Les premiers rayons du soleil percèrent la nuit avec force, éclairant d'une lumière chaleureuse la capitale et ses alentours, éveillant une vie jusque là endormie.
SI par cette saison, bien des gens étaient déjà affairés au travail, ce n'était pas vraiment le cas des dormeurs dans la tour du capitaine.
Ce dernier ouvrit des yeux fatigués, les quelques heures de sommeil qu'il c'était accordé ne suffisant nullement à combler le déficit creusé par les derniers jours.

Ses yeux s'ouvrirent sur un petit dragon assoupi sur son torse, Solaire ayant sans doute été chassé par les deux loups qui prenaient une place monstrueuse, trop habitués à dormir seuls dans le grand lit vide.
Ce dernier sentit les mouvements de son propriétaire, dévoilant son regard avant de pousser un léger roucoulement de contentement.
Arthorias passait bien trop peu de temps avec lui, à son grand regret.
Et aujourd'hui encore, il ne pourrait pas être présent suffisamment pour le petit dragon, qui se permit de s'étirer pendant quelques minutes avant de finalement filler quelque part dans les appartements, laissant de sa présence uniquement son parfum de fleur qui le suivait partout.

Le capitaine prit quelques instant pour réunir ses maigres affaires, pliant dans son sac sans fond de quoi se vêtir pendant quelques semaines, même s'il savait pertinemment qu'il n'en aurait pas besoin d'autant. Mais le voyage risquait peut être d'être mouvementé.
S'équipant de l'armure de voltigeur prise la veille, l'officier l'ajusta avec expertise, observant la seconde cuirasse laissée là la veille.

L'ensemble était magnifique, ne laissant aucun doutes sur l'appartenance de son porteur, et si son casque était plus léger que celui des cuirassier, le champ de vision était aussi bien plus important. Un petit changement pour Lunarya.
Se saisissant de la tenue, il frappa à la porte de sa propre chambre, poussant légèrement cette dernière avant de passer la tête par l'ouverture

-Bien le bonjour Luna

Dit il à voix basse pour ne pas paraitre trop brutal dès le matin.
Il espérait qu'elle avait put se reposer un peu. S'il avait entendu quelque fois sa voie avant de se coucher, il n'avait pas vraiment pu en saisir la teneur.
Sans doute son familier fantôme l'occupait.

-J'espère que tu n'as pas trop mal dormie, l'heure du départ approche, tu es prête ?

Se faire réveiller par un truc humide qui vous frotte consciencieusement le visage... C'est tout à fait surprenant, surtout quand on dormait encore a point fermé.

- Qu'est ce que.

Puis ouvrir les yeux, et voir des crocs acérés et une langue grande comme la main s'approcher de votre visage pour continuer son office. Et bien, je peux le dire, c'est franchement flippant, à tel point que je me recule d'un coup en arrière, heurtant alors une grosse masse de fourrure elle aussi surprise et grognant légèrement.

De quoi revenir sur terre de la plus rapide des manières.

- Oh purée. Yio, Yuna... Vous êtes terriblement flippante, vous vous en rendez compte ?

Et alors que je vais pour reposer la tête lourdement sur l'oreiller, la blanche ne semble pas de cette avis, volant le cousin dans sa gueule et l'emportant avec elle en sautant du lit.

- Non mais c'est bon, j'ai compris, je me lève.
"T'es contente d'avoir dormir avec elles ?"

Mais zut. Dès le matin là ? Dès le matin je dois gérer les monstres joueurs et les mist jaloux ? Non mais franchement... Parlant à voix basse pour ne pas réveiller leur maître qui s'est surement couché plus tard que moi, je me dirige vers la warg voleuse pour récupérer le coussin, mais évidemment, celle ci fait un bon sur le lit, sautant par dessus sa sœur et retombant de l'autre côté en me narguant clairement avec sa prise en bouche.

- Rends moi ça, je veux pas d'ennuie avec ton ...! Ah, bonjour Arthorias... On... On part quand tu veux... Enfin... Laisse moi cinq minutes le temps que je me change et que je range un peu...

Et que j'enlève les restes de salives de cette sale bête de mon visage. Et récupère l'oreiller. Et...

- Je... Je fais vite. Mais si tu peux juste... Gérer tes monstres...

Oui, là, j'avoue, je suis plutôt dépassée par leur énergie... Et puis, bon, c'est quand même ses wargs, et pas les miens. Jusqu'où j'ai le droit d'aller sans qu'elles me dévorent ?

Et à peine ai-je dis ça que la fripouille blanche se faufile par la porte en bousculant son maître pour s'enfuir dans le salon et avoir plus d'espace pour faire son cirque...

"A mon avis, il travaille vraiment trop et les néglige."

Le loup géant sortit en trombe, bousculant au passage l’officier qui laissa échapper un soupir d’exaspération. L’animal, s’il était obéissant sur le terrain, devenait une véritable furie incontrôlable une fois revenu dans les appartements de l’officier. La raison était plutôt simple, un warg n’était pas fait pour rester dans des lieux clos à longueur de journée.
Et pour une variété aussi sauvage qu’un warg blanc ne pouvait rester indéfiniment confinée



-Je vais m’en occuper oui, termine de te préparer, j’en ai pour quelques minutes

Dit-il en tournant les talons, rejoignant la cuisine en ignorant Yuna dont le regard semblait teinté d’amusement. Ouvrant un placard, il ouvrit un grand sac avant de taper dans une gamelle surdimensionnée.
Presque aussitôt, les colosses s’arrêtèrent net, le blanc lâchant son coussin pour partir comme une furie, rapidement suivie par sa sœur.
Les deux familiers dérapèrent sur le marbre poli, glissant dans la cuisine avant de s’asseoir, leurs queue battant dans tous les sens.

-Ah, pour la nourriture, ça, il n’y a plus de soucis.

