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Découverte animalière

─ avec Luz

Une missive est arrivée un peu plus tôt à la Guilde, Elia m’avait contacté grâce au cristal de communication pour me demander mes disponibilités. N’ayant aucune quête en cours c’est tout naturellement que j’ai répondu à sa missive par l’affirmatif. Ce n’est pas la première fois que je pars en quête d’une nouvelle espèce, c’est fou que nous n’ayons pas inventorier encore toute la faune d’Aryon. Ce monde est plein de surprise encore ! Et la traque est l’une de mes spécialités, autant m’être mon don à profit. Je peux être accompagné, et je sais à qui l’étude d’une nouvelle espèce animalière peut plaire. Et puis, je dois avouer que ces dernières semaines ont été éprouvantes, je crois que j’ai besoin de partager un peu plus avec mon amante que les hantises du passé.

Elle a beau être de la Noblesse, Luz a l’âme d’une aventurière, voire même d’une guerrière dans ses mauvais moments. Croyez moi, mieux vaut pas l’énerver ! Je la retrouve aussitôt, et aussitôt elle accepte de partir dans la Grande forêt à mes côtés.

Nous passons par le portail de téléportation, comme la première fois que nous sommes venus ici ensemble. Cette fois les circonstances sont bien plus agréables, bien que la dévitalisation de la forêt reste inquiétante. Seule Elia étudie le phénomène qui n’a pas pris assez d’ampleur pour alerter le reste de la population, et j’espère bien que nous trouverons la source de ce problème avant que les chamboulements ne deviennent irréversibles.
Main dans la main, je laisse ma fougueuse compagne s’assurer de ses effets. Tous deux équipés de nos sac bien rempli, nous sommes suivis de près par nos familiers. Renkhi veille sur sa maîtresse. Méfiant par nature le Mist s’habitue peu à peu à ma présence. Il m’a déjà envoyé valdingué d’un coup de son fluide corps lors d’une jouxte entre Luz et moi. Très protecteur ce familier. Quant à Loupiac, il se repose dans le creux de mon coup. Il ne me manque plus qu’un cache œil et je pourrais jouer les Pirates avec ce mini perroquet qui chante plutôt que de parler.

Arrivant devant la petite clinique, Luz s’y engouffre enthousiaste, appelant la vétérinaire de sa voix excitée.

- Ne parle pas de malheur! répondis-je lorsqu’elle fait référence au crapaureau.

Un bruit coustillant plutôt familier se fait entendre, réveillant Loupiac qui me signale télépathiquement la provenance dans mon sac sans fond. Il m’envoie l’image de mon Glooby et d’un rapide mouvement je ramène le sac devant moi en y découvrant mon sachet de biscuits ouverts.

- Tarapaca, je sais que tu es là ! Cesse ta mgie!

Collé sur le dessus de la toile, le Glooby fait son apparition, ses couleurs multicolores vacillant sous ses ondulations.

- Pas fâcher Tarapaca. Tarapaca content accompagner Naë et Luuuuuz dit-il en tentant de se jeter sur ma belle.

Il s’écrase lamentablement au sol dans un « splash » des plus disgracieux avant de ramper vers la fauvette. Je ne sais pas ce qui fait rire le plus rire, l’animal maladroit ou ma mine déconfite devant son plongeon désolympique. Je l’attrape pour le remettre sur ma saccoche.

- Bon … Et bien je crois que nous sommes au complet.

Il manque bien Asti, elle est restée avec Carci le temps de la quête. J’ai eu peur que ce lieu ne lui rappelle de mauvais souvenirs, nous y retournerons un jour, mais pour le moment, rien ne sert de raviver des blessures pas si vieilles que cela.

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Découverte animalière

─ avec Luz

Elia nous accueille avec l’énergie que je lui connais. Elle ne se prive pas de m’harceler de questions sur Asti, la Tsi’Ly que j’ai adopté suite à son petit séjour pour maltraitance auprès de la vétérinaire. Lorsque nous sortons et qu’elle découvre  le mist elle s’extasie devant cette magnifique créature tout en respectant son espace vital. Elle assaille alors Luz de question sur son familier, ce qui ne manque pas de me faire sourire. Mon amante parle de Renkhi avec une certaine fierté et admiration pour l’animal.

