*burp, hic*
C'est avec un rot digne des plus grands que vous sortez de vos rêveries. Qu'est ce que vous faites là déjà ? Ah oui, avec cette chaleur il vous fallait un petit coin où vous poser et vous rafraîchir. Vous avez porté votre choix sur une petite brasserie du Grand Port, bières artisanales en plus, le top ! Vous voyez le petit laium posé dans un coin de la pièce, à l'ombre en train de boire dans sa gamelle d'eau quand une voix très grave vous interpelle.
- eEEeEeeh les deux tourtereaux là ! *hic* Vot' verre est vide, laissez moi vous l'remplir.
Ah oui, ça vous revient : il s'était présenté comme Gaspard Deparlucy, ancien enchanteur reconverti dans la boisson. Il vous a promis qu'une après-midi dans son bar équivaut à un vrai voyage spirituel, intrigués vous avez accepté. Et vous voilà dans ce PMU, avachis sur votre chaise, une choppe à la main. Prêts à faire votre meilleure politique de comptoir, parler du rachat de Stanislas Courbevoie, meilleur buteur de l’équipe de glooball du sud ou bien encore discuter de ces étrangers du nord découverts y’a pas longtemps là, sûrement venus vous "voler vot’ travail". Gaspard se penche vers Sileas et tente de lui chuchoter quelque chose :
- Vot’ ptite dame là, elle a une descente j’aimerais pas la monter à vélo hehehe. Z’en faites po m’sieur, j’ai bien compris vot’ relation à vous deux. T’sais ce qui serait romantique là ? Offre lui un bon pastis, j’vais t’chercher ça.
Pendant qu’il s’éloigne, tu en profites pour jeter un coup d'œil à Sia. Elle est aussi jolie que d’habitude, à un détail près : au niveau de son ventre, tu jurerais voir une bonne bedaine de pilier de bar. Oh mais, toi aussi en fait… Ah oui, c’est pour ça le goût étrange dans la bière, et le passé d’enchanteur, aaaaah sacré Gaspard !
Bon et bien il ne vous reste plus qu’à profiter, râler ensemble, pourquoi pas faire un petit barbecue ? Aucun doute que ça plairait au gérant. Ou bien essayer de vous débarrasser de ce sortilège, mais bon, pas facile avec 3 grammes dans le sang.
Participants : @Sia Zmeï & @Sileas Endalar
Thème actuel : Vacances insolites
Plutôt que penser à cet enfant que je n’ai pas vu depuis bientôt un an, je me suis décidée à introduire Tiamat à l’aventurier. Je l’ai récupéré juste avant d’entamer les travaux, profitant de la météo plus fraiche des montagnes pour qu’il me suive. Loin du monde et de potentiels hommes, le laium était bien plus à l’aise ainsi. Progressivement, il s’habitue à ma présence, même si je préfère ne pas le brusquer. Seul le fait de prononcer son nom me brise encore le cœur à la façon dont il cherche son ancienne maîtresse avant de poser son regard sur moi.
Quand le blond a ainsi débarqué, le dragon est évidemment aller se cacher dans le petit abri que je lui ai fait à l’extérieur, surveillant de son poste l’arrivée de cet inconnu. La proposition de ces vacances m’a totalement ravie, mais il est hors de question de laisser mon nouveau compagnon seul à la forge. Il a donc fallu une introduction en règle de Sileas et Tiamat.
Rien de plus simple à vrai dire. Utilisant les biscuits que Fauve m’a conseillé, j’ai pu attirer mon familier hors de sa cachette et le rassurer. Je lui ai ensuite longuement parlé avant de lui présenter l’homme. Bien sûr, il a eu un mouvement de recul, se cachant derrière moi comme un enfant, mais avec mes conseils, l’aventurier a pu laisser le dragon lui renifler la main. Ce n’est certes pas grand-chose, mais déjà une grande avancée pour cet animal si craintif.
Une longue discussion s’est ensuivi où j’ai expliqué le traumatisme de mon nouveau familier et ait proposé de l’emmener avec nous. Même si mon ami n’a pas eu l’air ravi à cette perspective, il a cédé à mon expression implorante.
C’est ainsi que nous nous sommes étrangement retrouvés installés à ce comptoir à boire un premier verre peu après notre arrivée. Ayant une bonne place dans Grand Port, non loin du portail de téléportation, nous avons cédé à l’appel de l’alcool. Après avoir descendu presque la moitié de mon verre en une première gorgée, reposant le contenant avec un soupir satisfait avant qu’un rôt particulièrement masculin ne me prenne et ne me fasse rougir de honte.
