Il y a quelques jours, nous avons décidé de partir en mission Naëry et moi. Cette soirée fut riche en émotions et j’ai appris à connaître cet aventurier, celui que je m’amusais à appeler le beau-gosse ténébreux avec Janua. C’était une mission tout simple, enfin sur le papier mais bon j’ai toujours voulu partir à la “ pêche “ aux méduses, je sens qu’après les orties ça va être mon deuxième préféré mais je m’y ferais puis on fait surtout ça pour aller se promener soit quelques jours pour atteindre le village perché puis patrouiller dans les environs avant de trouver ce que l’on veut.
J’avais donné rendez-vous au brun au lever du soleil pour profiter de toute la journée pour avancer le plus loin possible dans la forêt car la traversée ne va pas être de tout repos, je le sais mais la première journée sera dans les plaines, c’est ensuite que ça se gâte mais bon, si il n’y aurait pas de dangers, il n’aurait pas d’aventuriers non plus...
D’ailleurs le voilà au loin qui arrive avec ses affaires, je lui fais un salut énergique au loin, je m’amuse même à dire à K’awill de lui faire un calin de bienvenue digne de son nom, je pense qu’il va finir plein de bave mais à lui de se débattre pour éviter les léchouilles intempestives.
- Yo le beau-gosse ! J’espère que tu as bien dormi et que tu es prêt pour l’aventure.
Je lui tends l’ordre de mission que m’a donné Janua l’autre soir, il y avait tout les données nécessaires pour partir et je vérifie une dernière fois si on avait tout.
- Bon, je pense qu’on est prêt ! On y va ?
Grimpant sur le dos de ma loutre géante, il nous restait à traverser toute la ville pour atteindre enfin la dernière ligne de fortification pour ensuite suivre la rivière Luisante et à nous l’aventure !
- Ordre de mission:
- Ordre de mission
Espèce inconnue jusque là, Aurelia Aquila ou de son nom plus mignon, la aquila est littéralement une méduse volante. Mais pas que… Enveloppée d’un plumage fait de peau à forte teneur en eau, la méduse aquila préfère l’ombre des forêts où elle se cache dans les ténèbres. Sa forme est étonnante, elle est constitués de plusieurs “boites” allongées dont les réseaux urticant leurs donnent l’allure de longues plumes translucides. L’espèce est assez rare et le village perché souhaite protéger un couple de méduses. Pour ce faire, vous devez capturer deux méduses et les apporter au village. Des vétérinaires vous attendent pour transporter les spécimens dans une réserves naturelles sous contrôle du Gouverneur de la villeLa Guilde
Partons à la chasse aux méduses !─ avec Carciphona
Je ne sais pas encore si c’est sous l’effet des émotions, de l’alcool, ou de mon porte monnaie vide que j’avais accepter d’accompagner Carci en mission. Que de belles excuses n’est-ce pas ? Dire que j’apprécie assez la personne pour vadrouiller avec elle ? Trop peu pour moi. Toujours est-il qu’avant de la rejoindre, j’ai dépensé le peu de Cristaux que j’avais pour m’équiper un tant soit peu. La base de la base, un petit sac sans fond contenant de quoi ce sustenter en cas de panne sèche.
L’aventurière m’a donné rendez-vous dans la capitale pour que nous partions ensemble, et ce au plus tôt de la journée. Ça m’arrange, je ne dors pas beaucoup, et j’adore la fraîcheur matinale, cette impression de pureté accompagnée du silence des rues. Les gens s’éveillent, d’autres dorment encore. Des volets s’ouvrent avec plus ou moins d’énergie, les pavés apparaissent moins ternes sous la lumière croissante du soleil qui se lève. Les rayons embrasant la ville de ses couleurs rouge et orange. Quel délice.
Au loin j’aperçois une masse, là où je dois retrouver la fameuse « Pie ». Je ralentis un peu, essayant d’en deviner la forme, avant, au fur et à mesure de ma marche, reconnaître une loutre géante. Une main s’agite, sans aucun doute ma coéquipière.
Je la rejoins au bout de quelques petites minutes, c’est alors que la bête qui l’accompagne s’avance vers moi. Et c’est là que je remercie mes réflexes. Une patte vers moi, mon regard se pose en coin sur la gueule de l’animal qui s’entrouvre pour y laisser passer une énorme langue qui s’arc-boute dans ma direction. Un pas en arrière et une jolie cambrure du dos m’évite la léchouille. En vain, l’animal se rapproche, je perds l’équilibre, et voilà mon noble derrière au sol avec la loutre qui refait ma toilette …
- Rappelle ton fauve! dis-je à Carciphona en me protégeant tant bien que mal de l’attaque humide.
Je me relève, avec toute la dignité qu’il me reste, c’est à dire pas grand-chose. Fort heureusement le ridicule ne tue pas, il y aurait belle lurette que je ne serais plus de ce monde sinon … Mais si je pouvais rester dans l’ombre des commentaires de la guilde, cela m’arrangerait.
Carci me tend la mission tout sourire, je prends le bout de papier pour la relire avant de le ranger dans une poche du sac.
J’ai tenté de me renseigner durant les jours de préparation pour essayer de capturer l’animal sans trop de peine, mais aucun scientifique n’a encore étudié cette gélatine volante. Si les Aquilas se rapprochent de leurs homologues marins, il faudra se méfier de leurs filaments, et elles aimeront sûrement les endroit chaud. A part cela, nous partons totalement à l’aveuglette.
- Bon, je pense qu’on est prêt ! on y va? dit-elle de son ton enjoué.
Je la regarde monter sur sa loutre géante d’un œil suspicieux.
- Par contre, je suis à pied, si tu veux que nous voyageons plus rapidement il nous faudra nous arrêter aux remparts pour que je loue une monture. Il y a un bon marchand à la porte Nord. Je n’aurais certes pas autant la classe que toi sur ta loutre … dis-je avec un sourire en coin.
En attendant il nous faut traverser la ville, je prends une bonne allure, habitué à la marche rapide. Et là, c’est le moment où deux coéquipiers commencent à parler pour se raconter un peu leur vie, comment ils en sont arrivés là, ce qu’ils aiment le plus dans le rôle d’aventuriers tout ça tout ça … Moi je me contente de quelques petits mots :
- J’aime ce silence.
Allait-il perdurer ? Connaissant la Pie, cela m’étonnerait.code ─ croquelune
- K’awill, viens ici.
Bien dressé, il revient aussitôt à mes côtés laissant l’aventurier dans un état … lamentable, il dégouline un peu de bave mais juste un peu mais assez pour pas que je l’approche pour autant.
- Je t’attends depuis tout à l’heure donc maintenant que Monsieur est là, on peut y aller oui !
Etant la seule avec une monture, je décide de faire un geste pour pas qu’il ne se sente seule et marche à ses côtés à pieds, chose que je déteste maintenant que j’ai une monture mais je vais faire l’effort pour les premiers kilomètres.
- Même avec une loutre, tout le monde n’a pas la classe tu sais...
Un petit sourire en coin et nous voilà à traverser les différents quartier de la ville pour atteindre le rempart nord pour rejoindre ensuite l’écurie qui nous permettait, nous aventuriers, d’emprunter des montures à moindre coût. Je tiens même pas une minute sans parler et je commence déjà à le taquiner pour le soi-disant silence qu’il réclame.
- Enfin tu sais si tu tiens à être tranquille… Je gardais des merveilleuses histoires pour le reste du voyage mais bon si tu y tiens… je peux te les raconter maintenant
M’amusant à chantonner un air entraînant.
- Je peux te la chantonner mon histoire si tu veux !
Ne lui laissant aucune chance de répondre, je m’amuse alors à raconter les histoires du grand Hellsen lorsqu’il s’attaque à un béhémot près du grand gouffre lors d’un exil bien compliqué.
- Alors toujours enclin à aimer le silence ?
Continuant encore quelques minutes, on arrive à l’écurie et salue l’hôtesse, Sabine, la fille du propriétaire, une jeune femme de la vingtaine avec de magnifiques taches de rousseur et la chevelure en adéquation.
- Salut Sabine ! Comment tu vas ?
M’affalant à moitié sur le comptoir, je pointe du doigt mon collègue.
- Tu as vu, aujourd’hui je t’amène un beau spécimen !
La jeune femme pouffe de rire et je laisse la place à Naëry pour faire sa demande avant de partir pour le vif du sujet… Attrapez des trucs gluants et qui piquent !
Partons à la chasse aux méduses !─ avec Carciphona
Une minute ! Elle a tenu le silence une minute ! Ce que je ne sais pas encore c’est que ce sera peut-être son record. Miséricorde … Et la voilà qui chantonne. Je suis maudit …
- Alors toujours enclin à aimer le silence ?
- Si tu savais … dis-je d’un ton lasse.
J’inspire profondément, sentant le frais emplir mes poumons. Je me demande s’il arrive à cette femme d’être de mauvais poil, et pour dire la vérité, sa bonne humeur n’est pas désagréable.
Nous arrivons assez rapidement à l’écurie où Carci ne peut s’empêcher de jouer les marieuses. Je la regarde faire son numéro à la loueuse avant de m’avancer.
- Salut Sabine, ça va? Je m’accoude à côté de la dragueuse invétérée.
- Tu recherches une monture pour la vitesse ou l’endurance ?
Cher lecteur, c’est maintenant que je vais commettre une erreur, un trait d’humour qui va sûrement me coûter cher. Je m’apprête à livrer une information croustillante à cette chère Carciphona.
- Tu me connais Sabi, je suis un adepte de l’endurance., un sourire en coin, et les joues de la demoiselle s’empourprent allègrement. Elle glousse avant de disparaître préparer l’animal.
Je tourne la tête vers ma coéquipière et devance une quelconque remarque :
- J’ai pour habitude de louer mes montures ici, c’est tout ce que tu sauras ma chère Carci.
Et j’adore les tâches de rousseur. A mon bon souvenir, une soirée après une mission des plus ingrates dans les montagnes, je rendis ce bon Choco à leur propriétaire. La jeune Sabine tenait alors la boutique, comme souvent. Confus du piteux état dans lequel je laissais Choco, je décidais de rester pour prendre soin de l’animal … Et peut-être aussi pour les beaux yeux verts de la demoiselle qui vint me prêter main forte. De fil en aiguille, de discussions passionnées à des gestes de plus en plus proches, c’est ensemble que nous finissions la nuit …
L’intéressée revient une dizaine de minutes plus tard pour me faire signer la paperasse avant de nous accompagner dehors.
- Tu as de la chance Choco n’est pas parti depuis un moment, ça va le dégourdir un peu. Tu prends soin de lui n’est-ce pas? Un clin d’œil à mon égard, nos mains se frôlent lorsque je récupère l’animal.
