Les trois compagnons reprirent la route. Vif était parti dans les bois depuis quelques temps mais cela n'inquiéta pas l'aventurière qui marchait en silence, dans la direction indiquée par le guide. Visiblement Hel était pleine d'entrain et avait l'air d'avoir de l'énergie à revendre. Tant mieux. Elle partie en éclaireur pendant que Ain restait avec leur guide. Ce dernier semblait encore tout chamboulé par la première rencontre et jetait des regards inquiet au moindre mouvement des herbes autour d'eux. Mais la jeune femme ne dit pas un mot pour le réconforter, ce n'était pas son travail et elle n'y pouvait rien s'il était aussi peureux.

Petit à petit le décors changea pour un plateau en bordure de falaise où de nombreux rochers ressemblant à des petits dents de la Terre jaillissait entre les herbes. La falaise aux crocs. L'endroit portait bien son nom. Il va être temps de chercher le but de cette mission. Les deux femmes s'étaient fiées a Nayran et Ain espérait ne pas chercher dans le vent. Par où commencer, la piste était bien trop large et chercher à tâtons leur ferait perdre un temps fou. Pendant un instant, Ain regretta la présence de Vif... Elle marcha un peu à la ronde mais il n'y avait rien qui sortait de l'ordinaire...

DU CÔTE DE VIF...

Le petit chantelune était à la fois horriblement triste et furieux. Sa mère lui avait crié dessus et il ne comprenait pas pourquoi. Il avait encore l'esprit d'un bébé oiseau. Il voulait l'aider, lui rendre service et qu'elle soit reconnaissante et qu'elle lui fasse une petite grattouille de tête. Pourtant sa maman lui a seulement dit de partir... Vif ne comprenait pas pourquoi et il sanglotait -comme un oiseau pouvait le faire- percher sur une branche dans les bois.

Il avait continué à chouiner ainsi pendant un bon moment et il ne se rendait pas compte du temps qu'il s'était écoulé... Mais lorsqu'il releva la tête il se rendit compte de son erreur : il était tout seul, dans une grande forêt avec de grands arbres qui le regardaient de travers. Les oiseaux autour de lui semblait se moquer du pauvre petit Vif abandonné, les ombres grandissaient à vu d'oeil pour le manger. Il volait en plein cauchemar... Il fallait vite retourner appeler maman à l'aide ! Parce que maman était la personne la plus fort qu'il connaissait et qu'elle n'avait pas peur des champignons géants alors elle n'aurait pas peur des ombres de la forêt.

Prenant tout son courage, il prit son envol et quitta la branche où il s'était réfugié pour regagner la zone du combat. Mais quand il arriva, tout était silencieux. Il y avait bien le bruit des vagues qui se fracassait sur les rochers, mais aucun grognement, aucune voix humaine. Vif survola la zone et son regard se posa sur la carcasse du Smilodon. Il commença à paniquer et à chouiner M-m-mamaan... Seulement, après être resté en l'air un petit bout de temps, il remarqua enfin que l'animal ne bougeait pas aussi il s'approcha doucement et prudemment et constata qu'il était mort. Etait-ce par vengeance ou stupidité, mais il vint se poser sur sa tête et lui picora le crane : Tiens prend ça ! Vilain vilain chat ! Tu verras ! Quand maman saura que Vif à donner le coup de grâce elle n'aura d'yeux que pour Vif ! Prend ça ! Il s'acharna dessus de toutes ses forces, mais son petit bec de chantelune ne changea rien au cadavre du Smilodon... Finalement Vif se lassa...

Il s'envola de nouveau, tout fier en croyant être celui qui a porté le coup fatal à la bête et survola la zone à la recherche de sa maman... Mais pourtant, il ne la trouva pas. Il avait beau chercher derrière les rochers ou derrières les brins d'herbe : pas de trace de sa maman. Il faut dire qu'il avait perdu beaucoup de temps et que personne ne l'avait attendu.

Mais cette fois-ci, le petit chantelune ne se laissa pas abattre, il avait regagné du courage en ayant -en croyant avoir- tué ce smilodon. Retrouver sa maman serait un jeu d'enfant ! Alors il prit de la hauteur et élargit son cercle de recherche : il longea les falaises, dans la direction opposée à celle où ils venaient d'arriver. Quelques grosses mouettes s'étonnaient de sa présence au bord de mer mais Vif les ignora la tête haute : lui il pouvait se vanter d'avoir mangé un smilodon, elles non.

La falaise au croc. Le trajet avait été silencieux jusque-là. Rien à signaler, même pas la présence d’humain aux alentours. Malgré l’homme blessé. Il fallait désormais aller dans les hauteurs afin de trouver le lieu recherché. Du moins si la piste était bonne. Et j’espérais qu’elle le soit. Une fois arrivée en haut, je me séparais du groupe. Ain était silencieuse comme une tombe. Comme d’habitude j’avais envie de dire, elle semblait vouloir terminer au plus vite la mission. Et au vu de ce qu’elle avait montrée d’elle, j’étais quasi certaine qu’elle enchaînerait sur une suivante. Après une nuit de repos. Le genre d’aventurière qui gagner beaucoup à enchaîner les missions les unes après les autres en étant le plus efficace possible. Le contraire de moi puisque j’avais tendance à me perdre en chemin et à picoler dans les tavernes le soir.

Je partis donc à l’opposer d’elle, vers la droite. Un peu plus à l’intérieur des terres. Mais rien, il n’y avait rien de véritablement visible. Et je ne savais même pas ce que je cherchais. À quoi pouvait bien ressembler un caillou tomber du ciel ? Je n’en avais aucune idée. Pendant plusieurs minutes, je flânais, cherchant sous des pierres, trouvant plus de ver de terre et d’araignée que de chose intéressante. Et soudain, un petit vrombissement. Non, je n’arrivais pas à définir ce que c’était.