« Pardon… Cette bière est particulièrement bonne ! Je pense que je devrais la conseiller à Sofia, elle qui en est une si grande amatrice… »
Une nouvelle gorgée et je sens déjà les effets de l’alcool venir empourprer mes joues et légèrement délier ma langue.
« C’est ce que j’appelle de vraies vacances ! Certes, ce ne sont pas les sources chaudes dont on a parlé, mais c’est mieux que des travaux ou un golem à déplacer, non ? »
Un coude sur le comptoir, le menton posé dans la main, je me tourne légèrement sur le côté pour sourire à l’aventurier. Du coin de l’œil, je vois que mon laium s’est installé à l’ombre, son pendentif pour la rafraichir autour du cou. Pyxidis vient le rejoindre avec nos gloobies toujours attaché à lui. J’ai l’impression que Tiamat aime particulièrement Saïph, l’aura gelée de la limace lui rappelant sûrement des mets qu’il adore… Mais mon attention est vite ramenée à l’homme qui m’accompagne, l’alcool me rendant bien moins timide… Pour le bonheur de l’homme en question.
« Alors dis-moi, que penses-tu de ce royaume au nord ? Empyrée, il me semble… Je suis sûre que ton âme d’aventurier t’y attire et que tu risques de t’y rendre dès nos vacances terminées, non ? »
malheureusement non valide !
Et finalement c'est une petite échoppe fort particulière qui finit par les attirer en son sein. Un mélange de boisson et d'enchantement. Ou plutôt, une brasserie expérimentale, des propres mots du gérants. De quoi lever un sourcil et susciter les inquiétudes. Mais Gaspard est un bon vendeur, et finit par attirer les deux aventuriers en sa tanière. Un choix discutable, mais qu'il est désormais impossible de renier tandis que Sileas est sorti de ses pensées cotonneuses par le rot de sa partenaire, qui lui arrache un souffle de rire amusé tandis qu'il agite la main, finissant sa propre chope avant de la poser sur le comptoir avec un grognement qui se finit lui même à moitié en rot à cause de l'alcool.
-"Ne t'excuses pas, je ne suis pas en meilleur état que toi... Elle est fourbe cette boisson, elle tape vite alors qu'on ne s'y attendait pas. Et j'ai l'impression qu'elle est aussi un peu plus chargée qu'elle ne le devrait..."
Et il sent bien qu'il est particulièrement serré au niveau de la bedaine, sans trop comprendre pourquoi. Finalement il hausse les épaules en laissant échapper un petit rire grogné, étouffant un nouveau rot en se pressant un poing sur la bouche avant de grognotter qu'il ne sait plus tenir ses manières.
-"C'est vrai que depuis le temps qu'on parlait de faire des vacances, ce sont bien les premières qui ont réellement ce gout que l'on puisse faire... Et ne t'en fais pas, je n'oublie pas les sources chaudes. Je compte bien profiter d'une telle installation avec toi un jour."
Peut être un peu trop direct. Bah, la boisson a ses propres effets que la boisson ignore. C'est pile le moment que le tavernier choisit pour revenir avec deux pastis qu'il dépose sur la table, en un grand sourire commerçant et un clin d’œil pour Sileas, tandis qu'il siffle.
-"Cadeau de votre charmant chevalier, belle demoiselle. Et vous m'en direz des nouvelles !"
Puis l'homme disparait aussi vite qu'il est apparu, retournant à ses affaires. Sa chope vide, le blond attrape ce nouveau verre pour le porter à ses lèvres, avant de s'arrêter, se souvenant qu'il a oublié de répondre à une question.
-"Tu commences à un peu trop bien me connaître, douce forgeronne. Je comptais justement profiter un peu de ces vacances pour te voir avant de partir. Si jamais j'arrive à passer la Douane, cela pourrait être une longue expédition qui dure... Mais tu n'es pas intéressée pour venir aussi, ou tu préfères te concentrer sur tes propres travaux actuels ?"
Bien sur qu'il préférerait faire ce voyage avec elle, et partager plus régulièrement sa présence. Mais il connait déjà une bonne partie de la réponse présumée tandis qu'il finit de tremper les lèvres dans ce nouvel alcool local particulièrement fort qui manque de le faire tousser.
-"Mais je ne compte pas te laisser sans nouvelles. Même si ils n'acceptent pas la magie, j'emporterais mon cristal de communication pour pouvoir te dire ce qu'il se passe. Et qui sait, peut être pouvoir te parler aussi un peu des métaux et minéraux qu'ils travaillent, si cela peut t'intéresser pour ta forge..."