- Promis! dis-je en montant sur la scelle.
Je regarde mon acolyte l’enjoignant à monter sur sa loutre géante.
- Allons-y Carci ! Chassons la méduse!
Il m’a déjà été possible de tester un portail de téléportation lors d’une mission. Un pass offert par le mandataire de la dite quête. Je dois avouer préférer de loin les montures. Je profite du paysage mais pas que. Je ne suis pas qu’un bourru froid et borné. J’aime à croiser des habitants sur les routes, c’est à ces moments que l’on partage une véritable aventure. La richesse que peut apporter une rencontre est bien plus belle et grande que celle d’une fin de mission. Elle peut même vous nourrir et vous loger ! Certes pas à long terme.
C’est ainsi que nous commençons notre long périple vers le village perché. C’est incroyable le nombre d’histoires que mon homologue a dans ses poches. Après une journée de route, nous nous arrêtons dans un village pour la nuit. Le lendemain, l’entrain de Carciphona a raison de moi. Je raconte à mon tour quelques anecdotes qui m’étaient arrivés dans ce beau rôle d’aventurier que nous sommes.
Rien ne vient troubler notre trajet jusqu’à la troisième nuit. Le décor avait changé dans la journée, nous avions atteint la forêt en début d’après midi et avions décidé de camper non loin d’un ruisseau pour la nuit, ce qui me rappela quelques souvenirs que je partageais avec la jeune Krysta, notre première rencontre.
Après avoir allumé un feu grâce à ma pierre ... de feu justement, je m’éloigne pour trouver quelques mets à nous mettre sous la dent. Je reviens une vingtaine de minutes plus tard avec un lapin et de nombreuses herbes pour parfumer la viande. Je suis seul, je ne sais où est passée la pipelette de service.
Je commence tranquillement à dépecer l’animal, le vidant de ses entrailles. J’ai l’habitude de préparer des repas improvisé, et sans vouloir me jeter des fleurs, je suis plutôt bon cuistot. Je mets la viande à griller après l’avoir enduit d’herbes aromatiques. Le temps passe, et le silence me saute alors aux oreilles. Mais que fait Carci ?!
Cette fois l’inquiétude pointe le bout de son nez, j’appelle la femme, pas de réponse. Une fois, deux fois, trois fois … Je scrute les alentours à la recherche d’indice. Je vais vers les montures, Choco est seul. La loutre n’est plus là non plus. Le cheval broute, son tempérament est calme. Il ne s’est donc rien passé de stressant pendant mon absence. Carci a dû partir en vadrouille en toute quiétude, mais où est-elle à présent ? Mon don me permet de capter directement un talus piétiné, je m’y dirige, suivant ainsi les traces laissées par le passage de K’awill.code ─ croquelune
Je ne dis rien sur le petit manège qui se déroule devant moi, Sabine aimait bien les beaux bruns et j’avoue qu’il était plutôt pas mal celui-ci et n’avait pas tort de vouloir en profiter mais actuellement j’avais tellement de choses à penser que ça. Sue était encore en longue mission, ça fait quelques semaines qu’elle n’a pas montré un bout de ses ailes donc en quelque sorte j’étais libre mais je vais surtout profiter de cette mission pour me promener, connaître d’autres aventuriers, voyager un peu car depuis que j’ai mon pass de téléportation, j’évite ses longues marches de quelques jours pour aller d’un point A à un point B, c’était un véritable luxe ce machin.
- Ne crois pas que tu t’en sortira comme ça toi, je sais me montrer patiente.
Il ne perds rien pour attendre celui-là, j’attendrais juste le bon moment pour le faire parler, il ne sait pas juste pas quand je l’attaquerai de manière sournoise, je sais être patiente et il va l’apprendre à ses dépends.
Les prochaines heures de voyage fut calme, le temps était plus que clément et nous nous décidons de bivouaquer sur un endroit plus que paradisiaque enfin quand je dis paradisiaque c’est qu’il y avait de quoi se protéger et de la bonne mousse pour nous servir de matelas confortable ! Les jours suivants se déroulent de la même manière, je parle, il m’écoute, des fois il arrivait en placer quelques unes puis on refait le même manège plusieurs fois, il était bon compagnon de route, je me suis amusée avec lui tout le long malgré son humour pourri mais en soit ce n’était qu’un détail et il était plus sympathique le bonhomme.
Nous arrivons à notre dernière nuit de bivouac avant d’entamer la dernière ligne droite pour atteindre le village perché, Naëry avait pris l’habitude de cuisiner et vu qu’il faisait ça très bien, je prenais le temps d’observer les alentours. Je grimpe sur le dos de ma loutre pour visiter et trouver une source d’eau pour me faire une petite beauté car j’avoue que malgré que nous sommes des aventuriers, j’ai quand même une limite à la mauvaise odeur et un bon bain ne me ferait pas de mal. Je grimpe le talus et laisse le flair légendaire de K’awill faire le nécessaire et celui-ci fut plus qu’efficace quand quelques minutes, je trouve enfin le point d’eau voulu.
Enfin point d’eau, je pourrai plus appeler ça un havre de paix, l’eau était translucide et et la lune se reflétait sur la surface donnant une teinte verte-bleue qui pourrait ravir n’importe quel peintre tellement on se perds dans le mélange de couleurs comme ses vers luisants qui brillent un peu partout dans les environs. La forêt entourait la zone et quelques bosquets accentuent cet effet mystérieux autour de l’eau, comme le pluie de lumière lunaire qui plonge au milieu du bassin. Cet endroit était parfait pour prendre une petite douche, je demande à K’awill de me rapprocher du bord pour déposer doucement mes pieds, je touche la surface et constate que l’eau est à point, enfin ce n’est pas une source d’eau chaude mais largement suffisant pour ce que j’ai à faire.
Je dépose mes affaires au sol, on pouvait entendre le bruit caractéristique des dagues qui tombaient au sol, j’en avais plusieurs cachées ici et là, rien d’extraordinaire car au bout de vingt, ça ne tenait plus dans mes poches ou autres cachettes secrètes ! Maintenant prête pour ce bain de minuit improvisé, je glisse tout doucement dans l’eau revigorante, elle me prends au corps au début mais très vite je m’acclimate et profite de la vue en regardant le ciel. Je voyais d’ici l’étoile Ankaa, notre étoile du voyageur qui indiquait toujours le Sud, on apercevait aussi la constellation de Lepus, c’était en forme de lapin, c’était assez marrant à observer puis la nuit était claire, on pouvait voir l’ensemble des étoiles de notre royaume, peut-être j'apercevrais une étoile filante, ou je m’imagine de voir l’ombre de Sue en train de voler dans cette direction pour me rejoindre, ça serait quelque chose d’extraordinaire à mon goût mais ce n’était qu’un rêve… un fantasme et je préfères me raccrocher à la réalité, l’eau couvrant presque tout mon buste, mes bras qui ruement tout doucement pour garder une certaine chaleur de mon corps et moi qui regarde le ciel comme une enfant qui découvre le monde.
Je ne sais pas si le temps passe vite ou non, mais j’ai l’impression de me perdre car K’awill s’est roulé en boule sur une pierre sèche, surveillant mes affaires avec assiduité, il faudrait que je me dépêche avant Naëry vienne me chercher et tombe sur mon corps délicat puis Monsieur se dit endurant, je serai bien curieuse de voir ça mais bon vu comme à rougit Sabine il y a quelques jours, je ne vais pas douter de ses prouesses mais j’étais curieuse tout de même. Enfin je me demande qu’est-ce que dirais Sue si je fréquentais un homme et non une femme en plus, se sentirait-elle vexée ? On n’a jamais vraiment parler de nos préférences, enfin plutôt des miennes, je connaissais parfaitement les siennes mais moi ? J’avais vu un peu de tout mais je n’en fait pas une montagne ça ne le concerne pas tout…
Bon allez encore quelques minutes et je sors de l’eau !
- HRP:
Partons à la chasse aux méduses !─ avec Carciphona
Je marche, l’esprit attentif aux signes de passage de K’awill. Bon okay, ce mastodonte n’est vraiment pas discret, un gosse de six ans aurait pu suivre sa trace. Ce qui me rassure, car les traces de pattes démontre une démarche lente et calme. Carci n’est donc pas partie comme une furie voler au secours de je ne sais quelle demoiselle en détresse, et n’est pas poursuivie par un monstre sorti tout droit des enfers. Il n’y a visiblement que moi qui la suis.
Je marche, longuement … Mais où est-elle partie ‘vin Dieu ! Lucy, éluciderai-je un jour le mystère des femmes et de leur lubie ? Je commence à m’impatienter, prêt à crier le nom de ma coéquipière pour qu’elle me rejoigne, mais cela pourrait nous attirer des rencontres que nous préférerions éviter.
Et je fais bien de rester discret, quelques minutes plus tard j’aperçois la loutre géante roulée en boule non loin d’un petit étang. Je me rapproche en toute discrétion, l’animal ne semble pas m’entendre. J’observe l’étendue d’eau en face de moi, une onde calme seulement perturbée par un corps qui y flotte paisiblement, un corps que je n’ai aucun mal à reconnaître, celui de Carciphona.
Son regard est perdu dans la voûte céleste, son corps, trouble sous l’eau, semble détendu, seuls ses bras battent légèrement l’eau pour y rester à la surface.
Je lève à mon tour les yeux, je comprends comment le temps a pu échapper à ma camarade. A cet instant plus rien n’a d’importance, le silence, la fraîcheur, le calme … les lucioles sont les reflets terrestres des étoiles du ciel. Je décide alors de quitter les tissus qui m’alourdisse sur cette terre pour retrouver la légèreté qu’offre l’eau en face de moi. Je me fais silencieux jusqu’à plonger dans l’onde fraîche. Seul K’awill observer ma démarche.
Cher lecteur, t’es-tu déjà baigné nu ? N’est-ce pas agréable ? Imagine, le calme, une eau claire, fraîche, qui glisse sur ta peau telle une caresse. Cette sensation de libertée, de légèreté … Le poids de ton passé, de tes actions futures, oublié. Je nage quelques secondes sous l’eau jusqu’à remonter en surface, non loin de Carciphona, un grand sourire de bien-être égayant mon visage.
Oui, okay, je te l’accorde, elle est nue en face de moi, je suis pas plus vêtu non plus. T’inquiète lecteur je garde une certaine distance pour respecter l’intimité de ma coéquipière … Qui certes espérait sûrement rester seule. Mais c’est de sa faute aussi, disparaître aussi longtemps ! Je ‘inquiétais de base moi !
