Restant derrière avec son familier, Jaina attendait que Fedora ait terminé de discuter avec les deux hommes afin de pouvoir faire ce pour quoi elle était ici. Boire un chocolat chaud puis partir. Pas qu’elle n’aimait pas la présence de la demoiselle, seulement elle ne se sentait pas à l’aise de se retrouver ainsi chez quelqu’un d’autre. Elle ne s’y sentait pas à sa place et malgré que sa main ait été muselée d’une certaine façon, Jaina avait peur. Elle avait peur que l’enchantement se rompre, que la douleur qu’elle avait ressentie par la passer reviennent à nouveau et que cette dernière fasse un carnage hors de son contrôle. Son esprit était toujours aussi faible et elle n’avait pas encore guéri depuis son retour. Son esprit lui jouait toujours des tours et elle tentait de faire son mieux, mais parfois ça ne fonctionnait juste pas. De l’extérieur elle laissait voir une jeune femme fatiguée, mais qui souriait parfois alors qu’à l’intérieur, elle était épuisée voir même vide. Elle préférait garder une certaine distance avec ceux qu’elle rencontrait pour éviter de leur faire du mal ou de les décevoir. Seuls ceux l’ayant connu réellement par la passer avant son retour, se trouvait toujours dans sa vie, mais elle avait le pressentiment d’en avoir déçu plus d’un.  

Le nez de son lugnipus se colla finalement à sa joue. Bien qu’elle avait dit se sentir bien, ce dernier sentait que sa maîtresse commençait doucement à partir là où elle ne devait pas aller. Elle le garda serrer contre elle profitant ainsi de la chaleur qu’il dégageait et rapporta son attention sur le trio. Elle avait à peine écouté ce qu’il avait dit bien qu’elle avait entendu que quelques mots tels que guirlande ou bien même son prénom et c’est un peu après cela que la demoiselle s’était donc approché d’elle pour s’agenouiller à ses côtés. Cobalt prit toutes les caresses qu’elle avait à lui donner alors que Fedora lui mentionna finalement le chocolat chaud soupoudré de cannelle. Au vu de ce dernier, celui-ci devait être le préféré de la demoiselle lorsqu’elle avait encore son apparence humaine. Cela doit dater depuis le dernier qu’elle ait pu consommer. Enfin, Jaina se laissa donc guider par la jeune femme alors que leur main était liée l’une à l’autre. Était-ce correct pour l’ancienne garde de se laisser faire ainsi? Aurait-elle dû mettre son pied à terre et mentionner qu’elle quittait la demeure pour retourner errer dans la ville? « Je t’écoute », dit-elle tout simplement à sa demande, et quand celle-ci prononça ainsi sa question, Jaina s’arrêta de marcher soudainement. Elle désirait qu’elle, qui lui était presque inconnue, mettre un souvenir agréable qu’elle avait de la demoiselle et d’elle-même dans une des boules? Mais pourquoi? Elles ne se connaissaient que très peu et Jaina ne s’en était tenue qu’au strict minimum en sa compagnie… Puis qu’est-ce qu’elle pourrait bien mettre.  Le bonhomme de neige n’avait été fait que pour faire plaisir aux enfants, mais pour Jaina elle ignorait le genre de souvenir qu’elle devrait y mettre. Ou peut-être devrait-elle tout simplement refuser? Qu’elle se trompait et qu’elle ne devait pas gaspiller une boule avec elle? « Fedora, je ne sais pas quoi vous dire. »

Elle cherchait surtout ses mots, pourtant ce n’était pas la mer à boire comme demande. Elle abandonna doucement sa main pour détourner légèrement la tête. « Je me sens mal en réalité, dit-elle dans un soupir. Depuis que je suis de retour, j’ai tout fait pour essayer de garder la plupart des gens loin de moi. J’essaie de m’en tenir au strict minimum… Ce que je mange n’a aucun goût pour moi ou je n’arrive tout simplement pas à le garder en moi. Je n’arrive plus à dormir… je me sens si vide. Alors, me demandé de mettre mon meilleur souvenir, alors que tout me semble fade… J’ai l’impression d’être une hypocrite quand je suis avec d’autres. Je sais que si tu avais rencontré celle que j’étais avant tout cela aurait été plus simple, mais je ne suis que l’ombre de moi-même. Tu ne devrais pas gaspiller l’une de tes boules de souvenir avec moi. » Cela lui avait pris tout son courage pour le lui en parler. « Je sais que cela te ferait plaisir, mais le problème c’est moi et ma tête… »

Maintenant qu’elle l’avait dit à la poupée, Jaina espérait que celle-ci ne pense pas en mal ou qu’elle ne se sente pas responsable de son refus. Elle ne voulait surtout pas l’attrister par son refus et encore moins attirer de la pitié. Depuis longtemps elle s’était résolue à vivre ainsi s’enfermant dans une spirale infernale. Aujourd’hui était un bon jour parce qu’elle avait croisé une bonne personne, mais demain serait très certainement différent. Peut-être se fera-t-elle un stock de boisson et boira seule. Peut-être prendra-t-elle des substances qui lui feront perdre toute réalité? C’était quelque chose qu’elle avait condamné pendant bien longtemps, mais aujourd’hui c’était différent et elle pouvait comprendre leur utilisation tant que cela n’était pas dans le but de nuire à une autre personne comme on avait tenté avec elle. Heureusement que Valentino s’était pointé ce soir-là, car qui sait ce qui se serait passé pour l’ancienne garde?

