Dans cette maison, dans ces draps, dans cette ambiance luxueuse que je répugne et qui me pourri la vie. Cette dernière soirée... m'a totalement épuisée. Entre l'angoisse et l'inquiétude, la peur de l'échec, d'être démasquer... ou pire, d'entrainer le capitaine de la garde royale avec moi, je n'en peux plus.
Mais finalement, toute notre petite comédie de présentation aux parents s'est passé bien mieux que je ne l'aurai imaginé. Et c'est en partie ça aussi qui m'inquiète. Cela s'est trop bien passé. Alors je doute. Était-ce réellement un rôle que se donnait Arthorias ? Ou a-t-il dit toutes ses choses naturellement ?
Je l'ignore, et j'ai peur. Peur d'avoir encore accordé ma confiance à la mauvaise personne. Peur que toute cette histoire se retourne contre moi. Le pire des scénario serait qui révèle aux Lys que j'ai revu Elion et Kahlua, et que ceux ci mettent leurs menaces à exécution. Rien que d'y penser, une nausée me prend, me sortant du lit en courant jusque dans la salle d'eau pour y vomir tout ce qui m'est resté sur l'estomac.
Pitié, pitié. Faites que ce ne soit pas le cas. Faites qu'il ne me trahisse pas. Je ferai tout ce qu'il voudra, s'il veut m'épouser pour de vrai juste pour être noble alors je le ferai. S'il faut encore que je donne de moi, que je sois l'esclave d'une nouvelle personne, je l'accepterai.
J'accepterai tout. Tout plutôt que de voir Elion et Kahlua mourir.
Là, assise au sol, je me laisse un instant aller au chagrin, n'ayant pour seul soutient que mon mist qui me dévisage tristement.
"Tu sais qu'il n'est pas comme ça Luna... Il. Il ne nous trahira pas, tu verras."
J'espère, j'espère tellement. Car c'est tout ce qu'il me reste : l'espoir.
Je reste là sans bouger encore quelques minutes le temps de reprendre mon souffle et de me calmer. Puis, enfin, je me relève et m'habille rapidement des mes vêtements classiques, mon armure étant restée à la caserne.
Et rapidement, je sors de ma chambre et dévale les marches en espérant pouvoir m'éclipser avant de croiser qui que ce soi.
- Lunarya.
Raté. Fait chier.
Alors que j'avais atteint les grandes portes, je fais soudainement demis tour pour faire face à Joshua Lys.
- Il me semble que nous devons parlez non ?
- Euh... Et bien... Je... Je suis attendue à la caserne et.
- Au vu de tes nouvelles fiançailles, je suppose que ça ne dérangera pas Arthorias que je te retienne quelques minutes. D'autant plus que c'est pour parler de lui.
- Cela ne peut-il pas attendre ce soir ? Je ne veux pas que les autres pense que j'ai un traitement de faveur grâce à mes affinités...
- Bien alors je vais être bref pour le moment : Ce n'est pas parce que tu te maries que les choses changent. Cet Arthorias me semble être une personne tout à fait convenable aussi, tu as tout intérêt à le garder pour toi. J'entends par la qu'au vu de son précédent mariage, il pourrait être un homme qui se lasse vite. Il est donc de ton devoir de faire en sorte qu'il ne se lasse pas de toi. Et note que si tu décidais de tomber enceinte, nous serions cette fois tout disposé à nous en réjouir. Ce sera tout.
Je vois rouge. Tellement que je peux entendre mon cœur palpiter à mes oreilles. J'ai tellement envie de l'étriper, l'égorger, lui faire du mal, vraiment... Je...
Je les hais.
"Luna, reprends toi. Il le faut. Allons nous en."
Sans un mot, je me tourne et pars en claquant la porte. Est ce qu'il a lu la colère dans mon regard ? Probablement. Est ce qu'il en a quelque chose à faire ? J'en doute. Peut être est-il surpris ? Peut être a-t-il cru me faire plaisir en me disant cela ?
Mais où ? A quel moment ?!
Enfourchant ma jument, je pars alors au galop aux travers des rues de la ville, oubliant toutes les règles et autres, bousculant quelques passant sur mon chemin sans même les voir. Non, la colère est trop présente, ma haine trop prenante.
Et finalement, j'arrive enfin chez moi : la caserne royale. Voir tous mes collègues en armure fait redescendre un peu ma colère. Et rapidement, je vais enfiler mon armure pour rejoindre les rangs des Cuirassiers, comme si de rien était. Je devrai peut être aller voir Arthorias... Peut être.
Mais je n'en ai pas envie.
Je veux juste... Penser à autre chose, où j'ai peur de vraiment finir par tuer quelqu'un.
Le choc d'une épée sur le bois résonnait avec régularité dans la cours, marquant le temps qui passait par des coups sourd. Perdu dans ses pensées, Arthorias enchainait les frappes maltraitant le mannequins qui recevait une pluie de coup en craquant dangereusement.
Au bout de longues minutes et les yeux dans le vague, le capitaine sentit une résistance moindre dans la cible, cette dernière c'étant effondrée, sa base découpée par les coups d'épées de cérémonie.
Cette dernière affichait aussi une lame émoussée, de nombreuses criques en parcourant la base.
Mais de tout cela, seule l'immense présence d'un géant troubla l'officier qui se recula pour voir le colosse s'avancer vers lui.
-Toi, tu n'es pas dans ton assiette, et crois moi, détruire le matériel ne vas pas t'aider à aller mieux
La voix caverneuse fit sourire le capitaine qui laissa tomber son épée, reconnaissait par là même son ami de toujours.
Ce dernier croisa les bras sur son large torse, ses yeux d'orage couvant une certaine inquiétude.
-Et si je ne te connaissais pas aussi bien, je serais prêt à parier que tu as fais quelque chose de très stupide.
Un long soupir lui répondit, Arthorias faisant signe à son ami de s'asseoir en bordure du terrain, Ce dernier le connaissant bien trop pour pouvoir lui cacher quelque chose.
L'affaire qu'il aurait voulu régler seul finissait par le dépasser...
-Bon très bien, assied toi, je vais tout te raconter
-Que à lui ?
Une voix féminie résonna derrière lui, manquant de le faire bondir sur ses pieds. Cyaran, était là elle aussi suffisamment inquiète pour être descendue de sa chambre jusqu'à la cours d'entrainement des prétoriens
L'endroit n'était accessible qu'à la première compagnie et sur la vingtaine de membres que comptaient la compagnie tous n'étaient pas présent.
-Bon... très bien asseyez vous tout les deux !
Dit il d'un air presque bougon, chose que ne voyait jamais le reste de la troupe.
L'explication prit du temps, et une succession d'émotions contradictoires se fit jour sur le visage de ses deux amis, ces derniers demeurant silencieux une fois l'explication terminée.
-Alors ?
Risqua le lion, recevant pour toute réponse une bourrade dans le dos et un rire tonitruant
-Alors je vois que tu as pas changé, gros grade, gros risque hein ?
Le premier mariage ne t'a pas suffit ?
-Il faut avouer que cette fois tu as fait fort, même si Lunarya à de très gros ennuis.... tu aurais pu nous en parler avant !
-Et vous mettre dans la boucle ? Non merci, certains risques ne valent pas le coup de...
-Nous somme amis ! Lucy m'en soit témoins, recommence avec tes absurdité de fardeau du commandement, et je m'assure que chaque prétorien te rappelle d'où tu viens
-D'ailleurs....
