Tant pis... Sa tête tournait trop pour se poser des questions
-Je te dirais volontier qu'il est dimensionné pour une grande utilisation mais je ne sais pas je m'endors souvent sur le bureau
A vrai dire... Il aurait aimé en profiter davantage et ce soir ce lit avait un attrait tout particulier pour lui. Mais ce qui lenmarqua plus fut le fait que cela rendait heureux quelqu'un d'être ici.
De façon presque inexplicable cela le fit sourire
Le grand lit s'enfonça légèrement en tremblant quand finalement sa collègue le rejoignit
Devant son expression ambivalente il eut un léger soupir ne pouvant que partager ce qu'elle pensait
-Je comprend... Et je ne peux que partager tes impressions... J'aimerai que ça dure plus longtemps ou avoir ma certitude que cet instant ne sera pas le seul... C'était une pause le genre de celles que je n'ai plus depuis bien des mois ...
L'alcool commençait a refluer chez lui laissant l'euphorie grisante être remplacée par autre chose de moins joyeux ... Comme si la gravité reprenait ses droits sur lui... Pire que ça comme si le poids des responsabilités se faisait plus écrasant
Mais Arthorias réussit tout de même a garder son sourire se tournant vers elle, posant une main sur sa joue avec un sourire rassurant
-Je ne compte pas oublier la belle Jaina ne t'en fais pas... Au contraire hihihihi et même si je ne pourrai la recruter tout mes soirs... Je compte bien la revoir
C'était une promesse ou une boutade ? Il oscillait entre les deux... Mais sa soirée avait été plaisante et quand elle parla de la mettre en patrouille avec le bel officier il resta un moment interdit, sa mémoire peinant à reconnaître sa propre proposition.
Et rougissant, la princesse capitaine, bégaya quelques instant avant de répondre.
-Hum.... Je ne sais pas si il fait des patrouilles très souvent, enfin si, il en fait le soir mais....
Farfouillant dans ses poches, il finit par rouler près du bord du lit, tirant le tiroir de sa table de nuit, ce dernier faisant un bruit métallique alors qu'il produisait une paire de clé qu'il lui mit doucement dans les mains.
-Mais peut être.... peut être que si tu voulais le voir.... tu pourrais, garder ça avec toi, je suis sur qu'il serait heureux de te voir souvent, le plus souvent possible.... Enfin...
Il y avait aussi autre chose, et sa proposition se fit presque à demi mot, alors qu'il osait à peine la regarder dans les yeux, finissant finalement par la fixer.
-D'ailleurs si tu as du mal avec ta chambre, je suis sur qu'il pourrait te laisser partager la sienne de temps en temps, tu dois pas mal lui plaire de ce que je sais
C'est dingue comme parler à la troisième personne était plus simple avec l'alcool, et que cela gênait beaucoup moins, même s'il commençait à appréhender
Jaina se figea légèrement et pendant un instant. Elle semblait perdue dans ses pensées. Les battements de son cœur semblèrent s’être accélérés et elle ne comprenait pas pourquoi elle se sentait aussi nerveuse soudainement. Était-ce de la joie, parce qu’elle pourrait venir le voir comme bon lui semblait? À vrai dire, elle n’aurait eu besoin que de sa permission, car aucun mur ne lui résistait, mais il est vrai qu’il s’agissait de quelque chose de symbolique et il n’y avait sûrement pas pensé de toute façon. Elle hocha alors la tête. Elle devait cacher la clé pour qu’elle ne tombe entre de mauvaises mains. Quoiqu’elle voulait s’assurer avec ce dernier que c’était bien ce qu’il voulait.
- Tu es sûr? Si jamais on la découvrait, cela ne ferait-il pas de tort à cette personne?
C’est alors que celui-ci lui avoua que si elle n’aimait pas sa chambre, qu’elle pouvait venir le rejoindre afin de partager la sienne, car de ce qu’il savait, elle lui plaisait déjà. La garde fit alors de nombreux liens dans sa tête. Son esprit n’étant plus aussi embrouillé qu’au début, celle-ci comprit finalement où cela les avait amenés. La demoiselle rougie de la tête au pied. Elle se souvenait de certaines choses qui s’étaient dites durant la soirée, puis réalisa finalement. Elle regarda ce dernier complètement perdu. Elle ne savait pas comment lui répondre. Elle s’assied sur sa hanche gardant les jambes allongées alors qu’elle se tenait grâce à son bras et le regarda longuement en silence. Sans s’en rendre compte, son autre main toucha ses lèvres alors que son regard semblait être dans la lune.
