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« Enfin, ce n’est pas pour ce genre de rumeur dont je parlais. Il serait grandement stupide de croire que votre succès découlerait d’une liaison entre nous et quand bien même que cela serait vrai, cela ne regarderait que nous. »
Nemue ne comprenait absolument pas l’intérêt des rumeurs alors qu’il suffisait de poser les bonnes questions aux personnes concernées. Pourquoi se fier aux ouïes dires si l’on pouvait avoir droit à la vérité. En plus de possiblement entacher la réputation d’une personne qui n’avait rien demandé, d’autres répercussions négatives pouvaient en découler.
Un léger soupir s’échappa d’entre ses lèvres et Aslander semblait avoir deviné ce dont elle avait besoin et elle ne put qu’accepter le vin chaud qui lui fut offert. Un simple sourire fut suffisant pour le remercier, mais à nouveau ce dernier s’amusa à ses dépens avec les paroles précédentes de l’apothicaire. À croire qu’il éprouvait un malin plaisir à voir l’apothicaire trouver les mots pour lui sceller les lèvres une bonne fois pour toutes.
Cette fois-ci son sourire s’était bien élargi et elle s’était mise face à ce dernier laissant assez d’espace pour éviter de renverser leur boisson nouvellement acquise.
« Nuance, j’ai dit que je n’étais pas disponible, cela ne veut pas dire que je ne suis pas libre. »
Le revers de sa sénestre vint doucement glisser le long de sa mâchoire suivant la ligne jusqu’à son menton avant de l’attraper avec délicatesse entre son pouce et son index. L’obligeant doucement à se pencher alors qu’elle se mettait sur la pointe des pieds, elle reprit.
« Cela sous-entend simplement que lorsque je suis à vos côtés, je n’ai d’yeux que pour vous et que je ne souhaite pas devenir la cible de qui que ce soit d’autre. Alors, ne vous inquiétez pas, vous faire ma grande demande ne fait pas partie de mes projets. » Finit-elle dans un murmure alors qu’elle déposa un léger baiser contre ses lèvres avant de s’éloigner aussi lentement qu’elle s’en était approchée. Un sourire joueur avait étiré ses douces lèvres et elle ne sembla à aucun moment troublée par ce qu’elle venait de faire alors que bien des regards s’étaient tournés vers eux. Si ce n’était pas une preuve qu’elle se fichait complètement des rumeurs.
« Bon, j’ose espérer que le sujet est clos? » demanda-t-elle innocemment en portant son verre à ses lèvres sans le quitter du regard.
Les yeux qui brillent comme une enfant, Java écoute passionnément un marchand de fromages qui lui explique les enchantements qu'il a inventé pour pouvoir faire fondre du fromage directement en le coupant, sans abîmer la meule. L'eau à la bouche et déjà en train d'attraper une poignée de cristaux dans sa poche, elle hoche vigoureusement la tête.
▬ Génial, c'est du fromage à raclette fait dans le Nord c'est ça ? Une belle technique, pour un beau produit, et de beaux sandwichs ! Fais m'en un gros pain rond, que j'goûte ça comme il se doit !
Voyant le montant qu'elle est prête à payer, le marchand range ses arguments dans son tablier et s'exécute devant une Java qui sautille de bonheur en voyant le fromage fondre sous ses yeux. L'odeur est incroyable, presque aussi incroyable que la taille finale du sandwich avec lequel elle repart en trottinant.
Elle fredonne un petit air de saison et se dirige vers un petit banc pour s'asseoir et se goinfrer de raclette. Alors qu'elle arrive aux deux tiers du sandwich (donc environ cinq minutes plus tard), elle aperçoit un visage qu'elle n'avait pas vu depuis un moment. Elle avale sa bouchée rapidement et se lève pour remuer une main.
▬ EEEEH OOOOH !!! ICI !! C'EST JAVA !!!!! CA FAIT UN BAIL DIS DONC !
Avec un peu de chance, le concerné se reconnaîtrait.
Devant lui se dressait alors un autre fringuant bel homme, encore barbu, ses bouclettes noires légèrement en bataille. Affable, le dénommé Vrenn l’avait abordé comme quelqu’un qui retrouvait un vieil ami. Il connaissait son nom, avait parlé d’une mission sur l’Archipel durant laquelle il avait enquêté sur plusieurs meurtres perpétrés, au final, par un hybride alligator. Tout ceci datait de l’époque où le jeune homme était encore aventurier au sein de la Guilde, mais quelque chose ne collait pas. L’arrivée de ce nouvel inconnu venait d’occulter complètement le moment de mélancolie qu’il avait partagé avec Zagreus. Quelque chose n’allait pas dans tout ceci, et la curiosité scientifique de Lunar le poussait à vouloir résoudre ce nouveau mystère. Ça, et également le fait qu’il trouvait cet inconnu plutôt à son goût.
- Bien que je serais du genre à trouver une raison pour prendre ce que tu me dis pour argent comptant, parce que tu es séduisant et que je ne serais pas contre l’idée de finir ma soirée avec toi, je suis persuadé que j’ai accompli cette mission seul. Personne n’était avec moi.
Lunar était persuadé d’avoir raison. Mais il savait également que, en ce monde, la magie pouvait prendre des formes bien étranges et particulières. Peut-être était-ce le cas dans leur situation ? Des rapports de missions pouvaient éclaircir leur situation, mais ils devaient être compilés dans on ne savait quelle archive, inaccessible pour le moment. Et Lunar se doutait que, compte tenu de son mauvais passif avec la Guilde, jamais on ne le laisserait consulter ces vieux papiers… Il devait faire preuve de plus de jugeote pour voir si cet homme disait la vérité, ou s’il se payait sa tête. Néanmoins, ce Vrenn avait suffisamment de détails sur cette vieille quête, ce qui laissait prétendre qu’il savait de quoi il parlait, ne rendant Lunar que plus circonspect.
- Cependant… j’avoue que je suis relativement impressionné de ta connaissance des circonstances de cette mission, enchaîna Lunar tout en arquant un sourcil. Un petit rictus malicieux se dessina au coin de ses lèvres. Mais je pense que je peux me laisser tenter, voir où ça me mène. Très bien : prouve moi que tu étais bien avec moi. Je veux comprendre pourquoi j’ai pu occulter ton existence.
Lunar serrait le pommeau de sa canne, revigoré par la perspective de résoudre une nouvelle énigme, l'odeur des feux de cheminées et de gâteaux de plusieurs stands alentours lui chatouillant les narines. Au moins, cette nouvelle compagnie pouvait se montrer également agréable. Il était peut-être un peu louche, mais le jeune homme aimait bien vivre dangereusement…
- Je suis un homme de science, membre de l’Académie des Sciences. J’ai fait mon bonhomme de chemin depuis la Guilde, mais je n’oublierais jamais un équipier de quête.
Ceci dit, il sortit alors sa plume verte et en passa le bout, joueur, sur une des joues de son interlocuteur. Il venait d’entamer un nouveau jeu, dardant Vrenn de ses yeux légèrement plissés comme ceux d’un chat.
- Alors vas-y, Vrenn. Éclaire donc ma lanterne.
"Disons que j'accepte de laisser le sujet clos pour l'instant mais..."
Et me voici interrompu dans mes paroles, un cri qui se fait tourner plusieurs têtes mais pas la mienne, pas immédiatement, pas avant que je n'entende le nom prononcé par cette voix que je reconnaitrai entre mille : Java! Voici un moment délicat, en temps normal, revoir Java serait toujours plaisant, que ce soit pour manger un morceau, boire un verre ou simplement une conversation avec le lieutenant du village perché! Elle et moi sommes amis, de bons amis même! De plus, nous avons tout deux établis nos priorités alors je sais qu'il n'y a aucune incompréhension entre nous... Cependant, il y a tout de même un passif et aujourd'hui, je suis avec Nemue! Et même si la belle noble et moi-même ne sommes pas un couple, juste deux adultes profitant ensembles de différents plaisir de la vie, il y a une règle tacite que j'ai toujours respecté : ne pas faire se rencontrer deux de mes conquêtes peu importe la nature de la conquête et l'évolution de celle-ci! Je pourrais faire semblant de ne pas l'entendre, attirer Nemue au loin mais soyons honnête, je ne veux pas que la belle garde pense que je l'évite ou que j'ai honte d'elle ou pire encore, que je l'ignore! Non, je prends un grand soupire et sourit doucement à ma belle amie.