Plusieurs cliquetis métalliques se firent entendre, alors qu'une dizaine de silhouettes carapaçonnée se tenaient derrière le trio, un sourire amusé sur le visage de chacun.
-Le capitaine Hekmatyar fait des vœux de mariages et on est pas encore au courant, bravo Artho ! Tu nous avais habitué à tes plans catastrophique, mais là, tu te dépasse.
Un éclat de rire gagna les soldats d'élite alors que le rouge venait aux joues du blond.
-Je n'ai pas le droit de vous demander de m'aider vous le savez
-Comme si on avais besoin que tu nous demande !
-On est une famille après tout
-Mieux que ça encore !
-Bon arrêtons d'accabler notre pauvre traque noble, mettons nous au travail, on à une famille à faire tomber
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Le cliquètement des armures était une constance rassurante. Et Arthorias, derrière son casque affichait des signes de fatigues que son faciès d'acier cachaient admirablement. Il observait tout le monde se mettre en place, les compagnies se formant petit à petit en rang ordonnés pour le rapport du matin.
Rares étaient ces moments, mais une fois par semaine, le capitaine tenait à rassembler tout le monde.
Chaque major présenta son unité au garde à vous, résumant leurs effectifs absent sous les yeux intransigeant du capitaine.
Et alors que l'appel se déroulait, ce fut au tour du capitaine de prononcer son discours.
Ce dernier fut bref, résumant à son tour les missions qui attendaient le régiment, rappelant quelques petits points clés avant de laisser aux chefs de compagnies.
Les ordres étaient aboyés par les majors, et alors que le capitaine retournait à son bureau il put entendre distinctement
-Lys ! Rendez vous avec le commandement dans l'après midi !
Une nouvelle confrontation qu'Arthorias redoutait d'avance, mais qui était impérative pour la suite du plan.
Ils avaient beaucoup à se dire...
Retournant à son bureau, il commença à rédiger plusieurs lettres qui partirent dans la matinée, une suite d'ordre destinés au palais, et à quelques contacts.
Le lion aurait préféré faire les choses plus directement... mais parfois un peu de subtilité était nécessaire
- Rien ! J'ai rien fait d'accord ! Lâchez moi !
- Ouhla... J'en connais une qui a mal dormi cette nuit...
- D'ailleurs, je t'ai vu arrivé ce matin... Après quatre ans, tu as enfin conclu ?
- Non mais. Vraiment. Foutez moi la paix.
Je préfère partir, c'est plus prudent. Autant d'habitude je peux sourire poliment à leurs taquineries qui ne sont là que dans le but de m'intégrer au groupe, mais aujourd'hui, je ne peux pas. J'ai déjà trop pris sur moi hier soir pour pouvoir supporter quelconque petite remarque maintenant. D'autant plus que plus j'y pense, et plus je regrette ce plan foireux. J'aurai juste du... Juste du fermer ma gueule quand Arthorias m'a demandé ce qui n'allait.
J'aurai juste du faire comme d'habitude et mentir, dire que tout allait bien dans le meilleur des mondes. Même si tout va mal, même si ce monde me semble tellement pourri.
Alors je disparais à mon poste, laissant mon binôme en plan d'un côté tandis que je vais consciencieusement de l'autre.
- Lunarya ! On est censé faire ça ensemble.
- Si tu as besoin je te rejoindrai mais on couvre plus de terrain séparément.
- Non mais oui, mais d'accord mais... Luna !
Je n'entends pas le reste de sa phrase mais sait pertinemment que ce sont surement des insultes sous couvert de lassitude. Je n'ai juste... Pas envie. Pas envie d'être là, pas envie d'aider, pas envie de patrouiller. Et surtout pas envie d'être à cet après midi.
"Tu veux vraiment revenir en arrière ?"
Je regarde autour de moi, surveillant que personne ne m'observe avant de répondre à mi voix à Haku.
- Oui. Oui je veux. Je n'aurai jamais du l'impliqué ! C'est mon fardeau, pas le sien ! Et... Et j'ai peur de l'entrainer dans ma chute... Plus le temps passe et moins j'arrive à... à me retenir...
Ma voix tremble. Et le trop plein d'émotion qui bouillonne en moi ne fait que sortir systématiquement par des larmes. Ça aussi, ça me rend folle.
- J'ai peur Haku. J'ai tellement peur de ce que je pourrai faire. Je... Je ferai surement mieux de quitter la garde avant de craquer. Parce que je te jure, je vais vraiment finir par craquer.
"Je sais Luna... Je sais. Mais. Tu ne veux pas lui laisser une chance ? Après tout les efforts qu'il a fait hier... Ce serait injuste de tout laisser tomber sans lui dire, tu ne penses pas ?"
- Était-ce vraiment des efforts ?
"Si on doute de lui, alors oui, tout est déjà fini... Mais laissons lui une chance de s'expliquer. Il a demandé à te voir tout à l'heure, non ?"
- Non, le commandement m'a appelé. J'ose espérer que ça n'aura rien à voir avec ma vie privée.
"Il te retiendra surement après pour te parler."
- On verra.
Et derrière moi, des pas précipités se rapprochent rapidement.
- Non mais vraiment Lunarya, je vois bien que tu es pas dans ton assiette... T'es pas obligé de me parler mais juste, je préfère rester avec toi au cas où il se passe un truc...
Je souffle, résignée.
- Si tu y tiens.
Et finalement, le reste de la matinée se passe sans un mot de plus. Jusqu'à la fameuse heure de mon rendez vous où j'avoue y aller à reculons. Franchement Arthorias... Si tu étais vraiment dans mon camps, est ce que tu m'aurais réellement faite convoquer pour des histoires de la garde maintenant ? A moins que ce ne soit grave ?
Toujours en armure, je me rends jusqu'à son bureau et frappe à la porte, tentant autant que faire se peut de me répété que tout va bien se passer.
Après tout, pourquoi ça se passerait mal ? Ce n'est pas comme si Arthorias avait raconté ma vie à tout le monde, hein ?
Non, il ferait pas ça...
Ne restaient qu'à poursuivre la course contre la montre qui était la leur. Vêtu cette fois d'une tenue moins ubuesque que la nuit dernière, une sous cuirasse de couleur crème, cette dernière laissant voir les bras nus tatoués du capitaine.
Les arabesques d'or semblant danser sur sa peau, jouant presque avec les reflets de ses cheveux.
Ses longues mèches venaient encadrer un visage fatigué, mais serein. Et si sa contenance s'effondra comme un château de carte quand la jeune femme ouvrit la porte, dénotant un attachement plus important pour la jeune femme qu'il ne l'aurai pensé, l'officier se força à rester à sa place, invitant la soldate à s'asseoir.
-Entre Lunarya
Dit il avec un sourire bien plus chaleureux que celui de la veille. Désignant un des fauteuil en face du large bureau. Ce dernier semblait aussi inflexible que les murs qui entouraient l'île forteresse forçant une distance plus que respectable entre le prétorien et ceux requérant son attention.
Une distance qui aujourd'hui semblait déplacée.
La porte claqua rudement, et on entendit distinctement derrière celle ci les deux golems en interdire l'accès croisant dans un crissement d'acier leurs larges épées en travers de la porte.
Et si le bureau du capitaine était isolé du reste du monde, ce dernier préférait prévoir l'imprévisible.
-Bon après cette mascarade hier soir, je me doute que l'humeur pourrait être bien meilleure mais qu'importe...
