Je dis ça parce que ce con juste dernière moi vient de faire un acte qu'il regrettera durant les prochaines minutes. Accompagné d'autres ivrognes assis au bar, il se met à rire bêtement. Je relève la tête, ayant perdu mon sourire pourtant constant. Ceux qui me connaissent savent que la perte de ce sourire est très mauvais présage. Me forçant pour le reprendre, et ignorant le mal de crâne du mieux que je le peux, j'enlève mon chapeau, à présent trempé d'alcool et décoré de bouts de verre, de même que ma cape et mes cheveux. Garder son sang-froid... Corriger l'insolent...
Je me retourne pour voir sa tête de clochard tout en faisant sortir un tentacule rapidement de mon dos. Il passe par les larges fentes prévues à cet effet dans ma chemise et mon manteau, et file vers la gorge de l'agresseur. Trop éméché et occupé à rire, il n'a aucune chance d'esquiver. L'appendice fait rapidement un, puis deux tours sur sa gorge avant de serrer l'étreinte et de soulever lentement le malchanceux, ne le laissant plus toucher le sol. Un autre bras de la mer émerge en même temps et va se poser au sol en entourant mes pieds, servant d'appui solide. À présent, il peut mieux voir le katana et les deux nodachis à ma ceinture, qui l'auraient peut-être dissuadé de sa bêtise. Le voyant déjà suer, c'est naturellement que le sourire me revient finalement, alors qu'il tente naïvement de desserrer de ses mains l'étranglement.
À peine terminé, deux autres tentacules apparaissent et le déshabillent rapidement. Un cinquième s'empare de la bouteille que tenait l'un de ses copains avant de l'éclater sur sa tête.
Déjà, plusieurs hommes se lèvent, certains sortent une arme parfois improvisée, prêts à protéger leur ami. Je projette donc ce dernier vers la porte de la taverne, restée ouverte, l'envoyant rouler dans la boue. Je balaye mes prochaines victimes du regard, accentuant mon sourire. Quelques-uns sont légèrement réticents, mais l'effet de groupe semble en allier un peu trop contre moi. Je vais me contenter de quelques petites humiliations, puis simplement prendre la fuite.
Deux des tentacules vont cogner les têtes de deux gaillards, deux autres chopent des chevilles au hasard qu'ils soulèvent d'un coup pour en faire chuter les propriétaires, et le dernier, qui était au sol, plonge dans ma bourse pour en ressortir quelques cristaux qu'il va déposer sur le bar en échange d'une bouteille qu'il me ramène. Ouais, j'allais pas m'en aller sans une petite consommation...
Je me rue vers la sortie en faisant disparaître les bras en trop, sauf deux qui referment les portes derrière moi, et en profite pour marcher sur celui que j'avais envoyé bouler, bousculant au passage un homme aux cheveux bleus. Faites que je n'aie pas à me faire plus violente... Mais je ne serais pas étonnée que les gens aux alentours soient alertés par les cris qui fusent dans mon dos.
"Elle est trop forte ... fuis ..."
Je ne prêtais pas attention à son discours. Je n'étais pas là en tant que garde et je ne voyais pas d'intérêt à intervenir. Visiblement, la personne en question avait réglé son compte avec le voyou et il n'y avait donc plus de problème. Quand je vis une demoiselle passée, sûre d'elle, je la saluais normalement avant de reprendre route vers la taverne. C'est alors que je vis cette dernière ravagée. Attend un peu ? Qui a fait autant de dégâts ? Et les autres matelots ... pourquoi sont ils autant terrifiés. Je n'eus pas le temps de me poser davantage de question. Je vis le barman jeter un coup d'oeil par dessus son bar et dire d'une voix affolée.
"Elle ... Elle est ... partie ?"
"Qui donc ? Ta taverne est dans un sale état."
"C'est elle ... Rattrape là ! Je sais que tu es un garde royal, tu dois le faire, c'est ton devoir ! Je payerai en conséquence ... Elle a terrifié ma clientèle. Je veux que justice soit faites, c'est pour ça que je paye des taxes !"
Je soupirais. Et voilà, j'étais encore obligé de faire la police même avec mon tour de garde terminé. Je soupirais et accédais à la requête du barman. C'était saoulant, quand la réputation de la garde était sur le point d'être entaché, je me devais de réagir.. C'est pour ça que je fis un signe au barman et lui laissait ma canne à pêche. Bon, à la place d'un peu de détente, j'allais devoir combattre une demoiselle. Pourquoi pas ? Il fallait bien que je m’entraîne n'est ce pas ? Il va falloir que je fasse le nécessaire de toute façon. Comment pourrais je me regarder dans une glace quand on dira qu'un garde royal à refuser d'aider un pauvre commerçant contre une bagarreuse des tavernes. Je rattrapais celle que j'avais saluais plus tôt dans la soirée et lui dis.
"Halte, c'est la garde, vous avez commis une dégradation conséquente à la taverne. Je vais vous demander de me suivre afin de voir quels réparations vous pourriez effectuez pour alléger votre cas."
