— Papa tout beau !
— Merci mon ribou.
La petite Rune à côté de lui hoche plusieurs fois la tête comme pour approuver les dires de son nouveau frère. Faolan passa main sur le dessus de sa tête en souriant et les oreilles de l’hybride Crasmo se mirent à bouger de bonheur. Elle avait beau ne pas parler à cause de son hybridation qu’on lui avait dite, plus psychologique disent d’autre, il demandera un jour à Luz, elle avait toute une batterie d'expressions pour s’exprimer tout de même. Tout comme le cuisinier faisait de son mieux pour apprendre à l’enfant à écrire, mais pour le moment elle ne semblait pas vouloir utiliser ce moment pour communiquer, préférant les mimes et grognements.
— Bon, vous allez être bien sage, tout le monde.
— Voir Fée !
— Oui, on va voir Fedora, mais papa a besoin de parler de chose importante avec elle donc vous me laissez faire cela quand je vous dirai.
— Shu avant !
— On verra, c’est si Fedora est d’accord.
Melta hocha la tête et la petite aux cheveux blancs en fit de même sans même réfléchir si elle était vraiment d’accord ou non. Pour le moment ça sentait qu’elle tentait de tout faire pour faire plaisir et ne pas retourner dans l’orphelinat, même si elle n’était pas mal traitée là-bas, ce n’était pas une famille. Il faudra un temps pour qu’elle s’affirme, on le lui a expliqué, mais il a espoir que rencontrer Fedora l’aidera aussi à comprendre qu’il ne jette pas les gens importants à cause d’un pouvoir ou d’une apparence. Pas comme ce qu’avaient pu faire ces propres parents. Il préfère ne pas penser pour le moment.
Il avait habillé Melta d’un petit ensemble beige avec des touches de vert, alors que Rune avait préféré une petite robe blanche et bleue. Les deux enfants se tenaient par la main, Guimauve était sur la tête de son fils, Sureau, son Shallum, tournait autour de Rune tranquillement, Cannelle emboitant son pas même si elle avait bien grandis depuis la dernière fois que Faolan avait vu Fedora, Salombo, lui, était en vadrouille pour du courrier et ce n’était pas plus mal. Il y avait suffisamment de mon de son côté ainsi, surtout avec les deux œufs qui attendait bien sagement dans son sac. Il frappa d’abord doucement, puis avec plus de force à la porte de l’habitation de son ami et attendis, sous un ciel complètement dégagé qu’il maintenant avec sa bénédiction du Mist en attendant qu’on lui ouvre. Même si sa décision était prise, il restait une certaine angoisse dans son ventre.
Après un long moment, la demoiselle s'est enfin décidé, aujourd'hui il s'agit d'une longue robe verte aux manches longue sur laquelle se trouve un corset noir. Bien-entendu, elle a besoin de l'aide de son habilleuse pour fermer les lacets dorées du corset. "Vous êtes magnifique Dame Sanward." Lui dit la gouvernante et en se regardant dans le miroir, avec son beau, grand et effrayant sourire... Elle pourrait presque le penser également. Voyant quelques chose dans le miroir, la jeune poupée se tourne rapidement. "Twintania non!" S'exclame-t-elle alors que le laïum s'arrête, prit sur le fait alors qu'il s'apprêtait à voler l'un des vêtements laissé à terre pour partir en courant avec, l'un de ses nouveaux jeux favoris... La jeune poupée et son familier se regarde un petit moment et soudain, le dragon tente de tendre le cou pour tout de même saisir l'une des robes négligemment abandonnée mais la poupée s'élance, faisant fuir le chapardeur et lui courant après dans les couloirs sous les rires de la gouvernante... Oui, revoir cette enfant pleine de vie est un soulagement pour tout le monde.
Pourchassant son compagnon en riant, la poupée passe à côté de Wilfred qui, comme toujours, la réprimande sur le fait de ne pas courir dans les couloirs, même si un léger sourire sur son visage trahit son état d'esprit. "Dame Sanward... Vous allez salir votre robe avant que Faolan ne soit là!" Arrêt soudain de la poupée - ainsi que du dragonnet - alors qu'elle se rend compte de la véracité de ses propos. "Vous avez raison Wilfred! Par ailleurs je ne suis pas encore prête... C'est de ta faute Twintania!" Accuse-t-elle le jeune familier qui penche la tête sur le côté sans réellement comprendre. "Revenons à nos bouctons! On doit encore se préparer! Allez viens!" Continue-t-elle en repartant au pas de course, suivie par son familier alors que le majordome roule des yeux, attendant que la noble poupée ne soit plus visible pour rire doucement. Quel bonheur de la revoir ainsi.
Arrivée à l'étage inférieur, la jeune poupée se dépêche de retourner dans la cuisine, demandant une énième fois à Gaspard s'il faut mettre le citron avant ou après le bouillon et le cuisinier rit doucement, lui affirmant pour la énième fois qu'elle doit tout mélanger et que donc, l'ordre importe peu pour cette partie de la préparation. Elle se gratte doucement l'arrière de la tête en riant de sa propre bêtise lorsqu'un bruit lui fait tourner la tête... Aucun doute, on vient de frapper à la porte! La voici qui se remet à courir devant le sourire amusé de Gaspard. Arrivant au niveau de la porte d'entrée, son laïum s'arrêtant de justesse derrière elle, la demoiselle ouvre la porte pour voir Faolan, Melta, son Rarwuk, son Glooby, son Shallum et... Une jeune hybride? Un grand, beau et effrayant sourire se trace sur le visage de la jeune poupée.
"Faolan!" S'exclame-t-elle, hésitant un moment à lui offrir l'un de ces câlins qu'elle apprécie tant mais se ravissant finalement, pour l'instant du moins. "Bonjour Melta, je suis heureuse de te voir!" Affirme-t-elle en se penchant devant l'enfant, puis avisant la jeune demoiselle. "Et tu dois être la mystérieuse invitée! Je suis Fedora, enchantée de te rencontrer!" Conclue-t-elle souriant toujours alors que Twintania passe la tête par la porte, observant tout ce petit monde. Se relevant, Fedora s'écarte doucement. "Entrez entrez... Ne restez pas dehors!" Dit-elle en s'écartant pour laisser le passage libre.
— Rune, c’est l’amie dont je t’ai parlé. Elle aussi des gens ont du mal avec son physique, elle ne va pas te jeter dehors.
Les yeux de l’enfant semblent hésiter un moment, il sait que c’est plus l’apparence de la poupée qui lui fait peur que la possibilité qu’elle veuille lui faire du mal, mais il voudrait lui faire comprendre qu’elles ne sont pas si différentes l’une de l’autre. Quelques secondes plus tard, il sent les bras de la noble autour de lui pour un câlin qu’il lui rend avec un grand plaisir. Pendant tout l’échange, les yeux de sa nouvelle fille ne quittent pas les deux plus âgés. Elle attrape et tire un peu sur le haut du blond quand le câlin se stoppe.
— Fedora, je voudrais te présenter Rune, c’est… une nouvelle personne de ma précieuse famille, la grande sœur de Melta.
— Rune parle pas, mais gentille et fait super câlin ! Rune câline Fée !
La petite regarde Melta sans trop savoir si elle doit vraiment le faire ou pas, puis le cuisinier et enfin leur hôte du jour. Il y avait toute une incertitude enfantine qui passait dans son visage, avant de tenter un sourire un peu gauche qui dévoile ses propres crocs à elle. Avec une certaine hésitation, l'enfant avança puis prit doucement Fedora dans ses bras pour un câlin fugace avant de se retirer et se placer derrière Melta en semblant danser d’un pied sur l’autre mal à l’aise par tout cela. Un petit rire venant de Faolan suivit cette scène-là.
— Elle a encore du mal avec la confiance en elle. Si elle ne parle pas, ce n’est pas qu’elle t’en veut, elle est muette.
Il ne savait simplement pas si c’était par blocage ou si c’était un problème physique qui donnait cela. Peut-être qu’il saurait plus tard, mais pas tout de suite. Il se permit d'entrer pour suivre Fedora dans son chez elle.
— Tu as eu ton propre familier alors ! Il a l’air si vif, un dragon cela te va bien je trouve, mais du coup ma surprise tombe un peu à l’eau…
Avec un espoir horriblement naïf il avait cru qu’il serait celui qui offrirait son premier familier à la jeune femme, mais il avait pris son temps pour remettre de l’ordre dans ces pensées et avoir son précieux cadeau, il était normal que la jeune femme ait continuer sa vie de son côté. Il vit Rune avoir attrapé son carnet et dessiner rapidement un dessin un peu grossier de laïum et une main au-dessus avant de lui le montrer.
