Découverte animalière

─ avec Luz

Les chevaux marchent en cadences, le silence nous englobe. Chacun attentif aux appels de la forêt qui se mure dans un mutisme inhabituel, presque intimidant. A peine quelques dizaines de mètres plus loin que Loupiac redescends vers moi, alerte. Il m’informe d’un bruit sourd et constant, inquiétant. Le noir est plus sombre encore, et il n’a pu voir ce qu’il y avait.
Avouons-le, ce chantelune est quelque peu peureux, il n’ira pas de lui-même s’aventurer là où le danger rôde. Paradoxalement il est  très courageux, car lorsque je lui demande d’affronter sa panique et d’aller au-delà de ses craintes, il s’exécute.

Je le garde avec moi quelques minutes le temps d’échanger avec ma douce renarde. Loupiac se blottit contre moi, je gratte son cou par réflexe ce qui n’est pas pour lui déplaire.

- Non je ne vois rien.

Sans rien dire de plus je me retourne, pas besoin de mots lorsque nos regards parlent pour nous. Luz s’approche des vétérinaires pour rétrécir la distance qui nous sépare tous.

- Dorénavant nous marcherons regrouper, les plus proches des uns des autres possibles. Luz nous protégera de ses boucliers alors restez dans cette délimitation.

Ma voix n’est pas claquante mais l’autorité y perce son timbre. Je fais signe à tout le monde de rester immobile, je ferme les yeux et partage ce sens avec mon chantelune.

Vole mon Loupiac, avance toi vers ce son discrètement sans te mettre en danger, montre moi ce qu’il se passe. Si ça devient trop risqué, revient le plus vite possible.

Je garde le contacte télépathique avec lui et d’un signe de la main je demande à Luz d’ouvrir une brèche dans sa protection pour laisser passer l’oiseau. Grâce au partage de vu je pourrais aisément lui dire quand le rouvrir au retour de l’animal.
Ma dextre active le gousset Papyrus Vitae tandis que ma senestre tourne l’anneau Papyrus titanium rendant les origamis aussi solide que le métal. Différentes formes s’envolent de mon petit sac sans fond pour accompagner Loupiac, prêtes à le protéger.

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Découverte animalière

─ avec Luz

Drôle de sensation que de ne plus se sentir dans son propre corps. Je ne contrôle plus rien, à la merci de mon bon Loupiac qui me guide dans cette sombre forêt. Il vole prudemment, je devine soudain à travers les battements de ses ailes devenus frénétiques son angoisse.
Je m’apprête à le rappeler lorsqu’une forme apparaît devant nos yeux … Plutôt ronde, volante, de grand yeux noirs, elle semble inoffensive, mignonne et moche à la fois. Je me laisse intriguer par cette être, cherchant dans ma mémoire ce que je connais de la faune d’Aryon. Rien ne me vient à l’esprit quant à cette bête là.

Et soudain, le noir. Cette fois la panique m’accapare. Je n’arrive plus à faire le lien avec Loupiac, ni le partage de sens, ni la télépathie. Il n’y a plus de temps à perdre, les ordres fusent.

- J’ai perdu la connexion avec Loupiac ! Luz, on bouge ! A quelle vitesse peux-tu faire suivre le bouclier sur nous?

J’attends quelle me confirme le rythme et nous fonçons, moi en tête. Raisonné, je ne fonce pas tête baissé et prends garde aux pièges éventuels qui peuvent se dresser sur notre passage en prenant la direction emprunter quelques instants plus tôt par mon chantelune.

- J’ai vu une créature avant de perdre le lien avec Loupiac. m’adresse-je à l’ensemble du groupe, plus particulièrement aux vétérinaires.

Je leur fais une description précise de la bestiole volante avant de déduire :

- Elle vole, comme les battements d’ailes que nous entendons, il se peut qu’elle ne soit pas seule, bien au contraire. Est-ce que vous connaissez cette espèce ?

Je sais que nous prenons la bonne direction au bruit des bourdonnements qui s’intensifient, comme entendu par les tympans de Loupiac. Il me semble apercevoir une petite masse un peu plus loin, j’accélère la cadence, suivi de près par le groupe.

- Il est là !

Le chantelune ne bouge pas au sol, mon coeur s’emballe. En une fraction de secondes les sentiments m’envahissent et se confrontent. Peur, colère, culpabilité … Le premier être rose fait son apparition devant nous, continuant à avancer vers mon familier Luz l’intègre à notre bulle de protection tandis que j’active tous mes objets de pouvoir. Ayant perdu la connexion mes origamis gisent au sol proche de mon animal de compagnie, maintenant bien en vu, je les ramène à la vie pour entourer la créature rose.

- Tu tiens le coup Luz ? Tu peux maintenir cette protection combien de temps encore?

Un pressentiment me fait dire qu’il faut absolument maintenir ce champs protecteur autour de nous.

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Découverte animalière

─ avec Luz

A peine le campement de fortune installé que je retrouve Luz dans la tente observant sa lésion. Je passe mes doigts dans sa nuque et observe la plaque rouge légèrement boursouflée qui s’est un peu plus étendue. Urticaire finit elle par me dire sereine. Je fronce des sourcils, si l’affection s’arrête à ça je serai soulagé, mais comment savoir si la bestiole ne lui a pas injecté en plus un venin aux effets tardifs ?
Les douces lèvres de ma belle me rassurent un temps soit peu. Je reste ensuite avec Loupiac qui se remet difficilement de ses émotions avant de retrouver, tous ensemble, nos vétérinaires. Leurs premières observations ne me rassérènent guère davantage, et l’expérience d’Elia sur sa propre peau me vaut un mouvement de tête désapprobateur.