Sa voix se fit plus basse, et étrangement emplie d'émotion. Un certain regret pouvait se faire entendre dans ses mots alors qu'il se levait pour se planter devant la jeune femme, baissant la tête puis le buste
-Je te pris de m'excuser pour ce comportement inacceptable, indigne autant d'un capitaine de la garde royale que d'un citoyen du royaume
Les poings serrés, il tremblait légèrement, peinant à contenir le dégout qu'il avait de lui même. Finalement, la revoir n'avait fait que finir de faire voler en éclat le peu de certitude qu'il avait.
La nuit qu'il avait passé après avoir quitté ses amis avaient été emplie de doutes. Le blond se réveillant sitôt l'œil fermé
-Je ne réalise que maintenant dans quel état tu peux être après avoir passée une vie sous l'égide de ses manipulateurs.
Tout comme je comprend la difficulté de la tache.
Empli de désespoir, l'officier semblait presque fragile, jusqu'à ce qu'il se relève, faisant un tour de la pièce pour s'arrêter devant son armure officielle.
L'acier sculpté renvoyant le reflet de son porteur qui affichait un air résolu désormais.
-Mais je ne peux en être que plus résolu.
Les choses ne vont pas aller en s'améliorant, et j'ai peur de devoir me montrer plus cruel encore quitte à paraitre encore plus inhumain
Passant sa main sur les armoiries royales, il eut un léger frisson en repensant aux fausses promesses qu'il avait fait, salissant son âme de chevalier d'avantage en quelques heures qu'en plusieurs années.
Retournant lourdement sur son fauteuil, le capitaine parvint tout de même à sourire à son amie, un sourire des plus humains que seul ses proches avaient déjà vu.
-A vrai dire Luna, je crois que je suis terrifié par tout ça
J'en sais rien. Je ne sais pas... Je ne...
Moi aussi je suis terrifiée. Et je l'ai toujours été ! Je vis dans la peur depuis que ces monstres m'ont adoptée ! Si seulement... Si seulement j'avais eu mon mot à dire à ce moment là...
Mais non, tout s'est joué alors que j'avais sept ans, et je n'ai rien pu faire. Et aujourd'hui, alors que je n'ai jamais autant senti ma déchéance arrivé, je me vois entrainer vers le fond la seule personne dont j'ai accepté l'aide en dix ans.
Alors, manipulateur ou pas, est ce que j'ai vraiment le droit de lui faire ça ?
Restée debout, je n'ose le regarder, refermant mes bras sur mon corps, tremblant légèrement sous l'angoisse.
- Ne... Ne t'en veux pas Arthorias. Tu as fait bien plus que je ne l'aurai imaginé... Tu as été parfait, a t-elle point que moi même je ne sais plus que croire... Mais... Je ne veux pas. Je ne veux pas te faire sombrer avec moi.
- Lunarya... Je t'ai donné ma parole, je ne reviendrais pas dessus. Il était de mon devoir de t'aider, maintenant il n'est plus question que de cela.
Même si je pouvais revenir en arrière, je ne changerais pas d'avis.
Nous sommes une famille rappel toi, pas celle que tu as connu jusque là, une véritable famille
- Et c'est pour ça ! C'est pour ça qu'on doit laisser tomber ! On se protège les uns les autres ! Sauf que je ne peux plus ! Je... Juste me dire que je dois y retourner ce soir... Je... Je ne les supporterai pas. Je n'y arriverai pas. Et je veux pas que ça retombe sur toi ou la garde. C'est mon histoire, ma responsabilité. J'ai juste... Pas le droit de vous impliquer.
- Non plus maintenant, nous somme là pour toi, je suis là pour toi. Nous avons déjà trop avancé pour tout abandonner. Je ne peux pas laisser ta vie aux mains de ces..... Je ne sais même pas comment les qualifier.
Je me suis battu toute ma vie pour protéger la reine de ces vermines, je le ferais également pour toi. Qu'importe ce que l'on dira de moi. S'il faut aller jusqu'à prononcer des vœux devant témoins, je le ferais, certaines personnes méritent qu'on se battent pour elles !
Je le regarde sans rien dire, les yeux brillant une nouvelle fois de larmes. Pourquoi Arthorias ? Pourquoi tiens-tu absolument à faire ça pour moi ?
- Qu'est ce que tu en sais au fond ? Qu'est ce que tu en sais de si je mérites ou pas que tu risques tout pour moi ?! Et si demain une autre arrive, tu feras comment ?! Parfois, il faut se résigner sur le fais qu'on ne peut juste pas sauver tout le monde. Et je pense très sérieusement qu'on ne peut plus me sauver. J'ai. j'ai trop de haine en moi. Ce matin, j'ai du lutter de toute mes forces pour me pas décapiter purement et simplement cet enflure qui a osé dire qu'il se préoccupait de mon bonheur, tout fier qu'il était de me dire de faire un gosse, que cette fois j'aurai le droit de le garder. Il n'a juste AUCUNE IDÉE de ce que je peux ressentir ! De ce qui pourrait FAIRE mon BONHEUR !
Mais je n'en peux plus, Arthorias ! Je peux plus vivre dans le doute, à me demander si finalement tu n'es pas comme l'un d'eux, si finalement tu vas pas aller tout leurs dire et qu'à cause de moi... A cause de moi... Kahlua... JE POURRAI PAS ! Je pourrai pas le supporter !
Je pourrai pas...
Je m'effondre au sol, tremblant de tout mon être tant cette pensée me terrifie. Je n'ose imaginer, je n'ose envisager, et pourtant, cette pensée ne me quitte plus depuis hier soir.
Et seul la mort des Lys me parait envisageable pour palier au problème. Toute la famille disparaitrai, d'un coup, d'une même lame.
Et ainsi tous mes problèmes seraient résolus. D'un seul coup.
Un seul.
Et pourtant, de tout ce qu'elle dit, il parvient à la comprendre. Même son sens de la justice ne peut le rendre insensible à tout cela. C'est surement ce même sentiment qui le fait se sentir ainsi.
Que faire quand la loi ne nous autorise pas à appliquer une sentence pourtant méritée ?
Beaucoup de questions qui heurtèrent les idées préconçues de l'officier comme un bélier.
Cela ne l'empêcha tout de même pas de s'agenouiller à côté de la soldate, la prenant délicatement dans ses bras pour chercher à la rassurer.
-Je ne choisis pas qui entre dans la garde royale, pas plus que les gens qui entrent dans ma vie. Mais j'ai fais un serrement devant la reine. Devant ma famille assemblée devant moi.
Sur les corps des gardes royaux qui sont mort sous mon commandement, j'ai promis de ne plus jamais laissé personne derrière, même si cela devait me couter la vie.
Une nuit funèbre ou la cloche des héros avait sonné de trop nombreuses fois. Et où il avait fallu à Zahria la plus grande des patiences pour le ramener à la raison.
Et si sa famille n'était pas un nid de vipère, au moins pouvait il comprendre la haine qui rongeant la belle à petit feu.
-Je ne peux pas te laisser les tuer, même si je peux comprendre ton envie, plus que tu ne le crois. Mais j'ai le devoir de t'aider, et au moins puis-je te jurer qu'ils finiront dans un cachot si profondément enfoncé dans la terre que même leurs lamentations n'iront pas troubler les morts.
Serrant un peu plus la jeune femme, il fit au mieux, lutant pour ne pas laisser sa fragile carapace de soldat se fracturer définitivement.
-Allez ne reste pas comme ça
Sans un mot de plus, il la fit passer par une porte qui restait d'habitude close, révélant les appartements privés de l'officier.