Bien évidemment Fedora sourit doucement en sa direction et ne semble pas réellement éprouvé de triste. Enfin, difficile à dire au vu de son visage quasi inexpressif. Au moins, elle affirma que ce n’était pas grave et qu’elle comprenait suivit par la suite d’un câlin purement amical envers elle qui ne sut trop comment réagir. Jaina ne bougea pas et resta ainsi attendant que cette dernière s’enlève, mais cela ne semblait pas faire partie de ses plans puisqu’elle releva la tête pour lui parler. Elle l’écouta et sentit que ces mots prononcés par la demoiselle étaient ce qu’elle ressentait aussi. Combien de fois aurait-elle voulu pleurer sa peine, mais qu’elle ne le pouvait pas à cause de son apparence? Comment la prendre au sérieux alors que son visage n’exprimait rien? Savoir qu’une jeune femme comme elle vivait ce genre de chose à cause de son pouvoir rendit Jaina encore plus mélancolique. Elle sentit une boule se former à sa gorge et elle avait surtout du mal à regarder cette dernière de face. Entre ses bras de tissu, Jaina tremblait doucement et tentait de retenir sa peine et sa douleur. Le garder pour elle avait toujours été plus simple que de le dire.

Incapable de parler, elle se laissa guider par la jeune femme entraînée ainsi par sa main qui tirait sur son bras. Le lugnipus suivit derrière s’inquiétant un peu plus pour sa maîtresse, mais ne dit rien. La poupée était une amie et bien qu’en territoire inconnu, il se savait en bonne compagnie. Jaina ne s’assied pas restant debout devant la tasse de chocolat qu’on venait de lui apporter. Les mots ne voulaient pas sortir d’entre ses lèvres la condamnant ainsi à rester muette. Elle hocha doucement la tête puis regarda la tasse un petit moment observant les guimauves flotter et tournant dans la boisson. L’attrapant de sa main de pierre, Jaina y lia sa seconde main pour profiter de la chaleur et prit une première gorgée en repensant à tout ce que cette demoiselle avait dit. Ce chocolat goûtait l’amertume du chocolat lui rappelant ainsi tous les moments difficiles par lesquels elle était passée jusqu’à présent, mais le côté sucré des chamallows venait adoucir le tout lui rappelant qu’il n’y avait pas eu que des mauvaises choses. Lin, qui s’était donné corps et âme pour trouver un moyen de l’aider avec sa main. Red qui s’était toujours montré compréhensif envers son état. Java qui n’avait pas changé d’avis sur elle malgré son état. Sa sœur, son unique famille, qu’elle avait retrouvé et il y avait Fedora, cette jeune femme qui n’avait jamais rien demandé à personne et qui ne souhaitait que répandre sa gentillesse et le bien de ceux qui l’entourait.

« Maman? »

Sans s’en rendre compte, les yeux de la demoiselle s’étaient emplis de larmes qui s’étaient doucement écoulées contre ses joues dans un grand silence. Voyant la première larme tombée sur la table, elle déposa le chocolat contre cette dernière et tenta vite fait d’essuyer ce débordement. Elle s’était promis de ne plus pleurer!

« Je…qu’est-ce que… désolé, dit-elle sans avoir aucun sens.
- Maman mal?
- Tout va bien, Cobalt…
- Maman pleure!
- Non, ça va s’arrêter…, tenta-t-elle de se convaincre. »

Elle se tourna en sa direction et ce dernier, sans attendre quoi que ce soit, sauta sur cette dernière. Écartant les bras et les jambes telle une étoile pour garder l’équilibre, Jaina battit des bras avant de passer un bras derrière le dos de son lugnipus maintenant bien grand.

« Je suis là, moi… » finit-il par dire.

Oui elle le savait, il avait toujours été là et il était le seul qu’elle n’avait pas rejeté et éloigné. Plaquant sa main gauche contre ses yeux, Jaina leva la tête vers le plafond espérant ainsi cacher sa douleur et sa peine qui ne faisaient que des siennes. Un léger sanglot s’échappa d’entre ses lèvres et elle n’avait envie que d’une chose; se rouler en boule sous une couette et ne plus en ressortir. Elle aurait voulu s’excuser auprès de Fedora pour son comportement, mais elle n’en était pas capable pour le moment.

Jaina avait toujours eu peur de nuire aux autres si elle leur parlait de ses problèmes et c’est justement à cause de cette réaction qu’elle ne voulait pas en parler. Elle se sentait si mal en elle qu’elle ne voulait pas que son fardeau devienne celui des autres. Pour Fedora, elle avait voulu être sincère avec elle, mais cela avait eu l’effet qu’elle redoutait le plus. Elle avait débouché la bouteille et celle-ci ne semblait pas vouloir se refermer débordant ainsi à flot. Peut-être qu’après avoir séché ses pleurs, elle se sentirait mieux? Après tout, la demoiselle n’avait certainement pas tort. Tout garder en elle n’était certainement pas la meilleure des solutions et normalement Cobalt était avec elle pour gérer ce genre de crise.