Le sac contenait d’énorme morceaux de viande qu’il plaça dans les auges des loups, ces derniers se mettant à loucher dessus avec envie.
Ils restèrent ainsi, leurs yeux passant d’Arthorias à leurs gamelles, semblant supplier au point de pousser de petit couinement

-Allez y



Leur dit-il, déclenchant soudainement l’appétit des monstres qui se jetèrent sur leurs nourriture, oubliant soudainement les jeux et tout le reste.
Cela laissa à l’officier le temps de réunir les sacs, empilant les quelques affaires qu’il avait, le tout se résumant à deux sacs sans fond qu’il jeta sur son épaule.
Les deux loups revinrent ensuite, rassasiés pour un temps, même si le capitaine savait parfaitement que cela ne durerait qu’un temps.


-Et bien, on dirait qu’on est prêt à partir, et vous aussi

Car si les animaux avaient trop d’énergie à revendre, il serait dommage de les laisser là alors que certaines personnes pourraient en avoir bien besoin là où ils iraient.
Les deux wargs semblèrent ravis, se dépêchant de se placer devant la porte ou ils passaient tout juste.

-On ne reviendra pas ici avant un petit moment Luna, pas de regret ?

Demanda-t-il une dernière fois
Le voyage ne serait pas sans retour, mais ma belle ne retournerait pas à la caserne pendant un bon moment. Et il était fort à parier qu’une fois à la capitale à nouveau, les choses seraient bien différentes.
Leur petite pièce de théâtre allant atteindre son paroxysme.

Un pas vers l’inconnu, qu’Arthorias tenta de faire avec le sourire, même s’il n’était guère rassuré

- Des regrets ? Je devrai regretter de devoir trimer dur pour des objectifs qui ne sont pas les miens, à me faire dicter ma vie par deux nobliaux plus proche des vipères que des humains ? Ça devrait aller pour les regrets.

Le visage encore humide de l'eau que j'ai passé dessus en vitesse, ayant tout juste terminé de refaire le lit et de me changer en refourrant toutes mes affaires dans mon sac sans fond, je m'approche rapidement près de la porte pour rejoindre Arthorias et enfiler mes bottes sous le regard des deux affreuses boules de poils, un petit sourire se dessinant sur mon visage en imaginant qu'elles viennent avec nous.

Et mes chaussures enfin à mes pieds, je me redresse vers mon capitaine tout en regardant l'armure qu'il a enfilé en fronçant les sourcils.

- Ah. C'est l'une des armures que je t'ai ramené hier ça, non ?

Ce que le capitaine fait avec toutes ces armures ne me regardent pas, mais là, j'ai comme qui dirait l'impression que je ne devrai pas être vêtue de ma simple tenue de civile. Regardant alors rapidement dans l'appartement, je remarque le sac la contenant juste à côté de la porte de la chambre... Je suppose que l'épisode Yuna lui aura fait oublié de me prévenir... Je laisse alors tomber mon parquetage et m'approche de la toile contenant les différentes pièces de métal des voltigeurs. J'avoue que je ne comprends pas tout au plan du capitaine mais, bon, j'ai dit que je lui faisais confiance.

"Tu deviendrais presque une vraie femme à force de rester avec lui... Timide, pleureuse, toujours en retard..."

Et lui, bon sang, il est insupportable depuis ce même temps ! Si je pouvais je lui musèlerai la bouche, ça me ferait des vacances !

- Désolé, je fais vite...

Et effectivement, moins de deux minutes plus tard, je suis enfin prête à suivre mon capitaine aveuglément jusqu'au bout du monde. Même si franchement, je me demande bien ce qu'on va aller faire dans ces tenues.

Mon sac sur l'épaule, je le suis lui et ses louves jusqu'aux écuries ou nous retrouvons nos montures sous les yeux curieux des plus matinaux de nos collègues qui sont déjà levés... Avec ça, je n'ose même pas imaginer le nombre de rumeur qui vont circuler pendant notre absence... Après peut être qu'Arthorias ne fait que me conduire et retournera seul à la capitale ?

Non vraiment j'ai rien compris à ce qu'il voulait faire... Et maintenant qu'on y est, j'avoue que ma curiosité commence à s'éveiller. Mais d'abord : sortir de la capitale. Et s'éloigner des Lys au maximum...

Mais aussi d'Elion et Kahlua. Si je devais avoir un regret, ce serait celui là... En partant, je les quitte eux aussi. Même si je leur ai déjà fait mes adieux, si d'aventure il leur arrivait n'importe quoi, je ne pourrai accourir pour les sauver, quitte à briser ma promesse.
Alors je les laisse seuls aux mains de ce destin. Puisse t-il être doux avec eux en mon absence.

Partir, loin et le plus vite possible, c'était tout ce qui comptait. Et si les gardes royaux n'avaient pas à forcément se cacher pour voyager, l'officier avait fait le choix d'opter pour une tenue qui n'était pas la leur. Baissant la visière de son heaume, il souhaitait au maximum leurrer un éventuel informateur. Même si les wargs ne passaient pas inaperçus, il pouvait toujours laisser planer un doute.

Sitôt que la jeune femme fut prête, l'officier talonna sa monture, la faisant partir à toute vitesse dans les rues de la capitale, suivit de prêt par les wargs qui étaient plus qu'heureux de pouvoir courir.
Le plus long fut sans doute de sortir de la ville, et une fois les portes passées, les destriers de la garde royale purent donner toute la mesure de leur vigueur, avalant la distance avec une célérité qu'on n'aurait pas pu trouver dans la civile.
Ce ne fut qu'une fois midi sonné qu'Arthorias tira sur les reines de sa monture, la faisant ralentir malgré ses renâclement, le cheval ne désirant que continuer

-Une pause serait surement de bon aloi pour le moment, ainsi qu'un repas, même si je ne pense pas que ça soit le meilleur que tu ai mangé

L'endroit pour faire une halte se situait au milieu de la pleine, marqué uniquement par un arbre solitaire qui fournissait un peu d'ombre.
Sortant de son sac deux petites boites en bois, il en tendis une à son ami

-J'ai improvisé avec ce que j'avais sous la main, j'ai bien peur que ça ne soit pas la meilleure chose que tu ai mangé cela dit...

