Elle était touchée par les propos de ce dernier, bien que ce dernier affirme ne pas être garant d’elle, il disait tenir à elle et qu’il ferait tout en son pouvoir pour lui venir en aide s’il la savait en danger. Seulement ce que Nemue avait tenté de lui faire comprendre, c’est qu’elle ne désirait pas qu’il se sente responsable s’il n’y arrivait pas. Il n’avait pas le pouvoir de se téléporter à ses côtés et elle avait été chanceuse de survivre aussi longtemps cette nuit-là. Elle le ressentait jusqu’à sa moelle osseuse, ces derniers avaient bien eu l’intention de mettre fin à sa vie, mais pas avant avoir joué avec elle. Enfin, elle hocha tout simplement la tête alors qu’elle dépose une main contre l’une des siennes qui s’étaient posées sur ses épaules. À ce moment, le membre de la garde envoyé par le soldat Drak’gnir toqua à la porte et Nemue dû revivre à nouveau ce moment épuisant.

Par la suite, Aslander avait préparé le repas du midi, enfin elle ne pensait pas que le temps avait passé si lentement depuis qu’elle était arrivée. Enfin, il faut dire qu’elle n’avait pas mis le nez à l’extérieur depuis qu’elle était chez son ami. Peut-être qu’ils étaient tout simplement décalés. Dans tous les cas, la soupe aux nombreux poissons était tout de même excellente et elle ne manqua de lui dire avant de soucier tout de même de l’emploi du temps de ce dernier. Elle n’avait pas envie d’accaparer tout son temps et ni l’empêché d’aller où bon lui semblait. Après tout, elle avait déboulé chez lui sans prévenir et Aslander c’était aussitôt occupé d’elle, et ce depuis qu’elle était entrée dans sa demeure. Il était réellement aux petits soins avec elle et s’il continuait ainsi elle allait très certainement y prendre goût ce qui ne devait pas se passer. Après cela, les autres rencontres allaient très certainement lui sembler bien fades et elle allait toujours comparer ces derniers à son ami. Enfin, elle n’était pas de ce genre de toute façon, elle préférait apprendre à connaître chaque individu puisqu’elle savait qu’aucune personne n’était identique. Un petit sourire s’était dessiné sur ses lèvres alors que son regard observait sa main qui tenait la sienne.

- Je veux bien me reposer, mais je ne peux pas m’empêcher de m’inquiéter pour vous comme vous le faites pour moi. Vous êtes un homme d’affaires en plus d’un aventurier alors je peux comprendre que parfois, le temps c’est de l’argent... et que voilà, dit-elle finalement en secouant légèrement la tête. Je ne peux pas m’empêcher de me dire que je suis une nuisance à vos plans même si vous me dites le contraire.

Elle était ainsi la demoiselle. Plutôt que de s’inquiéter pour elle, elle avait plutôt tendance à se soucier des autres ce qui pouvait parfois l’amener dans des situations difficiles comme la dernière fois. D’ailleurs, avec tout cela, elle espérait que la fermeture de sa boutique et son comptoir médicale ne soit pas de longue durée. Elle n’avait pas envie que cela remonte jusqu’aux oreilles de Luz et qu’elle doive s’expliquer auprès d’elle. Enfin, normalement, les villageois de Manillam étaient plutôt compréhensifs et savait qu’elle ne pouvait y être en tout temps et à tous les jours, mais rester fermé jusqu’à une durée indéterminée, ils allaient très certainement se questionner. Elle espérait que Irhu et Lith laissent un mot bref, mais compréhensible pour tous.

- J’espère qu’avec tout cela, ça ne causera pas de problème avec l’Apothicarium. Cela ne fait que quelques mois que les rénovations sont complétées et je dois déjà forcé la fermeture temporaire de mon établissement. J’espère avoir des nouvelles de la garde rapidement…

Enfin, pour le moment, elle allait profiter de la présence de son ami tant qu’elle le pouvait et termina son repas en sa compagnie. Dès lors, ce dernier débarrassa la table des couverts vides et revint prendre place.

- Hum et bien vous pourrez toujours m’entretenir de vos histoires dont vous semblez garder jalousement le secret à chaque fois que j’en fais mention. Vous me semblez expert dans l’esquive de ce genre de sujet, mais là, vous n’avez nulle part où vous cacher et nous sommes pris ensemble pour une durée indéterminée.

