Sept heures du matin, mes yeux s’ouvrent d’eux-mêmes. Je regarde le plafond de la chambre qui n’est pas la mienne et tourne ma tête sur le côté pour retrouver une demoiselle allongée à mes côtés. Je me tourne doucement dans sa direction et bien malgré moi, je glisse doucement ma senestre contre ses cheveux. Elle a tellement grandi depuis mon départ et je me sens coupable d’avoir manqué toutes ses années en sa compagnie. Peut-être que si j’avais été  une grande sœur exemplaire je ne la soupçonnerais pas de tramer dans quelque chose de louche. Après tout, pourquoi cet homme avait parlé d’elle de cette façon? Comment la connaissait-il? En avait-il aussi après les nobles? Après tout, ma sœur s’affichait souvent aux côtés de mes parents. Je pousse un soupir. Il est temps pour moi de partir alors je me glisse doucement à l’extérieur des draps et retire le pyjama emprunter pour remettre mes vêtements d’une seule main. Ce qui devait me prendre deux minutes me prit un total de 10 minutes. Je sautillais, restais prise en plus je devais me coiffer. Mon bras droit peut bouger, mais si je force trop avec celui-ci, il me fait un mal de chien. On a soupçonné une fêlure qui pourrait guérir d’elle-même, mais que si je ne fais pas attention, l’os pourrait se briser.

Je comptais partir sans faire de bruit ni lui dire au revoir, mais une fois en bas, je suis arrêtée par mon père qui me regarde de la tête au pied. Il a son air sérieux habituel et les bras croisés sur son torse. La seule chose qui lui manquait c’était sa pipe en bouche.

« Tu ne comptes pas partir sans prendre le temps de manger, ma fille.
- Si?
- Non, tu dois bien te nourrir sur tu veux guérir rapidement. »

Il m’attrape par le bras et m’emmène avec lui et me fait prendre place en face de lui. Le déjeuner se passe dans le silence. Je lui jette quelques coups d’œil interrogateur, mais il semble faire comme si de rien était.

« Alors, cet officier supérieur, c’est ton prétendant?
- … , manquant de m’étouffer.
- J’ai raison?
- NON! C’est mon officier! Enfin, lieutenant maintenant! Il avait simplement besoin de moi pour s’infiltrer dans la soirée.
- Et cet autre prétendant, O’Sullivan, c’est réellement ton fiancé?
- C’est un ami, qui m’est très cher, mais je n’éprouve pas ce genre de sentiment pour lui ni pour personne d’ailleurs. Je ne vais pas parler d’amour avec toi!
- Faut bien qu’un de nous deux s’inquiète pour toi… Enfin, laisse, je…je n’ai rien dit. Ta mère t’aime beaucoup, tu le sais très bien.
- Ouais bah, han! Elle ne le montre pas réellement. »

Je me redresse sur ma chaise, déposant mes ustensiles et je croise mes bras contre ma poitrine.

« T’façon, je serai jamais assez bien pour elle. »

Je coupe la discussion à ce moment-là et quitte la table. Je me dirige vers mon paternel que je sers d’un bras avant de lui faire un baiser sur la joue. Je n’oublie pas de lui mentionner qu’il sera le seul homme de ma vie et que je l’aime puis je me dirige vers la sortie. Ma sœur descend les marches à ce moment-là et elle s’arrête pour m’observer. Je fais de même avant de lui lâcher une grimace.

« Ne fais pas de bêtises la peste!
- Va pas te faire frapper par je ne sais qui, ah oui, c’est déjà trop tard… »

J’ai un petit sourire en coin et je quitte la demeure.

***

Début d’après-midi, me voilà au bastion en train de récupérer des documents importants pour la suite de ma dernière assignation. Ce qui aurait dû être une simple arrestation concernant un marché noir c’était transformé en enquête bien spéciale. Il s’avère que le marchand faisait affaire avec des hommes qui se disait garde, mais qui ne portaient aucune loyauté envers le capitaine en place. Bien sûr, que l’enquête me revenait puisque c’est moi qu’on avait envoyée de base alors je me dois d’arriver au bout! Trouver des noms, des emplacements afin de faire tomber la tête qui dirige tout cela. Nous devons à tout prix éviter la mutinerie et la corruption! C’est de la sécurité du peuple et de notre image dont il est question!

Mais vu mon état actuel, j’avais besoin d’un solide coéquipier sur qui je pouvais compter, avec qui j’avais déjà travaillé et surtout avec qui nous avions démontré du succès. Une seule personne me venait en tête, puis si cela touchait des gardes corrompus, cela allait très certainement relier sa propre enquête personnelle dont personne ne devait être au courant mis à part moi.

Je me dirige donc vers son nouveau bureau, après tout, il doit bien s’y trouver non? Quoique je me fais sûrement des idées. S’enfermer entre quatre murs ce n’est pas son genre. Alors je cogne à sa porte, deux fois, trois fois; aucune réponse. Changement de stratégie. Où ai-je le plus de chance de le trouver? Je me dirige alors vers la cantine de la caserne et dès que j’entre à l’intérieur, j’entends des éclats de voix et des rires dont un que je reconnaitrai peu importe où j’irai.