— Ce n’est pas à moi qu’il faut demander cela.
La petite sembla hésiter quelque seconde, regarda Melta qui lui sourit de toutes ces dents avant de montrer le dessin à Fedora dans l’espoir d’avoir l’autorisation de toucher son familier. Dire qu’elle avait été beaucoup moins farouche avec Lin, la couleur de cheveux semblable avait peut-être aider, qui sait ?
— Je suis désolé si elle est un peu gauche, elle a huit ans et sa vie avant l’orphelinat et notre famille n’a pas eu l’air d’être forcément simple.
Il dit tout cela en caressant les cheveux de sa fille qui semble n’en avoir rien à faire des dires du blond alors que toute son attention était sur Fedora.
Mais d'un mouvement de la tête, elle chasse ces pensés. Ce n'est guère le moment d’imaginer le pire! Après tout, il lui a écrit, il a fait la route jusqu'au grand port! Au moins, il n'a pas fuit alors il y a sans doute de l'espoir et en plus, maintenant le plus important c'est la jeune enfant. Si elle en crois les mots du cuisinier, il semblerait que certaines personne aient du mal avec son apparence? Pauvre petite! La demoiselle de tissu sait sans doute mieux que quiconque à quel point les gens peuvent être durs quand quelqu'un est différent… Au moins , la jeune dame sait que cette enfant ne souffrira pas de son physique avec Faolan et Melta. D'ailleurs, le bambin presse sa nouvelle sœur de faire un câlin à Fedora. « Tu sais Melta, il ne faut pas la pousser si elle ne le veut pas. » Affirme-t-elle en souriant de son grand, beau et effrayant sourire. Pourtant, galvaniser par les propos de l'enfant, la petite Rune s'approche pour un câlin rapide et fugace. *Adorable!!!* Se dit-elle simplement en regardant la jeune fille qui va se réfugier derrière son jeune frère.
Alors ainsi, la demoiselle est muette? Pauvre petite. Au moins Fedora pouvait clairement exprimer ce qu'elle ressentait. L'enfant n'a même pas cette chance… Invitant tout ce petit monde a entrer, Fedora repousse gentiment Twintania qui semble vouloir faire barrage. En réalité elle a surtout envie d'aller voir tout le monde. « Oui, Twintania est absolument exceptionnelle… C'est Jaina et Wilfred qui ont comploté pour que je me l’achète parce que mon bon Wilfred en avait assez de me voir me mor… » Commence-t-elle avant de se rendre compte que le jeune homme n’est pas étranger à l’état dans lequel elle se trouvait. « Enfin je veux dire… » Réfléchit-elle « Mais quelle surprise d'ailleurs? » Se rattrape-t-elle en changeant de sujet.
Cependant un autre événement vient à son secours : la jeune enfant avec un dessin : une demande pour pouvoir caresser le laium? Apparemment la jeune demoiselle est réellement déterminée puisqu’elle ne réagit même pas ni aux paroles ni au toucher de son père. «Mais bien-sûr que tu peux! » Confirme-t-elle. Se tournant vers son familier, elle lui fait signe d'approcher. « Doucement Twintania, elle est petite alors soit douce. » Dit-elle à sa compagne sans réelle crainte. Le laium est un peu brusque parfois mais il est tout de même prudent pour ne pas faire mal aux autres. Approchant doucement sa tête, le familier se laisse flatter avec contentement. Reportant son attention sur Faolan, elle imite le geste de soupirer comme bien souvent.
« Au moins maintenant elle est avec toi et Melta! Je sais qu'elle sera bien! » Affirme-t-elle sans l’ombre d'un doute. « Elle a une nouvelle famille, un père et un frère alors ça ne peut qu'aller bien! »
— Pas pousser Rune, elle timide, même qu’au début avait peur papa et moi, puis après plus jamais elle part et tout et…
— Melta, respire au milieu de tes phrases et tu ne mets pas bien Rune en parlant de cela.
— Oh ? Pardon Rune.
Le rouquin trottina vers sa sœur qui avait le visage rouge d’embarras des paroles du plus jeune, mais qui n’avait pas osé faire un geste pour l’arrêter. Il faut dire qu’elle semblait avoir assez peur de faire un geste trop brusque et blesser quelqu’un avec la force d’hybride ou ces ongles qui formaient presque naturellement de petites griffes. Faolan reporta son attention sur Fedora et lui offrit son meilleur sourire pour tenter de se donner la force pour ce qu’il allait dire. Il avait plus ou moins prévu de comment rebondir pour placer la bomber dans les mains de la jeune femme et lui donner autre chose à penser alors que tout explosera dans son esprit. Parce qu’il ne sait pas comment le gérer lui-même et qu’il préfère cela. Tellement plus simple, dans sa tête. Au moins il ne fuit pas.
— Puis, j’espère qu’elle t’aura toi aussi dans notre famille en plus. Sinon, tiens, voilà pour toi, j’en ai un aussi pour moi et je voulais les faire naître en même temps et tout.
Sans même lui laisser le temps de forcément de répondre à la première partie de la phrase il sortit le premier œuf de Shupon qu’il avait enroulé dans un drap mauve et le mettre dans les bras de Fedora plus ou moins habilement, en faisant simplement bien attention qu’elle ne le fasse pas tomber quand il lâchera son présent. Une fois fait, il attrapa son propre œuf entouré d’une couverture verte. C’était Melta et Rune qui c’était mis d’accord de qui aurait quel œuf pour le coup.
— Cela a été un peu compliqué d’en trouver deux pour le coup, mais je voulais qu’on ait un lien en plus et… enfin… C’est symbolique et important pour moi, mais si c’est trop je comprendrais, mais enfin, je sais que j’ai mis du temps, mais… enfin… voilà ?
Il n’arrive pas vraiment à mettre les bons mots sur ce qu’il veut exprimer, pourtant il s’est entraîné pendant que les enfants dormaient, mais cela ne semble pas venir naturellement. Tout s’embrouille sans pouvoir rien y faire et il là il se sent un peu ridicule. De leur côté les deux enfants regardent la scène en continuant à gratouiller avec affection le laïum de leur hôte du jour. Les deux petits n’avaient peut-être pas tous les éléments eux-mêmes dans la tête de leur père adoptif, mais ils savaient presque instinctivement que c’était important qu’il fallut attendre que cela se passe. Qu’il fallait attendre que tout se dénoue pour savoir si l’équilibre de leur famille allait encore une fois bouger ou non !
Un objet enveloppé dans un drap mauve? Difficile de dire exactement ce dont il s'agit et même si sa curiosité habituelle la pousse à vouloir déballer ce présent - avec prudence et douceur, elle a bien comprit à l'attention que Faolan a porté en le lui remettant que c'est précieux ou même fragile - elle n'en fait rien. Trop surprise de voir le jeune cuisinier sortir un second objet, de forme et taille similaire, mais entouré d'un drap vert... Que se passe-t-il exactement? Twintania, elle, est bien loin de tout ça. Le Laïum profite simplement des caresses des deux enfants sans réellement chercher à comprendre ce que peuvent bien se raconter les deux "adultes", la belle créature s'est couchée de tout son long, laissant ses nouveaux amis la faire profiter de câlins on ne peut plus agréable, jetant tout de même un regard aux deux jeunes gens qui discutent, aussi silencieuse que les deux bambins, comme si elle comprenait également que le moment était important.
Pour Fedora par contre, la compréhension est loin d'être présente et elle se retrouve incapable de dire le moindre mot présentement. Pourtant, elle était prête! Elle a apprit à cuisiner - une seule soupe de poisson mais c'est déjà pas si mal! - elle avait en tête son discours, elle voulait parler à coeur ouvert avec le jeune homme, lui dire ce qu'elle ressentait! Après sa rencontre avec le frère Sven, elle avait décidé de ne pas rester dans ce silence douloureux, que souffrir ne lui convenait plus et qu'elle voulait des réponses. Elle avait promit d'attendre et c'était sans doute égoïste de ne pas tenir cette promesse mais, cela lui faisait trop mal que de rester dans l'ignorance. Pourtant, elle est loin d'avoir les réponses attendues, au contraire elle se retrouve avec encore plus de questions! Difficile d'en trouver deux? Un lien en plus? Symbolique? Elle n'arrive décidément pas à suivre le fil des pensées du jeune homme si important pour elle... Avec douceur, elle commence à enlever le drap, tenant précieusement le mystérieux objet contre elle pour s'assurer de ne guère le faire tomber... Un oeuf de familier? Relevant la tête, posant son regard sur Faolan, elle sourit timidement.