C’était à son tour de laisser ses longs doigts filiformes glissés sur sa main qu’elle vint attraper avec délicatesse.

- J’ai aussi souvenir d’une discussion dont nous avons dû cesser suite à l’empressement du moment… Nous parlions d’un objet de votre convoitise si ma mémoire ne me fait pas défaut.

Elle savait qu’elle touchait une corde sensible, mais peut-être allait-il s’ouvrir un peu plus à elle, comme elle le faisait pour lui? Elle ne pensait pas réellement avoir de secret, mais ce dernier agissait toujours avec tant de mystère et parlait toujours un peu, juste assez pour attiser la curiosité, mais jamais assez pour la satisfaire. Au final, Nemue ne pouvait qu’être intrigué par ce dernier.

- À moins que vous ne préfériez me montrer comment cette jolie robe vous faisait si bien…

Nemue avait tenté une certaine plaisanterie à son égard, bien qu’elle se doute que ce dernier n’allait certainement pas se changer pour la porter. Après tout, pourquoi ferait-il cela? Enfin, son imagination se mis à fonctionner de lui-même et elle ne put s’empêcher de rire doucement dans un premier temps jusqu’à l’imaginer se mouvoir dans la petite robe en prenant des pauses en tout genre allant du séduisant au ridicule ce qui augmenta son hilarité au point qu’elle ne puisse s’arrêter jusqu’à sentir ses flans ainsi que son abdomen lui faire mal. Ses blessures ne l’aidant pas, quelques grimaces douloureuses s’étaient glissées sur son visage alors qu’elle se tenait les côtes.

- Pardon…je n’ai pas pu m’empêcher de vous imaginer, réussit-elle à glisser alors qu’elle reprenait doucement son souffle.

On disait souvent que le rire pouvait guérir bien des maux, mais dans l’état de Nemue cela semblait aussi être une lame à double tranchant. Rire lui apportait du réconfort psychologiquement, mais lui causait des désagréments physiquement dus à ses blessures. Dans tous les cas, elle était capable de passer outre la douleur corporelle pour se concentrer sur son ami tout en s’excusant d’avoir eu ce genre de pensée. Elle savait bien de toute façon que la robe ne pourrait pas lui faire puisque cette dernière pourrait très certainement être portée par Nemue. Un mètre soixante-douze versus le mètre quatre-vingt-dix et plus avec de large épaule et musculature qui pourraient en faire des jaloux, le pauvre tissu ne ferait pas long feu et déchirerait certainement plus qu’autre chose.

D’ailleurs, ce dernier ne manqua pas de lui mentionner et précisa quelque chose qui intrigua la jeune femme. S’il redevient un jour femme, elle sera la première prévenue? Pourtant, ce n’était plus quelque chose de compliqué à avoir. Des potions existaient maintenant pour cela et Nemue en avait justement en sa possession. Enfin, son rire fut légèrement contagieux et Nemue ne put que sourire à ces propos, bien qu’une lueur remplie de malice s’était mise à briller dans son regard. Elle ne pouvait qu’essayer de l’imaginer sous ses traits féminins se demandant s’il était toujours aussi séduisant, enfin séduisante pour cette fois-ci. De quelle longueur seraient ses cheveux? Il devait perdre en grandeur pour cette robe soit de cette taille. – Vous savez! J’ai une excellente nouvelle pour vous. Je suis en possession d’une potion qui pourrait vous permettre de redevenir une femme pendant quelques heures si cela vous enchante? Vous pourriez me montrer cette jolie robe et je pourrai enfin voir la jolie demoiselle que vous feriez… Tout cela avait été dit d’un ton des plus sérieux. Après tout, ce n’était pas faux! Nemue avait bien une potion et l’idée de le voir ainsi ne la rendait pas tout à fait indifférente, puis il faut dire qu’elle était bien plus curieuse et intriguée pour le moment. Peut-être que dans d’autres circonstances elle penserait autrement, mais elle avait surtout besoin de se changer les idées et de rire. *Je suis trop bête…* réalisa-t-elle finalement. – Finalement, laissez tomber. J’oublie encore que mes affaires ne sont pas ici et que je n’ai avec moi que ma bague ainsi que ma gemme de position, dit-elle dans un soupir.