Les deux wargs géants levant leurs museau devant cette intrusion soudaine avant de se recoucher en voyant leur maitre.
L'asseyant sur une des banquettes du salon, il ne la quitta pas pour autant, ses yeux bicolore tachant de garder un contact.
-Tu es d'avantage épuisée qu'en colère Luna... Je ne pense pas qu'on puisse continuer ainsi, du moins pas pour le moment.
Il avait une carte à jouer. Une carte extrêmement personnelle qui était restée loin de sa vie durant de longues années.
-Il te faut du temps loin de tout ça, et j'ai un moyen de te l'accorder. Du temps et des gens qui t'aiderons à y voir plus clair.
Mieux que je ne pourrais jamais le faire.
Posant une main sur la sienne, alors qu'un warg venait presque s'affaler sur les cuisses de la jeune femme avec de grands yeux curieux, il ajouta
-Je t'en demande énormément, mais je te promet que ça ne sera pas en vain.
Avant de mener une bataille, il faut évaluer ses forces, et prendre soin de toi.
Assis à côté d'elle il se sentait presque impuissant. Déchiré entre son devoir et ses envies, Arthorias dut se résoudre à demander de l'aide à des personnes hors de toutes ces affaires...
D'aussi loin que je me souvienne, ce n'est pas arrivé depuis ce jour, depuis que mes parents sont morts. Après ça, je n'ai eu personne pour me transmettre cette amour simple dans les moments difficiles. Et s'il y aurait pu avoir Elion alors que nous nous retrouvions, je n'ai jamais osé lui montré mes faiblesses, alors pourquoi m'aurait-il réconfortée ?
Ah si, je me souviens. Il l'a quand même fait... Quand il s'est excusé pour mes parents. Oui, c'était la la dernière fois. Et depuis j'erre seule dans ce monde trop rude, trop dure et froid, véritablement froid. Parce que j'ai été trahie ? Un idiot à l'académie, comme moi, j'avais toute confiance en lui, et lui aussi tentait de me réconforter quand j'échouais mais... Mais après, il m'a dénoncée à mes parents. Et à cause de lui...
Alors quand cette simple étreinte prend fin, je me sens presque perdue. Comme si en l'espace de quelques secondes je me retrouvais des années en arrière à rechercher cette bienveillance qui n'est jamais venu. Et maintenant qu'elle est là, je voudrai qu'elle reste, encore. Je ne veux plus... Je ne veux plus être seule à porter mon fardeau, il est trop lourd, je n'en ai plus la force. Alors je me laisse guider, sans rien dire. Tentant juste de me calmer et d'emmagasiner l'énergie qu'il me transmet, entrant dans ses appartements et croisant une nouvelle fois les deux wargs que j'ai déjà eu l'occasion de croiser.
Et alors que sa main se pose sur la mienne, de nouveau, je ressens cette sensation de chaleur apaisante. Cette sensation de ne pas être seule, de ne pas être contrainte à juste vivre une vie de souffrance.
Ça souligné de tout ce qu'il me dit. Je...
"Acceptes. Juste, cette fois, laisse toi guidée. De toute façon, vos destins sont liés maintenant, non ?"
- Arthorias ?
Je marque une pause, réfléchissant un instant à ce que je dois dire. Mais au final, est ce que je dois vraiment y réfléchir ? Non.
- Merci. Juste : merci. Merci de faire tout ça pour moi. Je... je ne suis pas la plus forte de tes soldats, ni même la plus loyale ou la plus assidue mais... Je ne te remercierai jamais assez pour ça. Je... J'aurai préféré ne pas avoir à t'impliquer, ne pas t'embêter avec toutes mes histoires, alors je suis désolé de te causer du soucis et de te faire prendre tous ces risques juste pour moi.
Mais merci. De tout mon cœur, merci. Tu me sauves la vie.
Cette histoire de mariage, c'était l'épreuve de trop pour moi. Alors oui, lorsque je dis qu'il me sauve, je pense véritablement que je serai déjà six pieds sous terre si je ne lui avais pas confié mon problème, s'il ne s'était pas lancé dans sa résolution avec moi.
Et mine de rien, cette pensée me fait mal, faisant reprendre mes larmes qui s'étaient taries.
- J'ai tellement... peur. Peur qu'on soit entrain de foncer droit dans un mur, peur qu'on se prenne dans un engrenage plus gros que nous... Peur que tu m'en veuilles et que tu regrettes de m'avoir aider, qu'à cause de moi tu perdes tout ce que tu as ! Je préfèrerai vraiment avoir à sombrer seule que de t'entrainer avec moi alors même que tu veux juste m'aider.
Ça me terrifie.
Tout cela, je l'exprime sans oser faire le moindre geste, sans oser le regarder non plus, fixant plutôt les yeux de Haku qui est là et qui sent que j'ai besoin de lui comme un ancrage ou m'agripper et lancer cette bouée à la mer...
Sa main passant dans le dos de la jeune femme, le capitaine s'assit au fond du canapé, soupirant doucement avant de reprendre.
-Inutile de t'excuser, tout le monde en aurait fait autant dans le régiment, j'en suis persuadé
Il aurait voulu pouvoir en faire plus. Mais mis à part ce plan un peu fou, il n'y avait rien à faire. Les anciennes familles nobles étant un cancer pour la société. Même du haut de sa charge pourtant prestigieuse, il ne pouvait rien faire sans preuves
Son idée était cependant arrêtée, et même si cela impliquait quelques risque, l'officier irait jusqu'au bout.
-Mais la bonne nouvelle, c'est que tu ne retournera pas chez les Lys pendant quelques temps, nous partons demain
Sa voix résolue précéda ses mouvement. Le blond commençant à se saisir de quelques lettres qu'il noircit rapidement avant d'y apposer son sceau personnel.
Des lettres que tous pouvaient reconnaitre comme des ordres pour le lendemain.
-Je connais l'endroit idéal pour prendre du recul, même s'il faudra que tu garde pour toi tout ce que tu verra la bas
L'air sérieux de l'officier ne resta qu'un temps avant qu'il ne s'explique un peu plus en détail..
-Je connais des gens qui sauront te permettre de prendre un peu de recul et chez qui tu pourra te reposer pendant quelques temps, au moins pour éviter tout débordement.
Je ferai attention à ce que tes "parents" reçoivent ton ordre de mobilisation, il prendront surement ça pour une mission d'exception.
Ils allaient partir assez loin de la capitale pour qu'aucun noble ne puisse ne serait-ce que tenter de les suivre. Un endroit oublié du reste du monde qu'Arthorias connaissait très bien
-Tu serais en mesure de préparer tes affaires en vitesse ?
Je n'ai pas compris non plus. Mais qu'importe je suppose ? Si il pense que là bas je serais mieux qu'ici, alors j'irai sans discuter. De toute façon, j'ai déjà décidé de lui faire pleinement confiance, quitte à foncer droit dans un mur et me retrouver plus bas que terre.
De toute façon, je n'ai plus la force de faire autrement, plus la force de me méfier, de me battre ou simplement de me défendre.
Alors je vais juste me contenter de suivre, même à la base, c'était mon idée... Enfin, une idée, plutôt une réponse sarcastique à une main tendue.
Et alors qu'il se lève pour aller rédiger quelques lettres, je reste immobile dans ce canapé, toujours bien entourée par ses wargs. Et dans cette situation, je trouve mon armure bien lourde, mais je n'ose faire de geste pour l'enlever, me contentant de gratouiller la tête d'une des créatures sous le regard jaloux de mon mist que je ne peux malheureusement pas toucher.