Bon, au fond, c'est sur que si il peut voler ainsi quelques moments avec la demoiselle, il préfèrerait faire autre chose que parler travail, mais il sait la passion qu'elle possède pour sa forge et ses enclumes. Détournant un instant le regard vers leur tas de familiers qui vivent en harmonie, Sileas se racle légèrement la gorge.
-"Et dès que je rentre bien sur, je te kidnappe de nouveau pour que l'on passe un peu de temps ensembles..."
Je finis par tremper les lèvres dans l’alcool tout en écoutant Sileas répondre à ma question. Je m’en doutais déjà, mais l’entendre me confirmer qu’il va partir crée un petit déchirement en moi. Plutôt que commencer à broyer du noir et afficher une mine déconfite, je bois cul sec mon verre avant de le reposer sur la table avec un soupir. C’est particulièrement fort, m’arrachant un frisson dans tout le corps qui semble faire un aller-retour dans mon dos. Quand cette sensation désagréable est passée, je sens ma gorge légèrement me brûler, me forçant à me racler la gorge. C’est ce moment que choisis l’ancien enchanteur pour faire un petit commentaire.
« C’est que vous avez une sacrée décente, ma jolie. Alors, ça vous a plu ? Je vous sers le petit frère ?
- De l’eau, s’il vous plait…
- De l’eau ? Késécé qu’ça ? Ici, la bière, c'est d’l’eau ma p’tite ! Bon, une p’tite bière ?
- Non, juste de l’eau, s’il vous plait…
- C’est vous l’client. »
Sans perdre son sourire enjoué, l’homme bedonnant disparait tandis que je viens m’appuyer le crâne contre mes mains jointes au-dessus du comptoir. J’ai clairement abusé, sentant des rôts désagréables commencer à remonter. Je ne sais pas ce qu’est cette boisson qu’il a préparée, mais elle me fait un drôle d’effet. Mes pensées commencent à perdre de leur logique, mais le fait que Sileas va partir reste mon idée principale.
Si l’alcool a plutôt tendance à m’endormir, étrangement, elle me rend bien plus émotive aujourd’hui. Avec un grognement, je me laisse tomber contre l’épaule du blond, passant mes bras autour du sien, comme pour m’y accrocher comme un petit animal. Je cache également mon visage contre lui, continuant de grogner. Pendant un moment, rien n’arrive à sortir d’autres que ces étranges sons que j’émets, essayant d’organiser les mots que je veux exprimer.
« Je veux pas que tu partes… »
Est la première chose qui arrive à sortir. Je m’accroche un peu plus férocement à lui, mon étreinte se resserrant. Je relève finalement le regard vers le borgne, l’œil légèrement embué comme si je suis à deux doigts de fondre en larmes.
« Je veux que tu restes avec moi. Je me fiche des pierres qu’il y a là-bas ! C’est avec toi que je veux être… J’en ai marre d’être seule quand tu vas te mettre en danger à l’autre bout du Royaume… J’ai envie qu’on… »
Je me mets à parler sans interruption jusqu’à ce qu’une pensée ne m’appartenant pas m’interrompt et m’oblige à tourner la tête en direction de nos familiers. J’ai reconnu la voix de Pyxidis dans ma tête. Même si l’image est floue, je viens compter instinctivement que tout le monde est là : un laium, un dragon, deux gloobies, le compte est b… Comment ça deux gloobies ?
« Saïph ? »
À la mention de ce nom, mes familiers se tournent tous vers moi. Je cligne de l’œil avant de voir mon laium en train de mastiquer. Ma bouche s’ouvre en une expression entre la stupeur et l’horreur avant de lâcher subitement Sileas et me précipiter en direction des familiers. Évidemment, avec la boisson et le fait que j’étais sur un tabouret haut, le monde se met à tourner d’un coup, me faisant trébucher. Par chance, ma chute est amortie par un étrange renfort au niveau de mon ventre, n’égratignant que mes genoux. Je me relève en titubant, une expression très sérieuse et contrarier sur les traits. Je regarde le laium, Pyxidis s’écartant instinctivement, queue entre les pattes et oreilles baissées. Tiamat a une attitude similaire alors que je donne mon ordre.
« Tiamat, tu recraches. »
Le laium baisse le museau, me regardant dans une attitude de soumission, mais ne s’exécutant pas pour autant. Je me baisse ensuite à son niveau, venant prendre la gueule du dragon entre mes mains pour lui écarter la mâchoire.