"Faolan je... Je suis désolée mais... Je ne suis pas sûre de comprendre!" Avoue-t-elle doucement. Bien-sûr elle repense à ce qu'il a dit : il espère que Rune l'aura elle aussi dans la famille, il voulait un lien de plus avec elle... Son petit coeur de poupée - si elle en a un capable de battre ce dont elle doute - se gonfle sans aucun doute d'espoir à cet instant, tout lui fait penser que l'attente est terminée cependant... Elle se souvient des signes d'avant, de la soirée dans le palais, du baiser et de l'incompréhension... Elle ne veut plus se faire de faux espoirs et se précipiter à cause de ce qu'elle croit comprendre. S'avançant d'un pas, elle regarde le jeune homme, serrant les lèvres. "Qu'est-ce que tu veux dire?"
C’est ce que dirait la narratrice au cuisinier si elle le pouvait, mais elle ne peut que retranscrire de combien il est là à se mordiller les lèvres en cherchant ses mots. Il aurait pu continuer à tourner encore et encore du pot. Melta ouvrit la bouche pour parler à sa place, mais Rune mit une main sur sa bouche pour le faire taire. Elle avait bien compris que c’était un moment important pour son père adoptif. Elle décida de prendre son petit frère avec elle et de l’embarquer dans les cuisines de la maison sans un mot. L’ensemble des familiers du cuisinier suivirent le mouvement sauf la rarwük qui semblait assez curieuse de ce qui allait bien se passer entre les deux humains.
— Ce que je veux dire… Le shupon est un familier qui se nourrit d’amour et d’eau fraîche.
Il sait qu’elle le sait, il l’avait lu avec elle la dernière fois, mais il avait besoin de mettre des mots sur toute la réflexion qu’il tente de mettre en place. Il sait instinctivement que Fedora ne le coupera pas avec qu’il est terminé ce qu’il veut dire.
— Leurs peaux changent de couleur suivant l’affection que leur donne leur propriétaire, elle devient de plus en plus foncée pour toute affection qu’il reçoit.
Il tourne, encore et encore du pot, mais il tient sa ligne de directive tout de même.
— Je voulais te l’offrir parce que j’aimerais aussi pouvoir te nourrir ainsi et rendre ta peau plus noire que l’ébène.
Il arrive au nœud de tout ce discours. Il s’approche un peu plus de Fedora.
— Ce que je veux dire, si ce n’est pas trop tard, c’est que je t’aime beaucoup plus qu’une simple amie et que j’aimerais qu’on puisse continuer notre route ensemble autant que possible, même si j’ai souvent peur pour plein de raison, mais pas les bonnes. J’aimerais croire en nous si tu veux bien me laisser une chance.
Cela sort beaucoup plus facilement qu’il le pensait. Il se tait et attend, le cœur battant, et les joues rouges. Dehors la grêle tombe sans interruption et avec une rare violence qui témoigne de toute l’appréhension de Faolan sur cette déclaration.
C’est peut-être trop tard.
C'est un moment important pour elle, pour Faolan aussi sans doute? Elle l'espère secrètement en tout cas, cela serait une déception - une de plus - si elle se trompait encore. Tout le monde semble le ressentir d'ailleurs : Wilfred qui n'est pas venu voir le jeune homme depuis son arrivé mais qui attend dans une autre pièce, il s'était pourtant approché de l'entrée mais il a bien comprit en entendant quelques paroles que ce n'est guère le moment de faire son entrée, Rune et Melta aussi, qui quittent la pièce silencieusement, suivies par presque toute la ménagerie de Faolan et accueillis par le majordome que le bambin a déjà vu plusieurs fois et qui leur sourit, plutôt que d'accueillir toute la famille, il va au moins s'occuper des enfants. Il a l'habitude après tout! Même Twintania, pourtant manquant cruellement de jugement dans certain cas suit ce petit groupe sans un bruit. Fedora n'a pas conscience de tout ce mouvement silencieux, ses grands yeux immobiles de poupée restant ancrés dans ceux du jeune homme lui faisant face, serrant les lèvres, elle se retient de parler dans cette attente affreusement longue.
Enfin Faolan prend la parole : le shupon se nourrit d'amour et d'eau fraîche? Elle le regarde sans réellement comprendre, elle le sait déjà cela, ils avaient lu cette particularité du familier ensemble après tout! Pourtant, elle ne l'interroge pas, consciente que son explication ne s'arrête certainement pas là, il n'est pas réellement plus clair sur ce qu'il veut dire après tout... Mais Faolan arrivera-t-il seulement à être clair? Encore une fois, une affirmation sur les shupons, comme s'il récitait un texte parfaitement mémorisé devant le regard toujours attentif de la poupée. Et finalement, ce parallèle fait avec la volonté du cuisinier vis à vis de la jeune noble : rendre sa peau aussi noire que l'ébène? Un léger sourire alors que Faolan s'avance, une affirmation rougissante alors que la poupée ne peut se retenir. Prenant garde de ne pas faire tomber l'oeuf, elle relève une main, la posant le poing presque fermé devant sa bouche alors qu'elle rit doucement.
"Je doute que tu parviennes à rendre ma peau plus sombre que l'ébène..." Dit-elle, très premier degré pour l'occasion. "Mais... Tu peux sans doute essayer?" Questionne-t-elle avec un léger sourire. Un pas vers Faolan, comment répondre à cette déclaration exactement? "Est-ce que tu aimes ma robe?" Demande-t-elle faisant écho à une question qu'elle lui a déjà posée, lors de leur première rencontre, question qui était bien plus innocente à l'époque, juste une élucubration de cet esprit toujours actif de la jeune poupée qui parlait sans réellement réfléchir à ses propos. Aujourd'hui pourtant, c'est bien différent... "J'ai mis beaucoup de temps à la choisir tu sais, j'ai très longtemps hésité." Continue-t-elle en détournant légèrement le regard. "Je l'ai choisi pour toi... Je voulais... Je voulais être belle aujourd'hui!" Avoue-t-elle avant de sourire, timidement selon elle mais parfaitement normalement selon tout autre personne, maudis soient ses traits qui ne peuvent laisser voir ses émotions. "J'avais tout prévu! Oui oui oui! Tu devais me regarder bouche bée puis je devais t'amener à la cuisine pour te faire à manger! J'ai appris à cuisiner tu sais! Bon juste une recette, c'est vraiment difficile de cuisiner, je ne sais pas comment vous faites toi et Gaspard! Heureusement il voulait bien goûter puisque moi je ne peux pas..." Continue-t-elle avant d'imiter le geste de soupirer... Sait-elle seulement ce qu'elle veut dire? "C'est stupide pas vrai?" Demande-t-elle finalement. "J'ai peur aussi tu sais... Je ne suis pas aussi jolie que les autres filles que tu connais, je ne peux pas vraiment partager ta passion pour la cuisine, en plus je sais que tu n'aimes pas beaucoup les nobles... Aujourd'hui je voulais faire de mon mieux! Je voulais être aussi belle que possible, je voulais te montrer que je peux apprendre à cuisiner, que je fais des efforts! Je voulais te montrer que je ne suis pas juste une noble... Je suis heureuse! Vraiment heureuse tu sais?" Lui demande-t-elle simplement. "Mais..." Commence-t-elle en relevant doucement la tête vers lui. "Un peu triste aussi!" Avoue-t-elle en souriant malgré tout. "Il faut sans doute que je fasse plus d'effort encore si tu penses vraiment que tu as besoin que je te laisse une chance! Idiot!" Dit-elle en riant avant de faire un pas vers lui, se rapprochant doucement.
Elle pourrait sans aucun doute l'embrasser, elle le voudrait également mais non! Pas ainsi, pas sous cette apparence, pas alors qu'elle ne pourrait même pas réellement le ressentir! Ça prendra du temps mais elle sait que Lin finira par trouver une solution à son pouvoir défectueux, elle a confiance. Elle espère simplement que Faolan sera patient, elle ne veut pas gâcher ce genre de moments qu'elle désire vivre pleinement à cause de son pouvoir. À la place, elle trouve un chemin pour venir déposer son front contre le torse du jeune homme, faisant attention aux deux oeufs de shupon et souriant de ce grand, beau et effrayant sourire, peut-être pas si effrayant aujourd'hui finalement? "Merci..." Souffle-t-elle comme si c'était la seule chose à dire en cet instant et que cela résumait tout ce qu'elle ressent.
