Alors que je me blottis dans ses bras tel un petit bastet, je l’observe un instant, me demandant si je dois lui répondre au pas. En vrai, est-ce vraiment nécessaire que je gâche cet instant pour lui parler de mes craintes? Je pourrais user de ruse et passer à autre chose, mais en même temps, l’amitié est basée sur une base de communication et si j’esquive toujours, est-ce que cela faisait de moi une bonne amie? Certainement pas. Comment pourrions-nous régler nos problèmes si nous n’en parlions jamais? Bon, il ne s’agissait pas d’un problème venant de lui, mais seulement de questionnement qui me venait à l’esprit et qui me rendait nerveuse. Du coup, je soupire et je finis par déballer mon sac. Il m’écoute silencieusement tout en m’observant. Sa main toujours contre ma chevelure réussie tout de même à m’apaiser bien que mes paroles deviennent légèrement confuses vers la fin. Je ne veux pas qu’il croie que je sous-entends quoi que ce soit par certaines d’entre elles, mais ce dernier semble me comprendre.
D’ailleurs, il pousse un léger soupir tout en conservant un petit sourire en coin. Il me remercie de mettre l’emphase sur notre différence d’âge, me disant que je le fais sentir comme un vieux croulant. Je me redresse aussitôt, à moitié assise dans le lit alors que ma main me soutient et est déposée sur son torse. Sauf qu’il éclate de rire. « Non, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire » sauf qu’il ne m’écoute pas et en rajoute toujours en faisant référence à son âge me disant qu’il était mon ancêtre. Je pince les lèvres et me mords la langue. Il semble évidemment se moquer de moi, mais je ne vais pas l’interrompre. Il veut comparer notre maturité et impulsivité. Et alors qu’il me décrit les évènements de la soirée vue de mon côté puis de son côté, je note qu’il n’a pas tout à fait tort. J’ai fait montre de bien plus de maturité que ce dernier alors qu’il a démontré des comportements bien plus enfantins que moi. Le coup du piano me fait sourire. Et dire qu’il était parti en jouer et qu’il me chantait une chanson qui me signalait qu’il voulait juste danser avec moi… Enfin, y’a bien une fois où je me suis montrée plus impulsive que lui, mais il m’avait cherché aussi!
Mon visage morose avait repris un peu de couleur et un sourire s’était dessiné sur mes lèvres. C’est vrai que dans le fond je me faisais du souci pour absolument rien et puis même pour lui ça ne semblait pas un problème. D’ailleurs lorsque je lui mentionne qu’il faudrait arrêter de parler de moi et que je voulais en savoir plus sur lui, il me dit d’être plus spécifique, car à son âge il pourrait perdre le fil… Je lui donne une claque sur le torse en fronçant les sourcils!
« Arrête de dire cela! Je ne voulais pas l’amener de cette façon! Je m’en fiche qu’on soit 30 ans de différence ou bien même 10 ans, mais juste que parfois, certaine personne on du mal avec plus jeune. Mais bon, je ne peux pas nier qu’en y réfléchissant bien, de nous deux le plus grand enfant c’est toi! » Enfin, je dis 30 ans, mais c’était vraiment le cas, je ne serais pas dans le même lui que ce dernier et nous n’aurions rien fait. Faut quand même pas déconner tout de même, mais ne lui dites pas que j’ai dit cela.