Je m’approche alors du groupe qui semble jouer aux cartes et parier je ne sais quoi. En tout cas, Valentino semble bien heureux. Bon je m’apprête quand même à briser sa bulle avec l’assignation que je vais lui remettre. Je saluts bien vites les autres gardes et je dépose le dossier devant ce dernier en passant mon bras valide. Tout en restant derrière ce dernier. Il ne m’a pas encore vue depuis mon retour. Il va peut-être me trouver folle de vouloir repartir dans cet état, mais je n’ai pas le choix.

« Bonjour, Lieutenant, voici notre assignation. »

Et voilà! À peine déposé devant lui que j’ai le droit à un magnifique soupir désespérer de sa part. Sauf qu’il ne s’attend pas du tout à ce qu’il va voir. Non, pas du tout! Et c’est en se tournant tranquillement tout en essayant de me réprimander sur mon choix d’entrée en scène et de choix de lieu qu’il le constate ce qui l’empêche de terminer sa phrase. Non la surprise laisse place et plutôt que de rester silencieux, une panoplie de juron s’échappe de sa bouche. Je suis presque fière de moi, mais en même temps je ne le devrais pas. Après tout, j’ai laissé quelqu’un me frapper de cette façon et la seule chose que j’ai pensé à faire à ce moment-là c’est de baisser les bras et quand il était sur le point de m’achever. Étrangement, si je suis toujours en vie aujourd’hui, c’est grâce à ma sœur.

Val se lève et se met en marche en me faisant signe de le suivre. J’essaie de le rattraper lui et ses grandes jambes bien que je dois courir derrière, mais avec les douleurs qui m’incommode, je n’ai pas trop le choix de ralentir en cours de chemin. De toute façon, je reconnais le chemin qu’il emprunte. J’y reviens justement.

Il ouvre la porte me fait signe de prendre place après avoir déposé le dossier sur le meuble qui nous sépare. Étrangement, c’est plutôt inattendu de le voir assis de ce côté. J’ai l’impression que ça ne lui va pas bien enfin question d’habitude j’imagine. Le bureau ne semble pas décoré dans les goûts de ce dernier et la seule chose que je peux noté ce sont les cadres avec les photos. Je sais qu’il ma posée une question, qu’il cherche à savoir ce qu’il s’est passé, mais je suis quand même curieuse, alors je prends la première photo qui semble être lui et une jeune fille. Sa sœur peut-être? J’ai un petit sourire en coin comme si le voir de cette façon ne m’était pas habituelle, quoique peut-être qu’il voyait me voyait plus comme une jeune soeur et que c’est pour cela qu’il m’appelait toujours Sunny. Je secoue la tête et prends une autre image au hasard qui s’avère être la sergente que nous avions vu Aslander et moi. Son amie voir plus vu la nature de leur discussion. Mon sourire s’efface après un certain moment et je dépose le cadre là où il se trouvait.

La vérité c’est que je n’ai pas envie de lui avouer ce qui s’est réellement passé. Je ne veux pas qu’il perde l’estime qu’il avait envers moi et je ne veux pas qu’il sache que j’ai baissé les bras, mais je ne peux pas lui mentir.

« J’ai été envoyée pour enquêter sur une rumeur de marché noir. Avec de nombreuses pistes et à force d’enquêter, je suis tombée dessus. Du coup, je m’y suis infiltrée, mais il s’avère que ce n’était que le vendeur. Mais moi ce qui m’intéressait réellement c’était les gros poissons, sauf qu’il y a eu cette femme, qui a énervé le vendeur qui essayait de l’escroquer. Du coup, il a appelé deux hommes; un grand costaud ainsi que le cerveau de la bande avec insigne de la garde. Je ne l’ai jamais vu. Du coup, pour éviter les problèmes je les ai suivis, mais il s’avère qu’ils nous éloignaient seulement dans le but de nous retirer de la vue de potentiel témoin. »

Mes mains deviennent moites et les frotter contre mon pantalon ne m’aide pas. Arriver au point culminant de mon récit me stresse au plus haut point et j’essaie de faire de mon mieux pour ne pas le démontrer à mon lieutenant.

«  Tu me connais, je n’ai pas trop la langue dans ma poche, alors je l’ai un peu énervé en lui parlant du capitaine que ça ne lui plairait pas, mais il s’avère que son allégeance ne sera jamais envers lui. Il l’a même qualifié de faux capitaine. Bref, c’était sensiblement une exécution de possible témoin. Du coup, voilà, je n’étais pas trop prête à me battre contre ce type. J’ai fait ce que j’ai pu et j’ai failli y laisser ma peau. »

Je détourne ma tête sur le côté cherchant à fuir son regard.

« Les deux hommes sont en cellule ici alors s’il est question de crapule et de corruption je me suis dit qu’il fallait arrêter tout ça au plus vite et que ça pourrait t’intéresser. Sinon, si t’es trop occupé avec tes nouvelles fonctions, je vais y aller seule, ce n’est pas bien grave. »

Faux, je veux qu’il vienne avec moi et je veux continuer à former une équipe avec lui-même s’il est devenu lieutenant.

Après avoir déposé les cadres que j’avais regardés un petit moment avant de me décider à répondre à sa question, je suis soulagée qu’il ne cherche pas à comprendre ma réaction. Ce serait déjà ballot que je doive m’expliquer à ce dernier surtout que je devrais me sortir moi-même de ce pétrin dans lequel je me serai mise moi-même. Puis merde! Je ne sais même pas pourquoi je prends cette tête chaque fois que je pense à cette fille. Les sentiments c’est de la merde, ça, je peux vous le dire. Ça cause plein de problèmes les gens interprètent mal ce qu’on fait ou dit et parfois ça peut donner de faux espoirs ou de drôles d’idées. Bref! Passons, je décide donc finalement de lui parler de ce qu’il s’est passé lors de ma dernière sortie.