Je romps le silence quasi féérique des lieux.
- Tu comptais me cacher cet endroit longtemps?
Je nage à reculons, me rapprochant des bords, ne voulant paraître trop intrusif. Je viens quand même de débouler sans crier gare dans cet univers presque intime de la femme.
Ah oui, à savoir que je ne suis pas pudique. Du coup la pudeur des autres, et bien je peux vite l’oublier parfois, tout comme cet instant présent. J’ai vu l’eau, j’ai eu envie de m’y tremper, je l’ai fait. Point.
Je me mets dans la même position que ma collègue quelques instants plus tôt, flottant à la surface de l’eau pour perdre mon regard dans ce ciel immense. Qu’est-ce que ces astres qu’on appelle étoiles ? J’aime à croire qu’elles sont là pour veiller sur nous, que ce sont des êtres aimant devenus lumières pour éclairer nos nuits, éveiller nos consciences …
Je me tourne, replongeant dans l’eau, le silence encore plus prononcé sous l’eau. J’ai l’impression d’être dans un autre monde. Comme si plus rien de mal ne peut arriver, juste la quiétude. Lorsque je sors la tête de l’eau je cherche le regard de Carci, nageant autour d’elle, gardant toujours cette distance respectueuse entre elle et moi.
- A quoi penses-tu en regardant là-haut? montrant d’un signe de tête la voie lactée. Ma voix est douce et grave, presque effacée, voulant s'accorder à ce lieu si paisible.code ─ croquelune
Quand je regarde la Lune, je pense aussitôt à Sue, elle qui avait essayer de m’expliquer les concepts de sa religion qui était bien difficile je trouve, le principe du couple était fort comme la fidélité mais quand tu la connais, je crois qu’elle n’a pas compris le concept, elle qui vagabonde de partout mais elle m’a certifié que tout ceci s’arrêtera quand elle se mariera mais en gros, ça n’arrivera jamais et elle fait ce qu’elle veut, en gros sa religion n’est qu’un précepte pour certains trucs mais je ne comprenais pas lesquels mais bon, je m’en fiche car plus le temps passe, plus je me dis que mon coeur s’entiche toujours des mauvaises personnes, mon taux de malchance était infini et j’ai beau essayé de voir autre chose, à chaque fois je reviens à Sue, ce collier qu’elle m’a offert était un fléau , elle avait bien joué son coup mais je n’arrive pas à l’enlever, c’était la première fois qu’elle offrait un cadeau de ce genre, c’était mon trésor et j’ai pas le coeur à le jeter, j’y tenais beaucoup trop et j’ai toujours espoir qu’elle change… pour moi.
Je m’amuse à reformer toutes les constellations que j’ai pu rencontré depuis que je vadrouille les quatre coins du Royaume, j’avoue qu’à Grand-Port, la vue sur l’océan est magnifique puis avec la douce odeur des embruns, ça n’avait pas de prix, peut-être ici je retrouvais les mêmes sensations que ces couchers de soleil en bord de mer mais ça fonctionne tout aussi bien ici et même, c’était encore mieux quand je vois ce petit étang illuminé par les éclats de la Lune, les vers luisants qui font comme des petits lampions volants puis ce calme… c’était magique !
Enfin ça a duré un certain temps quand j’entends le bruit de l’eau autour de moi, aussitôt je demande à K’awill par télépathie pourquoi il ne m’avait pas prévenu mais je l’entends me dire que c’est une surprise que je n’avais rien à craindre. Mon corps se détends aussitôt quand je vois la tête de mon coéquipier un peu plus loin avec sa voix suave.
Un léger sourire fier se dresse sur mon visage, il avait le culot d’apparaître comme ça devant moi alors que j’étais ni armée ni habillée, double peine !
- Tu n’as pas vu le petit écriteau devant qui disait que c’était réservé pour les femmes à cette heure-ci à moins que tu m’as caché un petit détail depuis le début !
Malgré qu’il soit à une certaine distance de moi, il ne pouvait pas voir mes formes féminines et tant mieux sinon j’aurai dû lui crever les yeux par vengeance mais monsieur décide qu’il voulait nager avant d’entamer un moment philosophique.
- Tu es sérieux, tu viens me déranger et tu comptes que je raconte ma vie, ça ne te suffit pas de m’entendre toute la journée.
Une boutade mais je ne sais pas, l’atmosphère du lieu me prends et je deviens aussitôt plus sérieuse. C’est vrai il m’a écouté pendant trois jours entiers et je suis sûre que je parle en dormant mais je disais rien de personnel enfin de vraiment personnel, c’était des anecdotes, des histoires d’aventuriers et j’en passe, non là je pris un air plus sérieux et sur le coup, je me disais que malgré notre manque cruel d’habits, ce n’était pas le détail le plus gênant dans l’histoire mais est-ce que je devais vraiment me mettre à nue, dire que quand je vois la Lune, je pense à elle, cette femme qui éclate mon petit coeur en mille morceaux de jour en jour, est-ce que je dois lui dire…
- Ce que je pense, c’est qu’on est déjà nul en exploration maritime alors imagine si un jour, un enchanteur décide d’attraper ses étoiles ? Déjà tu sais à combien de distance nous sommes d’elles, tout comme, tu crois qu’il y a d’autres gogols comme nous qui nous regardent et pensent la même chose, ça serait marrant non ?
Ouais très marrant comme le concept qu’il y a notre monde comme le nôtre, avec nos copies de l’autre côté ou simplement chaque astre est une copie de notre monde, il existe des milliers de Carciphona qui a chacun de ses choix change son histoire, d’ailleurs est-ce que je referai le choix de boire un verre la première fois que je vais vu la Belle Garde…
- Non ce que je pense, c’est à une femme ou plutôt à la Déesse qu’elle vénère, la Déesse de la Lune, enfin je pense plus à une femme qui vénère la Lune, bref tu as compris.
Oui je m’emmêle les pinceaux, c’était compliqué pour moi aussi qu'inconsciemment, je roule mes bras autour de moi. Qu’est-ce que j’aimerai voir l’ombre de mon Corbeau apparaître devant moi, atterrissant devant puis me lover entre ses ailes, ses caresses dans mon dos puis ensuite qu’elle m’embrasse comme si ça faisait des années qu’on ne s’était pas vu…
- Oui il m’arrive de penser à des choses sérieuses, enfin si tu penses que l’amour est sérieux, et je n’aime pas les choses sérieuses surtout celles qui font mal mais que veux-tu, est-ce qu’on a vraiment le choix d’aimer qui on veut ? Ce n’est pas Lucy qui nous jette la personne devant notre nez et nous ordonne de l’aimer… j’ai l’impression que je suis dans cette situation et me demande si cette déesse n’était pas la coupable de mon malheur, cette Lune qui m’ a envoyé cette femme qui a le don de laisser en haleine mais j’ai beau faire des missions, partir loin, à chaque fois que je vois cette fichue Lune, je pense à elle...
Je tourne alors la tête, regardant surtout ailleurs que le ciel.
- Je déteste cette Lune...
Partons à la chasse aux méduses !─ avec Carciphona
- Tu n’as pas vu le petit écriteau devant qui disait que c’était réservé pour les femmes à cette heure-ci à moins que tu m’as caché un petit détail depuis le début !
- Et bien oui, je dois t’avouer une chose … plaisanté-je.
Carci me demande alors si je suis sérieux, je lui fais signe que oui. Elle devient alors sérieuse, je peux presque ressentir une certaine mélancolie qui émane de son être. Elle me sort alors un charabia sur les explorateurs, les étoiles … Je sens que ce n’est pas le fond de ses pensées mais je respecte son secret.
Parfois je suis trop direct, je ne me rends pas compte qu’une simple question, qui n’est que curiosité de ma part, peut affecter la personne en face, car y répondre serait se révéler.
- Si un enchanteur attrape les étoiles nous serions perdus … Littéralement, les constellations nous guident nuit après nuit. décidé-je de rentrer dans son jeu.
Quelques secondes de calme et la jeune femme se mélange en me révélant ses réels pensées. Vénérer la Lune … Il est vrai que j’ai toujours eu une certaine fascination pour cet astre blanc, livide, qui éclaire notre monde, le guide dans le temps. Uns sphère blafarde qui a tant d’influence sur notre planète. Mais la vénérer signifie qu’elle est déesse, comme Lucy. Qu’elle est dotée d’une conscience, d’un libre arbitre … Qu’en est-il du soleil et des autres étoiles alors ? A quoi ressemble Aryon vu de là-haut ?
La voix de ma coéquipière me sort de mes pensées, elle se livre, me parle d’amour. Cet amour perdu, cet amour à fuir. La Lune n’est que le talisman, la représentation de cette femme partie. Je reste mué, j’entends sa détresse, je comprends sans vraiment comprendre. J’essaie de me mettre à sa place, mais sans avoir vécu ce qu’elle ressent je ne peut qu’imaginer sa peine. Vous savez, ce flot de tiraillements qui coule dans vos veines, accédant à chaque petite parcelle de votre corps. C’est un peu comme ça que je l’imagine, un poison dans le sang. Un poison dont on aime s’intoxiquer, comme s’il nous rendait vivant.
La femme conclut par sa haine pour la Lune à cause de cet amour brisé.
- Tu sais Carci, je pense qu’il est question de point de vu. La Lune elle la vénère. Mais fais de la Lune quelque chose de meilleur, associe la à quelque chose de positif. Ce n’est pas cette Lune qu’elle vénère, non, celle que tu regarde ce soir veille sur nous. Ressens la tendresse qu’elle a pour toi, la protection qu’elle te tend. Accepte son aide …
Je réfléchis, comment associer l’astre à autre chose de positif. C’est alors que je nage vers elle, sans complexe, sans arrière pensée, je ne réfléchis même pas à mon acte. Je me mets sur le dos, comme elle quelques instants plus tôt, les yeux rivés vers la voûte céleste. Je lui attrape alors la main, l’invitant à faire de même, entrelaçant mes doigts aux siens délicatement, elle a le choix de retirer celle ci comme elle le veut. A aucun moment je me dis que cette proximité peut être source de malaise, je veux seulement aider cette femme qui me conte des aventures plus rocambolesques les unes des autres depuis trois jours.