« Enfin, mis à part ton côté aventurier ou de nouveau noble, parle-moi plus de Aslander O’Sullivan…tes passes temps, ce que tu aimes faire, des goûts en particulier. Qui tu es toi et non les titres qui te précèdent… »
Bien sûr je rebondis immédiatement sur ce qu'elle a dit en plaisantant sur mon âge, après tout elle se questionne beaucoup trop et pour des choses sans aucune importance en réalité... L'âge n'est qu'un nombre, pourquoi cela devrait-il être une barrière pour quoi que ce soit? Je sais être enfantin ou mature dépendant de la situation et il n'y a aucun doute sur le fait que la jeune fille est également dans ce cas alors, pourquoi devrions-nous craindre la suite uniquement à cause de cela, comme si le nombre d'année nous séparant était autant d'entraves à notre relation quelle qu'elle soit... C'est ridicule! Et je le fais bien savoir d'ailleurs en relevant les événements de la soirée ayant conduit jusqu'à cet instant précis, avait-elle besoin d'autres preuves que notre âge n'avait pas la moindre importance en réalité? Si oui, et bien j'ignore ce que je peux faire de plus mais bon, visiblement ce n'est pas le cas puisque la demoiselle sourit, son visage inquiet reprend quelques couleurs et apparemment, mes mots sont parvenus à lui faire réaliser que rien ne pouvait se mettre entre nous. Du moins, pas notre âge, je suis certain que sa profession et mon occupation officieuse pourraient mettre notre amitié à rude épreuve mais cela, c'est à moi de faire en sorte qu'elle ne l'apprenne pas! Ce qu'elle ne sait pas ne peut pas lui faire de mal n'est-ce pas?
Bref, elle me pose une question et je la provoque encore, lui disant d'être plus précise car à mon âge on devient vite sénile malheureusement et elle me frappe, me donnant une claque sur le torse en fronçant les sourcils visiblement mécontente de mes petites plaisanteries. Je ris de bon coeur, me retenant de lui signaler que je pourrais porter plainte pour violence sur une personne âgée mais, je suis certain qu'il vaut mieux éviter vu la situation... Après tout, les plaisanteries les plus courtes sont parfois les meilleures! Elle m'explique le sens de ses paroles, bien-entendu je le savais déjà, je ne suis pas stupide à ce point mais avouons que c'est drôle de la provoquer ainsi non? Elle conclu cependant en affirmant que c'est moi le plus enfant des deux et je souris en hochant la tête, confirmant ses paroles sans la moindre gêne ou hésitation. En ce moment, je joue les gamins je ne peux le nier, bien-entendu c'est loin d'être toujours le cas, en fait j'ai même tendance à être beaucoup trop sérieux, pourquoi agirais-je en enfant alors que je suis seul la plupart du temps, que ma vie est une succession d'aventures et de crimes et que dès lors, tout ce que je fais est rondement planifié afin d'éviter la moindre erreur qui pourrait soit m'être fatale, soit mettre la garde de la ville sur ma piste et donc... Et bien, m'être fatale! Je suis sans doute bien trop sérieux et en ce sens, la jeune fille me permet d'être un peu plus d'une humeur joueuse...
Elle me pose finalement sa question... Une question bien difficile en réalité... Qui suis-je? Personne n'a la réponse à cette question, y répondre pourrait même s'avérer dangereux! Mes goûts? Ce que j'aime faire? Je suis tenté de répondre une énormité, une connerie sans nom qui aurait pour but de mettre fin à la conversation, la seconde solution serait de détourner cette conversation, je pourrais lui définir mes goûts comme des compliments indirects que je lui adresserais afin de mener cette situation à autre chose de bien différent... Mais cela ne serait sans doute pas une bonne idée, elle est mon amie non? Je ne peux pas simplement la traiter de la sorte en refusant de lui dire quoi que ce soit sur moi non? Je la regarde en souriant doucement et je décide de lui donner quelques informations, des choses vraies mais qui ne m'engage à rien.
"Je ne me suis jamais réellement posé la question en fait... Mes "titres" sont pas mal ce qui me définis, soit je suis en aventure soit je joue les nobles bien trop excentriques pour leur propre bien..." Je ris doucement en affirmant cela, après tout elle a eut un aperçu de ce que cela peut donner plus tôt dans la journée. "J'aime la musique, une mélodie est une porte ouverte vers l'âme et les sentiments humains... J'aime la saison froide également, cela a peut-être un rapport avec mon pouvoir mais la chaleur m'insupporte. Même si celle de ton corps contre le mien est agréable en réalité..." Un petit clin d'oeil et soudain je regarde vers l'horizon, comme perdu dans un souvenir lointain... "J'aime la mer! La sensation de dompter l'océan, le plaisir de glisser sur les vagues alors que le vent caresse ton visage... Parcourir les flots c'est la liberté... As-tu déjà connu cela? Ce sentiment de pouvoir faire ce que tu désire, que le monde entier est ton terrain de jeu sans frontière ni barrière pour t'arrêter..." Oui je parle de mon passé mais cela n'a aucune incidence, je lui ai dis avoir travaillé sur un navire marchand et avoir apprit de mon employeur le sens des affaire ce qui a conduit à ma richesse et mon statut de nouveau riche! Aucune chance qu'elle imagine que je sois un ancien pirate.