"Je suis navré Nemue, il semble que vous soyez sur le point de rencontrer l'une de mes amies..." Dis-je avec un sourire navré, après tout Java est un numéro à elle seule, pas vraiment le même genre de personne que ma compagne du soir mais, il est temps d'agir en homme. Je me tourne non sans prendre la main de Nemue dans la mienne - automatisme ou sorte de démonstration suite à son affirmation précédente quant au fait d'être libre ou non? - et je m'avance vers la garde en levant la main. "Java! Quel plaisir de te voir!" Et il est maintenant temps de vivre le moment qui, je le devine, sera l'un des plus étranges de mon existence...
Tout obnubilé par l’échange entre Solveig, Samaël et Xylia, attendant dans un mélange d’anticipation bordé de crainte ce moment où ces deux facettes chéries de son monde s’entremêleraient avec douceur ou se heurteraient avec fracas, Calixte nota à peine le malaise de Violette à ses côtés, reléguant cette interrogation-ci à l’arrière-plan de sa conscience et tendant distraitement son sachet de marrons chauds aux familiers inquisiteurs. De la même façon, il se fit la remarque légère qu’offrir des friandises brûlantes à des créatures glaçant leur nourriture était certainement aussi intelligent que de décider de modeler un bonhomme de neige devant l’âtre ronflant d’une cheminée. Mais, à nouveau, cette pensée-ci se perdit sous l’émotion de la rencontre se déroulant devant ses yeux.
- Apolline a préféré rester avec Kaname – la loutre, si tu te souviens – car elle – Kaname –expérimente de nouvelles propriétés magiques… qui, je l’espère, ne me feront pas passer la nuit ni à la caserne ni au dispensaire, répondit-il avec un temps de latence, manquant tout à fait l’embarras croissant évident de l’aventurière comme les pupilles toujours plus remplies d’étoiles des laïums appréhendant la pochette des marrons qu’il avait ouverte à leur disposition. Changé ? répéta-t-il abruptement, fronçant les sourcils à la notion remise en avant par son attention papillonnante. Oh ça doit être une illusion d’optique. Entre les vêtements d’été et d’hivers, ça peut un peu modifier la silhouette d’une personne.
Se tournant vers Samaël qui revenait vers lui pour lui montrer ce qu’il avait choisi avec Solveig pour offrir aux parents – grands-parents – Prêth, le coursier se détourna temporairement des deux jeunes femmes pour commenter joyeusement les trouvailles de l’enfant. Et pour l’assurer que non, la Valkyrie n’utiliserait pas Lulubelle en paiement de celles-ci.
- Disons que notre virée au musée s’est trouvée perturbée par un léger abus de mojito de la part de l’équipe technique assurant de manière concomitante quelques réparations sur les lieux, répondit-il à Xylia tout en tendant un petit gâteau de pain d’épice au glaçage doré à Samaël pendant que Solveig partait régler leurs achats. Je crois surtout que nos familiers sont des puits sans fond, rit-il doucement. Heureusement qu’ils savent se dépenser, sinon ma chambre du Bastion se transformerait rapidement en étroite auberge de débauche désœuvrée pour créatures obèses.
Un nouveau coup léger contre sa jambe lui fit baisser le regard, et celui-ci accrocha celui boudeur de James. Apparemment les jeunes griffroids l’avaient instinctivement exclu de leurs retrouvailles, et le bleulet, un peu pataud et susceptible, venait quémander sa dose d’attention. D’humeur disposée, Calixte céda complètement son sachet de plus en plus léger aux laïums et se pencha pour récupérer le familier vexé qui se lova au creux de ses bras.
- Initialement on essayait d’aller voir la Grande Etoile, reprit-il à la suite de Xylia, grimaçant derrière les coups de patte maladroits de James qui cherchait une position confortable. La vue doit être sympa depuis sa hauteur, et je crois qu’il y a quelques activités alentour. Maintenant que Ka’t a obtenu satisfaction…
Le dragon de glace l’ignora superbement, continuant de piailler joyeusement auprès de sa jumelle. De manière amusante, leurs mimiques s’étaient automatiquement synchronisées, et les observer donnait l’impression de voir un griffroid en miroir.
Solveig se reglissa à leurs côtés, et souleva le rabat d’Abdallah qui accueillit le nouveau paquet avec avidité et curiosité. Quelque part depuis la silhouette emmitouflée de la Valkyrie, les voix étouffées de Louis et Leiftan répondirent au sac-à-dos, mais habitués au bruit de fond des âmes artificielles, ni le coursier ni son amante ne s’en formalisèrent.
- Mais on peut poursuivre notre exploration du marché ensemble, proposa-t-il comme la mi-chiraki et son fils appréhendaient d’un œil brillant les stands suivants, le sautillement enthousiaste de leurs pieds les emportant finalement vers ceux-ci sans attendre le reste du groupe. Il y a l’air d’en avoir tout le long des axes principaux, et notamment jusque là-haut.
Et comme ils se remettaient en route – après que les deux jeunes femmes aient fait, ou pas, des achats – ils poursuivirent du côté où Solveig négociait quelques tasses cartonnées remplies de chocolat chaud surplombé d’un nuage crémeux représentant une tête de gloot.
- J’espère que vous êtes aussi gourmandes que vos familiers, ou que les étals de nourriture ne vous écœurent pas trop, car visiblement on est parti pour en faire pas mal, poursuivit-il dans un rire, donnant son thermos à présent vide à Abdallah et attrapant l’une des tasses de manière un peu gauche en raison de James toujours installé contre son torse.
Restait à espérer qu’en plus des décorations, les autorités avaient prévu un chapelet de toilettes publiques.
- Donc vous aller rester, toutes deux, uniquement sur ces festivités-ci ? Ou bien allez-vous profiter des portails pour jeter un œil à ceux de la Capitale, de la Forteresse et du Grand Port ? Voire de la Ville Aquatique ?
Passant un chocolat chaud à Violette et Xylia comme il semblait que la Valkyrie en avait pris pour tout le monde sans se poser de question, il revint sur le point du spectacle d’étoiles filantes :
- On montera sur les cimes, déjà pour faire plaisir à Sam qui n’est jamais venu au Village Perché et contemple tyroliennes et ascenseurs comme de petits miracles, mais surtout pour observer les astres. Néanmoins nous rentrerons sur le Grand Port pour assister au passage de l’année. Ça nous fera ensuite moins de trajet pour ramener Sam vers son lit.
L’apothicaire commençait à croire que ce dernier ne lâcherait jamais le morceau. Accroché à ce dernier à pleine dent, il cherchait certainement à avoir le dernier mot se rapprochant d’elle avec on ne sait qu’elle intention. Nemue ne bougea pas et ne rougit pas se contentant de le fixé de son regard verdoyant alors qu’elle sirotait doucement son verre. Peut-être avait-elle mis cela comme une sorte de barrière afin de l’empêcher de trépasser – ou du moins lui mettre des bâtons dans les roues – afin de lui rendre la tâche compliquée.
Heureusement, une voix sembla interpeller quelqu’un dans les environs assez bruyamment pour interrompre l’aventurier qui s’apprêtait à continuer sur sa lancée. Il avait décidé de clore le sujet pour le moment, mais il y avait un mai rempli de sous-entendu. Autant elle était intriguée par la suite, autant elle était heureuse de ne pas avoir à trouver de façon de s’en échapper. Un sourire satisfait avait illuminé son visage alors que ce dernier s’était détourné pour observer en direction de ladite personne.
Nemue se pencha aussitôt sur le côté, par curiosité, mais n’entendit que le gros soupir de son ami avant que sa vue ne soit cachée par un homme qui tenait une petite statue d’un bonhomme de neige. Certainement avait-il l’intention de la poser sur le rebord de sa cheminée pour accompagner le feu en cette froide journée du solstice.
Pivotant légèrement sur ses appuies, la sorcière observa alors son ami qui s’était mis à lui sourire. Elle ne broncha pas lorsqu’il lui fit part de ses intentions à rejoindre la personne qu’il semblait connaître et qu’il qualifiait d’amie. Seulement, était-ce l’une de ses nombreuses « amies » ou était-ce réellement quelqu’un qui comptait réellement pour lui au point d’accepter de les présenter l’une à l’autre. Dans tous les cas, peut importe leur passif, Nemue savait que s’il avait quelque chose à se reprocher ce n’est pas qui aura les pieds dans les plats, mais lui.
« Ne t’inquiète pas, Aslander, tes amis sont en quelque sorte aussi mes amis. Il faut dire que je suis tout de même curieuse de rencontrer tes connaissances. » dit-elle sur un ton amusé.