Elle peut être heureuse parce que bouche bée c’est ainsi qu’il est là tout de suite alors qu’elle explique sa démarche et que le cœur de Faolan se remplit, à mesure que les mots se glissent dans ses oreilles, d’un espoir et allégresse nouvelle. Peu à peu les grêlons disparaissent dehors et seul une pluie pleine de joie retrouvée fait place à cela. Tout semble aller bien, jusqu’à sa dernière phrase qui semble tout briser d’un coup et les grêlons reviennent avec son appréhension de cette discussion. Parce que, bien entendu, il n’a pas compris l’idiot e la fin, comme l’idiot amoureux qu’il est.
— Mais, Fedora, tu n’as pas besoin de tout cela pour être belle ou spéciale à mes yeux.
C’est la première phrase qui sort de sa bouche et il se trouve terriblement maladroit de dire cela. Assez insultant aussi.
— Enfin, je ne veux pas dire que cela ne me touche pas ou que la robe n’est pas belle, au contraire, elle est très belle et surtout, te vas bien, tu sembles à l’aise dedans, pas aller dans des ruines avec, mais ce n’est pas le sujet et on doit parler de ruine parce que j’ai rencontré Lin a une avec des créatures en pierre, mais ça reste pas le sujet.
Il le sait, mais il se perd, il a besoin de poser un peu plus ses pensées, il avait préparé le discours, plus ou moins, avec l’œuf de Shupon et là l’improvisation lui semble d’un coup compliquer. Un peu comme si tout allait toujours de travers dans ce qu’il voulait dire.
— Pour le plat, ça me touche plus que tu ne puisses l’imaginer que tu ais pensé à cela et j’ai juste pas les mots.
Parce qu’il ne les a vraiment pas. Même si elle lui prépare un plat qui a un goût de poussière là tout de suite, rien que l’effort de le faire, fait qu’il voudra le manger d’un bout à l’autre, un sourire aux lèvres même si ce n’est pas l’avis de son palais. Il ne se voit pas de lui dire cela, parce que là encore, il sent que cela ne serait pas pris comme il le souhaiterait exactement, malheureusement.
— Je voudrais aussi mieux te comprendre que tu me parles de tes passions et tenter d’apprendre avec et… J’ai tellement de choses que je voudrais qu’on partage et… hum… Je voulais aussi te parler de mon nouveau travail et d’une proposition pour qu’on se voie plus souvent et… enfin, je veux pas être envahissant, mais… oh ! Avec ton père ça va mieux au fait ? Je… Ah, ce n’était peut-être pas le bon moment pour cela…
Il marmonne encore et encore et ne sait plus trop lui-même où il en est, mais doucement cela prend forme mine de rien.
— Merci à toi d’être toi.
Cette fois, cette simple phrase est plus simple que toutes les autres. Plus fluide, plus naturel. Et là, avec elle contre lui, il ne veut pas bouger pour risquer de ce moment à eux deux.
Faolan reprend finalement la parole, elle espérait que sa robe le laisserait bouche bée? Il l'a été en effet mais se remet bien vite avec une simple affirmation : elle n'a pas besoin de tout cela! Elle relève la tête pour le regarder, c'est qu'il est quand même grand comparé à elle, et le voici qui se perd dans ses mots d'une certaine manière. Parlant de la robe, puis de ruines? Alors il a rencontré Lin? Un flot d'informations n'ayant ni queue ni tête qui est généralement plus l'apanage de la jeune poupée que du jeune homme - lui il reste muet la plupart du temps quand il ignore quoi dire - une différence qui fait doucement rire la jeune fille en réalité! Non pas qu'elle se moque mais elle trouve cela adorable de sa part. Il n'avait pas besoin d'autant de précisions, ni de se perdre dans des explications pour défendre une première phrase qui au fond était parfaite selon elle : savoir qu'elle est belle et spéciale à ses yeux ne l'empêchera pas de faire des efforts pour lui mais, cela la gonfle de joie également! Après tout, n'est-ce pas ce que tout le monde veut? Être très bien aux yeux de l'élu de son coeur en restant soi-même?
Une légère fierté pour ce qui est du plat, certes il ne l'a pas encore gouté mais elle se sent fière d'avoir pensé à cela, d'avoir fait cette démarche! Elle le voulait bien-sûr mais le fait de voir cette reconnaissance qui le laisse sans voix et toujours plaisant! Un nouveau rire qui s'échappe - bien audible cette fois - des lèvres de la demoiselle alors qu'elle secoue doucement la tête. "Tout va bien avec papa... Et..." Commence-t-elle en baissant doucement la tête. "Tu peux être envahissant ça ne me dérange pas..." Dit-elle avant de secouer la tête. "Enfin, je veux dire... Je ne pense pas que tu le sois! Je veux aussi te voir plus souvent et faire des choses ensembles et..." Une nouvelle imitation de soupire, c'est si difficile de parler de sentiments ou de volonté d'être ensemble sans en avoir l'habitude... Relevant la tête pour venir chercher à ancrer son regard dans celui du cuisinier, elle sourit de ce grand beau et effrayant sourire qui est le sien. "Je sais qu'il y a ton travail et mon apprentissage et puis, je sais bien que ce ne sera pas forcément simple de se voir, toi à la capitale et moi ici mais... Je vais tout faire pour qu'on puisse se voir alors viens souvent! Tu ne seras jamais envahissant!" Dit-elle finalement alors qu'un léger toussotement se fait entendre dans leur dos.
"Pardonnez moi Dame Sanward, Sieur Faolan... Je suis navré de vous déranger à cet instant..." Dit Wilfred avec un petit sourire. "Mais j'ai ici un jeune garçon qui, malgré la discrétion de sa jeune soeur, réclame de voir "papa et fée"... Je crains qu'il n'ait peur d'une dispute?" Demande-t-il en arquant un sourcil, sans doute Melta se souvient de la dernière discussion en tête à tête de Faolan et Fedora qui était bien moins agréable en réalité...
Il va ouvrir la bouche pour expliquer qu’en réalité il pourra être plus présent qu’il ne le pensait, lui expliquer l’accord avec Luz et de ce que cela pourrait impliquer pour la suite de ses voyages. Il avait repris un peu de contenance pour parler de cela, mais c’est là que Wilfred arrive et qu’au final Melta lui fonce dans les bras les larmes aux yeux. Cet enfant était bien trop dramatique pour son propre bien.
— Pas dispute… Veux pas dispute… Fée gentille, papa aussi… Pourquoi eux tout seul… Moi aussi veux parler fée ! Moi pas vouloir être seul !
— Melta… Tu étais avec Rune et Wilfred, pas seul...
— Veux voir Shupon aussi !
Un soupir se fait dans le plus profond de la gorge du père de famille qui roule des yeux et sourit à cette déclaration malgré tout. Il est surtout impatient de tout savoir, de tout voir. Le père de famille le sait bien, la curiosité, mine de rien, est quelque chose qu’il cultive avec beaucoup d’attention chez ses enfants. C’était tout de même un peu étrange de tenir un œuf de familier en même que son fils entre les bras. Il mimait un désolé à Fedora un peu contrit de ce qui se passait avant de tourner la tête vers Rune qui regardait le tout sans trop savoir ce qu’elle pouvait faire ou non. Il lui fit un petit geste de la tête et la petite trottina vers eux pour prendre Melta contre elle et recevoir un baiser dans les cheveux de Faolan pour son aide. Après cela, il reporta son attention sur Fedora.
— Excuse-moi, il a toujours été impatient… J’aurais voulu te parler de plein d’autres choses, surtout savoir si tu avais une idée de maison dans le coin qui serait à vendre ou louer pour une famille, mais je suppose que cela attendra l’éclosion des petits. Enfin, si tu veux bien qu’on fasse l’éclosion des Shupon maintenant et…
— Pourquoi ne voudrait pas ?
— Melta, ce n’est pas à toi que je demande.
— Moi vouloir, fée aussi, Rune aussi !
— Melta, s’il te plait, ne décide pas pour les autres.
— Mais mignon ! Comme fée ! Hein fée ? Toi vouloir aussi ?
Et le voilà qui commençait à faire des yeux de chaton triste à son amie, petite-amie, compagne ? C’était quoi le terme maintenant ? Est-ce qu’ils se sont vraiment m’y d’accord pour faire l’aventure à deux ou est-ce qu’il a mal compris ? Il faudra reparler de cela après, là pour une fois il va la laisser gérer cela. Quand il est ainsi, ironiquement, il ressemble un peu trop à sa mère biologique pour les nerfs de Faolan dans cette situation-là.