Me voilà donc devant ce dernier, les mains complètement moites n’ayant eu droit qu’à de simples mimiques de sa part comme réaction. Il ne m’a pas coupé la parole une seule fois et je ne sais pas dire si ça me plait ou pas. Enfin, je n’ose pas trop le regarder pas parce que j’ai peur de sa réaction, mais seulement que je n’arrive pas à soutenir son regard. J’ai baissé les bras! Ne dit pas que tu es fière de moi. Je me serais laissé tuer comme ça sans trop me défendre! Et puis, on a peut-être mis le petit vendeur sous les verrous, mais je n’ai pas réussi à mettre la main sur les fournisseurs. Vint alors son petit conseil sur le fait de lui péter une jambe avant qu’il ne soit trop tard et il relève le fait que je ne le regarde pas dans les yeux en tentant un peu l’humour, mais ça ne semble pas fonctionner, en tout cas pas pour moi.

- Écoute je me suis fait déglinguée, j’ai failli y passer et tu sais c’est quoi le pire, c’est que je ne me serais pas défendu s’il n’avait pas décidé d’ouvrir sa grande gueule. J’étais résolue à mourir et tu sais ce qu’auraient été mes dernières pensées? C’est que ma mère avait raison, que je n’aurais jamais rien fait de bien et que même ma mort aurait été pathétique. Alors non, je n’ai pas envie de te regarder dans les yeux ni dans ceux de personne.

Je ferme les yeux, secoue la tête faisant bouger ma coiffure dans tous les sens et j’inspire profondément afin de me remettre de mon petit coup de gueule. Valentino n’est plus officier, mais maintenant lieutenant et même s’il ne souhaite pas que je l’appelle par son titre, sauf en présence du lieutenant Calixe, je ne peux plus faire de caprice en sa présence.

- Désolée, je vais tâcher de me concentrer sur notre objectif et ne plus laisser mes émotions parler pour moi. Du coup…

Je me lève de ma chaise et ouvre le dossier devant lui afin de lui montrer les trois fiches des suspects arrêter que je glisse devant lui. Je pose mon index sur l’image d’un homme plutôt chétif aux allures aigries et visage mal rasé.

- Carl Ludwig; commerçant du marché noir, mais seulement en surface. De ce que j’ai compris, il a des fournisseurs dont je n’ai pas pu mettre la main dessus. Du coup, on a mis la clé au verrou de sa boutique, mais je ne suis pas satisfaite de ce détail. Ensuite, nous avons Edward Kovatch, le cerveau du duo qui portait l’insigne.

Il s’agissait d’un grand homme aux muscles longs et fins. Tête rasée, cicatrice au sourcil droit, la peau basané certainement dû à l’exposition prolongée au soleil. Il avait le profil typique de la tête brûlée.

- C’est contre lui que je me suis battue, il ne semble pas approuver le fait que ce soit le capitaine Al Rakija au commandement au grand-port. En feuilletant vite fait dans son dossier, j’ai découvert qu’il s’agissait de l’un des marines qui se trouvaient ici autrefois accompagnés de son bras droit ici présent; Amitch Longstone.

Je pointe la seconde image, mais je n’ai pas grand-chose à dire. Armoire à glace, le grand costaud typique qui semble frapper plutôt que de parler.

-Du coup, c’est deux là sont arrivé à la demande du commerçant. Maintenant ce que nous devons essayer de savoir, c’est pourquoi deux membres de la garde anciennement marine travaillent avec un marchand illégal. Qui se cache derrière tout cela? Y en a-t-il d’autres? Nous devons mettre la main sur toutes les informations possibles, des noms, des lieux, des visages afin de mettre derrière les barreaux tout responsable!

Ma réponse ne semble pas convenir à Valentino bien qu’il ne me le fasse pas savoir de sa magnifique voix, je le vois simplement à son regard et au froncement de ses sourcils. Il semble contrarier, mais je ne dois pas lui donner la chance de placer un mot. Nous avons une mission et elle est d’une haute importance. Déjà, tuer dans le nid toute forme de révolte envers notre capitaine s’il y avait et peut-être bien même nettoyé les rangs de la garde de toute forme de corruption au besoin. Bref, je ne sais pas ce à quoi il pense lorsque je lui résume légèrement les fiches de chaque individu ici présent, mais il semble très concentré. Je lui mentionne finalement notre objectif final. Bref, nous sommes sur une enquête assez importante et nous devons monter un dossier afin d’émettre des mandats d’arrêt au besoin.

Valentino se leva de son siège afin de passer de mon côté tirant une dernière latte de sa clope avant de s’adresser à moi. Je lui jette un rapide coup d’œil et il me fait une bonne tête de bonhomme bien vénère. Si j’étais une tortue, je me serais bien vite caché dans ma carapace, mais malheureusement mon cou n’a pas cette fonction. Du coup, je fais la seule chose que mon corps accepte de faire. Je m’écrase doucement dans mon siège perdant toute droiture dans ma posture et si nous n’étions pas dans son bureau, j’aurais très certainement ramené mes jambes contre moi pour ne former qu’une petite boule. Il est très sérieux et n’utilise même pas mon surnom. Je déglutis péniblement en attendant mon prénom et je l’écoute.