- Je…eumh..
Jaina était partagé entre-deux. Refuser, car elle savait qu’au fond ce n’était sûrement pas la meilleure des idées, mais en même temps, elle voulait rester, car elle se sentait bien et qu’elle ne connaissait pas ce genre de sentiment et voulait en apprendre un peu plus sur ce sujet. Après tout, il lui avait dit de ne pas toujours penser au boulot. Elle prit alors la parole avec une petite voix gênée et assez timide.
- T..tu crois que si je lui plais bien, il voudra bien me tenir dans ses bras?
Bas oui! C’est à ça qu’elle pensait en premier, après tout Jaina n’avait jamais expérimenté ce genre de situation et elle n’y connaissait rien et c’était déjà beaucoup pour elle de le demander ainsi. De plus, elle se sentait horriblement gênée et n’osait même plus le regarder. Elle ne voulait pas voir sa réaction et encore moins qu’il voit son visage aussi rouge que les draps du lit. Sa main s’était même mise sur sa bouche pour l’empêcher de parler plus.
Devant la réaction de la jeune femme, il réussit à lui offrir un sourire, relativisant la chose.
-Même si on le découvrait... Comment deviner ou mènent ces clés, ce sont juste des clés comme les autres non ?
De simple clés, des clés en fer qui ne changeait rien à la face du monde. Néanmoins c'étaient ses clés à lui. Les clés qu'il avait eu en double sans jamais savoir qu'en faire. Mais voilà... oui il prenait le risque... mais on ne pouvait pas rester éternellement sans en prendre.
Gardant quelques temps la main sur la sienne, il prit une petite inspiration, retenant presque son souffle quand le jeune femme cessa de parler.
Les yeux vairons de l'officier fixèrent la garde avec intensité.
Il était allé trop loin ? Peut être... il ne savait pas... le reste n'était qu'un flou artistique. Pour le moment seule la garde importait, le reflux de l'alcool lui autorisant au moins cela.
-.... hum... ?
L'hésitation était palpable et il déglutit légèrement. Peu habitué à ce genre de chose également. Il était marié mais célibataire après tout, la romance étant quelque chose qu'il n'avait pas connu.
Quand au reste...
Mais finalement la petite voix gênée de la garde le fit enfin reprendre son souffle.
La prendre dans ses bras...mais....
Sans en dire plus, il s'approcha doucement d'elle, l'entourant de ses bras, et la serrant doucement. Placés comme ils étaient cela pouvait paraître un peu étrange mais Arthorias se sentait bien.... étrangement bien d'ailleurs...
C'était presque un sentiment inconnu, ou du moins oublié depuis longtemps...
-Bien sur qu'il le veut, c'est plutôt agréable de t'avoir dans les bras
Une main la quitta cependant, relevant son visage rougit par la gêne, remettant une de ses mèche rebelle en lace derrière son oreille avant que le chevalier ne lui offre un grand sourire.
-Et je suis sur qu'il te trouve toujours aussi mignonne, voir même plus, à sa place j'aurai le cœur qui battrait la chamade
Chose qui devait se sentir, les deux corps collés. Arthorias sentait la douce chaleur qui émanait de la garde, oubliant pendant un moment qui il était
La demoiselle sentit son cœur palpiter quand ce dernier la prit contre elle. Son corps se raidit en premier ne sachant pas comment réagir à cette étreinte. Bien qu’elle l’aille demander, Jaina n’avait jamais eu ce genre de contact avec qui que ce soit. Même sa famille adoptive ne l’avait jamais pris ainsi dans leur bras. Arthorias prit alors doucement son visage et vint légèrement le lever replaçant en même temps l’une de ses mèches rebelles. Ses yeux décidèrent alors à se poser sur son visage souriant et son corps se détendit. Ses mains passèrent derrière ce dernier resserrant ainsi leur étreinte. Il pouvait sentir ses doigts se refermer sur le tissu de son vêtement. Un petit sourire s’afficha alors sur son visage lorsque ce dernier la complimenta et parla du rythme de son cœur. Jaina pouvait comprendre, car le sien aussi battait rapidement au point qu’elle pouvait le sentir sur ses tempes. Elle retira une main de son dos et le passa entre eux afin d’y déposer sa paume à l’endroit ou devait se trouver son cœur, puis elle ferma les yeux afin de se concentrer sur la pulsation qu’elle ressentait dans le creux de sa main.
