J’observe ce dernier prendre place devant moi alors qu’il fait comme si rien de tout cela ne s’était passé et je tente de faire pareil commençant à manger silencieusement. L’ambiance est lourde et j’essaie de trouver une raison à ce qui vient de se passer. Je me serais fait des idées depuis le début? Il ne voulait rien d’autre que de moi que je le protège? Alors toutes ces paroles, ces touchés, c’était simplement comme ça qu’il agissait avec tous? Je serai tombée dans le panneau ou ne voulait-il vraiment rien qu’il ne se passe? En tout cas, je suis déçue qu’il m'ait repoussé et je n’ai pas envie de reprendre parole pour le moment, mais en mon for intérieur, j’ai besoin de savoir. Je veux connaître la vérité ainsi je pourrai, à ce moment, passer à autre chose. J’ouvre donc la bouche et je commence à parler. J’ai besoin qu’il me parle…

Il me dit que je n’ai pas fait d’erreur de jugement, seulement qu’il n’avait jamais ressenti de l’affection pour qui que ce soit. Tout comme moi, il n’avait pas d’ami et n’en désirait pas, mais ça, c’était avant notre rencontre. Il voit en nous un véritable potentiel d’amitié et ne souhaite rien gâcher. À vrai dire, jamais je n’aurais cru de mon côté me lier d’amitié avec un noble tel que lui. S’il avait continué d’agir comme il l’avait fait dès le début de notre rencontre, je ne l'aurais pas toléré, mais plus la journée avait avancé et plus j'avais commencé à me sentir à l’aise avec ce dernier. C’était devenu plus naturel d’agir et il avait réveillé de bons souvenirs en moi. Sauf que pour la suite de ses paroles, je ne sais pas dire ce qui se passe, mais j’ai un léger souffle court lorsqu’il m’avise qu’il s’était fait violence pour ne pas me soulever et m’allonger sur cette table où trônaient nos repas. Je me mordille la lèvre en imaginant la scène, mais je garde mon calme. J’essaie de ne pas montrer que ces paroles me touchent plus que je ne le voudrais. Sauf qu’au final ce dernier me laisse le choix. Si je prends la décision de continuer là où nous avions arrêté, il ne me repoussera pas, sauf qu’il semble avoir peur qu’on ne puisse plus se voir comme des amis par la suite.

Je dépose ma fourchette et lève doucement les yeux, plongeant ainsi mon regard d’acier dans le sien. « En effet, il peut y avoir plus entre nous qu’une simple relation entre une garde et un noble qui se voit protéger. Nous avons plus de points en commun qu’on peut le croire et c’est peut-être pour cela que notre rencontre ne s’est pas très bien débutés. Déjà, nous avons l’habitude d’être seul et sans ami, bien que d’une vue extérieure c’est plutôt triste, mais quelque chose nous a rapproché même si c’est quelque chose que je refoule depuis bien des années. » Oui, il a fait ressortir le côté noble en moi que j’avais enfoui très profondément. Il m’avait obligé à jouer quelqu’un que je n’étais plus depuis belle lurette et m’avait même offert deux robes. Il n’aurait pas du, mais j’imagine qu’il m’était impossible de les retourner maintenant.  « Je ne vais pas te mentir, je ne sais pas pourquoi je t’ai embrassé, mais lorsque je t’ai vu me repousser et fuir vers la salle de bain, je me suis sentie contrariée, voire même déçue… Alors peu importe ce qu’il arrivera, cette amitié reste possible. » Il me laisse le choix de poursuivre ce qu’il avait arrêté et je dois dire qu’il m’a laissée sur une faim et je ne peux pas cacher qu’il est très désirable. « Si je fais quelque chose, c’est parce que je le veux et non parce que je me sens obligée? Compris? »

À ce moment, je me lève de mon siège et marche jusqu’à ce dernier. Je glisse une jambe au-dessus des siennes me retrouvant assise sur ce dernier. Mes mains parcourent cette pauvre chemise qu’il venait d’enfiler et mes doigts entreprennent de détacher ses boutons un à un alors que je le regarde calmement dans les yeux avec un petit sourire en coin qui s’était dessiné sur mes lèvres « Le repas attendra, pour le moment tu as fait apparaître en moi une faim qui ne se comble pas par la nourriture… » J’ouvre sa chemise me donnant maintenant accès à ce foutu torse qu’il avait exhibé devant moi de nombreuses fois dans la journée. « J’ose espérer que tu prendras tes responsabilités pour rassasier cette faim… », dis-je en déposant mes lèvres brûlantes contre sa peau basanée. Je remonte dans son cou grimpant jusqu’à son visage où j’y emprisonne ses lèvres entre les miennes. Je me presse à lui, mais bien que l’idée de la table m’avait quelque peu émoustillée, je reste toujours une fanatique du confort, alors d’un coup, je me recule et l’attrape par la main l’obligeant ainsi à me suivre jusqu’à sa chambre. Je le plaque contre la porte, recommençant les baisers, puis je défais la boucle de son pantalon et finis par ouvrir la porte que je referme derrière nous.

Pour la première fois de cette journée, je laisse un véritable choix à la demoiselle! La suite est entre ses mains, pourquoi? J'aimerai dire que c'est parce que je l'apprécie et que je la respecte. Dans un sens cela ne serait sans doute pas totalement faux cependant, cela ne serait pas totalement vrai non plus! Je redoute ce choix et je ne désire donc pas le faire, voilà la réalité! Bien-entendu, même si elle tente de le cacher, je vois son petit mordillement de lèvres lorsque je lui fais mon aveux, aucun doute que l'idée même pénètre son esprit et qu'elle imagine parfaitement la scène... À partir de cette réaction, je pense pouvoir dire où cela va nous mener et, soyons honnête, c'est aussi ce que j’espérais! Quoi qu'il en soit, elle dépose la fourchette qu'elle tenait en main jusque là, et plonge son regard dans le mien, elle me répond donc qu'il peut en effet y avoir plus qu'une simple relation protectrice-protégé... Parfait certes cependant, à quel point cette relation peut évoluer, quelles seront les conséquences de cette évolution et surtout, quelles seront les conséquences aujourd'hui? Certes notre rencontre n'a pas forcément bien débuté mais en même temps, je lui ai mentis sur toute la ligne au départ - plus que je ne le fais encore maintenant cela va sans dire - elle me dit que quelque chose nous a rapproché, quelque chose qu'elle conservait enfuit en elle depuis des années et je souris doucement, son côté noble sans doute? Elle a la tête plus dure qu'un rocher! Quand comprendra-t-elle qu'elle ne devrait pas avoir honte de cela? Elle n'est pas obligé d'agir comme les nobles qu'elle ne semblent pas apprécier, enfin je suppose que cela est inutile d'essayer de lui faire entendre raison.

Elle me confirme ensuite ce que je sais déjà : sa déception suite au fait que je la repousse... En même temps, c'était difficile de ne pas s'en rendre compte, vu le changement d'attitude de la demoiselle, c'était compliqué de ne pas le remarquer! Elle m'affirme que si elle fait quelque chose c'est parce qu'elle le veut et, pour le coup, j'ai du mal à véritablement la croire sur ce point : elle ne voulait pas essayer cinquante tenues, elle ne voulait pas venir chez moi au départ et elle ne voulait pas non plus avoir deux robes aujourd'hui... Je me retiens cependant de le lui faire remarquer, après tout cette fois je ne doute pas qu'elle ait véritablement l'intention de faire ce qu'elle veut! Elle se lève donc de table, approchant de moi d'un pas décidé et me grimpe littéralement dessus! Ses jambes de chaque coté des mienne, elle est assisse sur moi ce qui, honnêtement, n'est pas forcément pour me déplaire! Elle défait les boutons de ma chemise avec un léger sourire, m'affirmant que je lui ai donné faim et que ce n'est pas de la nourriture qui pourra la combler. Je ne suis pas certain que cela soit une bonne idée, je ne suis pas convaincu de ce fait mais qu'importe? J'ai dis que je n'allais plus la repousser n'est-ce pas? Bien au contraire en fait! Mes mains viennent se déposer dans son dos, la pressant un peu plus encore contre moi, la collant à mon corps avec une envie évidente et c'est sans hésitation aucune que je prolonge le baiser lorsque ses lèvres se plaquent sur les miennes. Je ne suis pas le genre d'homme qui fuit ses responsabilités, elle n'a aucune crainte à avoir pour cela!

Elle m'attrape par la main et nous montons jusqu'à l'étage suivant, il est vrai que le lit sera plus confortable que la table après tout! Elle me plaque littéralement contre la porte de ma chambre, m'embrassant avec une envie nous simulée et je ne me fais pas prier, une fois encore pour y répondre! Ma langue venant se frayer un chemin entre ses lèvres pour venir provoquer celle de la demoiselle. Quand elle s'attaque à ma ceinture, j'en profite pour lui ôter son haut que je laisse tomber au sol! Je ne pense pas qu'elle m'en tiendra rigueur vu la situation. Elle ouvre la porte de la chambre, dernier rempart nous retenant d'aller plus loin mais il est trop tard pour faire marche arrière, comme l'a dit un célèbre philosophe et homme de lettre Aryonnais : je suis au bord de la falaise mais je compte bien avancer! Alors nous pénétrons dans la chambre et la porte se ferme sur nos deux corps refusant de se quitter et s'approchant de ma couche...

De longues minutes plus tard, la demoiselle et moi sommes couchés confortablement dans mon lit, je la tiens contre moi, je dois avouer que tout ce qu'il venait de se passer était fort plaisant cependant, nous ne pouvons pas forcément rester ainsi... Après tout, qui sait si un assassin ne va pas s'attaquer à nous? Et puis, il faut avouer que je suis quelques peu essoufflé, la fougue de la jeunesse que voulez-vous... Même si, visiblement, la demoiselle reprend également son souffle! Je suis peut-être de 13 ans son aîné mais cela ne m'empêche pas d'avoir de l'endurance! Je me tourne vers elle, lui caressant le dos du bout des doigts avant de venir lui voler un délicat baiser... Pourquoi? Je l'ignore! Habituellement, une fois mon but atteint je me débarrasse bien vite de la femme ayant servi ce but, je ne la revois jamais, elle n'est plus qu'un trophée à mon tableau de chasse mais, Khalie est une amie non? Je lui souris doucement en replaçant ses cheveux.

"Je ne vais pas mentir, j'aimerai beaucoup rester ainsi avec toi, ta peau contre la mienne, couché dans ce lit mais cela ne serait pas sage... Il faut que l'on s'habille au cas où! Il ne s'est encore rien passé et je commence à croire que cette menace n'était qu'une vaste plaisanterie mais il serait dangereux de prendre des risques inconsidérés... Cependant, je peux te proposer de prendre un bain, un peu de réconfort après l'effort... Ma baignoire personnelle est assez grande pour deux, si l'on se colle un peu!"

Alors que je suis en train de doucement le dévêtir de sa chemise, je sens ses mains se déposer sur le creux de mes reins m’approchant davantage à sa peau chaude. Mes lèvres parcourent cette dernière jusqu’à trouver le chemin vers ces délicieuses lèvres que je m’apprête à goûter de nouveau. Il y répond volontiers ce qui me fait grandement plaisir. Sauf que je suis quelque peu empressée pour la suite, alors je me déloge de ce dernier et l’entraîne à ma suite, courant pratiquement dans les escaliers. Je glisse, mais me rattrape de justesse en déposant une main sur la marche devant moi et nous fonçons tels deux fougueux amants vers sa chambre. Le plaquant sur la porte, je poursuis notre baiser qui se veut bien plus langoureux que notre premier alors que je me tue à défaire sa ceinture alors que pour sa part il retire mon haut m’obligeant à abandonner son ceinturon pour lever les bras, mais nous arrivons tous deux à atteindre notre objectif. J’ouvre la porte et le pousse dans la pièce refermant la porte derrière moi avant de me jeter à nouveau sur ce dernier.

Je me laisse tomber à ses côtés m’allongeant confortablement sur les draps qui ne nous avaient nullement servi. Celui-ci respire bruyamment et tente de reprendre son souffle. Je dois dire que je ne lui ai pas laissé un moment de répit, mais que voulez-vous, je suis encore jeune et pleine d’énergie. Mais je dois avouer que j’ai le souffle court aussi et que malgré notre différence d’âge, il gère le pépère. Juste à cette pensée j’éclate de rire seul de mon côté et je finis par reprendre de mon sérieux à me tournant face à lui alors qu’il caresse mon dos. Je suis sûre qu’il est en train de se questionner sur mon rire, mais il me vole plutôt un baiser délicat assez surprenant d’ailleurs. Après tout, c’était plutôt un geste de douceur entre deux amoureux après avoir partagé un moment de passion… Enfin, ça ne me dérange pas, mais qu’il n’en profite pas trop. Après tout, si nous voulons rester amis, il ne faudrait pas transformer cette relation en autre chose.  L’idée de prendre un bain me plait, après tout, nous avons eu tous deux chaud et retirer cette sueur m’aidera à mieux me sentir pour la suite de la soirée.