Légèrement surprise de sentir ses doigts se lier aux siens, elle regarda leur main un bref instant avant de lever le nez vers son visage. C’est ainsi qu’il voulait s’afficher face à cette personne? Alors soi. Elle resserra son emprise sur cette même main et se laissa donc guider, traversant les effluves chocolatés que laissaient flotter les nombreux gâteaux enfournés pour l’occasion.
En tout cas, Nemue se permit donc d’observer la femme qui se tenait là, un bout de sandwich à la main alors que l’aventurier la saluait tout simplement. Arquant les sourcils, elle se demandait si ce dernier n’était pas tout simplement nerveux en présence de ces deux femmes au point d’oublier de la présenter. Après tout, elle ne passait pas inaperçue, elle n’était pas à quelque pas de là et surtout il la tenait pas la main. Puis, il n’y avait pas que cela. Son prénom ne lui était pas totalement inconnu!
« Vous êtes bien Java, LA lieutenante du village perché? Commença-t-elle d’un ton démontrant la curiosité avant de poursuivre un peu plus sérieusement. Enfin, pardonnez mes manières. Je suis Nemue Lynella, propriétaire de l’Apothicarium à Manillam et aussi une amie d’Alvar. »
Elle tendit sa main libre en sa direction toujours dotée d’un sourire bienveillant. Le fait qu’elle soit membre de l’Astre de l’aube n’était peut-être pas inconnu au bataillon, puis elle offrait ses services un peu partout même au village perché.
Par comme Lunar, deux salles deux ambiances, qu’a salement changé depuis l’époque. Pas que ce soit forcément déconnant, évidemment, mais j’avoue que le passage du type hautain, prétentieux, arrogant et désagréable à l’éphèbe charmeur, c’est un peu surprenant. Au-delà de changé, il s’est peut-être fait décoincé… ce qui expliquerait son attitude actuelle. Héhé.
« Ouais, les gens sont souvent persuadés de pleins de trucs, et pourtant… Pourtant, y’avait un pêcheur un peu moins con que les autres, ce qui veut pas dire grand-chose, et un bourgeois qu’avait perdu sa bobonne, ou une bourgeoise qu’avait perdu son Jules, c’est un peu flou. Des missions pour la Guilde, j’en ai fait un paquet aussi, après tout. »
Après, les gens demandent toujours à ce qu’on leur prouve, et j’m’en souviens plus tant que ça. C’était qu’une opération chiante comme une autre, pour moi, et si Lunar s’était pas avéré être un de ces enfants de salaud que j’affectionne particulièrement, pasque j’vais pas me détester moi-même, j’en aurais probablement eu aucun souvenir.
« Tu penses vraiment que t’étais capable de battre un homme-crocodile et son fidèle acolyte tout seul, sur une plage, avec un pêcheur évanoui collé à toi ? Ta mémoire des événements est claire ? »
Le risque, c’est que parfois, les gens s’inventent le truc et se le racontent tellement qu’ils y croient dur comme fer. Du coup, ça devient chiant, et j’ai pas envie d’abuser du déjà-vu. Ça peut activer un peu trop les conneries style talisman d’indépendance ou quoi, et j’ai pas trop envie de devoir justifier. Trop pénible.
« Après, sinon, y’a qu’à dire que j’ai lu le rapport de ta mission, qu’elle m’a suffisamment marquée pour que je demande à voir un cadre magique de ton apparence, et que je m’en suis souvenu tout ce temps, jusqu’à te croiser, par hasard ou non, qui sait ? dans le Village Perché. »
Sourire mi-taquin, mi-prédateur.
« Par contre, on va quand même pas passer la soirée à faire les gratte-papiers, si ? Ca serait rudement dommage. »
Claquement de dents vers la plume.
« Allez, range ça, j’en vois déjà trop tout le temps. »
▬ Java ! Quel plaisir de te voir !
▬ Vous êtes bien Java, LA lieutenante du village perché? Enfin, pardonnez mes manières. Je suis Nemue Lynella, propriétaire de l’Apothicarium à Manillam et aussi une amie d’Alvar.
Elle bégaie un peu. Elle est à peu près sûre qu'elle a encore un bout de cornichon entre les molaires et une haleine de raclette, et voilà qu'elle se retrouve devant deux beautés fatales qui lui parlent gentiment. La honte. Java regarde en direction de la pâtisserie au bout de la rue. Elle le savait : elle aurait dû prendre un bout de gâteau à manger, pas un gros pain rempli de fromage fondu ! Bon, tant pis. Autant en profiter pour faire un peu connaissance avec cette future amie qu'elle ne connaissait pas encore, et prendre des nouvelles de l'aventurier au sourire ravageur.
▬ Ouais, c'est moi, le plaisir, la lieutenant, et tout c'qui va avec ! Ravie d'rencontrer une belle plante locale comme vous Dame Lynella. C'est dingue, entre ce grand dadet d'Aslander et ce gros neuneu d'Alvar, on s'dirait qu'un des deux aurait pensé à me présenter leur amie la plus intéressante, hein !
Elle éclate de rire, puis croque une bouchée de son sandwich en faisant un grand sourire. Elle a bien vu qu'ils se tenaient la main... Et en temps normal, elle aurait essayé de pourrir son plan à Aslander pour récupérer la jolie fille au lieu de le laisser faire ses manigances, mais celle-là avait l'air de parfaitement savoir ce qu'elle faisait. Elle avale sa bouchée en déglutissant. Si ça se trouve, c'était elle qui manipulait Aslander, et qui allait manger son cœur, comme la vilaine sorcière de Manillam !
Sans s'en rendre compte, Java s'était perdue dans les yeux de Nemue depuis deux minutes maintenant. Elle finit par secouer la tête et se chuchoter bruyamment un « mais non, tête d'andouille, c'est pas une sorcière ! » avant de redevenir elle-même.
▬ J'espère que j'dérange pas. Vous avez goûté le vin chaud de framboises ? Le cru de cette année est une vraie p'tite merveille, et ça fait quand même un peu triste de voir deux belles plantes comme vous qui s'promènent les mains vides...
Pas le temps de les laisser refuser, elle agite déjà la main en direction d'une marchande qui la salue timidement. Java étant Java, il faut bien avouer qu'elle ne pouvait que profiter un peu d'une compagnie si agréable à la vue... et peut-être leur gratter quelques anecdotes en passant ? Dans le pire des cas, elle serait la seule à commander un verre.
▬ Vous passez un bon moment au Village Perché, sinon ? Hésitez pas si vous avez des remarques sur l'organisation, j'ferai remonter ça aux bonnes oreilles ! Ou j'irai tirer des oreilles, ça dépend.
Elle appuie un peu sur la mention du lieu en regardant Aslander, avec la subtilité d'une Baleine ailée qui tombe du ciel. Il aurait quand même pu lui faire un p'tit ragoût ou au moins un sandwich depuis le temps, encore plus s'il commençait à se balader un peu en dehors des côtes !
Pendant ce temps, Sarnai fait un bonhomme de neige avec un enfant devant la Grande Etoile, et Nyoman essaie de chatouiller un Skür Nocturne pour le faire rire (ce n'est pas très concluant) après avoir réussi à distraire son clone-chaperon.
- On peut dire que tu as jeté un œil à mon dossier, ou plusieurs… Répondit Lunar en lui rendant son œillade taquine. Mais, dans ce cas, pourquoi avoir attendu tant de temps pour venir me voir ? Je t’aurais bien accueilli, crois moi !
À ses pieds, le lapillon faisait de petites pirouettes aériennes, tentant toujours d’attraper la plume. La situation était particulière, mais Lunar était prêt à prendre le pari et se laisser tenter par ce grand gaillard. Il avait l’air sympathique, et savait de quoi il parlait. L’atmosphère adoptait un ton quelque peu surréaliste, avec cet homme qui présentait bien, arrivant de nulle part en prétendant être une figure d’un passé dont il ne se rappelait même pas. On ne voyait ça que dans les contes, que dans les rêves, dans ces mythes où dieux et esprits adoptaient forme humaine pour manipuler, terroriser, séduire avant de disparaître aussi vite qu’ils étaient venus. Ils laissaient les mortels qu’ils ont croisé dans un état de béatitude onirique, sans jamais comprendre ce qui leur était arrivé. Lunar ne voulait pas finir comme cela, il voulait être dieu, celui émerveille et trouble. Qu’allait-il se passer, quand un dieu en rencontrait un autre ?
