Depuis combien de jours errait-elle non loin de la caserne dans l’attente d’une réponse de sœur Friede? Elle avait planté sa petite tente dans un endroit discret où personne ne penserait à la chercher. La perte de son emploi, si on pouvait le dire ainsi, pesait bien lourd sur les épaules de la demoiselle qui devait maintenant trouver un moyen de gagner sa vie ainsi que nourrir deux bouches. Celle de son Lugnipus ainsi que la sienne. Son glooby n’aura pas de problème pour sa part puisqu’il lui suffisait de lui offrir ce que la nature avait à leur donner. Puis, faut dire que la blonde ne mangeait presque plus, du coup, elle se contentait de miette.

Ce n’est qu’après quelques jours après son départ qu’elle reçut enfin une réponse tant attendue lui donnant ainsi rendez-vous de soir au même endroit que la dernière fois. L’un des temples de lucy qui se trouvait à la capitale. Jaina n’avait pas remis les pieds dans l’un de ces endroits pour la simple et bonne raison qu’elle avait perdu la foi. Lucy ne l’avait aucunement aidé durant ce voyage qui avait mal tourné où ses compagnons et elle avaient fait naufrage et retrouvé sur une île perdue où les horreurs vue et vécue ne pourraient être répétées ici. Jaina n’avait rien oublié au contraire de Devon. Elle ignorait ce qu’il était advenu de Jin, mais il espérait que tout allait bien de son côté. Pour sa part, sa main qui avait muté et ses pertes de contrôles répétés l’avaient bien obligé à démissionner.

Le soir du rendez-vous Jaina s’était rendu encapuchonné à l’endroit mentionné dans la lettre. Elle qui était débordante de vie et bien en chair, semblait terne et bien maigre. Ses joues avaient été creusées, des cernes entouraient ses yeux, sa peau avait perdu de son éclat et même sa chevelure semblait négligée. Sa main droite avait été bandée afin de cacher l’aspect de pierre qu’elle arborait dorénavant et même si elle avait tenté de s’en débarrasser, celle-ci s’était régénérée, par le plus grand des malheurs, lorsqu’elle était entrée en contact avec de la roche. Jaina ignorait si elle était en avance ou si la sœur allait être présente pour l’accueillir, mais lorsqu’elle pénétra le lieu, un silence pesant se fit entendre. Son glooby sur son épaule et son lugnipus à ses côtés, Jaina portait son grand sac sans fond sur ses frêles épaules et dû retiré son capuchon pour y voir de quoi.

« Bonsoir? Il y a quelqu’un? » Elle attendit un moment avant de poursuivre. « C’est Jaina, nous nous sommes écrit… » Elle continuait de chercher dans la pénombre et soudainement son cœur se mit à s’affoler alors que la sueur se mit à perler sur ses tempes et son front. Le nuage passager qui cachait la lune rétablit les lueurs de cette dernière suite à son passage illumina ainsi l’intérieur du bâtiment éclairant les quelques statues présentes de l’endroit. Jaina en aperçu une et sentit la panique monter en elle et tel un biche, elle figea sur place n’osant plus bouger. La sensation de se faire saisir par-derrière et soulever était encore gravée dans son esprit et dans sa chair comme si cela venait tout juste de se passer. Le son des voix et des lamentations chargèrent son esprit et comme seul moyen de défense, elle s’accroupit à même le sol s’enfermant dans une sorte de cocon. Elle plaça ses mains contre ses oreilles, ferma les yeux et se balança doucement sur elle-même.

« C’est terminé, ils ne sont plus là. On ne peut plus me faire du mal… Je ne peux plus perdre le contrôle de moi-même » marmonna-t-elle à répétions pour tenter de se ressaisir.

Cobalt, le jeune loup déposa sa truffe humide sur le front de sa maîtresse en détresse qui sentit, au contact de ce dernier, sa main frémir, mais elle tint bon afin d’éviter de le jeter au loin comme cela s’était produit lors de son retour. Il poussa un léger gémissement et tenta de se créer un passage pour se glisser contre sa maîtresse et se faire réconfortant pour elle. Tel un chien d’assistance il aida Jaina à  passer au travers de sa crise.

Le chiot avait réussi à se glisser auprès de sa maîtresse tentant tant bien que mal de la sortir de cette transe négative. Dans ce genre de moment, il ne fallait pas prendre l’ancienne garde par surprise, car cela pouvait mal se terminer pour ladite personne. Sa main réagissait souvent au quart de tour et c’était au-delà de la volonté de la rescapée. Grâce à l’intervention du lugnipus, Jaina put voir l’approche de la sœur qui s’était agenouillée devant et qui avait déposé ses mains contre les siennes. Plutôt que de la repousser, la blonde eut un léger mouvement de recul et retira aussitôt sa dextre de la sienne. Ce n’était pas contre elle, mais elle ne désirait pas qu’on la touche à cet endroit. Jaina eut du mal dans un premier temps à comprendre ce qu’il se passait et pourquoi elle était ici. Pourtant, elle était venue ici par sa propre volonté, mais ces voix avaient en quelque sorte embrumé son esprit et elle semblait avoir du mal à en immerger. Même elle ne comprenait pas réellement le sens des paroles de la femme.

« La protection de la déesse? Demanda-t-elle alors qu’un ricanement peu convaincu s’échappât d’entre ses lèvres. Quelle déesse? »

Eh oui, la demoiselle avait perdu la foi en cette dernière qui plutôt de la guider, l’avait laissé vivre un véritable calvaire sur cette île.  Enfin, Jaina savait bien qu’elle ne pouvait pas cracher sur la sœur qui se trouvait devant elle. Elle n’y était pour rien et c’était son aide personnel qu’elle recherchait n’est-ce pas. Elle s’était offerte pour l’aider à rechercher des membres de sa famille au besoin.

