Partons à la chasse aux méduses !

─ avec Carciphona

Et je retrouve une Carci attristée, abîmée, loin de son personnage loufoque et plein de gaieté habituelle. Elle tente de cacher ses failles derrière son humour mais finit par se confier malgré elle sur ce qui la blesse le plus en ce moment : l’amour. Je ne suis certainement pas le meilleur pour réconforter la belle, mais je m’y tente du mieux que je le peux.

- Beaucoup te dirons que seul le temps effacera ta peine … Ils ont sûrement raison. Moi je vais te dire, tout se passe là … je lui tapote le front du bout de l’index.

- Ton cœur pleure, mais ta raison saura te montrer : cette fille, elle ne te mérite pas. Si elle te met dans cet état c’est qu’elle n’a certainement pas sa place dans ton cœur. Il faut que tu y laisses entrer des gens qui te rendent heureuse, et pas le temps d’une ou deux nuit. Oui tu as cru qu’elle serait la bonne peut-être, on se fait tous avoir à un moment. C’est pour ça que maintenant, laisse ta tête raisonner et te montrer que tu mérites mieux. Bien mieux. Ne pleures plus après un fantôme, vas donc rire avec une bonne vivante.

Mes pensées partir à la dérive elles aussi, et mes amours à moi ? J’ai connu des femmes oui, des aventures sans lendemain, quelques amours perdus. Je me suis toujours forgé une carapace, j’ai même était par le passé ce sale type qui brise quelques cœurs, non pas intentionnellement, j’ai toujours était clair dans mes sentiments, ou non sentiments devrais-je dire. Mais les relations sont tellement compliquées … Que je ne comprends pas toujours. De fils en aiguille je finis par pensée à mon premier amour inavoué, Luz … Cela fait bien longtemps que je n’ai pas pensé à elle, une sensation étrange m’envahit que je décide d’ignorer promptement.

- Carci, tu as aimé à en mourir, et si maintenant tu apprenais à aimer à en vivre?

Je me lève soudain, avant de lui tendre la main pour l’aider à se relever. Ma main attrape son menton pour le relever.

- Lève la tête ou tu passeras à côté d’une belle gosse! Dis-je avec un clin d’œil.

Je prends sa main pour l’inviter à me suivre.

- Allez viens, tu m’as promis un petit déjeuner, et j’ai faim. On doit reprendre des forces pour affronter ces méduses.

Bras dessus bras dessous nous retournons dans les hauteurs du village perché pour retrouver la place du marché où Carci nous dégote un repas des plus goûtus, je suis ravi de voir son entrain à nouveau nous guider dans ce méandre de boutiques. Façade ou réelle bonne humeur, je veille sur la demoiselle, tachant de lui extorquer le plus de sourires possible. J’en profite pour me rééquiper, achetant une corde et une lampe magiques chez une marchande qui, ma foi, est bien mignonne. Légèrement plus petite que Carci, les cheveux attachés en chignon lâche, des petites mèches s’échappent ci et là. Des yeux verts entourés de pétillantes tâches de rousseurs. Et un délicieux sourire plus qu’avenant. Je tape du coude la brune qui m’accompagne avant d’apostropher la vendeuse.

- Bonjour, elle c’est Carciphona.

Et je pars, vadrouillant dans les rayons comme un funambule sur sa corde, m’éloignant des deux femmes. Je ris doucement de ma bêtise avant de revenir plus d’une dizaine de minutes plus tard avec mes achats.
Une fois les emplettes faites nous quittons la boutique, j’en profite pour glisser une dernier petit mot à la vendeuse tout en lui faisant un clin d’oeil.

- Je vous la ramènerai en vie ne vous inquiétez pas!

J’ébouriffe alors la tignasse de Carci avant de me diriger plus loin vers un vendeur de vêtements. Dans sa boutique j’essaie quelques tissus peu avantageux, demandant l’avis de la brune. Emmitouflé dans un gilet en maille à manches longues, d’une couleur indéfinissable, je questionne mon amie.

- Tu crois que je vais plaire à la petite vendeuse là-bas accoutrer comme ça? Je rigole avant de reprendre. Comment s’appelle-t-elle d’ailleurs ? Tu devrais peut-être l’inviter à boire un verre avant notre « périlleuse » mission, ne sait-on jamais.

Je me défais de mon accoutrement avant de le reposer et d’acheter des couvertures et quelques sous pulls chauds pour nos futures nuits.

code ─ croquelune

Partons à la chasse aux méduses !

─ avec Carciphona

C’est qu’elle me fait du gringue la Carci ! Avec son assurance et son bagou, je comprends pourquoi les femmes se laissent séduire. Je ris devant à ses taquineries, la laissant avec son fantasme de plan à trois. Devrais-je lui révéler la beauté de cette expérience ? Non, je préfère la laisser dans le flou de mes relations passées.
Nous nous installons ensuite sur une terrasse avec vue magnifique sur le village perché et la forêt. L’on peut voir les feuilles qui se tintent de couleurs chaudes, annonciateur de la saison avenante. Nous avons de la chance que le soleil reste au rendez-vous, je peux profiter de ce moment à découvert, laissant la chaleur des rayons réchauffer ma peau. Un serveur nous amène la carte des thés, il y en a une multitudes, j’ai rarement vu tant de choix. Tournant les pages un nom m’interpelle : « le Bamboo bleu : Merveilleux thé vert parfumé aux saveurs subtiles de fraise et de rhubarbe, parsemé de pétales de bleuet et de souci. Pour un voyage dans des contrées inexplorées. ». Mon choix s’arrête sur celui-ci que je commande des financiers pour mon amie et moi-même.

Carci me fait alors l’éloge de l’aventurier, et je ne peux qu’approuver tous ses arguments. Cette vie est celle de la liberté. Certes nous devons répondre de nos actes et servir aux mieux nos commanditaires, mais nous le faisons comme bon nous semble, et les rencontres que nous croisons lors des aventures sont de vraies pépites d’ors. Okay, je l’accorde, parfois je bafferais bien quelques têtes, encore faut-il savoir bien s’entourer et se réer de belles occasions pour de belles rencontres. Il est facile de faire une mission sans créer de lien particulier, ce fut longtemps le cas avec de nombreux aventuriers bourrus. Parfois on tombe sur une pépite, comme cette Carciphona, pleine de vie et de mélancolie. D’autres fois ce sont les citoyens, je dirais même que bien souvent ce sont eux qui égayent mes voyages d’ailleurs.