- Tu n’as pas ta plaque, remarqua Lunar d’un rapide coup d’œil. Moi aussi je suis parti de la Guilde, j’avais de plus gros poissons à ferrer. Et depuis tout ce temps, tu t’es rappelé de moi ?
La pensée d’un Vrenn ayant conservé son portrait depuis tout ce temps l'amusait, même si la chose demeurait improbable.
- J’aurais bien aimé me rappeler de toi, enchaîna-t-il en mimant une moue triste, elle se volatilisa aussi pour adopter de nouveau son sourire plein de malice. J’ai bien quelques idées pour passer une bonne soirée, mais la plèbe alentour serait relativement… intrusive, en plus de sentir le purin.
Remontant sa plume, il la repassa à l’intérieur de sa cape, laissant le lapillon sauvage la chercher en remuant son museau et voletant doucement entre leurs jambes à la recherche de son jouet.
- Mais, cela sera comme tu veux. La pluie d’étoiles filantes, la bibliothèque, une chambre, les montreurs de familiers… Le programme te revient, pour me raviver des souvenirs. Ou m’en laisser d’autres, impérissables.
Lui présenter mon amie la plus intéressante? Une belle plante? Et cette manière de fixer avec intensité le regard de la belle apothicaire... On dirait bien que je vis effectivement dangereusement mais pas pour la même raison que prévu! Moi qui craignais que, avec son franc-parler doublé d'une certaine maladresse parfois, Java risquais d'aborder des sujets que je préfère taire devant Nemue - même si Nemue et moi sommes assez clair sur ce point, il est évident qu'on ne parle pas d'une conquête devant une autre - je vois qu'en réalité, je dois peut-être plus me méfier que la belle garde tente de me subtiliser ma cavalière de ce soir! Si on m'avait dit que je risquais un jour de me retrouver en compétition avec le lieutenant, je ne l'aurais jamais cru! Bien que, compétition? C'est sans doute un bien grand mot, j'ose tout de même espérer que Nemue ne m'abandonnera pas pour l'étreinte de la belle garde qui ne semble pas pouvoir en détourner les yeux, surtout pas après ce qu'elle m'a dit précédemment... Par automatisme cependant, je referme un peu plus ma main sur celle de Nemue, comme si je me sentais menacé.
Je me permet tout de même de toussoter doucement, comme pour ramener la jeune femme à la réalité, lui faire remonter à la surface vu qu'elle semble se noyer dans les émeraude de ma compagne de ce soir. "Et bien Java? Je t'ai connu plus loquace et, également plus consciente de ma présence!" Un léger sourire, une affirmation qui pourrait laisser croire à une forme de jalousie à l'encontre de l'attention accordé à Nemue plutôt qu'à moi. Il n'en est rien et je suis certain que Java saura comprendre, à mon regard mais également mon sourire en coin, que c'est plus une sorte de questionnement : es-tu vraiment en train de baver sur la femme qui m'accompagne? "Mais tu as raison, Nemue est une amie très intéressante!" Dis-je en tournant le regard vers la belle noble. "C'est peut-être pour cela que je ne te l'ai guère présenter? Je veux peut-être me montrer égoïste en ce qui la concerne qui sait?" Léger sourire plein de sous-entendu encore une fois alors que Java semble revenir à la réalité. Et de quelle manière? Voici qu'elle se reprend en précisant pour elle-même que Nemue n'est pas une sorcière mais d'une manière bien plus sonore qu'elle ne l'escomptait sans doute. Je dépose ma main libre sur mon front, de toute évidence cette soirée va soudainement devenir bien plus mouvementée que prévue. En même temps, c'est un peu habituel lorsqu'il est question de Java, ce n'est pas comme si elle m'avait habitué à des moments calmes, nos retrouvailles sont toujours animé... Comme lorsqu'elle a involontairement voler un marchant de tissu en pensant avoir découvert un chat doué de parole... Sacré Java!
"Tu ne déranges jamais Java! Tu es l'une de mes rares bonnes amies tu le sais parfaitement voyons..." Une affirmation absolument exacte mais qui sert également à mettre l'emphase sur ce fait : une de mes rares amies! Entre amis on ne plante pas les coups des autres! Même si, dans le cas de Java, c'est un peu différent. "Nous pouvons parfaitement nous laisser tenter par un verre ma foi..." Dis-je comme pour changer de sujet, éviter qu'il y ait des questionnements, conscient aussi que dans l'esprit de Nemue, la précision de bonne amie peut vouloir dire bien plus encore... Je marche sur des oeufs en ce moment. Bien-entendu, l'emphase sur le lieu en lequel nous nous trouvons ne m'échappe pas, cette fois aucun doute que je sois ciblé. "Un très agréable moment, je dois avouer que je ne pensais pas te croiser aujourd'hui! Je pensais que tu serais dans ta famille pour le solstice mais je suppose que le grade vient avec des obligations?" Une sorte d'excuse pour justifier que je ne l'ai même pas contacté? Sans doute, il faut dire que je voulais encore attendre un peu avant de la revoir si je dois être parfaitement honnête, la situation n'est pas forcément réglé de mon côté, pas temps que Mason et ses hommes sont en vie du moins. "Pour l'instant tout va à merveille! Je tiens à signaler que le jeune garde se trouvant aux passerelles mérite quelques félicitations! Poli, courtois et prompt à agir en vitesse! Sans aucun doute un excellent élément!"
Certainement prise de cours, Nemue vit bien que la pauvre Java peinait à trouver ses mots lorsque les deux énergumènes qu’ils étaient l’avaient prise pour cible. À voir son visage, Aslander n’était certainement la personne ciblée par ses appels. Cela fit doucement sourire l’apothicaire qui attendit patiemment qu’elle reprenne un peu d’aise et voyant qu’elle n’allait pas se saisir de sa main, Nemue l’abaissa doucement. Après tout, elle ne voulait pas forcer la dame à faire quelque chose qu’elle ne désirait pas. Enfin, la surprise passée elle ne tarda pas à surprendre la sorcière qui fut emportée par le rire contagieux de la lieutenante.
« Je ne saurais dire si je suis la plus intéressante, mais je peux vous garantir qu’on ne s’ennuie pas en ma compagnie. » Finit-elle par dire avec un léger sourire.
Y avait-il des sous-entendus ou pas? Certainement et elle pouvait bien se le permettre vu comment cette dernière s’était adressée à elle. Plutôt franche et sincère, elle savait qu’elle n’avait pas à tourner sa langue sept fois avant de parler. Elle appréciait ce genre de personne qui ne passait pas par quatre chemins par peur de blesser l’orgueil du destinataire. Sauf qu’elle sentit que le franc parler de la demoiselle affecta le grand brun qui fit pression sur les doigts de l’apothicaire. Avait-elle dit quelque chose qu’il ne fallait pas?
Ses prunelles avaient pivoté en sa direction alors qu’elle avait dû lever le menton pour voir autre chose que ses larges épaules. Que pouvait-il bien se passer dans la tête du bel aventurier? Avait-il si peur qu’elle s’enfuit aux bras de cette femme qu’elle venait tout juste de rencontrer? Enfin, d’en d’autres circonstances, Nemue aurait pu partager un verre ou deux, discuter avec cette dernière et tâter le terrain à savoir si elle pouvait pousser les choses plus loin, mais aujourd’hui elle était avec Aslander. Son amitié comptait bien trop pour qu’elle agisse ainsi puis elle n’était pas du genre à butiner d’une personne à l’autre dans une même soirée. Lorsqu’elle posait son dévolu sur une personne, c’était tout ou rien.
En tout cas, un rire s’échappa malgré elle quand il fit part de ses raisons. Il voulait se montrer égoïste envers elle?
« Allons, Aslander, pourquoi vous montrez égoïste? Je suis amplement capable de me partager et vous aurez toujours une place importante dans mon cœur. » Ajouta-t-elle pour se moquer amicalement de ce dernier? Il s’agissait d’une simple provocation suite à ses paroles. Après tout, elle n’était ni un objet et ni une possession. Personne ne pouvait la posséder ou la contrôler à moins qu’elle ne l’autorise et il faut dire que l’apothicaire n’avait pas l’intention de se poser pour l’instant.
Pour la suite Nemue accepta volontiers le verre qui lui avait été offert bien qu’elle en soit à son second en si peu de temps. Heureusement qu’elle savait tenir l’alcool.