« Enfin, pardon…oui, disons que j’ai vécu bien des choses… »

Jaina se releva tant bien que mal tentant de ne pas regarder les statues qui les entourait et cherchait le contact visuel avec la sœur. Bien que son visage était toujours caché par sa capine de none. La demoiselle n’avait pas réellement de blessure visible, elle était tous interne et psychologique. La seule chose qui paraissait avec la demoiselle était sa maigreur ainsi que le manque de sommeil qui se reflétait dans son teint et ses cernes. Elle avait perdu de son éclat de joie de vivre tout simplement.

« Je n’ai plus d’emploi, plus de logement. Je suis à la rue, je suis prise avec ça! Dit-elle en montrant sa main bandée. Je ne dors plus, je ne mange plus... J’espérais avoir la possibilité de trouver une piste sur ma famille puisque vous m’aviez dit de venir vous voir lorsque je serai prête à cela. C’est peut-être précipité, mais j’ai besoin savoir. Suis-je vraiment seule maintenant où il me reste un peu d’espoir. »

Laisser Lucy de côté était certainement la meilleure idée pour Jaina. En vérité si elle avait mis les pieds dans le temple, c’était dans le seul but de retrouver la femme qui lui avait offert son aide dans un passé non loin. Elle ne mettrait plus les pieds dans l’un de ses lieux, à moins d’en être obligée. L’ancienne garde hocha simplement la tête alors qu’elle suivait la none sans hésitation. Cobalt sur ses traces, il suivit les deux femmes bien qu’il surveillait la sœur d’un air inquiet. Était-ce l’aura qu’elle dégageait ou bien la crainte des inconnus qui semblait le faire réagir de cette façon? Dans tous les cas, il ne se montra pas mauvais, mais ne quittait pas d’une seule semelle sa maîtresse.

La marche fut plutôt longue et Jaina semblait se questionner sur la destination de leur trajet emprunté. Friede semblait sure d’elle-même bien que pour une sœur, il n’était pas commode de la voir dans ce genre de quartier. Jaina observait tout autour d’elle cherchait à trouver l’endroit où elle pourrait fuir en cas de problèmes. Était-ce un piège? Elle sentit la nervosité gagner son ventre, puis tous ses membres rendant par la même occasion ses mains moites.

« Vous savez où nous allons n’est-ce pas? » Demanda cette dernière avec inquiétude.

Elle n’était en état de se défendre en cas de problème. Avec ce qu’elle avait vu sur cette île, Jaina savait que tout était maintenant possible. Elles arrivèrent finalement face au fleuve et Jaina avala difficilement sa salive. Cherchait-elle à la noyer?  Elle secoua la tête. L’endroit était tranquille pour une discussion qui pourrait se révéler secrète et l’endroit semblait judicieux. Elle ne devait pas partir dans de quelconques hypothèses farfelues de conspiration contre elle.

Seulement, la demoiselle prit le temps d’observer son reflet au-dessus de l’eau et toucha légèrement ses joues. Combien de temps s’était écoulé depuis le jour de sa disparition? Elle l’ignorait, mais les séquelles de se voyage avait ravagé le corps de la demoiselle qui ne cherchait qu’un moyen parmi tant d’autres d’oublier ce qu’elle avait vécu. Lorsqu’elle se tourna alors vers la none histoire d’entrer dans le vif du sujet, elle fut frappée par le visage de cette dernière.

Sans attendre, Jaina s’approcha d’elle d’un pas et bégaya des mots sans réussir à formuler une phrase. Elle toucha doucement sa chevelure ainsi que son menton. Elle ignorait si elle avait envie de lui crier dessus ou pleurer, mais elle sentait une douleur dans sa poitrine qui l’empêchait de respirer convenablement.  Son poing sur cette dernière, elle chercha son souffle alors qu’elle fut invitée à rejoindre Friede en position assise sur le bord de l’eau.

«  Je….mais, je ne comprends pas. Pourquoi n’as-tu rien dit la dernière fois? »

Peut-être que tout aurait été différent. Peut-être n’aurait-elle jamais pris ce foutu navire et qu’elle serait restée avec elle. Jaina prit quelques instants afin de se remettre de ses émotions puis elle s’assied à ses côtés. Son esprit n’avait pas pris bien du temps à comprendre la situation. Leur reflet ainsi mis un à côté de l’autre montrait bien trop de similitudes entre les femmes pour que Jaina doute de leur possible lien de parenté.

« Pas étrangère? C’est la seule chose qui t’es venue à l’esprit depuis notre dernière rencontre? Nous ne connaissons pas tous les deux nos parents. Selon Prudence, je suis née le dix-septième jour de la deuxième lune de la saison chaude ce qui me donnera vingt-quatre ans sous peu. »

Jaina attrapa la main de cette dernière bien que c’était avec sa main de pierre cachée sous les bandages et plongea son regard dans celui de sa sœur.

«  Parle-moi de toi… Tu veux bien? »

Elle avait parlé d’elle et de ses problèmes la dernière fois et bien que Jaina était venue ici pour chercher de l’aide à nouveau, si Friede était réellement sa sœur voire même sa jumelle, celle-ci méritait d’être écoutée à son tour. D'ailleurs, une certaine colère se mit alors à bouillir en elle. Non seulement, ses parents l'avaient abandonné elle, mais elle aussi et séparément qui plus est! Elle sentit sa main trembler et resserrer son emprise sur la frêle main de la soeur et Jaina dû se retirer rapidement afin d'éviter de lui broyer les os. Elle plaqua cette dernière contre son ventre bien que les tremblement étaient toujours visible.