J'avais débité cela, stoïque, et plus par habitude que par réelle conviction. En temps réel, j'aurai préféré les laisser se débrouiller, les faibles n'ayant qu'à la boucler face aux forts, mais là c'était différents, j'étais reconnu et sollicité. J'aurai bien échangé gros pour conserver ma tranquillité, mais trop tard, il fallait agir. Je détaillais la jolie jeune fille qui me faisait face. Dure d'imaginer qu'il s'agissait d'une menace, mais j'avais appris à ne pas me fier à l'apparence des gens Il y avait tellement de personnes redoutables qui se cachaient derrière un masque inoffensif. J'avais les mains dans les poches, aucune épée à la ceinture et j'étais en train de vociférer de ma voix de garde lasse, plus embêter à l'idée de devoir régler un problème, qu'inquiet de la personne que j'affrontais. J'avais cependant pris soin de laisser un certain espace entre moi et mon adversaire pour cerner son pouvoir. Il n'était pas question que j'affronte quelqu'un sans en savoir un minimum sur elle.
Sur la route, le mec aux cheveux bleus que j'avais bousculé juste avant m'appelle de derrière. Il fait partie de la garde? Je me retourne et l'inspecte, mais c'est clair qu'à son habit, il n'est pas en fonction pour le moment. Lui non plus ne comprend pas qu'il n'a rien à y gagner.
Je plonge la main dans ma bourse et lui jette une bonne poignée de cristaux qui s'éparpillent à ses pieds, avant de me retourner vers ma destination et recommencer à marcher.
Après trois pas, quelque chose tique dans ma tête. Juste une petite curiosité, qui pourrait, éventuellement, intervenir dans mes projets.
Je n'y vais pas par quatre chemins. S'il a un rôle important ou fait partie de la garde royale, il serait d'autant plus intéressant de ne pas l'avoir à dos. Et beaucoup de simples gardes de rue ne prendraient pas la peine de pourchasser un fauteur de trouble un jour de repos. Ces simples gestes montrent une certaine loyauté que je ne peux pas négliger... À moins qu'on ne lui aie simplement proposé une récompense, qui de toute façon ne vaudra pas plus que la poignée de cristaux que je lui ai balancée.
"Je suis Lancelot Steelhearth, garde royal au service de sa majestée. A votre tour de vous présenter."
Des phrases courtes, un effet d'annonce, un vouvoiement prononcé malgré son tutoiement, toute ma phrase avait été calculée. Je filtrais les informations que je lui envoyais. Mon nom et prénom, afin qu'elle sache qui j'étais, mon grade pour qu'elle ne m'accuse pas d'être un bandit de grand chemin et une question retournée afin d'identifier la personne. Je me dois de l'inscrire au rapport, j'ai déjà perdu 5 minutes de mon temps de repos à réagir sur cela, et il n'était pas question que je perde davantage de temps. Autant aller droit au but. C'est alors que je vis le tavernier sortir de sa taverne et se glisser derrière moi. Je croyais qu'il voulait me dire quelque chose, mais il avait juste profité de l'occasion pour s'approcher de la demoiselle en me prenant pour un bouclier humain. Pas de chance pour toi l'ami, je suis une épée humaine, pas un bouclier. Je tournais mes pupilles rouges vers le tavernier. Il était pas fier sur ses cannes. A défaut d'avoir le courage de se battre seul face à elle, il avait au moins le courage de venir en soutien.
"C'est elle ... elle est très forte faites attention ... Faites la payer pour ma taverne ..."
"Elle s'est déjà acquittée de sa dette, il n'y a pas de raison d'en venir au main. Voilà les cristaux pour réparation." Dis-je en lui mettant les cristaux dans les mains du tavernier
"Quoi ? Hein ? Je ... euh ... merci ! Je parlerai de vous en bien à vos supérieurs quand ils viendront boire un coup à ma taverne ... Merci ... Et toi le monstre ne t'avise pas de recommencer."
Puis il a détalé comme un lapin. Je trouvais ça amusant, un écureuil qui se dressait face à une lionne et qui lui disait comment se comporter. Il était faible, et c'était mon devoir en soi de protéger les faibles, mais le fait qu'ils se pavanent dans leurs faiblesses me donnaient des haut le coeur. C'était assez troublant de voir comment la faiblesse me faisait horreur. Et là, il n'y avait vraiment rien de pire. Tandis qu'il s'éloignait, je soupirais et tournais mon regard vers la demoiselle. Je ne sais pas vraiment ce qui s'est passé dans cette taverne, mais le tavernier en a une peur bleue maintenant. Toujours avec ma voix calme, je fini par répéter les derniers mots du tavernier vers la demoiselle
" "Le monstre" ? Rien que ça ? Vous lui avez fait forte impression apparemment ..."
...
Tu sais, sous l'émotion, on a tendance à exagérer, et même inventer... Ne dire que ce qui nous arrange, en face d'une figure de justice. Mais je n'ai aucun intérêt à cela, alors si c'est ce que tu attends, je pourrai te donner la version la plus claire et objective de ce qu'il s'est passé.
Je lui lance ensuite mon chapeau, portant en décoration l'emblème de la famille Tolevira, une fleur à cinq pétales. Un minimum de connaissances politiques lui suffira à deviner mon identité, fille unique de l'ex-gouverneur Tolevira.
J'arrive rapidement au bord du lac, qui était désert à cette heure. M'arrêtant à un mètre de l'eau, j'enlève mes bottes puis défais ma cape et la lance à l'eau. De derrière, il pouvait maintenant voir la grande fente ouvrant le dos de mon manteau et des couches inférieures. Je décroche un à un les boutons du manteau et le laisse tomber à mes pieds, rapidement suivi de ma chemise. La grande tache qui ornait mon dos, à l'endroit où sortaient les tentacules, fut rapidement visible avant que mes longs cheveux ne la cachent à nouveau. Je continue en enlevant mon pantalon, mes gants, et finalement mes sous-vêtements. La gêne ne fait pas partie de mes attributs. À présent complètement nue, j'avance dans l'eau. Des écailles mauves apparaissent progressivement sur toute partie immergée de mon corps, me protégeant de la basse température. Je plonge enfin toute ma tête dans l'eau, et disparais complètement sous sa surface... Durant plusieurs minutes.