La femme me demande ce que j’aime dans l’aventure, avant de me poser des questions sur un passé qui ne doit plus exister. Ce n’était pas la première fois que l’on me demande de raconter mon enfance, et comme à chaque fois je vais devoir éluder la question. Paradoxalement, je n’aime pas mentir alors que toute ma vie d’aventurier repose sur un large mensonge. Je ne laisse rien paraître à mon interlocutrice et je réponds avec assurance.

- J’adhère totalement à ta définition d’aventure. L’aventure c’est le voyage. Et le voyage, c’est découvrir des paysages, mais aussi des gens qui te rappellent que la vie, faut la préserver. Partir comme ça loin de sa zone de confort, loin des habitudes, ça rappelle à l’ordre. Tu sais, au fil des rencontres je me suis aperçu que ce sont souvent les plus démunis qui sont les plus altruistes, c’est fort quand même ! Et quand tu reviens chez toi, tu relativises. Tu vois la chance que t’as. C’est ça aussi le voyage, se connaître un peu plus jour après jour.

Je fais une pause et prends le temps de déguster mon thé. Mon expiration sur la boisson chaude créé de la vapeur devant mon visage, troublant mes traits quelques secondes. Une première note fruitée, celle de la fraise, ravie mes papilles, suivi d’un onguent doux, légèrement amer des fleurs aux couleurs froides. Je vois bien que Carci attend la suite de ma réponse, j’attends encore un peu avant de reprendre.

- Mon aventure commence à mes dix-sept ans, j’ai été recueilli par un temple sous la protection de Lucy, avant cela mon passé n’existe plus pour moi. J’ai été accueilli en parfait inconnu, seul Naëry Wig subsistait sur un document que j’avais avec moi. Ni père, ni mère, aucune famille ne vint réclamer l’absence d’un fils ou d’un frère.

Et pour cause, mon père me pensais mort comme 99,9 % des nobles qui ont connu Reyan. Seule ma sœur connaît le subterfuge. Elle en est la cause.
Je ne mens pas vraiment, l’omission est parfaite pour cacher mon passé, et cela évite de m’emmêler dans des explications plus loufoques les unes des autres, des détails qui me trahiraient. Seul un voile obscure teinte les prunelles de mes yeux lorsque je me demande ce que serait devenu la vie de Reyan Dewig. Nul ne le sait, et il ne sert à rien de se l’imaginer. J’aime la liberté à laquelle j’aspire aujourd’hui, jamais je n’aurais pu la vivre en tant que Noble, trop de codes, trop de cachotteries …

- Alors me voilà à reconstruire une vie seul. Enfin pas vraiment, les prêtres et prêtresses ont été de véritable guide pour moi et m’ont offert la chance de m’émanciper. D’abord simple citoyen, j’ai aidé le temple avant de faire des petits boulots à droite et à gauche. Puis l’appel de l’aventure a été plus fort, et me voilà aujourd’hui dans le village perché en charmante compagnie, je lui fais un clin d’œil, pour récupérer un couple d’Aquila méconnues de la société scientifique.

Je divise le dernier gâteau en deux, tendant un morceau à la brune.

- Et toi ? De la famille ? Que font-ils ? Tu dis venir de la campagne, de quel coin exactement ? Comment t’es venue l’idée de devenir aventurière ? Un coup de tête ?

A mon tour de devenir inspecteur, meilleur moyen pour éviter un interrogatoire plus poussé que je ne saurais apprécier.

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Partons à la chasse aux méduses !

─ avec Carciphona

- Que veux-tu, j’ai toujours aimé les couguars, plaisanté-je en réponse à sa blague.

Elle me demande la bouche pleine qui est la charmante compagnie, une miette s’échappe de sa bouchée, tombant négligemment sur la table.

- Tu te poses vraiment la question?

La jeune femme me raconte alors son histoire, et comment elle a suivi son rêve d’aventurière. C’est en l’écoutant que je me rend compte de la différence de monde dans laquelle nous avons grandi. Nobles, paysans, aristocrates, simples citoyens … L’éducation est d’une telle différence … Et pourtant aujourd’hui, alors que tout nous oppose, Carci et moi sommes aventuriers, évoluant dans le même milieu, le même monde. Comme quoi, dans la vie, tout peut arriver.

Elle se lève alors pour rejoindre son rendez-vous, et juste avant de me quitter, la brune me remercie en toute sincérité et me conseille de visiter la grande bibliothèque du village. Sans un mot, je lui souris en hochant la tête, observant sa démarche enjouée disparaître derrière un tronc.
Je me lève à mon tour pour marcher et profiter de l’air ambiant. Qu’il fait bon. J’observe les habitants occupés à leurs tâches quotidiennes, ils semblent tous heureux. Cette manière de vivre en harmonie avec la nature est remarquable, peut-être la Capitale devrait en prendre de la graine.

Je finis par suivre le conseil de ma coéquipière partie roucouler, et je me rends à la bibliothèque. Le bâtiment est impressionnant, je me demande même comment l’arbre arrive à le soutenir. Entremêlée parmi les branches qui s’enroulent sur ses murs, la bâtisse impose le respect. Je pénètre dans cette demeure comme dans un lieu sacré, une odeur de vieux parchemins vient chatouiller mon nez lorsque se dérobe sous mes yeux une multitudes d’étagères emplies de livres. J’adore cette odeur, elle me rappelle mon enfance, lorsque j’allais me cacher dans la bibliothèque de la Capitale sous prétexte d’étudier l’histoire d’Aryon, la stratégie militaire, ou bien encore l’astronomie. C’était un moment de paix qu’il m’était devenu difficile de m’octroyer, seul, sous les livres au parfum de la connaissance.
Je souris à ce bon souvenir avant de me diriger vers les premières étagère. Un jeune garçon portant une pile de livres dans les mains heurte une table à disposition des lecteurs. Le bruit des ouvrages tombant sur le sol résonna dans l’antre silencieuse et une voix féminine s’élève des tréfonds de la salle.

- Kip ! Qu’as-tu fait tomber encore ?

Le gamin se précipite pour ramasser son désordre, ses gestes sont maladroits, le stress émane de sa gaucherie. Je m’approche de lui pour l’aider, il lève enfin la tête et m’observe, un faible sourire se dessine sur ses lèvres avant de disparaître quand la maîtresse des lieux se plante derrière lui.