« Pardon...»

Peut-être qu’elle y allait un peu fort avec cette dernière. Elle ne pouvait pas lui en vouloir de ne s’être pas montrée à elle la première et la trouvait déjà bien assez courageuse d’avoir tenu le coup de son côté alors que Jaina était là pour parler de problème de cœur. Lorsqu’elle y repensait, la situation était bien ridicule aux yeux de l’ancienne garde. Bien des choses s’étaient produites depuis ce soir-là dont une soirée en particulier qui semblait vouloir s’effacer dans son esprit. Enfin, elle ne pouvait pas en parler, puisqu’elle l’ignorait elle-même. Puis il y a ses quelques jours infernaux qui lui ont tout coûté. Une part d’elle-même était restée sur l’île et elle ne serait plus jamais celle qu’elle était autrefois.

«  Oui…c’est vrai. Tu as enduré cette découverte seule de ton côté. Cela a dû te travailler longuement. »

En vouloir à sa vie? Sa sœur serait donc recherchée? Pour quel genre de crime exactement? Enfin, c’était peut-être une bonne chose qu’elles se soient rencontrées sous ses circonstances, parce que Jaina n’aurait pas pu fermer les yeux sur ses agissements. Enfin, peut-être est-ce simplement un règlement de compte. Ou peut-être a-t-elle dénoncé un crime et est rechercher par l’organisation en quelque sorte? Dans tous les cas, elle ne veut pas sauter aux conclusions sans entendre ce qu’elle avait à dire. Jaina était si choqué par l’apparition d’une sœur jumelle qui plus est qu’elle ne savait déjà pas sur quel pied danser. Enfin, elle poursuit sur son âge validant ainsi les propos de l’ex-soldat. Contrairement à elle, sa sœur n’était pas tombée entre de bonnes mains contrairement à elle, ce qui l’a mis davantage en colère jusqu’à enserrer sa main fortement jusqu’à ce qu’elle le remarque.

Bien qu’elle se soit dégagée afin d’éviter la catastrophe, Friede attrapa la senestre de la blonde et l’aida à se lever afin de se déplacer à nouveau. Étrangement, la demoiselle ne voulut pas quitter cette main chaude qui était l’une des seules sources de chaleur dont elle eut droit depuis ces derniers temps. Elle s’était entêtée à éloigner toute forme de contact humain depuis son retour et s’était refermée sur elle-même. D’ailleurs, elle ne se posait même pas de questions sur leur destination. Bien qu’elle ne connaissait pas cette femme, les deux avaient été abandonnés et ce n’était pas le même de le faire l’une envers l’autre alors qu’elle venait tout juste de se retrouver.  Les deux jeunes femmes furent vite arrivées à la villa de la sœur bien que cette dernière lui avait finalement mentionnée.

Bien vite, Jaina se déchaussa par habitude et parce qu’elle ignorait si l’hôtesse de la maison acceptait cela. De plus, elle ordonna à son lugnipus de rester à ses côtés et de ne pas partir explorer au loin. Ils n’étaient pas chez eux alors pas de raison pour qu’il fouine de son grand nez. Jaina s’assied alors là où elle fit signe alors que Cobalt s’allongea à ses pieds calmement.

« J’espère que mon familier ne te gêne pas. Disons, que je ne peux pas m’en défaire depuis mon retour, il est d’une grande aide… Je vais prendre de l’eau, je ne voudrais pas t’embêter. »

Jaina regarde un petit moment ses mains qui se trouvait contre ses genoux alors que Valeera de son vrai prénom lui parla d’elle. Ainsi, Jaina avait vu plus ou moins juste. Cette dernière avait été élevée sur une voie qui lui était totalement opposée.

« Je suis désolée… dit-elle, bien qu’elle savait pertinemment que ce n’était pas de sa faute. Mais elle ne pouvait s’empêcher de penser que si leur place avait été échangée, Valeera aurait pu vivre une vie plus tranquillement que ce qu’elle a pu vivre jusqu’à aujourd’hui. Mais ma prestigieuse carrière ne m’a servi à rien durant ces dernières semaines. Je me suis engagée sur un navire, attiré par des songes. Nous étions plusieurs et il y a eu un naufrage qui nous a séparés. Heureusement, je me suis retrouvée avec un ami et une connaissance du navire, mais j’y ai vu des choses et vécu des choses… J’en ai perdu mes moyens. »

Sa jambe droite s’était mise à trembler alors qu’elle frottait vigoureusement ses mains contre son pantalon. Elle s’était même mise à se bercer sur place alors que les images défilaient dans son esprit à une vitesse affolante. Cobalt sentit de nouveau sa détresse et se leva afin de sauter sur ses cuisses y déposant simplement ses pattes antérieures. Jaina posa alors un regard troubler et fatiguer sur ce dernier et le caressa doucement de sa main gauche alors qu’elle garda sa main droite contre son abdomen.

« Je donnerais tout pour oublier ce que j’y ai vu. Lorsque je tente de dormir, je ne revois que cela et je me réveille en crise de panique. Alors je prends des potions d’insomnie, parfois, afin de me tenir éveiller, mais ce n’est plus suffisant. Et avec tout ça, je me sens tout à l’envers et je n’arrive pas à avaler quoi que ce soit. Ça me tue à petit feu tout ça… »

Jaina poussa un soupir. Elle ne voulait pas se plaindre à cette dernière loin de là. Elles avaient chacun leurs problèmes et ils n’étaient plus importants que les siens. Elle déposa son pouce et son majeur sur ses tempes et frotta doucement ces dernières.