- Je préférerai pouvoir partir ce soir, histoire d'échapper à une discussion des plus horripilante avec les Lys...
Quant à mes affaires, elles sont ici même, dans ma chambre de la caserne, donc clairement, je pourrai être prête en moins d'une demi heure s'il le fallait. Après tout, je n'ai ni attache ni personne à prévenir... Et si l'ordre émane de lui alors je n'ai même aucune formalité à préparer. Aussi, au vu de ma demande de partir dans la journée, je suppose qu'il est inutile de répondre à sa dernière question.
"Et du coup, on va où ?"
Je jette un regard à la fois amusé et désapprobateur à l'esprit flottant qui me suit partout. Non mais vraiment Haku... Es-tu si heureux de la tournure des événements ?
"Quoi ?! Tu pourrais au moins faire semblant de t'intéresser à ce qu'il te prépare !"
Ce n'est pas que je ne m'y intéresse pas, loin de là. C'est juste que... Je finirai bien par le savoir non ? Alors à quoi bon. A quoi bon perdre du temps en parole et en question ?
Finalement, je me relève enfin, allant me rapprocher du capitaine qui est toujours concentré sur l'écriture de ces lettres. Je me surprends un instant à détailler ses traits, a ne remarquer que maintenant les quelques cernes qui dessinent le bas de ses yeux mais qui n'enlève pour autant rien au charme et à la prestance qu'il dégage.
Je me plante alors face à lui, arrêtant un moment sa main de la mienne pour chercher son attention et son regard.
- Je te fais confiance. Si je ne dois partir que demain, alors ce ne sera que demain. En attendant, je tâcherai d'être forte, encore un peu. Alors ça ira, donc s'il te plait, ne te surmène pas pour moi.
Dis moi simplement ce que je dois faire pour t'aider et je le ferai.
Restant muet quelques instant, il fut tiré de sa réflexion par la jeune femme.
-Il ne serait pas prudent de prendre la route de nuit, nous allons traverser des endroits assez sauvage. Et je préfèrerait éviter de tomber sur une meute de monstre... ou pire
Les routes autour de la capitale étaient relativement sure, mais on ne pouvait pas en dire autant une fois que la distance avec le centre du royaume s'allongeait. Mais c'était aussi prendre le risque de la laisser retourner dans cette famille maudite.
-Rien ne t'oblige à retourner la bas ce soir, j'imagine qu'ils sont bien conscient des contraintes de la garde.
S'il faut, tu peux dormir ici, les appartements sont grand, et je vais devoir veiller tard pour tout préparer.
De toute façon, personne ne viendrait chercher la soldate ici, les quartiers du capitaine étant surveillés par les prétoriens et les golems du capitaine.
L'un des wargs regardait déjà la jeune femme, sa queue battante attendant visiblement quelque chose.
-Si tu veux m'aider... Il y a peut être une chose à faire, il faudrait passer à l'armurerie, et récupérer deux armures de voltigeurs.
Présente au responsable mon sceau et il ne te posera pas de questions
Tendant à la jeune femme l'amulette qu'il portait au cou, Arthorias lui la déposa dans les mains, effleurant la paume de cette dernière avant d'observer plus en détail ses traits fatigués.
L'inquiétude de ne pas la voir revenir si elle passait les portes de la caserne se fit jour et alors qu'elle semblait hocher la tête, il plongea les yeux dans les siens.
-Je te prépare mon lit pour ce soir, reviens avec tes affaires et nous partirons aux premières lueurs de l'aube.
Inutile de prendre des risques
Mais si c'était un simple collier banale, est ce que cela aurait le même effet ? Non surement pas. Ce qui me soulage vraiment au final, c'est de savoir que quelqu'un veille sur moi. Que quelqu'un à confiance en moi.
Et le dernier regard qu'il me lance finit par faire éclore un sourire timide à mes lèvres.
- Si c'est ce que tu veux, alors soit.
Quand il a commencé à émettre l'idée que je dorme chez lui, j'ai eu envie de répliquer que ce n'était pas vraiment la peine en soit... C'est juste que j'ai promis aux Lys que je resterai chez eux quelques jours le temps des préparatifs du mariage... D'autant plus que Joshua voulait me parler. Et s'ils venaient à apprendre que j'ai découché pour rester dans ma chambre de la caserne, je sais parfaitement ce qui m'attendrait...
Mais si c'est un ordre du capitaine et de leur "futur gendre", sans doute me laisseront ils tranquille ? J'ose y croire. Aussi, un seul mot de sa part à leur intention suffirait à me faire dormir dans mon propre lit de la caserne.
Mais il a ensuite parlé de veiller tard pour tout préparer. Et je sais parfaitement que c'est pour moi qu'il fait tout ça, alors je ne peux décemment pas le laisser faire tout seul. Voilà pourquoi je ne dis rien de plus la dessus. De toute façon, je pourrais toujours lui rappeler qu'il est inutile de me céder son lit alors que le miens se trouve à quelques dizaines de mètres de là.
Je m'apprête alors à partir, m'arrêtant juste devant la warg blanche qui me regarde avec amour, me laissant machinalement avoir part cette tendresse brute, je me baisse à sa hauteur et lui caresse la tête avant de me relever. Et alors que j'allais sortir de la pièce, je m'arrête soudainement, repensant à mes frères d'armes que je risque de croiser et qui chercheront très certainement à savoir ce qui s'est dit. Même si je sais déjà pertinemment ce que je vais leur répondre, je sais très bien que beaucoup des gardes royaux sont des nobles et qu'il y a fort à parier que les deux abrutis qui m'ont adoptée ont passé leur journée à crier sur tous les toits que oui, le Capitaine Hekmatyar avait demandé la main de leur fille et qu'en plus il avait insisté pour adopté le nom des Lys et de prononcer ces vœux devant la reine en personne.
- Arthorias... Que veux-tu qu'on dise aux autres ? Vis à vis de nous... Tu peux encore y réfléchir mais je pense qu'à l'heure qu'il est la moitié du royaume doit déjà être au courant, alors...
Une nouvelle fois, je n'ose pas vraiment le regarder, attendant sa réponse sur le pas de la porte qui permet de quitter ses appartements.
-Tu sais Luna, on ne pourra pas empêcher les gens de parler, alors le mieux serait de ne rien dire du tout. Que l'on aille dans le sens des rumeurs, ou à l'inverse, cela ne changera rien.
Si on me demande, je répondrais simplement que ma vie privée ne concerne que moi. J'aurai de toute façon des comptes à rendre à quelqu'un d'ici peu.
Les nobles avaient pour habitude de faire circuler les rumeurs les plus folles. Et l'officier n'en serait pas à sa première. Une frasque de plus ou de moins ? Le Lion avait les épaules larges pour ce genre de choses.
Qui plus est, si cela pouvait rendre l'histoire plus crédible aux yeux des Lys
-Tu peux faire ainsi, ou dire qu'effectivement, j'ai demandé ta main, ce sera à toi de voir comment tu veux gérer les choses.
Je pense convoquer le major des cuirassier pour lui demander de ne pas insister là dessus également, Brocklaw commence à connaitre certaines de mes façon de faire
Dans tout les cas, une fois cette histoire réglée, il ferait en sorte que Lunarya soit lavée de tout soupçon.