« Jusqu’à présent tout se passe bien. Nous venons à peine d’arriver alors difficile de juger, mais je suis sûre que tout sera parfait. »
Difficile de critiquer le travail de quelqu’un d’autre lorsqu’on n’y a pas contribué surtout lorsqu’il s’agissait d’un évènement comme celui-ci ou le but était de réunir les citoyens pour fêter le solstice. Cela aurait été l’équivalent de se moquer de la charité.
Pour la suite, la demoiselle resta silencieuse, mais attentive. Aslander avait déjà criblé son amie de questions alors autant ne pas en ajouter pour le moment afin de lui permettre de répondre à tout cela sans avoir à se précipiter d’une à l’autre. Nemue avait son vin chaud de framboise pour s’occuper. D’ailleurs, elle était tout de même attristée de ne pas avoir pu amener son compagnon ailé avec eux, mais sa présence aurait certainement dérangé plus d’une personne. Les vaakis n’étaient pas des créatures accueillantes à première vu bien qu’Azaq n’était qu’une boule d’amour un peu idiot par moment.
Soudainement, quelque chose vint heurter l’arrière d’une des jambes de Nemue qui l’obligea à se stabiliser afin de ne pas tomber. Cela lui demanda même toute sa concentration afin qu’elle n’échappe une seule goutte de son gobelet. Elle se retourna mécontente pour chercher le coupable et ne remarqua qu’une boule blanche aux longues oreilles légèrement sonnées. Bien qu’elle ne connaisse pas toutes les créatures d’Aryon elle devinait bien qu’il s’agissait là d’un petit renard de saison. Laissant son ressentit de côté, elle fut plutôt attendrie par le côté mignon de la bête, même si l’on savait tous que les critères de beauté pour Nemue étaient assez subjectifs et qu’il ne fallait pas si fier. Elle s’était donc penchée face à lui pour le caresser d’une main, protégeant toujours sa boisson de l’autre.
« Où se trouve ton maître, petit? »
Évidemment elle n’allait avoir aucune réponse de sa part, puisqu’il ne parlait pas, mais peut-être pouvait-il comprendre le sens de ses mots. Enfin, il semblait bien jeune pour se promener seul ainsi et malgré cela, cela ne l’empêcha pas pour autant de sautiller sur la main de la demoiselle pour mordiller ses doigts. Bougeant ses doigts au-dessus de sa truffe, Nemue joua quelque instant avec le petit renard blanc pour tester ses réflexes enlevant rapidement sa main pour éviter les petites dents de ce dernier lorsqu’il refermait sa mâchoire dans le vide.
« Mmh, ton maître doit s’inquiéter pour toi, non? Commença-t-elle à l’intention du jeune goupil avant de lever la tête en direction des deux autres. Ils ne doivent pas être bien loin. Vous voulez qu’on les recherche? »
L’attaque du mojito était un peu plus complexe que cela d’ailleurs, mais Calixte prit la peine de répondre à sa place. Même si sa réponse restait vague. Enfin, non pas que Violette en soit vraiment traumatisée, c’était plus que les galeries d’art contemporain n’avaient jamais vraiment été son domaine de prédilection de tout de façon. Disons qu’elle savait maintenant qu’il fallait bien se préparer pour ne pas se faire agresser par l’entièreté de la galerie décidant soudainement de prendre vie.
« Disons que le mojito est clairement la cause… Pour les conséquences, je pourrais te raconter quand on sera installés pour la pluie d’étoiles filantes! »
Violette pouvait quand même déjà rapidement parler d’un des événements de cette journée, qui était, justement, liée à Lumi et à la question que la garde se posait sur les laïums et la nourriture.
« Et je peux te dire en avance, en ayant déjà été attaquée avec Lumi par un gâteau géant à ce moment-là… Que c’est la laïum qui gagne. »
La brune s’était retournée vers Lumi, qui était en train de refroidir les marrons chauds avec Freesia - ce qui en faisait du coup simplement des marrons froids. Mais à deux, elles étaient bien plus efficaces. D’ailleurs, en parlant d’un peu les faire se dépenser, Violette avait une petite idée. Avant que les laïums ne se mettent à attaquer leur butin pas durement gagné du tout, Violette leur piqua leur friandise faisant se relever les deux laïums passablement énervées de s’être ainsi fait chaparder leur goûter. Mais l’aventurière comptait bien leur rendre. Jetant un peu les marrons en l’air, les laïums durent se mettre sur leurs pattes arrières voir un peu utiliser de leurs ailes pour s’emparer des marrons. Se bousculant légèrement en jouant un peu en même temps avec Violette qui s’amusaient avec elle, mieux valait les faire un peu se dépenser même maintenant tant qu’elle pouvait. Elle continuait toujours d’écouter rapidement ce qui se disait à côté, quand un hibou messager vint d’ailleurs la trouver.
Voilà qui était assez peu usuel. Elle s’empara donc de la lettre, pensant d’abord tomber sur quelque chose de particulièrement chiant. Mais au final, elle se prit à rire quelque fois devant l’inventivité stupide de son écrivain, de son manque de lunettes dont il avait bien besoin, et de ses suggestions stupides - Violette n’avait aucunement peur de ce genre de chutes tant que son ombre était sur un terrain stable. Contrairement à lui qui s’écraserait sûrement en bas comme un gros caca. Sachant qu’elle ne l’avait jamais rencontré en personne, cela la fit d’ailleurs bien rire plusieurs fois, avant de jeter le courrier dans la poubelle la plus proche. Elle qui croyait que les scientifiques se basaient des connaissances, en voilà un qui avait trouvé son métier dans une boîte de céréales le matin. Clairement, elle le prit assez bien. C’était même plus drôle qu’autre chose. Ce n’était pas comme si l’aventurière avait une très haute estime d’elle-même, contrairement à d’autres.
« Oh, t’inquiètes pas pour moi au niveau du repas, je pense que Lumi tient aussi ça de moi. »
Violette restait tout de même intriguée par Calixte, il était très différent de dans ses souvenirs. Et elle jugeait ça très improbable de s’être trompée à ce point. Son état à l’époque l’avait même plutôt marqué - et clairement l’enfant qui était avec Solveig était bien trop vieux pour être le même. Sacrée illusion d’optique, mais elle n’insista pas plus que ça sur ce point.
« Au niveau du programme, ça va certainement être le marché dans un premier temps, puis les familiers en bas et la pluie d’étoiles filantes ensuite! Je pensais pas vraiment changer de ville… Il y a déjà tellement à voir ici! Ils ont prévu quoi au Grand Port d’ailleurs? De mémoire c’était assez intéressant aussi, il y avait pas une barge avec un banquet? Peut-être un peu tard pour y aller, par contre… »
Violette jeta un petit coup d'œil vers les cimes. Il était vrai que la grande étoile pouvait être intéressante à voir, même si les deux autres activités lui faisaient bien plus de l'œil. En attendant, il était temps d’aller goûter à toutes les choses qui lui semblaient relativement bonnes. Et à voir comment Lumi s’approchait d’un stand en reniflant, elle n’était certainement pas la seule non plus. Il allait falloir qu’elle garde un petit œil dessus, dans toute cette agitation…
« Merci pour le chocolat chaud d’ailleurs, je vais clairement sortir de l’endroit en roulant. Déjà rien que de m’approcher du moindre portail de téléportation sera une épreuve… »
Elle s’étira légèrement, profitant de la boisson bien chaude et sucrée, alors que les gens vaquaient à leurs occupations, s’arrêtant parfois aux divers stands. Les plus tentants étaient souvent ceux avec le plus de file, mais la soirée ne faisait que commencer, et tant qu’ils avaient un petit encas pour la file suivante, elle ne s’en plaindrait pas.
« Mais montons, descendre est toujours plus facile de tout de façon! »
Violette était prête à les suivre sans se poser de questions, elle savait qu’avec eux elle ne manquerait pas de bien s’amuser.
— Espérons alors que tes prochaines sorties en famille seront moins mouvementées que cette sortie au musée.
Tu regardes Camélia et Ka'tea et t’amuses des dires sur le fait qu’elle a été satisfaite. Il en a l’air complètement différent vu de comment elle réagit. Toi-même n’oserais pas tenter de séparer de sa jumelle pour le moment. Ta petite dragonne se tourne vers toi en piaillant comme pour te demander quelque chose, mais tu ne comprends pas. Visiblement ça ne la dérange pas parce qu’elle reprend avec sa sœur comme si de rien n’était. Tu te demandes bien de quoi elles peuvent bien parler ensemble.
