Arthorias avait eu un dossier prometteur, le genre de dossier qu'il était difficile d'ignorer, même quand on était exigeant
Le capitaine regarda pendant un moment le dossier sous ses yeux répétant le nom pour lui même.

-Jaina Stonebridge....

Sa main souligna encore une fois le nom, avant qu'il ne finisse par prendre sa décision, se levant de son bureau pour se diriger vers son présentoir d'armure.
Là trônait sa nouvelle armure, récemment forgée. Elle était magnifique, et ne laissait plus douter de qui il était comme avant, l'or et l'argent se mêlant dans le métal pour en faire une pièce de forge unique.

Un grand panache bleu cyan trônait sur le casque qu'il enfila sur sa tête, rageant patiemment ses cheveux sous le heaume d'acier.
Les deux prétoriens en faction devant son bureau se mirent au garde à vous, surpris de le voir sortir aussi tôt dans l'après midi, demandant de façon hésitante

-Mon capitaine ?

-Une entrevue de dernière minute

Les deux hommes esquissèrent un signe de tête, retournant à leur rôle de statue inamovible.
Arthorias lui retrouva son cheval caparaçonné l'enfourchant sans perdre de temps pour quitter l'île qui servait de casernement à la garde royale, orientant ce dernier directement vers la caserne, là ou la jeune femme devait terminer son service.

L'étendard royal sur son harnois lui permis de passer facilement partout sans que l'on ne lui barre le passage, les portes de la caserne s'ouvrant d'elle même lorsque la vigie reconnut le capitaine.

De là, l'officier se dirigea directement vers l'officier de Jaina, débarquant dans son bureau pour demander à ce qu'elle soit convoquée immédiatement dans le bureau.
L'officier qui de prime à bord paniqua compris rapidement qu'il n'était pas question de discipline et obtempéra, envoyant sans plus tarder un soldat aller la chercher.

-Dite moi mon capitaine, c'est pour des raisons personnelles ?

L'officier en armure tourna son heaume blindé vers le lieutenant, secouant la tête avant de répondre

-Professionnel.

Jaina venait tout juste de terminer son service et on ne pouvait le nier, la fatigue se lisait légèrement sur son visage. Elle n’était pas habitué d’opéré si tôt et préférait les rondes de l’après-midi ou de soirée, bien qu’elle n’en aille jamais fait part à ses supérieurs. Elle était plutôt du genre obéissant et ne se plaignait jamais de la charge de travail qu’on pouvait lui donner. La Garde aimait ce qu’elle faisait et ne regrettait en rien son choix de vie.

La demoiselle se dirigeait vers sa chambre dans un cliquetis métallique que faisaient ses bottes ainsi que le reste de son armure qu’elle rêvait de retirer pour le reste de la journée. Elle allait s’écraser comme une grosse patate dans son lit et n’allait très certainement pas bouger et en profiterait certainement pour lire un peu. Oui, la jeune femme aimait bien lire depuis sa jeune enfance. Cela lui permettait d’aiguiser son esprit et de se détendre le soir venu. Elle allait déposer sa main gantée sur sa porte, mais elle entendu des pas pressés se diriger en sa direction. Sa tête se tourna alors vers ladite personne qui semblait essouffler et quand celui-ci remarqua qu’il avait capté le regard bleuté de la demoiselle, il lui fit de grands signes. Jaina attendit alors à sa porte que celui-ci la rattrape. Elle le reconnut lorsque ce dernier fut à quelques pas d’elle, sachant qu’il s’agissait d’un des gardes qui agissait directement à la demande de leur chef de division. Ses yeux se plissèrent s'interrogeant sur la raison de sa présence.

L’homme soupira fortement et reprit rapidement son souffle. Il avait sûrement fait le tour de bâtiment pour chercher la demoiselle qui venait d’arriver.

- Jaina, le chef te demande à son bureau et je ne sais pas ce que tu as fait, mais le Capitaine de La Garde royale y est aussi… »
- Le Capitaine de la…, les mots s’étranglèrent dans sa gorge.

Elle déglutit péniblement. Cette fois-ci, elle était cuite. Elle ne savait pas ce qu’elle avait fait, ni pourquoi on la quémandait, mais la demoiselle ne put empêcher le stress de monter rapidement en elle. Elle sentit un filet de sueur perlé sur son front qui se trouvait toujours protéger sous son heaume couronne. Bref, si elle était convoquée, il n’était pas le temps de se poser des questions ni le temps de se changer. C’est donc avec tout son attirail qu’elle accompagna le garde se rendant ainsi au bureau où l’attendaient les deux hommes.

Jaina attendit que l’on signale sa présence avant d’entrer dans le bureau ou se tenait son chef ainsi qu’un homme en armure dont on ne voyait pas l’apparence. Jaina fut frapper par la beauté de la cuirasse ce dernier ce perdant légèrement dans la contemplation des détails, puis elle réalisa finalement dans la situation qu’elle se trouvait. Elle frappa alors son talon droit sur le sol tout en portant son point sur son cœur d’un mouvement rapide saluant ainsi ses supérieurs.

« Jaina Stonebridge, au rapport! »

Elle resta droite comme une parfaite petite statue fixant droit devant elle.

Ainsi c'était elle la fameuse Jaina, le rapport mentionnait beaucoup de choses, mais certainement pas son physique, et l'officier fut frappé de trouver une jeune femme aussi belle ici, les garde étant plutôt du genre bourru en règle générale.
Les bras croisés sur son torse, il laissa la jeune femme se présenter de manière officielle, delà, il fit un signe de main au Lieutenant à côté de lui, indiquant par la même qu'il prenait le relais à partir de là.
Arthorias s'avança au devant de la jeune femme, la fixant derrière son heaume avant de dire.

-Repos Garde Jaina.

A son tour il salua de manière formelle, son gantelet blindé frappant sa cuirasse dans un fracas métallique alors qu'il finissait par porter les mains à son casque le retirant pour laisser dérouler ses longs cheveux d'or, sa mèche habituelle venant couvrir son oeil vert alors que l'autre, d'un gris glacé la fixait intensément.

-Je suis le Capitaine Hekmatyar, de la Garde Royale, j'ai à vous parler... Personnellement.

Son ton ne suggérait rien de chaleureux, même si la vérité était toute autre. A vrai dire il aurait préféré quelque chose de plus informel, mais il ne voulait pas que l'élite du royaume soit considérée comme laxiste.
Se mettant à marcher, il lui fit signe de le suivre, remerciant le lieutenant d'un signe de la main.

-Je suppose que vous ne savez pas pourquoi je vous ai fait convoquer en urgence, mais je tiens à vous rassurer, vous n'avez pas de procédures disciplinaires sur le dos.

Chose importante à préciser, les Capitaines se déplaçant rarement pour taper la discute aux gardes sans raison.
Rarement oui car il ne venait pas ici sans raison. La laissant respirer, il se dirigea vers la cours, préférant largement parler à l'air libre et pas dans un bureau ou chaque fait et geste serait amplifié et déformé par des oreilles en trop.

-Vous êtes dans l'institution depuis suffisamment longtemps pour que vos état de service parlent pour vous, et j'ai eu votre dossier sous es yeux suffisamment de fois pour reconnaître un bon élément.

L'officier était plutôt hésitant sur le fait de comment présenter la chose, c'était l'un de ses premier candidats après tout.

-Dites moi, qu'est ce qui vous motive vraiment dans votre métier, et parlons de soldat à soldat, oubliez que je suis capitaine

"Je ne le suis pas depuis longtemps" Voulu t-il dire. Du temps ou il n'était qu'un garde royal parmi tant d'autre, il aurait sans doute fait autrement, saluant la jeune femme joyeusement avant d'aborder la conversation sur un ton plus normal.
Mais non il fallait pour le moment mettre les formes.

Jaina reposa son bras que lorsqu’on lui demanda, car pour elle, il s’agissait d’une marque de respect à l’égard de ses supérieurs. Elle devait obéissance à ses supérieurs et ne devait pas questionner les décisions de ces derniers. Elle leur faisait une confiance aveugle tant que cela ne faisait pas de mal aux membres de la population qu’elle s’était jurée de protéger. Elle observa alors de ses grands yeux bleus le capitaine qui se présentait finalement à elle. Jaina n’était pas de la garde royale, mais elle connaissait, du moins, de nom, le capitaine de cette garde. Le voir maintenant devant elle la surprenait toujours tout autant. Il devait lire les questionnements dans le visage de la blondinette, car elle ignorait toujours la raison de sa présence. Elle ne l’avait jamais croisé, ne lui avait jamais parlé et il ne l’avait jamais vu en action, alors pourquoi le Capitaine Hekmatyar souhaitait lui parler personnellement?