Elle se décida finalement d’enlever sa main de devant ses yeux et regarda en direction de la demoiselle qui tenait en main un mouchoir qui lui était destiné. Elle l’attrapa de sa main trempée de larmes et s’essuya vite fait le visage et surtout les yeux en vérité. Elle prit de grandes inspirations pour tenter de se calmer et se pencha pour laisser le familier retomber sur ses pattes. Passant ensuite le mouchoir sous son nez, elle tenta de souffler discrètement puisqu’elle ne voulait pas faire office de trompette.

« Désolé Fedora, je ne voulais pas faire une scène. Tu es toujours si gentille avec moi… » Dit-elle en laissant tomber cette fois-ci le vouvoiement. Glissant le mouchoir dans sa poche, Jaina soupira finalement et se remit face à cette table prenant cette fois-ci place en face de son chocolat chaud. Elle prit sa tasse en main et en prit de nouveau une gorgée. « Il est très bon… » Ajouta-t-elle avec un sourire en coin. Gênée d’avoir pleuré ainsi devant cette dernière, la barrière que Jaina avait élevée semblait s’être fissurée à un endroit.  D’ailleurs elle posa son regard bleuté et rougit par les larmes sur cette dernière un moment avant de souffler sur son chocolat chaud. « Merci, Fedora… Ce que tu me dis me touche vraiment. Je n’ai jamais été bien entourée d’amis et il m’est plus facile de me renfermer et de faire semblant devant ceux qui me sont proche… Je ne veux pas qu’ils me voient ainsi… Je ne veux pas qu’ils sachent. » Bien évidemment, le seul qui aurait pu la comprendre avait tout aussi bien subi un traumatisme qu’elle bien que différent. Et c’est ce qui était le plus triste. Reprenant une gorgée du breuvage, Jaina tentait de se changer les idées et de penser à autre chose. La tête du loup vint se poser sur sa cuisse alors qu’elle voyait ses sourcils bouger au gré du mouvement de ses yeux.

S’il y avait bien un souvenir agréable qu’elle ne pouvait s’effacer, c’était le moment de la naissance de ce dernier. Elle avait récupéré son œuf en compagnie du capitaine Hekmatyar suite à une sortie et bien que tout ait changé par la suite, cette petite boule poilue avait changé sa vie. Elle s’était assise devant l’œuf après avoir fait toutes les recherches qui lui étaient nécessaires pour s’occuper de ce dernier et après avoir acheté tous les biens nécessaires pour en prendre soin. Elle avait observé un petit moment l’œuf et puisqu’elle ignorait ce à quoi il allait ressembler, elle l’avait nommé grâce à la couleur de son œuf. Cobalt était le premier nom qui lui était venu en tête et surtout le seul à franchir les lèvres de la garde. L’œuf s’était alors fissuré alors que le petit canidé peinait à sortir de sa coquille. Quand elle avait vu sa petite bouille, son cœur s’était rempli de tendresse et elle l’avait aussitôt pris dans ses bras pour le caresser et l’étreindre avec douceur. Elle savait que ce dernier allait devenir sa plus fidèle compagnie. Même si Plue avait été le premier familier à la suivre dans ses aventures, le lien qui s’était créé avec la petite boule de poil n’avait rien à voir.

Si elle devait avoir son propre sapin à souvenir, le souvenir des premiers moments de Cobalt serait très certainement dans le sapin.

En effet il était normalement d’être gentil et amical avec ses amis, mais pour Jaina, même si cette dernière avait souhaité lui crier sa façon de penser, elle se serait certainement tût et l’aurait laissé faire sans rien dire de plus. Mais Fedora n’était pas du tout ce genre de personne. Elle était adorable et bien trop gentille pour ce que la plupart des gens lui faisaient subir. Enfin, maintenant que ses larmes s’étaient calmées elle avait pris place à la table et Fedora avait fait de même. Un silence s’était donc installé alors que la blonde semblait s’être perdue dans ses souvenirs, mais le petit ricanement de Fedora la fit détourner la tête en sa direction. Pointé du doigt, Jaina se demanda alors ce que cette dernière s’était mis en tête.

« Une soirée fille? » demanda-t-elle en penchant doucement la tête sur le côté. Les seules fois où elle n’avait pas dormi dans son propre lit, elle s’était retrouvée dans les appartements d’Arthorias et elle avait passé la nuit là. Il lui avait prêté quelques vêtements assez amples et rien ne s’était passé. La seconde fois, c’était avec sa sœur, la première fois qu’elle l’avait retrouvé. Elles avaient dormi toutes les deux dans le même lit, mais aucune des choses qu’énumérait Fedora n’avait été faite avec l’un ou l’autre. Enfin, la demoiselle avait déjà concocté son plan et il semblait si parfait qu’on aurait dit qu’elle avait déjà tout planifié depuis le début de leur rencontre. Elle fronça les sourcils et ne savait pas comment refuser cette soirée à la demoiselle. Après tout, elle disait elle-même n’avoir jamais eu d’amie à dormir chez elle et cela devait être encore plus difficile depuis qu’elle avait cette apparence.