- En effet, votre cœur bas très vite.
Puis de cette même main, elle attrapa la sienne qu’il venait d’utiliser pour bouger l’une de ses mèches et la plaça doucement contre son propre. Son regard bleuté se plongea dans le sien alors qu’un petit sourire gêné était toujours présent sur ses douces lèvres rosées.
- Le mien aussi bat très vite et pourtant je ne me suis pas entraînée, ça me fait tout étrange. Au moins, je sais qu’il n’est pas fait de pierre et qu’il est bien présent.
La demoiselle n’avait pas vraiment réfléchi avant de prendre sa main et la déposer sur sa poitrine au niveau de son cœur. Après tout, son but premier était de lui faire sentir les battements de son cœur, mais elle lâcha subitement sa main en secouant la tête.
- Je euh, désolé, je ne voulais pas! Ce n’était pas une bonne idée.
Elle mit fin à l’étreinte et se mis assise sur le bord du lit gardant ses jambes dans le vide. Puis elle se pencha vers l’avant, prenant appui sur ses cuisses avec ses coudes alors qu’elle cacha complètement son visage dans ses mains. De là, elle lui adressa la parole.
- Je me sens bête! J’agis en parfaite idiote parce que je me sens tout étrange. J’ai l’impression de ne pas me reconnaître. J’ai peur de faire quelque chose de mal ou de trop. Je ne sais pas quoi faire et j’y connais rien moi…
Difficile de dire qu'ils étaient sur son lit dans sa propre chambre... et pourtant. La paume de Jaina était chaude, même à travers sa tunique, et le simple contact provoqua une montée de papillons dans son estomac, qu'il tenta maladroitement de contenir
Avoir sa main ainsi capturée et déposée sur le cœur le surpris quelques instant et brièvement, il ferma ses yeux, leurs couleurs disparaissant quelques instant alors qu'il écoutait les battements du cœur de la garde
-Boom, boom boom... Une mélodie bien inhabituelle n'est ce pas ?
Quand elle mentionna son cœur fait de pierre, il eut envie de la serrer plus fort contre lui, et seul la main dans le dos de la jeune femme se resserra un peu.
-C'est normal Jaina... je ne sais pas si tu ressens la même chose que moi mais.... si c'est le cas c'est normal. Tu n'es pas un golem de la garde, tu possède des sentiments... et en voilà une manifestation.
Il n'était pas sûr de s'exprimer comme il le fallait, après tout... il était aussi perdu, bien qu'un peu plus expérimenté. C'était comme revivre un souvenir, sauf que ce dernier était bien réel.
Et quand elle lâcha brutalement sa main, il eu peur qu'elle ai mal pris ce qu'il lui avait dit.
L'étreinte terminée, il resta là un petit moment avant de reprendre.
-Non non ne t'en fais pas... il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises idées, pas ici du moins
Arthorias tentait de se montrer rassurant... L'inconnu était effrayant, surtout vu tout ce qu'elle lui avait dit. Et il se demandait même s'il était réellement de bon conseil.
Une nouvelle fois, elle changea de position, semblant jouer avec les sensations de l'officier qui lui ne voyait rien de mal dans tout cela.
Se glissant à côté d'elle, il posa une main sur ses cheveux, puis son dos, caressant doucement ce dernier pour la rassurer.
Sa voix douce s'éleva de nouveau.
-Jaina.... tu as confiance en moi ? Je veux dire... pas en tant qu'officier, juste Arthorias ?
Elle semblait plonger dans une détresse qu'il ne voulait, cette jeune femme vivait sa première fois en quelque sorte. Et le jeune homme tenait à ce qu'elle ne s'en prenne pas à elle même.
-Tu n'es pas idiote, n'ai pas peur... C'est probablement quelque chose de nouveau, mais je vais te donner un conseil tu veux ?
Se tournant légèrement vers elle, il lui posa un doigt sur le sommet du crâne, lui offrant un sourire d'encouragement.
-Cesse de réfléchir comme une garde, nous avons perdus nos attributs à la porte, pense simplement avec ton instinct
Son doigt se déplaça jusqu'au cœur de la jeune femme ce dernier y restant un peu moins longtemps
-Qu'est ce que tu veux faire là maintenant... pas ce que tu réfléchis à faire en tant que garde.... juste Jaina, celle qui plait énormément à l'officier
Un petit rire plus tard, il finit par continuer à doucement caresser son dos, se revoyant en elle il y avait bien des années... et finalement... même aujourd'hui... car si certaines choses restaient, beaucoup d'autres c'étaient estompées.