Le niveau de stress de la demoiselle augmentait telle une montagne russe escaladant les rails sur lesquels il était fixé. Son dos était tendu alors qu’elle gardait sa main gauche sur la garde de son épée. Elle hocha négativement la tête lorsqu’on lui demandait si elle avait connaissance de sa présence en ces lieux et elle sentit un poids libéré ses épaules lorsqu’il lui mentionna qu’il n’était pas ici pour sévir. Si la demoiselle n’avait aucune onze de professionnalisme, elle aurait très certainement soupiré fortement, mais elle n’en fit rien. Elle le pensa seulement gardant son regard rivé sur l’homme à la chevelure d’or qui décida de quitter le bureau.


La demoiselle se dépêcha alors de le suivre essayant de synchroniser sa démarche à la sienne tout en respectant une certaine distance avec son supérieur. Elle observa ses longues jambes amurées et se demandait comment il faisait pour marcher aussi vite. Enfin, la demoiselle devait presque sautiller pour rester près de ce dernier. On pouvait entendre le bruit que son armure faisait chaque fois que ses hanches bougeaient et chaque fois que l’un de ses pieds atterrissait sur le sol.

Se trouvant maintenant dans la cour, l’homme s’était finalement arrêté pour lui parler de son dossier. Jaina ne trouvait pas son parcours des plus exceptionnels et encore moins pour qu’on veuille regarder son dossier. Ses joues rougirent légèrement au compliment de ce dernier, puis humble comme elle était, elle répondit finalement à ce dernier.

« Loin de moi l’idée de vous contredire, Capitaine, mais je crois que certains gardes mériteraient d’avantage vos compliments bien que je vous remercie de votre sincérité. »

Elle se tut un instant, réfléchissant à la question de celui-ci. Ce n’était pas une question facile, car elle méritait réflexion et sentiment à la fois. Il s’agissait de son métier après tout, de son choix de vie qui aurait pu être aussi toute autre chose. Alors pourquoi était-elle devenue membre de La Garde civile? Elle frotta légèrement son menton entre son index et son pouce toujours gantés. Puis elle reprit sérieusement.

« Je ne connais pas mes parents et j’ai été abandonnée au temple de Lucy pour finalement y grandir. J’ai été élevée par de parfaits inconnus qui n’avaient rien de familier avec moi et qui ont, pourtant, décidé de tout donner pour que je ne manque de rien. Ils m’ont éduquée, habillée, logée et nourrie. Sans eux, je ne serais pas ici. Je veux permettre au peuple de se sentir en sécurité, qu’il sache que je suis là pour eux et que je veillerai sur eux, de la même façon dont je me suis sentie envers les membres du clergé qui ont pris soin de moi. Si je dois tout donner pour sauver ne serait-ce qu’une vie, alors me battre en aura valu la peine.»

Ses dernières paroles étaient remplies de conviction tout comme son regard qu’elle avait planté dans son unique œil visible. La brise vint alors faire bouger les mèches rebelles de la dame qui ne broncha pas, alors que sa grande tresse se balançait légèrement sur son épaule. Elle ignorait si sa réponse lui conviendrait, mais c’est ce qu’elle ressentait en vrai.

Arthorias esquissa un sourire en entendant la jeune femme.
Il y avait toujours des gens qui semblaient plus méritant que nous, c'était même la première chose qu'il avait dit quand on lui proposé le poste de capitaine. Mais au final, la commission avait ses raisons, tout comme lui avait les siennes.
Posant les mains sur les hanches, il déclara calmement.

-Ne soyez donc pas si prompte à vous placer en dessous des autres, ou bien je dois comprendre que je ne sais pas lire un dossier ?

Un léger sourire apparut sur son visage, il découvrait presque à quel point les gardes craignaient leurs capitaine, et encore plus celui de la royale.
Son unité était tout de même à part, disposant d'une caserne séparée des autres et fonctionnant selon ses propres termes. Difficile de ne pas faire autre chose que de se poser des questions.
Lui qui avait grandit dans ce milieu pouvait difficilement s'en rendre compte.
La laissant poursuivre, il l'écouta avec attention, ce genre de question allant surement décider si il poursuivrait son entretien ou non.

Et autant le dire... Il aimait ce qu'il entendait, sa main se pausa sur l'épaule de la jeune femme, un air sincère sur le visage.

-Garde Stonebridge, vous êtes précisément le genre de personne que je recherche dans la garde royale !

Sa main ganté quitta l'épaule de la soldate, courant dans ses cheveux pour les former en queue de cheval révélant son second oeil d'un vers émeraude, contrastant avec le gris clair qui avait jusque la observé la jeune femme.
Il avait annoncé cela d'un ton presque rassuré.

-Je ne vais pas jouer les mystère plus longtemps, je cherche des potentielles recrues pour la garde royale, et vous êtes précisément le premier dossier qui m'a intéressé

Bien sur... il y avait toujours un mais. Et l'officier pensait surtout à tout les facteurs qui la ferait dire non. Car le métier se voulait moins proche de la population du moins en théorie, car les devoirs de la royale allaient bien au delà des murs.
Son regard bi-colore détailla les réaction de la potentielle recrue, se reportant brièvement sur les alentours de la caserne.

-Je ne vous ferais pas un discours sur l'opportunité que cela représente, chacun y voit ce qu'il veut y voir, mais vous le savez maintenant. Je vous propose donc officiellement de rejoindre la garde royale. Au service de la nation et de la famille royale.

C'était une proposition sans doute inattendue, et il ne s'attendait pas à une réponse immédiate, même si intérieurement il bouillonnait de savoir.
La Garde Royale avait bien perdu de sa superbe, et le nettoyage qu'il avait du y faire avait été drastique... Et les recrues manquaient, mais ils auraient tout le temps d'en parler en fonction de sa réponse. Le capitaine était loin d'être aussi inaccessible qu'on le pensait

L’expression qui se dessina sur son visage était un mélange de confusion et de stupéfaction. Le Capitaine de la garde royale s’était déplacé jusqu’à elle pour venir la recruter personnellement? Elle fixa un moment la main qui se trouvait sur son épaule puis se dirigea alors vers le visage de l’homme qui se tenait devant elle. Elle ne savait pas quoi lui dire ou s’il s’agissait tout simplement d’une mauvaise blague. Puis il abandonna finalement son épaule pour ramener ses cheveux en queue de cheval à l’arrière de sa tête faisant ainsi apparaître son second œil de derrière son rideau doré.

« Le premier dossier? »

Encore une fois, la demoiselle n’en croyait pas ses oreilles. Pourquoi elle? Elle était assidue à sa tâche, mais n’avait pas de grands faits d’armes. Et puis qu’est-ce que cela allait changer pour elle? Allait-elle pouvoir toujours saluer les gens qu’elle croisait ou serait-elle enfermée au palais à jouer les piquets? Est-ce que ses responsabilités allaient augmenter aussi? Enfin, la demoiselle pouvait décider de le joindre ou pas, car il s’agissait avant tout d’une offre que ce dernier lui proposait.

« Je ne sais pas quoi vous dire, Capitaine. Cela fait beaucoup d’un seul coup. Je suis toujours surprise de vous savoir ici avec moi, alors m’offrir de rejoindre la Garde Royale…ouf! »

Elle ne voulait pas non plus le mettre en colère ni donner une décision trop rapide, car elle ne savait pas du tout à quoi s’attendre. Elle porta alors sa main gantée derrière sa tête qu’elle frotta légèrement mettant une main en même temps sur sa hanche. Elle paraissait agacée, car elle ne savait pas quoi lui répondre.

« Parlez-moi un peu plus de La Garde Royale, je vous pris. Qu’est-ce que j’y ferai, devrais-je rester au palais seulement? Vous serais-je vraiment utile? Je suis désolée avec toutes mes questions, mais je ne veux pas faire un choix que je pourrai regretter par la suite. »

En effet, elle ne voulait pas être hâtive et ne voulait pas non plus l’enquiquiner de ses questions. Le mieux serait de vivre l’expérience d’un Garde royale, mais elle ne voulait pas en demander autant.