Replongeant dans la pile de documents qu'il commençait à noircir, Arthorias jeta un dernier regard à la demoiselle avant d'ajouter
-Et puis s'ils pensent que j'ai la chance de me marier avec toi, il n'y a pas de mal à les laisser rêver
Tout le monde le pensait de toute façon lié à son travail. Ce qui n'était pas totalement faux en un sens, l'officier ayant depuis longtemps laissé qui il était de côté, sa charge ayant depuis bien longtemps pris le pas sur tout le reste
La chance... C'est vraiment ce qu'il pense ?
- Je... Je ferai comme toi alors... A... A tout à l'heure !..
Et je fuis, peut être un peu trop rapidement pour paraitre parfaitement normale mais ce n'est qu'une fois que j'ai refermé la porte du bureau qui mène au reste de la caserne que je prends le temps de souffler.
Et évidemment, deux gardes ont décidé de passer exactement à ce moment là, me dévisageant un instant sans s'arrêter. Du mieux que je peux, je fais mine de rien.
"Moi je pense que tu devrais l'épouser quoi qu'il arrive."
- Haku !
Je suis tellement indignée par ce qu'il vient de dire que je n'ai pas pu m'empêcher de lui répondre. L'instant d'après, je me mords la lèvre, vérifiant qu'il n'y a personne d'autres dans les couloirs avant de me diriger vers l'armurerie en murmurant à mon mist.
- Tu sais très bien qu'il fait ça uniquement pour m'aider. Il ferait pareil pour n'importe quel garde sous son commandement ! Alors c'est pas la peine de croire n'importe quoi. Et puis tu sais très bien que c'est Elion que j'aime.
"En attendant, Elion ne t'a pas fait sourire depuis plus de dix ans alors que lui... "
- Ça suffit maintenant, tu vas finir par me mettre mal à l'aise.
"Mal à l'aise hein... Comme quoi, il ne te laisse pas indifférente."
Je ne réponds pas, croisant des frères d'armes sur mon chemin. Mais quel abruti ce mist, bien sûr qu'il ne me laisse pas indifférente ! Il est loyal, dévoué, attentionné vis à vis de ces hommes... Exactement tout ce que je m'efforce d'être. Mais lui, ça semble lui venir tellement naturellement... Et puis ses yeux... Il a les mêmes yeux que Kahlua, même si son bleu est plus pâle que celui de ma fille... Que celui d'Elion.
Alors forcément que je ne suis pas "indifférente", mais il n'en reste pas moins le Capitaine !
- Lunarya Lys... Tu as encore abîmer ton armure ? Oh mais, ça va ? Tu n'as pas l'air bien, t'aurais pas de la fièvre ?
- Hein quoi ? Non non, ça va très bien. Et non je n'ai pas abîmer mon armure. Je viens pour une demande du Capitaine Hekmatyar, il aurait besoin de deux armures de voltigeurs.
En même temps que je prononce les derniers mots, je montre le fameux sceau avant de le ranger sous ma cuirasse.
Et comme l'avait prédit Arthorias, l'armurier me dévisage un instant, mais ne dit rien. Cela dit, alors qu'il se tourne... C'est moi où il vient d'esquisser un petit sourire en coin ? Non, j'ai du rêvé. Et tandis qu'il prépare les deux armures, deux membres des cuirassiers me reconnaissent et viennent vers moi.
- Lunarya !
- Alors cet entretien ?
- Je pars en mission demain.
- Ah, c'est tout ?
- Oui, pourquoi ?
- Rien d'autre ?
Je fronce les sourcils. Depuis quand ils s'intéressent à ma vie en fait eux là ?
- Il faudrait ?
- Bah, on se demandait si ta demande pour intégrer les Prétoriens avait été acceptée.
- Ah. Non, toujours pas.
- Et voilà les deux armures.
- Parfait merci. Bon, désolé mais je dois me préparer pour demain. A plus !
"Savoir si ta demande pour les Prétoriens a été acceptée... La pire excuse. En tout cas, j'ai l'impression qu'il y a pas mal de regard qui s'intéresse à toi. Mais est ce que c'est pour ça ou pour ton comportement lors de la soirée d'il y a quelques semaines ?"
Haku... Tu as vraiment le chic pour enfoncer le couteau là où ça fait mal... Si je pouvais juste rayer cette soirée de ma mémoire... De ma vie même, ce serait pas plus mal.
Mais sans un mot de plus, je me dirige jusqu'à ma chambre à la caserne, ignorant les regards et les autres questions qu'on pourrait me poser. Là, je m'enferme et souffle un bon coup avant de me débarrasser de cette armure et de rassembler quelques affaires pour le voyage. A bien y réfléchir, j'aurai sans doute du lui demander où on allait, ça m'aurait aiguiller sur ce que je devais prendre... Mais si j'ai bien compris, j'y vais pour me reposer et non pour me battre alors... Fin de toute façon ça ne change pas grand chose à ma garde robe habituelle.
Mes affaires rassemblées, je récupère les armures de voltigeurs et retourne avec mon sac jusque dans les quartiers du capitaine à peine plus de deux heures après les avoir quittés. Pour autant, il est exactement dans la même position que lorsque je l'ai quitté.
- Je... je suis revenue et j'ai les armures et mes affaires. Alors dis moi ce que je peux faire pour t'aider.
Parce que bon, soyons sérieux deux minutes : je ne vais pas rester là à le regarder mourir sous sa paperasse sans rien faire...
Au vu des récentes affaires au sein des espions, le Lion préférait jouer un jeu des plus clair avec le vieux Holls, préférant que la situation soit claire pour tous.
Et si d'aventure les choses lui échappaient, quelqu'un aurait le fin mot de l'histoire. Le nom de Lunarya n'était pas dans la lettre bien sur, le capitaine préférant garder sa protégée dans l'ombre, tant que tout ne serait pas réglé.
Puis les ordre pour son remplaçant, et les directives à suivre en cas de problèmes. Bien qu'il y soit habitué, Tancred n'était jamais contre quelques astuces.
Cela lui prit un bon moment, cela et les ordres à suivre pour la semaine, l'officier préférant prévoir sur une longue période... Au cas où.
Et alors qu'il se préparait à attaquer une autre succession de rapport, Luna fut de retour.
-Parfait !
Dit il en se levant, récupérant les armures avant de les déposer près des siennes, laissant là les pièces d'équipement qui leur permettrait de sillonner la campagne sans attirer plus l'attention que cela.
Secouant la tête, il planta son regard dans celui de la jeune
-Rien pour le moment, le temps de terminer une lettre pour ta réquisition et j'en aurai fini.
Cela dit, il faut au moins que je te montre ou tu vas dormir
Le capitaine la fit traverser ses appartement, passant à côté de nombreuses pièces avant de s'arrêter devant une porte qu'il ouvrit sans cérémonie.
L'endroit était bien plus simple qu'on aurait pu le penser, la grande chambre aux murs de pierre n'affichant que de modestes décorations. Un grand lit occupait la majorité de la pièce, des draps brodés de l'écusson royal étant tiré de façon réglementaire sur ce dernier.
Quelques armoires venaient fournir des rangements, bien qu'aucune d'entre elles n'étaient réellement remplies. Les tenues affichées à l'intérieur étaient toutes affreusement réglementaire, comme si un soldat habitait ici. Rien ne venait trahir celui qui dormait d'habitude ici, sinon un miroir sur lequel était posé un peigne magique.
L'endroit affichait un parfum de bois léger, comme s'il n'avait pas été occupé depuis quelques temps, ce qui dans les faits n'était pas si faux que cela.