Une touche de déception pouvait se sentir dans ses paroles, mais bon, elle ne pouvait rien y faire. Les hommes n’avaient pas pris le soin de l’enlever de sa maison avec tous ses biens au cas où elle réussirait à s’échapper. D’ailleurs, ils avaient été idiots de ne lui enlever que sa robe de chambre et non sa bague. Ils auraient pu la revendre, quoi qu’ils ne s’en soient pas réellement sorti et que Nemue n’aurait eu qu’à la récupérer. Enfin, hormis la robe, Nemue ne lui avait pas demandé que cela. Non, elle s’intéressait au passé de ce dernier, à ses expériences passées ainsi qu’à ses désirs. Après tout, il convoitait un objet, mais lequel? Elle pensait qu’elle aurait du mal à lui soutirer ces informations, puisqu’il s’agissait d’un objet des plus importants aux yeux de ce dernier, mais il lui en parla avec une telle facilité en lui décrivant bien ce qu’il savait ainsi que le nom.

- Le cœur de l’océan, répondit-elle en cherchant dans sa mémoire.

Après tout, elle avait déjà feuilleté de nombreux livres que ramenait son père lorsqu’elle était plus jeune et encore aujourd’hui, elle s’amusait à lire ses récits et ses découvertes lorsqu’elle rendait visite à sa famille.

- Cela ne me parle pas, mais j’imagine que pour un chasseur de monstre marin cela pourrait être d’une facilité déconcertante si vous réussissiez à mettre la main dessus, mais ne serait-ce pas trop dangereux? Après tout, contrôler les créatures marines feraient de vous le mettre de l’océan. Enfin, vous ne pourriez pas dompter la mer elle-même et ne seriez jamais à l’abri d’un naufrage, mais tout de même. Si l’on venait à savoir que vous seriez en possession d’un tel objet, vous n’avez pas peur qu’on tente de vous le dérober? Enfin, j’imagine que vous avez déjà étudié les possibilités, car après tout qui dit grand pouvoir dit souvent grandes responsabilités et convoitise.

Maintenant qu’elle savait, elle allait très certainement fouiner dans les bouquins de son paternel à la recherche de quelque chose qui pourrait lui ressembler. Évidemment, comme il s’agissait d’un secret, elle n’allait pas mettre la puce à l’oreille de son père, bien qu’il puisse peut-être aider son ami. Après tout, il était explorateur et archéologue. Il gardait quelques-unes de ses trouvailles, mais si celle-ci possédait un quelconque potentiel magique, il pouvait revendre au plus offrant ou remettait entre les bonnes mains l’objet. Puisque Aslander était un ami, peut-être qu’il pourrait tout simplement lui refiler des informations quelconques? Enfin, elle ne voulait pas se mêler à cette histoire non plus et dépasser les limites que l’aventurier avait établies entre eux.  Mais elle se sentait tout de même redevable.

- D’où avez-vous entendu parler de cet objet? Le questionna-t-elle par la suite. Savez-vous si le cœur a déjà été en possession d’une personne avant qu’il ne disparaisse? Se ravisant, elle secoua doucement la tête puis sourit à son ami. – Venez, allons nous installer dans votre salon où nous y serions mieux assis. Elle n’attendit pas et se leva par la suite, attrapant la main de ce dernier pour l’entraîner jusqu’à la pièce où elle prit finalement place en tapotant le siège à ses côtés. Nemue était d’une très bonne écoute lorsqu’il s’agissait d’histoire et cela pouvait se voir sur son visage qu’elle ne faisait pas cela pour faire plaisir, mais bien parce qu’elle était réellement intéressée par les dires de son ami.

- Dites-moi tout!

Malgré sa main qui tenait la sienne, celui-ci s’arrêta doucement arrêtant leur avancé et invita alors, Nemue qui s’était tournée en sa direction afin de connaître la raison de cet arrêt, à continuer son chemin jusqu’au séjour. Un air bienveillant, il lui mentionna qu’il allait la rejoindre dans peu de temps. La demoiselle ne se questionna pas, après tout, peut-être qu’il avait besoin de s’arrêter dans une pièce particulière avant de ne prendre le temps de discuter avec son amie. De toute façon, elle lui faisait confiance et c’était alors aussitôt diriger vers le salon accompagné d’Orisha qui la quittait plus d’une semelle.