La jeune femme était visiblement hésitante, et Arthorias pouvait aisément le comprendre. Il avait eu la même situation quand on lui avait proposé la place de capitaine. Il n'avait pas hésité longtemps, mais l'hésitation était compréhensible.
Il ne dit donc rien à la jeune femme, se tenant justement prêt à répondre à touts ses questions.


-Tout va bien, vous avez tout le temps que vous voulez, mais je tenais à vous faire la proposition face à face, ne serait-ce que pour m'assurer que le dossier était représentatif.
Et puis c'est légèrement plus sympathique que de recevoir une lettre jetée à la va vite par votre lieutenant !

Dit il en se mettant à rire. Il avait connu ce genre d'annonce, une médaille jetée entre deux repas.
Devant les nombreuses interrogations, Arthorias fit signe à la jeune femme de le suivre, marchant lentement vers la sortie. Quitte à discuter autant ne pas rester dans un cadre strictement professionnel, les oreilles indiscrète étaient bien mieux loin, surtout quand on parlait de mutation.
L'officier connaissait la puissance des rumeurs dans la garde, c'était bien pour ça que le lieutenant qu'il avait vu n'était au courant de rien.

-Je vais tout vous expliquer sur le chemin.

A peine sortie de la caserne, il commença à se détendre, faire bonne image était primordial, surtout devant des civils, ou d'autre gardes.
D'un air détendu, il commença à converser comme s'il parlait à un collègue plutôt qu'à un subalterne.

-La Garde royale est la force d'élite du royaume, nous gardons principalement les couple royale et les nobles de haute lignées. Plus que de simple gardiens, nous somme aussi la force armée la plus entraînée du royaume.

C'était des affirmations, et l'officier ne s'en vantait pas vraiment, la royale était connu pour cela. Continuant son chemin dans les rues il développa sur le rôle de Jaina.

-Non bien sur que non, j'ai besoin de gens dans les rues de la capitale, les murs sont solide et bien défendus, mais je crains ce qui se trouve au delà.
Les sentinelles du palais sont inflexibles mais le peuple à parfois peur des chevaliers d'argent de la royale, et j'aimerai changer cela.

A quoi servait un roi sans peuple ? Protéger le peuple n'était pas leurs fonction première, du moins c'était la vision de beaucoup d'anciens capitaine. Pas Arthorias.
Il voulait ouvrir le régiment à la vue du peuple, et ainsi montrer que la reine s'occupait aussi du sort de ses sujets.

-Je pense que vous serrez plus qu'utile, vous connaissez les gens, vous avez l'habitude d'avoir du contact avec eux. Et plus que ça.... vous aimez le faire !

L'officier poussa la porte d'une taverne, enfin d'un endroit plutôt distingué ou il avait l'habitude de venir, un lieu plutôt discret ou ils pourraient discuter sans crainte.
S'asseyant, il commanda à boire pour les deux avant de reprendre son explication.

-Pour sur, il faudra tout de même assurer les tours de garde et l'entrainement, mais je ne pense pas que vous soyez chamboulée par ce changement, ce n'est ni plus ni moins qu'une nouvelle affectation.
Et oui.... vous auriez plus de responsabilité... Un garde royal n'est pas un lieutenant, mais n'est pas non plus un simple garde, vous serrez l'ambassadeur de la royale ou que vous alliez, cela inclus aussi une certaine autorité sur les autres....

Il dissipa également un malaise d'un geste de la main.

-Posez toutes les questions que vous voulez, je suis là précisément pour y répondre, et je ne pense pas que je serais un bon capitaine si je vous refusais quelques informations

Jaina observait toujours le Capitaine Hekmatyar la main derrière la tête. Elle descendit la main peu de temps après que celui-ci lui a fait comprendre qu’elle n’avait pas donné de réponse immédiatement et qu’il avait préféré se présenter en personne plutôt que de lui envoyer une lettre. La chevelure de la demoiselle, et malgré la longue natte tressée, fut quelque peu échevelée par son gant, mais comme elle n’avait pas des yeux tout le tour de la tête, elle ne le remarqua pas.

« En effet, votre présence est très appréciée. Si cela avait été une lettre, elle aurait pu finir dans le fond d’un de me tiroir sans que je me souvienne de l’avoir reçu »

Puis, suite au signe de ce dernier, Jaina se mit alors à le suivre toujours en respectant cette légère distance, bien que cette fois-ci, il ne s’agissait que d’une question d’un demi-mètre. Ils quittèrent rapidement l’enceinte de la caserne et Jaina remarqua dès lors un léger changement chez le Capitaine. Ses épaules semblèrent moins tendues et sa façon de s’exprimer aussi. Elle n’avait plus l’impression d’entendre son ton plus ferme avec lequel il s’était exprimé la première fois. La demoiselle marchait calmement, les mains qui se tenaient dans son dos, et n’interrompit pas ce dernier. Elle l’écoutait attentivement et assimilait les informations.

Ainsi donc, il cherchait à modifier la perception qu’avait le peuple en ce qui concernait la garde royale et voulait s’assurer qu’une partie s’intègre plus au sein de la capitale et pas seulement au palais. Elle devrait faire des tours de garde et s’entraîner ce qui ne changeait pas vraiment de ses habitudes.

La demoiselle l’avait suivi dans la taverne sans vraiment réaliser où il se trouvait. À vrai dire, elle avait tellement été concentrée sur ses paroles qu’elle n’avait même pas remarqué qu’elle s’était dirigée avec ce dernier jusqu’à une table. Elle observa bien vite autour d’eux et secoua la tête. Jaina attrapa alors sa lance dans son dos pour la déposer à ses côtés retenue à la table. Elle ne pouvait s’asseoir avec cela accroché à son dos, car le manche aurait traîné sur le sol et cela aurait été vraiment inconfortable pour elle. Elle s’assied donc le laissant commander pour elle. Il reprit alors ses explications. La seule chose, qui la chicotait un peu la demoiselle, c’est qu’elle serait l’image de la garde royale. En soi, ce n’était pas réellement un problème, mais la demoiselle faisait parfois preuve de quelques moments d’impulsivité et cela pouvait mettre sa vie en danger. Elle avait peur de ternir l’image de la garde ainsi, mais en même temps, elle cherchait à s’améliorer sur cela. Peut-être que cela pourrait l’aider, non?

« En vrai, vous avez répondu à la plupart des questions qui me venaient en tête. Et ce que vous semblez vouloir projeter sur le Garde Royale me plait bien. Si vous m’aviez dit que je ne pourrais pas bouger du palais et attendre des heures de temps sans bouger, je vous aurais très certainement dit non. Cela aurait été contre mes principes. »

La serveuse revint rapidement avec leur boisson qu’elle déposa devant les deux gardes. Jaina la gratifia d’un sourire rayonnant suivi alors d’un merci chaleureux et porta alors son attention sur sa chope. Elle avait une tête plutôt étrange comme si elle hésitait à boire, mais en même temps elle ne pouvait pas refuser le verre que lui avait offert le capitaine. Non, elle devait le boire! Elle attrapa alors la chope entre sa main gantée et la souleva délicatement, avant d’en boire une première gorgée.  Lorsqu’elle déposa la boisson sur la table, on ne remarqua pratiquement pas de différence en ce qui concernait la quantité et pourtant, les joues de la demoiselle s’étaient déjà teintées de rose. Oh, vous avais-je dit qu’elle ne tenait absolument pas l’alcool? Oups.

« Et quand vous dites que j’aurai une certaine autorité sur les autres, vous voulez dire sur les gardes civiles et les civiles eux-mêmes, c’est ça? »

La demoiselle semblait déjà plus à l’aise en la présence de ce dernier.

«  Et est-ce que ça vous arrive de travailler hors de la capitale aussi? »

Confortablement installé à une table, le binôme pouvait enfin s'exprimer tranquillement, et Arthorias se permit même de déposer son heaume sur la table, laissant ses gants d'acier tomber sur cette dernière.
Il joua quelques instants avec ses phalanges, regoutant à la liberté des les bouger sans armure dessus et sans barrière au toucher avant de s'emparer du verre. Nettement plus détendu comme plus personne n'était là pour le juger.
L'officier avait presque l'impression d'être redevenu un simple garde sans soucis autre que de faire sont travail.