« MMh, ce que tu dis n’a aucun sens. Tu veux que l’on s’habille au cas où que l’on sa fasse assaillir par l’assassin, mais tu me proposes de prendre un bain. On doit garder nos vêtements c’est cela? » Je rigole doucement en roulant sur le côté pour me permettre de sortir du lit. Je m’étire un moment laissant les reflets de la lune illuminé ma peau puis j’attrape mes vêtements qui se trouvaient au sol, du moins, ce que j’en trouve et ouvre la porte. Pourquoi l’avions-nous fermé? Je ne sais pas, après tout, il n’y avait pas de risque qu’un autre habitant de la demeure nous découvre alors que le seul résident se trouvait dans cette pièce. Je récupère mon débardeur qui se trouvait devant la porte et passe la tête par la porte. « Je vais emprunter la salle de bain un instant et préparer l’eau… » Oui, je m’approprie presque les lieux et faits comme si j’étais chez moi et j’accours jusqu’à la salle de bain de l’étage. Je rince vite fait le fond du bain et le laisse se remplir par la suite. Mes yeux étudient les lieux à la recherche de savon à bulle que j’ajoute. Je me mets devant le miroir et replace rapidement mes cheveux les attachants en un gros chignon sur le dessus de ma tête ce qui dégage parfaitement mon visage. Puis je m’observe un moment et je me demande où cela va nous mener? J’ai agi sous impulsion et en aucun cas je n’ai agi parce que j’éprouvais de quelconques sentiments à son égard. J’espère seulement qu’il pense pareil. Peut-être aurais-je dû refuser, calmer mes ardeurs et continuer à manger, cela aurait passé ou j’aurais trouvé le moyen de faire passer ça, une fois à la caserne, mais est-ce que j’ai vraiment fait la bonne chance? C’était plaisant et le faire avec un homme d’expérience avait agrémenté la chose, mais après qu’est-ce qui allait arriver? J’aurais dû refuser de prendre un bain, mais il était trop tard pour reculer. Je me fixe donc dans le miroir, le visage dur me promettant qu’il s’agissait de la seule et unique fois que nous partagions sa couche. Ainsi, il n’y aura jamais de malentendu entre nous.

Je soupire finalement et ouvre la porte signalant ainsi que ce dernier pouvait me rejoindre. Je me glisse la première à l’eau et m’appuie sur le rebord. Cette baignoire était assez grande pour deux, comme il l’avait mentionné, puis quand il me rejoindra, je n’aurai qu’à m’avancer pour lui permettre de se glisser derrière moi, à moins qu’elle ne désire se retrouver devant moi. Héhé.

J'ignore ce qu'elle a dans sa jolie petite tête lorsqu'elle éclate de rire mais cela ne m'importe pas réellement, vu la situation je pense que je préfère ne pas le savoir en fait! Après tout, nous venons de passer un moment intime ensemble alors, je crois qu'il vaut mieux ne pas demander pourquoi elle éclate de rire juste après! Vu son essoufflement, je doute que ma performance soit en cause cependant, ma fierté masculine me retient de poser une question à ce propos! Parfois, il vaut mieux ne pas savoir... À la place, je viens cueillir un baiser sur ses lèvres, elle ne me repousse pas mais y répond à peine? C'est donc cela que ressentent les demoiselle avec lesquelles je partage des moments tel que celui-ci habituellement, lorsque j'ai obtenu ce que je désire et qu'elles ne m'intéressent plus? Je ne peux pas dire que cela soit agréable pour être honnête! Cela ne signifie pas pour autant que je vais changer ma façon de faire, après tout je n'ai pas pour habitude de m’inquiéter de ce que ressentent les autres cependant, ici c'est moi que cela touche! Elle roule sur le côté, s'écartant de mon corps et éloignant sa chaleur de moi et je soupire doucement! C'est exactement pour cela que je ne veux pas m'attacher aux autres, ce sentiment, cette sensation de me faire "abandonner"! Je sais parfaitement qu'il n'y a rien entre la demoiselle et moi, qu'il n'y aura jamais rien d'ailleurs! Mais cela n'empêche que c'est une sensation désagréable, cela me laisse un arrière goût que je n'apprécie pas dans la bouche... Pour la première fois, je suis celui qui reste allongé alors que l'autre s'écarte et c'est une position que je n'aime pas!

Elle me fait une petite remarque à laquelle je laisse passer un rire vide de sincérité! En effet, ce que je dis ne fait pas beaucoup de sens? Pourquoi lui proposer de prolonger cela et lui proposer de prendre un bain? Alors qu'elle vient de se lever me laissant seul les bras vides de sa présence et puis, pourquoi cela m'importe? C'est ce que je dis toujours : pas d'attache! Lui proposer d'être amis, trouver des points communs entre elle et moi, une attirance quelconque qui ne soit pas juste purement charnelle? Je viens de faire une grave erreur! J'aurais dû la repousser, désamorcer la situation, laisser la soirée finir et me soulager après coup en allant voir l'une des professionnelle du grand port plutôt que de m'embarquer dans cette affaire car, maintenant, elle a prit une importance que je ne désirais pas lui offrir! Non, je ne l'aime pas ne disons pas de connerie, je l'apprécie tout au plus mais cela est déjà bien plus que la plupart des gens, de ce fait la voir agir comme si je n'étais qu'une aventure sans lendemain, ce que je suis certainement, c'est désagréable! Habituellement c'est moi qui me comporte ainsi, j'ai vu des femmes faire preuve d'incompréhension, d'autres de colère ou encore de tristesse... Est-ce le karma qui me met maintenant à leur place? Je ne ressens aucun de ces sentiments cela dit, je comprends parfaitement qu'il n'y aura rien entre nous, je n'en suis pas énervé ou triste, je suis juste embêté d'avoir été stupide au point de lui donner un tel pouvoir!

Elle récupère ses habits et part, comme si cela n'avait aucune importance alors que je n'ai pas encore bougé du lui. Je lui offre un faux sourire alors qu'elle part vers la salle de bain et une fois que j'entends la porte se fermer, je frappe mon poing sur le matelas, me maudissant pour ma stupidité! Jamais je n'aurais dû laisser les choses se rendre à ce point! Le plus évident serait d'y mettre fin immédiatement, lui dire que finalement ce n'est pas une bonne idée, que ce que l'on vient de vivre n'était rien de plus qu'une erreur et que je ne veux rien avoir à faire avec elle au final! La remercié d'avoir soulagé un besoin physionomique et lui dire qu'elle peut quitter ma propriété car il semble évident que personne ne va m'attaquer, c'est sans aucun doute ce qu'il conviendrait de faire et pourtant, lorsqu'elle ouvre la porte me signalant que je peux la rejoindre, je me retrouve à le faire sans aucune volonté de résister! Pourquoi? Peut-être parce que laisser quelqu'un entrer dans ma vie me semble attirant pour une fois, même si c'est une erreur et qu'il s'agit d'une garde! Après tout, je peux bien me laisser aller juste une fois, rien ne m'oblige à la revoir ensuite! Si nous ne nous rencontrons plus après cette journée, j'oublierai nos points communs, nos moments partagés, notre intimité et cette faiblesse que j'ai laissé voir non? Cela réglera naturellement ce problème! C'est un pur hasard qui nous a réunis aujourd'hui, en allant dormir après son départ je me dirai qu'au final j'ai eu ce que je voulais d'elle : un moment charnel intense et je ne chercherai pas à la retrouver! Problème réglé donc!

J'approche de la baignoire dans laquelle elle se trouve, pour éviter toute complication il conviendrait de me glisser devant elle ou mieux encore, aller de l'autre côté de la baignoire et de lui faire face. Il y a assez de place pour cela et cela éviterait un contact entre nos corps et donc une tentation inutile ainsi qu'une proximité qui compliquerait les choses encore plus! C'est donc ce que je fais, je me glisse donc dans la baignoire aussi loin que possible d'elle, vu sa position je plie mes jambes afin de ne pas la toucher ne fut-ce qu'un peu! Cela contraste certes avec mon offre mais c'est pour le mieux. Je lui fais face certes mais je n'ai pas l'intention de faire la moindre erreur cette fois, ne pas l'approcher quoi qu'il arrive! Je préfère d'ailleurs ne pas la regarder, j'appuie ma nuque sur le rebord de la baignoire, regardant le plafond! Vu sa distance avec moi depuis la fin de notre relation, je doute qu'elle cherche à m'approcher, d'un certain point de vue même si elle le fait, cela signifie que c'est elle qui cherche le contact ce qui me rend le pouvoir dans cette situation non? Peut-être juste l'illusion de pouvoir? Il faut que je me débarrasse de toute affection pour elle! Ce qu'il vient de se passer ne doit plus arriver!

Mais qu’est-ce qu’il se passait dans sa tête en vrai? Nous venions de partager un moment fort intime lui et moi et venait de m’offrir de prendre un bain? Alors que, pourtant, il vient de dire que ce serait plus judicieux de nous revêtir. Je choisi le bain plutôt que de couper ça aussi court et de faire comme s’il ne s’était rien passé, mais ce dernier ne semble pas apprécier ma décision. Est-ce qu’il aurait fallu que je reste allongé à ses côtés et que nous passions un moment de tendresse? Je refuses de m’attacher à ce dernier, du moins, je me refuses de dépasser le stade d’ami. Celle-ci ne vient que de commencer, alors il n’était pas nécessaire de tout gâcher avec plus de sentiments. Déjà que je sais, que je vais m’inquiéter pour ce dernier quand je ne serai plus là pour le protéger. Enfin, je ne dis rien et je fais comme si je ne remarquais rien et lui signale que je pars la première à la salle de bain.

Là je m’y prépare rapidement replaçant ma coiffure tout en y préparant l’eau dans le bassin. Puis je m’observe dans le miroir, me parlant à moi-même, mais dans ma tête. J’essaie de me convaincre qu’il s’agira de la seule et unique fois que nous partagions une couche, puis je me mets la première à l’eau après lui avoir signaler, en ouvrant la porte, qu’il pouvait me rejoindre. Il obtempère, mais semble venir à reculons. Je l’observe dès son entré de son mètre quatre-vingt-dix et plus, mais en aucun cas celui ne me regarde non. Il semble observer la baignoire et lorsqu’il s’y glisse, il fait en sorte de ne pas me toucher et encore moins de m’observer sans encore une fois me glisser un mot. Je trouve cela très agacent. Enfin je le laisse s’installer lui et ses grandes jambes ridicules dans cette position et une fois que l’eau se calme suite à son entrée, c’est à mon tour de bouger. Je replis mes jambes et m’aide du bord pour me soulever et changer de position et je m’avance doucement vers ce dernier. Je dépose mes mains contre ses genoux que je force à étendre puis je me glisse sur lui, forçant mes jambes à passer derrière son dos. Je sais qu’il évite tout contact avec moi, mais quand même…

« Hey… ne fais pas comme si je n’existais pas! Je ne sais pas quelle mouche t’a piqué, mais s’il y a un problème tu dois me le dire. Depuis que j’ai quitté le lit tu es plus qu’étrange alors que je ne comprends. Tu m’as proposé de prendre un bain, alors même avoir mentionné qu’il serait plus judicieux de nous revêtir. Pourtant me voici ici à t’attendre dans l’eau et tu ne sembles pas satisfaits de cela. »

Je force le contact visuelle avec ce dernier glissant une main derrière sa nuque et je plonge mon regard argenté dans le sien. Mais qu’est-ce qu’il se passe dans cette tête? Ça lui fait plaisir de me faire sentir ainsi? Est-ce qu’il regrette de vouloir une amie comme moi? Est-ce moi qui ai merdé en me jetant sur lui? Pourtant, il m’a laissé le choix, mais y avait-il des signes que je n’avais pas vu à ce moment. Je pousse un soupir assez grand et je lâches sa nuque pour déposer mes mains contre ses épaules.

« Écoute, je ne sais pas si c’est parce que tu regrettes quoi que ce soit, mais sache que moi, je ne regrette rien. Mais si tu ne veux plus de moi et que tu ne désirs plus de notre amitié après réflexion, tu n’as qu’à me dire de partir. Je ne forcerai personne à faire quelque chose qu’il ne désir pas. Enfin, je vais tout de même terminer ce pour quoi je suis ici, puis si c’est ce que tu veux, je ne reviendrai jamais. Mais saches seulement que tu sais où me trouver si tu as besoin d’aide… ».