Je ne sais pas trop ce qu’il essaie de faire en ce moment? Il veut m’encourager ou…enfin, non je ne comprends pas. Il ne veut pas que je donne raison à ma mère et avec ça il me menace de me faire nettoyer les chiottes pendant 10 ans tout en me disant qu’on allait avoir un problème lui et moi? Tu parles d’un encouragement…Bon en même temps me lamenter et chercher sa pitié n’était pas mon but ici présent et ne l’avait jamais été. Je voulais juste faire cette enquête avec lui parce qu’il était un très bon garde et que ses habiletés pouvaient s’avérer très utiles en cas de problèmes! Du coup, bien qu’il m’ordonne de le regarder, je roule simplement des yeux en échappant un petit « tssch! » et je me lève par la suite pour le suivre.  

«  Rien à voir avec mon physique… » que je dis les dents serrées.

Les mains dans les poches, une moue boudeuse sur mon visage et j’observe son dos. Pourquoi faut-il toujours qu’on se gueule dessus, d’ailleurs? Y’a pas un moment où ça pourrait bien aller, un simple bonjour, comment s’est passé ta journée. Ça fait longtemps, qu’as-tu fait comme mission dernièrement? Non, j’avais le droit à des menaces, à des regards chargés de colère. J’avais l’impression de converser avec une bombe qui risquait d’exploser à tout moment. Bref, paye ton ambiance…

Du coup, comme il ne me dit pas ce qu’il a en tête, j’imagine qu’il a un plan si on se dirige vers la sortie.  Mis à part le son de nos pas, il y a un long silence entre nous deux, mais celui-ci semble vouloir le briser d’une question simple, mais si simple. Pourquoi moi et pourquoi pas quelqu’un d’autre au vu de mon état.

«  C’est mon enquête de base, c’est normal que je veuille la poursuivre, puis je n’ai pas le temps d’attendre la guérison complète. Si y’a des connards dans nos rangs, je vais me faire un plaisir de leur passer les menottes, tu comprends? »

Accessoirement, je peux découvrir si ma sœur à vraiment été se mettre les deux pieds dans cette merde. Si ça se trouve, il ne l’a aperçu qu’une fois et a vu une certaine ressemblance, ce qui est plutôt étrange. Puis, elle est majeure maintenant, je ne sais pas ce qu’elle fait de sa personne dans ses temps libres bien que notre mère doit la contrôler autant qu’elle essayait de le faire avec moi. Je pousse un dernier soupir, si ma sœur est impliquée et que son nom finit par sortir, je ne pourrai pas lui cacher que je l’ignorais. Il se doutera de quelque chose et m’accusera de ne pas lui avoir dit toute la vérité. Peut-être qu’il me mentionnera que j’essayais de cacher les faits… Enfin, qu’il s’agisse d’un membre de ma famille ou pas, si elle n’agit pas conformément à la loi, je ne pourrai pas fermer les yeux.

« En fait, y’a pas que cela, Kovatch a parlé de ma sœur. Bien sûr je ne répéterai pas ses propos, mais pour qu’il réussisse à faire le lien entre elle et moi, c’est qu’il ne doit pas l’avoir vu de loin, tu comprends. Je veux m’assurer qu’elle ne fasse pas de conneries alors je souhaite de tout cœur qu’il s’agît tout simplement d’un plan cul et rien d’autre, sinon, je n’aurai pas le choix de le passer les menottes. »

On se déteste, on s’engueule et ça nous arrive aussi de rigoler, mais ça reste ma petite sœur.

« Du coup, on va où là? C’est quoi ton plan? T’es partie comme ça, sans rien me dire… »

Je sais que je ne devrais pas m’impliqué si ma sœur est peut-être touchée par cela et Val le sait très bien. Même qu’à sa place je l’aurais très certainement mit sur la touche pour cette enquête, mais il n’en fait rien. Il me regarde de son unique œil comme s’il était justement en train de réfléchir à ce que je venais de lui dire. Mon boulot de garde passe avant ma famille, même si je ne souhaite pas en arriver et j’ose espérer que ce dernier fasse ce qui doit être fait si jamais je n’y arrive pas moi-même. Enfin, s’il décide de me retirer l’affaire en sachant la vérité je ne dirai rien puisque c’est son droit en tant que lieutenant et je me sais plus ou moins dans le tort. Mais c’est aussi pour cela que je lui ai dit la vérité afin d’éviter tout problème plus tard.

Bref, il ne semble rien dire à ce sujet et me parle plutôt de son plan. Il souhaite que nous allions voir un ancien marine avec qui il s’entend plutôt bien et selon lui, il devrait se trouver à la place du marché puisque c’est là-bas qu’il l’avait assigné. Selon ses paroles, Petersen semble être une bonne personne, mais bon, on ne peut pas réellement le savoir. Après tout, on ne peut pas deviner ce que ces gens pensent réellement.

« D’accord, je te suis alors, enfin, du mieux que je le peux. Le plus embêtant c’est mon bras, mais sinon le reste ça va… »

J’essaie de sourire pour le convaincre autant que moi et je réussis tant bien que mal à me mettre à ses côtés. La sortie du bastion n’est pas bien loin et je dois dire que nous avons attiré l’attention de quelques gardes. Nous avons cru bon de ne pas ébruiter le fait que deux gardes se soient fait arrêter afin d’éviter d’éveiller les soupçons. Les hommes étaient surveillés dans des cellules séparées où ils ne pouvaient être vus par les autres. De toute façon, il fallait une permission spéciale ou être officier pour y avoir accès. On traverse la porte et j’entends le raclement de gorge de mon partenaire du moment ce qui me fait aussitôt regarder en sa direction bien que ce soit son tour de ne pas me regarder. Je me penche légèrement vers l’avant pour essayer de capter son visage.