-Tant mieux alors ! Je sais que beaucoup de gens nous voient comme des pots de fleurs en boite métallique, mais la réalité est fort heureusement un peu plus reluisante. Sinon nous ne serions pas là à en discuter je pense.
Si vous avez d'autres questions, n'hésitez pas, je suis là pour ça.
Et rappelez vous qu'il n'y a pas de question bêtes, que ce soit au niveau de l'uniforme, le salaire, le logement....

Il engloba d'un geste de la main ces soucis imaginaire, ne voyant pas de raison de mentir à sa potentielle nouvelle recrue. Au contraire, il ne voulait pas qu'il y ai de regret dans une telle décision.

-Surtout sur les gardes civils, les civils eux.... c'est une autre histoire !
Mais oui, même s'il n'y a rien d'officiel en soit, il serait difficile de refuser quelque chose à un garde royal, surtout pour un simple garde. Nous opérons sur une échelle un peu plus étendue qu'eux. Que ce soit des enquêtes, ou plus simplement des arrestations.
Ce n'est pas une simple promotion au rang supérieur, vous changerez de milieu.

Par essence, le moindre garde royal était mieux formé qu'un de la civile, ce qui impliquait une certaine légitimité. Il ne s'agissait après tout pas du premier volontaire venu, mais de quelqu'un sélectionné et entraîné de façon rigoureuse. Quant à la question sur les déplacement hors de la capitale, il eut un petit rire amusé

-Bien sur ! Les compagnies tournent tout les mois, et une période entière est dédiée aux missions extérieures. Bon ce ne sont pas des choses que font les aventuriers, cela reste des occupations militaires. Patrouilles dans les autres localités, nettoyage de camps de bandits, ou de cultes déviant, mais si cela peut vous rassurer le contact avec la population est permanent

Sortir, se montrer, prouver que l'armée était là pour tous. C'était relativement nouveau, mais important. Les gens avaient besoin de savoir que la reine se souciait de tout ses sujets, pas seulement des nobles de la capitale.
Buvant une nouvelle gorgée, il toussa légèrement, l'alcool n'étant pas sa spécialité, surtout pendant ces périodes ou il ne mangeait que très peu.


-Partout ou les gens ont besoin de nous, nous accourons, du moins pour ceux qui ont le courage de demander notre aide. Souvent, les gens ont peur d'attirer une attention malveillante sur eux.
Ça et puis.... je ne peux souvent pas accompagner ces patrouilles à mon grand regret.... la paperasse, les pleignants....

Par dépit il finit par vider le verre, ses pommettes rosissant légèrement. Se renfrognant presque lui même alors que l'alcool montait doucement. Poussant un léger soupire, il reposa le contenant doucement, la serveuse apportant déjà le complément

-A croire que le civil est largement plus efficace que nous... hum... vous en dites quoi vous ? Je veux dire... vous connaissez les gens... leurs habitudes, leurs pensées....

C'était toujours bien d'avoir un regard extérieur non ?

Les deux gardes semblèrent plus détendus qu’au début de leur rencontre. Jaina le constata surtout pour le Capitaine Hekmatyar qui avait laissé tombé son masque froid à partir du moment qu’il avait quitté le milieu de la garde civil. Puis rien de mieux que de rapprocher deux individus autour d’une bonne petite consommation même si la discussion se voulait tout de même sérieuse. C’était quand même une grande décision pour la demoiselle et elle ne devait pas la prendre à la légère. Enfin, le Capitaine toucha quelques points importants qu’elle n’avait pas pensé à demander et répondit à ses quelques questions qu’elle venait de lui poser. Pendant qu’elle lui portait une oreille concentrée, la demoiselle ne remarquait pas du tout le nombre de fois où elle avait porté à ses lèvres sa chope. Elle sentait ses joues devenir chaudes et sans qu’elle ne s’en rende compte, un petit sourire se trouvait toujours sur son visage.

« À vrai dire, le salaire ne m’importe peu, ce n’est pas ce qui m’a fait devenir garde civil. Enfin, pourvu que je puisse être logée et nourrie comme à la caserne. C’est pareil chez les royaux? »

Elle regarda le heaume qui avait été déposé sur la table au côté du Capitaine, puis porta son attention sur l’armure qu’il portait. Elle était assez complète et se demandait s’il ne se sentait pas un peu coincé dans cette dernière à la longue. Enfin, il devait très certainement avoir chaud. Elle mit aussi l’apparition des couleurs rosée de ses joues sur le port de son armure et non sur le verre qu’il venait de finir. Après tout, il devait mieux tenir l’alcool qu’elle. Elle n’était pas difficile à battre. Jaina le savait que pour gagner un pari dans les jeux d’alcool, elle devait parier sur le fait d’être la première à être défaite. Sinon, elle n’avait aucune chance dans le cas contraire.

« Hmm, j’imagine que contrairement à la garde il y a un port d’uniforme obligatoire pour vous différencier? »

Enfin, elle ne s’attendait vraiment pas à ce qu’il lui dise non, après tout, cela ne lui dérangeait pas et elle trouvait cela même normal, mais la demoiselle n’était pas très admirateur des armures complètes comme ce qu’il portait. Elle aimait être libre de tous ses mouvements. Puis, cela voudrait dire encore plus d’entraînement pour maîtriser son pouvoir, car elle le savait et elle le pressentait; l’armure n’allait pas la suivre d’un côté à l’autre du mur. C’est pourquoi elle ne portait que le nécessaire pour se protéger.

Enfin, il avait soulevé un point important qui semblait même prendre au dépourvu la garde. La garde civile plus efficace que les royales sur l’aide apporté au peuple. Elle enleva ses gantelets et finit par se gratter légèrement du bout de son index la tempe.

« Hmmm, plus efficace? J’imagine que oui. Après tout, nous sommes les premiers à répondre aux moindres problèmes signalés dans la capitale. J’imagine que les citoyens n’osent pas déranger la garde royale par peur d’être chassés et envoyés à nous? Je crois qu’il prenne le raccourci le plus court. Et puis, je dois dire que vous paraissez un peu intimidant. Je crois aussi que permettre à la garde royale de se rapprocher des civils serait aussi une bonne chose, mais en même temps j’ai peur qu’il y aille des conflits entre la garde civile et la garde royale en pleine Capitale. Vous ne croyez pas?  Enfin, je ne sais pas s’il y a de la rivalité entre les deux, je n’ai jamais porté attention à cela. »

Elle termina finalement sa chope d’une traite, buvant ainsi le quart qu’il restait et la déposa sur la table.

Pareil ? Oui ça l'était à peu de choses près à la différence qu'ils étaient sur l’île forteresse de la garde royale, ce qui impliquait notamment des baraquements plus confortables, mais aussi une cantine de meilleure qualité.
Bon il y avait aussi de l'équipement supplémentaire, mais elle aurait tout le temps de le découvrir si elle décidait de marcher plus en avant sur le chemin de la royale, et Arthorias serait ravi de lui faire la visite.

-A peu de chose près c'est identique, les chambres sont simplement plus grandes et la cantine meilleure, enfin c'est aménagé pour l'élite des soldats. Oubliez les équipements de mauvaise qualité

Il était vrai que la couronne ne lésinait pas sur les moyens pour pourvoir l'île forteresse en arme en tout genre et en infrastructure. Et chaque garde royale pouvait ainsi être formé à manier la baliste et le scorpion qui ornaient les murs.

-Disons que vous aurez l'occasion d'être formé à plus de choses selon nos besoins et vos envies.

Et quand l'éternelle question de l'uniforme débarqua, il eut un petit sourire, habitué à l'entendre, à tel point que sa réponse bien qu'honnête était parfaitement rodée

-Il y a un uniforme oui, une armure de plaque complète, forgée pour chaque garde, son port est obligatoire pendant les gardes et les cérémonies, le reste du temps j'autorise la tenue que préfère chacun. Se différencier est important, mais tout le monde n'est pas spécialisé pour le combat en armure, je préfère que chaque combattant soit le plus à l'aise en fonction de ses talents.
Tant que la tenue reste décente cela dit

Le capitaine était plutôt acceptant sur le terme de "tenue décente" cela dit. Et la tenue de Jaina ferait très bien l'affaire, à la seule différence que le sceau de la garde royale serait ajouté à cette dernière.
Et alors que la soirée avançait le capitaine finit par avoir sa réponse. Même si l'ambiance glissait doucement vers quelque chose de moins formel, il se permit de commander une autre tournée, fixant le fond de sa chope vide avec un regard dans le vague.