Les branches craques sous nos pas, une petite brise ramène l’odeur de l’humus à mes narines, une fragance que j’apprécie particulièrement. Des empruntes de sangliers accompagne notre route avant que nous bifurquions à la suite d’Elia pour rejoindre, quelques kilomètres plus loin, la zone sinistrée par on ne sait quel phénomène. Luz s’attarde sur la végétation tandis que, les sourcils froncés par la désolation du spectacle, j’observe avec attention les lieux. A première vu, rien de particulier hormis la mort prématurée de la flore. Quelques herbes semblent y avoir échappé, tâches vive d’existence dans ce sombre tableau. Les arbres, toujours debout, semble s’être trompés de saison. Il me rappelle le lugubre contraste de leur sombre masse dans l’immaculé neige de la saison froide. Cette fois le sol est accordé à leur tronc, ayant perdant la couleur de l’éveil printanier de cette douce saison. Loupiac chante son malaise face à cette scène, se posant sur mon épaule je le rassure par quelques grattouilles sur son ventre rond. Il part à la suite de Renkhi, curieux des mouvements du dragon.

Elia nous présente le campement de fortune, et tandis que Luz argumente à bon escient l’inutilité de l’emport’tout, je tais le fait que la tente ne prendra guère plus place que celle-ci au sol. Les magies d’Aryon n’auront de cesse de nous étonner. La belle dans mes bras, je l’enlace avec tendresse avant de lui montrer un bout de tissu ranger dans la poche de mon pantalon. Mon plaid compact sera détenteur de notre paix nocturne, médiateur de toutes querelles qui pourraient survenir pour une simple histoire de couverture. La réalité est que, même sans lui, il nous est impossible de nous chicaner pour si peu. Il me suffira de me coller peau contre peau à ma renarde pour profiter du confort du tissus couvrant.

Je laisse mes sacs dans la tente le temps qu’Elia nous invite à une exploration plus poussée des alentours. Toujours attaché mon harnais avec mes armes, j’emporte mon carnet pour noter toutes informations utiles à la mission, je reviendrai chercher le reste dans quelques minutes si besoin est.
L’hypothèse de Luz est constructive, j’en profite pour confirmer la réfutation de la cause humaine dans cet événement.

- Bonne remarque Luz. Je me tourne vers la vétérinaire. Qu’est-ce qui te pousse à croire qu’il s’agit là d’un fait « naturel » ? N’est-il pas possible qu’il s’agisse d’un méfait humain ?

Je suis peut-être trop pessimiste, la cité enfouie et ses vraisemblables expériences ne m’ont pas aidé à croire en la bonté de notre peuple.

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Découverte animalière

─ avec Luz

J’observe mon amante avec une pointe d’admiration. A peine les vétérinaires eurent ils terminé leurs explications que déjà la belle fauve s’empresse de poser des questions pertinentes. Ce petit bout de femme est incroyable, amie hors paire, elle s’inquiète de ses proches, les couvent, les protègent, les secouent … En plus de gérer ses propres obstacles. Elle vit pour les autres sous ses airs farouches, espiègles à ses heures, si altruiste envers ses proches. Elle est ma bouée de sauvetage, et cela doit cesser. La morosité a trop traîné dans mes yeux, il est temps pour moi de reprendre le dessus et d’inverser les rôles. Calia est en vie, peut importe où elle est, avec qui elle est, je la retrouverai. Zahria est sur l’affaire, je sais que je peux lui faire confiance. Peut-être pourrais-je l’aider de mon côté avec des pistes qu’elle n’a pu obtenir ?

L’heure n’est pas à ces questionnements. Je me concentre sur les questions de ma belle, mes doigts glissent entre les siens tandis que je complète ses dires.

- Ce qu’il serait intéressant de savoir c’est s’il y a d’autres foyers dans la forêt, si vous le saviez vous nous en aurez parlé. Pouvez-vous vous mettre en contact avec des gardes forestiers ou vétérinaires susceptibles d’avoir remarqué le même phénomène ailleurs? Ça nous permettrai de voir ce que les lieux ont en commun pour avoir subit ce sort.