Elle prit donc place alors que ce dernier se mit non loin d’elle. Après tout, ce n’était pas un petit bestiau et il prenait tout de même de la place. C’est d’ailleurs en le regardant qu’elle trouvait formidable d’avoir un lien comme celui d’Aslander avait avec son familier. Elle espérait développer cette force entre Azaq et elle, mais pour cela, elle devait passer un peu plus de temps en sa compagnie, mais ça ne saurait tarder. Après quelques minutes, l’aventurier revint armé d’une bouteille ainsi que deux verres. Un sourire étira timidement la commissure de ses lèvres alors que ce dernier prend place à ses côtés tout en prenant le temps de la servir.

- Ah, doux alcool, le meilleur des amants. Il ne nous déçoit jamais... Enfin, je n’essaie pas de vous passez un message subtil, ne craignez rien.

Bon, c’est faux, il y a bien des alcools décevants, mais vu ce que semble avoir en réserve ce dernier, ce n’était certainement pas de la basse qualité. Elle le remercia tout en penchant légèrement la tête vers l’avant puis fini par y tremper ses lèvres avant d'en laisser une certaine quantité glisser sur sa langue. La chaleur se répandit bien vite dans sa bouche avant de ne s’attaquer à sa gorge. Elle semble grimacer en plissant doucement les yeux tout en laissant passer un souffle d’air chaud d’entre ses lèvres. – Ouh, ce n’est certainement pas coupé à l’eau! Dans tous les cas, elle déposa son verre sur la table devant eux et se tourna face à son ami qui avait commencé son récit.

Nemue écouta attentivement ce dernier, hochant doucement la tête pour l’inciter à ne jamais s’arrêter. Ainsi donc il s’agissait avant tout d’une légende de pirate, bien qu’elle imagine que tout bon marin devait la connaître aujourd’hui. À moins que ce secret soit jalousement gardé, après tout, elle avait tout de même eu du mal à lui soutirer ce genre d’information du nez. Mais bon, elle n’avait aucun intérêt personnel pour cet objet et ne comptait pas non plus trahir son ami en vendant les informations sur cet objet, puis il y en avait si peu que ça n’en vaudrait même pas la peine. Évidemment elle secoua négativement la tête pour répondre à sa question et un petit sourire amusé s’était dessiné sur ses lèvres.

- Ainsi donc le grand Aslander s’intéresse aux légendes de pirate. J’imagine que vous devez en avoir croisé quelques-uns pour en avoir entendu parler. Après tout, s’il y a peu d’informations sur le sujet et aucune biographie sur ce Lewis, c’est que vous vous êtes approché d’eux. Enfin, j’espère que vous n’avez pas eu trop de problèmes à moins que vous ne fussiez vous-même un pirate, dit-elle en le regardant du coin de l’œil avant d’échapper un rire. – Je vous taquine bien évidemment, mais sachez que ce n’est pas de la folie. J’imagine que cet objet doit exister quelque part sur une île qui nous est inconnue. Le monde est plus vaste qu’on ne le croit, j’en suis sûre. Puis, qui ne rêverait pas de pouvoir commander à de telles créatures si ce n’est que pour éviter les attaques ou pour s’en protéger d’une.

Elle attrapa son verre d’une main alors qu’elle glissa la seconde contre sa cuisse qu’elle tapota à quelque reprise tout en portant le breuvage à ses lèvres. Elle ne reprit la parole qu’après avoir bu une petite quantité.

- Si vous voulez de l’aide pour récolter de l’information, je peux toujours tenter de vous aider. Les gens voyagent beaucoup et les histoires vont et viennent alors je peux prêter une oreille sur ce qui se raconte et fouiner dans les archives de mon paternel. Peut-être vous laissera-t-il y jeter un œil si vous le souhaitez, ça ne devrait pas lui poser problème même si vous lui cachez l’objet de vos recherches.