Elle avait parlé de se baigner tout à l'heure, donc je suppose qu'elle va se déshabiller. La voyant faire, en commençant par les bottes, je décide de me retourner pour lui laisser plus grande intimité. Je me demande encore ce que je fiche ici. Elle avait juste besoin de s'exhiber devant moi ? Ou bien voulait elle que je chasse les yeux indiscrets qui pourrait se rincer l’œil sur elle ? Je n'en sais rien. Quand je me suis retourné, je n'ai vu que des vêtements sur le sol et le corps nue de la demoiselle dans l'eau. Elle se baignait nue ? Avec ce froid ? Je vis dès lors quelque chose qui attirait mon attention. Dans l'eau, il y avait un truc étrange. Dans la partie immergée de l'eau, je vis quelque chose de mauve qui détonait bien avec le côté cristallin de l'eau. C'était assez étrange, j'ai d'abord cru à un pantalon moulant qui recouvrait ses jambes. Je jetais un œil aux alentours, il n'y avait personne. Bien, encore une vacation qui va être riche en ennuie. Je pose ma canne à pêche et retire ma veste pour profiter des rayons de soleil. J'avais appris qu'il ne fallait pas brusquer les riches, c'est pour cela que j'attendais un petit peu avant de lui demander.
"Je ne comprends toujours pas ce que tout ceci signifie, il n'y a aucun danger dans le coin et je ne vois pas pourquoi vous avez tant besoin d'un garde comme moi en ces lieux."
J'avais délibérément garder le vouvoiement, je préfère rester professionnel plutôt que de tutoyer une personne maintenant et devoir la revouvoyer quand la situation le demandera. C'est alors qu'en tendant l'oreille, je n'eus pas de réponse. Je tournais la tête vers l'eau et elle avait disparu. Elle était sortie ? Non, ses vêtements sont encore là, et il n'y a pas de trace d'une quelconque personne sortie de l'eau. Je l'aurai entendu sinon. Une attaque de poisson ? Non, c'était un petit lac, il n'y avait rien de dangereux, au pire, elle aurait pu se faire mordiller par un silure, mais ce poisson ne pouvait pas l’entraîner au fond de l'eau. J'ai alors pensé à une crampe. Alors que je me levais d'un bond je m'écriais !
"ARYA ! Merde !"
J'eus à peine le temps de retirer mes chaussures et de foncer vers l'eau que ma phrase se terminait. J'avais plongé et fait plusieurs mouvements de crawl pour m'approcher au maximum du dernier endroit où je l'avais vu. J'ai pris une grande inspiration et j'ai plongé la tête sous l'eau. Je m'attendais à la trouver noyer sous l'eau, et à la place, je me trouvais face à ....
Sous cette forme, je garde presque tout le temps les bras le long du corps, n'usant que de mes appendices bien plus longs et puissants. Dans une main, je tenais toujours la bouteille achetée. Même nue, je semblais habillée d'un habit serré, une combinaison d'écailles plaquées les unes sur les autres, parfaitement lisses.
Je m'approche en un mouvement de l'intrépide garde royal et le regarde, malheureusement encore habillé. Oh, il ne m'est pas inconnu que sous cette forme, j'ai tendance à... M'obséder de la chair. Ce qui se laisse paraître lorsque ma langue fais le tour de ma dentition. Nos iris partagent le rouge du sang... Là, j'ai seulement envie de lui faire peur, de lui faire ressentir des sensations éprouvantes. Étendre ma domination dans le milieu qui m'appartient. S'il avait voulu remonter à la surface, il n'en aurait pas eu le temps. Deux tentacules l'attrapent rapidement à la taille et au torse, tandis que les autres bougent en coordination pour nous propulser vers le point le plus profond du lac. Sans le lâcher, je réduit l'écart nous séparant. Faire découvrir mon monde... C'est comme un fantasme.
Après un moment, je colle mes lèvres aux siennes et lui offre tout l'oxygène dont je n'avais pas besoin. Enfin, je relâche l'étreinte, et remonte à la surface en le laissant remonter lui-même.
Dis-moi, ça t'est déjà arrivé de lâcher prise sur toutes tes pressions et tes obligations, d'oublier un quelconque sens de la morale ou du devoir, et de simplement... Profiter? Peut-être n'en as-tu simplement pas assez l'occasion... Ou peut-être que tu ne te donnes pas l'occasion. Mais à l'instant même, tu l'as. Tu as le droit de te libérer, et d'écouter tes pulsions... Sans aucune conséquence, rien que pour le plaisir de se faire plaisir et sans retenue.
Un monologue qui, lorsqu'on fait l'effort de le comprendre et d'en tirer leçon, a le mérite d'avoir l'effet que j'escompte.