- Regarde la Carci. dis-je tout en gardant les yeux rivés sur la Lune. Ce soir tu n’es pas seule face à elle, je suis là d’accord ? Et lorsque tu la verras, pense à ce moment de quiétude. Les lucioles, les grillons, la bise fraîche sur ton visage. K’awill qui veille, la nuit qui nous enveloppe, la Lune qui te protège ...code ─ croquelune
Ce Naëry, toujours le petit mot pour me faire rire, on dirait presque moi en version mâle, bon je suis quand même plus badass que lui mais je suis aventurière depuis des années et je m’équipe au fur et à mesure aussi donc déjà quand tu as une monture “ personnalisée “, tu montre d’un cran dans le jeu mais à l’instant T, nous n’étions pas en train de parler de nos exploits, non on parlait philosophie et autres divagations loufoques.
- Ne me fais pas la blague du dragueur, tu sais celle qui dit que ton père est un voleur car il a volé toutes les étoiles dans le ciel pour les mettre dans tes yeux ! S’il te plaît, ne me dis pas ça.
Mais bon ce petit trait d’humour pour dévoiler mes réelles pensées, Sue me manque et je la déteste pour ça, ça fait des semaines qu’elle est partie, peut-être même mutée dans une autre caserne pour retrouver l’autre casse-pied, enfin c’était l’excuse qu’elle m’avait sortie… puis me voilà à insulter cet astre magnifique et Naë me rappelle à l’ordre et il avait raison, je devais l’admettre.
- Acceptez son aide... ça m’a l’air bien abstrait tout ça.
Je sentis alors sa présence tout près de moi, sa main cherchant la mienne puis y glisser ses doigts entre les miens, un petit sourire pointe sur un petit bout de mon visage, sentir les mains chaleureuses d’un homme, ça faisait bien longtemps même si Sue avait la même carrure presque, c’était tout de même différent et mon coeur me le fait savoir mais je ne comprends pas trop la raison de ce soudain palpitement, peut-être que toute cette frustration depuis des semaines me reviennent en pleine face et il arrive comme un sauveur mais cette fois-ci, je ne veux pas faire comme Lin, profiter de la situation quoi que quand je laisse tomber mon regard sur le chapiteau de Monsieur, ça pourrait être intéressant mais je dois arrêter les bêtises de ce genre, pour qui je vais me faire passer avec tout ça.
Je me laisse donc bercer par sa douce voix réconfortante, regardant les points qu’il veut que j’observe, me plongeant dans la beauté du ciel. Nous étions seuls, enfin presque K’awill veille et je lui adresse un tendre mot télépathique pour le coup, il était mon meilleur allié, toujours là pour m’aider quoi qu’il arrive, il m’était précieux et c’était ce soir que je me rendais compte de son importance dans ma vie.
Je voulais me créer un autre souvenir dans ce lieu merveilleux mais est-ce raisonnable ? Je n’ai jamais fui pour faire ce genre de choses mais maintenant que je fréquente cet beau-gosse ténébreux depuis quelques jours ainsi que la discussion avec Janua le premier soir de notre rencontre, j’ai compris rapidement qu’il disait tout ce qu’il pensait et il se voulait toujours conciliant comme le fait de prendre ma main de manière si douce… c’était vraiment un Don Juan.
- Tu as dû beaucoup emballé avec ton petit numéro de charme toi !
Je me redresse droite, regardant le beau jeune homme contempler la Lune avec passion, lui aussi il était perdu dans ses pensées qui sait et je relâche sa main délicatement avant de poser ma main sur sa joue pour lui voler un rapide baiser avant de retourner en direction de ma monture.
- Tiens un cadeau de la maison et si tu peux éviter de regarder mon meilleur profil, ça m’arrangerait.
Je m’amuse à faire une marche suave pour le taquiner et attrape rapidement le haut de la tunique pour l’enfiler dès que je sors de l’eau avant de m’ébourrifer les cheveux pour essayer de retrouver un semblant de coiffure.
- Arrêtons de parler de choses déprimantes et parlons plus de tes talents culinaires, tu nous a préparé quoi de bon, Monsieur le Gendre Idéal ?
Si je n’avais pas le coeur en mille morceaux, peut-être qu’il aurait fait l’homme parfait mais c’était une toute autre histoire...
Partons à la chasse aux méduses !─ avec Carciphona
Je reste à côté de la jeune femme, flottant à la surface de l’eau telle une feuille ayant quitter sa branche. Carci me taquine sur ma technique de drague, je ris doucement.
- Et encore je ne t’ai pas sorti le grand jeu!
La vérité c’est que je ne suis pas forcément doué avec les interactions sociales. Il y a beaucoup de réactions que je ne comprends pas car ça me passe au-dessus. Je suis compréhensif et respectueux, du moins j’essaie de l’être autant que possible avec ceux qui le méritent à mes yeux. Pour le reste, je suis plutôt franc et direct, il en va de même pour la pseudo drague.
La femme finit par lâcher ma main pour caresser ma joue, je tourne le visage vers elle et ses lèvres se posent sur les miennes. Un baiser léger, rapide, je suis surpris et je souris. Ce n’est pas une invitation, je le sais, plus en acte de tendresse. Qui eut cru que cette pile électrique est en réalité une âme sensible et en peine ? Pas moi et pourtant, je suis devenu le temps d’une baignade son confident.
Elle me somme de ne pas la lorgner tandis qu’elle sort de l’eau.
- On m’a toujours dit qu’on avait des yeux pour observer et qu’il ne fallait pas s’en priver … Je ferais une exception ce soir pour toi, c’est bien parce que tu me le demandes!
En vrai, je n’en fais rien, je nage pour sortir de l’eau et mon regard se pose automatiquement sur la silhouette de Carci remettant sa tunique. Vous savez ce que c’est, on vous interdit de faire quelque chose et votre cerveau se met automatiquement à vouloir le faire, alors que si on ne vous dit rien, peut-être ne l’auriez-vous point fait.
Je sors à mon tour, me séchant avec mon haut. Vous avez déjà essayer de remettre un pantalon lorsque vous êtes trempés ? Bon ben vous savez que c’est une mission impossible. Je sacrifie donc mon marcel pour rhabiller le bas. Je resterai torse nu le temps de retrouver le campement et de renfiler autre chose, laissant à découvert les quelques cicatrices qui zèbrent mon torse.
- Si tu n’avais pas fui le campement tu connaîtrais le menu de ce soir ! Un bon civet de lapin!
Avec tout ça j’ai oublié le creux qui gronde dans mon estomac, et penser à la préparation du lapin me fait saliver.
- Comment as-tu trouvé cette loutre géante? demandé-je sur le trajet, K’awill sur nos talons.
C’est tentant d’avoir un familier, et ce serait bien pratique pour tous les trajets que j’effectue. Un jour peut-être y songerais-je plus sérieusement, en attendant je continuerai de rendre visite à Sabine et ses beaux yeux.
Arrivé sur le campement, nos affaires sont en désordre. Le corps du lapin que j’avais accroché à une branche en attendant de retrouver mon acolyte n’est plus qu’un vague souvenir de ce qu’il était. Je fais signe à Carci de ne plus faire de bruit, un peu plus loin un Dafresk se repaît de feu notre repas. La discrétion et le silence sont de mise, cet animal peut se montrer bien dangereux malgré la beauté végétale de son apparence. Alors si on le dérange en plein festin ! Que faire … à la ceinture mon poignard et ma dague ne seront d’aucune utilité. Dans mon sac, rien de bien folichon non plus. Mon regard se pose sur le feu que j’ai allumé avant de partir rejoindre Carci. Une chance que je ne l’ai pas éteint comme j’aurais dû le faire pour ne pas le laisser sans surveillance.
De nouveaux signes à ma coéquipière, je lui fais des gestes lents, lui indiquant de ne pas bouger tout en lui montrant le feu de camp. Je m’en approche le plus discrètement possible, mais mon poids sur le tapis de la forêt fait craquer quelques branches, l’animal se retourne d’un bon, les babines retroussés sur une dentitions trop pointue à mon goût. Mon regard reste planté dans le sien, je ne bouge plus, ma main stoppée dans son élan d’attraper une bûxhe enflammée ...code ─ croquelune
La discussion se voit plus tranquille, on essaye de parler d’autres choses et m’amuse encore une fois à le taquiner, je savais faire que ça pratiquement, embêter les gens, j’étais une pipelette et c’était rare d’entendre ce qu’il se passe vraiment dans ma tête car tout le monde ne me voit que sourire mais au fond, moi aussi j’avais quelques peines au coeur et cette épine s’appelait Sue Naswig et je sais bien qu’un jour ou l’autre, je devais m’y résoudre comme voir cette fameuse sorcière qui te permet de retrouver ce que tu veux ou donner autres malédictions, j’y penserai à y aller à notre retour de mission, ça ne me coûte rien mais j’ai peur d’entendre la réponse… savoir qu’elle est morte, qu’elle avait déserté et vit des jours heureux avec l’autre, non il fallait que j’en pense à autre chose et Naëry était d’excellente compagnie mais le temps se rafraîchit, ça fait un long moment qu’on barbote dans l’eau, il fallait qu’on sorte.
Malgré l’avertissement de ne pas me reluquer, je sentais son regard sur moi mais bon pourquoi lui refuser pareil spectacle, je sais que j’ai quelques atouts et me permets de rajouter une couche à ces allusions.
- Tant que je ne suis pas prévue au dessert… ça me va.
Je lui fais un dernier clin d’oeil avant d’ajuster ma tenue et le regarde s’habiller aussi, j’avais maintenant le loisir d’observer ce torse aux quelques blessures apparentes, mon instinct disait que lui demander d’où elles venaient n’était pas une bonne idée, tout comme les effleurer mais je devais garder mon calme et essaye de parler par télépathie avec K’awill, ça me changera les idées, c’est plus raisonnable… vraiment plus raisonnable !
- Il n’était pas grand quand je l’ai trouvé déjà !
C’était une très longue histoire et vu que j’étais d’humeur à raconter ma vie ce soir, je me décide de le faire alors que je tapote l’encolure de ma loutre.
- Je l’ai acheté à un éleveur tout simplement, je ne peux pas te raconter une histoire rocambolesque mais je l’ai choisi à travers sa coquille, il avait de beaux yeux tu sais !
Comme toujours, rester sérieuse m’était difficile mais c’était ma façon de faire, j’aimais rire…
- Puis il a éclos, je lui ai donné un nom, il m’est lié à vie, nous sommes une paire, puis je l’ai entraîné jour et nuit. J’avoue que le fait que j’habite dans une grande avec pas mal d’espace nous a permis de faire plein de choses, c’est devenue une vraie loutre traqueuse, c’est mon coéquipier à part entière puis maintenant que j’ai pu lui acheter les enchantements pour qu’on puisse communiquer, c’est un vrai plaisir !
K’awill se frotte alors contre ma joue et je lui fais le plus gros câlin au monde, c’était comme ça entre nous puis avouer qu’il fait une excellente couette lors des bivouacs, je ne pouvais rêver mieux.