- Kip … Souffle-t-elle exaspérée. Combien de fois t’ai-je dit de ne pas prendre autant de livres en même temps ?

Le garçon se tortille et répond, bafouillant, la tête basse.

- Pardon Dame Eva, Kip ne recommencera pas Dame Eva.

Elle lui fait signe de disparaître avant de s’occuper elle même des livres. Je lui tends ceux que j’ai ramassé avant d’engager la conversation.

- Il parle tout le temps de lui à la troisième personne?

Elle se mord la lèvre inférieure avant de répondre, choisissant soigneusement ses mots.

- Oui, il … c’est le neveu de mon cousin, il est né avec une déficience … Elle n’ose pas finir sa phrase, mais je comprends qu’elle parle de son intellect. C’est un adorable garçon, il est juste maladroit … Très maladroit. Il est dévoué, un peu dans la lune aussi ...

Je la regarde et esquisse un sourire, ce qui a le don de la stopper net dans ses explications. Elle retrouve un visage impassible mais son regard de louve trahi sa bienveillance envers Kip.

- Puis-je vous aider ? Finit-elle par me demander, son ton retrouvant son professionnalisme.

- Et bien je souhaiterais savoir si des ouvrages existent sur l’Auréli Aquila ? Je ne pense pas mais votre bibliothèque semble receler d’ouvrages plus rares les uns que les autres. Alors peut-être ...

- Oh je vois, vous êtes l’aventurier en charge de la capture du couple de méduses ?

Je ne pensais pas que cette mission serait d’ordre public, elle doit lire mon étonnement et se justifie.

- Je connais le couple de chercheurs, des amis à moi.

Elle tourne les talons tout en me parlant. Je comprends que je dois la suivre.

- Malheureusement cette espèce est très difficile à étudier, et personne jusqu’à présent n’a écrit quoi que ce soi sur elle. Peut-être est-ce une nouvelle race, cela m’étonne que personne ne les ai aperçu auparavant. Ce que je peux vous proposer en revanche ce sont des livres sur les méduses communes, bien que vivant dans l’eau l’apparence des deux espèces est semblable, peut-être leur comportement aussi ?

Elle s’arrête devant une étagère et attrape deux livres qu’elle me tend.

- Les plus pertinents d’après moi.

Je regarde la devanture avant de planter mon regard dans celui de la femme. C’est drôle, j’ai l’impression de reconnaître cet air sévère. Je suis sûr que ce n’est qu’un masque.

- Merci Eva.

Elle tique à l’annonce de son prénom, fronce légèrement les sourcils avant de disparaître. Quant à moi, je m’installe sur l’une des tables pour commencer à lire « Méduses et mets d’usures ».
Le temps passe et file sans que je ne m’en rende compte, la lecture est très instructive et j’espère que les Aquilas ont des comportements similaires. Je lève le nez de mes pages lorsque le jeune garçon s’approche de moi avec une tasse de thé qu’il manque de me renverser dessus. Nous avons échappé de peu à la catastrophe.

- Merci beaucoup Kip, ce thé tombe à pic.

Je lui pose la main sur l'épaule, un sourire illumine son visage. Il regarde derrière lui heureux avant de gigoter sur place et de partir en courant se remettre à son rangement. Mon regard se pose sur la personne que le garçon a observé quelques secondes plus tôt, Eva me fixe, je la remercie d’un hochement de tête en prenant la tasse en main avant d’en boire une gorgée. Elle sourit à son tour. Cette carapace n’est donc pas si épaisse.

Une nouvelle heure s’écoule avant que je ne me rende compte du temps passé, il me faut retrouver Carciphona. Je remets les ouvrages à leur place avant de saluer Eva et Kip. En sortant je m’aperçois que le soleil a entamé sa chute, je suis incapable de savoir combien de temps je suis resté là dedans.
Je retrouve la brune au même endroit où nous nous sommes quittés, elle semble m’attendre depuis quelques temps.

- Hey Carci, alors ton rendez-vous?

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Partons à la chasse aux méduses !

─ avec Carciphona

- Chef oui chef!

Je monte sur choco et ouvre la marche. Une heure avant d’atteindre le premier point de vue m’a dit Carci. Et bien nous avons le temps de papoter un peu. Je la sens perdue dans ses pensées, un sourire presque niais aux lèvres. La petite vendeuse aurait-elle fait oublié la briseuse de coeur de mon amie ? En tout cas c’est ce que j’espère. Je sors cette dernière de ses pensées en lui envoyant une pomme.

- Tiens attrapes!

Je croque moi-même dans le fruit, le jus éveillant mes papilles.

- Tu sais que beaucoup sous estime les vertus de la pomme? Je ne la laisse même pas répondre que j’enchaîne. Déjà, le goût. Bon je sais que c’est subjectif et propre à chacun, mais tout de même je connais peu de monde qui n’aime pas ça. Ce n’est pas ton cas rassure moi? encore une fois la jeune femme n’a le temps de s’exprimer sur la question. Déjà, si tu as des problèmes … intestinaux, sache qu’elle aide à tout réguler. Si tu as besoin d’un coup de pouce pour libérer ton ventre, mange la avec la peau. Dans le cas inverse, pèle là avant de la manger. En plus c’est un brûle graisse, et avant que tu ne t’offusques, non, tu n’en as pas besoin ! Je te dis juste une de ses propriétés. En plus elle coupe la faim, c’est d’ailleurs pour ça que je te propose d’en manger une avant qu’on ne soit trop occupé à chercher nos méduses, ce serait dommage d’être perturbés par la faim qui nous tenaille. Et à ce qu’il paraît, j’ai lu ça dans une recherche d’un médecin, la consommation de pommes augmenterait la masse osseuse, autrement dit le squelette deviendrait plus résistant, c’est intéressant je trouve pour notre rôle d’aventurier. Avec tout ce qui peut nous tomber dessus. Littéralement comme au figuré. Et si jamais tu as des soucis pour t’endormir, n’est-ce pas ? Et bien tu peux compter sur les sels minéraux que contient la pomme. Elle lutte contre l’anxiété et favorise la détente. Et pour la mémoire aussi, mais ça c’est grâce à une autre molécule qu’elle contient. Et tu veux que je te dises ? Si t’as pas de quoi prendre soin de des dents, mange une pomme ! Tu sais pourquoi ? Parce que la pomme fait saliver, et la salive protège nos petites ivoires des caries en luttant contre les bactéries. Regarde ce sourire ! Mais bon je te l’accorde, la meilleure des raisons de manger une pomme reste pour son goût, et son croquant ! Écoute moi ça!