-  Vous devriez être un peu plus prudents tous les deux, cette bête ressemblent peut-être à un gros papillon larvaire, il n’en faut pas moins sous estimer ses capacités. Surtout si cette créature est à l’origine de la mort de cette forêt.

- Si tu ne l’avais pas aussi brutalement assommer je n’aurais rien tenter de tel! s’offusque-t-elle.

Ça va être ma faute en plus … Luz m’observe, amusée. Son regard narquois me défie, je lève les yeux au ciel. La dite créature décide de s’éveiller à ce moment là. Loupiac, paniqué par les mouvements de l’être inconnu, s’enfuie vers l’extérieur pour se réfugier dans mes affaires. Non sans protestation.

- Enfermez là dans une petite caisse ou sous une cloche, ce qui vous vient à la main. Et pas de protestation. intimé-je.

Elvann veut protester mais ça sœur le retient, elle sait que c’est plus prudent bien que ça ne les enchante pas. Dans une caisse transparente on peut observer l’être rose tenter de s’envoler. Je pars à l’extérieur et après une recherche plus longue que prévue je reviens avec un morceau de mousse fraîche encore bien vivace.

- Une expérience qui va nous donner la réponse à notre question ! Mettons ce végétal avec cet être, nous verrons bien ce qu’elle en fait.

Le groupe approuve et nous voilà tous les quatre penchés sur la prison transparente de la créature.

- Si je comprends bien, tu as ressenti une fatigue lorsqu’elle t’a accroché de sa trompe. On peut supposer qu’elle absorbe l’énergie ce qui pourrait expliquer le dévitalisation de notre forêt. Avec le coup que je lui ai donné elle va forcément vouloir se redonner des forces si telle est la fonction de sa trompe.

Ce qui m’inquiète vraiment c’est l’échelle à laquelle elle absorbe l’énergie, avec toute cette forêt décimée, soit la bête est monstrueusement dévastatrice, soit elle et sa fratrie pullulent en nu nombre qui pourrait bien m’angoisser ...

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Découverte animalière

─ avec Luz

La dangerosité de l’alimentation pour survivre de la créature ne permet pas de retourner les étudier. La vitesse à laquelle elle était tombée sur Loupiac et avait absorbé son énergie était inquiétante. Fermant les yeux, je me remémore la scène de partage de sens avec mon chantelune, juste avant que le noir nous envahisse. La peur avait omis certains détails, et maintenant que je fais appel à l’eye memory, je peux apercevoir des petites paires d’ailes en second plan qui entourent la bestiole enfermée dans son pot. Je fais part de ma réflexion au groupe, approuvant la décision des vétérinaires de retourner au village.

- J’ai l’impression qu’ils vivent en essaim et agissent ensemble. Rappelez vous du bruit sourd, ils doivent être quelques dizaines. Cela doit faire au moins deux lunes qu’ils dévitalisent la forêt vue l’ampleur des dégâts. Mieux vaut revenir avec une équipe spécialisée et réfléchir à une solution de cohabitation. Sinon nous serons obligés d’exterminer ces nuisibles, le bois est source de bien trop de vies pour leur permettre de continuer. Il en va également de notre survie.

La grande forêt est le poumon de notre monde, sans elle, je n’ose imaginer la fin qui nous attend. Mais decela bien trop de monde ne s’en rende compte.
Reprenant notre cortège habituelle nous faisons chemin retour. Cette fois je suis plus que vigilant au luto que nous esquivons plus rapidement que la première fois. Très vite nous montons notre campement, plus qu’une journée de route et nous arriverons à la clinique vétérinaire. Je pourrais ainsi faire envoyer un rapport à la Guilde au plus vite, et profiter avec ma chère et tendre des fabuleux recoins du village.
Je me détends un tant soit peu, bien que l’inquiétude d’entendre arriver le reste des grenouilles roses volantes me garde en alerte.

Le soir nous entourant de son manteau noir, nous débattons autour du feu sur l’être et le potentiel nom qui la définira. Je propose bien des « énergivore », « sangsue volante » sous la protestation des vétérinaires qui souhaitent un nom plus doux. Je me fais un malin plaisir à trouver d’autres noms peu valorisant sous le regard amusé de ma douce Luz.
Lotilule finit par être adopté alors que nous retrouvons nos couches. Je monte le premier tour de garde non sans une longue étreinte pour celle que j’aime.

La fin du trajet fut étonnamment calme, aucun incident à déplorer. Les vétérinaires toujours fascinés par la Lotilule, j’ai dû interdire à Elia de donner son énergie à celle-ci pour éviter qu’elle ne meurt.

- Nous ne savons pas combien de temps elle peut survivre sans son apport d’énergie! a-t-elle protesté.
- C’est un bon moyen de savoir non? rétorqué-je sous un air sérieux offensant la femme.

Vous imaginez bien qu’elle l’a fait en douce.

Soulagé de retrouver la civilisation nous nous sommes cloîtré encore quelques heures à la clinique pour installer un box assez spacieux à notre spécimen. La lotilule s’est empressé de dévorer les végétaux apportés par ses bons saint maritain.
Je me dirige vers l’annexe de la Guilde pour y rédiger mon rapport et le faire envoyer au conseil. Cette charge faite, il ne me reste plus qu’à profiter du reste de la soirée, et pourquoi pas de la semaine, avec mon amante.

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