Malheureusement, on n'a pas toujours ce que l'on veut dans la vie et Wilfred se doit d'intervenir et pour cause : un adorable enfant arrive en courant pour se jeter dans les bras de son père. Visiblement, le bambin craignait une dispute comme l'explique le majordome? C'est vrai qu'en tant qu'adultes ayant des choses importantes à discuter, ils ont peut-être oublier le plus important : Faolan a deux enfants et cette décision va aussi avoir un impact sur eux... Melta ne connaît pas réellement sa maman, cela Fedora l'a comprit quand elle a fait l'erreur de parler à Faolan de sa potentielle compagne lors de leur première rencontre, Rune est un peu plus âgée certes mais a été adoptée par le cuisinier... Est-ce qu'elle est capable de chausser ces chaussures là? Elle qui avait du mal à s'occuper d'elle-même, sera-t-elle une bonne personne pour deux enfants? Bien loin de ces inquiétudes, Melta veut juste voir l'oeuf éclore et le jeune shupon venir au monde. Visiblement il n'est pas le seul curieux, Twintania en tête de file revient également avec les autres familiers, tout un petit attroupement pour voir la naissance du nouveau familier alors que Fedora, tenant bien son oeuf, se penche devant le bambin et sa soeur.
"Tu as raison, il est temps de le laisser sortir de son oeuf, lui aussi doit s'épanouir pas vrai?" Demande-t-elle en jetant un regard souriant à Faolan. "Mais avant tout, il faut lui trouver un nom..." Continue-t-elle semblant réfléchir. En réalité, elle y pense sans réellement avoir d'idée, la plupart du temps, cela lui vient naturellement, il suffit qu'elle regarde l'oeuf ou le familier - dans le cas de Twintania - et elle sait exactement quel nom lui attribué... Un léger sourire - du moins elle l'imagine léger - se trace sur son visage alors qu'elle hoche la tête. Que représente exactement ce shupon à ses yeux, un cadeau de Faolan, une promesse de relation, mais surtout... "Hope." murmure-t-elle en déposant l'oeuf au sol alors qu'il commence à se fissurer, laissant apparaître aux yeux de tous le jeune shupon : son espoir que cette relation, cette nouvelle vie "à deux" - voir même à quatre en fait - se passe parfaitement... Se tournant vers Faolan elle sourit avant de détourner le regard légèrement gênée. "Je n'ai pas réellement vu de maison en vente mais je peux regarder... En attendant, j'ai une grande maison avec plusieurs chambres et... Enfin, assez pour Rune, Melta et toi donc... Je veux dire... Vous pouvez rester ici autant qu'il vous plaira..."
— Papa ? Pas faire ?
Melta le regarde sans comprendre pourquoi l’adulte ne donne pas un nom lui aussi à l’œuf pour le faire naître. Lui-même ne sait pas trop pourquoi il ne dit pas simplement miel comme ce qu’il avait prévu à la base. Enfin, si, il comprend et rougit d’anticipation pour la prochaine phrase qu’il va dire, mais cette fois il ne dira pas rien. Cette fois il communiquera et d’une certaine manière il veut offrir tellement à l’élue de son cœur pour cette attente à cause de sa propre peur. Il en fait trop ou pas assez, c’est toujours d’un côté ou de l’autre, mais il ne sait juste pas encore doser. Peut-être plus tard cela ira mieux. Il tourne son regard vers elle et se lance.
— En fait… Avant de lui donner un nom, je voulais te demander un aliment que tu aimais enfant ou qui te rappelle un bon souvenir… Ou même une de tes choses magiques à laquelle tu tiens, même si je ne comprends pas tout. En tous les cas je voulais savoir d’abord ça avant.
Avant de donner cela en nom à un familier qui sera lié à lui pour toujours. C’est un lien entre eux et lui veut le faire ainsi, même s’il est le seule fleur bleue de cette histoire. Rune s’approche un peu pendant qu’il dit cela et se met à observer le nouveau venu pendant que les deux adultes sont là à démêler leur conversation parlant un peu trop de sentiments pour le coup.
— Et sinon… en fait… pour l’hébergement… pour être tout à fait exact… c’est que… enfin…
Il cherchait comment le dire parce qu’en est la proposition de Fedora lui faisait vraiment très plaisir, mais c’était ce qu’il voulait proposer sur du long terme. Ne pas lui imposer une vie de famille d’un seul coup avec son animalerie qui semblait grandir de jour en jour et sa petite famille en prime. Seulement il savait aussi que s’il continuait à ne pas former sa phrase en entier elle allait paniquer et croire qu’il ne voulait pas alors que c’était tout l’inverse. Il prend une forte inspiration et se lance à nouveau. Il faudra à un moment qu’il n'ait pas l’impression de courir un marathon à chaque fois qu’il veut parler à cœur ouvert de sujet qui le touche un peu trop. Cela en devient ridicule à force.
— Je voulais te demander cela plus. Enfin. Ce que je veux dire. C’est que voilà, je voulais proposer qu’on vive ensemble plus tard, une fois que tu serais à l’aise avec l’idée de nous avec toi et pas le demander directement. Parce que c’est ton chez-toi ici. Ton univers. Tu viens d’arriver pour voir ton père aussi, même si cela fait quelque lune, mais ça reste neuf et je ne voulais pas l’envahir avec… avec ma vie et tout ce que cela implique d’un coup. Ce n’est pas que je suis contre, loin de là. Vraiment loin de là, mais je n’ai pas envie que tu sois l’impression d’être piégé non plus parce que j’arrive, que je demande un logement proche de chez toi et que tu proposes directement chez toi en pensant que ça pourrait être simplement ce que j’attends de toi. On sait tous les deux que ce n’est pas le cas, mais je… enfin… Je veux simplement te protéger de mon mieux, même si c’est un peu stupide comme je pense… Qu’on prenne le temps de se construire et être comme les adolescents un peu idiots qui vont se balader en ville pour apprendre à plus se connaître alors qu’ils habitent à une rue de distance. Pouvoir te faire connaitre ça, surtout après avoir été un idiot. Ne pas directement te donner l’impression que tu n’auras pas le droit à cela…
Et que lui aussi voudrait aussi, d’une certaine manière, vivre leur romance avec les clichés un peu foireux des livres à l’eau de rose. Sans les repas aux chandelles ou les étreintes charnelles, mais un truc à eux aussi. Puis, il y a toujours cette peur-là. Celle de vouloir trop prendre de son affection et de finir par la briser ainsi sans le vouloir. Ses mains tremblent un peu, mais ce n’est pas bien grave, au moins il a parlé cette fois.
Heureusement, il y a les enfants! L'innocence même, l'incompréhension - ou plutôt l'inconscience - de la situation dans laquelle se trouvent les deux jeunes adultes. Melta n'a aucun idée de ce qui se joue actuellement entre son père et celle qu'il appelle affectueusement Fée, son seul intérêt dans cette histoire c'est la naissance du deuxième shupon, l'éclosion de cet oeuf afin de découvrir son nouvel ami. Une demande faite à son père qui, d'un seul coup, parvient à faire quelques peu redescendre la pression - auto-infligée - de cet échange : pourquoi Faolan ne lui donne-t-il pas de nom? Naturellement, les yeux immobiles de la poupée viennent chercher ceux de son compagnon, penchant légèrement la tête sur le côté comme pour en ajouter au questionnement : pourquoi? Quelque chose qu'elle aimait? Un aliment qui lui rappelle des souvenirs? Pourquoi pose-t-il cette question maintenant exactement? Et puis, il y a aussi cette demande sur un élément magique qu'elle apprécierait qui lui décroche un petit rire, cristallin, tendre, heureux... Bien-sûr, elle sait que les connaissance de Faolan en matière de matériaux magiques servant aux enchantements qu'elle travaille avec Lin doivent être aussi développées que ses propres connaissances en cuisine mais, elle trouve cela attendrissant de le voir s'y intéresser...
"Et bien..." Commence-t-elle réfléchissant doucement. "Je t'ai déjà dis que j'aime la pluie n'est-ce pas?" Demande-t-elle faussement, sachant parfaitement qu'elle le lui a affirmé lors de leur première rencontre. "C'est parce que, c'est l'un de mes souvenirs le plus cher! Lorsque j'étais petite, avant de devenir une poupée, le tonnerre me faisait peur... Ma maman, voyant cela, avait l'habitude lorsqu'il pleuvait de demander à Gaspard de nous faire un chocolat chaud." Raconte-t-elle en souriant doucement. "J'aime la pluie parce que dans ma mémoire, elle correspond à ces moments durant lesquels maman et moi nous buvions un chocolat chaud et qu'elle me protégeait de la foudre..."