Je croque à nouveau à pleine dent dans le fruit. Et je réalise alors du débit que je venais de sortir. Était-ce les longues heures de silence passées dans la bibliothèque ?

- Carci, je crois que tu déteins un peu trop sur moi ...

Je ris de bon cœur avant de passer le reste du voyage à parler des méduses plutôt que des pommes que j’affectionne tout particulièrement, comme tu l’auras compris cher lecteur. Nous arrivons au premier point de recherche, descendant de nos montures nous inspectons les alentours aussi silencieusement que possible. Nous nous posons en observation près d’une petite étendue d’eau, comme nous l’ont conseillé nos scientifiques, mais après quelques dizaines de minutes rien ne se passe.
Nous procédons comme cela à chaque point de notre itinéraire, la recherche reste peu fructueuse jusqu’au quatrième arrêt. Une lueur phosphorescente est visible, c’est l’une des caractéristiques de méduse que j’avais énuméré à Carci. Je lui attrape le bras doucement pour lui montrer la forme, lui proposant par des signes de main que nous nous approchions chacun par un côté différent de la chose. Elle me répond tout aussi silencieusement, et je pars de mon côté, espérant que nous nous sommes bien compris. Je marche lentement pour éviter de faire du bruit, sur le feuillage  de saison c’est plutôt difficile, mais je ne m’en sors pas trop mal. Je suis excité à l’idée que nous avons trouvé notre première méduse, seulement plus je m’approche, moins la forme de l’être qui se profil sous mon regard ressemble au croquis d’Elia.

J’aperçois l’ombre de ma coéquipière de l’autre côté, et je réalise alors que nous ne sommes pas du tout en présence d’Aquila lorsque l’animal en question bondit sur une branche au dessus de moi.

- C’est un floky! dis-je pour Carci.

La bête se mit alors à sauter sur son perchoir faisant tomber un nid. Un petite masse blanche s’échappe de son duveteux abri, et par un réflexe incontrôlé je réussi à attraper la sphère amortissant sa chute dans ma dextre qui accompagne son mouvement. Le petit tas douillet s’écrase et se disloque juste à côté de moi, dans ma paume, un œuf chaud et intacte. Le floky s’aventure un peu plus près de moi pour renifler l’objet, je l’écarte d’un mouvement de ma sénestre.

- Gros maladroit c’est toi qui a fait ça oui !

Je regarde en hauteur voir si j’aperçois la mère pondeuse de l’œuf, en vain.

- Tu crois que c’est un œuf de quel animal? dis-je en le montrant à Carci maintenant à mes côtés.

Il est vraiment petit et étonnamment rond. Mon amour pour la faune m’empêche de l’abandonner là, dans ce nid détruit, en proie à n’importe quel prédateur, ou à une nouvelle maladresse de notre nouvel ami qui vient de se percher sur l’épaule de Carci pour regarder le fruit de notre découverte.
Je l’enveloppe dans mon propre chèche pour le garder au chaud avant de le ranger dans une des boîtes de provisions que je vide de leur contenu. Je le range aussi délicatement que possible dans mon sac avant de croiser le regard amusé de la jeune femme.

- Je ne vais décemment pas le laisser là!

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Partons à la chasse aux méduses !

─ avec Carciphona

Les arguments de Carci sont une raison de plus de ne pas laisser le pauvre œuf seul dans la forêt, tuant à coup sûr l’être qui s’y développait. J’ai tout juste le temps de mettre le précieux trésor en sécurité que la brune m’invite à la suivre, elle même suivant K’awill qui suit le Floki. Sérieusement ? Carci sait parler aux animaux ?! A-t-elle plusieurs dons ?
Nous voilà trottinant derrière l’animal qui, à l’instar de sa maladresse, est un véritable acrobate sur les branches des arbres. Nous ralentissons le pas lorsqu’au, au loin, nous voyons de la luminescence, l’espoir me reprend. Le Floki nous a donc bien mené aux Aquilas …

La luminescence s’estompe, nous pressons le pas aussi discrètement qu’il nous est possible de le faire jusqu’à arriver à quelques mètres de la lumière. Le Floki saute sur sa branche, il semble tout excité. Il semble faire ne danse, telle une … parade nuptiale ? Je comprends alors que ce ne sont pas des Aquilas qui se cachent dans le coin, et ma théorie se confirme lorsqu’un autre Floki apparaît, sautant sur Carci pour lui dépouiller les cheveux.

- Quel succès!

J’éclate de rire devant sa mine déconfite, avant de reprendre, tout sourire.

- Je crois qu’il nous a mené vers sa moitié. D’ailleurs, comment reconnaît-on un Floki mal d’une femelle?

Je sors un bout de fruit séché pour attirer les boules de poils qui se jettent dans un parfait ensemble sur moi.

- Doucement là, il y en a pour tous les deux ... leur chuchoté-je.

Je note une différence de taille, de la queue notamment. Celle du mal semble plus épaisse que la femelle. Par contre les motifs de leur pelage sont vraiment resplendissant, dans tous les sens du terme. On dirait une peinture sur l’animal, d’une finesse inégalée. Les deux bêtes finissent par retourner sur leur branche, se chamaillant et se courant après.

- Bon, je crois que ce n’est pas ici que nous trouveront nos méduses, allons au dernier point.

Nous repartons en route, nos deux dernières recherches ne sont pas d’un grand succès, malgré notre passive attente. Nous finissons par retourner au village perché nous reposer, arrivant lorsque l’aube se lève, au moment où les premiers volets de la cité endormie s’ouvrent sur la fraîcheur du matin. De la buée s’échappe de nos bouches, je ne suis pas contre un bon lit chaud après avoir crapahuté toute la nuit. Et il faudrait remettre ça le soir même.

Une pomme plus tard et me voilà au pays de Morphée, pays dans lequel je ne m’attarde pas, comme à mon habitude. Il me suffit de quatre heures pour m’éveiller, le sommeil ayant quitter chacun de mes membres. Je sors discrètement du lit, la jeune femme dort encore à poing fermé.
Je fais quelques étirements et exercices, aussi silencieusement qu’un chat histoire d’éveiller mon corps en douceur. Une bonne série de vingt pompes plus tard, c’est important pour garder la forme, me voilà en train de me débarbouiller avant de quitter la chambre, laissant la brune avec ses rêves. C’est une routine matinale que j’ai pris de faire depuis quelques années, entretenir son corps dès le réveil par quelques exercices permet de le maintenir en forme et surtout le préparer à une bonne journée, quelque soit les épreuves qui m’attendais.