- Bref ce n’est pas seulement une arme ou une monture, c’est un ami quoi et il me comprends… c’est tout ce qu’il compte !
On n’était surtout obligé de se supporter mais il n’était pas un fardeau, loin de là ! On n’a fait des centaines de coups ensemble, nous sommes un vrai cirque à nous deux, enfin surtout moi mais ce n’était qu’un détail ! On s’approche tout doucement au campement quand Naëry m’arrête aussitôt, un Dafresk dévore notre repas et quand il tourne les yeux en notre direction, le voilà qui nous observe, les dents en avant, il nous a vu et il était en colère, c’était fini pour nous mais nous avions encore une chance, nous étions encore loin, on pouvait utiliser la méthode douce encore. Je demande à K’awill se rendre invisible, s'il le voit il va croire qu’il va l’attaquer et ce n’est pas ce que j’attends à la fin de mon scénario, non c’était la méthode ou personne ne meurt, j’ai toujours pensé que le Dafresk était un animal mystique des forêts, un élu de Lucy, je préférais éviter de les tuer sauf si c'était nécessaire.
- Je vais tester un truc, ne bouge pas d’ici, ne t’inquiète pas.
Me rendant à mon tour invisible, ma loutre s’approche de moi, j’attrape alors mon arbalète et prends une flèche standard, elle était bidon, elle servait à chasser les petits rongeurs, j’attrape un gros bout de viande séchée dans mon sac de provision sur le dos de K’awill, le tout sans bruit comme je l’ai appris au fil des années car être invisible aux yeux des gens est une chose mais à leurs oreilles.. Tout doucement, j’arme la flèche, étant habituée à tirer dans diverses situations, je vise un endroit au loin du campement mais la flèche devra passer le long du Dafresk pour l’attirer sans toutefois qu’il se sente menacé, c’était un pari risqué…
Mais la flèche est tirée, le Dafresk la regarde et se précipite vers le point d’impact et dévore la viande mais est-ce que ça va suffire à le faire partir ?
- Chut.... essaye de ne pas le tuer... enfin... si on peut...
Partons à la chasse aux méduses !─ avec Carciphona
Ma coéquipière disparaît, littéralement. K’awill aussi est aux abonnés absents. En me concentrant je vois un espèce de flou progresser non loin de moi, puis une flèche sort de nulle part, un morceau de viande séché planté à son bout.
Le plan de Caci semble fonctionner, le Dafresk se jette sur la viande pour la dévorer. Carci me somme de ne pas faire de bruit et d’essayer de ne pas tuer la bête. Ce n’est pas un plaisir de tuer un quelconque animal pour moi mais si ma vie est en danger je n’hésiterais pas.
J’aperçois alors une petite ombre un peut plus loin, et une sorte de grognement gazouillis se fait entendre, nous révélant la présence d’un bébé Dafresk. Je comprends mieux le comportement agressif de l’adulte, elle cherche à se nourrir et protège son petit. Nous sommes dans de beaux draps.
Le Dafreskon s’approche de nous, curieux, d’un pas hésitant. Sa mère se retourne aussi vers nous, beaucoup, beaucoup moins amicale. Elle gronde sourdement, montre les dents tout en se préparant à bondir … Cette fois je ne réfléchis plus, j’attrape une braise enflammée pour la lancer aux pieds du symbiote ce qui a pour effet de la stopper net dans son élan. Mon haut toujours à la main, j’enroule le petit Dafresk dedans, tel un otage ce qui a le don d’énerver encore plus la femelle. Que faire maintenant ? Je tourne autour du feu de telle sorte qu’il se trouve entre l’animal et moi. Carci est toujours invisible, je me sens terriblement seul. Mes yeux cherchent une solution, mon cerveau fait tourner les méninges à la vitesse grand V.
- Carci si tu es là envoie moi un autre bout de viande! J’entends dans ma propre voix l’urgence de la situation. Je suis à deux doigts de me faire déchiqueter par un Dafresk en colère. J’ai son petit dans les bras et juste un feu qui s’amenuise en barrière à ma future mort.
Un morceau de viande apparaît à côté de moi, tout en gardant un œil sur l’animal adulte j’attrape l’appât, le pose doucement avec le bébé au sol et m’éloigne du feu, sans défense.
La Dafresk se jette sur son rejeton qui mange la viande allègrement. Elle renifle le repas comme pour s’assurer de son innocuité avant de fixer son regard sur moi.
Le plan a de nouveau qu’à moitié fonctionné, j’espère que Carciphona a une autre idée car dans l’état actuel, je vais être obligé de dégainer mon arme sous peu pour espérer survivre à cette rencontre ...code ─ croquelune
Bon technique numéro un, presque une réussite, il fallait qu’on continue avant d’utiliser la manière forte surtout que maintenant je vois le petit à côté de la bestiole, je comprends tout à fait les réactions de notre ennemi, le mammifère enfin truc du genre avait autant peur que nous, voir plus surtout avec sa progéniture entre ses pattes, un mère pourrait faire n’importe quoi pour le protéger à nous d’y aller avec modération
- Ouaip, je te file ça !
Invitant K’awill à se reprocher, je donne un autre bout de viande pour apaiser l’appétit féroce du Dafresk mais mon instinct me dit que ça ne suffira pas surtout que ce débile de Nae vient de kidnapper le petit… c’est un fou, un FOU ! Quelle idée aussi de faire une chose pareille ? En tout cas, ça a le don d’éloigner la bête et Nae revient à mes côtés enfin ce qu’il croit, il ne me voit pas mais je sens qu’il est contrarié, toutes nos affaires sont autour du feu, il faut les récupérer, ça tient de notre survie enfin mes affaires, je les avais… lui non !
Je réfléchis à une idée mais j’espère que ça suffira, le petit sera sans défense un certain temps mais c’était soit ça soit… je ne sais pas ! Bon j’active mon arbalète à mon poignet, attrape une flèche petite cible même si je devrais prendre plus fort mais je ne veux pas la paralyser bien longtemps, d’ailleurs la pointe ne pénétra pas beaucoup dans la peau, je vais viser un endroit dur qu’elle pourra enlever sur l’arrière train.
Le bras tendu vers ma cible, le carreau armé, je prends quelques secondes avant de tirer, je ne veux pas lui faire trop mal, ce n’est pas mon intérêt, on veut juste prendre la fuite avec nos affaires. Je vise juste, elle tombe au sol, quelques convulsions au niveau de la pate, voilà que tout son arrière-train est paralysé, son regard en dit long mais je continue d’avancer vers elle, toujours invisible pour déposer son petit tout près d’elle, elle grogne mais quand elle comprends mon geste, elle arrête de bouger et lui dit à voix haute qu’elle en a pour quelques minutes mais qu’on s’en allait, je sais qu’elle nous comprends, je rapproche tout et K’awill est de nouveau visible, je lui mets sur le dos les affaires et me rends visible à mon tour, ça sera plus facile pour parler. Je fais un grand signe à Naëry de venir pour finir de charger.
- Prends tout, on s’en va !
Un ordre peut-être sec mais nous devons nous éloigner le plus loin possible et trouver un autre refuge pour la nuit...
Partons à la chasse aux méduses !─ avec Carciphona
Les secondes passent, j’ai l’impression que ce sont des heures. Le Drafresk adulte se remet à marcher lentement vers moi en grognant. Je recule tout aussi lentement, mon regard fixant le sien. Soudain, l’animal tombe au sol. Je ne comprends pas de suite ce qu’il se passe jusqu’à ce que je repère un petit carreau dans son arrière-train alors paralysé.
J’arrive pas à le croire ! Carci ne pouvait pas l’utiliser plus tôt ?! Je vois le petit flotter légèrement dans l’air, en me concentrant il me semble distinguer une silhouette transparente. Ma coéquipière dépose l’enfant à sa mère, ne voulant risquer une mauvaise rencontre pour celui-ci. Je comprends pourquoi elle n’a pas endormi la bête plus tôt, lui laisser une chance de fuir avec sa progéniture. Ouais mais bon en attendant j’aurais pu y perdre un morceau moi !
- Prend tout, on s’en va!
Je dois bien avouer que je ne me fais pas désirer. Je remets mon haut à la hâte avant de récupérer le reste des affaires. Fort heureusement elles ne sont pas dispersées partout. En revanche, Choco n’est plus là où je l’avais attaché. La sangle qui le tenait est rompue … La présence du Dafresk a dû faire paniquer l’animal qui s’est enfui …
Je suis damné, c’est pas possible …
Un hennissement me fait dire que non, finalement dans mon malheur, j’ai peut-être de la chance. Je me dirige vers le bruit et je vois Choco très agitée tourner en rond. Le bout de corde cassée s’est coincé dans un tronc, retenant le cheval. Merci Lucy pensé-je. Je m’approche de l’animal paniqué, je lui parle doucement mais la peur se lit dans son regard. J’essaie de le rassurer et de le calmer, je n’arrive pas à le rejoindre tellement il est agité. Je sais que le temps presse, les effets de la fléchette anesthésiante que Carci a utilisé vont bientôt disparaître. Je redouble d’effort, l’animal finit par s’apaiser un tant soit peu, suffisamment pour que je l’harnache et que je le monte.
- Allons-y! finis-je par dire à mon acolyte.
Nous mettons un maximum de distance entre notre ancien campement et nous, ne sait-on jamais que la Dafresk ne veuille nous traquer. Mais avec son petit dans les pattes cela m’étonnerait fortement. Toujours est-il que la nuit est bien avancée, nous avançons grâce à la lueur de la lune qui éclaire notre chemin de son pâle halo. Les yeux me piquent avec la fatigue, nous finissons par trouver un endroit potable pour nous poser.
Après avoir effectuer les vérifications habituelles avant de nous installer, j’allume un nouveau feu. Nous avons beau être en saison chaude, les nuits commencent à se faire fraîches, surtout en forêt.
- Ce soir il nous faudra nous contenter de fruits et racines dis-je à Carciphona après avoir été à la cueillette. Il reste encore de la viande séchée ou le Dafresk a tout mangé?
Je retrouve mon mutisme, écoutant la brune me raconter quelques anecdotes. La lune a déjà bien entamé sa descente dans le ciel étoilé, nous pourrions presque faire nuit blanche. L’odeur de l’humus me chatouille les narines, un apaisement certain me détend les muscles. Je finis par clore la journée en installant ce qui me sert de matelas, un tissus légèrement rembourré et en m’allongeant dessus, près du feu que je nourris une dernière fois avant de fermer les paupières. Je compte bien sur l’instant de nos montures pour nous prévenir de l’approche d’un danger, bien que mon sommeil léger fait tout aussi l’affaire.