Elle n'a pas grand souvenir de l'époque d'avant, avant sa transformation, avant que tout ne devienne plus difficile, plus effrayant, plus douloureux mais elle se souvient de cette tasse fumante, du goût de la boisson, de l'étreinte de sa mère et du bien-être qu'elle ressentait alors... Au final a-t-elle réellement répondu à la question? Il lui semble que plus que le chocolat, c'est la pluie qu'elle a dit aimer mais, ce n'est pas forcément faux tout comme ce n'est pas forcément vrai! C'est juste l'ensemble des deux qui ont créé chez elle un souvenir chaleureux d'une situation qui était pourtant plus angoissante qu'autre chose...
Et en parlant de situation angoissante, voici que Faolan revient sur l'offre de la poupée! Les héberger, une proposition qui vient du plus profond de son coeur bien-entendu mais peut-être était-ce malvenu? Il hésite et naturellement, comme souvent - trop souvent - Fedora est prête à sauter aux conclusions. *Il ne veut pas!* Se dit-elle. *C'est trop rapide!* Panique-t-elle. *Idiote idiote idiote!* S'engueule-t-elle... Mais Faolan reprend alors la parole et sans le quitter du regard, Fedora écoute ses explications... Alors c'est cela? Elle se sent stupide d'avoir eu peur et heureuse de voir qu'il prend les choses ainsi cependant... Cependant la demoiselle se sent littéralement pousser des ailes, s'avançant d'un pas, elle pose ses deux mains sur celle du jeune homme, le regardant droit dans les yeux avant de secouer doucement la tête.
"Je ne me sens ni piégée ni obligée!" Affirme-t-elle. "J'aimerai bien pouvoir vivre tout ces moments avec toi bien-sûr, t'apporter ce que tu attends d'une relation normale mais... Mais notre relation n'est pas normale... Je ne suis pas normale!" Finit-elle par dire avant de sourire doucement. "Bien-sûr je veux passer du temps avec toi, je veux aussi apprendre à ton connaître plus que ce n'est déjà le cas, je veux qu'on vive tout cela ensemble mais... Mais je sais que même si les gens s'adaptent à mon apparence maintenant, excepté toi personne ne me voit comme quelqu'un de normale... On ne pourra pas aller manger ensemble, ni boire un café, quand on sortira, les gens risquent de nous regarder avec surprise voir incompréhension et... Je sais que je peux le supporter, si c'est avec toi alors c'est possible mais... Quand on rentrera, si tu retournes chez toi et moi ici..." Hésite-t-elle un instant. "Je serai toute seule!
Il n'y aura personne pour me dire que ce n'est pas grave, que je suis quand même jolie, que tout ira bien entre nous... Je ne veux pas t'imposer l'hébergement mais, c'est malheureusement ma réalité : je suis la poupée, cette fille de tissu que l'on dévisage et ce sera encore pire maintenant parce que les gens ne comprennent pas... Si tu n'es pas là quand ça arrive, je devrais vivre ça seule et je ne sais pas si j'en suis encore capable..." Avoue-t-elle tristement.
Il voudrait que tout s’envole d’un coup. D’être sans toute ses questions stupides dans le crâne qui le rend idiot face à Fedora. Tout ce qui lui fait trop penser a des choses inutiles sans rien pouvoir y faire encore et encore. Il se met à réfléchir à un nom qui soit lié à la pluie et si possible au chocolat aussi. Quelque chose qui lui fera penser à Fedora directement. Cela se colle sur ses lèvres presque directement, comme une évidence, comme si c’est ce qui manquait pour donner le nom tant attendu pour ce petit familier.
— Goutte.
Pour les gouttes de pluie qui tombent du ciel, pour celle du chocolat chaud dans la tasse d’un passé où elle pouvait en boire, pour les gouttes d’espoir et d’amour qu’elle t’abreuve par sa simple présence. Un mot des plus basique, mais qui a plus de signification que cela ne semble à l’extérieur. L’œuf réagit directement et craque sous les yeux émerveillés de Melta et Rune qui ne font que regarder cela sans s’occuper des adultes. Sans faire attention à l’ambiance, le rouquin babillant en chuchotant des mots tendres à la petite créature qui se blottit affectueusement dans les mains du cuisinier alors que sa sœur lui caresse doucement les cheveux en souriant.
Face à cette scène, alors qu’il sent le lien de familier se créer, toute son attention est sur les paroles de sa fée. Elle a, comme souvent, des mots qui touchent directement le cœur. Une façon de voir le monde qui illumine encore plus les craintes de Faolan, en balayant certaines, en découvrant des nouvelles, voire renforçant d'autres. Cela illumine aussi ses certitudes et son envie de faire mieux. De croire encore plus en eux. Encore une fois, comme toujours, il est un idiot qui pense selon le regard des autres, selon les normes des autres, alors qu’ils ne sont pas les autres. Ils ne sont pas des gens normaux, aucun d’eux.
— Tu sais moi aussi je ne suis pas normal. Ni Melta ou Rune. Je n’aime pas ce mot, parce qu’il semble te blesser à chaque fois alors je ne veux pas l’être et je ne le suis pas en fait. Qu’est-ce que c’est d’être normal en vrai ?
Il a un rire un peu ironique, un peu gris, en disant cela, il se moque clairement de lui-même en disant cela. De ses propres mots qu’il a crachés un peu plus haut sans en mesurer l’impact, comme tout le temps. Dire qu’il fait attention a ses mots face aux enfants et qu’il est incapable de le faire face à celle qui fait battre son cœur un peu plus rapidement. Surement parce qu’elle n’est plus une enfant, parce qu’il est nerveux face à elle et que tout sort d’une façon immonde et sans filtre. Enfin, pas avec les bons filtres.
— Je veux vivre avec toi, j’avais juste peur d’être trop gourmand, de vouloir tout dévoré de toi et être incapable de t’offrir ce que tu souhaites, sans même savoir ce que tu veux vraiment. Après tout je viens m’installer ici, j’ai même donné ton adresse pour mes prochains courriers pour mon nouveau travail stable sans même te demander avant et… Tu es la première avec qui je suis ainsi et…
— Papa ! Shupon vole !
Les enfants ou l’art de couper en plein élan, mais c’était vrai que Goutte faisait ses premiers battements d’ailes pour décoller et venir se placer en plein sur le visage de Faolan comme un cheveu sur la soupe alors que Melta et Rune en ris de bon cœur. Le cuisinier soupire et ris lui aussi avant de prendre son courage à deux mains, d’enlever son nouveau familier de son visage et de s'approcher assez rapidement de Fedora pour lui embrasser la joue et lui sourire de toutes ses dents.
— Je te fais confiance pour prendre soin de nous alors, merci. Au fait, tu n’as pas parlé de plat un peu plus tôt ?
— Manger ! Manger !
Visiblement Melta aimait l’idée de parler nourriture là tout de suite ou pouvoir la manger en tout cas.
Deux petits êtres viennent de naître aujourd'hui, Hope confortablement installé dans les bras de tissu de la jeune noble et Goutte, installé de la même manière dans les bras du cuisinier et, si Melta et Rune prennent pleinement conscience de la présence du nouveau familier dans leur vie, les deux adultes, eux, sont bien plus concentré sur autre chose, un autre événement marquant un tournant dans leur vie, un tournant qu'il ne sera pas forcément aisé de prendre comme l'affirme par ses paroles Fedora... La normalité, qu'est-ce exactement? Elle a été normale un jour, petite fille courant dans le jardin familial, riant des jeux qu'elle faisait avec sa mère, inconsciente de ce que la vie lui réservait. Pourtant, cela fait déjà quinze ans maintenant qu'elle a perdu cette innocence, cette normalité qu'elle pensait acquisse sans même en avoir conscience... Il a suffit que son pouvoir se développe pour qu'elle passe de sociale à solitaire, de jolie à repoussante, de normale à monstre! Un changement avec lequel elle a apprit à vivre mais dans lequel elle ne pensait pas entraîner un jour un jeune homme... Elle ne veut pas obliger Faolan, elle ne veut pas que lui-même se sente piéger dans cette relation balbutiante des débuts mais elle ne peut pas commencer cette vie ensemble en lui mentant sur ce qu'elle ressent, sur ce - qu'elle le sait - va arriver... Les gens ont du mal à s'adapter à une poupée mais y parvienne, ils ne comprendront par contre sans doute pas qu'un homme puisse vouloir une relation avec...