« Pardon, Valeera… Je devrais plutôt me réjouir de ta présence plutôt que de parler de cela. »

Jaina ne pouvait pas réellement répondre à sa question qui n’en attendait pas une. C’était plutôt une simple question lancée comme cela et en vérité, n’ayant jamais réellement eu de membre de famille ou bien de parents pour lui montrer les mœurs d’une famille, elle se contenta d’un simple sourire. En effet, si elle mettait son lugnipus à la porte, Jaina n’aurait d’autre choix que de le suivre. Il faisait maintenant partie intégrante de sa vie et elle hésitait même à lui fournir de la magie pour l’aider. Après tout, c’était un familier combattant et comme ce dernier pouvait s’enflammer, elle ne pensait qu’à développer ses capacités. Elle caressa doucement ce dernier qui s’était alors mis sur ses genoux et bougea ses grosses oreilles dans tous les sens.

Enfin, Jaina savait qu’elle ne pouvait rien pour elle et que même si elle tentait de l’aider, le problème était avant tout psychologique chez elle. Alors mis à part trouver un moyen d’embrumer son esprit ne serait-ce que pour lui permettre de dormir, elle ne voyait pas comment faire. L’ex-garde sembla un bref moment sourcilier lorsqu’elle fit référence à la drogue, mais ne dit rien. Elle pourrait la questionner à ce sujet plus tard, mais pas maintenant. Puis elle ne voulait pas qu’elle croie qu’il s’agissait d’une astuce pour s’approcher de cette dernière afin de la passer derrière les barreaux.

Jaina passa alors sa main contre son visage cessant ses balancements d’avant en arrière et continua de caresser le familier qui lui apportait réconfort.

« Je…je ne sais pas quoi te dire.  Merci de m’accueillir ici, mais je ne resterai pas indéfiniment. Nous venons à peine de nous retrouver et je refuse d’être un poids pour toi. D’ailleurs, je pensais simplement discuter des modalités et des recherches que nous devrions entreprendre pour peut-être trouver un membre de ma famille… Je ne m’attendais surtout pas à ce genre de révélation. Enfin, je dois dire que  ça m’allège un peu. Mais je vais devoir bientôt partir, enfin pas ce soir. J’ai encore quelques jours devant moi, mais je suis en train de communiquer avec une enchanteresse du grand-port afin de prendre rendez-vous avec elle. »

Sa dextre s’ouvrit et se ferma à de nombreuses reprises avant qu’elle ne la secoue pour l’arrêter. Elle avait une drôle de sensation dans cette dernière.

« Disons que je suis revenue avec un cadeau empoisonné de cette expédition et j’aimerais qu’elle étudie ma main pour qu’on puisse m’en débarrasser. Et disons que pour le moment, j’ai de quoi subvenir à mes besoins, mais je vais devoir retrouver un emploi, durable ou pas. Mais je ne pourrai pas rien faire et malheureusement, je dois faire une croix sur la garde à tout jamais. »

La demoiselle observa un moment sa sœur puis sentit quelque chose bouger dans l’une de ses poches et elle y ressortit son second familier. Un petit glooby aux longs appendices rappelant presque des oreilles. Par contre, si ce dernier se promenait partout, Valeera ne serait certainement pas heureuse. Un canidé c’était quelque chose, mais un glooby baveux et visqueux c’était une tout autre histoire. Elle lui offrit un sourire gêné.

« Tu n’aurais pas quelque chose pour qu’on puisse l’y enfermer sans le tuer. Je n’ai pas très envie qu’il mange tes biens. »

Jaina eu un sourire attristé quand sa soeur lui mentionna qu’elle ne ratait rien en s’éloignant de la garde. Comment pouvait-elle le savoir alors que la garde était toute sa vie jusqu’en ce jour fatidique où elle avait remis sa démission. C’est lorsqu’un enchanteur était venu retirer la magie de son tatouage qui lui donnait accès à son pouvoir dans le palais qu’elle savait qu’elle ne pourrait plus jamais revenir en arrière. Enfin, elle ne dit rien préférant sortir la petite créature de sa poche qui se mit à se promener joyeusement dans sa paume de main quand il put enfin voir la lumière du jour. Bon, c’était plutôt le soir, mais disons que contrairement à un fond de poche c’était bien plus agréable maintenant.

Jaina suivi alors cette dernière lorsqu’elle lui mentionna peut-être avoir quelque chose pour son familier. Cobalt à ses pieds, il la suivit où qu’elle aille. Les deux jeunes femmes grimpèrent les marches jusqu’à ce qui semblait être un grenier, mais tout de même emménager et l’endroit était plutôt propre pour quelqu’un qui vivait seul.

« Non, non, ne t’inquiète pas. C’est parfait et bien mieux que de dormir tous les soirs dans un emport’tout à même le sol. » Dit-elle alors que Valeera sembla chercher quelque chose pour Plue.

Jaina comprit finalement que cet endroit avait été aménagé pour quelqu’un dont cette dernière ne souhaitait pas parler et certaine chose devait lui appartenir dont le bac en verre qu’elle épousseta rapidement d’un mouvement de main. Jaina déposa le familier à l’intérieur et s’empressa de le refermer afin qu’il ne puisse pas s’enfuir. Heureusement, l’air pénétrait tout de même pour que ce dernier puisse respirer. Celui-ci sembla tourner sa petite tête toute triste vers sa maîtresse lui faisant de grands yeux tout piteux. Cela fendit le cœur de la maîtresse, mais elle n’avait pas le choix.