Contre toute attente et bien que je sais que cela lui demande tous les efforts du monde pour me parler ainsi, celui-ci semble me dire ce qu’il avait réellement en tête. En effet, il est déçu que j’aie baissé les bras, mais pas seulement à cause de ça, parce que je me dénigre alors qu’il pense tout le contraire de ce que je peux avoir dit. Il place une confiance particulière en moi que je n’arrive toujours pas à comprendre, mais je dois dire que je ne m’attendais pas du tout à cette fin. Il ne veut pas que je meure parce qu’il m’aime bien et qu’il ne compte pas me laisser le quitter ainsi? Qu’est-ce qu’il veut dire par là? Enfin, je sais bien que ça ne peut pas être de l’amour parce qu’il a sa copine de la capitale, mais tout de même. Ses propos dits de cette façon portaient tout de même à confusion, non?

«  Euh, si c’est une façon de me dire que tu m’aimes, faudrait peut-être que tu quittes ta copine de la capitale avant non?  Je ne te pensais pas si volatile… »

Je ricane légèrement dans le seul but de la taquiner et remets ma senestre en poche poursuivant ma route en regardant vers l’horizon. Nous prenons le cap vers le marché et celui-ci semblait tout de même bondé à cette heure de la journée alors je fais mon possible pour ne pas perdre Valentino, mais comme il est assez grand, difficile de ne pas le voir. Pour sa part, il n’avait qu’à chercher un petit bout de femme avec des mèches bleues. Je n’ai aucune idée à quoi peut ressembler l’homme que nous recherchons à vrai dire, alors pour le moment, je me contente d’observer et de suivre mon lieutenant.

Bon voilà, j’ai réussi à demander indirectement à ce dernier s’il était en couple avec la femme de la capitale. Peut-être que oui et si c’est le cas, je ne pourrai pas y faire grand-chose après tout, je ne fais forcer la main à personne. Moi-même je ne sais pas ce que je veux vraiment. Je viens tout simplement de passer au travers une histoire compliquée alors je ne vais pas m’aventurer sur ce chemin pour le moment. Je vais apprendre à le connaître. C’est mieux ainsi! Sauf que ce qui aurait dû être une simple plaisanterie se retourna bien vite contre moi. À vrai dire, je ne sais pas ce que j’espérais et j’aurais dû m’en douter. Valentino trouve toujours le moyen de ramener tout à ma fraise et quand il éclate de rire, je dois dire que tous les regards se sont retournés vers nous. Je rentre la tête dans les épaules et essaie de me cacher des regards.

Je l’écoute sans trop le regarder, parce qu’il n’a même pas à se justifier. Je m’en fiche, mais au moins je sais qu’il n’est vraiment pas avec cette femme et qu’ils sont simplement de bons amis. Ils ont eu une histoire, mais celle-ci s’est terminée en simple amitié. Sauf qu’il ne s’arrête pas là! Bien sûr que non! Il fallait qu’il en rajoute et je fais volte-face à moitié surpris et en colère?

« QUOI?! Jalouse!? »

Je n’ai pas trop le temps de finir ma phrase qu’il m’incite à l’inviter à boire un verre avant qu’il ne soit trop tard. Lui un beau gars? Pfff, n’importe quoi. À ce niveau-là, j’essaie de ne plus y porter attention et je ne rajoute rien en détournant la tête et je repense à ce qu’il m’a dit. C’est vrai que je lui dois une soirée, alors ça pourrait être un bon moyen de me rapprocher… attend à quoi je suis en train de penser moi?! Je secoue alors la tête et le fixe en plissant les yeux.

« Ne prends pas tes rêves pour réalité, humpfh! Moi, pensé à un vieux comme toi? Elle est bien bonne! Bon aller, suffit les bêtises! »

Bref, on se faufile dans la foule et Val repaire alors notre collègue au loin qui prend beaucoup de place. Il est énorme! Bien plus que l’armoire à glace qui se trouvait dans la cellule, mais quand même! Je suis impressionnée voir intimidé lorsqu’il se rapproche. Je fais quand même un mètre soixante. Il va me prendre pour une gamine perdue que Val’ essaie de retrouver ses parents je suis sûre. Enfin, moi je ne dis rien et je laisse le lieutenant parler même quand on se retrouve à la taverne de Géralt je ne place pas un mot mis à part pour saluer Nayah qui était venu vers moi pour période de quelques secondes tout au plus. J’écoute ce qui se dit le verre d’eau à la main et un nouveau se rajoute à notre liste; Stephen Wild. C’est déjà un bon début surtout s’il faisait dans l’illégal. Alors peut-être, enfin je dis ça, mais dans le fond je suis sûre que l’histoire du marché noire ainsi que la corruption chez certains membres de la garde sont liées.

Bon je suis quand même polie et je salue mon collègue avant qu’il ne retourne à son poste et Val se tourne vers moi tout en ayant pris une gorgée de sa bière. J’appuie un coude contre la table et m’appuie la joue sur le poing de ce même côté, puis de l’autre main, je me mets à tapoter mes doigts contre la surface en bois toujours au même rythme, en fixant ce dernier.