La boite contenait un petit assortiment de légumes et de viande, rien de très compliqué et surement pas un repas de luxe, mais c'était le mieux qu'il avait put faire avec le fond de ses placards.
Les wargs eux, ne tardèrent pas à se volatiliser dans les hautes herbes, partant à la chasse de quelque chose à manger.
Heureusement la région n'était pas avare en petit gibier.

-Normalement, d'ici deux ou trois jours, nous devrions arriver. Fort heureusement, la route est parsemée d'auberge en tout genre, nous pourrons dormir au chaud
Tout va bien pour le moment ?

Manger, enfin ! Ça fera bientôt vingt quatre heures qu'Arthorias a décidé de mettre en place ma retraite à la campagne pour quelques temps et pas une seule fois il ne m'a proposé de manger... Et si jusqu'à ce matin ça allait, ce long voyage à cheval passé à galoper en silence m'a clairement rappelé que j'étais un être de cher et de sang et que moi aussi j'avais besoin de manger.

- Par Lucy, merci, j'ai cru que jamais tu ne me le proposerais.

Descendant de cheval, je rejoins le capitaine de la garde royale déguisé en simple voltigeur pour récupérer la petite boite qu'il me tend. Bon, la qualité me dérange pas mais niveau quantité...

- Merci Capitaine, c'est parfait.

Je lui souris alors tout en m'asseyant à même le sol, étendant mes jambes devant moi à défaut de pouvoir les replier à cause de l'armure...

- Tiens d'ailleurs, tu préfèrerais pas qu'on voyage en civil ? J'ai rien contre cette armure hein, mais... Ça alourdit nos montures pour pas grand chose... Et si on a beaucoup de route, autant penser un peu à elles.

Terminant de manger ce petit repas, je me lève et vais récupérer ma gourde dans mon sac pour terminer ce repas en me calant comme je peux avant de voir Yuna trainer avec elle un jeune boucton qui a eu le malheur de croiser la route des deux louves. Voyant que leur repas risquent de durer un moment, je retourne m'assoir aux côtés d'Arthorias après avoir rincé la boite vidé avec de l'eau pour la nettoyer au mieux.

"Je veux la même chose qu'elles..."

Je roule des yeux en entendant mon mist qui ne rêve que de pouvoir gouter de la nourriture, quelle qu'elle soit.

Et si une chose est sûre, c'est que l'air de la campagne m'a toujours fait du bien. Me permettant de me détendre bien plus que lorsque je suis en ville. Au moins assez pour commencer à vouloir satisfaire ma curiosité.

- Alors... Tu as décidé de m'emmener où ? Tu ne m'as toujours rien dit. Je devrai m'inquiéter ?

S'asseyant en tailleur dans le cliquètement du métal, Arthorias eut un petit sourire en entendant son amie s'adresser à lui de manière aussi formelle.

-Capitaine ? J'ai cru qu'on en restait à nos prénoms, tu sais en tant que futur mari...

Dit il avant de pouffer, se sentant d'humeur plus légère maintenant que la capitale était loin. En ouvrant la boite, il eut une petite grimace, peu convaincu de son propre talent en cuisine.

-Et puis, avant de dire que c'est parfait... Je te conseil de gouter, j'ai bien peur que tu te jette sur le repas de l'auberge de ce soir.

Ils étaient encore trop proche de la capitale pour avoir un repas typique de la région, mais un repas chaud serait toujours mieux qu'un panier repas préparé par le capitaine.
Même de la viande séchée aurait sans doute été meilleure.

-On peut voyager en civil à partir de maintenant oui, désolé, je préférais être sur que personne ne se mette à nous suivre.
Les voltigeurs sont toujours en vadrouille et les voir quitter la capitale n'a rien de bien exceptionnel.
Si tu te sens plus à l'aise sans, tu peux l'enlever.

Lui ne bougea pas vraiment, mangeant comme si son vêtement de fer n'était qu'une chemise. Il était rare qu'il ne l'enlève, comme elle avait pu le voir lors de l'altercation d'il y a quelques lunes
Sans cette dernière, le capitaine se sentait presque nu. Et si pendant une période, Lunarya n'aimait pas l'afficher en publique, lui avait le problème inverse.

-Il n'y a pas de raison de t'inquiéter non, crois moi c'est l'endroit le plus sur du royaume, si on oublie l'île forteresse.
C'est un village perdu aux confins du pays, loin des manœuvres politiques en tout genre, presque autosuffisant !

Passant une main dans ses cheveux, il eut un air gêné. Rougissant légèrement alors qu'il s'apprêtait à révéler un de ses propres secrets qui jusque là avait toujours été un mystère pour tout le monde.

-A vrai dire, je le connais plus que bien... C'est là que j'ai grandis

Finit il par avouer entre deux bouchées.

Je rougis clairement à sa remarque, détournant le regard et ajoutant simplement un timide : "C'est facile pour toi, tu m'as toujours appelée par mon prénom alors que moi, ça fait deux ans que je t'appelle Capitaine..."

Puis le repas passé, dont le gout m'a à peine effleuré tant je mourais de faim, je ne me fais pas prier pour me libérer de ma coque de métal et l'enfourner dans vergogne dans mon sac sans fond avant de m'étirer largement.

- Non, vraiment, je comprends pas comment tu fais pour supporter ces armures tout le temps.

"C'est peut être parce qu'il les contrôle ? C'est un peu comme une part de lui ?"

Théorie intéressante, mais que je vais me garder sous le coude tandis que je m'effondre dans l'herbe, profitant de ma liberté retrouvée pour me détendre et regarder le ciel tout en écoutant le blond m'expliquer succinctement ou nous allons. Et à sa dernière phrase, je me retourne vers lui, le fixant un instant avant de déclarer.

- Alors toi aussi tu as grandis à la campagne avant de te retrouver coincé en enfer ? J'aurai pas cru. Cela dit, la capitale t'a tout de même bien mieux réussi qu'à moi...