-Fait donc ce que tu as envie, ce que tu imagine être bien... Je suis là dans tout les cas
Le contact de sa main la fit sursauter, enlevant ainsi ses mains de son visage. Il était maintenant à ses côtés et elle le regarda. Elle mit toute sa concentration sur sa voix qui l’apaisait et l’observa. Elle hocha la tête pour lui faire signe qu’elle faisait confiance en Arthorias et elle hocha de nouveau la tête lorsqu’il lui demanda s’il pouvait lui donner un conseil.
Penser avec son instinct... c’est ce qui faisait peur actuellement à la demoiselle. Elle savait que son instinct n’était pas nécessairement rationnel alors que sa tête l’était. Mais lorsqu’elle pensait avec sa tête, c’est son rôle de garde qui prenait le dessus. Le fait qu’Arthorias était son capitaine et qu’elle venait de le rencontrer lui faisait peur. Elle avait peur des répercussions que cela pourrait causer sur son travail ou leur relation future. Mais celui-ci lui fit comprendre qu’elle pouvait faire ce qu’elle avait envie et qu’elle devait réfléchir en tant que Jaina et non en tant que garde.
Elle ferma les yeux, bercés par les douces caresses de ce dernier. Si elle devait agir par instinct, elle devait laisser tomber ses barrières complètement et laisser parler aussi son impulsivité qu’elle tentait de maintenir le plus possible. Elle poussa alors un profond soupir et ouvrit les yeux. Son visage était devenu sérieux malgré ses pommettes colorées. Son torse fit une légère rotation pour se trouver face à ce dernier.
- Mon instinct me fait peur, car j’ai peur de perdre le contrôle de moi-même. Alors ne m’en veut pas alors pour la suite, car en ce moment, ce que j’ai envie, c’est de rester auprès de toi, même si ma tête me dit l’inverse.
Elle glissa une main dans sa longue chevelure et les laissa glisser entre ses doigts avant de porter une mèche jusqu’à son nez. Une légère odeur de ce dernier l’enivra. Puis elle fit grimper sa main toujours dans sa chevelure. Elle releva les mèches qui cachaient son visage puis l’observa un moment les lèvres entreouvertes. Elle finit par caresser sa joue d’un revers d’index avant d’effleurer sa lèvre inférieure de son pouce. Jaina s’avança vers ce dernier lentement, mais dangereusement à la fois. Sa respiration accéléra, alors qu’il pouvait sentir son souffle sur sa peau, puis elle déposa finalement ses lèvres contre les siennes. Un baiser assez simple et très léger après tout, c’était le premier de la demoiselle. Il pouvait la sentir trembler, comme si elle lutait contre elle-même. Quand elle rompit le contact entre leurs lèvres, la garde appuya son front contre le sien, restant ainsi.
- Il n’est pas encore trop tard pour arrêter, Arthorias…, chuchota-t-elle, bien que son visage disait autre chose.
Il sentait monter une nouvelle fièvre monter, et alors qu'il rougissait il dit se retenir.
Les yeux braqués dans les siens Arthorias ne demandait qu'à se perdre dans les deux pupilles de la jeune femme
La chaleur de Jaina était un doux rappel de la situation.
Son parfum était enivrant et semblait presque appeler le jeune homme
Arthorias fut presque étonné de l'entendre a nouveau...
Arrêter ? Pourquoi arrêter ? L'officier ne voyait pas pourquoi.... Lui avait cessé d'écouter sa tête, la jeune femme ayant e toute manière brisée toutes les défenses qu'il avait pu créer. La passe muraille portait bien son titre...
Secouant doucement la tête un sourire sur les lèvres
-Je ne veux pas arrêter.... Je veux.... Hum....
Pouvait il le dire ? Il avait beau être plus en phase avec ses sentiments... Le jeune homme ne les redécouvraient que depuis peu. Était il sur de ce qu'il voulait ? Oui. De ce qu'il ressentait ? Oui.
Et finalement il laissa la passion l'emporter sur la raison
-Je te veux.... toi....
Et, posant une main contre le visage, il caressa doucement les lèvres de la jeune femme, redessinant leurs formes avec son index avant de se rapprocher lentement de son visage sentant sa respiration s'accélérer
Cette fois, ce fuit lui qui l'embrassa tendrement, gardent le contact un peu plus longtemps, et sentant son cœur s'emballer
Il ne voulait pas s'arrêter, savourant ce contact si doux...