— Enfin, s’il y avait de la nourriture effectivement, je ne doute pas que c’est une laïum qui gagne. En soit, personnellement, je suis assez contente d’avoir un familier avec autant d’appétit cela m’aide à garder le mien quand je suis tentée de sauter des repas.
Quand ça ne va pas forcément bien et que tu as l’estomac au bord des lèvres en repensant à ce qui ne fait pas forcément plaisir. Quand la culpabilité ou les faiblesses pointent le bout de leur nez. Jamais plaisant, mais bon, autant toi tu peux sauter un repas, autant Freesia ne te laissera pas faire comme elle veut manger principalement quand toi-même tu manges.
— Pour la débauche on a pas tous la chance d’avoir une partenaire pour même pouvoir parler de cela.
Même si clairement ce n’est pas le sujet ça t’amuse de parler de cela là tout de suite. Une pique gratuite et simple, avec l’espoir de le gêner un peu.
— Enfin, je veux tout de même l’histoire de cette sortie au musée à la pluie d’étoile filante !
Tu regardes Violette s’amuser avec les laïum avec un rire sincère à cette vision et ce fut le couinement envieux de Camélia qui t’arrêta.
— Tu veux jouer avec elles aussi ?
Une négation de la tête et un saut dans sa direction avant de couiner à nouveau, imité à la perfection par sa sœur juste à côté.
— Tu veux que cela moi qui le fasse avec vous ?
Un glapissement heureux, enfin deux pour être exact et voilà les deux griffroid à tes pieds qui attendent la suite. Cela te fait un peu rire et tu attrapes un des biscuits dans ton sac et le lance. Ce fut Ka'tea qui fut la plus rapide pour le premier et un petit jeu commença ainsi.
— Parfois je me demande pourquoi ma mère me met la pression pour avoir des enfants alors qu’avoir des familiers c’est presque pareil sans l’obligation du partenaire.
Ton attention retourne sur la conversation et tu tiques sur une parole de Violette.
— Une barge ? Je ne savais pas que ce genre de personne ne faisait un banquet, mais ça doit être quelque chose. Enfin, moi-même, je ne pense pas trop profiter de la gratuité des portails de téléportation du jour. J’ai attrapé Violette, j’ai même un rendez-vous en tête à tête, enfin presque, sous les étoiles, impossible de laisser passer une telle opportunité ! Puis, mine de rien, je connais plein d’endroits sympathiques à visiter avec ou sans les activités du Solstice donc autant en profiter.
Cela est dit avec un amusement clair et tout en ce moment semble te donner des ailes. C’est tellement simple d’oublier qu’avec la nouvelle année tu seras dans le Nord.
J’ai les mensonges qui défilent sur le bout de ma langue, jusqu’à choisir, sans effort, celui qui semble le mieux pour la situation. Ironiquement, c’est celui qui se rapproche le plus de la vérité que j’prends.
« J’étais pas forcément bien, dans ma vie, dans ma peau, émotionnellement, tout ça, quoi… »
Je vivais ma meilleure vie de criminel, les cristaux rentraient à flots et sortaient aussi vite, brûlés à un rythme effrénés dans tout ce que le pays compte comme lieux de perdition, où j’aurais pas refusé de faire d’un Lunar mon quatre heures. Enfin, ça peut encore arriver.
« J’suis pas vraiment partie de la Guilde. J’ai changé de poste, pour être davantage sur le terrain. P’tet qu’à la fin, j’vais faire comme toi et tâcher de rejoindre la Garde, que le cadre m’ira davantage, et le fait de travailler directement pour le Royaume, tout ça. Mais c’pas trop ma fibre jusqu’à présent. Nan, j’enquille tranquillement les quêtes quand y’a besoin, j’creuse mon trou, et j’vis sans trop penser à demain. »
Mensonges en série. Mais mon sourire en coin devrait faire passer la pilule, puis quand bien même ça sonnerait bizarre… De ma poche, j’sors ma plaque, avec mon prénom, que j’lui montre brièvement avant de la ranger. J’ai aussi quelques plaques de la Garde, mais, hé, on se refait pas, hein. Pas loin, un jardinier essaie de s’occuper de ses plantes, et p’tet que l’odeur évoquée par mon camarade de l’instant vient de là, et pas juste des restes de sa personnalité délétère. J’crois que je préfèrerais la seconde option, on rigolerait davantage.
« Ouais, les souvenirs, c’est tout ce qu’il nous restera, donc autant en faire des bons. »
Et tu vas être déçu, mon coco.
Un balle bariolée roule à mes pieds, coursée de près par un clébard qui ressemble au croisement d’une saucisse et d’une chaussette mitée. J’l’attrape –le jouet, évidemment- avant de le balancer le plus loin possible, et la saloperie court après en jappant, poursuivi par sa maîtresse, une nana pas terrible mais habillée richement et qui pousse des p’tits cris d’orfraie à la poursuite de son bébé. J’aurais dû lui faire un croche-pattes.
« Commençons par les étoiles filantes, on n’est pas des bêtes. »
Si. Mais quitte à faire ça, j’serais allé aux putes direct.
- Et moi qui pensais que tu donnais quelques cours de langue, n’ont-ils pas porté leurs fruits ?
Il nota néanmoins la remarque de la jeune femme concernant ses sauts de repas, et se promit de garnir les poches de celle-ci de tout une palette de mets et friandises qu’il trouverait tout le long du marché.
Les familiers attirèrent leur attention, et il oublia les vannes douteuses suivantes qu’il avait à l’orée des lèvres pour rire allègrement aux manières des créatures. Récupérant le fond du sachet de marrons alors que Violette s’intéressait à un messagerbou lui apportant de la lecture, il se prêta au jeu d’acrobaties des laïums, leur délivrant les dernières friandises après qu’ils eurent effectué de jolies – quoi qu’un peu vexées – cabrioles pour obtenir leur récompense.
- Ta mère serait certainement malheureuse si elle ne pouvait te mettre la pression sur un tas de points, non ? fit remarquer Calixte tout en arquant un sourcil interrogateur vers l’aventurière qui se débarrassait de sa missive dans un rire. Je crois que c’est similaire aux festivités d’ici par quelques points, répondit-il songeusement quant au sujet du Solstice au Grand Port. Les illuminations sont un peu différentes, et une toile d’étoiles filantes, presque sur le même principe de celle de tout à l’heure aux cimes, surplombe la patinoire qui a été aménagée. Apparemment le Capitaine a bien… bossé cette fin d’année, car on a reçu des finances et des heures de permanence pour installer un grand sapin au cœur de la ville.
Il y avait décidément des singularités qui, à l’accumulation, ne faisaient qu’appuyer le caractère particulier et fantasque du Régiment du Sud. Ce n’était pas pour déplaire au coursier qui s’en amusait, mais il ne pouvait s’empêcher de s’interroger sur la légitimité de certains de ces points.
- J’ai effectivement vu passer des publicités pour cette barge, et il me semble que c’est de celle-ci qu’aura lieu le lâché de lanternes de minuit. Sol ! appela-t-il plus fortement à travers la plaisante cacophonie de la foule. C’est sur la barge les lanternes qu’on veut aller voir tout à l’heure ?
La mi-chiraki lui répondit d’un haussement d’épaules mais Samaël acquiesça rapidement. Le coursier était certain que le petit garçon avait appris par cœur les plannings des diverses festivités afin d’en profiter un maximum. Et palier à la négligence insouciante des deux adultes l’accompagnant. Parfois, c’était à se demander qui était l’âme la plus responsable de leur trio.
- Ton rendez-vous en tête à tête… c’est celui avec la lieutenante Anggun ? demanda-t-il à Xylia en se souvenant de ses propos de plus tôt. Comment ça se passe avec elle ? Elle a l’air…
Dynamique, à l’écoute, dispersée.
- … d’être un personnage haut en couleurs.
Et puis, il y avait le fil tendu sous-jacent, celui noirci de souvenirs chagrins, abimé de souffrances anciennes, qui liait la supérieure Belluaire et la jeune espionne. Celui qu’en cette soirée de festivités, loin de l’intimité réconfortante de leurs maisons officieuses, le coursier n’osait évoquer qu’à mi-mot. Car la relation entre les deux soldates, assurément, dépassait le simple lien de subordination.
Gobant la tête de son gloot crémeux avant qu’il ne se délitât complètement dans la texture de son chocolat chaud, il vira un regard soucieux sur la silhouette de son amie. Avant de lâcher James qui se trémoussait entre ses bras pour aller jouer avec les laïums, et en profiter pour glisser innocemment dans la poche la plus proche de Xylia une poignée de sucreries acidulées qu’ils avaient achetées plus tôt. Puis de réitérer le geste en visant le grand-sac-sans-fond de Violette. Il lui sembla d’ailleurs percevoir le bruit métallique d’une gourde fontaine – ou trois – sur laquelle les friandises avaient dû rebondir avant de s’égarer dans les limbes du sac enchanté.