- Venez, j’crois que j’ai un truc !

Lentement, sans les attendre, je continuais de progresser, tentant de m’approcher de ce qu’il me semblait avoir entendue. Il y avait quelque chose, mon instinct me le disait. Maintenant, il fallait trouver quoi, et où.

Rien de bien intéressant du côté de Ain, mais Hel semblait avoir trouvé quelque chose et les appela. La jeune femme se dirigea vers son compagnon de route. A mesure qu'elle avançait, l'aventurière entendait un étrange vrombissement qui n'a pas l'air du tout d'origine naturelle. Finalement, c'est Nayran qui trouva quelque chose et appela les deux jeunes femmes.

Ce que Ain avait maintenant sous les yeux était des plus étranges : un cratères d'un peu plus d'un mètre de diamètre avec au centre une sorte de petite taupière. Ain s'approcha et jeta un coup d'oeil à la cheminée, mais c'était noir et on y voyait pas grand chose. Cependant, Nayran ramassa quelques étranges éclats autour d'eux. Ain en prit un entre les doigts et l'examina, mais elle ne s'y connaissait pas assez en caillou pour mettre un nom dessus. C'était juste une étrange pierre.

Puis elle senti encore un étrange grésillement dans sa tête. Moins fort, mais plus désagréable. En regardant ses deux compagnons, elle était visiblement la seule a l'entendre.

- Bon du coup, on fait quoi maintenant? On se met à creuser ?

Ain haussa les épaules, il n'y avait pas dix milles solutions. Puis elle se tourna vers Hel pour lui demander :

- Tu as des outils pour creuser ?

De son côté, Ain n'avait rien prévu. Et s'il fallait creuser à la main, cela prendrait des jours et des jours...

Nayra avait quelque chose. Rapidement, je me dirigeais vers lui constatant sa trouvaille. Un genre de petit cratère, irrégulier. D’un mètre. Avec un genre de petite taupière au milieu. Je fronçais les sourcils. Pas de chance, le truc tombé du ciel était tombé dans un endroit ou il pouvait s’enfoncer. Le bruit que j’avais entendu légèrement auparavant venait d’ici. C’était certain. Fouillant la terre, je récupérais quelques éclats les mettant dans ma poche. Ce serait un parfait cadeau pour les enfants d’Aube et j’hochais négativement la tête à la question d’Ain.

- Nop, j’ai rien pour creuser.

Je n’avais pas pensée à cette éventualité, à force, cela faisait beaucoup de chose à emmener et je n’avais pas la chance de faire partie de ceux qui avait un sac sans fond. Soupirant, je posais mon sac à terre m’approchant du centre du cratère. Deux pas à tout casser.

- On va d’jà voir si il est profond ou pas.

Je dégainais mon arme et la plantais dans la terre meuble, l’enfonçant le plus profondément possible. Je tentais de savoir si la pierre était atteignable ou non. Dans le même mouvement, je lever la tête en regardant Nayran.

- Et toi ? T’as un truc qui pourrait servir à creuser ?

Peut-être que lui avait prévue le coup puisqu’il chercher lui aussi l’objet tombé du ciel. La fameuse étoile. Relativisant, je me disais qu’heureusement qu’elle n’était pas tombé dans l’eau. Ne sachant pas nagé, cela aurais été compliqué pour moi de la récupérer. Ici, au pire, il faudrait creuser à la main, et bien que long, cela restait possible.

Hel tenta d'abord de sonder la profondeur du cratère mais cela ne fut guère concluant. Pendant ce temps, Ain observait les environs. S'il fallait creuser et que personne n'était équipé, cela serait certainement plus rapide de faire l'aller-retour jusqu'à la ville que de creuser avec les mains... Mais en fin de compte, l'aventurière n'aura pas l'occasion de tergiverser longtemps.

Non seulement Nayran avait tout prévu et avait de quoi creuser. Si ce n'était que cela, cela aurait été parfait. Mais rapidement quatre hommes, soigneusement armés, les rejoignirent accompagné, ou plutôt, ayant Vif en otage...

- Et je vous conseille de rester sage sinon on vas se faire un petit Chantelune farci en dessert, pigé ?

Ain hésita. Elle jeta un coup d'oeil a Hel qui ne semblait pas bouger pour le moment. La jeune femme n'était pas spécialement attaché au petit chantelune. D'ailleurs elle était persuadé qu'il était parti à sa vie sauvage mais les appels à l'aide télépathique du petit oiseau ne cessaient dans sa tête. C'était bel et bien Vif, il n'y avait aucun doute.

Derrière eux, Nayran ne semblait pas perturbé pour un sous. Lui qui avait tellement paniqué face au Smilodon, il semblait particulièrement calme... Ain sentait que quelque chose n'allait pas mais elle n'avait pas encore mit le nez dessus. Après tout, la jeune femme n'est pas connu pour être observatrice.

Si le petit oiseau n'était pas tenu en otage de la sorte, la jeune femme se serait jeté sur les assaillants. Mais le chantelune était bien incapable de se défendre et se ferait tordre le coup en moins d'une seconde. Elle n'avait que faire si le petit oiseau se faisait croquer par un prédateur mais elle ne voulait pas être la cause de sa mort.

Elle se redressa donc prudente avec ses mains bien en évidence et s'approcha doucement du rocher désigné. Etait-ce une bonne chose de se défaire de ses armes ? Et d'abord, que voulaient-ils ? S'ils recherchaient uniquement la pierre, ils auraient pu les doubler depuis des heures et creuser eux même... Mais bon, la logique commune ne s'appliquaient pas à ce genre de personne...