi faire. Et voir Tarek lui balancer d’autres vérités violentes à la figure ne ferait sûrement qu'aggraver son cas. Elle décida donc de s’exécuter, et de quitter les lieux avec le rouge.
Sortant, elle se tourna rapidement vers lui.
« Ce n’était pas très facile à annoncer mais… woah, tu es vraiment allé droit au but! Je pense quand même que ça l’a affecté et va le faire réfléchir, en espérant qu’il finisse par faire le bon choix. Je ne le vois pas mentir en changeant son cadeau, donc peut-être préparera-t-il une doléance pour le second frère… »
Prenant le temps de retourner se changer pour retrouver sa tenue normale, Sabia soupira en retrouvant son équipier de son projet complètement fou.
« … On essaye de préparer la princesse au second frère? Ou de le coacher lui? Ce sera certainement moins difficile dans ces deux cas, on viendra avec de meilleures nouvelles… »
— Être direct avec la personne est mieux. Quand on doit annoncer un décès à une famille, c’est en prenant des pincettes qu’on la blesse encore plus assez souvent. Même si une annonce n’est pas agréable, il faut le dire tout de suite. C’est important pour avancer.
Il n’arrive pas bien à saisir si la remarque de la demoiselle était une critique ou non il avait décidé de le prendre comme un simple point de vue sans rien de plus. C’était plus simple. Si c’était autre chose, elle aurait précisé. Puis, surtout, son cerveau tournait à plein régime pour tenter de savoir ce qui serait la meilleure solution dans ce que proposait Sabia.
— Comme c’est tout de même sa vie, voir directement avec la princesse serait mieux, non ? Peut-être que depuis le début elle est amoureuse d’une autre personne ou ne veux même pas ce marié et a fini par plier plus par dépit qu’autre chose. Dans tous les cas, ça sera avec elle qu’on sera mieux ce qui lui ferait plaisir… Oh !
Une idée lui vient et il farfouille dans son sac pour en sortir un cahier.
— Si on tentait de leur créer une correspondance, entre ? Une lettre à chacun, avec un dessin de l’autre, une description de chaque côté et une invitation à un échange secret. Le secret, ça attise bien l’amour, non ? Puis, ça leur permettrait de faire connaissance, je suppose. Puis, comme cela on fait les deux idées en même temps.
Ça avait l’air clair comme de l’eau de roche pour lui. Enfin, ça semblait clair, mais au moment de poser son doigt sur la feuille tout semble vide dans son esprit pour avoir la moindre idée de quoi écrire pour mettre ça en place. Il grimace et range son cahier.
— Oui, mais je ne sais pas quoi écrire… Allons voir le second frère alors. Plus qu’un cadeau c’est connaître l’autre qui serait bien pour la princesse… seulement, comment on rentre maintenant qu’on s’est fait sortir ?
— Euh ? Excusez-moi…
Une voix venant d’un peu plus loin de leur position les interpella, un homme plus jeune, mais avec clairement un air de famille avec le premier frère de cette histoire approchait.
— Je sais que mon frère a été pas vraiment à l’écoute, mais je passais le voir et un bout de la conversation que vous avez eu avec lui m’est arrivé. Qu’est-ce qu’il faut faire pour le bonheur de la princesse ?
Bon, visiblement Lucy était avec eux dans cette histoire.
— Une lettre.
Heureusement, le destin leur sourit assez rapidement, puisque l’homme qu’ils cherchaient se trouvait ici. C’était lui, le grand gagnant, et le plan de son associé avec un côté intéressant. Une correspondance secrète, un premier parfum d’interdit et d’aventure pour une princesse intéressée, mais trop prude pour renier son devoir. Maintenant, savoir ce que la princesse aimait exactement était une chose, mais ils savaient déjà qu’elle avait soif d’aventure.
« Plus exactement, réussir à lui faire comprendre qu’elle a le droit aussi de suivre ses rêves d’aventures, subtilement bien sûr. Commencer, par exemple, par une correspondance secrète, une forme d’interdit, lui faire miroiter monts et merveilles - honnêtes, hein, les merveilles - dans des lettres enflammées. »
Peut-être la verte s’emportait-elle un peu, mais devant l’interrogation du second frère, elle prit le temps de lui expliquer un peu mieux et plus calmement le plan. Il avait l’air honnêtement intéressé par le bonheur de la princesse - et pas par intérêt personnel. Après, peut-être était-il lui aussi un horrible menteur, mais l’histoire ne l’avait jamais décrit ainsi. Toujours était-il que, de tout de façon, au final, tout ça n’était toujours qu’un roman, et c’était peut-être la partie la plus triste de cette histoire.
Les instructions et les informations données au frère, ce dernier se retourna une dernière fois vers le duo, avant de demander…
« Mais, comment savez-vous tout ça? »
« … On est… experts en ships. »
Si elle avait une casquette, Sabia l’aurait certainement rabattue devant elle, mais à la place, elle se contenta de sourire, et de s’éloigner avec une petite dose de malice, il ne restait plus qu’à attendre de voir leurs efforts payer - ou non. Dans tous les cas, ça avait été assez drôle, et assez intéressant comme expérience aussi! A voir s’ils avaient réussi, ou non, à changer le cours du Destin avec leurs interventions.
Tellement fluide que les voilà tous les deux face à un mariage entre la princesse et le second frère qui ont décidé d’aller faire une récolte d’herbe blanche comme voyage de noces. Originale comme concept, mais dans tous les cas les deux ont l’air radieux dans ce moment d’union et Lucy est une fois encore mise à l’honneur sur leur mise en couple.
— On s’est plutôt bien débrouillé pour avoir une fin heureuse pour tout le monde.
Il n’y avait eu aucun mort et le monde du livre s’était effacé peu à peu pour les faire retourner au point de départ de cette aventure sans le moindre encombre. La personne qui les a envoyés dans le livre leur demanda quel avait été leur voyage et semblait s’amuser de ce chemin suivi. Il confia au deux une petite brochure qui était après lecture la version du conte revisitée par leur soin. Un souvenir assez amusant d’une certaine façon.
— C’était amusant. Je me demande comment d’autres histoires auraient évolué si on changeait quelque élément dedans… Est-ce que la fin heureuse est toujours possible comme là ?
Il se doute bien que non, mais creuser pour voir d'autres alternatives lui plait bien. En plus, c’est peut être assez con, mais Sabia a discuté de manière claire et fluide d’un bout à l’autre de leur voyage, sans lui reprocher sa façon d’agir et cela lui donnent envie de continuer de converser avec elle sans crainte d’être jugé sur sa façon de faire.
— Est-ce que je peux vous inviter pour discuter de cela ? Si vous n’avez pas le temps aujourd’hui ce n’est pas pressé.
Il y avait le temps pour refaire les mondes et les livres. Un temps tranquille où ils pourraient modifier la vie de personnages fictifs, voir imaginer le monde actuel avec d’autres dénouements. C’était un jeu enfantin qui l’amusait d’avance. Illustré le tout serait certainement tout aussi plaisant, il avait les doigts qui le démangeait presque d’avance de cela. Il fut d’autant plus ravi d’avoir un accord à sa demande. C’est une nouvelle histoire qui s’écrit.