Je soupire tout en me laissant retomber dans l'herbe, repensant à ces moments heureux que j'ai passé en pleine nature, à courir dans les champs ou à grimper aux arbres de la forêt, avec Elion. Machinalement, ma main va à mon cou et ne rencontre que le col de ma tunique, mon collier ayant disparu depuis de nombreuses semaines maintenant.
Alors qu'Arthorias lui, a réussi a devenir Capitaine de la Garde Royale. Je n'ose imaginer l'honneur que ça a du être pour lui que de recevoir ce titre en étant parti de si loin. Et aujourd'hui, il sait jouer avec les nobles aussi bien qu'eux même, tout en savant rester honnête envers lui même.

- Comment as-tu fait ? Pour réussir à te faire ta place tout en réussissant à rester une si belle personne...

Mon ton est sérieux. Vraiment, je me le demande...

"T'es trop choupie Luna."
Hein quoi ? Non mais pourquoi il se marre l'autre mist là ! Qu'est ce que j'ai encore dit pour qu'il se foute de moi comme ça ?!

La campagne, oui en quelque sorte, même si être muté à la capitale lui avait permis de sortir de la routine. Et surement de ne pas embrasser une carrière uniquement basée sur un métier manuel.
Ses parents l'avaient poussés au début, le jeune Arthorias n'ayant nullement envie de quitter son confort. Mais au final, c'était bien cela qui avait fait de lui l'homme qu'il était.

-La capitale n'y est pas pour grand chose. C'est surtout les rencontres que j'ai fait la bas qui m'ont fais changer.

Cela dit, le compliment le fit rougir. Ses joues terminant de s'empourprer alors que ses yeux fixaient le sol, trouvant soudainement les touffes d'herbes bien intéressantes.

-Ma famille m'a toujours poussée à aller de l'avant. Je crois que c'est grâce à mon père et ma mère que j'en suis là aujourd'hui.
J'ai eu de la chance c'est tout... Et je remercie Lucy chaque jour pour cela, car je pense que jamais je ne serais devenu capitaine sans eux.

Mais Lunarya ne pouvait pas se targuer d'avoir cette chance. S'approchant d'elle doucement, il posa la main sur son épaule, prenant un air chaleureux avant d'ajouter.

-Mais même sans appuis comme les miens, je trouve que tu n'as pas à rougir de ce que tu as fait jusque là.
Les belles personnes ne sont pas forcément celles qu'on pense tu sais.
A mes yeux, tu es quelqu'un d'exceptionnel, qui à su s'épanouir dans l'adversité et la difficulté, je ne pense pas avoir réussi à faire la moitié de ton chemin à ta place.
Je suis admiratif

Dit il en franchement en la fixant dans les yeux se perdant brièvement dans ses pupilles émeraudes

Je fixe un long moment Arthorias, réfléchissant à ces dernières paroles. Puis finalement, même si la présence de sa main m'avait surprise agréablement, je choisis de me redresser subitement, fuyant tout contact et me recroquevillant sur moi même.

- Tu ne devrais pas. Je ne suis qu'une imposteur qui se démène pour tenter de survivre dans le seul et unique but d'attendre d'être libre. Il n'y a rien, dans tout ce que j'ai accompli que j'ai réellement fait pour moi. Mon seul véritable choix a été de faire naitre ma fille, et ce choix m'a condamnée. Si tu savais toutes les fois où j'ai maudit ma carrière et mon rang, où j'ai maudit la couronne et toute la noblesse, où j'ai souhaité la mort de ces vermines infectes ! Où j'ai souhaité ma propre mort... Tu ne me trouverais pas si admirable... Et je suis certaine qu'à ma place, tu t'en serais bien mieux sorti que moi.

Non, je n'ai rien d'exceptionnel. Pire que ça, par mes mots et mes mensonges, j'ai blessé l'homme que j'ai toujours aimé au point où il ne croyait plus en lui, au point qu'il veuille mettre fin à ses jours.

- Pour être tout à fait honnête, je ne pense vraiment pas mériter que tu m'aides Arthorias... Je... J'ai encore l'impression d'être un imposteur, profitant de ta bonté et de ta bienveillance pour me sortir de la merde dans laquelle je baigne depuis vingt ans. Mais je te le jure, je ferai tout pour la mériter, cette aide. Si jamais ça fonctionne, si on arrive à me sortir de là, alors je te promets de t'aider peu importe ce que tu me demanderas. Même maintenant je...

Je m'effondre une nouvelle fois, mon esprit trop fragile cédant à nouveau à la douleur de mon passé et de ma situation. Mais plus je pleure, et plus mes larmes prennent un nouveau goût, remplis d'une nouvelle émotion.

- Merci... Merci d'être là pour moi.

La gratitude. Peut être est-ce juste parce que je suis garde royale qu'il a voulu m'aider, peut être qu'il aurait fait pareil pour n'importe qui mais... A mes yeux, ce geste n'est clairement pas anodin, et même si notre plan échoue, je ne pourrais jamais assez le remercier d'avoir simplement essayé et de m'avoir soutenue.

Et si d'aventure on devait aller jusqu'au bout de ce mariage, alors je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'il en souffre le moins possible. Parce que plus que quiconque, pour tout ce qu'il est, il mérite d'être heureux.

Il suffisait de bien peu pour que Lunarya ne fonde en larme, signe qu'elle était véritablement gangrénée par cette histoire.
Au vu de la proximité qu'ils partageaient pour le moment, l'officier la releva légèrement, la faisant s'appuyer contre son torse.

-Allons, c'est mon devoir autant que mon choix Luna, tu en as déjà trop fait par toi même. Il te fallait quelqu'un pour partager ton fardeau

Dit il doucement en écartant les mèches rousses tombées devant ses yeux émeraudes. Ne comprenant pas vraiment la réticence de la jeune femme, il fit de son mieux pour s'expliquer.