J’attends que les vétérinaires nous répondent pour confirmer le début de la recherche.

- En tout cas contrôler l’épicentre du phénomène devrait nous en apprendre d’avantage sur les moyens utilisés, il doit bien il y avoir des traces sur les végétaux. Sinon cela impliquera, à mon sens, un effet magique puissant. Nous verrons cela demain.

Elvann nous propose de nous désaltérer avant de poursuivre nos investigations, j’accepte la boisson avec plaisir et manque de m’étouffer quand un goût âpre et terreux s’impose à mes papilles. J’avale le liquide par pure politesse avant de demander ce dont il s’agit. Je dissuade ma belle de m’imiter d’un regard réprobateur.

- Une infusion à la sève dattier, pas très bon mais très hydratant. Utile aussi pour la peau, son huile végétale est un bon régulateur. Bref, ce n’est pas le sujet.

Je confirme, vraiment pas goûtu sa décoction.

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─ avec Luz

Alors que le devoir vétérinaire appelle les deux frangins, la pénombre a raison des derniers espoirs d’un préambule de recherche. Luz n’est pas en reste et m’attire vers une soirée aux tonalités bien plus guillerettes que la dernière nuit passée dans ce village. C’est que j’en ai vécu des événements ici, ma rencontre avec Carci, la blague des villageois qui nous ont fichu la frousse de notre vie, l’adoption de Loupiac, plus tard d’Asti, le faux espoir de retrouver Calia, la déclaration mélodramatique de Calixte … Il est temps de donner à tout ça le bon goût de la joie et de l’allégresse, et c’est bien ce que ma Douce m’invite à faire.

Nous arrivons aux abords d’une fête, et pendant que Luz part nous chercher de quoi ravigoter nos papilles, je discute avec la petite dame des festivités en cours.

- On l’appelle Felix Natura, un hommage à la grandeur de cette forêt qui nous fait vivre chaque jour.

Je lui laisse libre choix quant à l’animal dont elle me grime le visage. Luz revient, je lui montre l’œuvre de l’artiste et elle approuve d’un baiser. Je ne sais en quoi je suis jusqu’à ce que la dame sorte un miroir. En face de moi, un joyeux floki, je souris, accentuant la bonhomie du maquillage. Bras dessus bras dessous avec mon magnifique vermilis, nous entrons dans le carnaval des animaux. Après un verre des plus épicés, nous paradons avec les villageois, dansant et riant comme il ne nous a plus été donné de le faire depuis longtemps. Nous sommes dans une bulle où rien ne peut nous atteindre, sauf peut-être l’ébriété des boissons offerts par les locaux.
Nous participons au concours de déguisement, mon vermilis gagne sans mal, il faut dire que ses courbes félines ne peuvent que mettre en avant cet animal craintif. Le gagnant doit faire l’éloge de son totem, et c’est sans difficulté qu’elle discourt sur le magnifique canon lunaire.

Vient alors les danses nuptiales, quelle idée folklorique ! Je n’y échappe pas et lorsque je me mets à l’œuvre, un magnifique fou rire nous tient Luz et moi, impossible de continuer cette mascarade ce qui nous vaut l’hilarité de nos voisins. Je ne sais combien de temps s’écoule dans cette soirée haute en couleur et en paillettes, je finis par attraper la main de ma douce pour la mener vers le parc qui, à l’occasion, reste ouvert toute la nuit. Quelle plaisir de voir ses yeux émerveillés. Et quel enivrement de partager les plaisirs du corps loin du tumulte dans un petit coin reclus de la réserve.

La nuit est bien avancée lorsque nous rentrons dans la tente pour parfaire ce début de quête dans une dernière étreinte. Nous ne dormirons pas beaucoup, mais l’énergie transmise par cette folle nuitée nous maintiendra éveiller le lendemain.

Je m’éveille avec les premières lueurs du jours, ma main caresse la peau de mon amante encore endormie. Je la réveille doucement pour nous préparer à notre quête. Connaissant Elia, elle ne va pas tarder à débarquer, autant être prêt à son arrivée. Une petite infusion de pétales de phiatri avant ce début de journée nous évitera quelques maux de tête festifs.