Son discours me perturbait un peu, elle avait l'air d'en savoir énormément sur moi, sur l'intérêt personnel que je porte à mon travail. Il est vrai que je passe énormément de temps à faire le nécessaire pour être irréprochable, mais la vérité, c'est que je ne suis pas moi même un saint parmi les saints. J'aimerai pouvoir me lâcher, elle a raison, montrer qui je suis vraiment au lieu de cette façade de garde. Cependant, j'avais un devoir à accomplir, et ce devoir, je ne l'aurai qu'avec de la discipline et un mental de fer. C'est pour cela que je me suis préparé à devoir affronter mes doutes. Je m'accorderai cette pause quand j'aurai atteint le sommet. Pour l'instant, je ne suis qu'au début de mon ascension. C'est alors que je tiquais sur sa dernière phrase :"Me libérer". Ah oui, j'avais même pas fait attention mais on était au plus profond du lac déjà, bon l'avantage c'est que c'est un petit lac, il ne doit pas y avoir plus de sept ou huit mètres de profondeurs grand maximum. Mais je pense que ce sera déjà un bon début de me sortir de là. Déjà, car j'ai horreur des monologues et que ce serait impoli de ne pas lui répondre, et ensuite car je commence à ressentir le manque d'oxygène. Il est temps pour moi de remonter à la surface. En l'espace d'un éclair, ma transformation créa un léger espace entre ses tentacules qui me permit de remonter vitesse grand V vers le grand air. Pffiou ! c'était sympa sous l'eau mais je me sentais un peu prisonnier. J'étais en l'air à regarder le lac vue du haut quand je me suis posé sur la terre ferme à côté des vêtements de la demoiselle. Je soupirais, cette technique ne fonctionnerait sans doute pas deux fois, et il valait mieux pour moi que le combat ne s'éternise pas. Je disais d'une voix bien forte pour qu'elle puisse m'entendre depuis les profondeurs (même si je me doutais qu'elle était remonté voir ce qu'il se passait).
"Je trouve votre façon de raconter des récits très intéressantes. Mais je dois vous avouer que je préfère le faire au grand air. En temps normal, j'aurai simplement relever les diverses infractions .... Coup et blessure, dégradations d'établissement ouvert au public, tentative de séquestration d'un personnel détenteur de l'autorité royale. Pourtant, nous sommes là parler uniquement. Tes paroles m'ont beaucoup plus, et je te remercie de penser à mon bien-être. Cependant, je ne peux pas me permettre de m'abandonner, de lâcher prise, du moins pas de mon plein gré. Alors on se retrouve face à une impasse. "
Je marquais une pause, mon regard épiait le dessus de l'eau à la recherche d'un quelconque mouvement susceptible de me mettre la puce à l'oreille sur son emplacement. J'étais suffisamment loin de l'eau pour esquiver une tentacule lancée contre moi. Je voulais vraiment pas retourner sous l'eau, et ça se comprend. C'est pour cela que j'ai décidé de défier le monstre à son propre jeu. Elle voulait que je cède à mes pulsions, je voulais des réponses. Très bien, il n'y a qu'un moyen de trancher.
"Viens m'affronter hors de l'eau, voici ce que je te propose. Si tu gagnes, libre à toi de faire ce que bon te semble. Si tu perds, tu me suivras sans faire d'histoire à la caserne la plus proche et tu raconteras toute la vérité à mes collègues de la garde. C'est à prendre où à laisser. Si tu as trop peur de m'affronter en dehors de l'eau, je le comprend, mais ça n'avait pas l'air de te déranger tout à l'heure pour affronter des hommes dans une taverne."
Voilà, le sens du devoir, elle en voulait ? Elle l'aura. Maintenant est ce qu'elle est prête à en assumer les conséquences ? Et bien seul l'avenir nous le dira. Nous sommes deux adultes sûrs de ce que nous voulons, maintenant est ce qu'elle sera prête à m'affronter à la loyale en un contre un ? Allez savoir ! Je me tenais prêt à esquiver une quelconque attaque venu de l'eau. Sur le qui vive, ma concentration était à toute épreuve. Tu voulais t'amuser ? Et bien amusons nous !
Et je vois bien l'homme que c'est, il ne succombera certainement pas à ça. Dommage pour lui. Il faut apprendre à saisir les bonnes occasions. J'ouvre la bouteille que j'ai en main pour commencer à m'en abreuver, puis la referme pour replonger dans le lac.
Il a de la chance, son pouvoir ne le désavantage pas tellement dans l'eau. Je dois rester prête s'il est assez ennuyant pour venir me chercher là-dessous. je n'ai plus qu'à espérer qu'il utilise son cerveau pour se rendre compte que c'est inutile. Il n'y a plus aucune justice à rendre.
Je repense à sa proposition, qui tout compte fait, pourrait devenir intéressante avec une légère modification... Je remonte donc tout de suite à la surface et reprend la parole.
Voilà un marché équitable comme je les aime.
"Il va falloir être plus précise que cela, je ne peux pas accepter quelque chose que je serais susceptible de ne pas faire après. Imaginons que vous me battez à la régulière, et que vous me demander deux jours plus tard de tuer le roi, mon sens du devoir passera avant mon honneur et je ne serais pas en mesure d'honorer ma parole. Et comme ce n'est pas dans mes habitudes de ne pas honorer mes engagements, je vous demanderai de parler de quelques choses de précis. Tant qu'il ne s'agit pas de faire du mal à quelqu'un de près ou de loin, je suis prêt à tout entendre."