« Je…euh, très bien.  Par contre, je ne veux pas mettre de robe! »

Bien évidemment, elle parlait surtout des vêtements de la mère de la demoiselle. Parce qu’elle se sentirait bien étrange de les mettre. Enfin, Jaina termina alors son chocolat chaud et se rendit avec Fedora jusqu’au salon où le sapin avait déjà été installé par les deux hommes qui prenaient doucement leur tasse de café en discutant. Voyant arrivés les deux jeunes femmes, les deux hommes se turent et saluèrent ces dernières. Bien évidemment, Fedora ne put s’empêcher de clamer haut et fort sa joie sur le fait que Jaina allait rester pour la nuit et quand le regarde de la blonde croisa celui de Wilfred ainsi que Gaspard, elle ne put que lire la bienveillance sur leur visage. Sachant maintenant qu’il avait une invitée en plus à nourrir pour l’heure du repas, Gaspard alla donc préparer le repas pour toute la maisonnée. Jaina offrit d’aider, mais fut chassé poliment puisqu’elle était une invitée. Enfin, elle avait tout de même pris la peine de mentionné sa difficulté à s’alimenter ce dernier lui avait servi de plus petite portion qu’elle s’était forcée à manger au complet. Elle pouvait affirmer que le repas était quand même bon bien que cela lui avait fait bizarre de manger ainsi.

Une fois le repas terminé, Jaina suivit alors Fedora jusqu’à sa chambre où elle commença à lui montrer ses nombreuses robes. Bien évidemment, celle-ci s’était montrée bien suppliante pour qu’elle enfile au moins une seule robe et poussa un soupir la demoiselle ne put le lui refuser. Était son côté garde qui ne savait pas dire non à la noble qu’elle qu’elle était où était-ce seulement pour lui faire plaisir qu’elle le fit. Allant à la salle de bain pour se changer, Jaina enfila donc la longue robe de soirée que lui avait donnée la mademoiselle et en se regardant dans le miroir, elle ne se reconnut pas. Une robe échancrée dotée d’un décolleté plutôt plongeant jumelé à ses nouvelles formes lui donnait des airs de femme fatale. Elle ne pouvait pas sortir! Pas vêtu ici. Secouant la tête, elle fit quelques pas et se dirigea finalement vers la porte qu’elle entrouvrit pour y passer la tête.

« Fedora, je ne peux pas sortir vêtue ainsi! C’est bien trop… » Elle ne sut même pas comment terminer cette phrase.  

Jaina avait une certaine crainte fasse à cette soirée, voir plutôt à cette nuit. N’étant pas parfaitement à l’aise, elle avait peur de ne pas trouver le sommeil comme elle avait réussi à trouver une fois avec sa sœur. Elle s’était sentie si bien en sa compagnie que ses songes n’avaient été que noirceur. Aucune image troublante n’était venue la chercher et ne l’avait réveillé. Mais ici c’était différent. La poupée n’était pas sa sœur et même si elle dormait dans le même lit, celle-ci ne dégageait pas la même chaleur qu’un être vivant et bien que la journée elle occupait bien ses pensées alors qu’elle parlait sans cesse, en pleine nuit ce ne serait pas le cas. Peut-être devra-t-elle s’excuser un instant auprès de la demoiselle pour sortir un moment. Enfin, elle verra à ce moment.

Lors du repas Jaina n’avait presque pas eux à parler. Quelques questions ici et par là sur son parcours, mais rien de trop personnel. Après tout, Wilfred en savait déjà un peu plus sur elle ainsi que sa main de pierre qu’elle ne tentait plus réellement de cacher. Elle faisait partie d’elle dorénavant, même si l’entité qui y sommeillait lui faisait toujours peur. Tant qu’elle gardait cette protection magique sur elle, rien de mal ne pourrait lui arriver. Seulement, il lui faudra un jour la retirer pour la nettoyer ainsi que laver la pierre qui lui servait maintenant de membre.

Après le repas, Fedora s’était empressé de l’amener jusqu’à sa chambre où elle lui montra toutes les robes qu’elle possédait. Il y en avait beaucoup et Jaina n’avait jamais vu une aussi grosse garde-robe que pour une seule personne. Pour sa part, ces vêtements se tenaient dans un grand sac tout simple, même si elle les avait entreposés en partie dans son sac sans fond et dans les meubles qui se trouvaient dans sa maison portative. D’ailleurs, la poupée s’étend mis en tête de lui faire porté une robe s’entêta et Jaina ne put que céder face à elle et mis alors la robe sombre que lui avait trouvé Fedora. Elle l’avait enfilé rapidement tout en laissant tomber ses vêtements au sol et se regarda un moment. Cette tenue était bien trop osée pour elle et quand elle le mentionna par l’ouverture de la porte à la jeune fille, celle-ci ouvrit la porte sans aucune gêne.