«  Lieutenant, vous ne devriez pas boire en service. On ne vous l’a jamais dit? Ça aide à garder les idées claires. Donc pour t’éviter ce souci… » Je me lève de ma chaise tapant sur la table au passage puis je lui vole sa bière pour en prendre une bonne gorgée avant de la dépose contre la table. « Aaaaah! Je vais t’aider à la finir! »

Je sors les cristaux de ma bourse, dépose le tout devant nous et je tapote l’épaule de ce dernier de ma main libre.

« Bon aller, on a du boulot! Direction les archives et j’ai besoin que tu sois là, sinon je ne peux pas rentrer!»

Je lève vite ma main dans les airs en saluant Geralt et Nayah puis je sors. Il tarde un peu à me rejoindre une clope à la main et j’essaie de marcher rapidement pour une fois. Je n’ai pas trop envie de passer ma journée à fouiller dans des dossiers bien que c’est ce qu’il risque de se passer en vérité.

De retour à la caserne, on prend de suite la direction des archives et Val me talonne. Je mesure peut-être 1m60, mais quand je m’y mets, le petit bout de femme que je suis en a dedans. Un garde bloque l’accès, mais dès qu’il voit le lieutenant derrière moi il s’enlève du chemin pour nous laisser entrer. Je le remercie bien vite et dès que j’entre, je me sens perdue. Oui, complètement perdu. C’est la première fois que j’entre ici et je dois dire que je ne connais absolument pas leur méthode de rangement.

« Bon, on cherche son dossier qui doit se trouver…heu… Quelque part par là…j’imagine. »

Je me tourne vers ce dernier avec mon regard de merlan frit attendant une indication de sa part. De toute façon, j’ai qu’à le suivre non?

Je me dirige rapidement vers la sortie de la taverne en saluant le tenancier et la jeune fille qui y a trouvé un travaille grâce à nous. D'ailleurs, faudrait que je prenne le temps de discuter avec elle. J'aimerais bien savoir si sa situation familiale s’est améliorée depuis qu'elle travaille. Dans tous les cas, elle a pris un peu de poids et semble avoir une bien meilleure mine. D'ailleurs, Val' me rattrape rapidement sa clope en main et je sais qu'il s'apprête à dire quelque chose concernant sa bière. Le fait qu'il n'aille rien dit sur le moment m'a fait pensé qu'il réfléchissait à ce qu'il allait dire et d'ailleurs ça ne tarde pas bien longtemps. Amoureuse de lui au point de boire à sa choppe? Mais il me prend pour quoi une gamine qui croit au baiser indirect? C'est complètement ridicule. Il s'attend certainement à ce que je réplique ou que je m'énerve. Il a envie de me tester alors j'appuie mon coude contre ma paume de main soutenue par mon écharpe et je dépose mon doigt sur ma lèvre inférieur alors que j'arque un sourcil en regardant sa direction.

" Tu crois que j'ai cinq ans pour en faire tout un plat? Si je voulais réellement t'embrasser, je l'aurais fait tout simplement sans me soucier de rien, mais bon. Ne prenez pas vos fantaisies pour réalité lieutenant."

J'insiste un peu sur le lieutenant, parce qu'il s'agit en vérité d'un mur bien convaincant et c'est bien la seule chose qui pourrait m'empêcher de franchir une quelconque limite. Il s'agit de mon supérieur hiérarchique, de mon aîné et d'un ami. On se fait des blagues on se taquine, mais je ne vais pas dépasser la limite sans savoir ce que j'éprouve réellement. Déjà qu'avec Aslander ça a été compliqué pendant un petit moment, mais au moins tout est régler maintenant. Bref, ce n'était pas tout ça, mais nous avions besoin de chercher d'autre information et quoi de mieux que les archives pour cela?

Une fois aux archives, je me sens un peu perdu et même si je regarde vers Val avec mon regard de jeune femme en détresse celui-ci me demande d'user de ma logique et de penser comme le lieutenant Calyxe. C'est vrai qu'il s'agit d'un homme très droit et ordonné. Mais je suis quand même surprise que ce ne soit placé qu'en ordre alphabétique et non par section et type de cas. Après tout, s'il y a des affaires sans nom, comment le classé à ce moment? Je me mets donc à sa recherche cherchant des les W, parce qu'on classe toujours par la première lettre du nom bien sûr.

"Stephen Wild.....Wild..., Wahls, West, Whellow, Wick...Wild! Voilà!"

Je sors le dossier et l'amène jusqu'à la table où on s'installe un à-côté de l'autre pour le regarder. Valentino semble plus habile que moi et recherche directement qui sont les responsables de l'affaire et comme par surprise on peut y voir le nom de notre fameux ami Kovatch. J'essaie de voir tous les chefs d'accusation qu'il a pu avoir avant d'être mis sur pied. Contrebande d'objets illégaux et de substances illégales, menace de mort... Bref, ce n’était pas un dossier très joli tout ça, mais comment expliquer le manque de preuves?

Je lève la tête à la recherche d'un papier et d'un crayon avec lequel écrire et heureusement qu'il y en avait à la disposition de tous.

"Faudrait vraiment que je me trouve un calepin... Ça me serait utile pour prendre des notes."

Je prends ce que j'ai de besoin et reviens m'asseoir et prend en note le nom et l'adresse de Wild ainsi que le nom de l'homme en charge de l'enquête. En vrai j'essaie de noter tout ce que j'ai pu entendre et vu depuis le début.

