Nous montons les marches deux à deux, presque trois à trois, courant pour échapper aux créatures affamées. Nous traversons un nouveau couloir du navire et avec un coup d'œil derrière moi je constate que les rats décident finalement de nous lâcher. Autre chose vient les préoccuper. Je fronce les sourcils en réfléchissant. C'est finalement les grincements du navire et le bruit du clapotis de l'eau qui me font baisser le regard. Entre les planches pourries du bateau, on peut apercevoir les étages inférieurs. La marée monte rapidement, déjà l'étage où nous étions est en train de se remplir et vient nous presser de sortir de ce piège mortel. Les rats se sont retirés pour gagner une quelconque cachette le permettant de survivre le temps que la marée redescende, en revanche nous n'avons pas une telle cachette.

« Nous devons trouver une sortie. Le temps presse. Tant pis pour le collier. »

Je prends les devants et dépasse mon compagnon, ouvrant les cabines à la recherche d'une sortie. Rien, et rien, et encore rien. C'est finalement en sentant l'odeur de l'air marin et en sentant une petite brise sur ma peau que je me tourne vers une cabine entrouverte. Après avoir poussé la porte pourrie et rongée par l'humidité, j'aperçois notre voie de sortie. Un sourire soulagé vient étirer mes traits alors que je m'approche de l'ouverture béante dans le mur. Nous pourrions sauter dans l'eau de cette hauteur, mais j'ai l'impression d'apercevoir des formes sombres se mouvoir sous la surface, je ne préfère pas trop tenter ma chance sur ce coup.

Avec un soupir, je prends le temps d'inspecter la chambre. En utilisant les draps du lit, je peux peut-être me faire une sorte de cordage. Je trouve aussi une valise à moitié rongée avec des restes de vêtements. Parfait ! Mon regard est ensuite attiré vers un meuble où une cloche de verre protège un bijou. Ce dernier m'intrigue et j'abandonne un instant ma tâche pour m'en approcher. Un collier, semblable en tout point à celui que nous recherchons.

« Leonard ? »

Pas de réponse. Je ne sais pas où cet imbécile est encore passé. Je tente de soulever la cloche, mais cette dernière semble bloquée. Je me retourne vers le lit et récupère des vêtements que j'enroule autour de mon poing droit. Une fois mon gant de fortune prêt, je récupère une de mes épées et commence à frapper la cloche avec sa poignée. Au premier coup le verre ne se fissure que légèrement, mais en insistant et en frappant plus fort, les fissures viennent s'agrandir jusqu'à ce que le verre se brise. Contente de mon œuvre, je range mon arme et vient délicatement récupérer le collier de ma main libre en faisant attention de ne pas me couper. J'observe un instant le bijou, j'en suis certaine, c'est celui que l'on cherchait.

Avec un sourire, je viens l'accrocher à mon cou pour être sûre de ne pas le perdre. Ce n'est pas du tout mon style, mais en le cachant un peu sous mes vêtements, je pense le mettre en sécurité. Je reprends ensuite la confection de mon cordage de fortune et vient défaire un pied du lit dont le bois est bien abimé par les intempéries. J'accroche le morceau de bois à une extrémité de mon cordage et m'approche ensuite de l'ouverture vers l'extérieur. Après un soupir, je tente de me donner un peu de courage et de ne pas regarder l'eau qui monte toujours plus. Je fais tournoyer mon grappin de fortune dans l'air avant d'essayer de le lancer vers le haut du bateau, en direction du pont supérieur. Je le lance et rate, mon lancer étant trop haut. Je jure et recommence l'opération. Encore raté. Je fulmine, mais n'abandonne pas. À la troisième tentative, une tête passe par-dessus le ponton et regarde dans ma direction. Je reconnais l'un des marins nous accompagnant et qui vient se prendre mon "grappin" en pleine tête. J'entends un juron alors que l'homme vient récupérer mon cordage et l'accrocher. Il se tient le nez tout en me faisant signe de monter. Je m'exécute sans rechigner.

Après une escalade plus que périlleuse et instable, je finis essoufflée sur le pont. Je récupère doucement pendant que le marin remonte mon cordage de fortune. Je suis épuisée, couverte d'éraflures et plusieurs petites blessures, mais je suis en un morceau. Je me redresse et aperçoit le second marin, un Leonard évanouit sur son épaule et Boris perché sur son crâne. Je regarde dans sa direction et aperçois notre ticket de retour approcher. La Mère des Tempêtes s'est approché, sûrement en recevant un signal de nos camarades marins et une chaloupe a été mise à l'eau. Un marin est en train de ramer et de nous rejoindre pour nous faire remonter à bord. On dirait bien que cette aventure touche enfin à sa fin.