-Voilà, je te laisse t'installer et prendre tes aises, les placards ont encore de la place si tu veux laisser quelque choses en trop.
Et.... Roooh Solaire !
Encore invisible jusque là, un petit Drabustre s'étira sur les draps, descendant avec grâce de son perchoir pour regarder la belle jeune femme avec de grands yeux curieux. Le petit dragon était un animal des plus rares, qu'on ne pouvait pas vraiment se targuer de voir tout les jours.
-Seul bémol, je pense que tu devra partager le lit avec lui, il à tendance à aimer son petit confort, et je n'ai jamais eu le courage de le chasser.
Mais rassure toi, cette petite crapule ne prend pas beaucoup de place
Un glapissement se fit entendre alors que le dragonnet se faisait entendre, protestant visiblement contre les dires de l'officier qui caressa son petit crane avec amour.
-Navré, ma petite ménagerie me tiens compagnie quasiment tout les jours, et je ne sais pas vraiment leur refuser quoi que ce soit
Avoua t'il tristement
Son déferlement d'émotion que je ressens me fais sourire tristement alors que la petite créature de chair renifle ma main et viens s'y frotter, plutôt désireux d'avoir l'attention des humains présent dans la pièce, même si je vois bien que son regard se tourne régulièrement vers Arthorias, comme pour avoir son approbation.
- Il n'y a pas de mal. Je suis bien placée pour savoir qu'avoir une présence réconfortante toujours avec soit à tendance à nous rendre un peu gaga... Même si pour ma part, je ne peux malheureusement pas faire grand chose pour lui montrer mon amour et ma gratitude.
"Luna..."
Ne pas pouvoir le toucher, le caresser ou simplement me blottir contre lui... A toujours été quelque chose qui me déchire le cœur. Et tandis que je plonge mes yeux dans les siens, je me rends soudainement compte que mes propos peuvent paraitre très étrange... Et je ne suis pas certaine qu'Arthorias soit au courant de mon pouvoir, notamment au vu de sa flagrante utilité dans la vie de tous les jours.
- Une partie de moi existe sous la forme d'un esprit mist. Il n'y a que moi qui peut le voir et l'entendre... Mais cela ne l'empêche pas d'être présent depuis que je suis arrivée à la capitale... Et qu'il m'a souvent fait passée pour une folle à parler toute seule... Malheureusement, il ne peut pas interagir sur le monde et ne ressent celui ci qu'à travers moi. Alors je peux comprendre l'attention que tu leur portes. Ils sont cette présence rassurante qui apporte un peu de douceur dans la vie.
"Je t'aime ma Luna."
Je me redresse, lui souriant avec émotion en tendant une main dans sa position, vide évidemment même si comme toujours il tente tout de même de s'y coller, se contentant de me traverser.
- Mais tu sais Arthorias... Je peux me contenter de dormir sur un canapé... Je. Je t'apporte suffisamment de problème pour qu'en plus tu me laisses ta chambre... Et si tu comptes encore te plonger dans toute ta paperasse... S'il te plait, dit moi quoi faire pour t'aider. Ça me rendrait malade de savoir que tu bosses alors que je me prélasse, surtout avec tout ce que tu as fait pour moi.
Mon regard se perd dans ces yeux vairons, exprimant un mélange de gratitude et de culpabilité. Alors s'il te plait... Permet moi juste de t'assister...
D'autant plus que tu es mon Capitaine, alors laisse moi juste être une garde digne de ce nom et accomplir mon devoir en te secondant.
- S'il te plait.
Même s'ils étaient des amours, ces animaux n'en restaient pas moins incapable de le comprendre.
Levant une main pour refuser son idée, il dit doucement
-Luna, j'ai l'habitude de dormir partout sauf dans mon lit, mieux vaut que quelqu'un l'occupe plutôt qu'il ne reste vide tu ne pense pas ?
Mentit-il avec un sourire convaincu, préférant laisser la soldate bien éprouvée se reposer
-Et puis, hors de question qu'une dame dorme dans un endroit inconfortable, les prochains jours vont être éprouvant car nous allons chevaucher avec très peu de pose alors...
Mais devant l'insistance de la jeune, il sut que le dernier mot ne lui appartiendrais pas, tout capitaine qu'il soit.
Laissant son bras retomber mollement, le prétorien s'avoua vaincu.
-Bon, si tu veux m'aider, il y a bien quelques petites choses qui pourrait me faire finir plus rapidement, quelques dernières missives à lire et à redistribuer aux bonnes unités
Chaque jours, des dizaines, si ce n'était plus, étaient adressées à la garnison, des remerciement ou des demandes d'aide provenant de tout le royaume. Car si les régiments de la garde civile faisaient un travail remarquable, ils manquaient parfois d'effectif pour certaines assignations.
Et si ce travail laborieux aurait pu être celui d'un scribe au service de l'officier, ce dernier se faisait un devoir de tout lire soit même. Un travail long, harassant mais qu'il ne s'imaginait pas confier à quelqu'un d'autre.
Les lettres étaient lu, les félicitations transmises aux commandant de compagnies et les demandes étudiées. Fort heureusement, il ne restait qu'une petite pile, après quoi l'officier espérait pouvoir dormir.
-Mais après cela, tu sera priée d'aller te reposer, je suis sur que ton Mist sera d'accord avec ce fait, tu as besoin de repos, d'un sommeil réparateur et potentiellement d'une semaine ou deux sans penser à tout ça
La fatigue le rendait presque plus humain, et la ton froid qu'il employait d'habitude avait finit par disparaitre avec le temps.
Même si Lunarya ne connaissait pas son capitaine comme les prétoriens, ces derniers n'hésitant d'ailleurs plus à lui montrer ses fautes, il se créait un lien ténu entre les deux, et ce à l'insu d'Arthorias.
Se frottant les yeux, il chassa une mèche rebelle, sortant une chaise pour son amie avant de s'installer au bureau, ajustant la lumière en voyant que la nuit était déjà tombée.
-Et si tu te sens fatiguée, tu es libre d'aller prendre une douche et te coucher, c'est mon fardeau de faire cela, pas le tiens
S'il avait bien compris une chose depuis l'échec de son mariage et de ses autres relations, c'était bien que son chemin n'accepterais pas quelqu'un d'autre.
Un fait qu'il acceptait presque avec stoïcisme maintenant
Une nouvelle fois, je lui souris, la situation et son attitude me rappelant la mienne. Puis sans plus de remarque, je m'installe sur cette chaise et commence ce travail de lecture et de tri, mettant un point d'honneur à l'accomplir aussi rigoureusement qu'il l'aurait fait lui même.
Et une bonne heure s'écoule ainsi tandis que nous sommes tous les deux concentrés sur toute cette paperasse. Et tandis que je pose la lettre que je viens de lire, regardant le paquet arriver bientôt à sa fin, je me surprends à me figer dans une contemplation de cet homme qui me fait face. Toujours sérieux, assidu, je me demande s'il avait imaginé passé plus de la moitié de ses journées derrière un bureau en devenant capitaine de la garde royale. Le terrain lui manque t-il ? Est-il satisfait de ces tâches qu'il exécute avec tant d'ardeur et de rigueur ?
Et cet attitude qu'il a eu hier soir... Jouant avec les mots à la manière de ces nobles qui se pensent au dessus des autres... Combien de fois a t-il du faire ce genre de chose ? Combien d'être corrompu a t-il du croiser pour être aussi capable de jouer leur jeu ? Je me le demande... Et je n'ose imaginer. Finalement, lui aussi a du traverser des épreuves difficiles et pourtant il est là, choisissant de m'aider alors que rien ne l'y obligeait, s'investissant corps et âme dans cette folie simplement parce que j'ai balancé une idée saugrenue sur un coup de sang.