- Demain le début des hostilités commencera, nous ferions mieux de dormir un peu. Bonne nuit Carci.
Les mains sous la tête, mon regard se perd une dernière fois dans la voie lactée. Très vite ma respiration s’apaise, jusqu’à devenir inaudible. Il faut le souligner, je suis un coéquipier d’exception, je ne ronfle pas ! Sérieux, il n’y a rien de plus insupportable que les ronflements quand vous avez le sommeil léger ! J’ai déjà failli commettre un meurtre pour ça ! Moi exagérer ? Jamais …
Comme promis la nuit fut courte. Je me réveille avec les premières lueurs du jour, étirant mes muscles. Il n’y a plus que des cendres légèrement rougeoyante dans l’âtre du feu que je m’attelle dors et déjà à rallumer. Il est lus compliqué de trouver du bois sec après la rosé matinale, mais c’est loin d’être une mission impossible. J’en profite pour inspecter les alentours tout en cueillant des fruits comestibles ci et là. Je reviens au campement quelques instants plus tard.
- Des baies ou des baies? demandé-je à Carci dont la chevelure forme une houppette sur le crâne. Je souris allègrement devant cette image, me disant que je ne dois pas être mieux.code ─ croquelune
Nous prenons nos jambes à nos cous enfin plutôt on galope comme pas deux pour s’éloigner du Dafresk et de son petit si on mets assez de distance, jamais elle pensera à nous courir après, ce n’était pas utile surtout qu’elle était vulnérable pour les prochaines minutes, c’est pour ça que j’ai mis son petit entre ses pattes, un autre animal ne s’amusera pas à attaquer un Dafresk qui semble faire une petite sieste !
- On l’a échappé belle !
Enfin, j’aurai pu clairement le tuer d’un coup d’une flèche en plein coeur mais ce n’était pas de mon tempérament de faire une chose pareille surtout avec le petit, c’était inhumain, sans coeur… surtout que la viande de Dafresk, c’est tellement bizarre en goût puis énervons pas Lucy, peut-être qu’il m’arrive que des crasses car un jour j’ai osé l’embêter ou l’insulter sans faire exprès mais vraiment sans faire exprès… Nous voguons depuis maintenant un certain temps et trouvons enfin un nouvel endroit pour passer la nuit, je m’assure que je ne trouve pas d’animaux sauvages autour de nous ou autre terrier qui pourrait tenter certains, j'installe K’awill non loin et m’amuse à embêter Naëry qui essaye d’allumer un feu.
- Il en reste un peu mais essayons de ne pas taper dans les réserves, il faut qu’on garde ça pour le chemin de retour !
On ne sait jamais ce que l’avenir nous dira donc autant s’arranger comme on peut quand on le pouvait encore et voir pour prendre cette viande plus tard, surtout que c’était encore possible de trouver des trucs sympas à se mettre sous la dent, il faut juste être inventif c’est tout !
On prends alors notre repas frugal et on s’amuse à papoter une fois dans nos duvets respectifs le temps que le sommeil nous emporte. Habituée à dormir à la belle étoile, je finis par m’endormir rapidement car je sais que la route est longue et nous avons quelques kilomètres encore à faire pour atteindre notre destination, c’est un long voyage et je regrette que mon coéquipier n’est pas de pass de téléportation, ça serait tellement plus facile la route mais à force de choisir cette facilité, on ne sait plus vivre à la dur donc ça fait du bien cette longue balade... Bon le réveil était difficile surtout capillairement parlant, c’est sûr mais je n’étais pas là pour jouer ma princesse, loin de là ! Je devais être certes présentable mais ça restait à ce stade. Frottant mes petits yeux pour lancer un regard noir à Naery, je réponds avec la délicatesse qu’on me connaît à sa phrase du matin.
- Quel choix ! Je dirais de baies, bien entendu
Plissant les yeux pour trouver une feinte, je pointe du doigt le coin de sa bouche.
- Tu as encore un peu de bave sur le côté là.
Souriant maintenant à pleines dents, je me soulève d’un bond et je range mon couchage dans ses rangements, faisant place nette pour embarquer aussitôt, je sors une gourde et quelques herbes pour l’infusion du matin.
- Théoriquement, nous arriverons en fin de journée au village perché !
Ca dépend si on rencontre des obstacles ou non !
- Je ne sais pas si tu connais mais cette cité est magnifique puis actuellement nous arrivons vers la saison fraîche donc, la cime des arbres va revêtir son dernier manteau de la saison, il va prendre ses couleurs pourpre, c’est toujours aussi plaisant de voir ses changements de teinte et ça l’est encore plus dans ce village qui est bâti de nombreuses habitations !
Ce n’était pas ma destination favorite mais j’ai passé quelques temps par là-bas mais il faut bien choisir sa saison tout comme forteresse, y aller à la saison froide c’était tout bonnement du suicide. Le repas se passe sans encombres, on finit de ranger le camp avant de reprendre la route plein Nord-Ouest, la forêt s’épaissit et nous remarquons des traces humaines, les chemins sont fléchés et détailler, on commence à voir l’étendue du territoire de cette ville, les chasseurs ont posé quelques pièges ici et là, on voit même quelques Ghla siais qui ne vont pas tarder à montrer leur bout de leur nez, une plante qui faire d’excellente liqueur mais pas que. La balade est sans encombre jusqu’au repas de ce midi, on se pose non loin d’un cours d’eau, taquine, j’invite mon comparse à une nouvelle activité.
- Dis ! Ca te dit un concours de pêche d’éperlans, j’ai envie de friture !
Je sors alors une bobine de fil avec quelques hameçons, si nécessaire, j’ai d’autres lignes si il le souhaite, j’attrape une branche de bois solide et fixe l’ensemble pour trouver l’endroit stratégique, j’étais championne de mon village plus jeune… il ne va pas s’en remettre !
- J’espère que tu es prêt bibiche !
Partons à la chasse aux méduses !─ avec Carciphona
Carci me taquine dès le réveil, m’arrachant un sourire bien matinal. La mi-journée se passe sans encombre jusqu’à la pause repas. La jeune femme me propose alors un concours de pêche, plus précisément celui d’éperlans. Je connais une façon de cuisiner le poisson rapide et, ma foi je dois le dire, excellente !
Mon acolyte sort le nécessaire à pêche, tout comme elle je fabrique une canne à pêche de fortune m’amusant de cette nouvelle activité. Allons nous réellement arriver avant la tombée de la nuit ? Peu importe, ce sont les moments comme ça qui construisent une aventure. Cela fait bien longtemps que je n’ai pas pris autant de plaisir à partager la route avec un équipier. En même temps je ne mets pas toujours du mien, je l’avoue … Carci elle, donne tout pour faire de ce voyage une quête des plus loufoques.
- J’espère que tu es prêt bibiche!
Bibiche ?! J’éclate de rire ! Quel est ce nouveau surnom ? C’est bien la première fois qu’on m’appelle comme ça.
- Toujours Kanaille !
Je m’éloigne d’elle pour me trouver un petit coin calme, de préférence en amont du ruisseau, histoire d’avoir plus de chance d’en pêcher. Le jeu commence, d’abord très sérieux je mets des petits bouts de nourriture sur le hameçon pour attirer la marmaille aquatique. Ce n’est pas un franc succès … Heureusement la patience est une de mes vertus, alors j’attends, et j’attends … Encore … De son côté ma coéquipière semble avoir plus de succès. C’est bien la peine que je me place avant elle sur le cours d’eau … Mais est-ce des poissons qu’elle retire de l’eau ?
La ligne se tend, tout content je la remonte. Mon premier poisson ! M-I-N-U-S-C-U-L-E ! Il est ridicule tellement il est petit … On ne pourra rien en faire de celui là … Je décide de le relâcher dans l’eau … Je change d’appât, trouvant un ver dans les herbes. Peut-être ma ligne aura plus de succès ? Et voilà que !!! Rien du tout … Je patiente, encore et toujours, je commence même à m’ennuyer alors que Carci semble bien plus productive. Je ne comprends pas comment elle fait … L’espièglerie s’empare alors de moi … Avec un large sourire mon visage se tourne vers la jeune femme, je commence à envoyer quelques pierres, glands et autres projectiles vers sa ligne pour éloigner les poissons de sa canne à pêche. Vous devriez voir sa tête ! Un régal ! Je ne peux m’empêcher de rire une nouvelle fois, me protégeant derrière un tronc d’un éventuel retour de projectiles.
Ma ligne tire à nouveau, je m’approche et j’ai tout juste le temps d’attraper le bâton qui s’arrache du sol, emporté par ma prise. Je tire mais le bois se tord dangereusement prêt à se rompre.
- Carci viens m’aider!
Entre le courant et le poids de ma capture nous mettons du temps à la sortir hors de l’eau. Je m’attends à un bon gros poisson, mais au lieu de cela un espèce de gros colis emmailloté dans un tissu jadis blanc reste pendu au bout de la ligne. Et ça pèse son poids !
Nous le posons à même le sol, des tâches étranges sont visibles sur le tissu. Les marques de son séjour dans l’eau ? Je regarde la jeune femme qui semble aussi intriguée que moi. Est-il nécessaire d’ouvrir la trouvaille ? Je ne pense pas. Allons nous le faire ? Je pense que oui ! Je suis d’ailleurs le premier à me pencher sur la chose, et avec l’aide du bois de la canne à pêche improvisée je tâche de démailloter la chose. Et qu’est-ce que nous découvrons ? … Je préfère ne pas vous décrire ce qui se révèle sous nos yeux … Chers lecteurs, je tiens à votre santé mentale, rien que d’y penser j’en ai des hauts le cœur … C’est … terrible … Que dis-je … Affreux !
Bon okay … puisque vous insistez je vais vous dire ce qui se trouve sous nos yeux … Mais je vous aurais prévenu ! Bon, et bien voilà, nous y sommes. Là, devant, à nos pieds, au sol, dans ce tissu blanc qui n’est plus blanc … Une … Une … Je n’arrive pas à le dire … Allez, c’est comme un pansement, il faut l’arracher d’un coup sec, je vais donc vous le dire comme ça, d’un coup. Je viens de pêcher une trompette !
Ah vous devriez voir vos têtes ! Que je me marre bien ! Okay je redeviens sérieux. Et oui j’ai réellement pêché une trompette, remplie d’eau. Je la vide, essuie le bec avant de souffler dedans. Evidemment aucun son n’en sort, juste un affreux gargouillis humide.
- Je suis sûr qu’on peut la ravoir ... dis-je de l’instrument bien érodé par sa mésaventure aquatique.