« Je ne pense pas que cette robe était portée dans le but d’une simple balade en ville. Elle devait la garder pour des occasions spéciales… Enfin, j’aimerais bien pour me changer avant que quelqu’un… » n’ayant pas le temps de finir sa phrase, Wilfred entra en avisant qu’il était déjà minuit passé et promena vite fait son regard sur les deux femmes avant de leur souhaité la bonne nuit..  « ne me voit… » Termina-t-elle lorsque la porte se fut fermée. C’est justement pour ce genre de chose qu’elle ne voulait pas se montrer. « Je veux me changer et après on verra. » dit-elle en repoussant la demoiselle hors de la salle de bain encore gênée de s’être fait surprendre par Wilfred. En tant normale cela ne lui aurait pas dérangé, mais les circonstances étaient différente. Il ne s’agissait pas de sa robe, mais bien celle de la mère de Fedora et celle-ci l’exposait bien trop même si elle avait fait pire autrefois. Enfin, Jaina se dépêcha et sortit de la salle afin de regarder en direction de Fedora. Elle avait donc opté pour des vêtements plus confortables afin de se préparer pour le reste de la soirée et surtout pour ne pas avoir à se rechanger gardant toujours cette protection en tissus sur son bras droit qui laissait voir ses doigts de pierre.

Détachant sa tresse afin de laisser libre sa chevelure maintenant blanche, Jaina regarda cette dernière. Elle ne savait pas trop ce qu’elle voulait faire, mais peut-être qu’elle avait une idée.

« Tu te souviens que je devais aller voir, Lin, et bien sache, que lorsque je suis repartie de chez elle, je suis repartie avec un emport’tout modifier. Il s’agit de ma maison maintenant. Donc si tu as une pièce assez grande, je pourrais l’ouvrir. Vu de l’extérieur cela ressemble à une grande tente, mais une fois à l’intérieur c’est là que la magie opère. »

Jaina ne savait pas s’il s’agirait de quelque chose d’amusant pour la jeune poupée, mais comme il s’agissait d’un objet enchanté par son amie Lin, peut-être qu’elle serait intéressée de voir ce qu’elle était capable de faire. Par contre, il leur faudrait une plus grande pièce que la chambre de Fedora pour accueillir la tente, car cette dernière pouvait accueillir plusieurs en son sein. Seulement, elle avait été enchantée pour ne pas avoir l’air d’une simple chambre, mais bien d’un appartement avec quatre murs, mais pas de séparation de pièce sauf pour la salle de bain dans laquelle se trouvait un bain-douche, d’une toilette et ainsi qu’un lavabo. Ce n’était pas grand et luxueux, mais c’était efficace. Enfin, la demoiselle se fera elle-même une idée.

« Oui en effet tu as raison. »

Et comme de fait Jaina fouilla dans son sac pour retrouver le petit cube rouge qu’elle n’aurait qu’à lancer. D’ailleurs, où son glooby s’était-il caché? Elle ne pouvait pas le mettre dans son sac sans fond de risque que de perdre pour l’éternité et qu’il en meurt, mais heureusement, elle n’avait pas encore mis les vêtements qu’elle portait dans ses sacs et elle fouilla les poches de sa tunique et y trouva le petit qui s’y trouvait coucher en boule. Soupirant, elle le mit sur son épaule.  « Voici Plue, je ne pense que pas que tu l’es déjà rencontré. Je l’avais laissé auprès de ma sœur. » Fedora ne connaissait pas le passé de Jaina et elle ne souhaitait pas en parler. Cela accentuerait très certainement la tristesse de la poupée à son égard et ce n’est pas ce dont elle avait besoin pour le moment.

Bien évidemment, Fedora entraîna Jaina au travers des couloirs. Elles descendirent d’un étage pour finalement arriver à une grande salle de réception dont lui parla Fedora. Bien évidemment, la brunette fait preuve de mélancolie voir un peu de solitude. Elle aurait aimé pouvoir recevoir ses amis pour fêter en grand le solstice d’hiver, mais peu de personnes auraient répondu à l’appel. C’était tout de même triste non? « J’imagine que même s’il n’y a pas beaucoup de personnes et que tu es entourée de gens que tu aimes et qui t’apprécie, c’est ça l’important, non? » Après toute la nature de cette fête sont de se regrouper afin de passer du temps en famille et/ou entre amis et de se remémorer de bons souvenirs. « J’en pense que tu devrais y aller… » Et en ce qui concernait Faolan, Jaina la regarda doucement avec un regard bienveillant. « Si ce garçon te manque, pourquoi ne pas l’invité aussi. Quoique s’il s’agit d’une invitation pour une soirée au palais, cela pourrait être compliqué pour lui, à moins qu’il y aille en tant qu’accompagnateur. »

Jaina fit une légère inspection des lieux pour s’assurer que rien ne puisse être accroché, mais dans tous les cas, l’espace était amplement suffisant et elle faisait cela surtout par habitude. Elle s’assura surtout que Fedora ne se mettre pas dans le chemin et elle lança alors le cube au sol où une tente apparut en plein milieu de la salle.

« Maison? Demanda Cobalt qui ne comprenait pas.
- Oui, je vais montrer notre maison à Fedora.
- Fedora dormir maison?
- Ça ne me dérange pas, enfin, si elle le veut bien. Ce n’est pas aussi luxueux que sa chambre, mais au moins c’est mon chez-moi… »

Elle s’avança alors ouvrant la porte de la tente pour la laisser passer. Première chose qu’elle peut remarquer en y mettant les pieds, c’est la présence de lumière que Jaina s’empressa d’allumer. Il y avait un petit salon où se trouvait un tapis aux motifs colorés sur lequel était une table basse et de nombreux coussins en guise de siège. Un peu plus loin, il y avait le lit de la demoiselle qui se trouvait cacher par de long rideau qui partait du plafond jusqu’au sol. Il y avait quelques meubles de rangement. Juste à côté se trouvait alors la cuisinette où elle pouvait ranger la nourriture. Elle avait même de quoi tenir au frais la nourriture périssable. Elle avait autant accès à l’eau chaude et froide que ce soit dans la cuisine ou la salle de bain qu’elle montra rapidement. Quelques accessoires de décoration s’y trouvaient et elle s’était assurée de mettre un grand vivarium sur l’une des commodes pour y mettre son glooby lorsqu’elle devait dormir. Lorsque la tente était rangée, aucun être vivant ne devait y rester.