« Tu recraches. Tout de suite ! »
Ma voix se fait plus grave, comme un grondement qui ne manque pas de légèrement effrayer tous mes familiers. Sans demander plus, Tiamat s’exécute et je glisse la main sans attendre plus pour récupérer Saïph. Le glooby n’ayant pas compris ce qui vient de se passer est juste content de me voir, bavant sur mes doigts, les givrant affectueusement alors que je soupire de soulagement. Je retombe sur le derrière, heureuse d’avoir évité que cette petite créature qui a une certaine valeur sentimentale n’ait été avalé par mon nouveau familier. Je n’ai pas le temps de me réjouir longtemps que je sens un frisson distinctif parcourir ma nuque, ayant juste le temps de prévenir mon partenaire avant la catastrophe.
« Je crois que je vais vomir… »
Heureusement pour la survie de Saïph, le froid qui a attiré Tiamat est aussi ce qui le protège. Suivant Sia en titubant à peine moins qu'elle, Sileas arrive quand enfin le familier est relâché et commence à givrer de nouveau les alentours et non le palais de la dernière trouvaille de la forgeronne... Et pile à temps au vu de l'annonce qu'elle formule. A peine le temps de regarder autour de lui et d'attraper un seau qui trainait par la -presque comme si le gérant était habitué à ce genre d'accidents- pour le mettre sous le visage de la demoiselle, glissant les mains pour lui attraper et lui maintenir la chevelure le temps qu'elle fasse son affaire. C'est particulièrement peu séduisant, mais au moins elle évitera de se tacher durant cette expérience désagréable. Avec un soupir il ne peut réprimer un léger rire à cette situation grossière.
-"Eh bien, je pensais que tu tenais mieux l'alcool que ça... Je ne t'ai pas encore assez habituée il semblerait..."
Le blond reste ainsi le temps que la demoiselle se remette de ses émotions et de ses tripes, lui proposant sa gourde fontaine pour qu'elle se rince la bouche et la gorge. Une fois cela fait, il la redresse avec un grognement alors que Saïph retourne jouer avec ses amis, sans prêter garde à Tiamat qui, malgré la remontrance, ne serait pas contre essayer de dévorer de nouveau ce petit sorbet tout préparé pour lui. Finalement le duo arrive à se réinstaller, pile quand l'aubergiste revient avec un verre. Voyant le teint pâle de la demoiselle, et celui qui commence à un peu trop rougir de Sileas, il en rajoute.
-"Vous voyez que l'eau ça vous fait pas de bien ! Attendez, je reviens avec de quoi vous requinquer !"
Sileas a beau lever la main, Gaspard ignore très volontairement ce signe alors que l'homme soupire, revenant à son amie en portant une main à son visage pour le frotter, n'hésitant pas à renverser un peu d'eau de sa gourde avant d'en boire un bon coup pour essayer de lutter contre la gueule de bois terrible qu'il sent déjà se préparer.
-"Toi aussi tu vas me manquer tu sais... J'aime passer du temps avec toi et en ta compagnie, et ça me touche que tu veuilles que je reste avec toi... Tu sais quoi ? Une fois qu'on sera revenus, on prendra le temps de faire ce qu'on veut comme on le veut et de faire les choses bien..."
Sileas allait continuer, venant à se rapprocher à son tour de l'Edelweiss pour glisser un bras autour de sa taille et l'inviter à se reposer contre lui quand le tavernier revient avec deux chopes d'une bière que l'on peut qualifier de grumeleuse au minimum. C'est du potage alcoolisé pratiquement, et avec un sourire il incite les tourtereaux ivres à essayer sa décoction en agitant les mains d'une manière enjouée
-"Allez-y, vous me direz des nouvelles ! C'est une adaptation personnelle de certains plats souvent préparés en auberge, mais buvable !"
L'aventurier renifle, peu convaincu. Le "plat" en question ressemble plus à une bière ou un potage ou les légumes auraient été remplacées par des épices et des herbes, et le jus par de l'alcool. Mais finalement il finit par prendre une gorgée avant de manquer de s'étouffer sur le tord boyau que la boisson est. Déposant comme il peut la chope sur la table sans la renverser, il frappe ensuite d'un geste sec sous sa gorge, récupérant sa gourde pour boire de nouveau et faire passer le feu qui le traverse par surprise.
-"C'est... Particulier... Et fort... Je dois dire que je m'attendais pas à ça, et pourtant je suis habitué aux alcools..."
Avec un petit "Ahah !" satisfait, cet enchanteur particulier finit par se détourner pour aller s'occuper de deux clients qui viennent d'arriver, des âmes en peine qui ne savent pas ce qui les attends. Commençant à sérieusement cuver, le blond finit par poser la tête sur l'épaule de son amie en poussant un soupir, vérifiant juste que Saïph ne s'est pas fait dévorer de nouveau -ce qui n'est pas encore le cas-, avant de souffler.