Suivant le tracé courbe de la rue bordée d’étals divers, ils arrivèrent bientôt à une extrémité proposant une montée en ascenseur pour poursuivre leur déambulation sur des niveaux supérieurs. Se glissant à la suite de la petite queue d’attente pour la plateforme, le groupe patienta sagement son tour. Ou presque. Calixte entortilla un doigt dans la capuche de Samaël qui imitait sa mère en se penchant – certes, légèrement plus prudemment que celle-ci – par-dessus la balustrade pour admirer l’arbre majestueux surplombé de la Grande Etoile, afin de s’assurer qu’il ne perdrait pas l’entièreté de ses proches d’une chute malencontreuse. Vreneli avait enfin quitté les confins d’Abdallah, et montait fièrement aux laïums comment il foudroyait les quelques flocons qui s’infiltraient sous le couvert jusqu’à eux. Observant d’un œil méfiant les créatures de givre l’imiter de leurs propres talents, le coursier se dit que ça risquait de se finir sur une électrisation ou une engelure malheureuse.
Ou, peut-être, en décrochage d’ascenseur.
- Ola mais vous êtes combien là ? demanda d’une voix étranglée l’homme qui surveillait l’usage de celui-ci.
Son regard parcourait fébrilement la petite famille aux pièces rapportées, les nombreux familiers, et les encore plus conséquents paquets de nourriture glanés ici et là. Le coursier se demanda s’il y avait un poids maximal à ne pas dépasser pour les plateformes, et de combien ils l’explosaient actuellement.
- Y en a qui s’font plaisir, ronchonna l’employé en les laissant avancer de mauvaise grâce. Allez, on y va.
Calant contre lui Samaël pendant que Solveig observait leur accompagnateur d’une pupille fendue promettant quelques représailles vicieusement mordantes s’il devait leur chercher des noises, Calixte demanda à ses compagnons volants de les devancer sur les hauteurs. Dans une exclamation ravie, l’enfant regarda les créatures décoller dans le scintillement glacé de leur derme miroitant les éclats lumineux des décorations de l’immense arbre surplombé de la Grande Etoile. Dans une nuée brillante de reflets givrés, les familiers dépassèrent les cordages pour s’aventurer librement du côté de l’astre magique avant de virer de concert dans une série de virevoltes joyeuses vers le point de ralliement.
- Ca fait du bien de se dégourdir les ailes ? fit chaleureusement le coursier à Ka’tea qui s’écartait de brèves secondes de sa sœur pour vérifier que le reste du groupe, péniblement retenu par la gravité, avait bien débarqué de l’ascenseur.
Des hauteurs la voix morose du surveillant leur parvenait toujours, s’indignant cette fois-ci de l’embonpoint des passagers suivants. Vraiment, il avait dû obtenir son poste en tirant la courte paille.
Pas ailes, fit remarquer Vreneli.
Certes. Mais globalement… Voulez-vous continuer à voler en autonomie ? Je te laisse un talisman de localisation, et tu les surveilles. Mais vous restez du côté de l’arbre et de la Grande Etoile.
Mpf.
Tu préfères que je demande à Ka’t d’être la responsable ?
Eli faire. Eli plus fort.
Se retenant de lever les yeux au ciel en patchwork de nuages neigeux et de clartés parsemées d’astres lumineux, Calixte équipa le teisheba et le regarda s’éloigner avec quelques familiers volants pour s’amuser un peu plus loin dans les airs.
- Tu as déjà pu faire des quêtes avec Lumi présente pour t’aider ? demanda-t-il avec curiosité à Violette comme ils se remettaient à flâner le long des stands. Freesia a fait ses premières armes au cours de l’exploration de l’île volante apparue au-dessus de terres méridionales, il y a quelques lunes déjà.
Un peu abruptement.
- Et elle a visiblement gardé l’habitude douteuse de prendre Vreneli en modèle, grimaça-t-il. Y as-tu aussi été ? A l’expédition du désert volant.
Festival du Solstice
Emerald & des gens
Le solstice, les vacances, les fêtes et des tas de familiers ! Tu étais venu spécialement au village perché pour voir l’étoile et le centre des familiers. ”Regarde Hoya des amis !” Soufflas-tu en admirant les différentes créatures qui gambadaient joyeusement devant toi. Cela faisait quelques semaines que tu avais Hoya, et depuis son éclosion, tu ne faisais que tomber sous le charme du bébé dragon de cerisier. La petite créature était tellement adorable, puis elle te suivait partout ! Tu vins gratouiller sa petite tête. ”Je suis désolée ma chérie, tu es encore un peu jeune pour jouer avec eux. Je n’ai pas envie qu’ils te blessent accidentellement.” Déclaras-tu en venant poser un petit baiser sur son museau. Toi gaga ? Complètement. ”Mais ne t’inquiète pas, nous allons bien nous amuser tous les deux !” Tu te dirigeas dans un coin tranquille, posas la petite créature à côté de toi et sortis de ton sac un plumeau. Bon, à la base tu utilisais ce jouet avec le chat de ta famille, mais Hoya l’adorait. Dès qu’elle le vit, le petit dragon tenta de l’attraper. Tu bougeas plusieurs fois le plumeau, pour faire durer le jeu avant de ralentir le rythme pour qu’elle puisse planter ses petites griffes dedans. ”Wouah ! Tu l’as eu !” Tu répétas plusieurs fois l’action, riant des cabrioles de ton familier quand elle allait un peu trop vite.
”Une petite pause peut-être.” Soufflas-tu en voyant qu’elle ne courrait plus après les plumes et préférait désormais se lover contre toi. Tu la soulevas, venant la repositionner sur ton épaule, ses petites griffes venant naturellement s’accrocher au tissu de ta cape. ”Allons voir les autres familiers ! Et qui sait, tu rencontrerais peut-être des gens sympathiques !
De son côté, Sarnai est maintenant plongée dans la contemplation de la Grande Etoile. Quel magnifique spectacle. Si seulement sa fille aînée était capable d'entrevoir la grandeur de Lucy...
Le frère et la sœur continuent respectivement leur balade et leur ragotage.
Alors, revenons à Java. La vraie, pas le clone en train de s'excuser auprès d'un éleveur parce que son petit frère a accroché un traîneau à deux wargs. Celle qui semble avoir décidé de se faire une place dans un séduisant duo, au moins pour quelques instants.
Java était bien sûr complètement aveugle à la légère frustration d'Aslander. A ses yeux, il était clairement embarrassé parce qu'il ne lui avait rien servi depuis sa promesse. Et il aurait eu bien raison de l'être, si vous voulez son avis ! Les promesses, ça se tient, surtout quand ça touche à la nourriture.
Et en parlant de délices, Nemue avait l'air de vouloir jouer le jeu. Les yeux de Java se plissent dans un regard taquin, peut-être même coquin. Elle profite que la Dame soit occupée à jouer avec un renard de saison pour donner un coup de coude dans les côtes de l'aventurier.
▬ Ben aloooors, mon vieux, on s'inquiète ? Egoïste, hm ? Tu d'vrais me connaître depuis le temps, moi je préfère le partage. Et pis, elle sait c'qu'elle veut, ton amie, c'est pas ta ptite main qui va changer ça !
Elle désigne du regard, avec une subtilité plus grasse qu'une flaque d'huile, les courbes du corps de l'apothicaire. Puis elle tend la main pour retirer quelques flocons de l'épaule d'Aslander, en profitant pour souffler ses derniers mots.
▬ Laissons la dame décider de la suite de la soirée.
Elle fait quelques pas en arrière, et en une bouchée, fait disparaître le reste de son sandwich. Un tour de magie spécial Java. Sans élégance, elle s'essuie dans le même mouvement le nez et la bouche, avant de tapoter ses vêtements pour se défaire de quelques vilaines miettes. Quand Nemue propose de chercher le propriétaire du renard de saison, elle relève la tête avec un grand sourire.
▬ Bien sûr, m'dame. On peut commencer par demander aux marchands autour de nous s'ils ont déjà vu la p'tite bête avec un d'leurs collègues. Si ça suffit pas, j'demanderai à un d'mes gars de faire tourner l'information parmi nous au cas où ça pourrait aider.