Tout ? Bon on va dire une bonne partie. Je n'ai pas de réel limite dans mes paris si ce n'est que je n'accepterais jamais de blesser ou tuer une personne pour honorer une parole. Il y a des milliers de causes pour lesquelles je suis prêt à mourir, mais très peu pour lesquels je suis prêt à tuer un habitant du royaume d'Aryon. J'étais devenu garde pour protéger les faibles contre les forts et même si son histoire me faisait dire que c'était un juste retour des choses, elle avait quand même martyrisé bon nombre de ces saoulards et ce sont des faibles. Entendez moi bien, je méprise les faibles au plus haut point, ils me dégoûtent. Mais je me dois de les protéger, c'est un devoir morale et professionnel. Je m’assois au sol, les bras tombant doucement sur mes jambes. Je ne la quitte pas du regard et mon visage reste impassible. On aurait pu croire qu'il n'y avait plus d'émotion en moi, et pourtant, j'étais là à vouloir faire régner la justice là où une jolie demoiselle me proposer de passer du bon temps. On peut perdre beaucoup de chose dans la vie, mais l'honneur perdure même après la mort. Et j'entends bien la garder jusqu'au bout. J'eus soudain un éclair de lucidité et me mit à réfléchir quelques secondes. Je repris la parole
"Je change ma mise, si je gagne, tu devras me promettre de rester proportionnel à l'agression qui t'es faites et de ne rien saccager autour de toi. Tu auras le droit de te défendre si on t'attaque, mais pas de détruire et plier ton adversaire. Pour ce qui est du gage que tu me réserves, je suis tout ouïe."
Mon regard avait changé, il y avait de l'amusement et de l'intérêt dans ce dernier. Montre moi Arya, toi qui veut me promettre un monde sans conséquence où je n'aurai rien d'autres à faire que de lâcher prise. Montre moi ton monde, je t'ai montré le mien, lequel des deux sera le plus satisfait du résultat, et surtout ... te crois tu assez forte pour me battre ?
Voilà qui devrait le torturer un peu et m'offrir un bel atout à l'avenir.
Pas la peine d'abîmer mes vêtements dans ce combat. Je sors de l'eau, toujours sous ma robe d'écailles, et me contente de prendre mes trois armes. Le katana dans la main gauche, et les nodachis tenus par les deux tentacules les plus hauts. Leur force permettait de manier de telles armes aussi fluidement qu'une rapière.
Et pour être honnête, je ne vois pas beaucoup de raisons intelligentes de se désister. Puis je commence à avoir la dalle...
"Bon, vu que nous n'arriverons pas à trouver un compromis en ayant chacun notre version de ce que l'on attend de l'autre, nous allons faire plus simple. Voilà ce que je te propose, 24 heures où le perdant ou la perdante fera ce que l'autre veut et sans rechigner. Si tu me demandes de mettre mon honneur de côté pendant ses 24 heures, je serai tout à toi. Cependant, je dois t'avertir d'une chose. Si je suis prêt en cas de défaite à faire ce que toi tu me demandes pendant 24 heures, j'attend de toi que tu fasses tout ce que je TE demande pendant 24 heures si je l'emporte. "
Mon regard ne laissait transparaître aucun doute désormais. J'avais englobé deux choses importantes, tout d'abord le cycle de 24 heures, elle pouvait s'imaginer de nombreux scénarios durant ce laps de temps et cela pouvait l'appâter pour qu'elle morde à l'hameçon. Ensuite, l'obligation de servir pendant 24 heures, je trouverais bien de quoi l'occuper pendant ce temps. Elle était vindicative, et semblait prête à tout pour obtenir ce qu'elle désirait. Elle pensait avoir l'avantage, sinon elle n'aurait jamais accepter de pourparler avec moi afin d'établir des règles concrètes sur le déroulement de notre combat. La libido de la demoiselle semblait être importante, et grâce à Lucy, je peux dire que j'ai un mental de fer contre l'appel de la chair. Cela m'a permis par le passé de rester en vie dans des situations des plus compliqués. Je suis quelqu'un qui joue énormément avec le feu, et un jour je vais me brûler à agir ainsi je le savais. Mais il fallait qu'elle accepte ma proposition. Il faut que je rajoute autre chose pour être plus vendeur, mais quoi ? Repensez à la manipulatrice, se demander qu'est ce qu'elle pourrait sortir à ma place. Hum, oui ça me semble être une bonne idée, si je n'étais pas aussi peu convaincu. Je me répéter cette phrase dans ma tête plusieurs fois jusqu'à ce qu'elle semble naturelle avant de finalement l'ajouter à ma précédente proposition.
"Tu sais, la seule chose qui me retient à l'heure actuelle de ne pas céder à mes pulsions, c'est mon honneur. Une chance que je t'ai proposé de les mettre de côté si je perds. Je serais presque tenté de faire exprès de perdre, mais bon, ce n'est pas dans mes habitudes."
Jouer avec le feu, c'est un peu ça, dire à une noble en feu que j'étais prêt à m'abandonner à elle si elle gagnait mais en des termes plus implicites. En réalité je n'étais pas trop pour, mais au moins je forcerai le destin en l'attaquant là où ça fait mal. Comme quoi, rencontrer des manipulatrices permet d'avoir un jeu différent au moment des négociations. J'avais eu le temps d'analyser son pouvoir. Des écailles assez solide pour retenir mes lames, et des tentacules puissantes qui finirait le combat si elle arrivait à m'empoigner dans mon état humain. Vu le peu de force qui lui a été nécessaire pour me séquestrer sous l'eau, je sais très bien que la prochaine fois elle ne se fera pas avoir par mon tour de passe passe. Même si elle semble obnubilé par d'autres motivations, elle semble intelligente, et ça serait prétention de me dire que je pourrais m'en sortir uniquement par mon pouvoir. J'étais sur son terrain, je devais y faire face. Et il y a une chose que je suis certaine durant ce combat, c'est que peu importe l'issue, après ce que je lui ai proposé, elle fera tout pour l'emporter. Que Lucy m'accompagne, je crois que j'ai réveillée une force que je ne pourrais sans doute pas contrôler. Le combat pourrait partir d'un moment à l'autre, il est temps de me préparer à affronter ce qui se fait de pire sous l'eau.