Quand elle se redressa suite à la question de sa jumelle Jaina secoua légèrement la tête de gauche à droite pour lui mentionner que tout était correct pour elle.

« Je n’en ai pas l’air, mais j’ai tout dans mon grand sac sans fond, mais le temps de trouver de quoi me changer, il fera déjà jour. »

Surprise par ses gestes, Jaina sursauta un moment et fit un léger pas vers l’arrière avant d’écarter les bras. Disons qu’elle avait du mal depuis quelque temps à laisser les autres la toucher. La sensation lui était désagréable surtout qu’elle ne pouvait que penser aux mains de pierre qui s’agrippaient à son corps. Mais elle finit par soupirer. Valeera ne lui voulait pas de mal, mais seulement l’aider.

« Je ne vais pas cracher sur un bain. » Et pour accompagner ses dires, Jaina laissa tomber ses sacs au sol et retira finalement sa cape qu’elle laissa tomber au sol. Ses vêtements lui semblaient trop grands. Elle avait perdu beaucoup de poids depuis son retour et cela se voyait sur son visage qui avait été pourtant plus rond autrefois. Maintenant il était élancé et creux alors que les cernes qui se trouvaient sous ses yeux semblèrent chercher à atteindre le sol, tellement elle était creuse et grande. Son corps athlétique c’était quelque peu atrophié et dû à sa faible alimentation, elle n’aidait pas du tout à sa condition.

Jaina se dirigea donc vers la salle d’eau où se trouvait le bain et y remplie la bassine alors que Valeera sembla vouloir lui laisser son intimité ce qui était plutôt normal. La seule chose, Jaina l’attrapa par la manche de son vêtement histoire de l’en aviser.

« Je…je vais laisser la porte ouverte. S’il m’arrive quelque chose, je préfère que tu en sois prévenue. Puis, Cobalt restera allonger près de moi. »

Une fois l’eau à son maximum, Jaina commença à se dévêtir et retira le bandage de sa main afin de pénétrer l’eau. Elle eut un frisson au contact de ce dernier surtout lorsque sa main droite pénétra le liquide chaud. Cette dernière élever dans les airs devant elle, l’ex-garde l’observa s’assombrir comme la pierre que l’on mouille. L’enchanteresse pourra-t-elle y faire seulement quelque chose? Enfin, elle se mouilla le visage avant de le frotter puis elle étendit ses jambes afin de se couvrir le corps entier d’eau. Elle avait bien des choses à régler avant de ne retrouver un semblant de vie et a commencé par se trouver du travail.

Elle ferma donc les yeux se laissant doucement bercer par le contact de l’eau et bien que son corps sembla calme, son esprit lui s’agita aussitôt comme si quelque chose semblait essayer de pénétrer ses pensées; des voix, des murmures, un langage qu’elle ne devrait pas comprendre et pourtant le visage de l’une de ses créatures qui l’avaient longuement jugé apparu dans ses pensées. Jaina fut prise d’un sursaut et elle ouvrit grand les yeux alors qu’elle s’agita dans l’eau.

Valeera avait laissé sa sœur seule afin de récupérer des vêtements qu’elle pourra utiliser pour la nuit. Jaina aurait dû se sentir bien voir reposer dans un environnement comme celui-ci. L’eau était chaude et elle venait de retrouver une sœur qu’elle n’avait jamais rencontrée. Elles avaient toutes les deux été séparées dès la naissance et n’avaient jamais eu la chance de grandir ensemble. Non, leurs parents, si on pouvait les appeler ainsi, avaient tout fait en sorte pour qu’elles ne puissent pas vivre dans le même univers. Une avait été plongée dans un monde calme et doux où elle ne manquait de rien pas même d’une éducation alors que la seconde, était atterrie entre de mauvaises mains vivant l’exact opposé de sa jumelle. Pourtant, même sachant cela, même malgré leurs deux univers totalement différents s’entraidait. Jaina aurait dû être comblé, cela aurait dû l’aider à se sentir mieux et pourtant quelque chose de sombre et tapi dans l’ombre de son esprit n’attendait qu’elle ferme les yeux pour venir à elle.

Quand elle ouvrit les yeux, la jeune femme s’était redressée d’un bon cherchant pratiquement son souffle. L’eau s’agita dans tous les sens au rythme de ses mouvements alors qu’elle s’accrochait au rebord du bain. Son familier se mit à couiner et alors qu’il désirait se rendre jusqu’à sa maîtresse, Valeera était revenue en trombe pour veiller sur elle. Le contact de sa main contre le dessus de crâne permit à la demoiselle de s’apaiser. Voyant finalement ce qui pouvait causer autant de changement chez cette dernière, elle lui proposa finalement de visiter une herboriste qu’elle connaissait afin de l’aider. Jaina faisait de l’anxiété en effet, mais c’était bien plus que cela. Jaina tourna finalement ses grands yeux bleus vers cette dernière. L’épuisement s’y lisait et pourtant, elle ne trouvait pas le moyen de trouver le sommeil.

« Merci… » dit-elle en appuyant sa tête contre l’une des cuisses de sa sœur.

Comment lui expliquer ce qu’elle avait vécu? Allait-elle seulement la croire? Enfin, dans tous les cas, même si elle lui en parlait, elle ne serait pas troublée comme elle l’était. Les créatures ne viendraient pas hanter son esprit à elle. Elle ramena alors ses genoux contre sa poitrine croisant ses jambes qu’elle retint de ses deux bras. La demoiselle n’était pas pudique, mais pour ce genre de récit, elle préférait se sentir dans une position qu’elle était confortable.