Je pianote sur les pistons, dont l’un deux, plus épais que les autres, refuse de s’enfoncer dans le cuire. En y regardant de plus près, je vois que la pièce n’est pas d’origine, et semble déboîtée. En essayant de la remettre avec toute ma délicatesse, le piston reste dans ma main … Oups …
Une espèce de tige dépasse du bouton de piston, ce qui n’est pas très naturel. Je tire sur cette dernière qui vient plus ou moins facilement. Lorsque l’objet est sorti entièrement, il ne s’agit d’autre qu’une feuille enroulée sur elle-même. Je lance un nouveau regard vers Carciphona avant de déplier tout doucement le papier trempé.
- Et bien cette pêche est pleine de surprises! finis-je par dire.
L’encre sur la feuille a bavé, mais on peut nettement distinguer une carte dessinée à la main. Par contre ce qu’il est écrit en marge est indéchiffrable. Je laisse mon acolyte prendre le trésor et le regarder, peut-être ses yeux experts auront une idée de ce qu'il s’agit.
- Faisons le sécher, en attendant je vais nous préparer les éperlans … Tu en as pêcher au moins rassure moi ? Parce qu’à part ça, dis-je en montrant le cadavre de l’instrument, je n’ai pas sorti grand-chose de ce cours d’eau!code ─ croquelune
Maintenant on s’attaque aux petits noms doux, il ne va pas être déçu le beau gosse, j’en ai à la pelle des noms de la sorte donc bon si je m’attaque à cet intermède, je vais gagner haut la main mais avant ça, je dois mettre la raclée du siècle a ce bonhomme car quand je dis pêche aux éperlans, je vois tout de suite qu’il ne sait ce que c’est quand je vois la préparation de la ligne, des vers… Il met des vers le mec, le rampant est limite plus grand que le poisson qu’on doit essayer d’attraper et je ne fus pas surprise quand il ressort un machin non identifié...
- J’espère que ce n’est pas une main qu’on a là… je tiens encore à garder ce qu’il me reste dans mon estomac.
Prenant mes précautions et restant en arrière pour ne pas voir cette chose immonde, il s’amuse alors à déballer tout ça tout doucement pour finalement tomber sur une trompette… sérieux une trompette ! Le truc inutile et l’autre gogol s’amuse à mettre ça sur la bouche.
- Non, tu ne vas pas faire ça tout même ! Ne mets pas ça sur ta bouche, c’est dégueulasse !
Un haut de coeur plus tard, je regarde cette tête d’ahuri soufflé dedans et évidemment rien ne se produit et me contente de rire de la situation.
- Même pas tu approches ta bouche de mon visage et même d’une autre partie de mon corps, plutôt… faire un bisou à un Koutoulou !
Bon quand même pas mais c’était pour voir l’idée tout de même qu’il aurait pu éviter de faire une chose pareille et si cette trompette était maudite ? Il a pensé à ça le loustic ? NON ! En plus Monsieur tout fier me sort une carte qui était caché dedans, on se demande bien pourquoi d’ailleurs et j’attrape le bout de notre fameux trésor pour essayer de comprendre quelque chose, ne faisant pas attention à ce qu’il disait.
- Hum, hum...
Concentrée comme jamais, je perçois les courbes caractéristiques du village perché et ses alentours, vu que c’est notre destination, autour faire un petit détour pour essayer de voir ce que donne ce bout de parchemin. Je finis par lever les yeux dans sa direction, regardant son seau vide et ensuite le mien…. Il n’avait rien pris ce salopiaud mais je lui pardonne, enfin à moitié, car généralement c’est lui qui fait toujours la bouffe donc je vais m’y atteler de ce pas.
- Bon… prends ce seau et commence à faire la friture avec ça, tout se mange là-dedans, c’est ça qui est bien dans les éperlans ! Pour la carte, mets là non loin du feu sur une planche sec avec des pierres pour la laisser tendu mais pas trop non plus ! Je m’occupe de remplir cet autre seau !
Courant en quatrième vitesse pour finir de remplir ce petit seau, je m’amuse à faire ça rapidement pour retrouver aussitôt mon ami et surtout pour voir la carte, je suis sûre que ça va nous mener à une vraie mine d’or ou quelque chose du genre mais rien de penser à nos prochaines aventures, j’ai le coeur qui palpite et ça pendant la vingtaine de minutes que je passe à remuer le cours d’eau pour trouver mes proies. J’étais une experte à ce genre de choses, des heures et des heures pendant mon enfance à faire ça avec mes frères et soeurs, je les battait tous alors bon contre un novice comme Naëry, c’était easy !
Je range alors ma ligne autour du bout de boit que je m’étais fait et range dans une pochette fixée sur K’awill et revient avec le seau avec ce qu’il faut pour bien manger ce midi.
- Voilà la suite ! On va se régaler.
Je me dirige vers la carte, on commence à voir le parchemin prendre une autre forme, les bords s’assèchent tout doucement, encore une petite heure pour avoir la suite de nos aventures, il faudra l’enrouler dans une grande feuille pour la protéger si on veut la conserver, au pire, je ferai une copie, j’ai mon cahier avec moi pour faire le croquis !
- Tu penses que c’est une tombe secrète ? Un coffre caché ou juste une blague ?
Les yeux remplis d’étoiles, je regarde le brun ténébreux pour qu’il m’explique son point de vue et surtout qu’il me vend du rêve lui aussi !
Partons à la chasse aux méduses !─ avec Carciphona
- Bien mon Capitaine! dis-je aux ordres de Carci.
Je m’exécute aussitôt, attrapant le seau d’éperlans que je ramène près du feu avec la carte. Je prépare le bivouac, trouvant une pierre assez large et fine pour servir de grille. Je l’installe à l’aide d’autres croches au dessus du feu, la laissant chauffer le temps que j’aille nous trouver quelques herbes pour agrémenter le tout. Comme à chaque fois que j’ôte la vie à un animal, je fais une prière inaudible, remerciant Lucy de recueillir l’âme de l’être qui contribue à notre survie.
Utilisant de la graisse animal que je garde dans un pot, je fais frire la première tournée de poissons, qui de part leur taille ne mettent pas bien longtemps à griller. Je suis incontestablement bien meilleur cuisto que pêcheur ! Mon acolyte revient quelques instants plus tard avec un nouveau seau que je m’attelle à fricasser. Okay je l’avoue, je n’y connais rien en éperlans. Je crois que mon expérience vient de le confirmer.
Carciphona me demande alors mon avis sur la carte trouvée, je vois bien qu’elle attend plus qu’un simple « J’en sais rien, attendons de voir où elle mène ». Mon côté pragmatique. Je m’arrête donc avant de commencer cettre phrase et réfléchis. Que vais-je bien pouvoir lui inventer de merveilleux …
Je rajoute un dernier épice sur les petits fretins avant de nous les servir.
- Je pense que c’est un portail qu’il faut trouver. Pas le genre de portail que tu ouvres avec une poignet et un écriteau disant « bienvenue à la taverne d’Ali », non je pense que la carte nous mène dans un souterrain où les racines t’empêchent de circuler correctement, où des yeux jaunes suivent ton regard, jusqu’à ce fameux portail qui ressemble à … à … un miroir ! Et lorsque tu passes ce portail, tu es transportée dans un autre univers. Le tout est de ne pas y rester coincé !
Elle me regarde, attendant la suite.
- Voilà c’est tout … finis-je. Je ne suis pas un conteur moi, je laisse son imagination faire la suite du boulot.
Nous prenons le temps de discuter encore jusqu’à ce que j’initie le levé de camps. Nous sommes attendu, il ne faudrait pas trop retarder notre arrivée. Après un rangement rapide je me dirige vers nos montures pour leur donner à chacun un fruit sucré généralement apprécié de tout être histoire de leur donner de la force et du courage. Une gratouille, il faut dire que K’awill est particulièrement doux, qui eut cru qu’une loutre serait aussi douce ? Et nous revoilà en chemin pour le village.
Comme annoncé par ma coéquipière, nous arrivons en début de soirée. Je ne suis pas mécontent de trouver de la vie autre qu’animalière, et surtout un endroit où nous pourrons nous reposer avec un peu plus de confort. Très vite nous sommes conduits auprès des vétérinaires qui nous ont missionnés. Un homme et une femme à la ressemblance frappante nous dévisagent comme pour évaluer notre capacité à mener à bien notre mission. Nous sommes conduits dans une maison perchée qui sert de lieu de réunion, K’awill et Choco entre les bonnes mains d’un aide soignant muni de brosses pour le bonheur de nos animeux.
Elia, la femme, prend la parole en première une fois que nous somme installés autour d’une table où quelques boissons et mets nous accueillent.
- Les Aquilas sont une espèce encore peu connue de nos services, et pour cause, nous n’en dénombrons que peu, et elles ne se montrent en plein jour.
- Vous devrez les retrouver de nuit, c’est votre meilleur chance. Ponctue Elvann, son frère.
- La dernière fois qu’elles ont été observées date de trois semaines, près d’un marais, un couple que nous souhaitons préservés dans un espace naturel qui nous permettra de les étudier plus facilement sans atteindre à leur vie.
- Nous pensons qu’elles ont des propriétés qui pourraient faire avancer la médecine.
- Il vous faudra les capturer sans leur faire de mal, dit-elle en me fixant. Pourquoi moi ? Je la regarde d’un air blasé, comme celui que j’arbore le plus souvent, les bras croisés et sans décocher un mot.
- Nous vous fournirons le matériel demain avec les derniers détails, vous partirez la nuit tombée. En attendant vous allez pouvoir vous reposer après votre voyage.
Leur joute verbale est comme un jeu de passe, ils se complètent l'un et l'autre, nos regard allant de l'un à l'autre au fils de la discussion.
Elia nous donne une feuille sur laquelle un croquis est dessinée par ses soins.
- Voici Aquila, dit-elle presque admirative. Le croquis est détaillé, le coup de fusain y est agréablement réaliser.
Nous parlons encore de l’expédition avant que nos hôtes nous libèrent et nous mènent dans une petite auberge pour y passer notre séjour. Nous y avons une chambre pour deux, avec des lits superposés. Je laisse Carci choisir le sien avant de remplir la bassine en eau pour me laver comme il se doit. Un paravent sert d’intimité, ce qui n’empêche pas mon acolyte de discuter pendant ma toilette. Même quand elle dort il lui arrive de parler !code ─ croquelune
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- Mec, tu as inhalé quoi pour me pondre un truc pareil ? Un miroir qui t’amène dans un autre monde… et le Floki met le chocolat dans le papier d’emballage ?