-Tu sais, nous somme tous humains, malgré nos rangs, nos fonctions ou que sais-je, nous ne sommes pas fait pour tout supporter seul.
Arrête donc de penser me devoir quoi que ce soit. Si après toute cette histoire tu es heureuse, ça me suffira.
Tu mérite mieux que ce je pourrais bien t'offrir par mon aide

Avoua t-il tristement.
Elle avait une bien piètre opinion d'elle, ce qui était un crève coeur pour le blond, qui voyait en elle des qualités qu'elle ne devait même pas soupçonner.
Essuyant une larme du bout du doigt, Arthorias lui sourit avant d'ajouter

-Je ne pense pas. Porter ton enfant est déjà une preuve de ta réussite.
Je ne peux pas te dire que je comprend tes souffrances, car ce serait faux et présomptueux de ma part. Tout ce que je peux te dire...

Laissant un petit moment de battement, il tacha de trouver les mots les plus justes pour aider son amie.

-C'est que tu n'es plus seule pour les porter.
Je serais là le temps qu'il faudra

Pur devoir ? Sens du sacrifice ? Peut être que les yeux émeraudes de la jeune femme cachaient un autre trésor que l'officier ne voulait pas voir

-C'est une promesse, tant que tu aura besoin, je serais là

Appuyée sur son plastron, alors que son doigt parcoure ma joue pour essuyer l'une de mes larmes, mes yeux se lèvent vers lui, baignant de gratitude. Et tout en l'écoutant, j'ai l'impression de plonger dans ses yeux, n'arrivant plus a m'en défaire jusqu'à la promesse.

Que dire ? Que répondre ? Encore un énième merci ? Non, ça serait vain. Et plus je réfléchis, plus je pense qu'il n'y a pas de mots. J'ai été seule, longtemps, trop longtemps. J'ai eu peur, souvent, je n'ai pas su faire confiance. Mais aujourd'hui, il est là, avec moi. Il veille sur moi. Quoi dire ?

Rien. Parce qu'il n'y a parfois juste rien à dire. Je me tourne simplement un peu plus vers lui et l'enlace de mes bras autour de son torse métallique. Et même si à mes yeux, Arthorias a toujours été en armure, je n'ai jamais autant détesté cette protection qu'aujourd'hui.
Si froide, si dur... Alors que l'homme qu'elle abrite est tout le contraire. Et le pire, c'est que j'ai beau serrée, je ne suis pas certaine qu'il puisse ainsi ressentir la force de mon étreinte et des sentiments que j'éprouve à l'instant.

Mais je fais comme si, n'ayant d'autres choix. Et je reste ainsi quelques instants, ma tête posée à l'endroit de sa clavicule, posé sur le métal. Jusqu'à ce qu'une énorme chose vienne nous pousser nonchalamment...

La grande warg blanche venant elle aussi gratter des câlins de son maître. Cette soudaine marque d'affection un peu trop brute m'oblige à me redresser, me retrouvant l'espace d'une seconde en face à face avec le meilleur des gardes de la royale. Et cette seconde suffit a faire accélérer mon cœur. Merde, qu'est ce qui se passe ?! Le rouge me monte au joue alors que je détourne le regard vers la brute qui nous a mis dans cette situation, me penchant plutôt sur elle pour la caresser.

- Toi aussi tu veux un câlin, c'est ça ? Espèce de terreur des bouctons.

Je me laisse alors prendre au jeu de la louve, suffisamment pour sécher toutes mes larmes et retrouver un semblant de sourire.

Puis, je me relève enfin. N'osant plus regarder Arthorias pour le moment.

- Bon, elles ont l'air d'avoir fini. Je suppose qu'on peut reprendre notre route, non ?

Faire comme si de rien était. Avec un peu de chance, il n'a pas ressenti mon malaise et tout va bien dans le meilleur des mondes...

"Tu es très nulle pour faire semblant ma chère."

Oh, ta gueule toi. Mais puisque tu insistes, tu vas voir comme je fais parfaitement comme si de rien était ! Remontant sur ma jument, j'ose enfin reposer mes yeux sur Arthorias toujours en armure...

- Franchement, faut vraiment que tu m'expliques comment tu fais pour supporter d'être tout le temps en armure...

"C'est sur que sans, tout ça aurait été beaucoup plus..."

Je lance rapidement ma tête en direction du mist pour le faire taire d'un regard noir à faire pâlir le plus vaillant des guerriers.

"D'accord, j'arrête. Mais toi, t'arrêtes de jouer avec ces chiens."
- Tsss... Crétin de mist jaloux.

Arthorias resta figé un bon moment, peu habitué qu'il était aux contacts. Depuis quelques temps, ses interactions sociales c'étaient réduite à bien peu de choses.
Si Yuna le regarda pour avoir des caresses, il fallut quelques instant à l'officier pour reprendre contenance. Passant sa main gantée dans le fourrure de son familier, il hocha rapidement la tête avant de monter à cheval.

-Oui, il est plus que temps, l'auberge n'est pas si loin, mais il nous faudra un bon rythme pour l'atteindre. Le voyage aurait pu être plus calme, mais je n'aime guère rester trop longtemps sur les routes.

Quant à la question de l'armure, il est vrai qu'il lui avait promis de lui expliquer. A ce qui semblait être une autre époque. Ou toutes les choses paraissaient bien plus simple.
Haussant les épaules, il se permit un petit rire.

-Que serais-je sans mon armure ?

C'était une question ouverte, qui révélait un certains malaise chez lui. Habitué à faire passer son métier avant tout le reste, Arthorias avait peur de découvrir qui il pouvait être.
Son armure faisait depuis longtemps partit de son identité de façade. Celui qui se cachait en dessous ayant depuis bien longtemps disparut.
Mais tout cela, il n'eut guère l'opportunité de le développer, préférant talonner son cheval pour le lancer au galop.

-On aura le temps d'en parler plus tard

Finit il par dire, délayant par la même la question gênante.
Et s'il resta muet une bonne partie du trajet, son esprit c'était depuis quelques temps mit à bouillonner, tachant de comprendre pourquoi la voir aussi près de lui n'avait pas été une expérience désagréable.

