C’est donc avec pas trois, mais quatre petits qu’il se retrouve dans l’entrée pour aller faire les courses. Jéricho semblait être moins à l’aise avec les trois autres enfants qui formaient un groupe solide. Pas de haine entre eux, juste l’impression qu’elle faisait un peu tache à côté de leur complicité, un peu comme lui s’il regardait bien. Elle avait ce genre de coup d’œil curieux au trio comme une envie de faire partie du groupe, mais en même temps ne pas oser s’imposer dedans.

Dans ledit groupe, seulement Cyneburg semblait faire attention au mouvement ou à l’attitude de Jéricho ou en tout cas lui lançait des coups d’œil réguliers. Niloufar et Galadrielle eux étant dans leurs murmures ensemble sur une histoire de coussin, de plumes et de savon. Pour le coup, Faolan ne chercha pas à en savoir plus, une part de lui sentait que ce n’était pas une bonne idée de poser trop de questions.

Alors qu’ils avaient commencé à avancer dehors l’hybride chantelune semblait aller de moins en moins rapidement, comme si elle cherchait à faire marche arrière et que l’idée de sortir ne lui allait pas du tout au final. Il y avait en plus quelque murmure de gens autour et mine de rien cette situation mettait un peu les nerfs de Faolan à fleur de peau. Un léger orage les suivait au-dessus de leur tête et ça n’était rassurant pour personne.

Prenant sur lui il posa sa main dans le dos de la petite comme pour la pousser un peu plus en avant et la faire aller vers ses petits camarades. Cela n’eut pas l’effet voulu, elle sembla se tendre encore plus et ralentir encore. Contre-productif totalement.

— Qu’est-ce qui te fait peur ?
— Hein ? Je n’ai pas peur !
— Oui, c’est ça et moi je suis un Fenrir sauvage.
— Je n’ai pas peur.
— Hum, hum… Donc tu peux aller avec eux n’est-ce pas ?
— Je suis déjà dehors avec eux, vus que je fais partie de la sortie.
— Je veux dire avec eux pour parler.

Il eut un silence à cette phrase et le jeune père soupira dramatiquement avant de lever un peu la voix.

— Hey ! Les loustics, pourquoi vous laissez Jéricho toute seule ?
— Hein ?
— Quoi ?
— Mais !

Il eut un truc ressemblant à un pouffement de la part de Cyneburg suite à cette déclaration qui se mit à tapoter sur le bras de Galadrielle. La petit solstice regarda Jéricho, puis Niloufar avant de former un grand o avec sa bouche totalement surprise.

— Non ? Vraiment ?

Nouveau tapotement sur le bras et les trois autres qui regardaient la scène sans rien comprendre. Qu’est-ce qui se passait ? Est-ce qu’on ne pouvait pas avoir le décodage pour la petite blizzard ? Visiblement non pour le moment.

— Oh ! Je vois… Jéricho, je suis plus fâchée contre toi, alors vient.
— Vraiment ?

Il y a une sorte d’espoir et de joie dans la voix de la petite, comme si on lui offrait un cadeau d’anniversaire avant l’heure. Un hochement de tête lui répondit par l’affirmative et la petite se joignit au groupe avec un petit élan semblant être plus à l’aise, alors que les deux garçons de l’histoire semblaient toujours ne rien comprendre à ce qui arrivait. Ils se regardèrent tous les deux et haussèrent les épaules en duo avec un bout de rire avant de reprendre la route. Cette fois avec une ambiance beaucoup plus joyeuse et détendue.

Le reste de la sortie en ville fut assez calme et douce. La livraison de courrier fait en premier, puis les courses se firent sans aucune embrouille, même au contraire, le cuisinier semblait plutôt bien s’entendre avec le groupe, surtout Niloufar pour le coup. Une certaine solidarité masculine pour le coup. Même communiquer avec Cyneburg ne semblait pas si compliquer que cela. Il céda à tous les caprices des quatre enfants sur le menu du soir et même s’il avait ajouté de sa poche pour certain élément ça lui faisait plaisir et leurs sourires n’avait pas de prix.

Il avait le droit à de vraies piles électriques, si ça avait existé dans le monde. Tellement qu’il fallut à l’adulte rappeler deux fois de suite en haussant un peu le ton qu’ils ne devaient pas courir dans tout l’orphelinat et retirer leurs chaussures dans l’entrée. Rien de bien gênant en sachant que les quatre avaient un sourire aux lèvres.

Après les avoir envoyés se laver les mains avant de se mettre à la préparation du repas il passa voir Marthe pour voir s’il n’avait pas besoin d’une aide supplémentaire avant de s’attaquer à la cuisine. Se sentant un peu mal de lui avoir laissé autant d’enfants sur les bras d’un coup.

— On vient de revenir des courses. On aura une salade variée, des beignets de courgette, une soupe de citrouille et patate douce, ainsi qu’une tarte aux pommes en dessert. Ils m’ont dit pas être super à l’aise avec l’idée de manger de la viande.

Ce qu’il pouvait comprendre, surtout quand chacun d’entre eux avant une hybridation avec une créature qui aurait pu finir dans une assiette mine de rien. C’est ce que Jéricho lui avait expliqué, que même ceux qui avaient une hybridation carnivore étaient plus à l’aise avec une alimentation végétarienne pour le moment.