« Il y a de cela une lune je me suis mise à faire de drôle de rêve. Je ne comprenais pas ce qui se passait, mais un soir, nous avons tous entendu l’appel et sans trop savoir pourquoi, je me suis dirigée vers le grand port et nous nous sommes retrouvés à plusieurs sur ce navire. Il y avait de nombreux gardes et même un ami qui compte beaucoup pour moi. Tout se passait bien jusque-là. Nous ne savions pas vraiment où nous nous dirigions, l’équipage était un peu étrange et parlait dans une langue étrange, mais la mer était calme. Malheureusement, elle s’est mise à s’agiter et nous avons fait naufrage. J’ai échoué, avec deux de mes camarades sur une île qui ne se situe sur aucune carte. Là, il y avait des choses qu’on ne pouvait même pas expliqué, des voix, des visions, des statues qui s’animent… »

Le pouls de la demoiselle s’accéléra alors que sa respiration se faisait plus bruyante, plus saccadée. Sa main commença à s’agiter dans l’eau, mais elle retenait son poignet de sa senestre.

« Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai été trop intrépide, j’ai traversé une statue de pierre qui nous barrait la route et à partir de là tout à dégringoler. J’ai été prise de vertige, quelque chose s’est emparé de mon esprit, je n’ai plus été capable d’utiliser mon pouvoir. Je ne pouvais même plus aider mes compagnons et le pire dans tout cela, c’est qu’il y avait des statues derrière, elle était emmêlée les unes aux autres comme si elles se lamentaient, mais elles se sont éveillés m’attrapant par derrière pour m’amener jusqu’à une autre sale. Enfin… j’ai surtout été un poids, j’ai été manipulée, j’ai fait des choses que je ne comprenais pas. Je l’ai vu dans leurs yeux. Ils ont douté de moi jusqu’à la fin. Ils ont cru que j’étais l’un des leurs... »

Elle espérait que Devon et Jin se portaient bien contrairement à elle. Ils avaient tous les deux quelqu’un qui les attendait et qui les avait certainement cherchés, mais Jaina n’avait personne jusqu’à aujourd’hui.

« Je leur ai dit de me laisser là et de me sacrifier, mais ils n’ont rien voulu entendre. Pourtant je parlais une langue que je ne connaissais pas! Je me suis même gravé des runes à même le visage avec mes ongles. Sauf qu’encore une fois, j’ai perdu connaissance et quand j’ai repris conscience, j’avais cette main… »

Jaina se redressa abandonnant la cuisse sur laquelle elle se reposait et leva sa main pour la montrer à sa sœur. Elle gardait une certaine distance. Elle ne voulait surtout pas qu’elle se réveille et ne s’en prenne à cette dernière.

« Elle semble faite de pierre et se régénère lorsqu’on la brise, mais si c’était que ça… Elle semble avoir,  parfois, sa propre conscience et je m’en suis pris  involontairement à certaines personnes, dont Cobalt. Je ne pourrai jamais me pardonner de lui avoir fait du mal… Depuis mon retour, je ne fais que me souvenir tout ce qui s’est passé. La nuit, j’ai l’impression qu’ils m’observent, qu’ils me regardent. Je ne sais plus quoi faire. Je vais devenir folle si ça continue ainsi… »

Des larmes emplirent doucement son regard alors qu’elle se dépêcha d’essuyer ce qui avait commencé à couler. Un léger reniflement se fit entendre derrière cet avant-bras.

« Je suis désolée Valeera… Je n’en peux juste plus. Je suis prête à tout essayer, tout prendre si c’est pour retrouver la quiétude que j’avais autrefois.»

Jaina essuya rapidement son visage et ne vit qu’après avoir retiré son bras de devant ses yeux que sa sœur s’approchait d’elle afin de venir blottir sa tête contre sa poitrine dans une douce étreinte réconfortante. Était-ce la chaleur de cette dernière qui la calma ou bien le battement de son cœur qui s’avérait être calme. Elle l’ignorait, mais celle-ci tenta de se faire rassurante lui mentionnant qu’elles étaient maintenant ensemble et qu’elle ne la laisserait pas tomber. En effet le processus d’adaptation et de sa guérison sera certainement long. Enfin, la demoiselle hoche simplement la tête en guise de réponse alors que Valeera poursuit lui disant qu’elle trouvait un moyen d’apaiser sa conscience, mais ça ne serait que temporaire, mais pour le moment, il était peut-être mieux de dormir.

Jaina, en vérité, avait hésité à lui demander si elle pouvait dormir avec elle, mais elle avait eu peur de la déranger. De s’immiscer un peu trop dans sa bulle alors qu’elle venait tout juste de la retrouver.  Elle n’aurait jamais cru qu’elle serait la première à l’offrir. Enfin, c’était peut-être en voyant l’état de la rescapée qu’elle offrait cela. Dans le cas contraire, Jaina aurait tout simplement dormi au grenier de la maison ce qui ne lui aurait pas dérangé. Seulement, elle ignorait si elle pourrait dormir convenablement cette nuit.

- Je ne pense pas qu’elle essaie de te tuer… Je crois qu’elle est liée à mes émotions. Plus j’ai du mal, plus elle réagit. Lorsque je suis calme, tout se passe bien en général.

Elle ne pouvait lui promettre que tout irait bien. Après tout, elle n’était même pas sûre de ce qu’elle disait. C’était de simple constatation.

