Zahria prend bien le temps de faire le tour de la place, cherchant à différencier les statues, à la recherche d'un indice quelconque. Elles sont toutes identiques. Soit le sculpteur avait un sacré coup de coeur pour une bestiole pas comme les autres, soit les membres de cette race sont très similaires. Dans les deux cas, ce n'est pas rassurant, car elle n'a jamais rien vu de tel, et pourtant ça a l'air suffisamment connu ici bas pour qu'on en fasse au moins huit fois le portrait. Le fait que cette bestiole puisse porter des armes diverses - seul élément pouvant différencier les statues - n'est plus rassurant. Un humanoïde qui manie quatre épées en même temps, avec suffisamment d'intelligence pour se faire tailler le portrait sur de la pierre, et suffisamment d'égocentrisme pour le faire figurer huit fois sur une place publique... Peut-être dans plusieurs millions d'années il serait courant d'afficher sa tête sur un forum, mais pour l'instant ça inquiète Zahria plus qu'autre chose. Elle espère surtout qu'ils ne tomberont pas sur ces créatures.

Un éclair s'élève alors derrière eux, dans la direction du poste de sécurité. Un groupe aurait-il été mis à mal ? Zahria ne peut s'empêcher de penser à Luz. Elle a entrevue la jeune femme à son arrivée, mais elle n'a pas vu dans quelle direction ni avec qui elle partait. Si elle a dû utiliser son pouvoir, c'est certainement qu'elle a dû rencontrer des créatures hostiles elle aussi. Enfin, rien ne dit que cet éclair soit de son fait. Mais en tout cas, il est presque rassurant de savoir que d'autres groupes sont à portée de signal lumineux... Les bâtons d'alarme pourront donc avoir leur utilité...

La voix d'Arthorias s'élève alors pour leur intimer de quitter la place et se diriger vers le grand bâtiment qui leur fait face. Ça semble être une bien bonne idée, et Zahria emboîte le pas de son colocataire, quand un deuxième événement encore plus sinistre que le premier vient interrompre leur tranquille promenade. Cette fois-ci ce n'est pas visuel mais sonore. On comprend aussitôt, même sans être un spécialiste en zoologie, que quelque chose - de gros - vient de mourir en souffrant. L'espionne n'a pas le temps de trouver une cachette pour son groupe que des pas se font entendre et qu'une créature apparaît dans une des rues, les ayant très clairement repérés. L'unicorne s'agite, ce qui n'est pas très bon signe. Zahria ajuste ses lunettes de jour neuves, et la voit avant ses deux compères: une créature à quatre bras, tout juste comme celles des statues, celle qu'elle espérait une minute plus tôt ne jamais rencontrer. Elle hurle et ne semble pas apprécier leur présence sur SA place. Quelque chose coule le long de ses quatre bras... du sang ?

Le sang froid du jeune capitaine de la garde royale parle alors pour lui - il ferait mieux de se taire d'ailleurs, s'il veut garder son poste quelques semaines de plus - et le voilà qui s'avance pour faire barrage entre les deux femmes et la créature menaçante. Zahria a compris le message. Elle tend son bras droit et fait reculer Rebecca à une distance raisonnable, profitant de ce moment de maigre répit offert par Arthorias pour se préparer au combat inévitable qu'il a entamé. Après avoir placé la jeune femme en sécurité dans le porche d'une maison vide à l'orée de la rue par laquelle ils sont arrivés, elle pose son barda et accroche sa torche à un anneau en métal, libérant ainsi son corps de tout poids inutile. Elle se saisit ensuite de son épée dans sa main droite, et de la source de la lumière de la torche dans la gauche, et reste en garde, prête à bondir à la moindre occasion, mais ne souhaitant pas non plus laisser la frêle citoyenne livrée à elle-même... La fuite est aussi très envisageable, elle sait au moins que la rue devant laquelle elles sont placées est sûre puisqu'ils viennent de la parcourir sans encombre...

Résumé: