- Sol… Solveig…
- Mh… Grogna la demi chiraki tout en se retournant dans son lit pour se remettre à ronfler.
- Tu ronfles bordel ! Répondit Sammael sur un ton excédé. N’ayant aucune réaction de la part de sa comparse, elle attendit quelques minutes avant de tirer un coup de pied d’une violence telle qu’il fit trembler toute la structure en bois. Et sa propriétaire par la même occasion.
- Chiante. Sans demander son reste Solveig se leva, yeux clos, attrapa une serviette de bain, sa tenue de garde et quitta les lieux.
- Où tu vas ?
- Bain. Et la porte claqua derrière son petit pas traînant.

En cet instant précis la garde était en roue libre. Il était certain que d’ici une petite heure elle ne se souviendrait même pas d’avoir effectué le trajet jusqu’aux bains. Seuls ses cheveux humides lui confirmeraient qu’elle n’avait pas joué les pouilleuse aujourd’hui. Du moins… Si elle réussissait à y accéder. Il était encore tôt ce matin et pourtant il se pressait déjà bon nombre de garde. Tant et si bien que Solveig, hagard, se heurta à une épaule. D’un mouvement lent elle la tapota tout en baillant.

- C’est quoi ce bordel ?
- Parait qu’la moitié des espaces de bain sont en rade. Vu l’nombre qu’on est c’est pas gagné pour être à l’heure. Répondit, un peu trop fort à son goût, la soldate à qui elle s’était adressée.
- Je vois. Faisant demi tour elle prit la direction du quartier des chambres individuelles. C’était sans doute l’un des seuls avantages qu’il y avait à avoir sa petite sœur à un poste aussi élevé. Thépa avait tendance à ne pas apprécier les petites visites surprises de son aînée, encore moins lorsqu’il s’agissait de lui piquer sa salle de bain ou pire encore de lui piquer sa place sous l'eau. Néanmoins Solveig continuait de venir dès qu’une occasion se présentait. Et cette fois elle avait un argument de choix ! Même sa cadette ne pourrait pas lui en tenir rigueur. Quoi que si, vu qu’aujourd’hui elle n’était pas des rondes du matin. Autant dire qu’elle pourrait patienter jusqu’à la fin de la journée pour se doucher. Enfin, de toute façon elle était déjà en route et son esprit embrumé ne rêvait que d’une eau chaude et ruisselante sur ses courbes.

Solveig était d’une nature envahissante et peu discrète, surtout lorsqu’on ne lui demandait pas de l’être. Pénétrer dans l’intimité de sa sœur ne demandait pas d’être un espion. Aussi dès qu’elle fut face à la chambre, elle enfonça la poignée et poussa la porte qui émit un grincement mécontent. Ses yeux vairons parcoururent calmement la pièce à la recherche d’un endroit où entreposer ses affaires. Un simple redressement d’oreille lui permit de savoir que la salle d'eau était déjà occupée. Qu’à cela ne tienne, ça ne serait pas le premier bain qu’elles prendraient ensemble. Toutefois elle devait admettre que le nouvel agencement qu’avait adopté cette chambre l’intriguait. Et surtout quel capharnaüm… Sa petite cadette si douce et rangée était elle enfin en train de prendre quelques traits de sa sœur ? La valkyrie ne savait le dire mais cela eut tout de même le don de lui arracher un grand sourire satisfait.

- Je vais finir par déteindre sur toi… Dit-elle tout en se mettant à sautiller, ravie à l’idée que sa sœur se décoince enfin. Elle profita de cet élan d’énergie pour laisser tomber son débardeur et le short qui lui servaient tout deux de pyjama puis fonça dans la pièce pleine de brume. Malgré la vapeur elle n’éprouva que peu de difficulté à trouver appuie sur les épaules de sa sœur. - Depuis quand tu aimes l'eau aussi chaude… Tu la préfères plus fraîche d’habitude. Enfin je vais pas m’en plaindre, ça me va bien. Et avant que tu ne me grondes, les bains communs sont en rades. Sans se décoller de Thépa elle posa sa tempe contre sa joue. - Wow… En un tour de main elle plaqua son avant bras sur la gorge de la personne et la plaqua aux parois de la baignoire.. - Ma sœur est peut-être grande mais elle n’a certainement pas de barbe… Tu as couché avec elle, c’est ça ? siffla-t-elle les dents serrées, plissant les yeux pour essayer de distinguer un visage.  

« Flûte » Pensa Solveig tout en mettant un maximum de force pour maintenir sa victime. Si elle avait parfaitement jauger de sa barbe bien fournit, elle devait admettre ne pas avoir correctement jaugé la musculature et la taille de cet homme. Non pas qu’elle soit une brindille mais la force brute était loin de son domaine de prédilection. Fort heureusement pour elle, un inconnu ne pouvait pas savoir ce genre de chose, de plus la visibilité était mauvaise. Avec un peu de chance et de bluff tout se passerait comme sur des roulettes. Pour l’instant c’était le cas. D’abord surprit l’homme l’interrogea, demandant avec qui il avait bien pu fauter. Qu’il ne fasse pas l’innocent ! Il savait très bien avec qui ! Solveig le savait bien, il était impossible d’oublier une nuit avec un Prêth. Encore moins lorsqu’il s’agissait de la première… Oh… Thépa était maintenant, officiellement une femme… Sa sœur était si émue que si cela n’avait pas été dans une telle situation elle aurait sans doute lâché une petite larme. De plus, un regain d’espoir naquit au creux de son estomac. Peut-être qu’elle ne finirait pas vieille fille comme la demi-chiraki était sur le point de le faire.

La voix de l’homme retentit une seconde fois et obligea la Valkyrie à revenir à la réalité. Exit les différentes possibilités d’avenir qui s’offraient à sa cadette. Plus encore, quelque chose venait de faire tilt sous la tignasse blanchâtre de Solveig. Comme l’écho d’un passé lointain. Quelque chose qu’elle avait enfoui depuis très longtemps. Mais quoi exactement ? Bien malgré elle sa prise se fit un peu moins forte. L’inconnu disait vrai,c’était un véritable sauna et personne n’y voyait à un mètre pas même Solveig et sa vue perçante. Quand bien même elle aurait voulu utiliser son odorat les dizaines d’huiles et savon l’obstruaient complètement. Il ne lui restait qu’un seul et unique atout, son ouïe.

- Avec ma petite sœur ! Surenchérit-elle toutefois, prenant sur elle pour garder l’esprit clair et un ton qui se voulait menaçant. - Vous faites partie de ces coureurs de jupons qui abandonnent ces pauvres femmes sans jamais leur donner de nouvelles ? Sa poigne redevint ferme. - Oh oui c’est sur ! Je suis certaine que vous avez une ribambelle de rejetons dont vous ne connaissez même pas l’existence ! Les hommes comme vous me dégouttent ! Cracha-t-elle tout en fendant la vapeur à l’aide de son visage pour se rapprocher un peu plus de celui de cet intrus. Ce goujat. Elle voulait se souvenir de son visage pour pouvoir lui botter les fesses la prochaine fois qu’elle le croiserait.

Elle imaginait déjà un visage angevins aux traits fins, le genre de visage qui fait craquer n’importe quelle femme. Un visage qui vous donne envie de vous abandonner. Un peu comme lui mais avec une barbe en plus. Oui, c’était le portrait qui se peignait déjà dans son esprit. Alors, lorsque la vapeur laissa enfin place au véritable visage, le palpitant de la Valkyrie loupa un battement. Tant et si bien qu’elle manqua de s’en décrocher la mâchoire. Une fois n’est pas coutume, la basanée avança des doigts timide vers cette figure qui lui était familière. Calmement, elle retira une mèche brune qui le barrait en diagonale puis souffla, comme si elle venait de prendre le plus gros coup de sa vie dans l’estomac : - Le préposé au crottin ?! Puis sans crier gare sa prise l’abandonna pour se transformer en étreinte. Aussi impromptue soit-elle dans ces circonstances.

Combien d’année cela faisait-il qu’elle n’avait pas vu son vieil ami ? Se souvenait-il seulement d’elle et des mots qu’ils avaient échangés ? Savait-il que grâce à lui, Samaël n’était pas devenu un simple morceau de chaire extirpé d’un cocon ; mais un petit garçon plein de vie ? Elle n’en savait rien. Tout ce qu’elle savait c’est qu’ils lui devaient tout les deux la vie. Et ce n’était pas la nudité qui allait être un frein aux émotions de la garde.

Mon dieu cette voix ? Comment avait-elle pu ne pas le reconnaître ? Elle qui l’avait entendu des centaines et des centaines de fois. Celle là même qui par des simples mots avait réussit à sécher des litres de larmes et avait apaisé son cœur endoloris. Pendant une seconde, Solveig s’en voulu. Mais très vite les mains qui glissèrent sur son dos, ses bras qui répondirent à son étreinte, lui firent oublier sa culpabilité. Au contraire, elle replongea plusieurs années en arrière. Dans un passé bien différent du présent. Lorsqu’elle était encore libre de toutes obligations, lorsque pour elle ne comptait que sa personne et celle de sa cadette. Diantre que le temps pouvait filer vite. Pis encore, Yuduar venait inconsciemment de lui coller une bonne gifle mentale. Presque dix ans s’étaient écoulés depuis qu’elle avait quitté la forteresse et presque autant de temps depuis qu’elle n’avait pas vu son vieil ami.

En écho au temps qui s’écoule, les choses changent et la vie de ces deux là avait bien changé. Lorsqu’ils s’étaient quittés Solveig avait un ventre rond comme un ballon, enceinte jusqu’aux yeux tandis que Yuduar, lui, portait encore une peine bien visible à qui voulait  bien se donner la peine de regarder. Force était de constater que les choses n’avançaient pas à la même vitesse pour tout le monde également. L’une, restée soldat, d’élite peut-être mais soldat tout de même. Alors que l’autre s’était élevé dans les hautes sphères à une vitesse vertigineuse. La jalousie était un sentiment étranger à la jeune femme, aussi, lorsqu’elle avait apprit l’ascension de cet homme, que beaucoup qualifiait de « fantasque » - et à raison – elle n’avait pu que se réjouir et lui souhaiter le meilleur.

Toujours blottit contre la peau basanée, la question qui lui avait été posée lui revint en mémoire et elle daigna enfin y répondre.

- Ce que je fais là ? J’emprunte souvent la chambre de Thépa quand il y a trop de monde aux douches. C’est plutôt toi, qu’est ce que tu fais là… Ne me dis pas que tu c… Avant même qu’elle eut le temps de terminer sa phrase une surprise impromptue pointa le bout de son nez. De la même manière les oreilles de Solveig se dressèrent sur son crâne alors que Yuduar lui demandait calmement de reculer. Sans se faire prier, elle fit un léger pas vers l’arrière avant d’afficher un sourire mutin. - Je vois que les années ne m’ont pas fait perdre de mon charme mais qu’elles t’ont donné un peu plus de vigueur aller… Vient ! Dit-elle en prenant son poignet, éclatant de rire par la même occasion. Sans lui laisser le plaisir d’accepter ou pas, elle l’entraîna à sa suite en direction de la pièce principale.

- Je disais donc. J’espère que tu ne couches pas avec Thépa. Je t’aime énormément mais elle reste ma petite sœur. Tu aurais pu m’en parler ! Des semaines que je suis ici et tu n’as même pas prit le temps de me le dire. Sais-tu au moins que tu es sans doute le premier homme dans sa vie. Diantre pauvre petite… Tu as été doux au moins ? Tu as fais les choses comme il fallait hein ? Sortant enfin de l’épaisse brume, elle lui lança un regard en biais qui même si elle ne le voulait pas, avait l’air on ne peut plus menaçant.

Enfin ils regagnèrent la chambre ; la jeune Prêth se décida à libérer son supérieur. Attrapant la première chose ressemblant à une serviette, elle revint vers le brun et la lui posa sur la tête. Commençant des mouvements de frictions, son regard fut irrémédiablement attiré par le bas. - Mh… Elle abandonna Yuduar à sa serviette et se mit calmement à faire le tour de la chambre. Fouinant ça et là. Elle ne revint que lorsqu’elle eut trouvée une chemise en lin, largement trop grande et une ceinture de cuir qu’elle noua autour de sa taille. - C’est mieux comme ça ? Ça ne pourra pas être pire de toute façon. Prenant appuie sur le sol, elle effectua un petit bond souple et atterrie sur le matelas de la chambre. - Anhw… Heureusement que je ne suis pas un homme. Pensa-t-elle a voix haute. Puis elle tapota le pied du lit tout en s’installant sur le ventre. - Vient, tu as un milliard de chose à me raconter !  

En l’instant Solveig pouvait faire penser à un chat. Un chat de salon dont le regard trahissait son espièglerie. Tandis que le pauvre Yuduar tentait encore de mettre tout les éléments dans l’ordre, elle l’observait, elle l’écoutait. Chaque parcelle de son que son corps lui renvoyait était analysée par les tympans et iris de la garde. Il n’avait pas changé. Rien n’avait été échangé depuis presque dix ans et pourtant elle savait qu’au fond, le brun était toujours le même. Son corps avait changé, des cicatrices nouvelles le parcourait, de même son visage était bien plus marqué pourtant elle pouvait voir d’ici que son esprit était resté inchangé et cela lui réchauffa les entrailles.

Lorsque son capitaine eut finit de se battre avec sa virilité et sa serviette, il vint prendre place à ses côtés et elle ne fit même pas mine de se déplacer. Après tout c’était aussi cela Solveig, n’avoir aucun problème avec les rapprochements physique encore moins lorsqu’il s’agissait là d’une aussi vielle connaissance que lui. Cependant, elle roula légèrement sur le côté afin de ne pas se tordre le cou pour le regarder et enfin, elle lui laissa la parole.

La nouvelle arracha un sourire aux lèvres charnues de la Valkyrie. A la fois parce que savoir que la vertu de sa sœur était encore pure la réjouissait mais aussi parce que bien mal l’en aurait prit si Yuduar et Thépa avait eut un différent. La pauvre n’aurait jamais été en mesure de gérer cela de manière objective et se battre avec un ami était quelque chose qui la révoltait plus que tout. Elle apprit également que la chambre qu’elle convoitait de prime abord se trouvait un peu plus loin. Cela ne la surprit pas et elle ne tenta même pas de feindre cette émotion. Son sens de l’orientation avait et était toujours mauvais, ce qu’elle ne cachait pas d’ailleurs. Vint ensuite la révélation qui n’avait pas besoin d’en être une : l’origine du bordel ambiant et de les vieux relans de rhum qui flottait dans la pièce. Cela aurait du lui mettre la puce à l’oreille mais si il y avait bien une chose qui était effective chez elle, c’est que tant que son cerveau n’était pas réveillé, rien ne l’était. Sauf peut-être lorsqu’une odeur de brioche chaude venait lui chatouiller les narines.

Toujours était-il que les deux amis rirent à l’unisson au dernier commentaire de Yuduar avant que cette mélodie matinale ne viennent mourir à ces derniers mots. Le sourire de Solveig d’habitude si taquin se mua en quelque chose de rare, de plus discret,  de plus mélancolique peut-être. Son regard également s’adoucit et ses pupilles d’habitudes tranchantes s’arrondirent légèrement. Contrairement à ses habitudes, elle se redressa en douceur et laissa ses yeux courir sur la courbe mandibulaire qui lui faisait face.

- Je te dirais bien que moi aussi mais… Le goujat que tu es n’a même pas daigné donner signe de vie ! Et sans prévenir elle vint lui tirer la joue sans aucune douceur. - C’est comme ça que tu traites tes vieux amis ?! Tu aurais au moins pu passer me faire un coucou, ce n’est pas comme si je passais ma vie à camper dans la cour principale du bastion, par contre pour m’envoyer en mission avec mon ex, là tu es bien présent ! Pour aller picole avec les copains de la garde aussi !  Aaaaah maudit sois-tu Al Rakija ! Puis elle laissa sa tête retomber sur le ventre de Yuduar, tendant une main pour venir jouer avec l’une de ses boucles brunes, arborant un air faussement contrarié. - Enfin… Je suppose que ton nouveau poste te prend du temps, c’est ça d’entrer dans les rangs des gens importants. Elle lui tira la langue, moqueuse. - Franchement je ne sais pas comment tu fais. Ça doit être d’un ennuie… Toutes ces responsabilités… Brrrh… Tu continues d’aller sur les champs de bataille au moins ? Tandis qu’elle continuait de faire tournoyer une boucle entre ses griffes, elle pencha la tête. Sa question était sincère. Pour Solveig, rien n’était meilleur qu’un affrontement de qualité, de même elle était rarement capable de rester inactive longtemps, alors s’imaginer remplir des kilomètre de paperasse lui faisait bien plus peur qu’un fenrir. - Je suis fière de toi. Annonça-t-elle de but en blanc comme si elle lui parlait de la pluie et du beau temps. - Lorsque je t’ai rencontré tu n’étais que l’ombre de ce que tu es aujourd’hui. On avait la sensation que tu partais de loin pour aller nul part et pourtant tu nous a tous rattrapé et surpassé par la même occasion. Relâchant ses cheveux elle se retourna de façon à observer le plafond, bras ballants. - Tu étais sans doute le plus méritant d’entre nous, je suis vraiment contente. Puis elle sourit avant de se renfrogner. - Je suis aussi contente que tu ne couches pas avec Thépa, non pas que tu sois un rustre mais… Et elle lui planta un doigt dans les côtes comme une enfant.

Solveig ne sut dire combien de temps passa avant qu’elle ne se redresse, s’asseyant en tailleur aux côtés du commandant. Ses doigts glissèrent lentement sous le menton de ce dernier et elle l’obligea à tourner la tête dans sa direction. - Fut une époque où tu avais un millions d’histoire à me conter et d’après mes souvenirs tu aurais pu faire un bon saltimbanque ! Raconte moi ce que j’ai loupé depuis tant d’année ! Comment vont tes enfants ? Et elle le relâcha, laissant place à ce regard qui raviverait sans doute de vieux souvenirs chez Yuduar. Un regard avide d’aventures, de connaissance et de curiosité.    

Plus que jamais Solveig avait l’impression d’avoir fait un bon de sept ans en arrière. Si la chaleur du matin n’était pas en train de réchauffer la pièce, sans doute se serait-elle cru à la forteresse. Oh bien sûr, les moments d’amusements tel que celui-ci n’était pas vraiment de coutume là-bas mais ils avaient partagés bien des épisodes de rire. De larme aussi, mais la garde n’était pour l’instant pas disposée à y penser. Prisonnière des doigts qui la faisait se tortiller, elle ne pensait à rien, si ce n’était ce rire incontrôlable qui lui broyait présentement les côtes.

Néanmoins elle écouta ce que son compagnon de chambrée avait à lui dire, bien que la promesse de Yuduar concernant sa « correction de tir » n’ait pour effet que de lui faire lever les yeux au ciel. Quoi qu’il en dise, elle rectifierait le tir pour deux si cela était nécessaire. Maintenant qu’elle avait réussit à réunir tout les éléments important dans sa vie, elle n’était pas décidé à les lâcher. Malheureusement pour lui le brun en faisait parti. C’est d’ailleurs sans surprise qu’elle retrouva chez lui une émotion qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps. Un mélange de douceur et de fierté dans un regard pétillant. D’aussi loin qu’elle se souvenait, à l’époque, le seul moyen d’arracher un sourire à cet homme était encore de lui parler de ses enfants. Aujourd’hui son sourire était bien plus facile à saisir mais l’émotion qu’il dégageait à l’instant restait bien propre à ce sujet en question. Solveig s’en amusa. Le capitaine lui semblait parfois si facile à cerner. Elle avait la sensation de lire sur son visage comme dans un livre ouvert. Le laissant rafistoler sa serviette fuyante, un air chafouin passa sur son visage et elle l’écouta.

La Valkyrie était sans doute l’une des personnes les mieux placées pour comprendre Yuduar et vice versa. Jusqu’ici elle avait toujours eut un peu honte de laisser son fils à ses propre parents pour faire passer sa carrière de garde avant le reste. Nombreuses avaient été les critiques à l’époque. Un sourire se dessina aux coins de ses lèvres.

- Un vrai papa poule… Se moqua-t-elle. - Ah… Ce qu’ils ont du grandir… J’ai l’impression que c’était hier que tu me parlais des premiers pas de Selim. C’est comme… Prendre une grande claque de vieillesse en pleine figure. Pourtant j’ai l’impression que c’était hier et que j’ai encore vingt cinq ans… Elle soupira lourdement avant de gonfler les joues. - Alors que la vérité c’est que je vais fêter mes trente trois ans ! Gémit-elle tout en se laissant tomber en arrière sur le matelas. - Mais je dois dire que je suis contente que tes enfants aillent bien, j’en avais tellement entendu parler à l’époque que j’avais l’impression de les connaître. Elle eut un petit rire qui mourut rapidement sur ses lèvres. - Samaël va bien. C’est un petit garçon vraiment intelligent, beaucoup plus que moi en tout cas. Il est capable de rester jouer des heures avec ce… Oh comment Calixte a appelé ça déjà ? Elle se redressa tout en passant un doigt sur son menton. - Un rubik’s cube ? Il lui a offert pour son anniversaire, depuis je ne l’en décroche plus. Mais je crois qu’au fond… Il a toujours été comme ça. Plus réfléchit qu’aventureux. C’est une bonne chose, sans doute son visage aura-t-il plus de chance que le mien ! Parce que croit le ou non mais il a décrété que lorsque je prendrais ma retraite à la garde pour partir explorer Aryon, il me suivrait. Évidemment il est encore jeune alors sa maman lui semble de bonne compagnie ! Elle se mit de nouveau à rire puis s’interrompit et posa les yeux sur Yuduar. Avant même qu’elle parle, son regard trahis l’émotion qui vint l’assaillir. - Toi qui l’a connu… Si tu savais comme Sam lui ressemble… Se penchant légèrement vers l’avant elle vint faire reposer son front contre son épaule. - J’ai parfois l’impression qu’il est toujours dans notre ombre, comme un fantôme du passé. C’est ridicule n’est-ce pas… ? C’était la première fois depuis bien longtemps qu’elle parlait du père de Samaël, de cet homme qui avait partagé sa vie et sa couche pendant plusieurs années. Mais qui n’était maintenant plus qu’un souvenir ainsi qu’un air sur le visage de son fils.

Sans crier gare, les bras de la chiraki se refermèrent autour de Yuduar sans pouvoir en faire le tour et elle l’attira a elle, enfouissant son visage contre lui. - Je maintiens que tu es un rustre mais je suis contente de te retrouver. Pour la première fois depuis longtemps, la jeune femme eut la sensation d’avoir retrouvé un petit bout de ce qu’elle avait perdu il y a bien longtemps. Ce n’était pas dans ses habitudes de se laisser aller à tant de mélancolie, toutefois, cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas ouverte à quelqu’un. Tout ce qu’elle voulait pour l’heure, c’était un peu de répit dans sa quête du sourire indécrottable. Juste un instant…

Des longues secondes passèrent sans qu’elle soit capable de les compter puis elle se laissa tomber en arrière. Avec lenteur ses iris se levèrent pour aller rencontrer ceux de Yuduar et son visage prit rapidement des airs de petite fouine. - Bien, maintenant passons à des sujets plus intéressants… Comment vont les amours mon cher Yuduar ? Parce que oui, en sept ans il pouvait s’en passer des choses et vu la réaction qu’il avait eut jusqu’ici, elle était certaine qu’elle pourrait glaner quelques petits commérages.  

Que ces mots étaient agréable. Son ancien compagnon était un sujet qu’elle se refusait d’aborder avec qui que ce soit. Sauf que Yuduar était un cas à part. Il avait connu cet homme, il avait vu la déchéance de la jeune garde qu’elle était et il détenait les clefs du secret le plus lourd qu’elle avait jamais eut à porter. Lui parler de ce genre d’angoisse semblait bien ridicule à côté. Toutefois le poids du silence se faisait parfois écrasant. Pour la première fois depuis la naissance de Samaël, elle en laissa filer une partie aux travers des mots qui franchirent les lèvres de Yuduar. « Ce n’est pas ridicule », « ces choses là ne s’effacent pas ». Elle était normale, tout ce qu’il y avait de plus normal. Serrant les mâchoires, elle avait enfoncée son front avec un peu plus de force contre la peau chaude du capitaine, un sourire soulevant le coin de ses lèvres. Elle était ordinaire.

Si quelque chose avait toujours caractérisé la jeune Prêth, c’était bel et bien cette humeur presque toujours euphorique et ses façons de faire puériles. De même tout un chacun savait qu’elle n’était pas du genre à perdre son sourire bien longtemps. Cette fois ne dérogeait pas aux précédentes et en un tour de main elle se détacha du garde tout en lui souriant puis l’interrogea sur une question qu’aucun autre soldat dans sa position n’aurait osé poser.  

Solveig savait là que c’était une question épineuse, tout comme elle avait bien saisit la pointe de nostalgie amer qui avait percée dans la voix de Yuduar quelques minutes avant. Mais loin de vouloir lui faire de la peine, c’était la curiosité qui l’avait emportée et elle avait posée la question fatidique. D’une certaine façon c’était une manière pour elle de se rassurer. Ils avaient tout deux perdus leurs amours respectifs à un moment charnière de leur vie. Il était clair que la vie sentimentale de la demi chiraki était un échec. Peut-être que celle du brun était une réussite ? Il fallait qu’elle le sache ! Et comme tout passe toujours mieux avec un sourire, elle lui offrit le plus beau qu’elle fut en mesure d’afficher, allant jusqu’à dévoiler crocs et gencive.

Sans surprise son vis-a-vis de mit à rire. Parfois lorsqu’elle l’observait longuement, comme maintenant, elle avait la sensation de voir son reflet au masculin. Oh bien entendu leurs physiques n’avaient jamais rien eut en commun. Yuduar était aussi grand que Solveig était petite et il était également aussi brun qu’elle était blonde platine. Sauf que sous ces carapaces de chaires, les deux soldats se ressemblaient beaucoup plus. Tout deux victimes d’une cassure qui jamais ne se refermerait, tout deux parents d’enfants orphelins de pères et de mères et surtout avec un esprit naturellement enjoué. A tord ou à raison, la jeune femme avait toujours pensé qu’ils étaient aussi différent qu’identique. Alors lorsqu’elle l’écouta parler de la forteresse puis de se plaisir de chaire qui lui était revenu, elle ne se priva pas de laisser échapper un léger rire. Elle-même aurait pu tenir ce genre de propos. Entre son fils, son amour encore bien vivace pour son ex à l’époque, elle n’avait pas vraiment eut le temps de penser à ce genre de chose ni même l’envie d’ailleurs. Mais un jour, par un heureux hasard elle avait croisé la route d’un homme. Elle ne se souvenait pas de son nom. Toujours est-il qu’il l’avait réconcilié avec ses propres désirs. Ainsi elle avait de nouveau pu emprunter un chemin parsemé de quelques plaisirs coupables.

Toujours sur la même lancée son supérieur enchaîna sur les mécaniques qui ne semblaient pas rouillées. Pour sa part, la jeune femme dû se faire violence pour ne pas de nouveau baisser les yeux, à la place elle se mordilla la lèvre afin de retenir un énième éclat de rire. Enfin l’air taquin qu’elle connaissait si bien reprit sa place sur le visage en face d’elle et ses iris bicolore se firent tout aussi joueur. Avec lenteur elle se redressa. Suffisamment pour réduire la nouvelle distance qu’il leur avait imposé, pas assez pour qu’ils se touchent. Son regard plongea droit dans celui noisette de Yuduar puis elle resta silencieuse quelques instants avant que sa voix ne viennent troubler la tranquillité.

- Qui aurait cru que je rencontrerais un homme nouveau ce matin ! Le Yuduar d’il y a sept ans a bien changé… Tendant la main elle la passa avec douceur sous son menton, s’attardant sur l’épaisse barbe. Ses yeux descendirent avec lenteur vers les lèvres de l’homme avant de remonter vers ses yeux. - Mais il n’apprend toujours pas... Son pouce remonta doucement et elle vint tirer doucement sur sa peau. Avec la même lenteur délicieuse elle se pencha puis saisit la lèvre inférieur de Yuduar entre deux de ses crocs. Elle la mordit avec vigueur sans pour autant chercher à le blesser et le relâcha aussi sec. - …Qu’il n’y a qu’un rustre pour être gentilhomme avec une aussi belle femme dans son lit. Son sourire se fit cette fois joueur comme rarement il l’était. - Alors ? Tu joues ?  Elle recula légèrement avec un air triomphant sur le visage.

- Moi ? Murmura l’hybride dans une risette facétieuse. Si elle jouait avec le feu ? Bien entendu. Solveig avait toujours joué de cette façon. Rare étaient les gens à apprécier cette facette de sa personnalité, la jugeant souvent bien trop immature. Yuduar avait toujours fait exception pour son plus grand plaisir. Si il avait été différent, un peu plus étroit d’esprit, sans doute n’auraient-ils jamais construit un quelconque lien. Tout aurait été différent. Sauf qu’il s’était toujours montré au moins aussi enfantin et détaché qu’elle, preuve en était ; cette main qui s’était mise à courir le long de son dos pour finir sa course au creux de sa nuque.

La sensation de chaleur que laissait le passage de ses doigts à travers le tissu, son propre souffle gagnant en rapidité tandis que la commissure de ses lèvres s’étirait. Comment en étaient-ils arrivés là déjà ? Par le biais de ses propres envies. Une irrésistible envie de taquiner afin de se rappeler une belle époque,  incontrôlable et quelque peu mensongère. Parce que dans toute cette finalité la véritable envie est de retrouver la reconnaissance et la compréhension qu’elle ne reçoit plus depuis longtemps. Le besoin impérieux de sentir des bras familiers l’étreindre et la désirer pour ce qu’elle est. Malgré son bon caractère Solveig avait toujours été un peu égoïste, elle ne l’avait jamais nié mais parfois elle s’en voulait comme présentement. Mais il lui semblait bien plus simple de succomber à la luxure que d’y résister, en cela, Solveig était une femme faible et ses années de solitude n’avaient fait qu’accentuer ces impuissances.

Un délicieux frisson vint embraser les sens de la chiraki, ravivant un feu sur le point de s’éteindre. Qu’elle le lui ait dit ou non par le passé, Yuduar venait de mettre le doigt sur l’une de ses faiblesses. Ses oreilles. C’était une chose assez saugrenue puisque incongrue. C’était aussi suffisamment gênant pour qu’elle fasse en sorte que personne n’ait le loisir de les toucher facilement. Mais dans un moment comme celui-ci où tout n’était qu’un vaste jeu, elle se devait d’être fair-play. Cependant elle ne lui fit pas le plaisir de laisser le soupire surprit franchir la barrière de ses lèvres, à la place elle mordit fermement dans ces dernières ; sans pouvoir contrôler ses paupières qui vinrent se clore l’espace de quelques instants. C’était là un coup de maître, tant et si bien qu’elle faillit perdre complètement le fil des événements. Toutefois si il y avait bien une chose que l’on pouvait accorder à Solveig, c’était sa vivacité.

Enfin les iris noisettes remontèrent à la hauteur des siennes, brillant d’un éclat identique. Encore une fois, ils se comprenaient et elle put se féliciter d’avoir une fois de plus cru en lui. Sans doute aurait-elle pu le lui dire mais à la place, elle fit lentement glisser sa jambe contre la sienne, tandis que l’une de ses mains venait caresser son torse pour descendre sur ses côtes et remonter enfin le long de son dos. Son visage lui, se rapprocha du sien sans jamais cesser de soutenir son regard. Mais alors que leurs lèvres auraient pu se caresser ou ne serais-ce que s’effleurer, dans un jeu de poids du corps, Solveig prit l'ascendant sur leur position. En un tour de main et jouant de ses capacités à être rapide, elle plaqua chacun des poignets à l’aide de ses mains. Enfin, elle arbora un sourire triomphant.

- Je crois que tu as toujours bien cerné ma personnalité… Lascivement elle se pencha sur Yuduar, laissa courir ses lèvres le long de sa mâchoire pour terminer contre sa gorge, la où sa barbe finissait également. - Et je pense avoir plutôt bien saisie la tienne… Tout en douceur elle laissa sa langue jouer contre sa peau, descendant vers sa clavicule avant de laisser une légère mais néanmoins présente, marque de croc sur sa peau. Ainsi penchée, elle attendit quelques respirations pour se redresser et libérer le garde au passage, restant installée bien sagement sur lui comme aurait pu le faire un chat.  

Il y avait des moments comme ceux là où Solveig aurait payé cher pour arrêter le temps. Juste un tout petit peu, le temps de se souvenir, de se rappeler qu’au delà d’un soldat, d’une mère ; elle était également une femme. Une femme qui avait  le droit d’être étreinte et chérie pendant quelques instants. Solveig ne s’était jamais plainte de sa condition et à vrai dire cela lui avait toujours convenu. Mais depuis quelques mois maintenant, depuis que son chemin avait croisé la route de Valentino et qu’ils avaient convenu d’emprunter des chemins différents, elle se sentait seule. Ses capacités de séductions étaient toujours opérationnelles mais l’étreinte de bras inconnu était bien moins réconfortante. De plus le passé mutuel des deux amants les liait d’une manière qu’elle ne s’expliquait pas et si se perdre sous la fougue de Yuduar ne promettait aucunement une quelconque romance, Solveig se sentit revivifier.  

C’était une sensation de douceur brûlante, comme un bain chaud dans lequel elle se serait abandonné. L’eau lécha d’abord la longueur de ses jambes, faisant frémir le reste de son corps encore laissé aux prises avec l’air frais. Caressante elle remontait avec gourmandise sans jamais omettre aucune des délicatesses de la jeune femme, sa tête tourbillonnait tandis que son esprit s'embrumait. Solveig était bien incapable de refréner des désirs trop longuement oubliés, de même elle était bien incapable de se laisser engloutir de la sorte. Plus sauvage que docile elle s’était à son tour jeté à corps perdu dans ce torrent de plaisir qui l’emporta avec force. Tant et si bien qu’elle crut se perdre dans sa propre félicité.  

Les secondes s’égrainèrent pour devenir des minutes, les caresses s’intensifièrent pour devenir des griffures et les soupires devinrent gémissement avant de mourir dans une ultime étreinte. Enfin, le silence retomba, tout comme leur corps entrelacés. Dans un léger sourire la soldate étira ses membres encore tendu puis elle vint rechercher la chaleur du brun en se blottissant contre son torse, n’en ressortant que lorsqu’il l’invita à prendre une douche. La proposition tombait à point nommée, maintenant qu’ils avaient cessés de s’agiter l’air paraissait lourd et sa peau terriblement collante. Doucement elle vint donner un coup de nez dans celui de Yuduar puis elle déposa un simple baiser sur son front.

- Avec plaisir ! S’exclama-t-elle tout en s’échinant à se libérer des couvertures. Une fois que ce fut chose faites elle tendit la main en direction de son ami. - Tu viens ? Son habituel sourire pour accueil elle attrapa sa main et le tira derrière elle. Par habitude elle se remit à sautiller et effectua une petite pirouette avant de se glisser dans la salle de bain, terminant sa course sous le jet de la douche qu’elle avait préalablement ouvert. - Anhw… Quelle chaleur… Murmura-t-elle tout en se laissant recouvrir entièrement par l'eau. - Je ne m’attendais pas à de telles retrouvailles. Surenchérit-elle d’un air moqueur, se décalant légèrement pour faire de la place au capitaine. Après tout ce n’était pas maintenant qu’ils allaient jouer les pudiques.

L’eau qui coulait le long de son visage lui donnait une impression de fraîcheur malgré sa température. Solveig ferma les yeux pour profiter de ses biens faits, abaissant légèrement ses oreilles. Elle put sentir Yuduar se glisser à ses côtés, ce qui lui arracha un petit sourire en coin. Quand elle y pensait si il y a sept ans quelqu’un lui avait dit qu’elle terminerait un jour dans ses draps, elle n’y aurait pas cru et aurait sans doute rit à gorge déployée. En même temps elle était à l’époque aux côtés de son ancien compagnon, ils filaient tout deux le parfait amour tandis que Yuduar pleurait encore sa chère et tendre disparut. Après cela la pauvre soldate avait vu son ventre s’arrondir et son partenaire disparaître. L’esprit n’était pas aux galipettes. Toutefois aujourd’hui, la peine était passée, les blessures avaient été pansées et c’était sans doute tout ce chemin parcourus qui avait permis cette conjonction inattendue.

Tandis qu’elle se perdait doucement dans ses pensées, bercée par le rythme chaleureux du jet d’eau, les paroles du brun la ramenèrent sur terre et elle ouvrit les yeux juste à temps pour le voir détacher ses cheveux. Son sourire se fit plus grand à mesure qu’il parlait mais elle ne fit rien, se contentant de prendre à son tour un peu de savon. Commençant elle aussi par sa poitrine, elle remonta bien vite au niveau de son cou, le tendant afin d’avoir accès à des zones plus exigus. Doucement ses yeux se levèrent en direction de Yuduar et elle laissa échapper un petit rire.

- J’aurais du songer à augmenter de rang au moins pour les douches ! Pas que les douches communes me dérange grandement mais je dois dire que selon l’heure où l’on rentre c’est douche froide. Elle entoura sa taille de ses mains et fit mine de grelotter. - Et je déteste le froid. Mais ça je suppose que tu t’en souvenais ! Terminant de se savonner elle reprit un peu plus de place sous le jet d’eau. Une nouvelle fois la vague proximité qui s’était installée entre elle et son ami fut mise à mal, son regard devint de nouveau taquin. - Tu pourrais de nouveau finir plaqué dos au mur mais pour d’autres raisons. Après tout, je n’ai pas finis de te surprendre tu l’as dis toi même. L’une de ses griffes se mit à décrire des cercles sur le torse de l’homme. - On n’est jamais à l’abri d’un coup de théâtre…  Ses doigts poursuivirent leur route et vinrent se perdre autour d’une mèche de cheveux brune. - J'ai comme l'impression que tu cherches. Dit-elle dans une risette.- Hm...Je suis contente de voir que tu as toujours ces belles boucles. Son autre main vint glisser le long de son épaule et elle se mit sur la pointe des pieds pour être plus ou moins -moins-  à sa hauteur. - Je pense que c’est LA chose que je redoutais le plus ! Que tu coupes tes cheveux ! Se faisant elle se mit à rire. Ses bras s’enroulèrent doucement autour de la nuque de Yuduar et bientôt elle l’enlaça affectueusement. - Anhw… Je n'ai pas envie de partir. Elle gonfla les joues.

C’était là l’un des problèmes principaux de Solveig, son attachement à ses proches. Chaque séparation était toujours compliquée, cela même lorsque ce n’était que pour quelques heures. Avec l’âge elle avait finit par comprendre que parfois aucune autre option n’était envisageable, cependant elle ne s’y était jamais fait. Alors l’idée qu’elle ne recroise pas l’homme avant un moment la mettait mal à l’aise, de même qu’elle se sentait diablement bien en sa compagnie. Dans un soupire elle reprit la parole.

- Sache en tout cas que ton invitation n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd ! Tournant légèrement le visage, elle murmura au creux de son oreille. - Si jamais tu m’oublies encore, je peux t’assurer qu’être plaqué au mur sera le cadet de tes soucis...Puis elle relâcha son étreinte pour le regarder d’un air lourd de sous-entendu mais dont le sourire pouvait signifier bien d’autres arrières pensées.    

Ah les années à la forteresse... Un souvenir douce-amer que Solveig ne savait pas vraiment classer. D’une certaine façon c’était une période de sa vie assez heureuse. D’une autre elle avait tout perdu là-bas. Un peu comme si un morceau d’elle était resté dans cette forteresse pour ne jamais en revenir. Par contre elle n’avait pas oubliée le son des voix de ses collègues lui hurlant qu’elle était bien égoïste d’avoir prit une douche si longue. Visiblement elle n’était pas la seule. Un léger sourire étira ses traits.

C’est avec lenteur que la jeune femme s’était reculée. Connaissant Yuduar et surtout le petit sourire qu’il s’était subitement mit à arborer, les bêtises ne perdaient rien pour attendre. Elle ne croyait pas si bien dire. A peine ses bras l’eurent-ils libérés qu’il commença à fanfaronner tout en bombant le torse. Pour sa part, ayant perdu la chaleur de ses bras, elle retourna se faufiler sous les jets d’eau chaude -elle en augmenta même la température en douce.

Ce qu’elle avait toujours aimé chez cet homme c’était son côté grand enfant. Évidemment il n’avait pas toujours été ce capitaine à la réputation fantaisiste et enjouée mais même lors de sa période sombre, ce petit bout de joie avait continué de persister. Le voir s’épanouir de cette façon était d’une certaine façon extrêmement réconfortant pour la jeune femme. Moins lorsqu’il manqua d’aller se fendre le crâne sur le carrelage. Elle aurait eut l’air bien fine, nue dans les quartiers de son supérieur avec le cadavre sanguinolent de ce dernier. Cependant elle ne tenta pas de le rattraper pour autant, vu leur différence de poids Yuduar aurait tôt fait de finir véritablement par chuter et l’entraîner avec lui par dessus le marché.  Heureusement il se rattrapa in-extrémis. C’est seulement à ce moment que la demi-chiraki glissa ses mains autour de son biceps pour le redresser.

- Je vois que t’es réflexes en on tout de même prit un coup… Ah mais à quoi je m’attendais, tu t’approches doucement de la quarantaine tout de même, on ne peut pas te demander la lune. Solveig dû faire des pieds et des mains afin de ne pas éclater de rire sur le champs. Néanmoins son regard trahissait son hilarité. De même que son esprit savait que vengeance il y aurait et dans un sens, c’était exactement le but recherché. - Ohoh, Yuduar tu commences à parler comme un véritable bureaucrate ! La paperasse aurait-elle donc entaché ton caractère d’aventurier ? Ses mains se détachèrent doucement du bras de Yuduar pour venir se nouer au dessus de ses propres fesses dans un air d’innocence pure. Qui ne lui allait pas très bien cela dit. - Enfin tu as raison ! Tu n’es pas n’importe qui ! Tu es un capitaine nu, dans les douches avec l’une de ses Valkyries et tu viens en plus de manquer de te fracasser le minois sur le sol. Je pense que tu es le premier capitaine du genre ! Alors effectivement tu n’es pas n’importe qui ! Et sans qu’elle puisse se retenir plus longtemps, elle éclata d’un rire franc tout en posant une main amicale sur l’épaule du brun. - Je suis désolée, c’était bien trop tentant !

Toujours sous les jets bien chaud, la chiraki ouvrit la bouche afin d’avaler quelques gorgées, se délectant encore des ruissellements rebondissant sur son visage. Enfin, les joues bien gonflées, elle se retourna vers le brun. Loin d’être sot lui aussi, il devait bien se douter de la suite des évènements. Ce qui n’empêcha pas Solveig de lui envoyer un petit geyser en plein visage. Se servant de l’aveuglement momentané, elle retourna se lover contre son torse puis mordit sans douceur dans son pectoral avant de lever les yeux vers lui.

- Sanctionne moi pour voir. Un petit rictus taquin étirait le coin de ses lèvres tandis qu’entre deux de ses crocs, la chaire de Yuduar était encore prisonnière.  Sa senestre vint se poser sur la hanche gauche du capitaine tandis que l’autre remontait doucement dans son dos, invitation silencieuse à ne pas l’oublier un peu plus longtemps.