Son père n’était pas mauvais et ne gardait pas jalousement ses recherches pour lui, alors s’il s’agissait d’un ami de Nemue qu’il avait déjà rencontré, peut-être lui offrira-t-il de jeter un œil. Enfin, dans tous les cas, la jeune femme semblait s’être détendue contrairement à son arrivée. Malgré son visage marqué par les coups, elle avait tout de même retrouvé un sourire. Évidemment, elle n’avait pas oublié ce qu’il s’était produit quelques nuits auparavant, mais Aslander l’aidait à se distraire même s’il ne s’agissait que de simple discussion. Après tout, leur relation n’était pas que charnelle.

- Vous savez, je suis contente que vous me parliez ainsi, plus librement. Je veux réellement apprendre à vous connaître Aslander, dit-elle en plongeant son regard verdoyant vers ce dernier. Je sais que vous gardez ce petit côté mystérieux parce que cela ajoute à votre charme, mais je pense que nous avons largement passé ce stade. Vous savez ce que je pense de vous et la porte de ma demeure vous sera toujours ouverte, peu importe la situation, mais je veux réellement connaître la personne que vous êtes, qu’importe le temps que cela prendra. Ce que je vous ai dit l’autre jour, je le pensais vraiment. Vous comptez vraiment pour moi et vous avez toute ma confiance, Aslander. Il n’y a pas de jeu entre nous et j’essaie, de mon mieux, de me montrer telle que je suis lorsque je suis avec vous.

Glissant finalement sa main contre son front, elle poussa un petit soupir avant de regarder devant elle.

- Enfin, j’espère ne pas vous effrayer avec de telles paroles.

Soupirant face au refus de ce dernier, Nemue décida tout simplement de se laisser aller. Se tournant légèrement sur le côté, elle vint appuyer son dos contre ce dernier déposant l’arrière de sa tête sur son épaule avant de légèrement soulever ses jambes pour venir les posé contre le siège du divan. Bien évidemment, ses pieds étaient restés dans le vide puisqu’elle ne désirait pas salir le tissu du meuble qui les supportait tous les deux.

- J’imagine que je ne pourrai pas vous faire changer d’idée, dit-elle en levant les yeux vers son ami tout en tournant légèrement la tête sur le côté. Enfin, j’imagine que c’est pour mon bien, n’est-ce pas et non parce que vous voulez garder jalousement toutes informations qui pourraient en découlé, dit-elle d’un ton plutôt rieur. Je vous remercie de penser à moi avant tout et de voir toutes les éventualités qu’ils peuvent en découler. Disons que je n’ai pas spécialement envie de revivre à nouveau quelque chose comme cela. J’ai eu mon quota pour le moment. Entre l’exposition qui a mal tourné et l’enlèvement, je commence à croire que Lucy n’apprécie pas ma non-croyance.

Il y eut un petit moment de silence où elle ne dit rien, puis quitta finalement la position dans laquelle elle s’était mise se tournant finalement face à ce dernier, collant ainsi ses genoux au sien puis elle plongea son regard dans le sien tout en lui prenant une main.

- Mais sachez que, malgré tout cela, je serai prête à vous aider, Aslander.  Qu’importe la raison en réalité et non seulement pour retrouver votre précieux objet. Il y a des personnes pour qui je suis prête à prendre des risques.

Un petit sourire sur les lèvres, elle l’observa un moment tout en glissant son pouce contre sa main avant de s’arrêter pour aller chercher son verre qui se trouvait contre la table basse se trouvant au centre du salon. Et surtout parce qu’elle n’avait pas envie de rendre le moment gênant ni pour lui et ni pour elle. La seconde gorgée qu’elle prit fut déjà plus agréable à ingérer et malgré la sensation de chaleur qui se répandit dans son œsophage, elle ne s’étouffa pas. Elle y replongea ses lèves un instant, prenant bien le temps de goûter cette fois-ci cherchant à reconnaître ce dernier. Après tout, elle avait bien des bouteilles peut-être en avait-elle une semblable.

- Vous savez d’où vient votre rhum? Demanda-t-elle en levant son verre dans les airs pour regarder sa robe ambrée au travers du verre. Je m’en procurerai bien une bouteille, si possible bien évidemment.  Enfin, quoi qu’il soit peut-être mieux que vous ne me le disiez pas. Nous sommes à peine en début d’après-midi et j’en suis déjà à mon second verre de la journée… Peut-être que je bois trop, non? Enfin, vous fumez?