Je viens de lui donner une bonne claque sur le torse, car ce dernier n’arrêtait pas de dire des bêtises, mais bon je dois dire que son petit côté plaisantin me plaît bien. Ça fait différent de l’image qu’il m’avait montrée de lui au tout début. Enfin, il le faut bien avec moi qui aie tendance à oublier mon sourire à la maison. Bon je ne peux pas dire que je ne me suis pas amusée avec ce dernier lors des dernières heures. Bref, je définis un peu plus mes questions lui demandant des choses un peu plus précises pour la suite. Je sais que parler de soi peut être compliqué et on arrive à connaître la personne que l’on côtoie à force de passer du temps avec cette dernière. Mais il y a toujours moyen de parler de nous malgré tout parler de certain goût ou de passe-temps. Je ne veux pas qu’il me parle de ses titres en soi. Je sais ce qu’est un noble et un aventurier, mais je veux en apprendre plus sur lui.
Comme je le pensais, cela lui semble difficile de se définir autrement que par ses titres, mais il trouve tout de même le moyen de parler de ce qu’il aime ou pas. Je me doutais bien pour la musique puisque ce dernier jouait du piano. Puis, le moment que nous avions passé ensemble sur ce banc fut très certainement l’élément qui nous avait rapprochés. Il aime bien la saison froide, ce qui peut être compréhensible. Qui aime suer sous une chaleur intensive, bien qu’on s’y habitue à force d’y vivre. Il en arrive même à me faire une petite remarque sur la chaleur de mon corps contre le sien qui ne la dérangeait pas. Les yeux levés vers le plafond je secoue légèrement la tête faisant bouger ma longue chevelure noire et bleutée sur mes épaules. Il n’en manquait jamais une n’est-ce pas? Je ne dis rien à cela, bien qu’un petit sourire s’est dessiné sur mes lèvres. Je ne sais pas dire s’il l’a remarqué, mais son regard semble se perdre comme s’il était en train de revivre quelque chose de son passé peut-être? La description qu’il faisait de la mer et de ses voyages sur cette dernière, du vent et de ses caresses; on aurait dit qu’il parlait d’un amour perdu comme s’il la regrettait. D’ailleurs, sa question me laissa perplexe. C’est à mon tour de fixer quelque chose et ce fut le vide pour moi. Avais-je déjà eu un sentiment de liberté comme il l’avait éprouvé? Ma conduite est menée par une loi impartiale que je ne peux déroger dans aucun cas. Bien que j’ai renié ma famille, les serres de cette dernière se trouvent toujours autour de moi m’enserrant dans sa poigne. J’ai peur de les croiser de faire face à une femme que je méprise. Je ne suis pas libre d’aller où je veux, je n’ose pas donner mon nom par peur qu’on me reconnaisse.
Je ferme alors doucement les yeux. Mes pensées devaient être rangées, remises dans l’ordre. C’était un vrai bazar et de nombreux objets et sujets n’y avaient pas sa place. Je pousse un soupir alors que je cherche un moment où je m’étais approchée de cette description et je n’y arrive pas. Je m’assis alors dans le lit et je replis mes jambes contre ma poitrine et appuie une main puis ma joue contre mes genoux, le visage toujours en sa direction.