Jamais... Non, jamais je ne pourrais assez le remercier pour ça. Ni même égaler sa bonté d'âme.
Soudain, alors qu'il finit d'écrire une nouvelle lettre, ses yeux se lèvent vers moi, me sortant alors de mes réflexions. Légèrement gênée, je me redresse et tente une diversion.
- Tu veux un thé ? Ou boire un truc ? Je peux te préparer ça...
Je me lève brusquement, voulant me diriger vers la cuisine mais a peine ai-je fait un pas qu'un décharge de douleur traverse mon corps, me stoppant immédiatement.
Cette sensation... Comme si, comme si une lame me tranchait lentement le dos, descendant le long de ma colonne.
Mes genoux flanchent, mes bras s'enroule autour de mon corps. La douleur... J'ai l'impression que mon dos se déchire. Mon visage se déforme mais aucun cri ne sort de ma gorge.
Cela ne dure qu'à peine une minute. Une minute qui m'a semblé duré une éternité et surtout, qui me rappelle la dure réalité.
"C'est un avertissement..."
Je sais. Je le sais très bien ! Si je n'y retourne pas... Si je continue de fuir...
- Je dois y aller.
Mon corps tremble. La peur reprend soudainement le dessus sur tout le reste. Cette douleur n'était rien, rien comparé à ce qu'ils pourraient me faire. Alors sans un mot, sans un regard, je me relève et cours, cours jusqu'à ceux responsable de cette douleur tout en n'arrivant pas à retenir mes larmes.
Pourquoi ?! Pourquoi ne me laissent-ils pas tranquille ! Pour une fois que je me sentais bien, pour une fois que j'arrivais à me détendre ! Pourquoi faut-il toujours qu'ils soient là, qu'ils me rappellent à quel point je n'ai aucun choix !
La réaction fut presque immédiate et le blond disparut soudainement dans un petit flash de lumière.
En face de lui, une des armures s'anima, deux orbes lumineux venant se mettre à briller dans son heaume.
Dans une succession de claquement, le golem animé fit un pas dans la pièce. De la fenêtre ouverte, il entendit une porte s'ouvrir précipitamment.
Arthorias n'hésita qu'un instant avant de prendre le chemin le plus court jusqu'en bas. Immunisé aux chocs, par son pouvoir, le capitaine tomba comme une masse, ses bottes ferrés fracturant le sol en accusant le coup.
Le capitaine se redressa devant son amie, sa cuirasse animée de l'intérieur rayonnante alors qu'une main cuirassée saisissait celle de la jeune femme, la clouant sur place.
Métallique, la voix du soldat s'éleva au travers de son casque.
-Lunarya, que se passe t'il ?
Inquiet, mais incapable de reprendre sa forme initial, Arhtorias ne comprenait d'où venait le problème. Était-ce en rapport avec la fameuse torture dont elle parlait plus tôt ?
Difficile à dire pour le moment...
Rapidement, les deux golems animés arrivèrent, répondant à la détresse de leur créateur en se mettant en position de combat, formant un cercle protecteur autour d'eux, les armes pointant des ombres inexistantes.
-Si je dois t'aider, aide moi au moins à comprendre ce qu'il se passe
La poigne se fit plus légère, jusqu'à ce que le capitaine ne la lâche complètement, attendant une explication, sous quelque forme que ce soit
- Laisse moi passer ! C'était un avertissement ! Si je n'y vais pas ils continueront jusqu'à ce que je me présente à eux !
Je panique totalement, la peur prenant le pas sur tout le reste. Rien que l'idée de sentir toutes ces sensations de blessures, l'impression qu'on m'arrache les organes, puis qu'on les soignes pour me les réarracher... Non, je ne veux pas ! Ce qu'ils viennent de faire n'était rien !
Alors je tente de fuir, de me débattre pour passer quoi qu'il en coute.
- Il suffit qu'ils reçoivent la lettre que j'ai envoyé, ils comprendront ! Ils ne sont pas sans savoir que tu es susceptible d'être réquisitionnée non ?
- Qu'est ce que j'en sais ! L'as-tu juste envoyé cette lettre ?! Qui sait s'ils l'ont simplement lu ? Mais ils m'ont fait ça ! Et si je n'y vais pas, ils recommenceront ! C'est comme ça qu'ils fonctionnent ! Alors laisse moi passer !
- Dans ton état, ce serait la dernière des choses à faire ! Je t'ai promis de ne plus les laisser faire ça, je compte bien tenir parole !
Reste là, je vais aller moi même leur porter la lettre, je serais toujours plus rapide que n'importe quel cavalier. Il faut que tu me fasse confiance Luna, sinon, cette affaire à vouée à l'échec.
- Je...
Je tremble mais je ne tente plus de passer en force, fixant plutôt les deux billes jaunes qui luisent à travers le casque. Est-ce que je peux vraiment le laisser faire ? Est ce que je ne devrai pas gérer ça moi même, comme je l'ai toujours fait ?
Mais ai-je un jour gérer quoi que ce soit ?
Je recule alors d'un pas, serrant l'une de mes mains dans l'autres et me mordant un instant la lèvre inférieur avant de déclarer, plus calme.
- Je te fais confiance, Arthorias.
Je reste là, immobile, tremblant toujours de peur, choisissant de remettre définitivement mon sort entre ses mains. Priant pour que tout se passe bien, pour qu'ils réussissent à les convaincre sans heurt. Et ce, même si ça me coute, même si ça me terrifie.
Je lui fais confiance. A lui de me sortir de là.
-Le coursier devrait partir sous peu, viens avec moi, cela te permettra de vérifier que je fais bien ce que je t'ai promis
Lui laissant quelques instant pour respirer, l'officier la fit traverser la cours, ou un voltigeur apprêtait son cheval, une sacoche de courrier accroché à son destrier.
Ce dernier se mit au garde à vous devant l'officier qui lui rendit son salut avant de fouiller dans le sac, récupérant la lettre destinée au Lys.
-La voilà... Je vais me charger de la remettre en main propre. Reste là, et terminer ton travail je serais de retour sous peu
Enfin pour peu que la famille lui laisse faire l'aller retour le plus vite possible.
Cela dit... S'il pouvait en profiter pour en apprendre plus sur la source de tout cela...
Scellant son cheval, le capitaine monta sur la haute scelle, fixant la jeune femme avant de lui offrir un dernier sourire.
Seules tout les deux, il se permit même une plaisanterie
-Et j'espère que tu sera couchée quand je reviendrais !
Sur ses mots, il lança son destrier au galop, ce dernier partant comme une furie au travers des rues de la capitale.
Comme une flèche cuirassée, le capitaine remonta les routes, arrêtant sa monture devant le portail, ses sabots dérapant sur les pavés dans un bruit métallique.
Il fallut quelques minutes aux valets pour ouvrir au prétorien qui se dépêcha de courir jusqu'à la porte ou un nouveau servant l'attendait.
Visiblement, la maison n'était pas encore couchée, car de la lumière éclairait chaque fenêtre.
-Bien le bonsoir !
Lança t'il avec un ton un peu moins avenant que la dernière fois. Agitant l'enveloppe devant lui, il commença à expliquer la raison de sa venue
-J'ai une lettre à remettre en urgence aux Lys, à remettre... en main propre