-"Je disais quoi déjà ... ? Ah oui, que tu es encore plus belle de près... Et que sa boisson tape vraiment en traitre..."
À peine installés, que l’aubergiste insiste sur la consommation d’alcool avant de repartir. Au moins, Sileas et moi avons un court moment ensemble où nous revenons à ce que nous disions avant que sa limace givrée ne manque de finir en goûter pour dragon de givre. Prendre le temps… Une idée qui me plait beaucoup, mais que l’on a pas l’occasion de développer plus avec l’arrivée de l’ancien enchanteur et de sa concoction. L’odeur forte se dégageant de l’étrange boisson ne manque pas de me soulever l’estomac, me faisant retenir de nouvelles nausées. Je préfère m’abstenir et me contenter d’eau venant de ma gourde fontaine pour le moment. Le blond goûte tout de même à cette boisson qui intensifie le rouge de ses joues. Nous nous retrouvons à nouveau seuls pendant que deux clients finissent piégés à leur tour.
Portant une main à la joue du blond, je la caresse doucement du pouce en plongeant mon regard dans le sien. Sa peau est brulante au contact de ma paume, comme si ma propre température corporelle est devenue glacée. Le regard de l’aventurier est bien plus trouble, le visage rouge et les yeux injectés de sang. Même quand il parle, il ne semble plus facilement trouver ce qu’il souhaite dire. Je me contente de sourire et le caresser le temps qu’il arrive à retrouver un peu de ses idées. Je lui tends une de nos gourdes fontaines avant qu’il ne s’empare de ma portion de cette étrange décoction.
Évidemment, le compliment sur ma beauté n’a pas manqué de me faire monter le rouge aux joues, me faisant regagner des couleurs. J’ai encore l’esprit embrumé par l’alcool, ayant du mal de réfléchir, mais je sais que nous avons tous les deux bien trop bus. Malheureusement pour moi, Sileas est du genre à beaucoup aimer la boisson et il a bien du mal de vouloir s’arrêter quand il commence. Je me contente de venir poser ma tête contre son épaule, le laissant passer son bras autour de ma taille tout en soupirant doucement.
« Je ne sais plus de quoi on parlait… »
Non loin, nos familiers commencent à s’impatienter, attendant là depuis un moment en essayant de rester sages, mais cela commence à faire facilement plus d’une heure que nous avons commencé à boire. Certes, je ne veux pas quitter l’étreinte de mon amant de si tôt, mais il va nous falloir penser à dégourdir nos jambes.
« Dis Sileas. »
Je relève le regard vers le blond qui a essayé de s’attaquer à nouveau à cette étrange concoction, mon esprit se perdant dans d’étranges pensées.
« Tu sais que tu es beau comme ça ? »
En me rendant compte des mots qui sortent de ma bouche, je rougis évidemment, mais je n’arrive pas à les retenir pour autant.
« Je ne veux plus te laisser partir. Je ne veux qu’aucune autre ne t’approche non plus. Si une pimbêche vient essayer de te montrer ses atouts féminins, j’ai envie de lui envoyer Hercules dans le crâne. »
J’imagine déjà les hurlements du marteau par-dessus ceux de la pauvre victime, ce qui m’arrache un petit rire. Je viens m’emparer de la main de mon compagnon qui n’est pas actuellement occupée par une chope, pour entrelacer mes doigts aux siens.
« Alors, tu as intérêt de ne pas laisser une aventurière t’approcher ou une de ses habitantes du nord. Sinon c’est ton crâne qui va accueillir Hercules. »
Comme pour souligner mes propos, ma prise sur sa main se fait plus ferme, y mettant une partie de ma poigne qui n’a rien à envier à certains hommes. Dans le même temps, un petit sourire presque sadique se dessine sur mes traits alors que je regarde le blond déglutir sa boisson, mi-amusé et mi-inquiet. Mon attention revient à ma gourde fontaine tandis que je me mets à marmonner en rougissant de plus belle.
« On en reparlera à ton retour, mais je pense que mes sentiments sont devenus plutôt clairs. Et si tu arrives à te tenir jusque-là… Peut-être… Je dis bien, peut-être, que je voudrais que… On va dire que l’on aille plus loin. Enfin, tu comprends… Que j’arrête de te faire attendre. »
Il m’aura fallu beaucoup de temps et de nombreux verres pour arriver à cette conclusion qui embrase mon visage, mais au moins notre relation avance enfin un peu. Mais est-ce que l’on est pas en train d’oublier quelque chose ?