« Je n’ai pas souvenir d’un tel moment. Je ne sais même pas dire si je m’y suis approchée un seul moment. Ma mère a toujours été très stricte et c’est elle qui prenait les décisions. J’y ai perdu un ami et même mon entrée à la garde relève de sa décision. Et même maintenant, alors que j’ai décidé de les renier, j’ai la désagréable sensation d’être un pantin qui attend que la main qui le contrôle revienne. Je suis souvent forcée d’agir contre ma volonté, puis je dois dire que mon métier de garde ne m’aide pas à avoir accès à cette liberté. » Ma main libre qui se trouvait entre nous glisse doucement sur son bras. Je ne sais pas pourquoi je fais cela, mais j’ai la sensation désagréable d’avoir un coup de blues. « Enfin, le seul moment où je me sens libre, c’est lorsque j’arrive à ne plus penser à ce genre de détails… et y’a très peu de moyens pour y parvenir. » Je relève la tête tout en la secouant. Bon ça suffit, on arrête de se sentir déprimer!
« Qu’est-ce qui t’empêche de reprendre la mer ou de voyager? »
Je dois avouer qu'à aucun moment je n'ai imaginé cela, me retrouver à parler de moi sur l'oreiller? Ce n'est pas réellement le genre de chose dont j'ai l'habitude, déjà parler de moi en soit c'est assez rare, lorsque l'on passe sa vie à mentir sur qui l'on est, il est difficile d'imaginer que soudainement on va devenir un homme bavard qui va toute raconter de sa petite vie n'est-ce pas? Pourtant, je réponds à ses questions alors qu'elle me demande de lui parler de ma personne... Rien de bien incroyable ou transcendent dans un premier temps, je ne fais que lui dire des informations générales concernant mes goûts notamment, oui j'aime la musique mais cela, ce n'était pas très difficile de le savoir, après tout mon petit passage par le piano a certainement dû lui faire comprendre cela, c'est un moment que nous avons partager ensemble alors, elle devait s'en douter non? La saison que je préfère aussi, même si je ne manque pas l'occasion de faire une petite remarque concernant notre proximité et le fait que je puisse sentir sa peau sur la mienne... Encore une fois, rien de réellement extravagant dans mes révélations, mon attirance pour la demoiselle n'est plus un secret et puis, je me dois bien de rester fidèle à ma réputation de séducteur, surtout vu la tournure de cette soirée... Ce n'est qu'une petite plaisanterie qui part d'un minimum de sincérité, il est évident que notre situation n'a rien pour me déplaire, certes cela me donne matière à réfléchir, elle est une garde et je suis un pirate cette situation n'a rien de simple cependant, je ne peux cacher que présentement, elle est sans aucun doute la personne avec laquelle j'ai le plus d'affinité et oui, la chaleur de son corps est une chaleur plus qu'appréciable. Contrairement à la température de la saison chaude, je n'ai rien contre l'idée de suer à cause d'elle si vous voyez ce que je veux dire cependant, nous n'en sommes pas, ou plus, là pour l'instant.
J'apprécie de voir son petit sourire cependant, au moins mes paroles n'ont pas pour seule réaction de lui faire lever les yeux au ciel mais soudain, mon regard se porte vers l'horizon et je lui parle d'une chose bien plus intime pour moi : la mer! C'est incroyable je le sais mais l'océan est sans aucun doute mon seul rêve, le seul objet de mes désires et il m'est maintenant difficile d'imaginer y naviguer autrement que lorsqu'une quête m'y conduit, même si je pourrais sans doute, remonter un équipage serait forcément plus compliqué de plus, que pourrais-je faire? Redevenir pirate? J'ai changé de vie une fois cela ne m'intéresse pas de rejouer ce petit jeu personnellement, je pourrais reprendre la mer mais, je pense que l'océan est comme une maîtresse jalouse et imprévisible, le jour où je l'ai abandonné pour ma survie, j'ai perdu toute chance de la retrouver. Les flots sont dangereux pour un petit navire et plus encore pour un homme seul! Je le laisse être ce qu'il est : un lointain souvenir qui me manque certes mais qui n'est rien de plus que cela... Un souvenir! Certes, ma vie passée était la véritable liberté : pas de loi, pas d'obligation si ce n'est d'être le plus fort, pas de limite! Je pouvais aller là où mon navire pouvait m'emmener, il n'y avait pas réellement de frontières autre que celles que je m'imposais cependant, je suppose qu'il est possible de trouver une telle liberté d'esprit partout, si l'on sait comment s'y prendre! Je demande d'ailleurs à la jeune fille si elle-même a déjà connu cela et son regard se fait... Distant ou triste je ne saurai dire!