- J’imagine que si je dors de ton côté droit, ça enlève un risque, mais je vais aller voir une enchanteresse. Elle pourra m’aider et tenter de régler mon problème. Si ça se trouve, elle pourra annuler le sort ou l’enchantement.

Jaina voulait garder espoir. Les problèmes physiques étaient parfois plus faciles à corriger que ceux psychologiques. Si elle regagnait une main normale, peut-être cela l’aiderait-elle à améliorer son état psychologique. Enfin, entendre sa sœur lui mentionner qu’elle était là pour elle la rendait vraiment toute chose. Elle ne savait pas comment l’expliquer. Elle était à la fois heureuse et effrayée. C’était la première fois qu’elle pouvait dire qu’elle avait de la famille et une jumelle qui plus est, mais le doute subsistait. Était-ce un rêve ou son esprit malade qui voulait la faire souffrir davantage? S’était-elle inventé une sœur presque identique à quelque chose prêt dans le seul but de se torturer?

- Merci, Valeera. Ça me soulage de te savoir présente bien que je ne veux pas t’imposer mon fardeau. Je vais terminer de me laver, si tu le veux bien et je te rejoins par la suite, d’accord? Je vais mieux… Il ne m’arrivera rien.

Cela ne la gênait pas non plus de se savonner même si elle se trouvait toujours dans la même pièce qu’elle. Après tout, elle était habituée de partager des vestiaires d’autres femmes et elle s’était retrouvée à de nombreuses reprises dans des situations qu’elle aurait dû se sentir embarrasser. Pourtant, elle s’y était habituée. C’était les risques de l’utilisation de son pouvoir. Par contre, elle ignorait si c’était le cas de sa jumelle et elle ne pouvait rien lui imposer.

Laver sa chevelure lui prenait toujours du temps. Après tout, il était bien long et dernièrement vu l’état dans laquelle elle se trouvait, elle ne rêvait que d’une chose. Y mettre des coups de ciseaux, mais elle n’avait pas le courage de le faire. Enfin, elle termina sa toilette rapidement avant de faire couler l’eau de la baignoire pour finalement s’essuyer. Elle enfila la tenue de nuit que sa sœur avait choisie pour elle et elle peigna alors sa longue tignasse avant de l’attacher sous forme de tresse. Quand elle fut prête, elle prit en main la boule de vêtement qu’elle avait porté durant la journée et alla les porter au grenier là où elle avait laissé ses sacs avant de retrouver sa sœur.

Si la maison et la présence avaient ce côté apaisant, cela n’empêcherait pas le fait qu’une fois les yeux clos, Jaina n’aurait que son esprit et ses souvenirs pour venir troubler son sommeil et c’était là tout le problème. Elle ne dormait plus voir presque plus et se contentant que de maigres heures par nuit ce qui expliquait tout le reste chez elle. Une perte de sommeil pouvait amener bien des troubles psychologique et physiologique. La demoiselle n’avait plus faim ou presque, du moins, elle ne ressentait plus le besoin de manger. Quand elle tentait d’ingérer quelque chose, cela avait une chance sur deux de ressortir. Puis, depuis combien de temps n’avait-elle plus eu ses règles? Sa perte de poids avait sûrement entraîné un dérèglement hormonal, non? C’est à peine si elle était capable d’utiliser sa force pour soulever son épée aussi habilement qu’autrefois. Enfin, peut-être que la présence de sa jumelle allait lui apporter un véritable repos.

Du coup, Jaina se dépêcha de se nettoyer après que Valeera lui ait indiqué où se trouvait la chambre et fini par sortir de la baignoire afin de s’essuyer et se vêtir de la tenue de nuit. Après son arrêt au grenier pour porter ses choses, Jaina était aussitôt retourné dans le couloir qu’elle lui avait parlé. Hésitante, Jaina marchait accompagné de sa brave bête qui ne la quittait plus. Elle aurait pu lui mentionner de rester dormir là-haut, mais sa présence lui apportait bien du réconfort. Puis, plutôt que de dormir sur le lit, il n’avait qu’à dormir sur le sol.

Jaina poussa donc la porte de la chambre timidement et fut surprise du contraste qu’il y avait avec le reste de la maison. L’odeur qu’elle ne reconnut pas de suite vint emplir ses narines d’un effluve doux et calme. À peine avait-elle mis les pieds dans la luxueuse chambre de sa jumelle qu’elle sentit un effet tranquillisant. « Qu’est-ce que ça sent? » demanda-t-elle avec curiosité.

Puis elle fit signe que non à sa question. Enfin, elle était plutôt gênée à vrai dire, mais pour le moment elle n’avait besoin de rien. D’ailleurs, elle sentit l’énervement que pouvait ressentir une petite fille lorsqu’elle découchait pour la première fois pour rester chez une amie. Ici c’était différent, Jaina allait dormir avec sa sœur! Elle qui avait toujours cru être seule, vous imaginez?!

« Ne t’en fais pas pour la décoration, c’est plutôt joli. Bien plus extravagant que ce que j’ai pu connaître. Enfin, sa me rappelle un peu le lit qu’avait Artho… enfin, voilà. » S’arrêta-t-elle tout simplement en plein milieu de sa phrase. « D’ailleurs, je ne te ferai pas la surprise que j’ai quitté l’homme que je fréquentais au moment de notre première rencontre. Bref, c’est du passé et il s’est passé tant de choses depuis. »

Jaina s’approcha alors du lit et grimpa dessus doucement et s’assied sur ce dernier en se tournant vers la demoiselle. Elle n’en savait que très peu sur elle et savoir qu’elle se faisait passer pour une femme qu’elle n’était pas attirait sa curiosité. De plus, quelques informations qu’elle avait mentionnées plus tôt avaient quand même attisé sa curiosité.