Et lorsqu'il fallut finalement s'en séparer... Tout comme elle, il laissa son front contre le sien, incapable pour le moment de penser à se séparer d'elle.
-Si tu as envie de rester avec moi.... Fait le.... J'en ai envie aussi.... terriblement envie...
La main du jeune homme parcouru les draps jusqu'à trouver la sienne, lentement il plaça cette dernière dans sa paume entrelaçant ses doigts.
Jaina avait sans doute brisé la dernière barrière que s'autorisait le capitaine, celle qui protégeait qui il était vraiment.
-J'avoue avoir peur aussi, peur de ce que je ressens, de la suite mais.... comme tu es là.... ça ira
Dit il en lui offrant un petit sourire, ses yeux ne parvenant pas à lâcher ceux de la belle Jaina
Elle l’observait toujours, gardant cette proximité qui l’étourdissait et quand il lui dit ne pas vouloir arrêter, elle sentit son cœur se serré dans sa poitrine, lui faisant perdre un souffle. Pire encore, celui-ci lui signalait qu’il l’a voulait elle. Elle n’eut le temps de répondre, car elle sentit sa main contre sa joue, ses doigts effleurer ses lèvres lui arrachant un frisson, qui lui fit perdre ses moyens du moment et quand il l’embrassa à son tour, elle sentit quelque chose en elle se fissurer tranquillement. Elle n’ouvrit les yeux que lorsqu’il y mit fin et rencontra deux iris colorés qui dégageaient quelque peu l’envie que celui-ci ressentait. De nouvelles fissures se firent alors que ce dernier lui disait qu’elle pouvait rester, car lui-même en avait envie.
Il parlait de sentiment, mais est-ce qu’elle pouvait en dire autant. Après tout ceci n’impliquait pas que deux personnes. Jaina n’avait rien à perdre, mais Arthorias avait gros en jeu dans cette histoire. Elle apprenait à désirer, mais justement était simplement parce que cela l’intriguait qu’elle faisait cela. Elle-même ne le savait pas. Sa main se referma sur la sienne.
- Écoutez, Arthorias. Je veux que vous y pensiez franchement, d’accord? Avant d’aller plus loin j’ai besoin de savoir… et sachez que peut importe ce que vous choisirez, ce qui s’est passé dans cette chambre, restera dans cette chambre.
La demoiselle inspira fortement, elle détestait avoir à aborder ce sujet, mais elle ne voulait pas que ce dernier fasse une erreur qu’il pourrait regretter.
- Qu’est-ce que je serai pour vous après cela? Vous êtes marié et cette relation devra rester cachée. Cela ferait de moi votre amante, mais pour combien de temps? Vous m’avez donné la clé de vos quartiers alors que nous venons de nous rencontrer. Tout ceci est si rapide pour moi… Si conflictuel en moi. Je ne sais même pas ce que je ressens pour vous et je ne veux pas non plus vous blesser ni vous utiliser parce que j’ai envie de rester ici, d’apprendre et de partager avec vous quelque chose que je n’ai jamais goûté. Je ne souhaite pas qu’il y aille de malaise entre nous.
Un nouveau soupir s’échappa d’entre ses lèvres. Elle se détestait d’avoir toujours cet esprit logique en elle. Cela n’allait surement pas s’affaisser de si tôt. 23 ans de solitude, de lecture et d’étude ne l’aidaient pas dans ce genre de situation. Elle plaqua alors une main sur son front qu’elle fit glisser dans son visage jusqu’à son menton.
- Je m’excuse d’avoir jeté un froid, mais chaque décision apporte des conséquences négatives ou positives. J’ai envie de rester, mais je ne devrais pas, car j’ai peur que cela nous fasse plus de mal que de bien. Je ne sais pas s’il est bon que je garde la clé aussi…
Elle fouilla dans sa robe trouvant ainsi la poche dans laquelle elle l’avait mise et la lui tendit. Jaina sentait une boule dans sa gorge et se retenait fortement pour ne pas le montrer, bien que sa main tremblait légèrement et ses yeux semblèrent plus humides. Elle était désolée pour ce qu’elle allait dire.
- Il faudrait que nous nous rencontrions de nouveau, mais cette fois-ci, avec l’esprit plus clair… Ne pas sauter d'étape et apprendre à nous connaître? Qu’en pensez-vous? Enfin, je comprendrais très bien s'il s'agissait de ma seule chance et que nos prochaines rencontres se poursuivront en tant que simple garde et Capitaine. dit-elle avec un léger sourire mélangeant tristesse et sincérité.