Un grand sourire lorsque Faolan affirme ne pas être normal, elle aurait tant à lui dire sur ce fait mais elle préfère le laisser continuer pour l'instant, ne pas l'interrompre, le laisser s'exprimer... Que veut-elle? Elle secoue légèrement la tête lorsqu'elle l'entend affirmer qu'il ignore ce qu'elle veut réellement. Ne le sait-il vraiment pas? Refuse-t-il simplement de le voir, de le concevoir même? Naturellement, cette discussion est coupé court par Melta, heureux sont les enfants bien loin des problématiques des grands. Elle rit doucement avant de s'interrompre, surprise, posant sa main sur sa joue alors que Faolan y a déposé un baiser... Même si elle sait que c'est impossible, cette fois elle est persuadée d'avoir prit quelque couleur au niveau des joues. Se tournant, un peu précipitamment peut-être, elle se doit de reprendre contenance. C'est ridicule, pourquoi cela la met-elle dans cet état, ne lui a-t-elle pas souvent embrassé la joue elle-même? Pourquoi l'inverse la fait réagir ainsi? Peut-être parce que tout devient soudainement si réel? Un réel auquel elle ne croyait plus depuis longtemps? Elle fait un premier pas avant de s'arrêter, faisant dos à toute la petite famille, c'est d'une voix douce, faible un peu qu'elle s'exprime. "Tu n'as jamais été normal pour moi... Tu n'as pas eu peur de moi, tu ne m'as pas traité en monstre, tu m'as fais sentir humaine dès notre première rencontre... Et ce que je veux vraiment? Tu dis ne pas le savoir mais... Tu es là aujourd'hui donc, tu me l'as déjà offert!" Affirme-t-elle avant de se tourner souriante et de tendre ses deux mains. "Allez venez les enfants, vous devez avoir faim?" Demande-t-elle. Et si Melta se précipite pour venir prendre la main tendue, Rune est un peu plus hésitante mais se saisit tout de même de l'autre main de tissu. Se tournant, non sans murmurer un petit "Idiot!" amusé et joueur du bout des lèvres à Faolan, elle se dirige avec les deux enfants vers la salle à mangé avoisinante dans laquelle se trouvent, sirotant une tasse de thé, Wilfred et Gaspard.
La réponse sort toute seule. Oui, il a nommé son familier par rapport à elle. Oui, il sait que ce n'est peut-être pas éternel ce qu'ils vivent. Qu'il a plein de doute. Que demain il pourra avoir encore plus peur et vouloir fuir. Qu'elle pourra se rendre compte qu'il n’est pas la personne qu'il lui faut. Que tout peut finir mal à tout moment et qu'il aura pour toujours ce familier avec un nom lié à elle dans sa vie. Seulement, il ne peut pas faire autrement, parce qu'elle est et sera une personne qui compte. Que même si ça se passe mal à un moment, elle a été une personne qui lui permet de voir de l'avant et pour ça il faut qu'elle graver encore plus pour toujours. Parce qu'il a aussi besoin de cela pour s'accrocher et se rappeler qu'il doit être fort contre ses démons qui le rongent à l'intérieur.
— Regarde, il apprécie ce nom en plus.
Naturellement le shupon approuve les dires en roulant dans la chevelure de Faolan comme un bienheureux. Ses cheveux sont définitivement un nid à familier. Il faudra peut-être faire une couchette avec cette base-là pour eux. Il n'a pas forcément envie de réfléchir à cela plus loin dans cette histoire. C'est un peu trop glauque d'une certaine façon ce qu'il imagine concrètement. Par contre, il y a des mots dans ce que dit Fedora qui pique, sans même qu'elles s'en rendent compte, parce qu'elle a tort. Il a eu peur, il a été mal à l'aise, il n'a pas eu le coup de foudre directement, c'est arrivé rapidement, oui, mais au tout début il n’a pas été bien. Il a même eu des appréhensions sur son statut de noble et… Et elle sait déjà cela.
Pas tout dans les moindres détails, mais il a déjà parlé de ses doutes, de comment il a voulu se rattraper de pas avoir été parfait. Parce qu'en vrai c'est lui qui diabolise sa façon d'agir là où elle l'embellit à chaque instant. Il a parfois peur qu'elle voie après les illusions de l'amour. Qu'elle sorte de cette période lune de miel comme dise beaucoup de personnes. Qu'elle le voit comme lui se voit et… Il agit comme elle. Enfin pas totalement. Elle a peur d'elle-même, se déteste elle-même pour un physique qu'elle ne contrôle pas, sur des remarques qu'elle a dû subir et apprend à vivre malgré ça. Lui, c'est un peu cela, mais pas avec un complexe sur son physique et l'image qu'il ne renvoie, enfin, pas directement.
— Tu sais quoi, je viens de me rendre compte de combien on se ressemble sur beaucoup plus de choses que ce que je pense. Merci d’être comme tu es.
Rune et Melta tournent la tête vers lui sans comprendre ce qu'il vient de dire, mais cherchant surtout à savoir si c’est le signal pour manger. Cela te fait rire et voir Gaspard et Wilfred boire leur thé à côté de tout ce qui se passe à quelque chose de si normal que ça le rassure. C'est comme si tout vivre intensément avait toujours été leur façon de vivre et qu'importe, les gens autour suivent le mouvement tranquillement à leur rythme.
— Qu’est-ce que tu as préparé exactement ? Est-ce que je pourrais te voir cuisiner ? Je sais que tu ne peux pas goûter, mais si l’activité t’amuse, je le fais aussi avec les enfants, on pourra faire des plats ensemble. Peut-être qu’en plus tu auras des idées pour enchanter mes plats. Je tente de voir comment mettre des effets divers et variés sur ce que je cuisine.
Une petite activité à faire à deux mélangeant d'une certaine façon leurs deux mondes. Sa façon à lui de tenter de l'introduire toujours un peu plus dans son monde à lui.
— Au fait, il faudra que tu me gardes au courant avec précision d’où tu seras pour le prochain Solstice, j’aimerais passer les festivités avec toi cette année.
Une façon de l’invité, mais aussi de faire comprendre qu’il comprend qu’elle bouge aussi, que lui aussi pour le coup. Une façon aussi de dire que cette année il voudrait ne pas ravoir ce qui est arrivé la dernière fois.
Ce ne sont que des mots, des mots qui n'ont qu'un petit impact sans doute pour beaucoup mais pour elle? C'est tellement plus! Il la remercie d'être elle! Elle, cette poupée, cette fille de tissu, celle qui a des dents grandes et effrayantes, celle qui ne peut pas respirer, boire, manger ou même dormir, elle dont les yeux n'ont même pas de paupière, elle qui se déteste depuis qu'elle a découvert son pouvoir, qui a souvent, plus jeune, pensé qu'elle était une malédiction pour ses proches, sa famille, Wilfred, Gaspard... Elle qui si souvent a été traité de monstre, d'erreur, d'horreur... Aujourd'hui, il la remercie d'être elle! Elle dans tout son ensemble, elle avec cette mentalité un peu trop petite fille parfois qui peut bouder pour rien, mal comprendre les choses, se renfermer ou se sentir si inutile, elle avec ce physique qu'elle n'arrivera jamais à apprécier... C'est sans aucun doute la plus grande preuve d'amour qu'il pouvait lui donner et au fond, sans doute ne s'en rend-t-il même pas compte mais, il ne le pourrait pas! Lui ne connaît pas cela! Pourtant, à cet instant, plus que jamais et cela malgré qu'elle n'ait aucun doute sur ses sentiments, elle sait qu'elle commence à vivre son conte de fée! Car, comme toutes les filles, elle a un jour rêvé au prince charmant, celui des histoires qui la rendrait heureuse! Le sien n'est pas un prince, mais il est bien mieux encore!
Faolan la rejoint dans la pièce suivante, un regard vers Gaspard et Wilfred alors que les deux hommes sourient - sans aucune discrétion - en regardant le jeune couple. De toute évidence, le majordome a déjà fait tout le détail de ce qu'il a pu voir ou entendre à son compère! Elle pourrait leur tirer la langue comme une véritable enfant si son petit-ami - une idée qui la rend réellement joyeuse - et les enfants n'étaient pas avec elle! Pourtant, elle revient bien vite à plus important lorsque Faolan lui demande ce qu'il y a pour manger. "Une soupe de poisson au Thogosus et au Zebranop... Oh euh... J'espère que vous aimez le poisson?" Demande-t-elle finalement, se rendant compte qu'elle n'a même pas prit cela en compte dans sa préparation. Et la voilà qui se met à paniquer suite à cela, tout en tentant malgré tout de ne pas perdre le large. "Je suis sûre que je peux trouver des enchantements pour la cuisine oui, mais tu veux peut-être manger autre chose? Lin voudra sans doute bien m'aider! Gaspard peut préparer un tout autre plat! Tu préfère de la viandes? Quel genre d'enchantement tu penses? Je..." Un léger rire de Wilfred qui s'apprête à se lever pour venir au secours de la demoiselle mais cela n'est finalement pas nécessaire : Une simple question de Faolan suffit à ce qu'elle arrête tout simplement de parler. La laissant muette, ce qui est assez rare pour le dire!