Elle ferme les yeux, visiblement cherchant à trouver réponse à ma question et je lui laisse le temps, inutile de la presser après tout, nous apprenons encore seulement à nous connaître... Alors ainsi elle n'a jamais vécu un tel moment? Toute sa vie est régie par une mère qui ne lui laisse aucun véritable droit de parole? J'ai comme une certaine peine pour elle en réalité, imaginer une vie derrière une cage invisible n'a rien d'enviable en fait... Elle passe sa main sur mon bras, me signalant qu'elle ne se sent libre que quand elle arrive à ne pas penser à ce genre de détails? Je pourrais sans doute l'y aider? Vu ma tenue et la sienne, cela serait si simple! Il suffirait d'un mouvement pour la coucher sur le dos, de déboutonner cette chemise qui couvre son corps et de nous lier, aussi longtemps que faire se peut, pour qu'elle ne pense à rien d'autre qu'à mon nom mais... Ce n'est pas ce que je veux! je ne dis pas que l'idée soit déplaisante loin de là mais, ce n'est sans doute pas ce dont elle a besoin maintenant! Je souris doucement alors qu'elle me demande ce qui m'empêche de prendre la mer à nouveau...
"Je penses que tu lui donnes trop de pouvoirs! Je sais que c'est simple à dire pour un étranger à ta situation mais, la liberté a différentes formes, tu as rejoins l'académie sur sa décision? Soit, tu es majeure et garde maintenant! Tu peux choisir ce que tu vas faire à partir de maintenant!" Je souris doucement avant de profiter de notre position pour, d'un mouvement rapide, la faire passer au-dessus de moi, de sorte à me retrouver sous elle, ses jambes de part et d'autre de mon bassin. Je la regarde droit dans les yeux alors que je viens caresser sa joue d'une main. "Pourquoi ne pas reprendre la mer? Parce que j'ai des obligations, des affaires que je dois régler avant... Cependant, je comptes bien retourner affronter les flots un jour, ne fut-ce que pour une petite balade et..." Je passe mon pouce sur ses lèvres sans la quitter des yeux. "Je ne serai pas contre la compagnie d'une amie... Cela te plairait-il de goûter cette liberté avec moi?"
Alors que je glisse ma main sur son bras tout en mentionnant qu’il n’y avait que très peu de moyens pour me faire sentir libre et me faire oublier ce genre de pensées, ce dernier ne fait rien et c’est tant mieux! Pour tout dire, je ne voulais pas laisser place au sous-entendu et puisque nous parlons sérieusement, enfin, je ne crois pas qu’il s’agit du bon moment pour laisser place à nos bas instincts. Je détourne aussitôt le sujet, lui demandant ce qu’il le retenait de reprendre la mer. Ainsi j’évite ici toute catastrophe.
Ce dernier pense que je laisse trop de pouvoir à ma mère? Que je peux faire ce que je désire? En effet, c’est peut-être le cas, mais il ne la connait pas comme je la connais. Même au bout du monde, cette dernière trouverait le moyen de venir faire pression sur moi. Endossé le nom Drak’gnir vient aussi avec des responsabilités. Elle souhaite que j’hérite de leur bien, de leur travail. Elle voudrait que je quitte mes devoirs de gardes pour revenir à la maison, car elle ne m’avait envoyée là que pour corriger mon comportement et aussi apprendre à maîtriser mes émotions ainsi que mon pouvoir pour éviter d’autres accidents comme avec le lustre de la demeure familial. J’en garde encore des cicatrices… Enfin, ce dernier profite de notre position et m’attrape comme si je ne pesais rien et me glisse au-dessus de lui. Me voilà maintenant allongée sur son torse alors que mes jambes se trouvent de chaque côté de son bassin. Il m’observe, caresse ma joue ce qui semble chasser légèrement mes sombres pensées et je ne peux m’empêcher de lui sourire. Il poursuit alors sur ma question et en effet, il ne peut pas quitter ses obligations comme ça sans rien préparer. Pour la suite j’hésite, je ne sais pas quoi pensée et pourquoi son pouce à caresser mes lèvres. C’était plutôt étrange non. Enfin, j’ai terriblement envie de ne pas lui répondre et de capturer ses lèvres, mais je ferme seulement les yeux. Réfléchissant seulement à sa demande. Après tout, cette liberté qu’il voulait me faire goûter était la sienne. Ce qui était plutôt important pour lui et un moment qui lui appartenait et il voulait partager ce moment avec moi. Sauf que tout comme lui, j’ai des responsabilités et je ne veux pas lui promettre quelque chose que je ne pourrais pas tenir, mais si j’en avais la possibilité, je voudrais bien voyager avec ce dernier. Ça pourrait être amusant, non?