Il l'écouta... patiemment, détaillant chaque argument, chaque phrase et alors qu'elle parlait, il se rendit lui même compte de la situation.
Elle n'était pas évidente, et beaucoup pourrait voir ça d'un œil malveillant. Elle lui rappelait la dure réalité de son travail.
L'officier secoua doucement la tête, comme s'il refusait lui même les barrières qui étaient pourtant là devant lui.
Fermant les yeux, il tacha de réfléchir mais tout était embrouillé... Arthorias voulait simplement arrêter de réfléchir. Mais la garde devant lui ne lui laissait guère le choix.
Il resta donc ainsi, l'air concentré plusieurs minutes, tachant de décortiquer minutieusement chacun de ses arguments, imaginant, analysant.
Mais tout n'était pas simplement une affaire de probabilité. Pouvait il imposer sa vie à quelqu'un ? Sa vie est ses échecs... Non tout n'était pas aussi simple...
Jaina avait raison.
S'éloignant légèrement d'elle, il posa une main sur son épaule, un sourire qui se voulait rassurant apparaissant sur son visage.
-Tu as raison, et c'est tout à ton honneur de me le rappeler. C'est vrai tout cela peut être rapide... Je n'ai jamais été très sentimental... et je dois avouer que d'un coup....
Il secoua la tête... inutile de trop en dire... Le moment était surement mal venu pour faire un tel étalage ici.
-Ne t'excuse pas, je préfère une honnêteté brutale qu'un doux mensonge, c'est tout à ton honneur de faire les choses ainsi. Je m'excuse même d'avoir brusqué les choses.
Chose rare, Arthorias baissa la tête en signe d'excuse., s'inclinant presque devant la nouvelle garde royale.
Restant ainsi quelques secondes avant de remonter pour fixer sa collègue avec bienveillance.
-Ma décision importe peu au final... car c'est à toi qu'elle revient, je serais bien égoïste de t'imposer de telle choses.... mais sache que...
Regardant les clés ainsi présentées, il secoua doucement la tête, posant la main sur la sienne, pour doucement la refermée sur les clés, portant le poing de la jeune femme à sa poitrine.
-Ces clés sont ma décision, elles symbolisent également la tienne, nous nous reverrons.... quand tu te sentira prête. Tu pourra revenir quand tu voudra.
Laissant un moment de flottement, il sentit sa gorge se nouer alors qu'il préparait ce qu'il allait dire.
-Et nous pourrons alors nous revoir avec l'esprit clair, j'apprendrais avec plaisir à te connaitre si j'en ai l'occasion.
Si par ailleurs tu décide de ne plus vouloir de tout cela, il te suffira de me ramener les clés, pour de bon cette fois. Ce qui se passera dans cette chambre, restera dans cette chambre, que ce soit pour ce soir, dans une semaine, un mois
Il te suffira de venir après le service et de me rejoindre ici.
Il aurait sans doute aimé en dire plus. Mais le temps n'y était pas et comme elle l'avait dit, l'esprit se devait d'être clair pour de telle décision.
Et alors qu'il aidait la jeune femme à récupérer ses affaires, il lui indiqua sa chambre, qui était au final à peine plus loin, séparée du bureau par un étage.
Là elle y trouverait sa grande chambre individuelle.
Et alors qu'elle se dirigea vers la porte, il l'attrapa par la main la faisant se retourner face à lui avant de déposer un dernier et furtif baiser sur ses lèvres.
S'éloignant, il réajusta son uniforme, s’éclaircissant la voix pour reprendre d'un air plus solennel
-Garde Royal Stonebridge, bienvenu dans la garde d'élite du royaume, je serais votre officier responsable, vous rejoindrez votre compagnie rempart à l'aube et verrez avec l'officier par intérim pour vos besoins en matériels et votre mission.
Puisse votre carrière au service de la reine se dérouler du mieux possible.
Lui offrant un salut, il lui serra la main pour la laisser finalement partir, dissimulant une larme qui roula sur sa joue.
Pas une larme de tristesse, simplement la manifestation de tous les rebondissement de la journée.
Secrètement, il espérait la revoir, quand le temps serait meilleur, et l'avenir plus radieux. D'ici là... il resterait le capitaine Hekmatyar et continuerai de faire son devoir
Pour la patrie, pour le roi et pour la gloire