Je suis suffisamment joueuse pour accepter les risques et incertitudes d'un tel pari. Il n'a pas l'air de bien se rendre compte de ce que je pourrais lui infliger en un jour... Mais il pose le doigt sur un très bon point concernant son honneur. Ça ne m'étonne pas que la source de ses refus ne soit autre que cet artifice gênant qu'est l'honneur. J'a beau avoir cru dompter cette illusion à plusieurs reprises, elle revient toujours me mettre des bâtons dans les roues d'une façon innovante... L'honneur est un peu mon ennemi. Mais il n'y a rien de plus jouissif que de l'ôter à un homme qui ne vit que de ça. J'ose espérer qu'il ne ment pas à cet instant. La confiance aussi, est détestable... Si instable.
Juste avant de lui répondre, j'eus une petite pensée qui m'arracha un sourire malin. Une petite lumière que je vais garder et dont je vais me délecter plus tard...
Le garde a l'air très confiant, il a vu mon pouvoir et pense pouvoir le gérer, à moins qu'il ne bluff. Ce que je pourrais très bien faire également... Mais pour l'instant, je vais rester sérieuse et ne pas me laisser perdre par mes excès de confiance. Il cache probablement encore des choses, ce n'est pas le moment d'être insolente comme à la taverne. Je devrais pouvoir me servir de la végétation si besoin. Mais si ça tourne mal, j'ai bien plus vicieux en poche... Mais je ne pense pas que cela devrait s'éterniser.
Toutefois, tout grand pouvoir implique un grand effort. Au vue du nombre de tentacule qu'elle m'a montré tout à l'heure, je vois qu'elle peut en invoquer huit d'un coup. Cependant pour arriver à mouvoir les huit en même temps, cela doit lui demander un effort de concentration des plus intenses. Je ne peux pas croire que l'un de nous gagne ce combat sans en avoir bavé un minimum. Hum très bien, il est temps de commencer. Je me relevais et essuyer le sable de mes fesses. Je retirais mon pantalon, mes chaussures puis mes chaussettes et je me fis craquer la nuque. J'étais plus qu'en boxer et j'espérais que cette vision déstabiliserait un peu la demoiselle. En temps normal, je ne retire que le haut qui est la seule chose que je n'arrive pas encore à métamorphoser en même temps que moi. Je lui fais signe de s'approcher sur la terre ferme d'un geste de la main. Une fois cela fait je récapitule une dernière fois les règles.
"Bien, combat sur la terre ferme uniquement, si des civils s'approchent interdiction de les attaquer. Le combat sera gagné par celui ou celle qui mettra l'autre K.O ou le fera abandonner. Pas d'objection ? Parfait. On essaie de rester aux alentours du lac autant que possible, ça sera plus sûr."
Plus sûr pour nous ? Non, plus sûrs pour éviter que des petits curieux nous voyant nous battre s'approche de trop près. Je suis précis avec mon pouvoir tandis qu'Arya manie de grande tentacule qui pourrait facilement assommer un malheureux sur son passage. Notre combat promettait d'être mémorable. Et tandis que je m'étirais, je m'approchais lentement d'elle, inexorablement. J'attendais le moment opportun pour frapper. Il ne tarda pas de venir. Elle était fine combattante car à peine eut elle compris ce que je manigançais qu'elle se mit en position. Son nodachi était de sorti et de je m'étonnais qu'elle veuille m'attaquer avec son épée alors qu'elle a l'avantage de pouvoir me tenir à distance avec ses tentacules. Je fonçais donc sur elle en forme d'épée et échangeais quelques coups avec elle. Elle était habile comme bretteuse, ou bien j'avais du mal à garder le focus sur sa lame sachant que ses tentacules pouvaient sortir à n'importe quel moment. Son apparence nue me donnait un avantage certains, elle ne pouvait pas utiliser ses vêtements pour dissimuler ses tentacules. Par contre, cela me donnait aussi un inconvénient, j'avais du mal à la fixer autre part que dans les yeux. C'est étonnant de dire cela étant donné que je n'ai pas vraiment d'yeux quand je suis sous forme d'épée, en voyant que je n'arrivais pour le moment pas à provoquer de brèche dans sa garde, je m'envolais au dessus d'elle.
J'avais conscience de la dangerosité de ces tentacules et c'est pour cela que je me tenais à distance. J'entamais dès lors un travail de sape. J'attaquais habilement comme une blitzkrieg. Je faisais tourner mon épée autour d'elle, et puis quand je voyais une petite ouverture je tentais une approche, puis repartait aussitôt que la situation le nécessité. Mon but était clairement de la fatiguée, et je faisais exprès de ne pas commettre la moindre faute qui pourrait me faire être attrapé par la demoiselle. Je le savais, il était aussi difficile pour une tentacule d’agrippée une épée volante de ma taille que pour un humain d'attraper un moustique au vol. Il fallait que je gagne du temps.