J’ouvre donc les yeux, calmement, et attrape sa main pour venir m’y appuyer la joue sur le dessus de cette dernière. Je ne dois pas faire de bêtise. « Cela me ferait très plaisir de voyager en ta compagnie, mais je ne peux rien te promettre. Je crois qu’il s’agit de quelque chose qui se prépare à l’avance. Tu as des obligations tout comme moi et je ne peux pas partir sans demander la permission à mon capitaine. Puis, je ne pense pas que ce soit pour tout de suite, car si tu as des choses à régler, c’est que cela va prendre un certain temps, non? » J’abandonne finalement sa main et déposa ma tête contre son épaule. « Puis, même si j’écoutais tes conseils et faisais ce que je voudrais, elle sera toujours là à épier mes moindres gestes. Jusqu’à présent j’étais correcte. Elle ne savait pas que j’étais de retour, mais avec l’histoire d’aujourd’hui, impossible qu’elle n’aille pas mot de mon retour. Elle va guetter le meilleur moment pour m’attaquer… J’appréhende ce moment. Je ne sais pas où ni comment, mais je le redoute. » J’en tremble presque lorsque j’en parle. J’ai l’impression de me sentir traquer comme une proie. Cette désagréable sensation d’être épié, ses frissons… Brrr, une horreur!
« Je n’ai jamais vogué sur les mers, mais je peux te dire que ma mère est comme la mer lors d’une soudaine tempête. On ne sait jamais quand elle va frapper et peut causer beaucoup de dégâts… D’ailleurs, ça ne te fait pas peur? Les tempêtes et tout ça? Le fait de risquer de disparaître en mer. Tu n’as jamais eu peur de subir le même sort que ton père? »
Pourquoi fais-je ça exactement, pas que ce soit spécialement gênant même si notre tenue ne se prête pas vraiment à cette action mais... Sérieusement pourquoi ais-je attirer ainsi la demoiselle au-dessus de moi? Cette proximité n'a rien de réellement dérangeante, bien au contraire, mais malgré tout je ne pense pas que ce soit une position normale pour deux amis sauf s'ils sont plus que juste amis, chose qui n'est sans doute pas notre cas... Enfin, certes nous avons fais des choses relevant de plus que de l'amitié plus tôt mais... Non en fait je ne vois pas comment finir cette phrase pour être sincère, ma relation avec la demoiselle n'est pas vraiment bien définie... En premier lieu parce que parler d'amitié pour moi, c'est un concept qui est loin d'être concret... C'est une chose de laquelle j'ignore pratiquement tout, n'ayant connu dans ma vie que des relations basées sur le pouvoir, le fort face au faible, le chef face au suiveur... Parler d'amitié, de relation sincère, d'égal à égal... C'est quelque chose qui n'a, pour moi, rien de naturel ou de parfaitement défini! Je suppose dès lors qu'il est normal que ce soit aussi le cas de ma relation avec Khalie et donc, que mon attitude puisse prêter à confusion! Qu'est-ce que j'espère en la mettant dans une telle position? Est-ce que je désire vraiment lui parler, discuter avec elle d'elle comme de moi ou bien est-ce que j'espère que notre conversation va simplement évoluer vers une autre situation dont j'ai plus l'habitude et avec laquelle je me sens plus à l'aise? Je veux croire que non, que je suis capable de me comporter en homme civilisé et de tenir une conversation simple avec la jeune fille mais, il faut avouer qu'habituellement, je ne parles pas autant avec une femme une fois qu'elle est dans mon lit!