"Le solstice..." Répète-t-elle. "Tu veux... Le passer ensemble?" Demande-t-elle avant qu'un large sourire se dessine sur son visage. "Oui! On pourra faire des bonhommes de neiges, les enfants pourront manger plein de gâteaux qu'on préparera ensemble! Ce sera merveilleux... Par contre, on pourra éviter les feux de cheminées n'est-ce pas?"
Pendant quelques secondes il imagine sa vie au village s’il avait accepté le caprice d’Asha comme elle en avait tant l’habitude. Elle aurait continué son histoire avec Elthas et ça aurait définitivement brisé l’homme qu’il était à l’époque. Il sait que malgré ses efforts il aurait fini par en vouloir à Melta pour quelque chose dont il n’aurait pas été responsable et n’aurait pas été mieux que ses piliers de bar dont il répugnait l’existence enfant quand il venait prendre des matières premières au bar pour les cuisines des nobles. Oui, être avec Fedora, malgré les faux pas qu’il fait, est beaucoup plus doux et joyeux de base et lui promet un avenir beaucoup moins puant en prime.
— Moi j’ai pêché poisson une fois avec tata Java ! Même que j’ai pouf pouf dessus ! Et boum ! On a pu faire des brochettes grillées à côté de la rivière !
Melta se mimait lui en train de donner des coups de poing au pauvre poisson et sautillait tout en disant cela. Le fait d’avoir du poisson en repas finissait presque toujours avec l’enfant qui parlait de cette anecdote. La première fois c’est attendrissant, la quinzième fois se fait demander si c’est encore une bonne chose de servir du poisson en repas, mais ce n’est pas la question du jour. Faolan voit Fedora paniqué et va pour lui demander de respirer à fin de l’arrêter, mais se stop avant que cela ne sorte de sa bouche. Elle ne respire pas imbécile. Oui, vraiment, il y a certaines expressions dont il va devoir faire attention. Il prend place à table et les deux enfants en font de même. Cette fois il sait ce qu’il va dire, mais est à nouveau coupé avec la proposition de Fedora pour le Solstice et…
— Moi je veux ! Rune aussi ! N’est-ce pas Rune.
La jeune fille sourit et hoche la tête avec plaisir et Foalan soupira en les voyant agir ainsi, avec autant de naturel dans une situation qui est si nouvelle pourtant. Les enfants ont une capacité d’adaptation surprenante mine de rien.
— Vous deux, c’est pour moi la proposition. Oui, Fedora, ça me ferait très plaisir de passer le Solstice avec toi.
— Et nous ?
— Melta, commence par goûter le plat que Fedora nous a préparé et puis on en discutera plus tard.
— Promis ?
— Oui, promis.
L’enfant sourit et Faolan soupire à nouveau. Oui, il en parlerait à nouveau et devrait trouver une activité pour les enfants un peu plus loin parce qu’il voudrait beaucoup avoir une sortie que tout les deux pour le coup. Pour une fois. Il sent la soupe et adresse un franc sourire à sa fée.
— J’aime beaucoup le poisson, ne stresse pas autant. En plus, j’en fais un peu moins depuis que Melta raconte toujours la même histoire et boucle et…
— TROP BON ! ENCORE ! Pas faim papa ? Tu donnes ?
— Non, laisse mon assiette tranquille.
— Mais ait faim !
Visiblement Rune est moins fan de la préparation, son palais à plus de mal avec les aliments de la mer, mais elle a tout de même fini son assiette sans faire la grimace, elle s’occupe même de resservir son frère qui ne s’occupe plus de l’assiette de son père. Ce dernier se dépêche de mettre enfin sa cuillère dedans pour goûter le plat. Le goût est bon et directement en tête il a envie de dire les commentaires pour tenter de rendre le goût meilleur de son point de vue ou les changements qu’il aimerait apporter tout simplement, mais il se doute que Fedora ne verra pas cela comme un compliment. Alors il garde ça bien loin et choisit une autre solution. On peut montrer son intérêt sans avoir a donner l’air qu’on insulte le plat mine de rien.
— J’aime beaucoup. Est-ce que tu pourras me montrer comment tu l’as fait à l’occasion ? Et sinon, oui, on évitera les feux de cheminée et on fera des gâteaux ensemble. C’est toujours amusant de faire la cuisine à plusieurs. D’ailleurs, en parlant de cuisine à plusieurs, je suis en quelque sorte devenue responsable d’un groupe de cuisine. Enfin, pas un groupe, parce que c’est un travail, mais que c’est un peu plus stable que ce que j’avais avant comme façon de travailler et même si je continuais à parcourir le pays pour réaliser mon rêve, bah, ça sera pour cela que je pourrais plus souvent revenir à la maison, encore plus avec les portails de téléportation, donc le pourquoi un logement stable est venu. Tu ne m’auras donc pas forcément en coup de vent et je pourrais me permettre de rester plus longtemps en un seul lieu sans soucis. Même pour le courrier ça sera plus rapide et pratique, même si Salombo court bien d’un point à l’autre mine de rien.
Doucement, mais sûrement il met sur la table les nouvelles qu’il n’a pas mises sur papier dernièrement. Il y a tellement à dire en même temps.
Voyant que la jeune noble semble comme bloqué entre deux états d'esprit, c'est Gaspard qui se lève cette fois, servant les portions à la place de sa maitresse et déposant les assiettes, ce n'est que la voix de Melta qui fait réagir Fedora, la poupée serait sans doute rouge de honte pour ce moment d'absence si cela était possible! Elle finit par prendre place, préférant ne pas intervenir dans la conversation entre les enfants et leur père, restant calmement - du moins en apparence - en attente du verdict... Si Melta semble apprécier - ce qui honnêtement fait imiter le geste d'un soupire de soulagement à la poupée - le cuisinier lui n'a pas encore eu l'occasion de goûter et Rune semble moins apprécier le repas? Elle mange tout mais avec moins d'entrain, un peu comme lorsqu'elle était petite et qu'elle se forçait pour ne pas offusquer un hôte de sa mère, lorsqu'elle la suivait encore pour des diner ou des réunions importantes, avant sa transformation, avant que sa mère refuse simplement ce genre de rencontre pour ne pas forcer la jeune fille à souffrir le regard des autres, leur commentaire, leur méchanceté... Un regard vers Gaspard et celui-ci hoche simplement la tête, signe qu'il a bien comprit la demande de la demoiselle. Enfin, Faolan goûte et elle retient sa respiration - enfin... - alors qu'il donne son avis! Elle l'écoute attentivement et penche légèrement la tête sur le côté.
"Je suis heureuse que tu aimes et oui, je pourrais te montrer mais... Pas tout de suite, je crois que Gaspard va devenir allergique s'il doit encore manger du poisson dans les prochains jours." Avoue-t-elle en riant doucement. Elle se tourne ensuite vers Rune. "Rune as-tu encore faim? Gaspard peut te faire ce que tu veux tu sais? Il fait d'excellents déserts d'ailleurs! Il est hors de question que l'on laisse une belle demoiselle partir sans avoir mangé à sa faim..." Dit-elle en lui offrant un grand et beau sourire - celui-ci elle refuse qu'il soit effrayant! - puis reporte son attention sur Faolan. "Je ne m'attends pas à ce que tu sois toujours présent tu sais! Je sais que tu veux parcourir le pays et découvrir des recettes, je sais aussi que tu as des obligations. Bien-sûr, je suis heureuse de savoir que l'on pourra se voir plus souvent mais, je suis aussi souvent avec Lin pour les enchantements et mon apprentissage, je passe beaucoup de temps à la ville aquatique alors ce serait bien égoïste de te reprocher cela! Ce que je veux dire c'est que... Je ne veux pas que tu te forces pour moi, si tout cela correspond à tes projets et tes envies c'est merveilleux! Mais je ne veux pas qu'un jour tu finisse par te dire que tu as dû renoncer à quelque chose par ma faute..."