-Tsk...

Ses lèvres laissèrent échapper ce simple petit son, signe le plus éloquent du trouble qui le gagnait.
Fort heureusement la route ne lui laissa pas le temps d'y réfléchir d'avantage.

Alors que le soleil descendait lentement sur l'horizon, l'auberge fut en vue. Petit établissement à la frontière de la capitale, l'endroit était relativement isolé.
Ses fenêtres affichaient une lumière douce que l'officier fut heureux de retrouver.

-Pile dans les temps

Dit il à son amie qui démontait à côté de lui. Récupérant ses sacs, il scruta la belle qui était déjà suivie par Yuna, cette dernière semblant l'apprécier de plus en plus.
Yio elle sentait l'air avec attention, encore un peu indifférente à la présence de la rousse.

-Avec un peu de chance, s'il reste encore un peu de place, nous pourrons profiter d'un bon lit et d'une douche !

J'ai levé un sourcil intriguée lorsqu'il a répondu à ma question par une autre question. Se pourrait-il que le capitaine n'est qu'une faible estime de lui en dehors du travail ? Non, quand même pas...

"Hm... Peut être ne s'est-il jamais remis de son premier mariage..."

Haku est perplexe, marmonnant dans son coin sous mon regard outrée de sa réflexion tandis qu'Arthorias choisit finalement de remettre la conversation a plus tard en talonnant rapidement sa monture. Je profite de son empressement pour répondre à mon mist.

- Arrête Haku, vraiment, arrête, tu deviens plus que chiant là ! Et si tu continues, je te préviens, je mets des menottes anti-magie !
"Luna... Tu... Tu ne ferais pas ça !"
- Je vais me gêner !
"Non... Tu bluffes. Je sais que tu bluffes."
- Si tu veux continuer de le croire alors lâche moi ! De toute façon, même si tu avais raison et qu'il me plaisait, ça n'enlèverai rien du fait que je ne suis qu'une de ces soldats à ses yeux ! Et puis j'aime Elion de toute façon ! Alors lâche moi avec tes sous entendu relou !

Et sur ces mots, je talonne fortement Bergamote pour qu'elle rattrape le destrier d'Arthorias et qu'elle laisse à la traine le mist chiant dont les émotions me parviennent quand même : ce petit con est tout content. Et ça m'énerve encore plus.

Heureusement, il tient tout de même sa langue et les heures de voyage me font rapidement redescendre en pression. Et, accrochant la bride de ma jument non loin de l'abreuvoir de l'auberge, je rejoins mon capitaine avec mon propre sac sur l'épaule, n'ayant pas perdu le nord malgré la longue après midi de trajet.

- A mon avis, dès qu'ils vont te voir entrer dans ton armure de garde royale, ce ne sera plus une question de chance pour qu'on ait des chambres... Ils vont se sentir obligé de se plier en quatre pour nous satisfaire... Espérons juste qu'il y ait vraiment des chambres disponibles ou d'autres risquent de dormir dehors par notre faute.

Taquine ? Oui, un peu. Ma colère de tout à l'heure m'a fait réfléchir... De toute façon, il n'y a clairement aucune chance pour qu'il se passe quoi que ce soit entre le Prétorien et la pauvre Cuirassier que je suis, donc pourquoi se prendre la tête ? En plus, à tous les coups il doit être amoureux de la reine ou quelque chose du style. Donc au mieux, il me considèrera peut être comme une amie, et au pire, je resterai sa protégée au même titre que les deux cent autres gardes royaux.

Alors pourquoi me prendre la tête ? Il n'y a clairement aucune raison. Aussi je rentre dans l'auberge sans attendre de réponse de sa part, un peu moqueuse.

- Bonjour Messieur dames.

Quelques personnes sont assisent à des tables entrain de manger, hochant simplement la tête sur mon passage avant de faire de gros yeux en voyant l'homme qui m'accompagne me rejoindre, et alors même que j'allais prendre les devants, en une seconde, je n'existe plus, tous les regards avant vers le soldat étincelant. La petite aubergiste s'approche alors de lui en m'ignorant royalement et avant qu'elle n'ait le temps de dire quoi que ce soit, je murmure discrètement à Arthorias en articulant largement pour qu'il lise sur mes lèvres.

- Je Te L'avais Bien Dit !

Si tel était le cas, l'officier s'en trouverait plutôt embêté. Malgré lui, il détestait léser quelqu'un dans ce genre de situation.
Un noble pouvait toujours trouver une autre solution, mais bien souvent, les gens ordinaires comptaient sur ce qu'ils avaient.

-Tu as peut être raison, je devrais enlever ça...

Dit il en chuchotant également, avant que le tenancier ne l'accapare totalement. Une longue discussion s'engagea, et le capitaine du user de sa patience.
Si l'auberge était effectivement pleine, le patron proposait comme l'avait dit la jeune femme de changer avec la réservation de quelqu'un.
Une chose que le capitaine refusa tout net. Et si les tractations furent longue, Lunarya ne put voir que son ami revenir avec l'air ennuyé.

-Bon... J'ai réussi à nous obtenir un endroit ou dormir... Même si j'ai dut batailler ferme pour éviter que nous prenions la place de quelqu'un.
Suis moi, j'ai une "chambre".

Il emmena la jeune femme jusqu'au fond de l'auberge, ou les attendait une petite échelle menant à une trappe.
Là, le petit groupe put découvrir une soupente aménagée chichement, deux paillasses en décorant le sol. Trop proches pour être réellement séparées, elles se trouvaient juste sous la poutre du toit, l'endroit le plus haut de la pièce.

Arthorias dut y aller quasiment accroupie pour accéder à l'espace de vie, ou il put retirer son casque avec un ait navré sur le visage.

-Désolé, c'est le mieux qu'on puisse trouver sans mettre quelqu'un à la porte.
Pas vraiment l'endroit le plus confortable. Mais je suppose qu'on pourra s'accommoder de cela jusqu'à demain matin ?