Enfin, quoi qu'il en soit, elle prend ma main et dépose la dépose d'elle-même sur sa joue ce qui me fait sourire doucement, elle ne doit pas le voir vu qu'elle ferme les yeux mais qu'importe? En un sens, je suis tout de même heureux qu'elle n'ai rien fait d'autre. Je sais que, même si cela ne me semble pas forcément naturel, je ne vais rien faire si elle ne fait pas le premier pas alors, temps qu'elle est capable de se retenir, chose qui est sans doute moins difficile pour elle que pour moi, il ne se passera rien de plus entre nous. En effet, si nous voulions voyager ensembles, cela demanderait une certaine préparation... Bon, je ne lui propose pas non plus de faire le tour du royaume par la mer, pas que cela me déplairait mais j'imaginais plus une petite balade sur les flots en un premier temps, juste histoire de lui faire vivre le plaisir et la sensation de liberté qu'offre la mer... Enfin, à condition qu'elle ne soit pas malade sur un navire! Cela serait dommage... Je comprends bien-évidemment sa réponse mais, cela ne pose aucun problème, en réalité le simple fait de savoir que cela lui plairait suffit à m'emplir de joie. C'est ridicule je le sais mais, je n'ai jamais partagé ce genre de chose avec une personne d'importance pour moi, je n'ai jamais véritablement eut de personne d'importance dans ma vie en réalité... Ma mère peut-être mais, j'étais loin d'être le fils parfait dont elle aurait pu être fière alors, j'ai coupé les ponts avec dès que j'ai pu, ne lui envoyant que de l'argent régulièrement pour qu'elle puisse avoir une belle vie en m'assurant que mon équipage n'en ai jamais conscience afin qu'elle ne soit jamais en danger...
Elle dépose sa tête sur mon épaule et je lui caresse les cheveux, elle me parle de sa mère encore une fois et je ne peux m'empêcher de soupirer doucement... Décidément, j'ignore quelle genre de femme est sa mère mais je ne l'apprécie définitivement pas vu l'emprise qu'elle a sur la jeune fille... Je la serre un peu plus dans mes bras, une main caressant toujours ses cheveux, l'autre caressant son dos par dessus la chemise, j'ignore si je peux l'apaiser mais je peux tout de même essayer.
"L'océan peut en effet être brutal ou dangereux mais... On peut le dompter lorsqu'on en a l'habitude... Mon père a disparu en mer il est vrai, je pense que j'ai toujours voulu croire qu'il était mort mais en réalité, il est aussi parfaitement possible qu'il nous ait juste abandonner ma mère et moi... Pour ce que j'en sais, cela est possible! Et puis, je ne suis pas mon père tout comme tu n'es pas ta mère! Je sais que cela doit avoir l'air simple à dire mais, nous sommes adultes! Peu importe ce que ta mère attend de toi, peu importe l'emprise qu'elle pense avoir... Elle ne peut avoir sur toi que l'influence que tu acceptes de lui donner!" Je dépose doucement mes lèvres sur le sommet de son crâne avant de sourire doucement. "Nos peurs ne sont pas juste des obstacles, elles ont sur nous un pouvoir absolue justement parce qu'on leur en donne le droit... Temps que tu craindras ta mère, tu ne pourras pas te libérer de son emprise tu sais..."