Je suis honnête avec ce dernier et même s’il s’avérait que mes déductions soient bonne, je n’ai pas le droit de me mettre en colère. Cette décision lui serait personnel, mais il n’empêche qu’en cas de besoin, j’essaierai tout mon possible de l’aider.

Je me suis installé aussi loin que possible d'elle, la fuyant visiblement comme la peste même si ce n'est pas réellement le cas... Je ne désire pas la fuir bien au contraire mais il est évident que c'est la bonne chose à faire! Je n'apprécie pas forcément la sensation que je ressens, c'est comme si pour une fois j'étais celui qui s'accroche et cela ne me ressemble pas! Oh, bien-entendu, je ne suis pas en train de dire que j'attendais beaucoup plus de la jeune fille, mais cette proximité me déplaît ou, en fait, non c'est même tout l'inverse! J'apprécie cette proximité, elle me plait fortement et c'est cela qui me déplaît! Je ne désire pas m'attacher plus que nécessaire à la jeune fille, en prenant en considération qu'elle est une garde, il vaut mieux que je règle cela de la manière la plus simple et rapide qu'il soit : on se lave tranquillement, chacun de son côté, on termine cette soirée, elle rentre chez elle je retourne à mes occupations et demain, tout cela ne sera pas oublié mais ce sera enfuit en tous les cas! Je retournerai voir des femmes dont je me moque et cette sensation ne m'habitera plus! Khalie disparaîtra sans aucun doute de ma vie, même si je l'apprécie, je ne peux pas considéré sincèrement m'en faire une amie n'est-ce pas? Avoir une garde proche de moi serait sans doute une grave erreur et puis, ce n'est pas comme si on allait avoir le temps d'entretenir une relation qu'elle soit amicale ou... Ou rien d'ailleurs! Entre ses missions et mes quêtes pour la guilde, sans parler de mes activités secondaires... Il semble plus qu'évident qu'une amitié entre nous et vouée à l'échec! Je le sais pertinemment alors... Pourquoi cette certitude me fait tellement de... Peine?

Je suis en train d'y penser lorsque je sens l'eau s'agiter autours de mon corps, je bouge donc la tête pour regarder ce qu'il se passe et je vois la jeune fille approcher de moi en marchant à quatre pattes dans la baignoire... Ô délicieuse tentatrice, pourquoi diantre te joues-tu ainsi de moi? Comment un simple homme pourrait résister à la vision d'une si belle demoiselle s'approchant de lui? Et si elle ne faisait que cela en plus... Elle m'oblige à tendre les jambes pour venir s'asseoir sur moi, ses jambes passant autours de ma taille alors qu'elle a prit position sur mes propres jambes maintenant tendues. Heureusement, il y à tout de même une certaine distance entre nos corps, dans un autre cas comment aurais-je réagis? Impossible de le savoir! Elle met sa main derrière ma nuque et me regarde droit dans les yeux, elle relève effectivement mon comportement, le paradoxe de mes mots, le fait qu'elle a accepté de se glisser dans la baignoire et de m'y attendre et surtout, que cela ne me satisfait pas? C'est exactement le bon mot, cela ne me satisfait pas! Pour une raison que je ne m'explique pas, je voulais plus que cela! Sans parler de sentiment, de relation ou d'exclusivité - me sortez pas une connerie du genre amour, fidélité ou monogamie - je pense que je voulais plus qu'une relation sans suite aucune! Je ne voulais pas qu'elle quitte mes bras, je ne voulais pas ne plus sentir sa chaleur, je voulais profiter un peu avec elle d'un moment que je ne partage normalement avec personne et, elle s'est défait de moi ce qui m'a... Frustré en fait!

Je ne suis pas satisfait de la fin de notre aventure, je ne regrette pas non, je ne désire pas qu'elle parte, je ne veux pas qu'il n'y ait plus d'amitié entre nous même si, encore une fois, il me semble impossible qu'une amitié sincère naisse entre un criminel et une garde. Je pourrais sans doute lui dire la vérité pour cela, je n'ai pas besoin de forcer ou de mentir cependant... Pourquoi devrais-je le faire? Après ce soir, elle m'oubliera comme j'ai oublié toutes les autres femmes, son attitude vis-à-vis de moi ayant été la même que celle que j'ai eu vis-à-vis de ces femmes alors je peux le savoir! Elle peut promettre qu'elle sera toujours là, je suis le genre d'homme sachant parfaitement que les mots ne valent rien par rapport aux actions et son attitude non-verbal en dit bien plus que ses promesses! Je ne veux pas qu'elle se sente mal cependant, je sais que cela semble étrange venant de moi mais, je crois que je tiens à elle! Je ne me suis jamais sentis mal pour les autres alors je ne désire pas qu'elle le fasse alors, je fais ce que je fais le mieux : je mens! Je ris donc doucement, un rire semblant parfaitement sincère et je secoue la tête. "Que racontes-tu enfin? Je ne regrettes pas du tout non! En fait c'est même tout le contraire!" J'approche doucement mon visage du sien comme pour l'embrasser mais je m'arrête soudainement. "En fait, je me suis surtout dit que... Si l'on est trop proche, je risque de vouloir recommencer et que ce ne serait pas sérieux! Nous avons déjà prit assez de risques non?" Et je lui vole un bref baiser avant de reculer mon visage! Mentir... C'est toujours plus simple que de dire la vérité!

Je n’aime pas le savoir loin de moi...enfin, pas après le moment que nous venons de passer. J’ai le sentiment qu’il ne désire pas être ici avec moi et l’impression qu’il est en train de me glisser entre les doigts. Bien sûr je ne parle pas d’amour, mais la situation semble m’échapper. Nous avions parlé d’être ami, mais était-ce qu’une illusion que nos sentiments présents nous avaient menés a pensé? Enfin, j’ai l’impression de me frapper à un rocher avec ce dernier et ça ne me plait pas. Alors je fais ce qu’il doit d’être fait, même si cela implique de m’avancer vers lui et de faire les premiers pas. J’avais déjà perdu un ami qui m’était cher je ne voulais pas que cela arrive de nouveau. J’allonge ses jambes pour venir me mettre au-dessus de lui et je force le contact visuel. Normalement, j’aurais tout gardé pour moi. Je n’aurais rien dit surtout lorsqu’il s’agit de créer des liens avec autrui, mais je me dis qu’un ami comme lui, il n’en existe pas d’autre.

Je lui parle et lui signale les impressions qu’il me donne, mais je ne sais pas dire ce qu’il pense. À vrai dire, j’ai peur de sa réponse et de ce qu’il pourrait dire. Cela me peinerait sûrement, mais en même temps, qui suis-je pour lui exiger quelque chose? Enfin, il rit doucement en secouant la tête. Il dénie ce que j’ai dit et me dis que s’il a agi de cette façon c’était simplement pour ne pas en redemander? Il m’a volé un bref baiser avant de ne reculer sans me donner le temps de réagir, mais ce baiser me semble plus amer que les autres. Je le regarde suspicieusement.  Je ne suis même pas sûre de croire à son histoire. Lui qui a flirté toute la soirée avec moi en me faisant des petites remarques refuserait de recommencer? Il m’offre à manger, me prépare le repas, flirt avec moi et m’embrasse. Il m’offre le choix de pousser plus loin. Bref, les évènements ne font que grimper jusqu’à en arriver là et ce dernier me dit qu’il a peur de recommencer alors qu’il était prêt à ce que nous nous cajolions dans le lit? Il a changé depuis que j’ai décidé de quitter la chaleur de ses bras. Alors qu’on me pousse en bas de la falaise s’il ne ment pas!

« Menteur… » Quelque chose le tracasse et il essaie de le cacher comme dans les premiers moments de cette rencontre. Je le sens et puis il a changé de comportement trop drastiquement pour que ce soit vrai. « Aslander O’Sullivan, j’ai du flair et ça pu le mensonge tout cela. Tu m’évites par peur de recommencer et parce que tu ne veux pas prendre de risque? Mon œil oui. » J’enfonce mon index sur son poitrail tout en le touchant à plusieurs reprises au même endroit. Enfin, même s’il me ment pourquoi est-ce que je cherche tant à le faire parler? S’il décide de m’effacer de sa vie après ce soir, je ne pourrai rien faire pour changer tout cela. Je pousse un profond soupir et m’enlève de sur lui. À vrai dire, je ne fais que me tourner pour m’asseoir devant lui et je m’appuie sur son torse.

« En vrai, je ne pense pas que l’assassin se présentera. Parce qu’il y aurait témoin. Si notre subterfuge en ville a bien fonctionné et que les gens ébruitent le fait que nous soyons ensemble, il ne courra pas le risque surtout si mon nom a été répété. Ma famille n’est pas méconnue et je suis sûre que ma mère a dit à tout le monde que j’étais partie à l’académie militaire à mes douze ans. Donc prendra-t-il la chance de se présenter ici, alors qu’une personne entraînée à combattre se trouve dans la demeure. Il sait que ce sera une garde rapprochée et que je ne te quitterai pas des yeux. Enfin, du moins, si l’assassin est malin… »

J’observe ma main que je bouge sous l’eau faisant la vague avec cette dernière. J’écoute l’eau qui se heurte aux parois et à nos corps. Je laisse mon corps se détendre dans cette dernière laissant flotter mes membres. L’arrière de ma tête se fait plus pressant sur son torse et je ferme doucement les yeux.  « On devrait profiter du temps qu’il nous reste ensemble avant que tu ne te décides à m’oublier lorsque je quitterai ta demeure. »

Suis-je en train de mentir? Absolument! Pourquoi? Excellente question en réalité, quelque chose me dit que je perds mon temps, que cette histoire n'aurait aucun sens en réalité, qu'il est inutile de chercher à pousser les choses plus loin... Bien-sûr cela me désole grandement, il serait inutile de tenter de le cacher à moi-même, j'espérais autre chose je ne peux le nier mais pourquoi? Que pouvais-je bien attendre de plus moi qui n'attends jamais rien? Je crois que je ne désire pas le savoir en réalité, ne pas se poser de question est parfois le meilleur moyen de ne pas s'embrouiller l'esprit... Sauf que, mon esprit est déjà embrouillé! Mon mensonge n'est pas aussi bien préparé qu'il ne l'est habituellement, mon changement d'attitude bien trop brusque et sans aucune raison logique et surtout, la demoiselle a déjà prouvé qu'elle est intelligente! J'ai donc foiré complètement sur ce point, le genre d'erreur à ne plus refaire à l'avenir et sans doute la seule que je vais faire ce soir! Il faut que je reprenne le contrôle de mon être et de la situation! C'est exactement pour cela que je ne veux pas m'attacher mais cette demoiselle est capable d'entrer dans mon esprit et d'en faire ce qu'elle veut j'ai l'impression... Je ne l'ai pas embrassé lorsque j'en ai eu l'occasion, je l'ai repoussé parce que je ne voulais pas la tromper, finalement je lui ai laissé le choix et maintenant je suis mal parce qu'elle s'est montré plus distante et je me mêle les pinceaux dans mon mensonge? Qu'est-ce qu'il se passe? Alors que l'affaire était dans le sac, voilà que plus rien ne va comme je le veux!

Elle me traite de menteur, comme je l'ai dis, j'ai trop mal agit... Comme un comédien qui part en oubliant sa mallette de costumes et qui se retrouve à devoir faire avec ce qu'il peut trouver dans de minuscules sacoches ça et là... J'ai oublié d'être plus prudent et je me suis laissé avoir. Heureusement, un chat retombe sur ses pattes alors je soupire doucement, elle enfonce son index dans ma chaire, m'affirmant que tout cela pue le mensonge et je soupire doucement. "Je suppose que je n'ai jamais su mentir...' Bien au contraire, j'ai très vite appris à manipuler les éléments d'une conversation pour qu'ils disent exactement ce que je veux, malheureusement aujourd'hui je me suis perdu en chemin et me retrouve désarmé face à la belle, comme un écolier qui aurait oublié son cartable ou un homme en vadrouille sans baluchon... Elle se tourne, s'installant devant moi, collant son dos à mon torse et recommence à me parler.