Je file retrouver nos scientifique, prévenant K’awill de mon absence au cas où Carci se réveille entre temps. Je retrouve Elia seule en train de prendre des notes dans la cabane de notre rencontre.

- Bonjour, dis-je en toquant sur la porte ouverte.

La femme sursaute en m’accueillant avec un sourire, intriguée par ce que je tiens entre les mains. Je lui présente l’œuf trouvé durant la nuit pour qu’elle me confirme l’hypothèse de Carciphona. Chose qu’elle approuve sans une once d’hésitation. Je lui raconte un peu nos découvertes, ou non-découverte devrais-je dire, et la femme me donne quelques astuces pour notre prochaine expédition. Je lui confie ma trouvaille le temps de ma mission, lui demandant de me prévenir en cas d’éclosion.
Je pars en ville, passant d’arbre en arbre via les ponts, avant de revenir deux heures plus tard retrouver ma coéquipière à l’auberge repas en main. Un mélange de sucré et de salé pour la mi-journée approchante.

- As-tu bien dormi? demandé-je à Carci en la retrouvant dans la salle commune.

Je lui raconte mon entretien avec Elia, que j’ai même réussi à la faire rire avec l’histoire des Flokis. Et surtout les astuces pour éventuellement piéger les Aquilas. Sur une carte je montre à la brune les coins plus au Nord intéressant à faire, notamment un marécage difficilement praticable où les méduses pourraient s’abriter un peu plus tranquillement.

- Cet après-midi il faudrait acheter de quoi fabriquer une fausse Aquila avec des draps et surtout de la luminescence.

Sur une feuille je commence à esquisser mon idée.

- Tu vois, on prend un tissu fin sous lequel nous pourrons loger l’orbe lumineux pour créer une sorte de luminescence artificielle. Sur le tissus il faudrait quelques motifs pour ne pas faire trop uni. Et on l’effiloche faire les nombreux bras qui la succède. Qu’en penses-tu?

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Partons à la chasse aux méduses !

─ avec Carciphona

- En charmante compagnie c’est ça? dis-je en observant la demoiselle derrière le comptoir.

Cette dernière n’a de cesse de lancer des petit coup d’œil à notre Dona Juan. Je vais finir par croire que cette Carci est une vraie coureuse de jupons si partout où elle passe les filles trépassent. Finalement elle n’a absolue pas besoin de mon aide pour se remettre sur la route des cœurs à prendre. Je souris à la dragueuse avant de lui exposer ma discussion avec Elia ainsi que mon plan auquel Carci adhérer.

- Je ne suis pas sûr que K’awill sera crédible dans son rôle d’Aquila … Cependant j’approuve totalement ton second plan !

Nous parlons ensuite technique t mise en place du stratagème avant de complété notre équipement en faisant une nouvelle fois les boutiques. Je prends un réel plaisir à marcher dans ce village, vraiment j’ai l’impression de vivre dans une autre contrée, loin de la tumultueuse Capitale. Une bulle paisible tel un doux rêve de repos.
Nous finissons notre journée au Bamboo bleu comme si ce lieu est notre tradition pré-mission. Carci me demande alors d’où vient la cicatrice à mon coude, la question me surprend, aussi inattendue que direct.

- Oh, une blessure d’enfance …

Sans vraiment le vouloir je me perds dans mes songes, cette balafre fait tellement partie de moi que je l’oublie avec le temps. Pourtant elle est rattachée à un être qui m’a été cher, et songer à elle me pince le cœur, encore maintenant. Adolescent Luz et moi nous entraînions clandestinement au combat au corps à corps, et lors de l’un de nos échanges, une vilaine chute sur une roche contondante m’a profondément entaillé le coude. Nous ne pouvions pas faire appel à un personnel de soin sans éveiller les soupçon sur nos activités, et Luz rêvait de devenir médecin. Elle étudiait ce domaine en parallèle avec son grand-père et s’est alors proposé pour me recoudre … J’ai été son premier cobaye … Une vrai charcuterie !
Je souris à ce doux souvenir avant de voir la mine de Carci attendre la suite de l’histoire que j’ai à peine commencé.

- Cette cicatrice date d’avant mes 17 ans Carci … Tu te souviens que mon passé est trouble pour moi avant cet âge là.

Je sais que ma songerie n’est pas passée inaperçue, et je lui dis la vérité sans la lui révélée.

- Je sais juste que cette vilaine cicatrice est rattaché à un bon souvenir, tu sais parfois il ne reste que le ressenti d’un événement. Si tu veux on peut s’amuser à réinventer un souvenir! A toi l’honneur, comment ai-je pu me faire ça?

Je sais qu’en l’invitant à cet exercice je titille son imagination hors norme. Je la laisse me déblatérer des histoires plus farfelues les unes que les autres, me faisant rire.
Soudain, je sens une masse se pressé contre ma jambe, farfouillant dans ma besace sans fond. Je touche l’animal qui s’échappe aussitôt avec une barre énergétique que je garde pour notre mission. Sans demander mon reste je poursuis le lapillon qui commence à s’envoler. C’est qu’il va vite le bougre ! J’arrive in-extremis à lui attraper une patte, lui faisant lâcher la nourriture. Je récupère la barre de céréales quand je vois l’animal atterrir non loin et se cacher derrière un stand. J’attends un peu avant d’apercevoir sa frimousse sortir, le museau sentant les odeurs de la place. Je sors la barre de son emballage avant d’en couper un bout pour le lancer au lapillou. Sans attendre il sautille hors de sa cachette pour manger le morceau. Il sent dans ma direction, je lui tends la nourriture avant de me rétracter et de me cacher dans l’autre angle du stand. Il revient vers moi, je lui envoie un autre quartier et je pars me cacher de nouveau plus loin. C’est ainsi que débute une partie de cache attrape avec l’animal sauvage jusqu’à ce que la barre soit terminée. Venant presque jusqu’à mes mains le lapillon finit par s’envoler en apercevant que je n’ai plus rien d’intéressant à lui donner.

Je retourne auprès de ma coéquipière.

- Ce lapillon est bigrement doué au cache cache attrape … Il a eu raison de ma barre énergétique …

Je souris de toute mes dents avant d’enjoindre mon acolyte à partir.

code ─ croquelune

Partons à la chasse aux méduses !