"Patrick Smith, est-ce qu'il est toujours en service? Je n’ai pas accès au dossier et je ne préfère pas y mettre le nez, c'est ta responsabilité de gratte papier ça." Je finis de gribouiller rapidement et lève la feuille devant moi. "Bon pour qu'on soit sur la même longueur, Wilds a été mis à pied suite à la fusion des deux camps, sauf que le bonhomme trempait dans des affaires louches, mais par manque de preuve on a jamais pu l'arrêter. Peut-être qu'il souhaite se venger. Enfin, à côté de cela nous avons Patrick Smith le responsable de l'enquête accompagné de Kovatch. À mon avis, Kovatch a effacé des preuves, mais si ça se trouve Smith aussi était de mèche.  "

Il y a tellement de noms à retenir. J'ai l'impression que ma tête va exploser! Je m'avachis sur ma chaise en poussant un long soupir tout en penchant ma tête vers l'arrière. Je frotte ma main contre mon visage.

"Aaaargh, c'est si long! En plus j'ai faim là et je dois prendre mes médocs." Je finis par me redresser m'aidant de mes jambes et je regarde vers Val'.  " Faudrait aussi voir s’il n’y a pas eu d'autre cas dans ce genre, non"

Il est quelle heure avec tout ça? Parce que mon ventre me cri famine et mon bras m'élance de plus en plus. Cela fait combien de temps que nous sommes là-dessus? Après tout, nous avons fait un petit voyage du bastion jusqu'au quartier touristique pour finalement revenir ici chercher dans les archives des noms, des adresses. Je n’ai pas réellement la langue dans ma poche alors je me plaints d'avoir faim et de devoir prendre mes médocs, mais en même temps ce n'est pas réellement une enquête qui se fera en une seule journée. Après tout, nous déterrons quelque chose qui date de plusieurs mois voir plus et qui a été clos par manque de preuves. Je suis d'avis qu'il faudrait aussi voir notre prisonnier...comment il s'appelle déjà; Pudding, Ludingue? Ah non! C'est vrai; Ludwig!! Ah oui c'est cela.

Enfin, Val sert le dossier là où nous l'avons pris et signale que nous devrions aller voir Smith. Il n'est plus garde, mais a gardé des habitudes de vie faisant en sorte qu'il était plutôt simple de le retrouver. En même temps, je ne pense pas qu'il se cache, mais il faudrait avoir une chance pas possible pour tomber dessus du premier coup. Mais pour le moment c'est l'heure d'aller manger alors on quitte cet endroit qui pu le papier et plutôt que de nous diriger vers la cantine, je préfère opter pour un petit resto non loin du bastion. On m'en a dit du bien et c'est peu cher. Puis, tout le monde sait que même si c'est gratuit, la cantine, ça reste la cantine! Ce n'est pas spécialement mauvais, mais ce n'est pas de la cuisine gastronomique. Disons que tu en redemandes simplement parce que ça a un goût de vide et de trop peu.

- Faudrait peut-être aller voir Ludwig aussi, éventuellement. Je suis sûre qu'en cherchant derrière ses petites magouilles des noms tomberont.

Nous voilà maintenant au petit resto. Comme je disais, il est à quelques pas du bastion. Ce dernier se fond bien dans la décor du grand port et comme de fait sa spécialité reste les fruits de mer. Il y a autre chose, mais le meilleur poisson pané c'est ici! Et comme de fait, c'est justement ce que je commande, on m'offre du vin, mais je refuse commandant qu'un simple verre d'eau. La bière de tout à l'heure a eu du mal à passer. Je fouille dans mon sac à la recherche des médicaments que je dois prendre et les sorts. Il y en avait trois en tout, dont deux que je me souviens plus c'était pour quelle raison. Je les gobe les trois, prends une petite gorgé d'eau et avale en tirant la langue. Je déteste ça!

- Le poisson pané est excellent et c'est ce que je vais prendre. Ça vient avec des frittes! Sinon, y'a des repas plus classiques, mais le poisson et les fruits de mer sont vraiment bons ici!

Je suis peut-être un peu trop enthousiaste pour un simple repas. Après tout ce n’est pas un rendez-vous et ce n'était pas dans mes intentions que ça en est un. Je dirais plutôt que j'ai l'air d'une gamine avec son grand frère en ce moment, même si mis à part la couleur de nos yeux, on n’a rien pour se ressembler. Le serveur arrive et nous demande si nous sommes prêts à commander. Moi je commande et Val aussi et il se retire pour aller passer donner la commande aux cuisiniers.

- Bon la seule chose, c'est qu'on ne peut pas réellement parler de boulot puisqu'on est en public. Profitons alors de cette pause pour discuter! Tu aimes bien ta chambre, tu ne te sens pas trop seul?

On passe commande et je dois dire que je suis plutôt déçue que ce dernier ne choisisse pas l’une des spécialités offertes ici, mais au moins ça me permet de voir qu’il préfère la viande et bien cuite. Il veut s’assurer que cette dernière est bien décédée à mon avis. Du coup, je sais que je ne dois pas l’amener à un endroit où il n’y a que des fruits de mer d’offerts, mais où il est bon d’y manger de la viande! Je note tout ceci dans ma tête et me retiens de rire lorsqu’il choisit un simple verre d’eau. Le serveur nous quitte et je le regarde d’un sourire narquois.