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Découverte animalière

─ avec Luz

Le cheveux ébouriffé je sens une main passer sur mon crâne et un rire étouffé. Nous finissons de nous préparer plus rapidement qu’il ne faut pour dire supercalifragilisticexpialidocious, et le choix de notre disposition nous incombe. Mon don et mes aptitudes me mettent en première ligne, je serais plus apte à vite repérer un détail, un piège, une éventuelle attaque ce qui m’étonnerait venant de la faune, du moins, pas gratuitement.
Nous finissons par nous mettre d’accord pour que Luz ferme la marche, avec une petite réticence de ma part. La présence de Renkhi me rassure, et je demande par télépathie à Loupiac de voler un peu plus haut pour avoir une vue d’ensemble sur notre groupe, et de me prévenir en cas de danger ou d’activités qui se manifestent non loin de nous. Après une caresse sur le gosier de l’animal l’oiseau s’exécute. Bien que nocturne le Chantelune a appris à vivre à mon rythme, avec quelques siestes en plus la journée.

Sans plus attendre nos cheveux marchent à travers branches et broussailles, Elia, derrière moi, me guide. Nous parlons peu, chacun concentré à observer les alentours. L’absence de couleurs chatoyantes alerte les sens, elle devient presque dérangeante, comme si la vie a décidé de déserter ce lieu jadis verdoyant de vivacité, relarguant notre progression au rôle d’anachronisme spatiale.
Je réfléchis toujours au problème avant de proposer une nouvelle hypothèse.

- N’est-ce pas possible qu’il s’agisse d’une maladie tuant les cellules qui font la caractéristique même des végétaux ? Ou s’attaquant à un organe propre à ce règne ?

Loupiac redescend en altitude pour venir se poser quelques instants sur mon épaule, je sens que ce vide inhabituel le perturbe. Il me semble entendre le Mist soufflé bruyamment, lui qui est d’un naturel discret, la situation me tient en état d’alerte.

- Tout va bien au fond?

Demandé-je en me retournant sur ma selle, m’assurant que tout le monde suit sans difficulté aucune.

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─ avec Luz

La désolation du spectacle qui s’offre à mes yeux ne me laisse pas indifférent. Je ne comprends pas comment la forêt peut ainsi être ravagée, rongée par un mal intérieur, devenant terne, faible, morte. Comment est-ce possible ? Arriverons-nous seulement à trouver la cause ? Nous n’avons plus le choix, nous ne pouvons laisser ce cancer avoir raison du poumon d’Aryon. Car ça commence par une petite métastase, pour ensuite devenir tumeur inopérable. Et je refuse de laisser la végétations mourir sous mes yeux sans tenter quoi que ce soit. Il faudra organiser une grande quête de reforestation, il en va de la vie non seulement de la faune, de la flore, mais également des habitants de notre monde. Une chaîne alimentaire perturbée n’est jamais de bon augure pour notre espèce.

Tout se passe très vite, devant moi le chemin rétrécit légèrement, une flaque de bout ramolli le sol sur la droite. Pas très difficile de l’éviter, mais c’est sans compter sur Loupiac qui s’agite, il me transmet des idées confuses que je n’arrive pas à interpréter. J’entends Renkhi grogner, il se trame quelque chose. Je regarde à droite, à gauche, ralentissant ma monture sans l’arrêter pour autant. Et je me retourne, m’assurant que tout le monde suit, et surtout que tout se passe bien à l’arrière où Luz ferme la marche.

Ma monture marche dans la boue, s’enfonce plus que de raison, et cabre. Mal équilibré par mon agitassions précédentes je tente de m’agripper, resserre le flanc de l’étalon de mes cuisses en vain. Je tombe, les fesses les premières dans la boue. Au moins ça a l’avantage d’amortir ma chute. Je tente de me relever mais un petit hic m’en empêche, la dite boue semble … m’aspirer ? J’en ai partout, et j’évite de trop m’agiter m’imposant le calme alors que le stresse commence à monter en moi. Reste lucide Naë, reste lucide ! Réfléchis!

- Luuuz! dis-je avec beaucoup de tension dans la voix.

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