Pense-t-elle vraiment que son nom pourrait faire fuir un assassin? Ou bien a-t-elle comprit qu'il n'y a jamais eu d'assassin? Je dois avouer que cette idée m'inquiète légèrement, comment réagira-t-elle si elle apprend la vérité? J'ai monopolisé son temps de manière éhonté, si elle apprend que tout cela n'était qu'invention qui va-t-elle faire? Je n'ai rien à cacher dans cette demeure mais si jamais elle décide de s'intéresser un peu plus à mes affaires, elle est assez intelligente pour être dangereuse! Non, je ne vais pas lui faire du mal! Je ne pourrais pas m'y résoudre pour être honnête, comme je l'ai dis, je me suis attaché à elle bien que cela soit plus un problème pour moi qu'autre chose! Il faudrait juste une affirmation de sa part, qu'elle affirme qu'elle a comprit la vérité, qu'elle énonce cette vérité et je n'aurais d'autre choix que de changer d'identité une nouvelle fois... Sauf qu'elle ne dit rien concernant sa présence ici, mes plans, le fait que je ne pensais qu'à la glisser dans mon lit... Elle appuie sa tête sur mon torse, plus encore et me dit qu'on devrait profiter du temps qu'il nous reste avant que je ne l'oublie... Ce sont les paroles de trop, je ne suis visiblement plus capable de faire comme si de rien n'était, mon dernier mensonge en étant la preuve. Je ne devrais pas, je devrais simplement accepter cette affirmation et la laisser partir et pourtant... Mes bras viennent enserrer sa taille, mes mains se déposant sur son ventre et je soupire fortement.

"T'oublier... J'ai bien peur que cela me soit impossible! Que puis-je te dire en toute sincérité? Ce que je pense présentement? À quoi cela servirait-il d'en parler? Je t'apprécie, plus que quiconque en réalité et cela alors que nous ne nous connaissons qu'à peine... C'est bien là le problème... Je n'ai jamais voulu d'attache, d'amis, d'amour... Ce genre de chose ne sont que des handicaps! Surtout pour un homme tel que moi... Étant aventurier, je risque ma vie à chaque instant, je ne peux pas hésiter parce que je pense aux autres! Et pourtant, lorsque tu as quitté la chaleur de mes bras tout à l'heure, je me suis sentis... Seul! Plus que jamais, comme si tu allais disparaître soudainement pour ne jamais revenir... J'aimerai te garder avec moi, te tenir contre moi et t'empêcher de partir mais, j'ignore pourquoi j'ai ce besoin de ta présence et cela me déplaît fortement! Pourtant, je ne veux pas que tu partes..."

Je n’ai aucun scrupule à lui mentionner qu’il me ment. Même s’il le prend mal parce que je doute de lui, n’était-ce tout simplement pas la vérité? Son changement d’humeur, ne pas m’observer ou du moins daigner me jeter un regard, éviter tout contact avec moi comme si j’étais porteuse d’une maladie contagieuse, ça n’avait rien de Aslander. S’il y avait bien quelqu’un de tactile ici, c’était bien lui. Enfin, je ne lui demande rien, je ne faisais que citer un fait, puis je me détourne me glissant devant lui tout en appuyant ma tête contre son torse. Je reste silencieuse et analyse la situation puis j’élabore une hypothèse à voix haute qui prouverait qu’un assassin ne passerait pas par ici ce soir, mais je ne peux pas assurer sa sécurité en tout temps. Enfin, cela implique surtout que si je suis assez discrète pour quitter la demeure, je ne serais pas obligée de rester bien longtemps et puis ce dernier ne veut sûrement pas que je reste. C’est plutôt étrange non? Il s’était imposé à moi en début de journée et maintenant je m’imposais à lui. C’est étrange, mais je n’ai pas envie que cette soirée se termine et surtout pas sur cette note. Je pousse un soupir et ferme les yeux. Les paroles quittent mes lèvres sans que je les retienne et je lui mentionne qu’on devrait plutôt profiter du temps qu’il nous reste ensemble avant qu’il ne m’oublie. J’avais ce sentiment qu’en quittant la demeure de ce dernier, je ne pourrai plus jamais le revoir. Bien sûr, je me suis promis que ce qui s’était passé ce soir serait la seule fois, mais je ne parle pas de ce genre de chose ni même d’amour. Je voulais apprendre à le connaître davantage, mais dans le but de partager des moments complices entrent deux amis qui passaient du bon temps ensemble.

Mes paroles semblent le faire réagir puisqu’il entoure ma taille de ses bras et il soupire fortement. Je crois que j’ai fait mouche parce qu’il me dit enfin ce qu’il a en tête depuis tout à l’heure. Il me dit m’apprécier plus que quiconque et que c’était ça le problème. Tout comme moi il minimisait ses relations personnelles avec autrui dans le but de ne pas être retenu par quelque chose. Je comprends tout à fait, puisque je ressens les mêmes choses. S’attacher était source de nuisance, mais je l’apprécie bien ce noble… Enfin, il n’y avait pas que cela. Je savais que le fait de me détacher de ce dernier trop tôt ne lui avait pas plus tout à l’heure et qu’il aurait préféré que nous restions ensemble dans le lit. Ces dernières paroles m’effraient. Cela m’effraie qu’il puisse penser ainsi alors que nous venons juste de nous rencontrer, mais était-ce l’urgence et le plaisir d’une première amitié qu’il le faisait penser ainsi. Enfin, la meilleure chose à faire aurait été de m’éloigner, de sortir de cette eau et de reprendre mon rôle de garde, mais je ne peux pas mentir. Moi aussi je ne voulais pas partir, pas tout de suite. Je suis sûre que nous pourrions parler de bien des choses, dont certaines de ses aventures. Après tout nous n’avions pas discuté de ce côté chez lui. Nous nous étions arrêtés à nos côtés nobles.

Bref, je penche la tête vers l’arrière pour essayer de regarder la tête légèrement à l’envers. « Je suis désolée si j’ai pu te blesser tout à l’heure. Je n’avais pas l’intention de te fuir. Puis, je peux comprendre ta réticence à vouloir t’attacher aux autres. Je pense comme toi et disons que j’ai eu une discussion plutôt houleuse à ce sujet avec quelqu’un dernièrement. Mais en même temps, faut-il réellement s’empêcher de vivre malgré cela? Je ne pense pas. Nous avons tous les deux un métier dangereux, mais en même temps, devons nous nous arrêter pour les autres; non. Tu as certainement des motivations pour faire ce que tu fais et moi j’ai juré de protéger le peuple et d’arrêter le malin. Enfin, nous devrions plutôt voir notre amitié comme une motivation à revenir de nos missions plutôt que de voir cela comme un poids mort. Puis… »

Je sais que ce je vais dire est une mauvaise idée, mais voilà… Je me tourne légèrement sur le côté, appuyant ma hanche et le côté de ma cuisse pour l’observer de mon regard d’acier. Je dépose une main sur son épaule. « Je ne suis pas obligée de partir ce soir et je pourrais me rattraper pour tout à l’heure et discuter un peu, non? Puis, sait-on jamais, l’assassin pourrait décider de frapper en pleine nuit… Mais, je t’avise de suite, je ne pourrai pas rester trop longtemps demain, puisque je dois reprendre le boulot et je dois vérifier mon assignation du jour.»

Je sais ce à quoi cela ressemble, ce que l'on pourrait penser en m'entendant parler ainsi, non je n'aime pas la jeune fille! Je ne veux pas d'une relation avec elle, du moins pas plus qu'avec n'importe quelle femme et je parle ici de relation charnelle! Je ne suis pas le genre d'homme qui tombe amoureux, il y a bien trop de femmes, belles intéressantes ou exotiques pour que je fasse l'erreur de m'attacher à l'une plus qu'à d'autres et pourtant... Pourtant je fais cette déclaration à la demoiselle, je ne veux pas qu'elle parte! Pire encore, je lui dis vouloir la garder contre moi, comme si j'étais un amoureux transit qui refuse de voir la femme de sa vie partir! Alors qu'encore une fois, c'est loin d'être le cas, j'ai apprécié le moment que nous avons eu ensembles, je ne peux cacher que l'idée de remettre le couvert se glisse dans mon esprit mais, c'est plus qu'une simple histoire d'intimité ou de sentiment, j'apprécie la jeune fille pour ce qu'elle est en réalité, ses réactions parfois bien trop franche, sa manière de se comporter, le côté rebelle qui se mari parfaitement à ses origines nobles lorsqu'elle décide de les assumer... Il n'est pas ici question uniquement du corps, magnifique avouons-le, de la jeune fille ou bien de sentiments à son égard mais simplement de sa présence, je ne veux pas qu'elle disparaisse de ma vie et je hais cela! L'attirance est une chose mais les sentiments plus forts, que ce soit l'amitié, l'amour ou même la haine, impliquent bien plus que cela, ils impliquent que l'on laisse la personne qui en est la cible avoir une véritable influence sur notre vie, on ne peut pas parler d'amitié si l'autre n'a jamais son mot à dire et c'est un pouvoir que je suis en train d'autoriser la demoiselle à avoir sur moi!

J'aimerai faire marche arrière, pour la première fois de mon existence je regrette mes actions, je regrettes d'avoir rencontré la jeune fille, je regrette le petit jeu que j'ai joué simplement parce que, aucunement, je n'ai cru que cela nous conduirait jusque là... Elle n'était censé n'être qu'un nom que j'allais accroché sur mon tableau de chasse et que j'allais oublié le lendemain et pourtant, il semblerait que je me sois pris à mon propre piège en ce jour! Elle penche la tête vers l'arrière pour me regarder, pourquoi sommes-nous dans cette position d'ailleurs? C'est d'un ridicule, je suis véritablement en train de prendre un bain avec une femme après avoir eut ce que je voulais? D'ailleurs puis-je réellement dire que j'ai eu ce que je voulais? Soit, j'écoute ses paroles et je soupire doucement, notre amitié serait un élément nous poussant à revenir? Il est vrai que l'on peut voir les choses ainsi, je suppose que si des gens recherchent sans cesse d'autres personnes auxquelles se lier, c'est que les attaches ne sont pas un si grand fardeau que cela non? Pourtant, je ne peux m'empêcher de me dire que je fais une erreur... Lorsqu'elle prononce ses dernières paroles c'est encore pire! Elle pourrait rester? Nous pourrions parler? Si j'accepte, il n'y a plus de retour en arrière possible, j'assumerai ma volonté qu'elle reste ce qui signifie qu'il sera impossible après cela de faire comme si elle ne comptait pas, comme si elle et moi n'étions pas liés d'une manière ou d'une autre, ce serait sans doute le premier problème en acceptant, le second c'est l'idée qu'elle et moi nous trouvions dans un même lit uniquement pour discuter... Encore une fois cela lui donnerait un statut bien différent de toutes les autres femmes, je ne suis pas le genre d'homme qui passe une nuit complète avec une personne du genre opposé sans rien faire, même s'il s'est déjà passé quelque chose avant. Si cela devait arriver, je ne pourrais plus nier le fait de ne pas voir Khalie que comme un numéro... Définitivement il n'y a qu'une réponse possible à cela! Non! Tout ce que je peux faire c'est refuser cette offre!

"Bien-sûr, tu partiras quand tu le voudras!'

BORDEL! Pourquoi je dis cela moi? Je devais dire non et pas cela, je relâche tout de même mon étreinte sur la demoiselle, je ne veux pas non plus qu'elle ait l'impression que je sois totalement attaché à elle, ce serait le comble tout de même... Je soupire doucement en me laissant aller légèrement vers l'arrière, appuyant ma nuque sur le rebord de la baignoire et regardant le plafond qui ne m'a jamais paru si intéressant qu'à ce moment. Il faut croire que mon subconscient a choisi pour moi, visiblement je ne veux pas couper court à cette relation naissante, qu'elle soit destinée à devenir une amitié ou à sombrer tel un bateau vaincu par les flots cela n'importe que peu en fait, j'ai pris la décision d'assumer mon envie de rester avec la jeune fille, que cela m'apporte quelque chose de bien ou pas n'a aucune importance, nous sommes définis par les personnes que l'on rencontre n'est-ce pas? J'ai croisé des petites frappes étant jeune et je suis devenu un délinquant, ensuite j'ai travaillé pour m'acheter des choses mais le destin a mit sur mon chemin des pirates et je suis devenu un criminel. Quand le destin a décidé que mon équipage voulait se mutiner je suis devenu un noble et un aventurier... En quoi cette garde va-t-elle me changer? Je lui ai accordé le pouvoir nécessaire pour avoir de l'influence sur ma vie, peut-être son amitié me mettra-t-elle sur le droit chemin à moins qu'une déception nouvelle me poussera vers une autre voie? Peut-être vais-je devenir imprudent et faire des erreurs? Peut-être finira-t-elle par avoir conscience de qui je suis et m'arrêtera-t-elle? Quoi qu'il en soit, à cet instant j'ai décidé de lier mon destin au sien!

"Je n'aurais jamais cru me retrouver dans cette situation en t'abordant plus tôt dans la journée... J'ignore si cela me plaît ou pas pour être parfaitement honnête..." Je soupire doucement en haussant les épaules. "Enfin, je suppose que c'est pareil pour toi? Je doute que tu t'attendais à te lier d'une manière quelconque avec un noble qui critiquais ta tenue n'est-ce pas?"