Deux dépendances dont elle aurait du mal à se soutirer si elle devait le faire un jour et l’une d’entre elles semblait plus pesée sur cette dernière qui n’avait pas pu s’empoisonner les poumons depuis quelques jours. Cela expliquerait peut-être pourquoi, l’alcool passait si bien en ce moment.  Enfin, elle espérait seulement qu’Aslander puisse l’aider à combler ce manque qui la rongeait doucement.

Lady Fortune? Ce n’était pas la première fois que Nemue l’entendait parler de cette supposée divinité et elle ne s’était jamais réellement questionné sur cette appellation, mais elle doit dire qu’avec toutes ses histoires de marins, cela avait de quoi éveiller sa curiosité et l’aida à passer outre le fait que ce dernier cherchait à lui faire comprendre que ce qui lui était arrivé n’avait pas été dicté par qui que ce soit, mais uniquement par l’ensemble de ces décisions. Elle poussa un léger soupir quand ce dernier finit par se reprendre à la toute fin. Elle n’était pas responsable de ce qui lui était arrivé puisqu’elle avait simplement agi par bonté comme à son habitude et pourtant c’est cela qui lui avait causé du tort. Elle n’avait pas mal agis et recommencerait aux besoins, Aord n’aurait pas mérité de se faire jeter à la porte. Recevoir des coups n’avait pas été l’élément déclencheur qui avait fait dire ses choses horribles à son ami, mais plutôt sa facilité à abandonner ce en quoi il croyait pour mettre fin aux jours de ces hommes. Enfin, elle ne voulait pas repenser à cela.

- Aslander, ne vous inquiétez pas, je ne le prends pas mal. C’était surtout une plaisanterie, je ne crois pas en Lucy ni en aucune divinité et je sais que tous les gestes et les choix que nous faisons ne sont que nos propres décisions.

Nemue n’a pas envie de se déplacer. Elle se sent bien ainsi appuyée contre son ami. Elle pourra laisser passer son bras et l’appuyer sur son ventre afin d’avoir un appui apaisant. S’endormir ainsi ne serait pas difficile, mais elle ne veut pas le gêner et ne souhaite pas dépendre de ce dernier. Si elle ne peut pas quitter sa demeure tant et aussi longtemps que tout cela n’est pas réglé, Nemue ne veut pas rester coller à ce dernier. Elle se redresse finalement pour lui mentionner qu’elle serait prête à l’aider pour quoi que ce soit. Après tout, il fait temps pour elle. Cela serait la moindre des choses qu’elle le lui retourne, mais il se contente de lui sourire en lui affirmant qu’il le sait.

- Mais! S’il est si précieux et unique, vous n’auriez pas dû le boire ici! Il fallait le garder pour une meilleure occasion! Du moins, cela me touche que vous le partagiez avec moi, mais nous aurions pu en boire un autre moment, comme à la toute fin de cette histoire, quand tout sera réglé, quand je serai plus présentable?

Après quoi, il s’était levé pour aller chercher des cigares. Ce n’était pas réellement ce dont elle était habituée de fumé, mais ce n’est pas comme si elle n’en avait jamais pris. Elle attend donc son retour et se sert lorsqu’il lui tend la boîte attendant qu’il soit coupé et allumé le sien avant de faire pareil de son côté. Elle inspire doucement une première fois, laissant le temps à son corps de s’imbiber de tout ce qui lui avait manqué depuis ces quelques jours puis elle ouvrit les yeux, laissant partir la fumée d’entre ses lèvres.

- Quelque chose à fêter? Et bien, déjà je ne suis pas morte, ce qui aurait pu être le cas et vous m’avez ouvert votre porte en plein milieu de la nuit alors que vous auriez pu simplement m’ignorer. Alors si je dois mettre le doigt sur quelque chose, nous pouvons donc fêter ma survie et notre complicité et le fait que nous puissions compter sur l’un et sur l’autre?

C’était déjà pas mal pour le moment, non?

- En tout cas, merci d’être là, d’être présent pour moi et d’être apparu dans ma vie, dit-elle avec un grand sourire malgré ses blessures qui l’élancèrent.