« Voilà, c’est chez moi. Lin a fait du très bon travaille et je dois dire que je ne manque de rien et que je suis très chanceuse. »

Observant la réaction de Fedora face à son glooby, Jaina savait que cela allait lui plaire. Après tout, ne rêvait-elle pas d’avoir un familier? Même si Wilfred ne voulait pas qu’elle possède un compagnon, un glooby ne demandait pas réellement d’entretien, sauf un peu de nourriture et d’eau fraîche et que l’on nettoie le vivarium dans lequel il vivait. Puis, cela faisait un compagnon amusant et mignon à la fois pour les accompagner. « Malheureusement, je ne lui ai pas offert de magie de familier. Il n’y a que Cobalt qui a la possibilité de parler. Mais je suis sûre qu’il t’a compris. N’est-ce pas Plue? » Aucune réaction du familier si ce n’est qu’un bâillement puisqu’il fut perturbé dans son sommeil. Enfin, elle le posa sur son épaule et suivit alors Fedora ainsi que sa peluche qui semblait avoir retrouvé sa voix. « Toujours un plaisir, Grimlin. » Dit-elle intentionnellement. « Tu étais plus agréable endormis. » Continua-t-elle sans gêne.

Enfin arrivé dans la grande salle de réception, Jaina avait aussitôt lancé le cube rougeâtre au sol et la tente s’était aussitôt mise en place au sol. Elle ignorait si sa réponse avait suffi à Fedora lorsqu’elle lui avait demandé son avis au sujet de Faolan, mais cela semblait avoir détourné le sujet sur une invitation à dormir dans sa demeure lancé par Cobalt lui-même. Comme à son habitude, elle ne voulait pas s’imposer et dit à la demoiselle que c’était selon ses désirs à elle bien qu’elle précisa que le confort ne serait sûrement pas le même. En tout cas, le lit était bien plus étroit que celui de Fedora. Mais bon la réaction de la poupée la surprit tout de même. Elle s’attendait à une certaine joie, mais de là à lui sauter au cou? Pas de tout! Elle en resta même figée pendant un petit instant avant de reprendre ses aises  lorsqu’elle s’éloigna d’elle de quelques pas. Celle-ci était si heureuse qu’on lui propose et c’était la première fois. En tout cas, elle accepta aussitôt reprenant son sourire et Jaina, dans un élan de compassion, déposa sa main sur la tête de cette dernière et caressa doucement ses cheveux de poupées. Le sentait-elle lorsqu’on la touchait ainsi, d’ailleurs? Enfin, elle chassa bien vite sa question. Même si ce n’était pas le cas, elle comprendrait le geste.

Elles entrèrent donc et première chose que la demoiselle fit, fut de courir et de se lancer dans la pile de coussins qui se trouvait au sol. Jaina complimenta le travail de qualité de l’enchanteresse et s’avança alors en direction de son lit où elle s’assied.

« Oui, Lin travaille bien et reste professionnelle et je ne pourrai jamais autant la remercier. C’est aussi grâce à elle que je me sens plus à l’aise avec mon bras. » Dit-elle en levant sa main devant elle. « Enfin, je ne peux pas réellement te le montrer. J’ai failli m’évanouir en mettant le gant tellement la douleur était forte, mais je me dis que je n’aurai pas le choix de l’enlever pour au moins nettoyer le tissu et mon bras de pierre. » Elle soupira un bref instant avant de la rabattre à ses côtés et de regarder en direction de Fedora. « Tu n’arrêtes pas de dire que nous sommes fantastiques, mais tu l’es bien plus que nous. » Dit-elle sérieusement. « Je ne sais pas comment tu fais et je ne peux qu’être impressionnée par ta persévérance, mais être toi ne  me semble pas facile du tout et je n’ose même pas m’imaginer une seule seconde à ta place. Enfin, nos parcours sont différents et je ne veux pas nous comparer, loin de là, mais tu sembles toujours vrai… Le fait d’exploser de joie ainsi et d’exprimer tes sentiments de cette façon, je trouve cela mignon. » Un drôle de sourire s’afficha sur ses lèvres comme si elle réalisait un peu la contradiction entre la façon qu’elle réagit à cela. « Enfin, je sais que c’est plus difficile essayer de me comprendre. J’ai l’air bien sérieux et je n’extériorise pas ce que je pense… enfin. Tu me suis? »