La gourde est accueillie avec un sourire alors que le blond éponge l'alcool ingéré en masse avec autant d'eau, vidant pratiquement la réserve de la gourde en une longue rasade. A consommer autant, cela ne sera pas sans conséquences pour la suite, mais en cet instant, avec les brumes de l'ivresse qui rodent, l'homme se concentre sur la portion de Sia qu'il commence à attaquer à son tour. C'est certes particulièrement fort, mais aussi pas désagréable à boire. Et quand enfin l'Edelweiss reprend la parole, il manque de s'étouffer sous ses mots qui le font rire un peu plus fort qu'il ne le ferait habituellement, en bonne partie à cause de son état d'ébriété le rendant un peu plus émotif et direct.
-"Beau, à boire comme un trappeur du fin fond des montagnes ? J'apprécie le compliment, mais tu aurais tout de même pu trouver plus crédible !"
Puis elle devient bien plus franche, presque inquiétante en avouant ses envies meurtrières envers toute potentielle prétendante et concurrente, et encore plus quand elle assume clairement n'avoir aucune hésitation à le frapper lui, si jamais il le fallait. Et leurs doigts doucement entrelacés se retrouvent pratiquement pris dans un concours de force qu'il lui laisse gagner sans même essayer de se débattre, bien trop ivre pour réellement canaliser sa force contre la poigne plus que coriace de la forgeronne. Mais cette déclaration à un coté mignon alors qu'il glisse sa main libre dans la chevelure de Sia pour la caresser et répondre avec un sourire amusé.
-"Tu peux garder Hercules rangé, je suis un grand garçon. Je sais dire non à une jolie poitrine ou une jolie aventurière. Et si jamais l'une s'approche, ça sera uniquement professionnel. Je suis pas du genre à essayer de courir plusieurs jupons en même temps, non mais ! J'ai déjà assez de mal à essayer de gagner tes faveurs !"
Les mots qui suivent ensuite font un peu plus rougir le blond, même si cela ne se voit plus vraiment à ce stade. Le pauvre commencerait presque à ressembler à un pilier de bar alors qu'il pose son œil unique dans celui de sa partenaire, le silence restant quelques instants avant qu'il ne finisse par répondre d'une voix presque douce, même si rendue rauque par la "bière".
-"Oui je comprend... Et tu sais bien que même si j'ai envie que nous avancions, je préfère que tu te sentes à l'aise avec cela... Donc prend le temps que tu estimes nécéssaire, on aura tout le temps d'en parler quand je serais revenu d'Empyrée..."
Puis ensuite, une partie précise de la phrase remonte dans l'esprit embrouillé de l'aventurier, qui pose une main devant sa bouche avant de laisser échapper un rôt qu'il n'a su réprimer, suivi d'un grognement.
-"Et me tenir, tu me prends pour un animal ? Jusqu'a preuve du contraire, c'est moi qui chasse les bestioles, j'en suis pas encore devenu une, je sais me contrôler ! Bon, sauf devant un bon porc-becue, mais avec sa petite robe si goûtue, son air si appétissant, son petit regard de biche qui en promet tant, je ne peux pas leur résister... Je suis sur que tu me comprends..."
Et effectivement, ils ont bel et bien oubliés quelque chose dans cet échange de mots doux alcoolisés. Un petit couinement se fait entendre alors que Saïph s'est de nouveau fait croquer. Mais cette fois, le Laium, pressé de ne pas se faire attraper, a décidé de ne pas jouer avec la nourriture pour directement mordre dedans, faisant couiner le Glooby de douleur... Avant que soudainement, Tiamat se retrouve avec la gueule vide et dégoulinante d'eau, cette dernière formant une petite flaque au sol. Et de cette flaque vient se reformer l'étrange glaçon vivant, qui commence à essayer de s'échapper. Captant cela du regard, le blond grogne en se redressant d'un coup sec, commençant à se diriger vers la scène en refermant le poing. Il a beau ne pas totalement l'assumer, il aime bien cette petite créature qui l'accompagne souvent un peu partout à travers le monde et lui fait une compagnie permanente, même si parfois difficile à supporter.
-"Très chère Edelweiss, j'apprécierais que tu t'occupes de ton nouveau familier avant qu'il ne finisse par dévorer la limace qui me sert de compagnon de route. Je sais qu'elle est insupportable, mais je la préfère tout de même vivante... Et si je m'en occupe moi même, plus jamais ton familier n'osera m'approcher."