-Des rivalités, ça oui... il y en as.... a vrai dire,, plus que je ne l'aurai cru au début, on nous voit souvent comme les bibelots de la couronne, une jolie troupe qui fait joli sur les murs ou devant les tapisseries du palais, en oubliant tout l'à côté.
Enfin... un jour j'arriverai à changer tout ça j'espère.

Lança t-il en entamant la nouvelle chope. L'officier ayant déjà passé le point de sécurité qui lui permettait de garder les réponses sensibles pour lui.
Arthorias en profita pour s’intéresser à sa collègue.

-Vous savez quoi ? Vous êtes franche ! ça me plait bien !

Le chevalier en profita pour remettre quelques mèches rebelles en place, sa longue chevelure d'or faisant décidément contraste avec l'armure spartiate du capitaine.

-Ce que je crois ou pas n'a au final que peu d'importance, j'espère pouvoir mettre en place des patrouilles conjointes avec la civile qui s'occupe de la capitale, leur capitaine est quelqu'un de raisonnable

Et c'était là que Jaina devenait un atout de choix, une sorte de pont entre deux monde qui ne se comprenaient pas vraiment.

-Parlez moi un peu de vous, autre la carrière militaire, quel est donc votre pouvoir ?

Et là le jeune homme parlait d'un sujet plutôt personnel, comme lui n'en avait pas

Ainsi, le logis de la garde royale était plus grand et mieux aménagé. Même leurs équipements étaient de meilleures qualités. Jaina y voyait déjà une forme de favoritisme envers cette garde, mais elle n’en toucha pas mot. Après tout, s’il s’agissait de l’élite, elle n’avait rien à dire. Normalement, ce n’était pas quelque chose qui pourrait justifier son changement de poste. MAIS! Il avait évoqué un point très très important aux oreilles de la demoiselle; la cantine! Cela faisait déjà un point en plus pour le Capitaine Hekmatyar!

« Oh! Si la cantine est meilleure, je ne pourrais pas dire non! »

Son rire fut léger, mais ressemblait légèrement à un petit gloussement suite à l’ivresse qui commençait déjà à lui monter à la tête. Enfin, elle n’était pas encore rendue au stade où elle avait la tête qui tournait, mais disons qu’elle était bien euphorique et son sourire ne s’effaçait pas de son délicat visage aux joues rougies. Vint ensuite l’histoire de l’armure qui arracha une petite grimace à la demoiselle qui fut soulagée par la suite de savoir qu’elle n’était pas imposée en tout temps. Heureusement, car celui-ci l’avait si bien dit; elle n’était pas spécialisée pour se battre en armure. Si ce qu’elle portait était trop lourd, elle perdait ainsi toute l’agilité dont elle avait besoin.

Enfin, ce dernier répondit à toutes les questions de la demoiselle et se permit même de commander une autre tournée. La demoiselle ouvrit de grands yeux, mais ne se permit pas de refuser la gentillesse de ce dernier. Après tout, ce ne serait pas poli.  Il confirma finalement ce dont elle avait peur concernant la rivalité entre les deux gardes, mais celui-ci désirait réformer la garde royale et faire travailler les deux conjointement dans la Capitale pour certains aspects.

Jaina prit sa chope en main et y trempa prit une légère gorger écoutant toujours ce dernier. Si elle était franche, c’était surtout grâce à l’alcool, bien qu’on lui ait appris à ne pas mentir et à ne pas hésiter à parler lorsqu’on lui en donnait la possibilité. Bien sûr, dans que cela restait dans le domaine du politiquement correct et qu’elle ne causait pas de tort à qui que ce soit pour le plaisir.

Puis vint alors cette fameuse question sur son pouvoir. Elle s’y attendait, après tout. Dans un monde où la quasi-population possédait un pouvoir, il était normal de vouloir se renseigner sur ce dernier, surtout s’il pouvait leur être utile. Jaina déposa alors la choppe sur la table et le regarda un moment avant d’observer sa main qu’elle projeta un peu trop violemment vers la table. Quelqu’un de normal aurait heurté la table de plein fouet risquant de la faire trembler et faire chuter son contenu, mais la main de la demoiselle passa au travers de cette dernière. Puis refit la même chose, mais plus calmement pour le remettre contre la table.

« J’ai la capacité de rendre intangible mon corps ainsi que ce que je porte, mais pour ça j’ai encore besoin de pratique. J’ai peur que si je dois traverser un mur avec armure complète, celle-ci reste derrière le mur et moi nue comme un verre de l’autre côté. »

Elle hésita un moment à pousser un peu plus ses démonstrations, mais ce n’était pas tout le monde qui aimait voir une main traverser leur poitrine, surtout qu’elle devait se garder une gêne avec ce dernier.

« Je peux aussi traverser beaucoup de matière organique, même un autre humain. Je n’ai jamais essayé de traverser quelqu’un et me rendre tangible une fois à l’intérieur. Je ne veux pas tuer personne juste pour expérimenter. Haha…ha. »

Elle eut un frisson de dégoût suite à l’image qu’elle venait d’avoir en tête, puis elle se reprit.

« Enfin, je lui trouve bien des utilités à ce pouvoir. Après tout, c’est plus que de traverser des murs, comme pourraient dire certaines personnes.»

Jaina déposa son regard bleu sur ce dernier et lui lança du plus naturel possible, comme s’il s’agissait d’un ami.

« Et toi, c’est quoi ton pouvoir? (Réalisant qu’elle l’avait tutoyé) Oh heum, pardon. »

Un corps intangible ! Voilà bien quelque chose qu'il n'avait jamais vu jusque là. Voilà pourquoi il était toujours intéressant de discuter avec les gens.
Voilà bien un don à la fois utile et dangereux, et l'intérêt du soldat grandit également alors que ses mouvements se faisaient bien plus détendu à cause de l'alcool.

-C'est incroyable ! Au moins tu peux te permettre d'oublier tes clés ou de prendre des raccourcis

Dit il en rigolant doucement, peut être un peu jaloux de voir quelqu'un avec un pouvoir aussi utile. Mais le champ des applications, surtout pour un garde était tout bonnement énorme. Il imaginait sans peine la garde arrêter des gens sans avoir à enfoncer une porte, ou faisant une enquête de manière plus.... discrète.
Nul doute que le maître espion aurait aimé avoir un tel talent.


-Hum pour la traversée d'humain.... je ne t'en demanderai pas tant, nous avons une réputation à tenir tout de même, et si mon nouvel élément s'amuse à voler des cœurs au sens propre

Il tapota gentiment sur la table, retirant par la suite ses gantelets blindés pour pouvoir mieux prendre son verre.
Une armure était fantastique, mais avait parfois ses inconvénient.

-J'imagine oui ! Si tu pouvais en plus emmener des gens avec toi ce serait le summum, même si la garde ne se préoccupe que peu des pouvoirs

Bon il avait plein d'autre questions, mais il n'était pas encore assez alcoolisé pour les poser, même si les verres semblaient l'inviter à continuer à boire.
Et ainsi lorsqu'elle plongea les yeux dans les siens, ce qui le fit malgré tout rougir, il ne réagit même pas au tutoiement.

Arthorias était un jeune capitaine, et son titre était pour lui d'avantage une fonction qu'un rang et ne voyait pas de mal à ce que quelqu'un le tutoie, surtout hors du service.
Soupirant bruyamment, il fit quelques cercles sur la table avec son doigt l'air visiblement embarrassé.

-Jaina.... tu as le don pour poser les questions qui fâchent

Dit il doucement, en lui offrant tout de même un petit sourire.
Une nouvelle tournée de bière plus tard, le capitaine se pencha vers elle avant de dire à voix basse

-Aucuns...

Le garde se rassit, de telles précautions étant inutile vu l'endroit, mais il avait toujours un peu honte d'en parler

-Le capitaine devrait être une sorte de super héros doté d'un pouvoir incroyable mais.... je n'en ai aucuns, pas de manipulation élémentaire, pas de facultés plus développées que les autres.

D'un air un peu triste, il finit par relever les yeux vers elle, son regard bicolore se perdant dans le sien

-Mon pouvoir doit être de n'en avoir aucuns je pense...