Jaina espérait qu’elle s’était montrée clair du moins que Fedora avait plus ou moins compris ce qu’elle tentait de lui dire. Bien qu’elle était maladroite, tout ce qu’elle essayait de dire c’est qu’à ses yeux la jeune femme était plus forte qu’elle ne le croyait et qu’elle l’admirait tout comme cette dernière ressentait de l’admiration pour elle. Ça ne devait pas être simple de vivre ainsi dans ces conditions avec un tel physique. Et elle ne parle pas de l’aspect esthétique, mais bien pratique. Celle-ci n’avait pas de muscle pour soulever quoi que ce soit de lourd sans que ses bras n’en tombent. Elle ne pouvait ni boire ni manger et n’avait donc plus la possibilité de goûter. N’était-ce pas triste? Puis, l’incapacité de faire savoir comment l’on se sent sans être obligé de parler ne lui était plus possible. Mis à part son sourire qui changeait, ses grands yeux ronds sans paupière ne lui permettaient pas de plisser les yeux ou bien même de froncer les sourcils. Mais les deux jeunes femmes se comprenaient plus qu’elles ne le pensaient.

Jaina laissa donc cette dernière finir de parler pour ne pas l’interrompre et pendant ce temps, elle s’approcha d’elle s’asseyant à ses côtés dans les coussins. Celle-ci s’était recroquevillée tenant ses jambes contre son torse et Jaina ne put que ressentir une profonde tristesse en l’écoutant. Elle glissa sa main sous son menton afin de lui garder la tête haute et aussi pour l’observer dans les yeux. « Tu es forte, Fedora. Tu ne devrais pas en douter. Peut-être que tu me perçois ainsi, que tu crois que je suis forte, mais tu n’as qu’une partie de la médaille devant toi. » Elle laissa tomber sa main à ses côtés avant de croiser ses bras en croix contre sa poitrine et de détourner la tête. « Je suis rendue à un stade où plus rien ne m’apaise… Je bois au point d’oublier, il m’arrive de prendre des choses pour engourdir mon esprit et …et… » Elle poussa un soupir ne désirant pas lui parler de ces autres occupations qui lui procurait du plaisir éphémère.  « Bref, je ne suis pas blanche et il y a certainement plus de noir chez moi que tout le reste. Tu vis ainsi depuis longtemps, mais moi ça ne fait que quelques mois et j’en suis à ce stade… Je ne suis pas un bon exemple, bien que je continue à avancer tout comme toi dans l’espoir qu’un jour on laisse mon esprit en paix et que je puisse retrouver un semblant de calme. » Secouant la tête, elle mit ses deux mains contre les avant-bras de cette dernière. « Tout ce que j’essaie de te dire, c’est que je te trouve formidable, tu es courageuse et même si tu ne peux pas toujours tout faire, demander de l’aide est une forme de courage aussi. Garde la tête haute et ne te laisse pas abattre par les gens qui osent juger sans te connaître. Ils ne te méritent pas de toute façon, puis toi aussi tu as droit au bonheur Fedora. »

Jaina se remit donc sur pieds, invitant la jeune poupée à faire pareil. « Je ne te laisserai pas dormir sur les coussins. » Affirma elle-même si le terme dormir n’était pas le plus approprié avec elle. « Mon lit est assez grand pour que nous y soyons bien mises toutes les deux. Puis Cobalt dormira sûrement au pied du lit comme il a l’habitude de faire. Seulement, je vais dormir du côté droit du lit, pour garder ma main droite éloignée de toi. » Elle se mit à regarder autour d’elle pendant un moment. « Euh, puis j’ai des livres sur les canidés si tu t’ennuies. »

Fedora ne voulait pas la juger pour les choix qu’elle faisait pour tenter d’oublier ou du moins pour calmer son esprit. Elle comprenait que Jaina utilisait les moyens qu’elle trouvait le plus efficaces selon elle, bien qu’il ne s’agisse pas des meilleures. Jaina le savait, mais cela l’apaisait et c’était bien plus simple que d’affronter directement ses peurs. Elle craignait qu’en allant voir un médecin ou bien même un psychologue que ce dernier veuille la garder ou bien même lui priver de sa liberté. Cela impliquerait qu’elle doive parler de tout même de sa main qu’elle avait obtenue après qu’un être supérieur avait décidé de prendre le contrôle de son corps, et ce à plusieurs reprises. Jaina avait libérer quelque chose, mais son esprit ne voulait pas lui faire oublié cela. Elle avait l’impression qu’on lui disait qu’elle ne s’appartenait plus, mais qu’elle était bien la chose de cette île. Jaina refusait de terminer en cage pour des actes dont elle ne put même pas se protéger.  

Enfin, la poupée réitéra son offre concernant l’aide qu’elle pouvait lui apporter bien qu’elle utilisa contre elle les paroles qu’elle avait dites un peu plus tôt lorsqu’elle tentait de convaincre la demoiselle de sa force. Demander de l’aider était une forme de courage, mais Jaina n’en avait pas et elle fuyait tout simplement ses problèmes en tentant de les noyers ou de les cacher. Elle ne pouvait pas mieux le dire qu’ainsi, elle était lâche. Soupirant, elle hocha tout simplement la tête pour lui faire comprendre qu’elle avait bien compris, mais Fedora ne pourrait sûrement pas y faire grand-chose. À moins qu’elle ne cache une potion qui permettrait de faire oublier des souvenirs.