Je me contente d'une parade des plus basiques et, à peine fut-il assez proche, je relève les tentacules autour de lui pour les courber et l'enfermer dans un cocon rapidement serré. Heureusement pour lui, il prenait bien des précautions, et à peine mes tentacules relevés, il se désengage, ayant à peine frappé le bout de ma lame. Il se rendrait bien vite compte, si ce n'est pas encore fait, que m'approcher ne serait pas une mince affaire. Je repose donc les tentacules au sol directement, minimisant l'effort par des mouvements brefs. Je reste concentrée sur le petit bout de métal, qui me semble plus insignifiant chaque seconde. Il tente encore plusieurs approches dont le schéma est répétitif, et se désengage au moindre mouvement tentaculaire. Finalement, je n'avais qu'à réagir légèrement à chacun de ses déplacements pour l'empêcher de venir m'attaquer. C'est bien simple, s'il osait trop s'approcher frontalement, il y resterait.
Je lui envoie une petite pique sans baisser ma garde.
Le début de combat est des plus soporifiques. S'il espère une erreur de ma part, c'est sous-estimer ma patience, mais très bien estimer mon arrogance. Dommage, celle-ci n'apparaît que quand ça devient amusant. En me laissant me contenter de peu de mouvements, il m'autorisait une respiration reposante et une concentration optimale.
Cela dit, il y a bien de petites choses que je pouvais tout à fait m'autoriser pour l'instant. C'est à titre de test, j'ai besoin d'un peu plus d'informations sur son fonctionnement sous cette forme. Par exemple, ses méthodes de détection...
L'idée la plus simple qui me vint fut d'enlever les écailles qui recouvraient mon corps. S'il lui restait une once d'humanité, il aurait peut-être une micro-réaction à m'offrir pour cette vision gênante.
"Et bien, ne soyez pas impatiente, il y a toujours le hors d'oeuvre avant le début du repas. Et c'est un plat fort appétissant que j'ai là, je ne voudrais pas le dévorer trop vite."
Sachant que son corps était hors de portée pour le moment, je me suis dis qu'il valait mieux concentrer mes efforts sur les tentacules. Elle en avait quatre mais pouvait en faire apparaître quatre autres sans difficulté. Deux tiennent les nodachis donc ils ne sont pas vraiment une menace pour moi sous cette forme. L'acier contre l'acier, ça résonne et ça me projettera peut être, mais ça ne m'entaillera pas. Ce qui m'intéresse davantage, c'est qu'avec ça entre les tentacules, elle n'aura pas le plaisir d'attraper ma lame. Pas sans lâcher les lames en questions. Mon épée s'élança, croisant le fer avec les nodaichis pour vérifier sa force de prise. Ce ne sont que des tentacules, mais elles ont une force bien suffisantes pour ne pas lâcher le nodaichi au premier choc. C'est ainsi que de nombreux chocs se firent. Tout d'abord, focus son attention sur ses deux tentacules armés. Puis me rapprocher suffisamment d'une des tentacules libres de tout mouvement pour tenter de l'entailler voir si je pénètre bien la chair de la créature. Une fois mon assaut effectué, je n'avais pas senti grand chose. Soit ma lame avait entaillé la créature mais peu profondément, soit elle l'avait esquivé, je ne sais pas vraiment à dire vrai. En tout cas, j'étais passé à l'offensif. Sa défense est formidable il faut l'avouer, mais il est temps d'attaquer sur un autre flanc.
"Hum je suis déçu, je croyais que tu étais plus pressée que ça pour venir flirter avec moi ..."
Dis-je de ma voix métallique toujours sur une intonation charmeuse cependant. Il fallait la pousser à la faute, c'était peut être ça qu'il me manquait au final dans la plupart de mes combats. J'étais devant elle, à une dizaine de mètres mais flottant non loin du sol. J'allais voir si elle pouvait se décider à passer à l'attaquer ou bien si j'allais devoir faire de l'attaque-défense toute la sainte journée.
Lorsqu'il me lance une pointe à son tour, m'invitant à devenir plus offensive, je ne peux m'empêcher de sourire devant tant de naïveté. S'il pensait me faire céder avec ce genre de petites provocations, il n'avait aucune idée de la cour dans laquelle il joue. D'autant que mon envie charnelle grandit aussi longtemps que j'utilise mon don, autrement, dit, tenir ce combat en longueur est plutôt bénéfique à ma libido.
Je profite des courts répits pour penser à des manières de le piéger, tout en revêtant ma robe écaillée. Je n'ai pas vraiment d'autre choix que de faire des test pour le moment, et espérer trouver des failles sans trop me fatiguer. Je pourrais m'autoriser de temps en temps des excès d'énergie brefs, du moment que je suis sûre de pouvoir reprendre ma respiration ensuite en cas d'échec.
Je tente donc d'appliquer la première petite stratégie qui me vient. Les tentacules libres rejoignent ceux armés et s'y collent simplement, formant deux couples complémentaires. Un cinquième ressort de mon dos et traîne au sol derrière mes pieds, pouvant servir d'appui ou de rattrapage d'urgence. La solution était peut-être de faire expressément des erreurs pour inviter le garde à faire les siennes. J'envoie l'un des couples vers lui pour donner un large coup de sabre horizontal, qui l'enverrait quelques mètres plus loin s'il venait à encaisser.
"Aie, je savais pas que t'étais aussi forte, si j'avais su j'aurai peut être pas parié ..."