Le capitaine semblait apprécier la démonstration de la Garde Jaina qui semblait s’amuser aussi à rendre son corps intangible. Il en fit même une blague, bien qu’oublier ses clés n’était pas toujours pratique lorsque l’on vivait à plusieurs dans une même chambre. La blondinette avait pour habitude d’entrer dans la pièce sans utiliser de clé et elle avait droit à de nombreuses fois à des cris de surprise et des oreillers en plein visage quand elle le faisait sans prévenir.

« Oubliés mes clés attise parfois la colère de mes collègues de chambre. Arrivé sans faire de bruit comme un fantôme, ça peut faire le saut parfois, haha »

Mais bon, elle comprenait aussi où il voulait en venir bien qu’il ajouta quelque chose sur sa capacité à traverser les humains aussi. Jaina prit sa chope en main et but un bon coup avant d’essuyé sa lèvre supérieure du revers de son bras.

« Et bien, ne vous inquiétez pas là-dessus. Je ne compte pas utiliser cette capacité pour tuer ou torturer qui que ce soit. Je n’ai pas besoin de ça pour voler des cœurs. Mes charmes suffisent! »

Elle fit glisser une main derrière sa natte qu’elle renvoya derrière elle comme faisait parfois les femmes avec leurs cheveux détachés. Enfin, Jaina ne se prenait pas du tout au sérieux. Elle était mariée au peuple comme elle aimait le dire. Elle ne cherchait pas à séduire personne et elle n’y connaissait tellement rien qu’elle ne reconnaîtrait même pas les signes si un homme venait à la courtiser.

À la réaction que ce dernier eut, Jaina sut qu’elle aurait dû se taire, mais l’alcool jouant sur sa capacité à réfléchir et à réagir de façon intelligente affectait cette dernière.  Et le voir se pencher vers elle, la fit seulement se pencher vers l’arrière. Il était bien assez proche d’elle pour que seule elle puisse l’entendre et il lui signala qu’il n’en avait pas avant de reprendre place. L’entendre parler rendit la jeune femme triste et elle se sentit vraiment bête de lui avoir posé la question, mais en même temps, difficile de prédire que ce dernier n’en avait pas. Cela aurait pu être aussi le cas pour elle. La demoiselle sentait qu’elle devait dire quelque chose. Elle ne pouvait pas le laisser se dégrader ainsi à cause de cela. La demoiselle retira alors ses gants métalliques qu’elle déposa à côté de son verre puis sans trop y réfléchir, elle déposa sa main contre la sienne sans aucune pensée.

« Vous savez, pour être un bon capitaine, il faut avoir du cœur, car certaines décisions seront toujours difficiles à prendre, mais cela prend quelqu’un avec beaucoup de conviction et être prêt à en subir les conséquences de ses actes et décisions. Et cela prend aussi beaucoup de mental, car on ne doit pas prendre de décision sur un coup de tête et il faut souvent prendre le temps de réfléchir et ce n’est pas donné à tout le monde. Le pouvoir n’est qu’un plus. Même si le pouvoir était le plus puissant du monde, mais que votre cœur et votre esprit ne sont pas bons, cela ne servirait à rien. »

Jaina lui sourit de façon sincère.

« Pour moi, vous êtes déjà un héros, Capitaine. Vous avez décidé de protéger autrui au détriment de votre propre vie et cela est déjà quelque chose de grandiose. Vous vous êtes élevé dans les échelons et dirigez maintenant la garde royale malgré cela et vous souhaitez faire des changements afin d’améliorer celle-ci. Vous avez tout mon respect. »

Elle retira finalement sa main de sur la sienne et reprit un peu de sa boisson comme si l’éclair de lucidité de la demoiselle s’en était allé.

Arthorias s'autorisa un petit rire devant la plaisanterie de la jeune femme. Nulle doute qu'elle n'avait absolument pas besoin de cela pour voler des cœurs, car elle avait tout pour attirer les hommes .
D'ailleurs il était étonnant que des prétendant ne se soit pas présentés à elle, ses yeux suivirent même la petite tresse qu'elle jeta négligemment de côté

-Cela je ne peux définitivement pas en douter

Lança t-il surtout pour lui même, mais qui fut bien trop audible
Mais pour la suite, et alors qu'il ne savait pas ou se mettre, il tressaillit, peu habitué aux contacts physique, surtout de la part de soit disant subordonnés. Même s'il fallait l'avouer, Jaina était ici d'avantage une collègue qu'il appréciait plutôt qu'une potentielle recrue.
Son visage d'habitude impassible se teinta d'une multitude d'expression alors qu'il virait au rouge, peu habitué mais nullement gêné par ce contact inattendu.

Il ne su pas comment réagir à cette première déclaration et fini même par baisser doucement les yeux. Un peu confu, mais rassuré.
Lentement ses yeux remontèrent jusqu'à la jeune femme, détaillant son visage avant de finalement retomber dans ses iris.
Marmonnant presque.

-Je....euh....hum.... merci Jaina....

Arthorias se retrouvait incapable de dire quoi que ce soit, ne s'attendant pas à recevoir de tels compliments. Le travail était exigeant, et en tant que membre de la garde royal, peu de gens pouvaient vraiment lui dire des choses similaires.
Peu de personnes le pouvaient et rare étaient celle qui étaient assez proche de lui pour le lui dire.
Et voilà qu'en bonne passe muraille, Jaina avait percé toutes ses défenses.
L'officier ne bougeait pas, de crainte de briser ce moment qu'il ne partageait pour ainsi dire jamais, et quand le contact fut rompus, il toussota avant de vider une partie de sa boisson.

-Je n'ai jamais pensé à être un héro... Ni pensé ni voulu, j'ai toujours servi au mieux de mes possibilités la famille royale... Mais merci, ça me touche.... vraiment.

Dit il posant sa main sur son plastron d'acier, là ou aurait du se trouver son coeur.
Arthorias trouvait cette jeune femme bien singulière et l'alcool aidant il n'hésita pas à continuer.

-Mais dit moi.... ne pense tu pas que la garde risque de t'empêcher d'avoir des relations personnelles ? C'est un métier très prenant... Et la garde royale est encore plus éxigeante


Bon il était aussi un peu curieux, mais qu'importait

La garde n’avait pas vraiment fait attention au rire que celui-ci avait eu suite à sa plaisanterie au sujet de ses charmes après tout, elle ne s’y croyait pas du tout. Elle ne s’était jamais considérée comme étant jolie. Elle pensait être simple et normale, mais à  vrai dire, elle ne s’était jamais intéressée à trouver l’amour. Cela ne lui était même pas passé par la tête alors cela ne lui servait à rien de se soucier de son apparence. Même lorsque celui-ci affirmait qu’il ne s’en doutait pas, elle crut qu’il l’avait tout aussi bien dit sur le ton de l’humour à son tour.

Jaina ne s’était pas douté du malaise que le capitaine pouvait ressentir lorsqu’elle lui avait pris la main. Son geste n’avait aucune mauvaise intention et elle avait fait surtout cela, car c’est ce qu’on lui avait montré à faire lorsqu’elle était jeune et qu’on avait commencé à lui montrer la voie des initiés bien qu’elle ait refusé, au final, de poursuivre ce chemin. Elle n’avait ni bronché à son regard qui s’était ancré dans le sien et n’avait pas troublé la demoiselle qui continuait ainsi à le complimenter. Elle le vit tousser légèrement, ne se doutant pas qu’elle avait peut-être créé un léger malaise, mais elle l’écouta. Elle déposa alors sa chope contre la table et sourit largement.  Son sourire était brillant et étincelant. Il était franc et vrai.

« C’est en faisant de notre mieux et en y croyant que l’on peut faire de grandes choses. »

Lorsque ce dernier posa sa main contre son plastron, elle fit de même avec son poing se mettant le dos bien droit. Non pas parce qu’elle en avait l’habitude, mais parce qu’elle croyait en ses paroles. Elle n’avait pas parlé dans le but de gonfler son égo, loin de là. Et parfois, il était bon d’entendre et de se faire dire ce que l’on faisait de bien même si cela venait d’un parfait inconnu.

Ce dernier toucha alors un sujet que la demoiselle n’avait pas du tout pour habitude d’aborder; les relations personnelles. Arthorias serait très certainement triste de l’entendre parler, mais que vous voulez, quand on se marie au travail et surtout quand celui-ci peut être risqué, difficile de s’adonner aux plaisirs de l’amitié ou bien même de l’amour. Jaina termina sa choppe d’une traite pour se donner du courage et semblant être absente un bref instant avant de reprendre vivement.