Elle se penche pour ramasser délicatement la boule de poils, qui se laisse faire malgré un glapissement de protestation. Déjà décidée sur son premier interlocuteur, Java invite le charmant binôme à la suivre jusqu'à l'étal du marchand de vin de framboises. Une vilaine combine ? Pas du tout ! Elle ne faisait que commencer par l'ami qui l'avait saluée, bien sûr.
▬ Yo, Mithri. Ce p'tit bonhomme te dit quelque chose ? Il a l'air d'avoir perdu son maître.
▬ Heu... Non, désolé, Java. Je peux toujours demander à mes clients d'ouvrir l’œil, par contre.
▬ Ca m'va.
Pendant leur petit échange, Mithri leur sert trois verres de vin chaud qu'il laisse devant eux, avant de s'éloigner du comptoir pour chercher une épice. Java tend la main devant les breuvages avec un sourire.
▬ C'est la maison qui offre, hésitez pas.
Bon, c'était surtout un cousin des Archipels qui lui devait quelques faveurs. Mais ça revient au même, non ? Et puis, c'était un peu plaisant de pouvoir faire la maligne devant Aslander, alias Monsieur Galant Qui Anticipe Tout Même Quand Nous On A Oublié. Ca l'était aussi avec Nemue, dont elle attendait les prochaines remarques avec impatience !
- Pourquoi est-ce que ce ramassis d’idiots doit crier et hurler tout le temps ? Pesta Lunar en toisant impérieusement la foule. Quoi qu’il en soit, si tu es toujours de la Guilde, je suppose que vous aurez tôt ou tard de mes nouvelles. Tu sais ô combien l’institution est chère à mon cœur. Et puis, je sais à quel point cela ferait plaisir à tout le monde…
Évidemment, Lunar était ironique. Personne au sein de la Guilde ne serait suffisamment fou pour réclamer le retour du Fiel. Et lui-même détestait les détestait ouvertement, ayant passé moult années à cracher son venin sur autant d’aventuriers que possible. Cela ne gênait absolument pas le jeune homme d’exprimer ouvertement son dégoût vis-à-vis d’une organisation globalement appréciée par la population aryonnaise, et encore moins face à un autre membre de la Guilde. Vrenn lui avait signifié sa perspective de rejoindre la Garde, un jour. Il avait l’air d’être un membre de terrain, mais ni l’armure ni l'uniforme militaire ne lui iraient, pensait Lunar. Et quid de suivre les ordres ? Le barbu avait l’air d’avoir un esprit d’électron libre. Et quel régiment pour un profil comme le sien ? La Citadelle du Loup, au Nord, bien que sous la houlette du capitaine Brive, était peut-être trop rude et spartiate pour un homme comme lui ? Il aurait sans doute de quoi faire à la Capitale, avec tous ces attentats et criminels en pagaille. Ou peut-être s’improviserait-il chasseur de pirates, dans la navale du Grand Port ? Aucun de ces tableaux n’inspirait Lunar, Vrenn devait sans doute rester même…
- Je suis passé par la Garde lorsque j’ai quitté la Guilde, au service du Génie de la Forteresse lorsqu’Elina Von Andrasil était toujours en vie. Ces nordiques avaient de la neige plein les yeux, trop pour voir le potentiel juste sous leur nez. Je suis parti pour l’Académie des Sciences et, depuis, j’ai une parfaite marge de manœuvre ! Peut-être devrais-tu envisager d’autres horizons. Une carrière de détective privé t’irais sans doute mieux que l’uniforme à collet monté de la Garde…
L'ascenseur était enfin arrivé à destination. Les portes s’ouvrirent, permettant aux deux hommes de sortir de la nacelle. Plusieurs personnes, en très grande majorité des couples, étaient assis ou allongés sur de confortables coussins disposés ça et là sur l’esplanade panoramique. Des gerbes de gui avaient été agencées ça et là pour les plus romantiques et, dans un coin, tout discret, quelques musiciens jouaient de langoureuses sonates pour parfaire l’atmosphère. Si bien que, entre la musique et la nuit étoilée, ce petit coin du Village Perché semblait suspendu hors du temps. Ici, tout était calme, doux et beau, contrastant drastiquement avec le reste de la cité, agitée par un tintamarre festif incessant. Au-dessus de leurs têtes, la voûte céleste était absolument magnifique. Lunar devait bien se l’avouer, la beauté de ce ciel nocturne dépassait de très loin celle du planétarium de l’Académie des Sciences.
- Ces coussins m’ont l’air d’être un bon endroit…
Lunar s’assit sur un gros coussin de soie de soie bordeaux, attendant que Vrenn se joigne à lui. Il se tourna alors malicieusement vers l’aventurier barbu et lui lança un regard de défi, son air toujours plus chafouin de minute en minute :
- Voyons combien de constellations tu arrives à reconnaître, et si tu arrives à trouver des étoiles plus jolies que mes yeux !
Je soupire fortement, voici qu'elle aussi parle de partage? N'est-ce pas ironique? En temps normal, sans doute me serais-je contenté de rire, sautant littéralement sur l'occasion pour pousser les deux belles à aller au bout de ces fantaisies. Après tout, pourquoi refuser une nuit de délices avec pareilles créatures? Ce n'aurait pas été la première fois... Cependant, on ne parle pas ici de deux midinettes dont je profiterai des plaisirs avant de les jeter comme un objet pour lequel je n'ai plus le moindre intérêt! On parle de Java et de Nemue, deux belles dames que je considère comme des amies, que je respecte, pour lesquelles il y a des sentiments et cela quels qu'ils soient, quels qu'ils fussent... Je n'ai pas l'envie de voir tout cela voler en éclat et puis, je dois bien l'avouer, l'idée même de partager ne m'enchante guère! Pas alors que je ne l'ai pas décidé, pas alors qu'on débarque sur mes plates bandes. Java s'approche, comme toujours sa discrétion laisse à désirer alors qu'elle désigne les courbes du corps divin de la belle noble et la voici qui m'affirme qu'elle est capable de décider? Je secoue doucement la tête, puisque c'est ainsi, autant faire ce que je fais le mieux : m'assurer d'éliminer la concurrence! Après tout, Nemue m'a affirmé qu'elle n'était pas disponible aujourd'hui car avec moi et, je sais qu'elle s'amuse à mes dépends mais, je peux entrer dans la danse également à ce compte là...
Inutile de s'énerver ou de se faire du mouron, si la garde veut tenter de séduire ma cavalière alors qu'elle est avec moi, je vais lui rendre la vie difficile! Elle ignore après tout mon passif avec la belle ainsi que nos petits jeu, elle n'est - à ce niveau - rien de plus que les quelques galants que j'ai effacé dans diverses soirées à une époque pas si lointaine durant laquelle je changeais de cible comme de chemise... Peut-être est-ce aussi une chance? Plus qu'une malédiction, une offre que me fait Lady Fortune de répondre à certaines questions que je refuse de poser? Chaque moment de l'existence permet d'évoluer, c'est peut-être également le cas présentement, nous verrons bien ce qu'il en est!
Je ne réponds ni à l'une, ni à l'autre en réalité, je ne vais pas entrer dans ce jeu, pas immédiatement du moins. Impassible, je me contente de les suivre silencieusement pendant qu'elles semblent s'intéresser au sort d'un animal ayant perdu ses propriétaires. Comme par hasard Java nous approche un peu plus de l'alcool? La connaissant, difficile d'affirmer que ce soit un plan rondement mené, une tentation d'enviner Nemue - ou peut-être moi - pour profiter de toutes les offres de la soirée ou simplement une action décousue sans le moindre plan sous-jacent... Quoi qu'il en soit, je me saisis du verre tendu non sans plonger mon regard dans celui de la demoiselle, lâchant également la main de Nemue, toujours impassible, je la remercie d'un simple mouvement de tête.
"Dis-moi Java, y a-t-il d'autres spécialités que le vin chaud au village perché ou est-ce délibéré de ne nous mener qu'au dépôt de boissons?" Plaisanterie ou véritable question, je la laisse décider et ce n'est pas mon visage qui l'aidera à choisir, laissons le sous-entendu se faire de lui-même avant de continuer avec un sourire bien subtile cette fois. "Si tu as peur que j'ai froid, je connais bien d'autres moyens de se réchauffer..." Voyons maintenant comment Nemue réagit lorsque c'est son cavalier qui flirt ouvertement devant elle sans se soucier de sa présence, après tout, je sais qu'elle n'est pas la seule à pouvoir intéresser la garde...
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