─ avec Carciphona

Carci préfère me laisser inventer une histoire sur mon passé, un exercice périlleux auquel la belle est bien plus douée. Je n’en fais rien paraître mais parler autant relèverait presque de la torture. Torture à laquelle je finis de me prendre au jeu en créant tout un contexte loufoque.

- … Au final pour le type au mono-sourcil un, pour moi zéro ! J’y ai juste gagné cette affreuse blessure qui a été recousu de manière … Artistique dirons nous!

Carci me demande ce qu’il y avait dans mon thé pour que je lui sorte une histoire pareil.

- Trop de sucre sûrement! concédé-je avec un clin d’œil.

Je ne sais alors pas ce qui prend à la jeune femme, l’euphorie de mon histoire, ou un instant de déroute psychologique, toujours est-il qu’elle se met à se dandiner, K’awill l’accompagnant, la ressemblance est flagrante. Cette fois je ne peux retenir un fou rire, accompagné par les personnes présentes. Le ridicule ne tue pas comme dirait l’autre, et ce qui ne tue pas nous rend plus fort ! Ouais m’sieur dame, cette Carci est sacrément forte !

- Tu imites à la perfection K’awill ! Je me demande même si ce n’est pas toi qui lui a tout appris ...

- Tu as vu ça, j’ai du talent moi pour les histoires et autres bêtises ! 

- Je n’en ai plus aucun doute dorénavant ! Tu es sûre que la soupe que tu as bu n’avait pas tourné?

J’essuie une larme de rire au coin de mon œil avant de me lever. Il est temps pour nous d’accomplir notre mission. Après avoir récupéré nos affaires nous revoilà sur les routes menant aux confins de la forêt.

- Éloignons nous du Sud du village, les marées que j’ai repéré sont bien plus haut.

Cette fois nous restons calme, profitant de la fraîcheur de la nuit. Le silence nous enveloppe, tout comme le halo de la lune. Le ciel dégagé me permet d’observer les étoiles, une activité que j’apprécie d’autant plus dans ce village où la nature est reine. Pas de pollution visuel comme les lumières de la Capitale, ou encore de hauts bâtiments. Non, juste la nature telle que Lucy l’a laissé apparaître, la liberté primaire.
Nous avançons depuis une bonne heure lorsqu’un bruit vient troubler la quiétude de notre pèlerinage. Je fais signe à Carci et K’awill de s’arrêter, je descends de Choco pour marcher à pas de loup vers le son de la timbale qui s’ensuit d’un long sifflement. Je sors ma dague prêt à me défendre en cas d’attaque avant d’écarter les branches d’un buisson. Je tape fort du pied, le bruit de maracas se fait plus insistant avant de s’éloigner.

- Un simple serpent à sonnettes. dis-je à l’intention de la brune avant de reprendre notre route.

Premier arrêt, nous nous éloignons du chemin pour mettre en place notre stratagème. Avec maladresse nous sortons notre création, Carci grimpant à un arbre pour animer notre Aquila de fortune. Elle s’amuse ainsi à l’animer durant de longues minutes lorsqu’une lueur se fait entrapercevoir. Je tourne légèrement autour de l’arbre pour mieux l’observer et ne peux m’empêcher de grommeler en reconnaissant l’animal arrivant.

- Saperlipopette … Encore un Floky!

Et le voilà en train de vouloir jouer avec les tissus tentaculaires de notre création, je sors alors en faisant de grands gestes pour l’éloigner, évidemment il prend ça pour un jeu et sautille de branche en branche autour de Carci et l’Aquila.

- Tiens sale bête, murmuré-je à l’attention du marsupial, Prends ce sachet de friandise!

Avec le bruit que nous faisons, aucun doute que les méduses ne se feront pas voir si elles sont dans les parages. Avec une pointe d’exaspération j’invite ma coéquipière à reprendre la route.

Notre deuxième arrêt n’est pas des plus fructueux. Cette fois nous restons au calme, testant notre tactique à différents points. La brune montant et descendant des arbres avec de plus en plus d’aisance.

- Un véritable singe Carci ! Tu m’avais caché ce talent. la taquiné-je.

Nous arrivons à notre troisième arrêt, le marécage est moins praticable, on s’enfonce dans la boue, fort heureusement les bottes sont assez grandes pour ne pas s’en mettre plein le pantalon. Nous laissons K’awill et Choco à l’orée de la tourbière. Ici l’air est plus chargé en humidité, l’odeur de l’humus est plus prenante. On s’enfonce dans ce bourbier autant que possible jusqu’à un gros chêne des marais mesurant facilement plus de vingt mètres. Carci y grimpe avec aisance, je lui fais passer notre Aquila.
Si seulement Calia avait été là … Son don d’illusion nous aurait bien servi, elle aurait pu faire prendre vie dans un parfait mimétisme cette méduse pour un mirage des plus parfaits.

Nous attendons quasiment une heure, j’envoie une couverture à la brune pour ne pas qu’elle ait froid. L’horizon se teinte des couleurs feu du soleil qui commence tout juste à se lever, cette nuit est un nouvel échec. Je commence à me demander si ces méduses existent bel et bien.
Je commence à me bouger lorsqu’un furtif mouvement interpelle mon regard. Carci commence à descendre, je la stoppe aussitôt.

- Quelle surprise … soufflé-je ébahi. Ne bouge plus Carci, elle … L’Aqila, là!

L’animal est d’une grâce sans nom, ses plumes flottent autour d’elle lui conférant une pure légèreté. Elle s’approche doucement, hésitante, visiblement intriguée par notre marionnette. Et soudain, la deuxième méduse surgit, plus proche, plus grosse, tout aussi belle. Ses tentacules mouvent dans une danse hypnotique, je n’ose plus bouger ni respirer.
Que faire maintenant ? Reprenant mes esprits je prends une longue inspiration, et aussi délicatement et silencieusement que possible j’attrape notre filet. Je reste caché, j’interpelle Carci par de petit geste, lui cédant le piège. En hauteur, elle sera plus à même de capturer le couple de méduses qui ne sont maintenant plus qu’à quelques mètres de nous.

code ─ croquelune

Partons à la chasse aux méduses !

─ avec Carciphona

Je n’arrive pas à croire que nous avons les deux spécimens d’Aquila dans nos filets. Enthousiaste je ne peux m’empêcher de féliciter ma coéquipière :

- Bien joué Carci!