« Hey bien, ce n’est pas difficile! Mis à part mes compagnons de la garde, je ne vois personne. Je n’ai pas d’amis en extérieur. Je suis orpheline, donc pas de parents proches connus. Je n’ai pas cherché et on ne m’a pas plus cherchée. Je rends parfois visite aux prêtresses qui m’ont élevée, mais sans plus. Elles sont occupées tout comme moi et ma vie amoureuse est inexistante. »

Jaina mis son pouce vers le bas tout en faisant légèrement un bruit avec sa bouche pour accentuer l’inexistence de sa vie sociale. Enfin, elle avait quand même rencontré pour la première fois une jeune garde médecin qui lui avait été très amicale.

« Jamais eu de prétendants ou laissé la chance à quelqu’un de se confesser et je dois dire que je ne me suis jamais sentie attiré par qui que ce soit au point de vouloir les connaître dans ce but. »

Elle se mit légèrement de côté, croisant ainsi l’une de ses jambes sur l’autre puis elle prit appuie contre la table avec son bras avant de s’y appuyer le menton contre ses phalanges.

« Je ne sais même pas si je pourrais aimer un jour. »

Bon, elle avait tout de même que 23 ans me direz-vous, mais déjà à cet âge elle aurait dû déjà s’intéresser à cela non? Après tout, qui ne voudrait pas chercher un ou une partenaire de vie et commencer une possible vie commune avec ce dernier.

Cela faisait combien de verres ? Arthorias ne savait plus trop, la seule chose étant sur étant qu'il était bien trop avancé dans ces derniers pour en avoir quoi que ce soit à faire.
L'officier était bien trop concentré sur l'histoire de Jaina et à vrai dire, il montrait sans doute trop d'intérêt. Et tout comme la jeune femme avait changé de position, il faisait de même, se penchant sur la table les deux mains croisés sous sa tête, ses longs cheveux ayant fini par se détacher pour tomber en cascade sur le côté de son visage, ses deux yeux vairons fixé sur son compagnon du moment.

-C'est le lot de nous autre garde Jaina...

Car oui il la comprenait, plus qu'elle ne pouvait l'imaginer. Il était dans un cas différent mais avait connu exactement le même dilemme. Pire, il se retrouvait dans une situation similaire alors qu'il n'aurait pas du.

-J'ai vécu la même chose, toujours au travail, toujours en patrouille, jamais chez moi.. Et le pire c'est que l'on s'y fait.

Il se mit à rire doucement, au final, sa vie n'avait pas changé, Rebecca étant aussi occupée que lui, ils vivaient presque sans jamais se voir.
Se renversant en arrière, il poussa un profond soupir avant de reprendre, jouant avec une mèche de cheveux laissée libre.

-Mais je peut au moins te promettre que la garde royale saura former une famille supplémentaire et puis tu pourra toujours venir me voir si quelque chose ne va pas.

Il ne savait pas vraiment s'il avait les bon mots, la garde n'était pas une victime, ni même une civile, elle était sa collègue et il l'aimait plutôt bien.
Il posa cette fois sa main sur la sienne, tachant de la faire sourire

-Bien sur que oui, tu pourra, tu n'es pas une sorte de machine insensible.

Il se permit même de tapoter le plastron de la jeune femme avec un sourire

-Il y a bien un cœur derrière ta plaque d'acier, j'en suis sur, même si je ne le sens pas, tu es belle, nul doute que tu n'aura pas trop à attendre, je verrai peu de gens qui pourraient te résister.

L'alcool était bien pratique pour délier les langues et le capitaine n'en aurait sans doute jamais dit la moitié s'il avait été sobre, camouflant systématiquement ses pensées derrière un masque de froide résolution.
Présentement, il n'avait plus beaucoup de retenue, et elle aurait bien pu lui demander n'importe quoi, il aurait répondu franchement.

-Le travail est prenant, mais il faut avoir quelque chose derrière, car c'est éprouvant, et on risque vite de s'isoler pour de bon. Bon je te dit ça... je n'ai plus d'amis, ma maison m'est étrangère.

Il haussa les épaules, ne sachant trop commet aborder la chose

-Peut être que tu devrais élargir tes possibilités, pas que je ne t'encourage pas à travailler, nan, sur ce point tu fais du bon travail, mais prendre quelques jours. Je sais ce que ça fait, de vivre pour son travail, et je crois même que j'ai oublié quand était mon dernier jour de repos.

Il se posa sur la table à nouveau, en face de Jaina, le regard un peu triste

-Aussi belle soit tu, attention à ne pas devenir une fleure isolée...

Jaina savait pertinemment qu’elle n’était certainement pas seule dans cette situation. Après tout, il s’agissait simplement d’une roue sans fin. Elle se vouait corps et âme à la garde sachant qu’au final personne ne l’attendait et comme personne ne l’attendait, elle préférait travailler et garder ces journées occupées. Ainsi, elle ne voyait pas les jours passés bien que chacun d’eux se ressemblait en fin de compte. Elle s’y était habituée et elle ne saurait quoi faire d’une vraie journée de congé.

Jaina sourit lorsqu’il lui mentionna que la garde saura faire office d’une seconde famille en temps et lieu. Il ajouta même qu’elle pourrait venir le voir personnellement si elle avait le moindre souci. Un petit rire cristallin s’échappa d’entre ses lèvres la surprenant elle-même. Quelques regards se tournèrent vers le duo, mais cela ne dura guère. Après tout, bien que la demoiselle soit légèrement avancée, il n’y avait rien d’extraordinaire à voir. Elle avait simplement la sensation d’avoir le visage très chaud et ses joues manquaient maintenant de sensibilité.

- Quel gentil papa veillant sur sa petite famille, dit-elle sur un ton amusé bien qu’elle reprit sur un ton un peu plus sérieux. Merci, de votre soutien capitaine, ce sera très apprécié. Mais je ne pense pas avoir à vous visiter pour ce genre de soucis, du moins je l’espère, après tout vous avez très certainement des choses plus importantes à régler que les problèmes de cœur qu’une femme peut rencontrer.

Elle ne se sentit pas gênée quand il prit sa main. Elle avait été habituée à ce genre de contact depuis son enfance et il s’agissait surtout d’une façon de faire comprendre aux autres qu’elle fût là et c’est certainement ce qu’il cherchait à lui faire comprendre. Plus la conversation allait et plus elle appréciait sa personne. Au début, elle avait cru qu’il serait du genre froid et distant, mais sous cette carapace métallique se cachait quelqu’un au grand cœur et un peu timide. Cela fit sourire la demoiselle et encore plus lorsqu’il la complimenta d’avantage. Elle était toujours appuyée une main sous son menton.

- Mais qu’est-ce que j’entends? Serais-je à votre goût Capitaine?

Elle attendit un moment afin de voir sa réaction puis elle éclata de rire.

- Pardon c’était plus fort que moi, mais vous savons bien que je rigole. Enfin, cela fait plaisir à entendre. Peut-être que je me suis trop enfermée et que je ne porte pas assez attention à ce genre de chose puisque je n’en vois pas l’utilité. Je ne crois pas avoir trouvé la personne qu’il me faut, mais il ne faudrait pas non plus que mon comportement m’empêche de passer à côté de celle-ci.

Enfin, elle ne recherchait pas l’amour absolument, ce n’était pas son but. Si elle venait à tomber dessus un jour, c’était tant mieux, mais elle comprenait où il voulait en venir. Elle ne devait pas rester isoler, car cela finirait par affecter son moral. Elle était encore jeune, mais lorsqu’elle sera plus vieille et qu’elle n’aura personne pour partager sa vie ni même d’enfants ou de petits enfants, elle trouvera le temps long.

- Hmm, je comprends, il faudrait que je m’ouvre plus aux autres et que je prenne plus de temps pour moi. Mais ne soyez pas triste! Je suis encore jeune et il n’est pas trop tard et puis, je me suis fait un ami aujourd’hui, c’est déjà un bon départ, non?

Elle le regardait avec un grand sourire avec un petit regard pétillant. Puis elle prit une gorgée de sa boisson avant de la déposer contre le comptoir. Elle posa son regard dans le sien et sourit légèrement en coin. Ce n’était pas toujours un sourire qui annonçait de bonnes choses, un peu malicieux.