Je m’excuse auprès ce dernier lui faisant savoir que je n’avais pas l’intention de l’abandonner, mais que je répondais seulement à sa demande de prendre un bain. Après tout, n’était-ce pas l’une de ses deux propositions, puis j’avais besoin de me changer les idées et de me ressaisir. Rester dans ses bras aurait pu être dangereux en effet, mais pas dû à l’assassin simplement pour nous deux. Je ne veux pas faire de cette amitié quelque chose qui se limite à des rencontres charnelles. J’avoue avoir cédé sous les pulsions du moment. Il avait joué avec moi une bonne partie de la journée et son baiser avait allumé la braise qui sommeillait en moi. Maintenant que j’ai la tête froide, il m’ait plus aisé de réfléchir. Je ne regrette pas ce que nous avons fait, juste que cela ne devra pas se reproduire à l’avenir. Enfin, je continue plutôt mes explications. Après tout je le comprends sur le fait d’avoir peur de s’attacher à quelqu’un d’autre, peu importe le domaine. Une perte peur s’avérer douloureuse et j’en sais quelque chose. On m’a enlevé mon meilleur ami à l’époque parce que ce dernier éprouvait des sentiments pour moi et que ma mère l’avait appris alors je dois dire que je me suis sentie bien seule par la suite. Puis bien que je doive rejoindre la caserne ce soir, je fais quelque chose de vraiment bête et je me retourne vers ce dernier pour lui proposer de rester pour la nuit histoire de me rattraper pour tout à l’heure. J’implique dans ces paroles que nous pourrons rester coucher l’un contre l’autre et discuter par la même occasion. Je ne sais pas ce qui me prend de lui dire, mais voilà, c’est dit et il est trop tard pour reculer. À la place, je lui souris alors que je tiens toujours son épaule. Ce dernier me mentionne que je peux partir quand cela me plaît. Ce qui veut dire qu’il ne repousse pas l’idée que je reste avec lui pour la nuit…

Sauf qu’il défait son étreinte sur mon ventre et je l’entends soupirer. Je pense qu’on est tous les deux perdus, qu’on ne souhaite pas rester ensemble ici et que le mieux serait de ce quitter ce soir pour que la situation de s’envenime pas, mais tous les deux disons tout le contraire que l’on pensait. Il se laisse légèrement aller et s’appuie contre le bain. D’ailleurs je me demande à quoi il peut bien penser en cet instant même. C’est là que je l’entends finalement prendre parole. Il ne s’attendait pas à se dénouement et moi non plus d’ailleurs. Jamais je n’aurais cru croisé quelqu’un qui aurait su à la fois me donner envie de le frapper, de jouer du piano avec, de vouloir partager un moment intime et à la fois vouloir devenir son ami. « Il ne faut pas se fier à une simple impression. Bien que je suis, malheureusement, une fervente participante du jugement au premier regard. Alors, passer du temps avec toi m’a fait comprendre que tu n’étais pas si agaçant ou bien snobineux que je le pensais. D’ailleurs, quand tu perds ton petit accent pincé de noble ta présence est tout de suite plus agréable. » Oui, j’avais noté quelques accents à ce dernier. Lorsqu’il jouait Aimé, il avait ce ton dédaigneux que certain noble utilisait en présence de non-noble, puis après cela, quand il a enfin décidé d’enlever son masque, pour se présenter comme Aslander, sa façon de s’exprimer avait encore changé et maintenant que son cœur était mis à nu, il était plus naturel, plus humain, moins noble. Il n’y avait plus rien de superficiel.

Je me redresse doucement m’assoyant sur place et je recherche rapidement un savon pour que nous puissions nous nettoyer. Je me savonne et me rince rapidement. Je crois qu’on devrait sortir de l’eau avant de devenir des raisins secs. Étant la mieux placer, je sors en premier du bain, attrapant une serviette que j’avais déposé plus tôt et je m’essuie rapidement le visage avant de n’essuyer le reste. Il m’avait vue dans cette tenue dans des positions bien plus gênantes alors je ne me sentais pas du tout mal à l’aise de me trouver ainsi devant lui. Je me retourne alors en sa direction observant par la même occasion par la fenêtre qui se trouvait dans mon champ de vision. Il faisait sombre et la nuit devait être tombée depuis le temps. « Je vais avoir besoin que tu me prêtes  des vêtements pour la nuit…bien que dormir ainsi ne me dérange pas. Juste que je ne sais pas ce qui pourrait arriver si je reste ainsi. » Je souris, doucement et si je pouvais me frapper je le ferais. Pourquoi est-ce que je joue les provocations. Est-ce que le reste de ma phrase était vraiment nécessaire? Je dois vraiment apprendre à me tourner la langue sept fois avant de me l’ouvrir. D’ailleurs, le silence s’était installé dans la maison et j’ai l’impression d’entendre un bruit étrange. Comme si quelqu’un était tombé ou bien même le bruissement de buisson. J’enroule ma serviette autour de ma taille et j’ouvre la porte. Bien sûr, n’étant pas nyctalope, je dois attendre que ma vue s’adapte au reste de la luminosité…

« Je crois qu’il y a des gens à l’extérieur de ta maison…et je ne parle pas de la rue. »

Je reviens sur mes pas et attrape la petite pochette que je gardais toujours près de moi ou sur moi et comme j’avais récupéré mes vêtements et les avait amené à la salle de bain, j’étais en possession d’utiliser quelque chose pour nous défendre. Je m’assure que la serviette tienne et j’ouvre la pochette. Je sors les cinq dagues qui s’y trouvaient et active mon pouvoir sur ces dernières. De simples mouvements de doigts me permirent de les faire léviter autour de moi.

« Reste ici… »

J'accepte qu'elle passe la nuit ici... Est-ce une erreur? Peut-être mais quelle importance? J'apprécie les moments que nous passons ensemble alors pourquoi devrais-je lui dire que je désire qu'elle parte? Parce que cela serait mieux? Peut-être mais c'est hors de question de laisser ce qu'il faudrait faire empiéter sur ce que je veux faire! La volonté et le devoir sont deux choses parfaitement différentes et je suis ce genre d'homme qui écoute ses émotions plutôt que sa raison, si tel n'avait pas été le cas il est évident que je n'aurais pas tenté de jouer à ce petit jeu relativement dangereux avec une garde, garde qui connaît maintenant ma véritable identité, du moins celle que j'arbore depuis que je suis au grand port, et... Et bien, elle me connaît intimement sans me connaître ce qui est relativement paradoxale d'un certain point de vue. Quoi qu'il en soit, elle est toujours tournée vers moi, sa main sur mon épaule alors que j'exprime mon opinion, non véritablement jamais je n'aurais pu croire que les choses tourneraient de la sorte, la demoiselle et moi-même n'avons visiblement rien en commun et pourtant, il semblerait que nous soyons bien plus semblables que je ne l'aurais cru dans un premier temps. La vie réserve parfois des surprises, le problème étant que je déteste les surprises! Malheureusement, ce qui n'est pas prévisible est souvent handicapant, quoi que je puisse dire ou faire, je suis désarmé face à cette situation est c'est un sentiment qui me dépasse largement et que je n'apprécie pas... Et en même temps, je ne peux cacher que cela me plait dans le cas présent...

Il ne faut pas se fier aux premières impressions? C'est pourtant ce que je n'ai de cesse de faire, que ce soit avec Khalie ou les personnes que j'ai rencontré avant cela, je me suis toujours fais une première idée des gens et, malheureusement, je m'y suis toujours cramponné! Ce n'est pas forcément une bonne chose mais d'un certain point de vue, cela évite les complications non? Les cas comme la demoiselle sont rares, je n'échange jamais autant avec quelqu'un, j'évite de m'impliquer, j'ai pour habitude de manipuler les gens et de prendre ce que je veux d'eux sans rien donner en retour, d'un certain point de vue, c'est également le sort que je réservé à la demoiselle présente dans ce bain avec moi... Si elle s'était laissé entraîner dans mon jeu, si elle avait suivi la moindre de mes décision sans jamais mettre le moindre stop à mes exubérances... Nous aurions sans doute finit la soirée une étape plus tôt! Aucun doute que j'aurais pu la mener jusqu'à ma couche mais il est évident que je n'aurais pas proposé que l'on prenne un bain ensemble, je n'aurais pas non plus attendu qu'elle reste dans mes bras, je lui aurais sans doute sorti une excuse quelconque, théorie plausible comme celle qu'elle a énuméré plus tôt affirmant qu'elle n'a aucun besoin de rester plus longtemps et j'aurais oublié son nom dès qu'elle aurait passé la porte... Au lieu de cela, elle m'a dit stop, elle a refusé de danser, refuser de se laisser diriger, refuser de n'être qu'une poupée avec laquelle je pouvais jouer... Elle a ainsi gagné un intérêt que je lui porte pour autre chose que son physique agréable! Elle est devenue une personne plutôt que de ne rester qu'un objet. Manière horrible de voir les choses mais c'est pourtant le cas, que puis-je dire pour ma défense? Rien malheureusement... C'est ce genre de chose qu'elle ne devra jamais apprendre!

Nous nous lavons rapidement et elle sort de l'eau en premier, je la suis cependant assez rapidement, inutile de rester dans cette baignoire si elle n'est pas là n'est-ce pas? Elle me dit alors que je devrais lui donner des vêtements pour la nuit... L'idée de voir la demoiselle vêtue uniquement d'une de mes chemises ne me déplaît guère pour être honnête, cependant la fin de sa phrase me fait doucement sourire. J'imagine parfaitement ce qu'il pourrait advenir, est-elle en train de me provoquer pour voir ma réaction? Durant un moment je me dis que je pourrais simplement lui montrer ce que cela pourrait donner, il me suffirait d'un pas pour la surplomber de toute ma hauteur et la suite serait simple : je pourrais venir capturer ses lèvres une nouvelle fois, faire monter la chaleur de la pièce indirectement en même temps que notre envie respectif... Ce serait si simple! Je fais un pas vers elle, dépose ma main sur sa joue avec douceur, approche mon visage du sien et je l'embrasse... Sur le front! Je recule, ancrant mon regard dans le sien. "Si tu veux des habits je t'en donnerai mais honnêtement... Dors dans la tenue que tu veux, je te promets de ne rien tenter pouvant provoquer quelque chose que l'on regretterait!" Car c'est bien vrai, je ne veux pas gâcher ce que l'on est en train de créer...

Mais soudain, la jeune fille me signale qu'il y aurait un bruit en dehors de la maison, elle attache sa serviette de sorte à se couvrir entièrement, prend ses armes et me dit de rester là? Non sérieusement? J'attache ma propre serviette autours de ma taille, après tout, pas le temps de faire bien plus et j'approche de la demoiselle en souriant à pleine dent. "Tu penses sérieusement que je vais te laisser te battre seule alors que tu es nue sous ta serviette? Et risquer de laisser quelqu'un d'autre que moi profiter du spectacle si elle tombe?" Bien-sûr, la fin de ma phrase est une plaisanterie mais les faits sont ce qu'il sont : je refuse de laisser Khalie affronter un quelconque danger seule! Après tout, c'est ma faute si elle se trouve ici, je ne pensais pas recevoir une quelconque visite, sans doute des voleurs imprudents qui ont choisis la mauvaise demeure mais, dans tous les cas, je ne laisserai pas à la jeune garde l'occasion de prendre un risque quelconque! Mettant ma main sur le côté, la glace commence à se cristalliser et bientôt apparaît dans ma main mon arme de prédilection : un trident de glace. Je m'engage dans le couloir et me tourne vers Khalie.

"Accueillons les comme il se doit très chère!"