Il me fait peur des fois, je devrais revoir les herbes qu’il ingère, il doit trop en abuser et voilà qui me dit des histoires qui me font peur, je ne sais pas d’où il a sorti ça mais je devrais me méfier, peut-être c’est vrai ce qu’il raconte et qu’on devrait laisser la carte où elle est.
- Enfin si on pouvait éviter de se faire tuer bêtement, j’aimerai rentrer chez moi en vie alors évitons les histoires bizarres comme celle-là et on demandera conseil au village !
Le fou… Bon le repas fut excellent surtout avec la bonne pêche que j’avais faite, nous avions un bon stock de petits poissons, on a fait un vrai festin et nous repartons aussitôt pour le reste de l’aventure, nous devons arriver normalement en début de soirée au village perché et mes calculs furent bons, je le savais, j’avais le talent pour ça !
Le village perché a toujours un endroit un peu mystérieux, les habitants commerçaient avec le reste du Royaume mais c’était difficile de s’intégrer quand nous arrivons, on nous dévisage et deux personnes nous attendent impatiemment, il n’y avait pas des centaines de personnes qui passaient par là et se doutent que nous venions pour la mission de sauvetage. Nos montures récupérées et bichonnées, on nous conduit dans une cabane pour voir peut-être les sages de cette ville, enfin j’écoutais qu’à moitié, ces trucs-là.. Ça me passaient par-dessus des fois, enfin surtout à une heure pareille, on devrait nous dorloter, nous donner une petite tisane, on en reparle demain mais non ils veulent en parler tout de suite alors qu’on ne va pas repartir sur le champs surtout pour nous dire qu’on doit faire ça de nuit… les rigolos ! Laissez moi dormir dans un vrai lit.
La réunion déroula un certain temps et on fini par nous montrer notre chambre avec un lit superposé, je prends évidemment celui du bas, plus pratique pour aller aux toilettes et surtout que la plafond avait l’air bien bas, je tenais à ma tête surtout que je bouge beaucoup la nuit en plus de parler donc bon, si je ne veux pas me réveiller avec une bosse en plein milieu du front, autant tenter le lit du bas. On continue à parler un peu avant de s’endormir, évoquant les comportements des gens qu’on a aperçu lors de notre soirée pour que je sombre tout doucement dans le sommeil, on était presque devenu supers potes tous les deux, ça devenait presque normal de se voir tout le temps, je l’aimais bien ce type, j’aimerai bien faire de nouvelles missions avec lui enfin quand on aura fini celle-là d’abord, la suite on verra plus tard.
Le réveil au matin fut doux, pas de froid qui pénètre en bas du dos, pas la petite feuille qui titille le nez ou K’awill qui réclame des caresses, non simplement un réveil tout doux avec le bruit en contrebas de la ville en dessous de nous, le soleil était bien levé et nous avions besoin de rattraper un peu de sommeil et surtout profiter d’un bon lit douillet après nos quelques jours de voyage intense, il faudra qu’on pense à refaire nos vivres avant de repartir chercher les Aquilas, on ne sait jamais de ce qu’il peut nous arriver.
- Ca te dit, un petit tour au marché ?
Rien de mieux que de se dégourdir un peu les pattes pour se trouver un petit déjeuner bien sympa. J’enfile donc une tenue légère avec juste quelques dagues cachées ici et là et pars, besace sur l’épaule rejoindre la partie marchande de la ville, K’awill était restée dans son écurie le temps du séjour, il n’est pas très pratique dans ce village perché, il prends beaucoup de place et pèse son poids, toutes les installations ne sont pas adaptées et je ne voudrais pas payer les casses éventuelles. On s’amuse alors à franchir les différents ponts pour rejoindre une placette avec quelques huttes où différentes odeurs parviennent à mon délicat nez, quelque chose d’incroyable même et je sens même une douce odeur de chocolat, ni une, ni deux, je cours vers l’échoppe attrapant Naëry par le bras pour qu’il me suive.
- Bonjour ma petite Dame ! Deux chocolats extra avec supplément cannelle s’il vous plaît !
Je venais de perdre toute ma crédibilité et retrouve mon âme d’enfant, c’était bientôt la saison fraîche, le début des boissons chaudes et aussi tout ce qui allait avec, c’était le moment que je profitais pour retrouver ma famille dans mon village, je passais une fois par an et c’était déjà beaucoup mais je le faisais pour ma mère car mon père n’en avait rien à faire depuis que j’ai choisi d’être aventurière donc je disais aussi bonjour à tous mes frères et soeurs ainsi que d’apporter quelques petits cadeaux.
On reçoit alors nos deux boissons fumantes et donne ma monnaie à la vendeuse comme je reconnais au loin, une silhouette grande avec une chevelure couleur corbeau et des cheveux bleus. Non je rêve… ce n’est pas Sue et l’autre bouftou qui jouent les amoureuses en fugue là ! Je laisse mon gobelet à Naë et court à toute vitesse sur le couple pour bousculer la silhouette aux cheveux bruns pour tomber nez à nez avec un homme… je fus alors soulager de voir que ce n’était pas elle mais je ressens alors tous les regards sur moi… je ne savais plus quoi faire et je décide alors de me rendre invisible partant au loin, pleurant de toutes mes peines. Je pensais la revoir et lui dire combien elle me manque mais non… encore une fois, Lucy se joue de moi...
Partons à la chasse aux méduses !─ avec Carciphona
Une bonne nuit de sommeil, vous ne pouvez pas savoir comme ça fait du bien. Sûrement que si, mais moi j’en avais presque oublié les bienfaits. Et Carci n’a même pas parlé ! En vrai j’exagère, je l’ai entendu juste une fois gémir en dormant depuis que nous étions partis de la Capitale, mais il est toujours bon de lancer des rumeurs, non ?
Après un rapide débarbouillage la jeune femme me propose d’aller au marché, j’opine de la tête avant de la suivre. Toujours aussi bavard celui-là direz vous. Parfois, le silence est d’or, retenez ceci chers lecteurs. Bon okay, là tout de suite je n’ai juste pas envie de parler, non pas que je sois de mauvais poils, au contraire, juste je profite de ce moment calme avant de rejoindre le tumulte du village.
J’observe les alentours tout en suivant ma coéquipière pressée de rejoindre la « place centrale » si nous pouvons l’appelée comme ceci. Il est fichtrement bien pensé ce village, et incroyable. Je ne me rappelle pas qu’il était si grand la dernière fois que j’y suis allé. Les maisons vont de petites cabanes à de belles auberges, encastrées pour certaines dans les tronc comme si elles naissaient de ce dernier. Sans abîmer la nature les habitants ce sont intégrés à celle-ci en harmonie, utilisant ce qu’elle nous offre pour vivre et prospérer. Proche de la cime des arbres, la lumière du soleil vient caresser nos visages, réchauffant le bout de mon nez rafraîchi par la saison venante.
En humant l’air on peut sentir la terre, la sève, des notes sucrées, et une odeur bien reconnaissable éveille mes papilles lorsque nous arrivons vers les commerces perchés. Je n’ai pas le temps de réagir que déjà je suis emporté par un bras qui me tire avec force jusqu’à un stand. Carci nous commande deux chocolats avec supplément cannelle. Mon goût pour les épices la remercie secrètement, en voilà une excellente idée ! Je trempe à peine mes lèvres dans la boisson sirupeuse que la brune repart en courant, qu’a-t-elle vu cette fois ? Un stand de macarons ? Un chien faisant une pirouette cacahuète ? Je la suis du regard, elle semble déterminée, je ne visualise pourtant pas sa destination. Elle bouscule un couple, sûrement dans la précipitation … Quoi que, je la vois observer l’homme avec attention, une moue que je ne sais interpréter marque son visage. Les villageois aussi surpris que moi la regarde avant de reprendre leurs activités, quant à Carci, elle disparaît tout bonnement de ma vue. Bon sang que me faisait-elle ? Une blague ?
Entiché des deux gobelets je m’avance à l’endroit où elle s’est rendue invisible, l’appelant bêtement.
- Carci ? T’es où ? Reviens ! Carciii?!
A héler ainsi la jeune femme on finit par me demander à quoi ressemble mon animal de compagnie pour m’aider à le retrouver. Je lance un regard noir à la personne lui assénant que Carci est une jeune femme poivre et sel dont la bonne humeur n’a que d’égal les oiseaux chantant du village, et que, pour l’heure, personne ne pouvait m’aider à la retrouver ! Le pauvre type s’éloigne, maugréant contre ces étrangers d’une impolitesse des plus déplacée. Je n’ai cure de ses dires et continue d’avancer à l’aveugle.
Une pensée ne m’appartenant pas se forme alors dans mon esprit, elle est étrange, n’est pas faite de mots mais je comprends qu’il me faut rejoindre K’awill. Je suis troublé par ce message néanmoins je m’exécute, finissant mon chocolat d’une traite ce qui a le don de m’écœurer. Je file aussi vite que je le peux rejoindre les écuries et libérer la loutre, d’autres pensées me viennent alors à l’esprit et je comprends que l’animal communique avec moi par télépathie. C’est bien la première fois que ça m‘arrive, et je dois avouer que c’est une sensation bien étrange que « d’entendre » un être dans sa tête, on se sent presque abuser, fort heureusement il ne s’agit que de K’awill et je finis par m’habituer à ses projections mentales.
Je monte sur son dos et me laisse porter par l’animal qui, de sa grande taille, a d’abord du mal à se frayer un chemin sur les ponts du village avant de s’en éloigner, retrouvant le calme de la forêt une quinzaines de minutes plus tard. K’awill s’arrête, je descends de son dos et il me pousse de son museau. J’entends sangloter et je retrouve Carci accroupie au pied d’un arbre.
- Et bien alors Carci, que t’arrive-t-il? l’interrogé-je en m’installant auprès d’elle.
Mon bras vient entourer ses épaules, je la bascule avec douceur contre mon tose.
- Tiens, ton chocolat … lui dis-je en lui tendant le gobelet. Il est sûrement un peu froid, si tu le veux je peux essayer de le réchauffer avec la pierre de feu, mais je ne crains de faire plus de dégâts qu’autre chose.
Je l’invite à boire la boisson tout en lui ventant son goût des plus excellent, et la bonne idée qu’elle a eu d’en prendre.
- Allons bon, que s’est-il passé là haut ?
Je ne connais qu’une chose qui rend les femmes aussi triste : la mort, ou l’amour. A une lettre près ces deux mots se prononcent pareil.
- C’est cette femme encore qui te rend chafouin ? Tu devrais te mettre aux hommes, c’est moins attachant. plaisanté-je en lui donnant un petit coup de coude.code ─ croquelune