- Assez parler de moi! Vous êtes Capitaine, qu’est-ce qui vous empêche de prendre quelques jours de repos et de retourner à votre demeure? Après tout, n’y a-t-il pas des gens capables de prendre le relais lors de vos absences? Vous aussi avez droit au repos. Et puis, je suis sûre qu’un grand homme charmant comme vous avez déjà conquis le cœur d’une dame?

Arthorias se mit à rire doucement, était-elle son genre de femme ? Et bien.... oui totalement, et cet état de fait le fit doucement rire, alors qu'il reprenait une nouvelle gorgée d'alcool.
Soupirant presque.

-Pour sur, il faudrait être plutôt difficile pour dire l'inverse. Tu ne pense pas ?

Autant être honnête, il était de toute façon trop alcoolisé pour penser l'inverse, quand à le dire ? Un capitaine ne mentait pas à ses hommes de toute façon.
Et l'officier n'était plus en état de mentir. Ni même de faire semblant. Mieux valait être honnête donc.

Et devant le rire de la jeune femme, il fit de même, non pas gêné, mais amusé, il n'y avait pas de mal à se montrer honnête et à vrai dire, il se sentait assez ouvert pour le dire sans gêne. Le lendemain ne serait de toute façon qu'un trou noir pour lui, ou du moins une bouillie d’événement sans grand sens.
Quitte à oublier, autant s'amuser.

-Pas de soucis Jaina, au contraire, je suis heureux que tu te sente assez en confiance pour en rire. Ne t'en fais donc pas, cela viendra, comme dit, tu ne passera pas inaperçue !

Oh que non, mais comme elle ne disait, mieux valait qu'elle ne passe pas à côté de l'amour de sa vie à cause de son comportement. De l'amour de sa vie ou simplement d'une amourette de passage, évacuer la pression du métier était rudement important.
Il connaissait bien des gardes ayant fait pire que cela. Et dans son cas, il s'en fichait pas mal.
Devant la déclaration de la jeune femme, il hocha la tête en signe d'assentiment rajoutant un grand sourire sur la fin.

-Tout à fait ! Tu es une garde exemplaire, mais je ne voudrais pas qu'un coup au moral vienne entacher ta carrière, et rien de mieux que d'avoir un exutoire
Mais je ne m'en fait pas, après tout je ne suis là que pour te conseiller.

Et quand elle lui dit le plus simplement qu'ils étaient amis, l'officier la regarda avec un regard troublé restant muet quelques instant
Etre amis avec ses hommes était-il bien sage ?
Même si on lui reprochait souvent d'être trop distant... Il pouvait bien commencer par là, il finit donc par lui sourire en levant son verre.

-Tu as raison, alors à notre amitié !

Dit il en trinquant joyeusement, avalant encore un peu de breuvage, jusqu'à ce que la jeune femme aborde le point qui posait problème.
Voilà qu'elle voulait en apprendre plus....

-Hum... Conquis oui, mais le terrain est traître vois tu, je ne rentre jamais chez moi, et je crois que la fidélité n'est pas au programme, mais bon je ne peux pas lui en vouloir, on travaille beaucoup tout les deux

Arthorias haussa les épaules, ce n'était pas une chose rare, et il se fichait au final pas mal de ce qu'elle faisait. Il y avait plus important dans la vie, et il repris avec un rire ironique.

-Mais merci pour le compliment, ça me touche

Quand au travail... voilà qui le faisait bien plus soupirer, non personne ne pouvait encore le seconder, il était bien trop jeune à ce poste et former quelqu'un pour quelque chose qu'il découvrait serait sacrément long. A vrai dire cela reviendrait à abandonner sa charge à quelqu'un.
Non mieux valait en apprendre encore. Mais cela lui convenait.

-Mon bureau est un peu ma demeure actuelle, être un capitaine implique beaucoup de responsabilités, et je ne doute pas que quelqu'un profite du lit de chez moi de bien meilleure façon que moi.
La défense du royaume passe avant mes envies personnelles, mais ce n'est pas important, je peux endurer cela. Et je me vois mal confier ce fardeau à d'autre pour le moment. Il y a encore beaucoup à découvrir, et si j'ai un second.... j'aimerai pouvoir lui simplifier la vie en le formant du mieux possible.

Le travail qui remplaçait la vie privé, il connaissait le sujet, et comme il le disait, le personnel passait après, même si cela lui coûtait l'idylle parfaite, les amants étant de toute façon une chose courante.
Mieux valait en rire non ?
Il l'observa avec un sourire malicieux à son tour, répondant presque au sien.
Le coude sur la table, il se plaça face à elle, soutenant sa tête avec

-Moins impressionnant que prévue hein ? La vie de ton future capitaine est surement bien décevante hein ?

Ainsi donc elle était de son goût. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’il approuve sa taquinerie, mais cela ne l’avait pas vraiment ébranlée. Elle s’en trouvait toujours plus amusée, bien sûr, elle s’était empressée de dire qu’il s’agissait d’une blague, mais elle ne put s’empêcher de garder un petit sourire. Était-ce l’alcool ou bien la discussion qui avait porté la jeune femme à ouvrir un peu plus les yeux qui jouait sur sa psyché. Enfin c’était très certainement un mélange des deux et si la jeune femme continuait à boire ainsi, elle pourrait très certainement faire quelque chose qu’elle pourrait regretter le lendemain. Après tout, vous ne voulez pas la voir sortir ses fameux mouvements de karaté?

- T’inquiète pas! Je suis une femme forte malgré tout pas que physiquement, mais mentalement aussi! C’est ça que d’avoir été élevé dans un temple, car même dans la plus grande solitude, nous ne sommes jamais bien seules. La déesse Lucy est là pour nous guider aussi!

Bon ça y est, elle n’avait pas pour habitude d’en parler, mais cela l’avait échappé. Enfin, la demoiselle n’avait plus vraiment de filtre. Elle donna même une légère tape sur son épaule faisant ainsi un bruit métallique. Elle ne ressentit pas vraiment le contact entre sa main et son épaulière, mais tout ce qu’elle sentit était une légère sensation de picotement.

- Merci de tes conseils! J’espère seulement qu’avec tout ce que j’ai bu je ne l’oublierai pas demain! Haha!

Elle le vit hésiter un moment puis il se mit à sourire levant son verre. Jaina le suivit en hochant la tête silencieusement bien que son visage rayonnait. Puis elle écouta attentivement les paroles de ce dernier attentivement, ne comprenant pas du tout l’indifférence qu’il éprouvait envers l’infidélité de la demoiselle. La garde resta silencieuse voir songeuse. Elle n’avait peut-être pas éprouvé l’amour encore, mais la fidélité n’était-elle pas l’une des choses les plus importantes pour la survie d’un couple? Ils se trouvaient tous deux dans une situation semblable où les deux vivaient pour leur travail, donc elle ne pouvait pas juger son histoire.

La demoiselle se leva d’un bon et attrapa ses deux épaules en le tournant face à elle. Elle le regarda perçant ce dernier de son regard et elle avait un visage plus que sérieux. Bien que ses paroles eurent quelque peu de mal à suivre. Après tout, son taux d’alcool était déjà bien haut.

- Écoute-moi bien! Y’a rien de décevant chez toi, mais je ne comprends juste pas pourquoi tu ne vas pas botter le derrière de l’homme qui te vole ta demoiselle. Tu ne peux pas dire que tu t’en fous! C’est pas bien! Si elle est importante pour toi, tu dois tout faire pour la garder, non? Moi je serais folle de rage à ta place.

Elle l’avait légèrement secoué au fur et à mesure qu’elle parlait, mais sans nécessairement le brusquer. Elle n’était pas un monstre juste un peu trop expressif et ce qu’elle ignorait très certainement c’est la honte qu’elle allait ressentir, le lendemain, lorsqu’elle allait se souvenir de ce moment.

- Sinon, si tu n’es pas bien dans cette relation, il faudrait plutôt clarifier les choses, non? Enfin, je suis pas la mieux placée pour ce genre de chose, mais je pense sincèrement que l’amour et la sincérité sont quelque chose d’important.

Elle abandonna finalement ses épaules en secouant ses mains contre la jupe de son uniforme bleu marin et reprit place sur son siège. Elle s’appuya les deux poings contre ses joues écrasant un peu ces dernières.

- J’espère qu’il y a des gardes mignons dans la garde royale! Dit-elle en parlant autant pour les hommes que pour les hommes sans vraiment se rendre compte qu’elle l’avait dit à haute voix.