Nous nous étions lavés rapidement puis nous étions tous les deux sortis du bain dans lequel nous nous trouvions il y a de cela un instant. Je m’essuie tout le corps avant de passer à mes cheveux qui avait été légèrement mouillé puis sans que je ne sache pour quelle raison, je lui demande de me prêter des vêtements pour la nuit sauf que, comme la parfaite idiote que je suis, je lui dis que je peux rester dans cette tenue et que cela ne me dérange absolument pas en mentionnant en plus que je ne serais pas responsable de ce qui pourrait advenir. Je me gifle mentalement et je ne fais que sourire. Je ne veux pas qu’il croie que je me moque de lui en même temps, mais bon, j’assumerai les conséquences de mes paroles quoiqu’il advienne alors je le laisse s’approcher de moi. S’il désire m’embrasser, je ne le repousserai pas. Nous avons déjà partagé bien plus qu'un simple baiser. Sa main se glisse contre ma joue et il se penche vers moi. Je penche légèrement la tête vers l’arrière, mais plus tôt que de cueillir mes lèvres ce dernier dépose ses lèvres contre mon front. Il recule et m’observe m’avisant que je peux dormir dans la tenue que je veux et qu’il ne fera rien qui pourra nous mener à quelque chose qui pourrait nous faire regretter. Je ferme les yeux et soupirs légèrement avant de ne les ouvrir et de plonger mon regard d’acier dans le sien. « Arrête de dire des bêtises. Je ne regrette rien de ce qui s’est passé et si cela devait se reproduire cette nuit, je ne le regretterais pas. Mais je vais quand même prendre des vêtements… »

Ma phrase est coupée alors que j’entends des bruits plutôt suspects. Ça ne ressemble pas au bruit du vent dans les arbres et arbustes. Ni au bruit des branches qui gratteraient contre une fenêtre. Non ça ressemblait à des bruits de mouvement autour de la maison. Et s’il y avait bruit, ça ne devait pas être un assassin, mais des voleurs peut-être? Des voleurs pas très discrets en tout cas. J’enroule la serviette autour de moi et récupère mes armes avant des faires lévité autour de moi. Je lui mentionne de rester ici et alors que je regarde par la porte pour m’habituer à la faible lumière de l’autre pièce et je le sens se mettre derrière moi. Je le regarde en tournant légèrement la tête et il me sourit à pleine dent me disant quelque qui me fit légèrement ricaner. « Fais attention à ce que tu dis, un accident est si vite arrivé. Il se pourrait que j’accroche ta serviette et qu’elle tombe par pur hasard. Ça fera une bonne distraction, tient… »

Il étire son bras et je vois un objet se former dans sa main et prendre la forme d’un trident. La couleur me rappelle la glace et de toute façon, la différence de température fait en sorte qu’une vapeur se dégage de ce dernier. Il s’engage avant moi et se retourne pour me mentionner de les accueillir comme il se doit.

« Ils seront au rez-de-chaussée pour sûr. Alors, dépêchons-nous! » Nous descendons les marches à toute vitesse malgré la noirceur des lieux à cette heure et je lui fais signe de rester silencieux. Les voleurs semblent toujours chercher un endroit facile où entrer. On pourrait tout simplement les laisser faire le tour, mais en même temps, ai-je envie qu’il dégrade la propriété de ce dernier non. Alors au vu du son ces derniers semblent se diriger vers l’arrière où se situe la salle de réception et si je me souviens bien, il y avait aussi une porte à cet endroit. Je passe alors devant Aslander et lui fais signe de me suivre jusqu’à la pièce. Là, je m’approche de la porte et je lui signale de se mettre de l’autre côté, alors que j’approche ma main du loquet que je déverrouiller. Je chuchote d’un ton très bas… « On va les surprendre… »

Des voix se font entendre, je ne comprends pas ce qu’ils disent entre eux, mais il semble se rapprocher de la porte. Puis tout devint silencieux jusqu’au moment où la poignée de la porte se fit entendre. À ce moment, mon cœur accélère. La pièce est plongée dans la noire et nous avons comme seule lumière les reflets de la lune passant par les carreaux des fenêtres.  Mon pouls s’accélère et la porte finit par s’ouvrir.

« P’tain, mais trop facile, il est timbré ce noble à laisser sa porte ouverte comme ça.
- Chut, tais-toi tu vas nous faire repérer.
- Il doit être occupé à l’étage de toute façon. Il y avait de la lumière. Si l’on est discret, on peut repartir sans se faire surprendre… »

J’ai envie d’éclater de rire à ce moment-là. C’est moi où on se prend les deux pires voleurs du monde. En plus d’avoir fait un boucan pas possible, ils pensent sérieusement que les occupants  ne les auraient pas entendus. Je les laisse s’avancer alors qu’il ne referme pas la porte derrière eux éclairant ainsi ces derniers, mais nous laissant dans l’ombre.

Je pointe ma main en leur direction et l’une de mes lames siffle à l’oreille de celui qui se trouve de mon côté. Il sursaute cherchant la source de ce phénomène. Une autre lame siffle au-dessus de leur tête alors que la première revient vers moi. J’envoie les trois autres un peu plus loin et laisse tomber au sol créant ainsi une impression que quelqu’un se trouve dans la pièce avec eux.

« On…on est pas seul.
-Chuut, ta gueule. »

Je vois la table non loin de moi et j’ai une idée. Je m’approche de cette dernière accroupie et je touche la nappe qui se trouve dessus. Je l’attrape et l’amène avec moi. Je rappelle mes armes à moi, puis j’annule mon pouvoir sur ces dernières. J’active cette fois-ci la nappe que je fais léviter dans les airs lui donnant presque une forme de fantôme. Puis je la fais passer rapidement derrière, ils se retournent puis je le place devant eux pour leur barrer la route. Quand il se retourne, quelle surprise de voir une grande nappe foncer droit sur eux et les recouvrir.

Elle ne regrette rien, pire encore elle ne regretterait pas si cela devait se reproduire? Pourquoi précise-t-elle ce genre de chose alors que je fais des efforts inhumains pour ne pas penser à cette éventualité. Non pas que cela me déplairait, la première fois ayant été parfaitement agréable je ne doute en aucun cas que ce serait également le cas de la seconde, cependant je préfère éviter... Elle est moi sommes amis, certes il est envisageable de devenir amis avec bénéfice, après tout je suppose qu'elle n'a personne dans sa vie vu nos discussions et ce qu'il s'est passé entre nous et moi... Je doute qu'il y ait un jour quelqu'un dans ma vie ou même que cela m'arrête cependant, avant de passer à une telle étape il faut déjà que l'on soit réellement amis! Je ne peux donc nier que le fait qu'elle décide de mettre des habits m'arrange! Comme je le dit je n'aurais rien fait pouvant conduire à une nouvelle relation entre adultes consentants cependant, si c'est elle qui faisait une nouvelle fois le premier pas, je n'aurais sans doute pas la maîtrise suffisante de mon être pour la repousser, je ne suis qu'un homme et il y a des tentations auxquelles je cède plus facilement que d'autres. Notre conversation est cependant arrêté assez rapidement par des bruits autours de la maison, nul doute que quelqu'un semble chercher à entrer dans la demeure et de toute évidence, ce ne sont pas les criminels les plus discrets qu'il soit! Je soupire doucement alors que la demoiselle me dit de rester là et je secoue la tête. Hors de question de la laisser y aller seule, après tout, quel genre d'homme se cacherait derrière une femme? Je ne doute nullement de ses capacités, elle est garde et a parfaitement fait son travail, en réalité si tous les gardes étaient aussi consciencieux qu'elle, il est évident que j'aurais du soucis à me faire... Certes, elle a fini dans ma couche mais, peut-on lui reprocher de succomber à mon charme? Sans doute pas, pour le reste par contre elle est extrêmement professionnelle mais, malgré cela, il est hors de question de la laisser y aller seul!

Je ne relève pas sa petite plaisanterie, si l'une des personnes qui tentent d'entrer est une femme, la perte de ma serviette pourrait sans doute faire une diversion cependant, avouons que le corps de la demoiselle est à se damner! Je suis pratiquement sûr qu'elle pourrait faire douter une autre femme de sa sexualité! Je me retiens cependant de le dire, après tout vu nos échanges et notre situation, ne rajoutons pas d'huile sur le feu si nous ne voulons pas craquer une nouvelle fois! Nous descendons rapidement les marches, elle accompagnée de ses dagues qu'elle contrôle sans même les toucher, moi ayant en main mon trident de glace, pointu et qui ne laisse aucun doute quant au fait qu'il puisse être aussi mortel qu'un trident en acier! Arriver en bas il est évident que ce sont des voleurs d'un calibre relativement ridicule... Est-il possible de faire plus de bruit que ça en cherchant une entrée? Je suis prêt à parier qu'ils n'ont même pas de crochets puisqu'ils semblent appuyer sur les fenêtre dans l'espoir que l'une d'entres elles s'ouvre miraculeusement... C'est d'un déplorable! Je ne peux m'empêcher d'imaginer si je m'y était prit de la sorte pour entrer dans la demeure Arkhinam... Un voleur qui agit de cette manière ne demande qu'une unique chose : se faire arrêter!

Apparemment, les mystérieux professionnels de l'entrée en douce - sentez ma grande ironie - se dirigent vers la salle de réception... Nous nous dirigeons vers cette direction et Khalie ouvre le loquet de la porte, me signalant que l'on va les surprendre? Je me cache donc en me demandant ce que ma compagne a en tête... Pourquoi laisser entrer de tels minables? Nous allons les encourager en leur faisant croire qu'ils sont efficaces! Après, il est vrai que les prendre la main dans le sac pourrait leur faire passer l'envie de recommencer? Comprenons nous bien, je n'ai rien contre les criminels, cela serait ironique, cependant uniquement les bons criminels! Si quelqu'un me vole avec précision et savoir faire je ne pourrais qu'applaudir son travail mais ce genre d'imbéciles donne une bien mauvaise image aux honnêtes voleurs et autres travailleurs de la nuit! Enfin, ce qui est fait est fait après tout, d'ailleurs bientôt la porte s'ouvre... Non vraiment? Ils n'entrouvrent pas la porte pour jeter un regard à l'intérieur, ils ne vérifient pas que la voie est libre, ils ouvrent simplement en grand la porte en signalant en plus que je suis timbré car la porte est ouverte? Non véritablement il faut les abattre là? Il n'y a aucun espoir pour de tels imbéciles, les éliminer serait un acte de charité à ce niveau là... Je me retiens de me frapper fortement le front ce qui signalerait ma position mais devant un tel niveau d'incompétence, je suis mitigé entre le fait de devoir éclater de rire ou être admiratif qu'ils soient encore vivant à leur âge, je m'attends presque à ce que quelqu'un doive leur rappeler que pour vivre, il faut respirer!

Soudain, Khalie passe à l'action, visiblement elle a décidé de donner une leçon à ces idiots en profitant de l'obscurité. Une première lame fend l'air et je souris doucement, je suis sûr que ces idiots n'ont rien remarqué, pourtant la lame a magnifiquement refléter la lumière de la lune... Il pourrait donc être aisé de savoir d’où elle vient, cela ne signifie pas que la jeune fille soit en ce lieu cependant, voilà un pouvoir fort intéressant, je me demande à quel point elle peut contrôler les éléments autours d'elle d'ailleurs... Bientôt un bruit sourd bien loin de notre destination : les lames qui tombent sur le sol faisant penser qu'il y a quelque chose plus loin, et enfin cette nappe qui flotte dans les airs faisant penser à un fantôme... Cela me donne d'ailleurs une idée! Quand les deux hommes se retournent, ils ne font pas face à une nappe mais à une chose bien plus menaçante : usant de mon pouvoir, je gèle les particules d'eau dans l'air, créant au bout des "bras" du fantôme des griffes de glace, de plus cela refroidit légèrement la pièce, plus encore proche des deux hommes... Ils se retrouvent face à face avec un revenant dont les griffes, aussi glaciales que la mort, sont parfaitement visibles à cause de la lune. Les deux hommes hurlent devant ce spectacle et partent en courant, ne laissant que leur cris de peur raisonner dans le silence de la nuit alors que j'éclate de rire. Ils sont trop loin pour l'entendre, trop effrayés aussi mais je pense que l'on vient de leur donner une bonne leçon... Je passe à côté du spectre en tissu et je ferme la porte, refermant le loquet en riant. Je me tourne ensuite vers Khalie.

"Magnifique!"

Je parle de notre action, de la jeune fille aussi en fait mais bon... Je regarde autours de moi pour voir que nous sommes dans la salle de réception, la lumière faible de la lune passant par les fenêtres donne une drôle d'ambiance à cette pièce. J'y suis rarement le soir, sauf lorsque je donne des réceptions mais dans ce cas, la pièce est éclairée, bruyante, la musique et les conversations empêchant le calme de se faire... Ici, dans cette ambiance nocturne, la pièce serait presque romantique... J'approche de la demoiselle, attrapant sa main dans la mienne pour la tirer jusqu'à moi, nous sommes en serviette, dans une pièce silencieuse éclairée uniquement par le reflet de la lune et pourtant, je lui souris doucement... N'est-ce pas justement la meilleure des situations? Plus de robe, plus de tenues excentriques et horriblement coûteuses, juste deux personnes qui s'apprécient dans un cadre absolument parfait. Je plonge mon regard dans le sien en souriant doucement et demande simplement.

"Dis-moi Khalie... Après un tel coup d'éclat, oserais-tu encore me refuser une danse?"

Alors que je suis en train de manipuler le tissu pour apeurer nos champions du vol, Aslander semble ajouter de son grain de sel sur mon apparition, caché dans l’ombre. Je ne le vois pas puisque je ne possède pas le don d'être nyctalope, mais je vois qu’il ajoute au bout de la forme de bras de mon fantôme des griffes illuminées par la lumière de la lune. Il ne manquerait que l’un de nous fasse le bruit qui accompagne normalement une telle apparition. Bref, je sens la différence de température et en serviette, je dois dire qu’on la sent bien passer. Un léger frisson parcourt mon échine et je me concentre sur mon fantôme. Je le fais avancer vers eux et fais mine de frapper en leur direction avec le bras fantomatique. Les deux hommes ne perdent pas le nord et rebroussent chemin en poussant des hurlements de fillettes. Aslander se lève de sa cachette et se dépêche d’aller fermer la porte derrière eux. Quand il se retourne, il n’hésite pas à jubiler devant nos actions mises en commun.