Je la laisse installer nos prisonniers sur K’awill, avant de rependre la route du retour. Nous sommes d’accord sur le fait de ne perdre du temps de peur que nos méduses ne supportent pas le trajet.
Un sourire de satisfaction reste figé sur mon visage, quoi de mieux qu’une mission rondement menée ? On se met à raconter nos missions, nos réussites et nos échecs. J’en viens à la pire quête que j’ai pu mener, juste avant notre rencontre à Carci et moi-même.

- Tu sais lorsque nous nous sommes vus pour la première fois je rentrais d’une mission dont je ne suis pas arrivé à bout. Et je dois t’avouer que pour moi il n’y a rien de plus frustrant.

Je marque un temps de pause, et voyant la mine de Carci je comprends qu’elle attend l’histoire.

- J’étais parti avec deux autres gars pour une histoire de braconnage. Nous devions protéger des Sinoparus, chassé pour leurs défenses. Première découverte : je n’ai pas le pied marin … Autant te dire que les premières heures ont été compliquées pour moi, et quand je dis premières heures, j’entends au minimum les premières vingt-quatre heures. Bref, j’étais malade comme un chien. Et mes deux autres acolytes ne se supportaient pas. Je ne t’explique pas l’ambiance …
Nous avons trouvé un premier Sino le lendemain, son corps flottait mollement à la surface de l’eau, ses cornes arrachées. J’étais dans un colère noire. De longues heures plus tard nous avons repéré un banc de Sinoparus. Nous avons, grâce à un appeau sous marin pu les attirer et les inciter à nous suivre pour les éloigner des zones navigables. C’était sans compter sur la malchance, nous avons vu le navire des braconniers en poupe. Sûrement en train de chasser d’autres poissons d’intérêt. Nous n’aurions pas dû intervenir, ça devait être le rôle de la garde maritime. Mais l’autre brutus avait envie de cogner du Pirate. Après ce que nous avons vu je comprenais mais il faut savoir se raisonner. Le crétin nous a fait repérer, nous et notre banc de Sino ! Et l’autre couard a fuit le bateau avec la seule barque que nous avions, et ça a été un joyeux bordel ! Notre embarquement a été coulé, les Sinoparus massacrés, et nous blessés en pleine mer … Heureusement la garde patrouillait pas trop loin et nous avons été repêchés deux heures plus tard. C’est long deux heures dans le sang des animaux que nous devions protéger …

Sale souvenir … L’un des deux crétins a étémisa à pied tandis que l’autre a carrément été viré de la Guilde. J’ai également eu une sanction pour ne pas avoir suivi les ordres telle que la quête nous l’imposait.

Nous repartons sur un sujet plus léger et arrivons quelques heures plus tard au village perché.

- Est-ce que ça te dit qu’on reste un peu plus dans ce lieu Carci ? J’aimerais accompagner les vétérinaires jusqu’à la réserve prévue à accueillir les Aquilas. Je voudrais m’assurer que le transfert se passe sans encombre …

Et me permettre de vérifier le bon traitement de ces animaux, après tout je me refuse de les avoir capturé pour qu’ils servent d’expérience.
Nous retrouvons en début de cette matinée nos deux vétérinaires qui semblent surpris et excités devant notre capture. Ils s’empressent de les installer dans une maisonnette prévue en attendant le transport qui devait se faire de nuit pour éviter aux méduses de souffrir de la lumière du soleil.
Ma demande de les accompagner les étonne, Elvann regarde sa sœur qui semble ravie par notre intérêt et la proposition.

- Et bien écoutez, avec plaisir. Allez vous reposer, vous en avez besoin. Rejoignez nous en début de soirée ici.

Je regarde Carci avec une approbation de la tête, et avant de retrouver nos quartiers, je m’occupe de Choco, le nourrissant tout en lui parlant, le gratifiant pour son rôle de monture. Je le laisse au soin d’un palefrenier avant de retrouver notre chambre et mon lit en hauteur.

- Repose toi bien Carci. Dis-je avant de fermer les yeux et de tomber dans un sommeil sans rêve.

code ─ croquelune

Partons à la chasse aux méduses !

─ avec Carciphona

Ma nuit fut entrecoupée, le bruit de ronflement, celui des clients … je me réveille bougon, mais je fais bonne figure devant l’enthousiasme de Carci. Elle commence déjà par ses questions, que vont-ils découvrir des Aquilas ?

- Peut-être vont-ils créer un sérum qui rend muet … grommelé-je un poil taquin.

La brune ne relève même pas et enchaîne avec une autre question, comment serais-je si j’étais né Noble. Je me fige d’un coup, qu’insinue-t-elle ? Heureusement qu’elle marche devant et ne peux remarquer ma mine décomposée. Je me reprends vite, il ne s’agit là que d’une simple question qui sort de ce cerveau si inventif en la matière. Je me racle la gorge avant d’hasarder une réponse :

- Je serais sûrement le beau gosse ténébreux de ses coquettes riches … Mais je suis sûr que l’appel de l’aventure ce serait fait entendre.

Nous retrouvons Elia et Evann, nos deux vétérinaires. Je laisse Carci échanger avec eux sur les raisons qui pourraient pousser au braconnage de ces animaux, et l’étude qu’ils comptent faire. Je finis par intervenir, contrarié par certaines informations que je venais d’entendre.

- La réserve n’est pas prête encore ? L’endroit adéquat vous le connaissez, vous nous avez donné les endroits où chercher … Vous connaissez le milieu de la forêt et son côté marécageux, c’est cela qu’il leur faut !

Voyant mon agacement certain Elia finit par me couper la parole, très calme.

- Non je crois qu’il y a méprise sur ce que nous avons voulu dire, pardonnez nous. La réserve est prête, nous cherchons juste à la sécurisée contre un éventuel braconnage ou les prédateurs empêchant la reproduction des Aquilas. Nous ne connaissons rien de cet animal, et encore moins la période et le moyen de reproduction. Nous voulons nous assurer de leur bien-être avant tout, tout comme vous. Je suis d’ailleurs touchée de voir votre implication.

Sans le vouloir je crois bien que ma réaction a éveillé un nouvel intérêt à mon égard aux yeux de la vétérinaire.

- Combien de temps pensez-vous les garder ici ? Bien que le climat soit adapté l’espace reste petit pour elles.

Evann acquiesce remettant ses lunettes du bout de l’index.

- Quelques jours tout au plus. Le temps d’analyser leur comportement et, si nous le pouvons, réaliser quelques prélèvements.