Son regard se fit plus inquiet, peut être que la jeune femme avait espéré un peu plus de confort.
En tout cas, il avait bien retenue la leçon, et malgré ses réticences, il enlèverait son armure le lendemain.

-Je peux éventuellement trouver une solution de rechange s'il le faut, ou on peut prendre la route de nuit, ce sera risqué, mais on arrivera bien plus vite

Non, vraiment, c'est drôle. Mais, je me retiens de rire, cachant au mieux ma moue moqueuse en mettant mes mains devant ma bouche, baissant la tête en faux signe d'attente par rapport à cette chambre et préférant finalement me mettre en retrait de la discussion.

Et, mon regard est encore plus malicieux lorsque je vois Arthorias revenir avec un air ennuyé et me conduire jusqu'à une petite échelle. Toujours souriante, je monte après lui et découvre le petit endroit plutôt cosi, pour pas dire complètement de l'abus au niveau d'une chambre d'auberge... Mais en soit, je m'en fous, pour tout dire, ça me rappelle même de vieux souvenirs... De l'époque où Elion et moi s'amusions dans les arbres à faire des cabanes.

Cela dit, j'imagine bien qu'il y en a deux qui vont faire la gueule.

- Bah pour moi ça va, je sais grimper à une échelle... Par contre tes monstres... Va falloir que tu leur expliques qu'elles resteront toutes seules cette nuit.

Toujours légèrement moqueuse, je m'engouffre finalement à sa suite, me baissant largement afin d'éviter les poutres du toit pour avancer jusqu'à la paillasse de gauche et poser mon sac à côté avant de m'y assoir en tailleur et de m'étirer le haut du corps.

- Je sais pas toi, mais moi je meurs de faim. Mais si tu préfères aller te doucher avant le repas, alors je t'attendrais. Enfin, si tant est qu'ils nous aient tout de même laissé un accès à une douche. Enfin, de toute façon, je vais d'abord aller m'occuper de nos montures, elles ont bien mérité un peu de repos elles aussi.

Je redescends alors de l'échelle, toujours de plutôt bonne humeur malgré une légère fatigue due au voyage et me dirige vers l'extérieur ou nous avons laissés nos chevaux... Mais bien évidemment, un des employés de l'auberge s'en est déjà occupé.

- Ne vous inquiétez pas, on leur a donner le meilleur avoine qu'on ait ! Et ils seront au chaud pour cette nuit dans l'écurie.
- Ah, merci...

Bredouille, je retourne alors à l'intérieur et m'installe à table en attendant mon partenaire de route.

"Je sais que je dois me taire mais... Y'a que moi qui tique sur le fait que vous dormiez ensemble ?!"
- Et toutes les fois où j'étais de sortis avec les collègues, c'est que maintenant que tu tiques ?

Je murmure, cachant ma bouche pour éviter que les gens me voient parler seule.

"Des collègues oui, pas quelqu'un qui a promis de t'épouser "juste pour t'aider"..."

- Ah, Arthorias te voilà. Dis moi, par hasard, tu as pris des menottes anti-magie ? J'aurai besoin de faire taire quelqu'un avant qu'il me rende complètement chèvre...
"Luna ! Fais pas ça ! Je me tais ! Promis ! Hey, tu m'écoutes ?!"

Mieux valait attendre après le repas pour se laver, qui plus est, il fallait annoncer à ses familiers qu'ils dormiraient avec les chevaux.
Mais fort heureusement, ça ne serait pas la première fois, les wargs ayant l'habitude de ce genre d'inconfort.

-Je vais le leur dire, rassure toi, on retrouvera nos montures entières demain matin, elles ont l'habitude de ce genre de traitement
Le temps d'aller les nourrir et je te rejoins !

L'officier partit retrouver ses loups, qui prirent la nouvelle sans sourciller. Cela ne serait pas la première nuit dans les étables, et pour peu que les garçons d'écuries soient au courant, tout se passerait bien.
Et vu ce que l'officier leur donna à manger, les monstres sautèrent dans le box avalant goulument la viande qui leur était servit avant de s'allonger, repus dans l'endroit.
Arthorias put fermer la porte sans risque et rejoindre son amie à table, ou elle lui fit une demande des plus surprenante.

-Hmmm, oui bien sur

Sortant les objets enchantés de sa poche, il les posa sur la table devant Lunarya, haussant un sourcil pour signifier sa curiosité

-Ton Mist fait encore des siennes d'une manière ou d'une autre ?
Que se passe t'il ?

Une lueur d'inquiétude traversa son regard, mais avant qu'il ne puisse réellement développer, le patron vint prendre leur commande.

-Je prendrais le plat du jour pour ma part, et deux bières s'il vous plait

Se tournant vers son amie, il ajouta avec un sourir

-Il faut au moins fêter notre départ de la capitale ! Même si nous sommes encore loin d'être arrivés.
Ton Mist à t'il voix au menu du soir, ou bien est tu la seule maitresse à bord ?

- Ah non non non, pas de bière pour moi ! Pas d'alcool, zéro, juste un thé, de l'eau et le plat du jour ce sera parfait, merci.

L'homme hausse les épaules, l'air surpris mais sachant pertinemment qu'il n'a pas son mot à dire dans l'affaire. Et une fois éloigné, je plante mon regard à la fois accusateur et coupable sur Arthorias.

- Tu veux vraiment déclencher un nouvel incident comme à la soirée de la garde ? Moi je ne veux plus, j'ai fais suffisamment de conneries comme ça, plus jamais je touche une goutte d'alcool de ma vie ! C'est... C'est vraiment trop humiliant après...

Je baisse les yeux, rougissant de gêne au souvenir de cette soirée catastrophique au point que le capitaine me convoque pour savoir ce qui n'allait pas. Au final, c'est peut être un mal pour un bien ? Car sans ça, je ne serais pas ici en si bonne compagnie. Et tandis que je tourne le verre pour le moment toujours vide devant moi, je sens la panique de mon mist...