« En effet, c’était un vrai travail d’équipe! »

Je pourrais m’approcher de ce dernier, lui présenter ma main pour qu’on se fasse un tape m’en cinq, mais ce dernier semble déjà occupé à observer la sombre pièce éclairée de la simple lueur de la lune. Pour ma part, je dirige la nappe vers son endroit d’origine et je me penche pour récupérer mes armes. Bon, je n’ai pas la pochette pour les serrer alors je les tiens par le manche dans une seule main. De toute façon, les dagues ne sont pas bien grosses. Je m’avance dans la salle dans le but de m’en aller de celle-ci, mais Aslander s’avance vers moi d’un pas décidé et m’attrape par la main pour me ramener jusqu’à lui. Je l’observe un moment alors que tout ce qui nous sépare est nos deux serviettes. Je ne sais pas ce qu’il a en tête, mais dans cette position, une seule chose me vient en tête et il s’agit là de danse. Comme de fait ce dernier me demande si j’oserais le lui refuser. Je recule d’un pas en soupirant et je me détache de ce dernier. Je peux déjà voir sa déception dans ses yeux, mais je m’approche d’une table simplement pou y déposer ce que j’avais en main. J’ajuste la serviette pour être sûre que cette dernière ne tombe puis je l’attrape par la main pour me glisser devant lui et déposer mon autre sur son épaule.

« Juste une fois, d’accord, mais n’en prend pas une habitude. Puis, n’en profite pas pour toucher! » Je rigole légèrement suite à ces paroles et me laisse guider par ce dernier alors que nous dansons tous les deux dans la nuit. Ça avait presque quelque chose de magique cette situation, mais je ferme plutôt les yeux profitant de cet instant. Je brise doucement le silence repensant à nos deux énergumènes. « On a eu droit aux plus mauvais voleurs que le royaume ait eus droit… C’est quand même triste. Du coup, au vu de la situation, je n’ai vraiment pas le choix de rester pour la nuit. Je dois m’assurer que personne ne revienne, tout ça, tout ça. Désolé de m’imposer à toi… » J’ai un petit sourire en coin et j’ouvre finalement les yeux pour l’observer.

La demoiselle maîtrise le "fantôme" que nous avons créé ensemble comme si de rien n'était, il faut avouer que c'est assez marrant en réalité, lorsque les voleurs prennent la fuite en hurlant, je m'empresse de fermer derrière eux en riant, des minables pareil c'est vraiment possible? C'est absolument incroyable il faut le dire, comment ont-ils pu croire qu'ils pourraient me voler en agissant de la sorte? Quoi qu'il en soit, j'observe les lieux alors que la jeune fille range la nappe à sa place sur la table avant de ramasser ses lames qu'elle a fait tomber un peu plus tôt, provoquant le bruit qui a fait comprendre aux indésirables qu'ils n'étaient pas seul dans cette demeure. Elle semble vouloir quitter la pièce mais, je suis ce genre d'homme qui peut parfois se montrer obstiné, pas dans tous les domaines certes mais, j'ai encore une petite amertume dans la gorge du fait qu'elle ait refusé mon invitation à danser. Certes, cela est ridicule, c'est une évidence! Bien-sûr, le but de la danse était d'avoir un rapprochement avec la belle demoiselle, cela n'est plus nécessaire puisque, physiquement parlant, il me serait impossible de me rapprocher plus que cela n'a déjà été fait cependant que puis-je dire? Je veux avoir cette danse, comme un enfant veut une sucrerie quand on la lui refuse! Du coup, alors qu'elle s'éloigne je l'attrape par la main et l'attire à moi, cette fois il y a au moins une serviette entre nous, rien de gênant dans notre tenue donc, après tout quelques minutes plus tôt nous prenions un bain ensemble cependant, ma manière de tenir la jeune fille ne laisse aucun doute quant à ce que je désire, d'ailleurs je le confirme assez vite par la parole.

Me refusera-t-elle encore ce plaisir innocent? Je l'ignore! Bien-sûr j’espère fortement que non, après tout je ne suis plus un agaçant noble snobinard comme je l'étais lorsque je lui ai demandé la première fois, j'ai bon espoir qu'elle accepte ma requête et pourtant, pour ma plus grande déception, la demoiselle s'écarte de moi! Alors encore une fois elle refuse d'être mon obligée? S'écartant simplement de moi sans même prendre le temps de me répondre par des mots pour exprimer son refus? Le goût que j'ai dans la bouche n'en devient que plus amer encore, j'avoue ne pas comprendre pour quelle raison elle tient tant à me refuser ce petit plaisir, je suis d'ailleurs sur le point de poser la question lorsqu'elle dépose ses armes et revient jusqu'à moi pour se mettre en position parfaite pour une danse! Mais bien-évidemment bougre d'idiot, il est vrai que danser avec des lames en main n'aurait rien de particulièrement intelligent... Que je n'en prenne pas l'habitude? Jamais je n'aurais imaginé le faire en réalité, il est évident que c'est une occasion unique, il faut dire que l'ambiance de cette salle de bal plongée dans la pénombre rend tout cela... Magique? Que je n'en profite pas pour toucher? Je sais qu'elle plaisante et je ris légèrement, je secoue doucement la tête en soupirant, faisant semblant d'être désespéré.

"Je ne sais pas ce que tu imagines, mais ce n'est pas ce genre de danse..."

Je souris et je commence à danser, c'est étrange d'un certain point de vue, danser avec la jeune fille sans musique, dans cette tenue... Certains trouveraient sans doute cela ridicule mais c'est tout le contraire en fait, c'est véritablement appréciable! Ce n'est pas quelque chose que l'on fait pour la forme ou pour l'image, nous ne sommes pas là pour nous afficher, nous faire bien voir ou faire connaître notre nom, nous n'allons tirer de cela ni accord commerciaux, promesse d'affaire ou mariage pour une quelconque alliance familiale. Nous ne sommes rien d'autre que deux jeunes gens, passant un moment de simplicité et de complicité parce que nous le voulons tout simplement! D'ailleurs, la demoiselle ne fait pas que se laisser guider, il est évident que malgré ses réticence, l'art de la danse n'a que peu de secret pour elle, elle m'accompagne avec une aisance et une grâce naturelle. Elle a fermé les yeux alors que c'est tout l'inverse pour moi, je la fixe avec sans doute une pointe de douceur dans le regard, observant son visage qui semble calme, apparemment je ne suis pas le seul à profiter de cet instant.

Soudain elle ouvre les yeux, parlant de nos deux invités partis précipitamment... Je souris doucement alors que je la fais tourner sur elle même, avant de repasser mon bras dans son dos, continuant nos pas de danse avec fluidité et maîtrise. S'imposer à moi? Certes je sais qu'elle plaisante, je me doute qu'elle ne pense pas un seul instant que cela me dérange, j'espère en tout cas qu'elle sait parfaitement que ce n'est pas le cas... Je plonge mon regard dans le sien en faisant mine de réfléchir. "C'est donc parce qu'ils ont essayés de me voler que tu restes? Si tu retrouves ces deux hommes dis-le moi dans ce cas, il faudra que je leur offre quelque chose en remerciement!" Je mets fin à notre danse, mais je ne lâche pas la demoiselle tout de suite, je tiens toujours sa main, j'ai envie de m'approcher, de lui voler un baiser mais à la place, j'approche sa main de mes lèvres et lui embrasse le dos de cette main, ce n'est pas le parfait baise-main cette fois, mes lèvres touchant réellement sa peau. "Merci pour cette danse Khalie, ce fut un réel plaisir. Malheureusement, je crains que nous ne devions mettre fin à ce moment : il conviendrait de nous vêtir pour la nuit."

Je sens son regard se poser sur moi alors que je m’écarte de ce dernier. Bien que je n’entende pas ses pensées, j’y vois de la déception et un goût d’amertume peut-être? Mais ce n’est pas ma faute si ce dernier m’a prise par surprise alors que je tenais en main mes cinq dagues. S’il désirait, se faire du mal par mégarde que bien lui fasse, mais moi je ne voulais pas avoir cela sur la conscience. Alors, je me dégage de son emprise en restant bien silencieuse. Ça lui apprendra! Puis je dépose mes biens sur une table non loin. Lorsque je reviens en sa direction, j’affiche un petit sourire mesquin tel un Bastet se moquant malicieusement et je me glisse devant lui prenant ainsi une posture classique pour une valse. Bien sûr cela me paraissait étrange. Il n’y avait que nous deux, sans musique, sans témoin et vêtue d’une tenue des plus étranges pour l’occasion. Je regarde ce dernier en plissant doucement les yeux et lui mentionne de ne pas en faire une habitude et surtout de ne pas en profiter pour toucher au vu de notre proximité. Bien sûr, je rigole pour le second point et ce n’est ni une invitation à le faire. Son rire m’ait plutôt agréable et je ne peux que le partager alors qu’il m’affirme que ce n’était pas ce genre de danse. Je suis assez curieuse de voir de quel genre de danse dont il me parlait. Après tout, je n’ai appris que la valse classique. Disons que j’étais bien plus friande de mes leçons de musique.

Je ferme les yeux profitant de ce moment, n’écoutant que le son de nos pieds nus frottant sur le sol. Je laisse ce dernier me guider dans la salle alors que nous tournoyons gaiement. Puis, même si le silence était bien agréable, je ne peux m’empêcher de repenser aux deux voleurs et de lui faire une remarque. Je moque bien sûr de lui un petit peu et j’ouvre finalement les yeux pour contempler sa réaction. « Leur offrir quelque chose en remerciement? Ne les encourage pas à revenir par pitié… Ils font honte à tous ses pauvres criminels. Bon, je n’encourage pas non plus la criminalité, mais un bon hors-la-loi qui nous donne du challenge, ça me satisfait de le mettre derrière les barreaux. Tandis qu’eux…ne méritent même pas qu’on leur porte notre attention. » Je dis cela, mais en même temps, dans tous les cas je préfèrerais ne pas avoir à gérer ce genre de situation. Après tout, le monde se porterait mieux s’il n’y avait pas de crimes. Enfin, nous ne servirions à rien à ce moment-là.

Enfin, Aslander met fin à notre danse doucement, mais ne me laisse pas quitter son étreinte. Je lève les yeux cherchant une réponse à son comportement. Cette situation était plutôt propice à un baiser, mais bien que j’en aie envie, je ne crois pas que cela aurait été une bonne idée. Cela pourrait amener à autre chose et c’est cette autre chose dont je ne voulais pas. D’ailleurs ce dernier porta doucement ma main jusqu’à ses lèvres embrassant ainsi le dos de cette dernière. Le contact me fit frissonner et je ne sais pas si c’était dû au fait que nous ne nous étions pas quittés des yeux, mais cela me fit sourire voir légèrement rougir. Je détourne la tête espérant qu’il ne remarque rien après ses dires. « Oui, en effet, nous devrions monter et nous vêtir convenablement. Je n’ai pas prévu passer le reste de la soirée une serviette au corps. »

Je m’éloigne doucement et me dirige à la table où j’y récupère mes armes, puis nous finissons par remontrer jusqu’à la chambre où ce dernier me donne l’une de ses chemises et je me dirige vers la salle de bain pour m’y vêtir. Après tout, c’est là que j’avais laissé le reste de mes vêtements. Je mis mon seul sous-vêtement puis enfilai la chemise. Cette dernière était plutôt grande et faisait office de robe de chambre. Cela allait suffire pour la nuit. Je retourne alors à la chambre où je grimpe sur le lit pour m’installer d’un côté et j’attends que ce dernier me rejoigne en détachant me chevelure que je laisse libre pour la nuit. J’essaie de me montrer calme, mais je ne peux m’empêcher d’être fébrile à l’idée de rester ici. Je me dis que c’est tout de même la première fois que je découche de mon chez-moi pour rester chez un ami. Enfin, les circonstances étaient différentes, mais cela faisait longtemps que je n’avais pas eu ce genre de moment de complicité avec quelqu’un. Ça me faisait tout bizarre. En plus avec notre différence d’âge, ça ne le dérange pas? Enfin, je ne connais pas son âge exact, mais nous avons certainement une dizaine d’années si ce n’est pas plus. Je porte mes doigts à ma bouche rongeant mes ongles nerveusement alors que mes pensées s’assombrissent légèrement dû à toutes ces questions que je me posais.