Autant mes questions rassurent Elia, autant je sens qu’elles agacent son frère. Je décide de garder le silence tout en observant la grâce des méduses flottantes.

- [color=#ff6666]Si vous y tenez, vous pourrez nous accompagner, nous partirons au plus tard à la fin de la semaine.

Je regarde Carci d’un air entendu, je tiens particulièrement à aller jusqu’au bout de cette mission, même au-delà. Et cela semble convenir aux deux femmes. Tant mieux, le village perché à quelque chose d’attrayant, j’aime passer du temps ici. Il me faudra pourtant bien retrouver le quotidien de la Capitale à un moment donné.
Ma coéquipière me propose alors de visiter le parc de nuit, je ne sais pas vraiment de quoi elle me parle et Elia approuve.

- Le parc des Songes est très beau, et de nuit les bougies lui donnent un aspect presque magique. C’est très … romantique comme balade.

Elle nous regarde tous les deux, je ne bronche pas, ma tête toujours stoïque depuis le réveil. Ce qui est la réaction opposée à celle de Carci. Je la laisse s’exprimer avant de couper court au débat.

- Bon on y va dans ce parc des Songes ?

Il est à plusieurs centaines de mètres du village, nous ne mettons pas beaucoup de temps pour l’atteindre. Le lieu est calme, une légère bise vient remuer l’odeur des fleurs. Lorsque nous y entrons nous découvrons une végétations élégamment agencée, des buissons joliment taillés en un labyrinthe des plus raffiné. Les oiseaux nous accueillent de leur gazouillement, ajoutant à la quiétude du lieu.

- Tu sais Carci, je suis content d’avoir fait ta connaissance. Je n’ai jamais réellement noué de lien avec mes compagnons d’aventures, juste certains avec qui je me suis bien entendu tu vois ...

Je ne suis vraiment pas doué pour ouvrir mon coeur, je ne sais pas si c’est le lieu, la fatigue, le chemin pour venir ici ou les nuits passées à traquer les Aquilas, mais je sens une réelle amitié qui peut naître de cette quête. Et il me semble important de le dire à la brune, ça ne fait jamais de mal ce genre de chose. Un peu de douceur dans ce monde de brutes.

- Bref, j’apprécie ta compagnie, et si d’aventure tu cherches un acolyte pour tes missions, je serai ravi de t’accompagner à nouveau sur les sentiers d’Aryon. T’es une chouette femme et ne laisse jamais personne te faire croire le contraire, même une jolie fille qui ne sait pas reconnaître ta valeur, d’ac ?

code ─ croquelune

Partons à la chasse aux méduses !

─ avec Carciphona

Ma pseudo révélation met Carci mal à l’aise, et comme à son habitude elle se cache derrière son humour. Je la suis à travers les chemins, jusqu’à ce que nous arrivions à un étang. Elle fait un éloge peu flatteur de ma personnalité en souvenir de notre bain de minuit.

- Et donc tu m’amènes ici parce que ça te manque ce petit bain d’observation ?

Je lui donne un léger coup de coude taquin.

- Évidemment qu’il y a d’autres femmes ou hommes qui pourraient prendre soin de toi bien mieux que cette Sue. D’ailleurs, je ne comprends pas ton attirance pour les hommes, les femmes sont si sensuelles … conclus-je avec un clin d’œil.

- Véritablement, n’as-tu pas une préférence entre les deux sexes ? Pourrais-tu passer ta vie avec l’un des deux seulement ou l’autre finirait-il par te manquer?

La curiosité me gagne, bien que je ne me pose pas de questions sur qui aiment qui, je dois avouer que la gente masculine ne m’attire guère. C’est un phénomène bien mystérieux que l’attirance pour une personne.

- Sinon je me demandais, est-ce qu’il y a quelque chose tu changerais chez toi, un brin de ton histoire ou autre ou tu reprendrais les mêmes décisions ?  

Je vais finir par croire que son don est de trouver les questions dérangeantes …

- Je crois que je referais les mêmes choix, mais dans des conditions différentes …

Oui, ma réponse est super vague, mais comment lui dire qu’au lieu de me faire passer pour mort je quitterai tout simplement le cocon familial en affrontant mon père, quitte à, comme il me l’aurait dit, déshonorer la famille. Au moins je n’aurais pas à mentir pour être aventurier, et peut-être aurais-je pu garder contact avec certaines personnes qui m’étaient chères …

- Comment illustrer mes propos … Tu vois, par exemple, lorsque je prends une mission à la guilde, je m’engage en solo et j’attends que les hôtesses m’affublent de coéquipiers. Et bien maintenant je ne changerais pas le choix de la mission, je reprendrai la même, mais je choisirais mes compagnons d’aventures. Tu comprends ? Et bien certains aspects de ma vie passée c’est ainsi que je les changerai. Pas le choix en lui-même, mais la façon de faire le choix. Et toi ? Y-t-il quelque chose que tu changerais ?

Nous restons là à discuter de nous, quand soudain mon regard est attiré par un furtif mouvement. Je saute littéralement sur Carci, la faisant tomber de mon poids. Au dessus de nous une roche siffle, ayant manqué sa cible de peu. Je tourne le visage sur la rive, des yeux de félin nous observent avant de disparaître dans les jardins du parc.

- Bon sang je crois que tu viens d’échapper à l’attaque d’un bastet … Quelle teigne cet animal ! Pourquoi déteste-t-il l’homme autant que ça?

Je me relève et tends la main pour aider ma coéquipière à faire de même.

- Tu voulais sauver tous les animaux dans le coin c’est ça ? Peut-être pas celui-là!

On bouge alors, continuant de visiter le parc. Certains végétaux forment des labyrinthes dans lesquelles nos discussions se perdent, parfois le silence ponctue notre balade pour un calme des plus appréciables. Nous observons de nombreux animaux nocturnes qui commencent à peine leur journée. Certains apparaissent, intrigués par les êtres que nous sommes, venant troubler leur chasse. D’autres déguerpissent en entendant nos pas se rapprocher de leur cachette.

- Si tu devais faire un autre métier qu’aventurier, et loin de la Guilde, que ferais-tu?

A mon tour de poser des questions sans vraiment laisser le temps à la brune de me les retourner.

- Retournes-tu voir ta famille de temps en temps ? Ils ne te manquent pas trop ? D’ailleurs, que font tes frères et tes parents ? Comment s’appellent-ils ?

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