"Dis Luna... Tu ne vas quand même pas les mettre hein ? Tu me ferais pas ça, quand même... Tu sais, tu sais que je suis celui qui t'aime le plus au monde, hein ?"

Je tends alors ma main vers les menottes et les rapproche de moi, plus comme une menace qu'autre chose avant d'expliquer un peu le pourquoi de ma demande à mon interlocuteur.

- Il n'a pas voix au menu non, de toute façon il n'a aucun moyen de ressentir le gout des aliments. Et pour ça -je désigne les menottes du doigts- disons qu'il est tout émoustiller de cette escapade, en plus d'être particulièrement jaloux de l'attention que me demande Yuna et donc est particulièrement désagréable... Donc, s'il continue de m'embêter comme il le fait depuis hier soir, je...

Et soudainement, je me rends compte de ce que vient de dire Arthorias.

- Attends... Tu dis "encore"... Tu... Tu m'as entendue hier soir ?!

Je rougis, reculant sur ma chaise, toute gênée. Qu'est ce que j'ai dit exactement déjà ?! Est ce que... Je sais que je parlais de lui mais... Qu'est ce que j'ai dis exactement déjà ?!

Ah oui... La fameuse soirée de la garde... Là ou Hryfin avait faillit se faire vider comme un poisson... Il faut dire que le tact n'avait pas été le point le plus brillant de cet évènement. Et à en croire le regard de la prétorienne, Arthorias avait pu deviner que la soirée du cuirassier avait du être au mieux, compliquée.
Il fallait dire que contrarier Tara était la dernière chose à faire, surtout quand son pouvoir incluait la manipulation du sang...
Mais l'histoire était déjà derrière, et le capitaine préférait prendre la leçon et en tirer les conclusions qui s'imposaient.

-Oui... pas d'alcool effectivement, je préfère éviter de devoir quitter l'endroit poursuivit par une foule en colère, même pour quelqu'un comme toi

Il trinqueraient avec autre chose que de l'alcool alors. Et si on lui apporta une grosse choppe cerclé de fer, Lunarya eut le droit à une tasse de thé fumante.
Le plat était une sorte de bouillon dans lequel flottait quelques morceaux de viande blanche. La première bouchée révéla un plat plutôt bon.
Mais avant qu'ils ne puissent trinquer, la jeune femme rougis, déclenchant le rire de son supérieur.

-Entendu, c'est vite dit, disons que je t'ai entendu parler sans en saisir les paroles, mais tu avais l'air quelque peu énervée contre ton mist.
Je te rassure, rien de ce que tu as pu dire ne m'est connu

Même s'il n'y avait surement rien de bien secret dans tout cela, l'officier se doutant bien que la jeune femme devait avoir beaucoup de choses à parler avec son familier, notamment à propos du mariage, et vis à vis de sa fille.

-Mais oublions cela, mieux vaut manger tant que c'est chaud ! Ce sera bien mieux que ce que j'ai préparé ce midi
Promis une fois arrivé, tu aura le droit à des meilleurs repas !

Prenant une première bouchée, il laissa son regard se perdre sur la jeune femme. Trouvant la situation plutôt amusante.
Si on lui avait dit qu'il ferait tout cela l'an passé... Les souvenirs de l'année voilèrent son visage d'un masque impassible alors que tout remontait soudainement, secouant la tête, il les chassa, préférant se concentrer sur le présent.

-Oh d'ailleurs pour les familiers, il ne faut pas qu'il soit jaloux, je suis sur que ton cœur lui appartient entièrement

Je souffle, soulagée de l'entendre dire qu'il n'a rien compris de ce que je racontais avec Haku, me détendant doucement et goutant le plat qu'on nous a servi. Et une nouvelle fois, une fois de plus, Arthorias semble s'inquiéter que ce ne soit pas à mon goût... Décidément, entre le repas de midi, la chambre biscornue de l'auberge et maintenant ce ragout de volaille... Je me demande ce qu'il imagine vraiment sur moi, croit-il réellement que je suis aussi "précieuse" que ça ? Je le regarde alors un moment, me demandant si je dois être vexée ou simplement touchée par sa prévenance...

C'est alors que je vois cette ombre passé dans ces yeux, une ombre qui ne dure qu'un instant avant de la chasser d'un mouvement de tête et de passer à autre chose, parlant une nouvelle fois de mon mist. Devrais-je faire comme si je n'avais rien vu ? Hm... Je me le demande. Après tout, ce ne sont pas mes affaires.
La seule chose que je peux faire c'est...

Ma main lâche alors ma fourchette et va rejoindre celle toujours gantée d'armure du capitaine...

- Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, et je sais que je suis plutôt... fragile en ce moment mais, je veux juste que tu saches que si jamais tu as besoin de parler, je peux être une oreille attentive. Après tout, c'est la moindre des choses... Vu tout ce que tu fais pour moi.

Je resserre un instant ma main sur le métal tout en lui souriant pour le soutenir, avant de relâcher ma prise tout en maudissant une nouvelle fois cette barrière qu'il porte en permanence.

- Et tu pourrais d'ailleurs commencer par me parler de cette armure... Elle est magique et te donne la sensation d'être toujours dans un nuage de coton, c'est ça ?

Ma façon de sourire change, devenant un peu plus moqueuse tout en guettant du coin de l'œil mon mist qui sourit qu'à moitié, légèrement renfrogné du fais que j'ai ouvertement dit qu'il était jaloux.

- Et pour Haku... C'est difficile. On a beau être tout le temps ensemble, il m'a vu dans les pires situations et n'a jamais pu ne serait ce que se coller à moi. Ce n'est malheureusement qu'un esprit. Il ressent ma douleur, la faim, la maladie en même temps que moi mais est totalement incapable d'interagir avec le monde, moi incluse. Alors je comprends sa jalousie, voir de simple créatures venir dormir avec moi et réclamer l'attention qu'il a toujours désiré, c'est compliqué. D'autant plus qu'il sait que ça me fait que ces moments de tendresses me font du bien.