« Que fais-tu exactement, Valeera? Je ne connais pratiquement rien de toi et tu sembles baignée dans le mystère. Pourquoi sœur Friede? Je ne comprends pas… »

L’odeur était donc celle du lilas et selon Valeera, elle trouvait aussi dans le parfum une source d’apaisement et l’utilisait depuis déjà un moment puisqu’elle n’avait pas toujours vécu dans le luxe d’aujourd’hui. En tout cas, Jaina sembla approuver ce choix alors qu’elle s’approcha du lit de cette dernière faisant une réflexion qu’elle coupa net à partir du moment où elle allait parler d’Arthorias. L’homme qu’elle avait jadis aimé et qu’elle avait laissé pour son manque de confiance en lui, bien que les sentiments à son égard fussent toujours bien présents. Jaina avait tenté de les fuir quelques fois et c’était donné à un homme dont elle ne connaissait rien pour sa première fois lors d’un rêve partagé avec ce dernier par accident. Il était bien plus âgé qu’elle, mais celui-ci semblait si sûr de lui et il n’avait rien de désagréable. Ils s’étaient promis de ne jamais parler de cette histoire avec qui que ce soit et  de ne jamais essayer de se retrouver. Pour sa seconde et véritable fois, Jaina n’a plus trop de souvenirs bien que cela datait d’avant son départ. Elle le savait que c’est ce qui s’était passé, mais n’avait aucun souvenir de l’homme et ni du reste de la soirée d’ailleurs. Elle n’en avait parlé à personne jusqu’à présent.

Enfin, ça sœur trouva donc à dire à sa situation amoureuse précisent qu’elle serait mieux libre et sans relation embêtante. Elle n’était pas tout à fait en accord avec elle. Jamais elle ne voudrait rompre son amitié avec le tavernier de la capitale, seulement, elle ne pouvait pas compter sur ce dernier pour la supporter moralement, puisqu’il avait été pris dans la même misère qu’elle. Mais contrairement à Jaina, Devon était ressorti avec un tout autre mal qu’elle et semblait trouver des explications rationnelles à tout ce qui leur était arrivé. Puis, il devait très certainement avoir retrouvé sa belle demoiselle qui avait su lui faire garder la tête froide tout au long de leurs épreuves.

« Nous sommes sœurs, Valeera, nous sommes liés depuis notre naissance. J’ose croire que nous étions faites pour nous retrouver, peu importe ce qui se serait passé. Nous sommes une…famille. » Dit-elle hésitante. C’était étrange à dire en vérité. « Mais je ne suis pas pressée de savoir ce qui est arrivé à nos géniteurs, en vérité. »

Valeera la rejoint finalement dans le lit alors que Jaina posa finalement la question qui sembla légèrement embêter cette dernière puisqu’elle montra sa gêne sous quelques mimiques adorables. Si elle comprenait bien, sa sœur n’avait pas de métier fixe ou du moins empruntait des identités différentes afin de jouer le rôle dont elle avait besoin et ce n’était pas toujours légal puisque cela allait à l’encontre d’autres. Et la dernière révélation finit par lui donner raison. Sa sœur était donc une criminelle. Peut-être était-elle recherchée par la garde? Mais si elle changeait d’identité à chaque fois, ce serait bien difficile de l’attraper.

Un conflit intérieur naquit en son for intérieur. Après tout, elle avait quitté la garde dans le seul but de protéger les autres d’elle-même et parce qu’elle ne se sentait plus capable d’accomplir ses fonctions, mais Valeera était sa sœur et rien ne l’obligeait maintenant à la dénoncer. Elle venait à peine de la retrouver. Puis, elle avait agi selon ce qu’elle croyait mieux pour elle. C’était sa propre survie avant tout. Jaina attrapa donc l’une de ses mains qu’elle serra avec douceur.

« Tu as choisi ce qui était le mieux pour toi, Valeera. Je…je ne peux pas comprendre ta situation, la mienne était nettement meilleure, mais tu n’as pas eu la chance d’être épaulée et encouragée à suivre le droit chemin. Il y a tant d’enfants qui vivent encore dans cette situation. Ce monde n’est clairement pas parfait et ce fier à une entité invisible ne règlera pas les problèmes. Les évènements que j’ai vécus m’ont fait comprendre que tout n’est pas noir ou blanc, il y a aussi des zones grises… » Elle regarde un moment leur main liée puis repose son regard bleuté sur cette dernière. « Il fut un temps où je n’aurais pu fermer les yeux sur ce que tu m’as dit, famille ou pas. Je sais que je me mets dans une situation bien difficile en ce moment, mais tes secrets seront bien gardés avec moi, ma sœur. Je veux que tu puisses compter sur moi comme je pourrai compter sur toi. »

Jaina finit par laisser sa main pour lever ses jambes afin de se glisser sous les draps avec cette dernière. Elle pourrait lui parler ainsi tout la nuit s’il le fallait, mais étrangement, elle ressentait la fatigue sûrement aidée du parfum qui planait dans l’aide. Se mettant sur son côté droit, elle observa sa sœur. D’ailleurs, était-ce elle qu’elle avait vu cette journée lorsqu’elle avait remporté la grande course d’Aryon accompagné de Red?

« Maintenant je comprends pourquoi on m’a confondue avec une autre femme au grand-port. Il s’agissait de toi à ce moment. J’ai pensé que j’avais la berlue en pensant me voir au loin…Tu étais poursuivi. Tu avais des ennuis? »