Dans son ivresse, Sileas reste lucide. Si jamais dans son état il doit essayer de corriger un Laium déjà craintif de l'homme, ce dernier risque de rencontrer un mur ou une fenêtre à une vitesse un peu trop rapide pour le bien de ses organes internes. Et le blond n'a pas réellement envie d'abimer la créature de sa bien aimée alors qu'il finit par récupérer dans ses gantelets Saïph, damant la priorité a Tiamat qui semblait bien parti pour revenir le croquer, agacé de s'être fait ainsi priver de son casse-croute.
« Je vais commencer à croire que les porcs-becues te font plus d’effets que moi… »
Une remarque bien rapidement coupée par les couinements d’un glooby sur le point de se faire dévorer et par le mécontentement de mon partenaire. Voyant que mon laium a récidivé, je soupire et pose une main sur le bras du borgne pour essayer de l’apaiser et de l'inviter à s’asseoir pour finir son verre. C’est en marchant de manière plus ou moins rectiligne que je rejoins le petit groupe de familiers. Saïph est venu se réfugier près de Pixie qui le protège en grognant de mécontentement en direction de Tiamat. Je viens m’accroupir près du dragon de glace qui porte son regard sur moi, mettant les oreilles en arrière en sachant qu’il a mal agi. La violence ne sert à rien, j’ai recueilli ce familier pour qu’il ait un environnement paisible et compréhensif dans lequel soigner son cœur meurtri. Au moins, j’ai l’impression de déjà voir certains progrès chez le dragon.
« Tiamat… Pourquoi tu essayes de manger ce glooby ? »
*Froid ! Tiamat faim.*
Je me tourne vers Pyxidis qui s’est mis à faire le traducteur des petits couinements du laium. Avec un petit sourire, je caresse le crâne du dragon miniature qui se met à émettre une sorte de ronronnement satisfait. Voyant cela, le laium cherche à son tour à avoir mon attention, donnant un petit coup de museau à mon autre main ainsi qu’un petit coup de langue. Mon sourire s’efface légèrement alors que j’essaye de prendre un ton plus contrarié.
« Non, Tiamat, c’est interdit. »
Le laium met à nouveau les oreilles en arrière d’un air triste, presque désolé. De nouveaux couinements lui échappe et il échange un temps avec mon dragon miniature. Voyant ces deux-là converser, je me dis qu’il faudra que j’envisage de donner un moyen à Tiamat de me faire parvenir ses pensées. Un sort de télépathie, de partage des sens ou même la parole, j’ai plutôt le choix. Finalement, après de nouveaux grognements de la part des deux dragons, le laium vient donner un petit coup de langue à Saïph, comme pour essayer de panser la blessure qu’il lui a fait et se faire pardonner. Le glooby qui n’est absolument pas rancunier vient baver affectueusement sur le museau du laium. Attendrie par cette scène, je donne à son tour une grattouille à Tiamat pour le féliciter pour son acte, ce qu’il semble content de recevoir.
*FAIM ! Pixie faim !*
La voix stridente qui se met à hurler dans mon esprit coupe ce court moment de bonheur et m’arrache un grognement. Un coup d’œil au dehors m’indique que l’après-midi arrive déjà à sa fin, signe que nous sommes restés bien trop longtemps chez cet enchanteur improvisé brasseur. Je me relève et me dirige vers mon compagnon qui a été rejoint par le propriétaire des lieux qui lui tient la jambe depuis seule Lucy sait quand. Arrivant dans le dos d’un Sileas engagé dans un étrange débat, je glisse une main à sa nuque pour attirer son attention et essayer d’interrompre la conversation en cours.
« … Et j’vous dis qu’ j’suis sûr qu’ces gars du Nord, y nous veulent pas d’bien. Qui qu’nous dit qui vont pas nous déclencher une guerre un d’ces quatres ? Y nous ont chassé un Fenrir ! Ah tiens, qu’est qu’ j’vous r’ssers ma p’tite dame ? »
J’affiche un sourire poli sur mon visage encore rougit par l’alcool.
« Rien du tout. Il se fait tard et je pense que l’on devrait aller chercher de quoi manger. En tout cas, de quoi nourrir nos familiers, au moins. Pas vrai, chéri ? »
Mon regard descend vers le guerrier, suivi par un léger sifflement de la part de l’enchanteur. Je ne tarde pas à récupérer mes affaires et sortir de quoi payer généreusement ma consommation alors que j’entends Gaspard qui s’est penché vers Sileas pour souffler.
« Dites, m’sieur, vot’ dame là, c’est qu’elle en a. Z’en faites pas, vous pouvez r’venir ici quand qu’vous voudrez. Elle en s’ra rien. Pr’mis. »
-"J'ai entendu du coin de l'oreille la conversation qu'aviez avec votre donzelle la. Empyrée hein ? Z'êtes sur de vouloir y aller avec tout ce qu'on dit à leur sujet ? Ils utilisent pas la magie, vous pouvez imaginer des gens plus étranges que ça ?"