Toujours au-dessus de ce dernier, nous parlons calmement de sujet qui nous touche assez, lui la mer et moi ma mère. Bien que cela se prononce de la même façon, cela ne nous apporte en rien les mêmes sentiments. Alors qu’il parle de la mer comme une belle amante qui lui manque plus que tout, moi je parle de la mienne comme un être abject et dégoûtant. Au contraire de lui, je ne souhaite absolument pas la revoir et je sais que je lui accorde trop de pouvoir, mais il s’agit de mon sang, de ma mère. Celle qui m’a mise au monde et qui m’a tout de même élevée en partie. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, je ne suis pas née la cuillère dans la bouche, enfin, oui nous étions déjà riches, mais ce que je veux dire c’est que bien que nous ayons eu des domestiques à la maison, je devais participer aux tâches ménagères. Ils ont été présents longtemps et je ne me souviens pas avoir été élevée par une nourrice. Juste qu’un jour, ma mère s’est distancé de nous, sortant tard le soir nous laissant seul à la maison. Quand elle revenait, elle était toujours en colère contre nous et nous devions l’écouter sinon ce n’était pas joli à voir. Puis il y a eu cette histoire avec Ramah qui avait mal tourné ce qui avait mené au congédiement de la mère de mon ami et de mon renvoi de la demeure pour aller à l’école militaire.
Enfin, je finis par coucher ma tête sur son épaule lovant mon nez dans le creux de son coup et je l’écoute calmement me parler. C’est vrai que tant que je lui donnerai de l’importance, elle aura un contrôle sur moi, mais voilà. Je ne pourrai pas changer en l’espace d’une nuit. C’est un travail qui se fait sur plusieurs jours, voir des semaines. Je dois l’affronter au moins une dernière fois, la rencontrer, peut-être qu’elle a changé depuis plus de 12 ans? À quoi ressemble ma sœur maintenant et comment se porte mon père? Un petit sourire triste s’affiche sur mon visage alors que j’observe calmement sa barbe de quelques jours. J’avance une main vers cette dernière et j’y glisse doucement les doigts, alors que ce dernier dépose un léger baiser sur le dessus de ma tête. Je pousse un léger soupir et je ferme les yeux.
« Je sais, Aslander, mais justement, c’est plus facile à dire qu’à réaliser. Je dois au moins prendre mon courage et les revoir, savoir ce qu’ils deviennent, s’ils vont bien. C’est ma famille après tout et je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui si on ne m’avait pas envoyée à l’académie… » Je frotte mon nez sur sa peau, puis je me laisse glisser à ses côtés restant coller contre lui toujours la tête contre son épaule. Cette position sera très certainement plus confortable pour dormir. Cela ne parait pas, mais avec la journée que nous avons eue je me sens assez fatiguée. Ma main caressa doucement son torse en faisant un cercle continu sans jamais accélérer gardant toujours le même rythme. Un bâillement m’échappe alors que je ferme les yeux pour l’accompagner. « Hmmm, arrêtons de parler de ma mère… je vais en faire des cauchemars. » Mes lèvres s’étirent dans un sourire moqueur, puis reprennent leur position initiale alors que ma joue écrasée sur son épaule me donne l’impression que celle-ci est plus joufflue que l’autre. « J’m’excuse d’avance si je bave…ce n’est pas intentionnel. » Que je dis à moitié dans les vapes. Et après plus aucune sortie ne sortit de ma bouche…
Du coup, je lui touche légèrement la joue de mon index à quelques reprises. Je pourrais l’embrasser, ce qui aurait été plus agréable pour lui, mais je ne veux pas que la nature de notre relation change vers quelque chose de ce genre. Nous sommes amis tout simplement apprenons réellement à nous connaître avant de décider quoi que ce soit.
Enfin, la belle au bois dormant émerge de son sommeil surpris de me trouver toujours à ses côtés. Après tout, il ne doit pas avoir l’habitude de se réveiller au côté de quelqu’un puis on se lève rapidement. Nous prenons le temps de nous revêtir, on mange un bout et on s’assure tous les deux que je n’ai rien oublié. Dans le pire des cas, je sais où il vit et je pourrai toujours lui rendre visite, n’est-ce pas? Enfin, c’est un aventurier, il pourrait disparaître plusieurs jours après tout.
Je quitte finalement la demeure de ce dernier le saluant une dernière fois puis je me dirige aussitôt armée de mon sac, qui était tout de même assez lourd, remplie de robe et d’objet dont je ne saurais pas quoi en faire. Enfin, cette journée aura vraiment été quelque chose.