La mettre en confiance, qu'elle se sente supérieur à moi. C'était mon but, je n'étais pas habitué à ce genre de stratégie donc ce rôle me convenait à ravir. On se méfie d'un homme fourbe quand il utilise ce genre de stratégie, là je suis un homme d'honneur donc du coup on ne sait pas que la ruse est dans mes cordes. J'avais eu la confirmation par mon père qui m'avait dit que retourner le cerveau de son adversaire était une technique tout à fait honorable et demander une grande maîtrise. J'étais stratège à n'en pas douter, mais j'étais encore débutant dans l'appréciation des personnes en face de moi. Peut être qu'elle allait justement être beaucoup trop suffisante et juste se moquer de moi pour faire durer le spectacle. Ou bien me laisserait elle une ouverture par suffisance que je puisse m'engouffrer dedans. Dans les deux cas, cela m'arrangeait. J'étais en caleçon, semblant d'être sonné sur le bord de l'eau. Qu'est ce qui pourrait la retenir d'attaquer ? Je me faisais craquer la nuque et simuler l'homme qui voulait garder le visage fier malgré la douleur. En réalité son coup, j'avais plus ressenti un effet de happe, comme lorsqu'on prend soudainement de la vitesse qu'une quelconque douleur. J'étais fais de métal en épée, je n'avais pas de nerf. Mais ça, personne ne pouvait le savoir, après tout ce n'est que mon ressenti personnel. Il fallait qu'elle continue de m'attaquer, encore et encore. Elle se fatiguera et son arrogance me laissera l'avantage. Temporiser jusqu'à l'ouverture, voilà mon plan.
Je me re-transformais en épée et cette fois j'ai frappé à la base de la tentacule. Si cela avait été un bras, j'aurai frappé au niveau du poignet, juste en dessous du point d'accroche de l'épée pour continuer d'essayer de l'affaiblir. Je ne fis pas durer mon assaut trop longtemps, je devais faire genre d'avoir reçu un gros choc tout à l'heure lors de l'impact. Ce n'était pas très glorieux comme méthode de combat, j'ai toujours préféré foncé dans le tas, mais là je n'avais pas d'autres choix. Arya était une combattante à ne pas prendre à la légère et il fallait bien que la batte pour obtenir ces précieuses vingt quatre heures. Je me le devais, perdre aurait des conséquences inavouables pour moi. Relâcher la pression ne serait pas chose facile, j'étais tenté de continuer d’enchaîner les assauts pour forcer sa capacité, mais je devais aussi jouer le jeu.
"Hé bien, hé bien, ton offre est alléchante, mais je pense que j'ai besoin de me faire tanner un peu plus pour accepter cette idée ..."
Provocateur ? Complètement, mais il fallait que je la fasse passer par toutes les émotions possibles. Pour la réussite du combat, il fallait que je fasse bouillir la cocotte minute jusqu'à ce qu'elle explose. Allez Arya, montre moi ce que tu sais faire.
Il revêtit justement sa seconde forme et repart à l'attaque. Et comme si ce n'était pas déjà assez, il fait pile poil l'erreur que j'attendais de lui. Il tente de s'attaquer à l'extrémité du tentacule, juste avant la poigne du nodachi. Je ne lui laisse pas une fraction de seconde pour rattraper son erreur: quitte à encaisser son coup, le tentacule attaqué lâche son nodachi pour s'enrouler d'un éclair autour de la lame de l'épée. Le deuxième tentacule qui y était collé, réagit de la même manière, s'enroulant autour de l'autre côté de l'épée en faisant un mouvement légèrement plus ample au cas où il aurait un mouvement de recul pour s'échapper. Je serre les dents en sentant l'épée percer les écailles et entamer ma chair, sans me laisser déconcentrer.
Si l'entrave était réussie, je n'aurais plus qu'à serrer fortement sur la lame afin de la plier, en espérant ne pas être en train de lui briser la colonne vertébrale. Je ne voudrais pas rendre service au royaume en éliminant ses unités défaillantes.
Une théorie qui faisait un certain sens. Il se sentirait légitime d'honorer un pari perdu au combat. Pourtant, c'est étrange qu'il ne cherche pas à montrer la force de la garde...
"Non ! Ne plie pas ma lame ... Je préfère encore te dire ..."
Et j'enclenchais mon plan. Tournoyant rapidement, à bout pourtant, ne laissant pas grande marge d'esquive aux tentacules, Galaad sectionna les deux tentacules comme s'il s'agissait que de beurre. Puis rapidement et profitant de l'effet de surprise se planta au pied de la demoiselle puis se mettant sous sa forme humaine. Elle devait avoir conscience que j'aurai pu la poignarder à cette distance pour remporter ce combat, mais à la place j'avais dé-morphosé et mes bras l'entourèrent quand mes lèvres vinrent se poser sur les siennes. C'était un baiser passionné. Il n'y avait là plus aucune trace d'animosité dans mes actes. Le combat était fini. Je n'ai pas asséné le coup final car ce n'était pas nécessaire. Je ne suis pas quelqu'un qui prend plaisir à violenter les gens, encore moins les femmes. Je ne pouvais pas me permettre de lui faire du mal gratuitement. Elle était intelligente et avait sans doute compris le but de ma manœuvre. Désormais je lui rendais ce baiser qu'elle m'avait donné sous l'eau tout à l'heure. C'était un peu ma façon à moi de dire , 1 à 1, balle au centre. J'affichais un sourire sincère et fini par ajouter à mon baiser.
"Que tu embrasses vraiment bien ..."
Je ne la quittais pas, mes bras toujours autour d'elle. Si elle le voulait, elle pouvait tout aussi bien être mauvaise perdante et m'attraper avec ces tentacules. Ce n'est pas bien grave, je ne pense pas que ce soit une meurtrière. J'avais fais ce qu'il me semblait juste de faire et ce que me dicter mon cœur. Que ce soit de l'honneur ou autre, peu importe.