Bien sur, pour un ancien enchanteur qui essaye de faire fortune avec les bières magiques, l'idée d'être interdire ce qui n'est pas naturel est un concept contre-nature, qui va à l'encontre même de ses convictions et de sa manière de vivre. Et encore hélas pour Sileas, ce dernier préfère répondre plutôt que d'ignorer l'homme, bien trop ivre pour résister à une conversation de pilier de bar.
-"C'est sur que c'est bizarre... Mais ils ont l'air d'avoir des choses sympas ! Des créatures inédites à chasser... Un nouveau mode de vie à découvrir ! Et ils ont même l'équivalent de la guilde des aventuriers ! Je suis obligé de vouloir voir... Et je suis sur qu'il y'a aussi des bestioles délicieuses à goûter la bas."
Et c'est le doigt dans l'engrenage. Le début de la fin, la première marche de l'escalier sur laquelle on glisse sans pouvoir se rattraper, alors que Gaspard profite de la faille dans la carapace pour enfin discuter avec quelqu'un.
-"Nan vraiment, z'feriez mieux de v'en méfier de ceux la. Pourquoi pas rester dans l'coin et revenir boire plus régulièrement ? C'est un meilleur projet ça, vous croivez pas ?"
Le blond soupire en secouant la tête, portant les mains à ses tempes tandis qu'il sent le début d'une migraine poindre. Il essaye de suivre le fil, mais ça devient plus compliqué pour lui au fur et à mesure que la soirée avance. Attrapant sa gourde, le borgne la descend presque entièrement, avant de s'excuser quelques secondes pour aller se soulager aux toilettes de l'établissement après tant de litres ingérés. Et en revenant, il est accueilli par une nouvelle tirade.
-"Vraiment, rester ici ç'sera mieux pour vous et pour nous. On d'vrait fermer la frontière pour de bon et s'assurer qu'ils restent chez eux. Et j’vous dis qu’ j’suis sûr qu’ces gars du Nord, y nous veulent pas d’bien. Qui qu’nous dit qui vont pas nous déclencher une guerre un d’ces quatres ? Y nous ont chassé un Fenrir ! Ah tiens, qu’est qu’ j’vous r’ssers ma p’tite dame ?"
Pile au moment ou Sia revient. Un soupir de soulagement mal dissimulé sort des lèvres de l'aventurier qui commençait à l'en plus pouvoir, même en épongeant l'alcool dans l'eau en quantités abondantes. Un hochement répond à la forgeronne alors que le blond prépare lui même ses affaires tout en déposant de quoi payer ses consommations. La dernière phrase de Gaspard est accueilli avec un léger rire alors qu'il répond sur le même ton.
-"Promis, je repasserais alors... Mais elle a raison, j'ai vraiment besoin d'arrêter la, j'ai trop bu pour mon bien..."
Tout en se redressant, le borgne vient attraper le bras de la demoiselle pour finalement sortir de la taverne d'un pas titubant. C'est plus elle qui vient le soutenir que l'inverse alors que sa limace givrée recommence à grimper sur son armure, signe que finalement, tout va bien. De sa main libre, l'aventurier se masse les tempes et le front pour essayer de faire partir la barre qu'il sent, avant d'attraper de nouveau sa gourde pour recommencer à la vider, serrant un peu plus les doigts de la demoiselle entre les siens.
-"Bordel, c'était si corsé... Et y'a pas que le gout qui est intense et express, la gueule de bois l'est aussi... On s'occupe de nos familiers et on se trouve une chambre dans une auberge ? Je dois me poser un peu... Et après si tu veux on se trouve un bon restaurant, ce que tu veux..."
Il a bien sur noté l'utilisation du mot "chéri" quand ils ont voulus partir, qui lui a légèrement fait rougir les joues. Mais la, il ne peut pas mettre de mots sur ce qu'il pense, préférant simplement se pencher pour venir embrasser la forgeronne en glissant une main dans sa nuque et sa chevelure, en un baiser empli d'alcool, totalement ivre mais sincère. Il vient ensuite la relâcher avec un petit sourire tout en commençant à se diriger pour leurs dernières emplettes de la journée. Et surtout un peu de repos avant le restaurant. En espérant que sur la route, la faim de leurs familiers et surtout les étals de nourriture vers lesquels ils se dirigent pour ces derniers ne les rende pas surexcités et prompts à faire des bêtises en essayant de profiter de l'alcoolémie de leurs maîtres...