— Est-ce que je peux t’aider à quelque chose avant de partir en cuisine ? Est-ce que certains souhaitent aider Cyneburg, Niloufar, Galadrielle et Jéricho pour préparer le repas ?
— Oh ? Jéricho et Galdrielle ça va mieux ?

L’interrogation venait de Ithel, visiblement il semblait assez soucieux du bien être de sa sœur sur cette situation.

— Sachant qu’elles ont ri ensemble pendant presque tout le temps dehors, je pense que ça veut dire oui.
— C’est bien.

Et sans rien dire de plus, le sourire aux lèvres il retourna jouer avec les tout petits comme si cette intervention n’était rien du tout. Faolan secoua la tête, il ne voulait même pas chercher à comprendre et reporta son attention sur Marthe.

— Du coup ?

Du coup il y avait eu la guerre pendant l’absence du cuisinier visiblement. La bataille de boule de neige ou de boue il peut gérer sans souci. Même une bataille d’eau ou de polochon c’est bon dans son esprit. Il avait eu du mal avec la dispute entre hybrides plus tôt, mais là encore ça reste quelque chose qui ne lui porte pas profondément sur nerfs. Là il fixe la cuisine et un orage vient de se déclencher au-dessus de l’orphelinat. L’agacement et la contrariété plus que visible sur son visage, alors qu’il prenait sur lui pour ne pas hurler. Les batailles de nourriture étaient définitivement quelque chose qu’il déteste profondément.

— Du pain ? Non, vous avez été de vilaines filles qui ont gâché de la nourriture. Il y a des choses avec lesquels on ne s’amuse pas, en tout cas pas ainsi.

Oui, Marthe avait repris sa forme d’enfant, mais là c’est le dernier de ses soucis. Vraiment, il y a presque les éclairs qui se sentent dans sa voix et tous les enfants présents autour le fixent. Ils attendent le geste de trop, le vrai coup de tonnerre de sa part et pas seulement du ciel. C’est impressionnant comme c’est calme d’un seul coup.

— Tout le monde ne peut pas manger à sa faim, ce n’est pas quelque chose qu’on peut s’amuser à gâcher. Ce n’est pas un jeu du tout !
— Mais on a mis dans le four…

La petite a la voix qui tremble et les yeux humides de larmes, plus aucune joie n’est présente dans la pièce. Le cuisinier partit vérifier ses dires au niveau du four et remarqua, qu’effectivement, il y avait deux pâtons dans le four qui commençait à développer. L’orage se calma un peu, mais était toujours bien présent.

— D’accord, au moins vous n’avez pas menti, mais le reste de la farine de partout ? Ce n’est pas du gâchis peut-être ?
— Mais…
— Est-ce que tu comprends de pourquoi je suis énervé Fay ?

La petite secoue la tête négativement alors que les larmes débordent un peu de ses yeux. Un soupir passa à travers les lèvres de Faolan qui se mit à son niveau et lui essuya les larmes coulantes alors qu’un silence de plombs pesait toujours dans la cuisine.

— La nourriture est quelque chose de précieux. Certains ne peuvent pas forcément manger à leur faim. C’est quelque chose d’important et se permettre de gâcher cela est grave, parce que c’est comme si tu te moquais de ceux ne pouvant pas manger à leur faim.
— Ne savais pas…
— Je comprends… Désolé, je n’aurais pas dû… hum… Avoir ma magie qui soit aussi active… Ce n’est pas forcément grave, mais… hum…
— C’est important pour toi ?

C’est Ithel qui venait d’intervenir. Le cuisinier hocha la tête tout simplement en réponse et le fixait toujours avec une certaine peur dans le regard. C’était déstabilisant et le silence autour n’était pas pour le rassurer non plus.

— Est-ce que tu vas partir du coup ?
— Hein ? Mais bien sûr que non ! Oui, j’ai été en colère, mes gens ne partent pas juste parce qu’ils sont en colère pour une bêtise. Ce n’est pas la première bêtise de la journée et peut-être même pas la dernière, même si je préférais. On fait tous des erreurs, ce n’est pas un drame.
— Oh…
— Est-ce que les remplaçants que trouvent Roméo et Juliette partent souvent à cause de cela ?

Un silence lourd de signification se fit entendre.

— Est-ce que Roméo et Juliette font eux-mêmes cela ?
— NON !

Ah ! Cette fois la réponse était unanime, tous avaient répondu cela. Il y avait un brouhaha d’un seul coup de chaque enfant qui faisant, en même temps, son commentaire sur la gentillesse et patience du couple. Le changement brutal d’ambiance surprit Faolan avant de le faire carrément éclater de rire ce qui provoqua un nouveau silence, mais beaucoup plus calme.

— Vous les aimez beaucoup on dirait bien et ils prennent bien soin de vous. Bon… Qui m’aider à nettoyer cette cuisine et qui aider à nettoyer nos fauteurs de trouble ? Ce n’est pas tout, mais on a un repas à faire.

Rapidement des mains se lèvent pour l’aider à ranger, nettoyer et faire la cuisine pour le soir, alors que les autres rassemblent les tenues pour le soir et aide pour nettoyer les guerrières pleines de farine.