Alors qu'enfin nous dansons, chose attendue depuis le début de cette soirée pour ma part, la jeune femme me parle des voleurs pitoyables auxquels nous avons eu affaire... Ne pas les encourager en leur offrant quelque chose? Certes, ils sont minables et cela n'aiderait personne de leur donner une raison de continuer cependant, s'ils sont responsables du fait que la belle passe la nuit dans ma demeure, ils méritent bien un petit remerciement non? Elle continue en disant qu'elle n'encourage pas les criminels, venant d'une garde heureusement ais-je envie de dire par contre le reste de sa phrase me fait rire doucement... Alors cela lui plaît d'affronter un hors la loi efficace et de l’emprisonner? Si elle savait... Je suppose que je suis le genre de criminel qui pourrait lui plaire même si, honnêtement, je préfère que notre relation reste conviviale, je ne doute pas qu'elle serait une adversaire redoutable pour interrompre mes méfaits mais, de toute évidence, je préfère qu'elle ne se retrouve pas à enquêter sur l'un de mes crimes, elle me plaît cette jeune fille, je ne voudrais pas que notre relation soit ternie par mes activités parfois légèrement illégales... Je ne répond donc rien à cette phrase, me contentant de rire sincèrement, après tout c'est une remarque amusante, surtout à mes yeux... Elle et moi sommes deux opposés et pourtant, ne dit-on pas que les opposés s'attirent?

Il me semble que oui car, lorsque notre petite valse prend fin, je me retrouve à avoir une envie folle et ridicule de l'embrasser, ce ne serait cependant pas une bonne idée vu la situation, en plus elle s'apprête à partager ma couche, une nouvelle fois certes mais pas avec les mêmes intentions... Plutôt que de déposer mes lèvres sur les siennes, je me contente de sa main, un geste plus courtois et amicale qu'un contact qui, sur ses lèvres, aurait été plus intime. Inutile d'en faire trop et de tenter le mâlin! Elle sourit, rougissant même pour une raison qui m'échappe légèrement. Attendait-elle autre chose ou bien cette démonstration de galanterie lui plaît peut-être? Je ne peux le dire mais quoi qu'il en soit, je reprend la parole pour signaler que nous devrions sans aucun doute nous vêtir pour la nuit à venir. Non pas que dormir dans cette tenue ne puisse me déplaire mais, je me souviens de ce qu'elle a dit dans la salle de bain : mieux vaut que je lui donne des habits pour éviter que quoi que ce soit n'arrive. Inutile de prendre le moindre risque après tout, je ne suis pas sûr de vouloir qu'il se passe à nouveau quelque chose entre nous cependant, il est évident que je ne la repousserai par si elle prenait l'initiative... Après tout, l'homme est faible face à une créature telle que Khalie!

Nous remontons à l'étage, première étape la chambre pour que je donne une chemise à la demoiselle... Bon, je l'avoue, ce n'est pas le genre de chemise avec laquelle quelqu'un est supposé dormir. Cette chemise vaut sans doute aussi cher que la robe luxueuse que j'ai offert à la demoiselle mais que voulez-vous, je n'ai pas réellement d'habits de mauvaise qualité et je ne vais pas lui donner mes tenues d'aventuriers pour la simple et bonne raison que, et bien... Je ne porte pas de chemise lorsqu'il est question de partir en quête... Pendant ce temps, je laisse tomber la serviette et enfile un boxer propre qui, pour le coup, sera mon unique tenue pour la nuit... Habituellement je dors dans un plus simple appareil encore mais je vais faire un effort pour cette nuit. Peu de temps après, la charmante demoiselle revient. Je dois avouer que ma chemise lui va à merveille, soyons sincère, une demoiselle qui porte une chemise d'homme, cela a toujours une dimension érotique! La belle se glisse dans le lit, en position assisse et commence à se ronger les ongles? Une bien mauvaise manie que cela mais surtout, pourquoi? J'avoue ne pas trop comprendre ce changement d'attitude alors je me glisse dans le lit, allant de mon propre côté du matelas. Je passe un bras autours de ses épaules et l'attire à moi, l'enlaçant et déposant sa tête sur mon torse en caressant ses cheveux.

"Et bien et bien... Que peut-il bien se passer dans ce ravissant crâne? Quelles sont ces pensées qui semblent obscurcir ton esprit ma belle amie?"

Après m’être changé rapidement je retourne à la chambre où Aslander avait déjà mis sa tenue pour la nuit, soit un simple boxer ce qui me convenait amplement. Pas que j’avais mon mot à dire non plus sur ce qu’il décidait de porter, mais voilà. Je ne reste pas debout bien longtemps et tel un bastet en fuite, je me dirige en vitesse vers le lit de ce dernier. Je choisis mon côté, bien que j’ignore celui-ci dont il est habitué. Quoique cela n’a pas réellement d’importance. Après tout, il doit dormir au centre étant seul. Je m’assois alors dans le lit recouvrant mes jambes des draps puis j’ignore totalement pourquoi, mais je commence à me questionner sur notre amitié. Bref ce sont des détails futiles, mais plus les questions défilent dans mon esprit et plus cela me stress. Sans m’en rendre compte, je porte mes doigts à ma bouche rongeant mes ongles. Je ne vois même pas ce dernier me rejoindre puis je sursaute lorsque je sens son bras m’entourer pour m’attirer à lui. Ma joue, maintenant plaquée contre son pectoral, je sens la chaleur de ce dernier se transmettre à ma peau alors que sa main caresse doucement ma longue chevelure. Question simple et pourtant réponse si stupide. Comment lui dire que j’avais peur que ce dernier regrette d’avoir décidé de nos liés d’amitié et décide de me jeter et de ne plus m’éloigner. Notre différence d’âge m’inquiétait aussi, après tout nous n’avions sûrement pas le même genre d’intérêt. Parfois cela allait avec les générations.

Je pousse un soupir me blottissant d’avantage contre lui et je passe mon bras autour de lui. Je lève doucement la tête pour essayer de le regarder. Je pourrais essayer d’esquiver le sujet, déposer mes lèvres contre les siennes. Nous étions si proches, mais je ne fais rien. Je ne veux pas spécialement de ce genre d’amitié et je préfèrerais que tout soit mis au clair entre nous. Nombreux sont ceux qui ne croyaient pas en l’amitié entre homme et femme surtout quand les deux sont seuls. Moi j’y crois, puisque je me sens plus à l’aise avec ces derniers. Il faut juste savoir mettre les barrières aux bonnes places tout comme ici. Je pourrais répondre à mes instincts, car ce ne sont pas que les hommes qui en possèdent, mais je ne fais rien. Je profite simplement de la douceur de ses bras et de la tranquillité qui m’est offerte.  

« C’est bête et sans importance, mais j’ai simplement peur que tu regrettes de m’avoir comme amie. Enfin, c’est stupide, je ne doute pas de toi, mais ça me trotte à l’esprit tout de même. Nous ne sommes pas du même âge, nous avons sûrement des passe-temps fort différents, une maturité bien différente. Je suis plus jeune, impulsive, je peux dire ou faire quelque chose qui ne te plait pas et t’exaspérer. Je suis assez douée dans ce genre de truc, il paraîtrait. T’imagine qu’à peine arrivé je me suis engueuler avec mon officier supérieur, parce que je n’ai pas voulu lui remettre une pauvre fille affamée qui avait volé une bourse. Bon on lui a trouvé un boulot à la terverne de Gérolt, mais bon, c’était quand même de l’insubordination en public en plus… » Ouais, ça m’arrive de temps à autre d’avoir des petites bulles de ce genre et de regretter par la suite mes faits et gestes. « Donc j’ai peur de faire le même genre de connerie avec toi qui pourrait te pousser à t’éloigner de moi. » Bon dit comme ça je semblais dépendante de ce dernier ce qui n’était pas le cas. « Enfin, tu fais comme tu veux aussi. Je ne vais pas t’attacher. » Mais bordel Khalie, arrête de dire de la merde. Qu’est-ce qu’il va croire à la fin. Juste, tais-toi. Ferme tes yeux et dors!

« Pardon, j’arrête de dire des stupidités et changeons de sujet. Parle-moi plus de toi, si tu le veux bien. »

Je rejoins la demoiselle, m'installant à ses côtés. Bien-entendu, son comportement est pour le moins étrange, je sais pas trop ce qu'il se passe dans sa tête mais de toute évidence, elle est pensive, suffisamment pour ne même pas se rendre compte que je l'ai rejoins... Je l'attire tranquillement à moi ce qui la fait sursauter, déposant sa joue contre mon muscle pectoral alors que je lui demande à quoi elle pense. Apparemment, c'est son tour de s'interroger sur tout et n'importe quoi cette fois, je peux pas véritablement le lui reprocher, je me suis retrouvé dans un état similaire précédemment donc bon... Elle pousse un gros soupir, ce genre de soupir qui laisse comprendre que la discussion qui s'en vient de part pas sur de bonne base, ce n'est pas le genre de son que l'on émet quand on s'apprête à dire à quelqu'un que tout va bien et qu'on apprécie grandement qu'il soit là... Je doute qu'elle me dise de partir bien-entendu, après tout c'est ma chambre, puis, je ne pense pas que ma présence lui soit désagréable sinon, elle ne serait simplement plus là cela me paraît évident... Elle relève légèrement la tête pour me regarder et je ne lâche pas son regard du mien, après tout pour une fois que je demande sincèrement ce qu'une femme a en tête ce serait le comble de ne pas lui montrer de l'intérêt non? Et oui, c'est sans aucun doute une remarque de macho que d'affirmer qu'habituellement je me moque de ce que les femmes veulent mais, ce n'est pas faux alors pourquoi m'en cacherais-je? Il est évident depuis un bon moment pour moi que la jeune garde n'est pas n'importe quelle femme!

Ainsi, elle se décide à me répondre, pendant un moment j'ai cru qu'elle n'allait pas le faire, qu'elle userait de ruse ou d'un subterfuge quelconque pour éviter de me répondre, pour fuir la question et faire comme si de rien n'était mais non, elle assume ses pensées et me les explique sans aucune pudeur, disant juste ce qu'elle pense... Bête? Sans importance? Je ne crois pas que je les définirai comme tel, après tout... Ses doutes concernant notre potentielle amitié je ne juge pas que cela soit sans importance, j'ai même du mal à concevoir qu'elle les voit de la sorte elle-même, je suppose qu'elle utilise cette formulation pour dédramatiser ce qu'elle a en tête mais tout de même... Bref, elle me parle de la différence d'âge, de la maturité, l'impulsivité aussi et je me retiens de rire en réalité en entendant ses arguments. Quand elle me parle de son supérieur auprès duquel elle a fait preuve d'insubordination je me rappel de ce qui est arrivé à mon propre "supérieur" et je me dis que l'insubordination ce n'est pas si grave quand on met les choses en perspective... La suite de son discours est plutôt confuse... Rien de bien anormal en fait, d'après ce que je sais elle a peu d'amis du coup, je comprends que quand elle dit qu'elle ne veut pas que je parte ou qu'elle ne va pas m'attacher, elle ne parle pas de relation ou d'engagement sentimentalement amoureux, juste qu'elle a peur que sa jeunesse ne mette en cause notre amitié naissante... Je soupire doucement avant de la regarder avec un petit sourire en coin.

"Alors déjà... Merci de mettre l'emphase sur notre différence d'âge, je suis heureux de me sentir comme un vieux croulant proche du trépas!" Et je rigole après ces paroles, bien-entendu je ne fais que la taquiner. "Cela étant, malgré le fait que je sois visiblement un ancêtre à tes yeux, veux-tu réellement que l'on parle de maturité et d'impulsivité? Donc depuis que tu es dans cette demeure, sans même parlé de mon comportement précédemment, tu as fais le tour de la maison, émise des consignes de sécurité, agit pour établir un périmètre de sûreté et moi? J'ai voulu qu'on danse ensemble, quand tu as refusé je me suis rendu dans la pièce la moins sécuritaire de la maison pour jouer du piano, je t'ai embrassé et finalement, j'ai finis par t'avoir à l'usure et avoir ma danse et cela en serviette! Non vraiment heureusement que je suis plus âgé et plus mature que toi!" Je souris largement suite à ces paroles, je suis certes un homme de trente-sept années mais cela fait-il de moi quelqu'un de plus mature? Je suis un excentrique qui en fait toujours trop, je ne prends rien au sérieux pratiquement, je paris la plupart de mes gains aux jeux, je bois, je drague et d'une certaine manière je me ris du danger... Je crois sincèrement que je suis de loin le moins mature des deux personnes présentes dans ce lit. "Il faudra être plus précise dans tes questions jeune fille, que veux-tu savoir? À mon âge si tu n'es pas plus directe je risque de perdre le fil de ce que je racontes tu sais..."