Enfin, elle se remit sur pieds invitant par la même occasion la demoiselle à se reposer dans son lit même si celle-ci ne pouvait pas vraiment dormir. Cela n’était-il pas épuisant que de toujours être éveillé de la sorte? Non pas seulement sur son corps, mais sur son esprit? Le temps devait lui paraître bien long et Jaina en savait quelque chose. Enfin, peut-être que cette nuit allait être différente peut-être allait-elle réussir à dormir grâce à la présence de la demoiselle. Après tout, elle avait réussi à dormir avec sa sœur les soirs qu’elle s’était retrouvée dans sa demeure, mais aussitôt partie, aussitôt les mauvais rêves furent de retour et même la présence de Cobalt ne les chassait pas. Peut-être était-ce tout simplement l’ambiance et la joie accrue d’avoir retrouvé une sœur qu’elle ne croyait pas avoir qui avaient joué en sa faveur? Enfin, elle le saura d’ici peu.

Jaina laissa donc la demoiselle s’installer et ferma les cristaux de lumière avant de prendre place pour se glisser sous ses draps. Tapant au pied du lit de sa main, Cobalt y bondit aussitôt. Il était gros et prenait bien plus de place que lorsqu’il était petit, mais cela ne le dérangeait pas. Il tourna quelques fois sur lui-même avant de s’allonger sur les draps en se mettant en boule pour tenter de se faire petit. Jaina, elle se mit face à la poupée qui lui souhaita la bonne nuit tout en mettant ses bras autour d’elle comme si elle cherchait à réconforter l’ancienne garde. Fermant les yeux, peut-être allait-elle finalement trouver le sommeil ce soir. « Bonne nuit Fedora… » dit-elle tout simplement.

Les premières minutes furent longues, mais elle se concentra sur la respiration de son lugnipus non loin d’elle. Elle finit par s’endormir, bien qu’elle fût agitée donnant ainsi l’impression de se battre contre quelque chose d’invisible. Murmurant des choses incompréhensibles, pour la poupée, Jaina récitait les gravures qu’elle avait pu lire, jusqu’au moment où elle se retrouva de nouveau jugée par ses êtres difformes qui la pointaient du doigt. Elle se voyait se changer complètement en pierre alors que derrière ses amis se retrouvaient mutiler par le monstre qui les avait poursuivis et c’est à ce moment qu’elle se réveilla en sursaut. Le corps couvert de sueur, la respiration haletante, Jaina prit quelques instants avant de reprendre le contrôle d’elle. Mettant sa main contre son front, elle soupira… « Pardon… Je ne voulais pas t’inquiéter. Je vais tenter de me recoucher… » Normalement elle se serait levée, aurait marché, puis le jour aurait fini par pointer le bout de son nez.

Se réveiller en sursaut n’avait jamais été une chose facile. Normalement, il n’y avait que son lugnipus qu’elle dérangeait dans son sommeil, mais là, il y avait aussi la jeune poupée qui ne pouvait pas dormir et qui se tenait à ses côtés. Jaina s’excusa bien évidemment puisque c’était logique pour elle. Elle venait de troubler la quiétude de la nuit avec elle ne sait trop quoi. Elle n’avait pas senti son étreinte se raffermir lorsqu’elle avait commencé à s’agiter dans tous les sens, mais étrangement, cette dernière décida tout simplement de coller à elle Jaina la berçant ainsi doucement comme une enfant ayant fait un cauchemar et elle ferma les yeux. Un mal de crâne martelait ses tempes et elle sentant une pression tout le contour de ses yeux. Son corps fatiguait de luter ainsi, mais son esprit semblait toujours avoir le dernier mot.

Cette fois-ci, Jaina se concentra sur la mélodie que Fedora chantonnait afin de se rendormir bien que cela lui prit du temps. Après tout, son corps semblait toujours en alerte, elle avait une boule à l’estomac qui la tiraillait comme si elle sentait quelque chose de menaçant qui allait surgir à tout moment. C’était idiot, puisqu’elle ne pouvait pas être plus en sécurité qu’ici. Elle ne se trouvait pas à l’extérieur, sa tente avait été mise dans la grande maison de Fedora qui était fermée à clé. Rien ni personne ne pouvait l’atteindre ici… Elle finit par retrouver que trop tard et la nuit fut très courte comme à son habitude. Un réveil difficile, mais obligatoire puisqu’elle devait quitter la demeure de Fedora. Tout le monde sorti de la tente y comprit son glooby et elle referma son emport’tout de luxe qu’elle garda en main, afin de suivre la demoiselle jusqu’à sa chambre où elle y récupéra ses affaires pour se changer. Rangeant son petit cube rouge et doré dans le bon compartiment de son sac, elle redescendit en bas, profitant une dernière fois de la gentillesse de Fedora et mangea un repas plutôt léger avait de procéder aux au revoir. Bien évidemment, elle aurait pu rester, passé un peu plus de temps avec Fedora, mais Jaina ne pouvait pas. Elle avait encore des courses à faire avant de reprendre la route.

« Au revoir, Fedora et merci de m’avoir accueilli. J’espère qu’on se reverra… » Bien évidemment, elle ne pouvait pas prévoir ce qui pouvait lui arriver, mais au moins elle savait où trouver la demoiselle au besoin, bien au contraire d’elle qui n’avait pas d’endroit spécifique où elle vivait.