« Dis donc, quand on est en service et en plein questionnement, tu te permets une bière et maintenant qu’on prend officiellement une pause, un verre d’eau? T’es pas normal en fait! »

Enfin, je lui pose une question assez simple concernant son nouveau logement. Val nous a abandonné sans aucun scrupule et pour dire vrai, il n’a pas complètement tort. Je suis en partie seule et je ne croise que très rarement mon compagnon. Je n’ai pas hâte que sa place soit comblée par quelqu’un d’autre. Sa chambre est plus calme à ce qu’il paraitrait parce qu’il n’y a plus personne pour s’y trémousser lorsqu’il est occupé. Je plisse les yeux fronçant ainsi les sourcils. Je ne sais pas pourquoi, mais le sens de sa phrase est plutôt dérangeant non? Enfin, y’a moyen de l’interpréter avec un esprit tordu, mais heureusement, je n’en ai pas un. Il me demande si je m’ennuie de lui à la fin puisqu’il sait que Calixte n’est pas toujours présent. Je pourrais lui mentir, lui dire que nos prises de tête me manque, que de me lever les matins seuls c’est difficile de même que lorsque je vais me mettre au lit. Tout est si silencieux maintenant.

Enfin, je vais ce qui me semble le mieux et je lui souris doucement en détournant légèrement la tête pour regarde vers le reste de la salle tout en croisant mes bras contre ma poitrine.

« J’imagine que oui. Tout est si calme et le centre de la chambre parait si vide. Ce n’est plus pareil. Au moins avec toi, il y avait toujours de l’action. Même si parfois c’était plus que de la simple action. »

À ça, je repense au moment où il a littéralement fait tomber mon matelas avec moi en surplus. J’ai un petit rire et je dépose mon coude contre la table et appuie mon menton sur ma main tout en le regardant. Je pense que je devrai rester honnête avec lui. Ça ne me sert à rien de lui mentir et de faire croire que non. Mon but n’étant pas de le repousser au final bien que lui pourra très certainement le faire en revanche.

« Et toi, tu ne t’ennuies pas trop de ton petit rayon de soleil qui ronchonne quelques fois? »

Nos assiettes arrivent finalement tenues par notre serveur qui dépose le tout devant nous. Je le remercie rapidement et m’attaque aussitôt à mon plat en prenant l’une de mes frittes en main.

« Tu me feras visiter! »

Je ne fais aucun sous-entendu. Après tout, malgré qu’il soit mon lieutenant, nous nous entendons relativement bien et je crois pouvoir dire que nous sommes tout de même amis. Rien à voir avec la relation que j’ai avec Aslander d’ailleurs. C’est assez différent, il n’y a pas le même niveau de confiance puis il n’y a pas eu de quiproquos entre Val et moi et personne n’a essayé de nous caser. Par contre, je dois dire que les discussions sont plus simples et naturelles avec le noble. Je peux dire ce que je veux sans avoir droit à la case prise de tête. Merde! Je ne peux pas les comparer! Mon choix est fait puis je ne vais pas reculer pour regretter. Si je me prends un rejet, je vais simplement m’isoler et rester seule. Je me suis peut-être précipitée trop rapidement puis Val’ pense peut-être que je suis trop jeune pour lui. Il ne me voit peut-être pas comme telle. J’ai plus le profil de la petite sœur chiante que d’une possible relation sérieuse. Enfin, à mes yeux, l’âge n’importe peu. Après tout le noble et moi-même avions tout de même treize ans d’écart et ça ne me faisait ni chaud ni froid.

Bref, je continue de manger de mon côté après tout, on a du boulot à reprendre après ce repas. Et pendant que j'y pense, c'est moi qui paierai la note.

Je ne peux m'empêcher de sourire lorsqu'il se glorifie devant moi. En effet, je devrais le savoir et pourtant, je ne suis pas habituée à ce genre de réplique venant de chez lui. Ça lui semble si naturel. J'ai l'impression de ne pas connaître totalement ce dernier, mais c'est le cas en réalité. Il y a bien des choses dont j'ignore encore et nous avons tous une partie que nous cachons. Par exemple, j'évite de lui parler d'Aslander et de ce qui s’est réellement passé entre nous deux pour la simple et bonne raison que je ne veux pas l'emmerder avec cela et que ça ne devrait pas le regarder. Aslander n'est pas un noble corrompu, c'est tout ce qui importe.

« Oh ça pour être unique, y'en a pas deux comme toi! Je peux te le garantir et heureusement! »

Je lui renvoie un petit sourire narquois puis je réponds finalement à sa question concernant l'ennui que j'éprouve suite à son départ. Rien ne me sert, de mentir ou de chercher un moyen de nier les fait. Il finit toujours par voir à travers moi. D'ailleurs, je crois que ma réponse le saisit plus qu'autre chose et comme le service est plutôt rapide, nos assiettes sont déjà devant nous. Je ne sais pas dire si le synchronisme fut parfait, mais cela lui permit de ne pas répondre à ma question. Non à la place il soupire, se met un morceau de viande en bouche et hausse les épaules. Sa chambre n'a rien d'extraordinaire, mais si jamais je le souhaite, je pourrais passer lui rendre visite avant d'aller me coucher pour discuter avec ce dernier. En effet, je pourrais et mon petit sourire ainsi que mes joues légèrement rosées doivent lui indiquer que sa réponse me va. J'essaie de ne pas trop le montrer, après tout je ne veux pas qu'il imagine des choses!

Je hoche simplement la tête en mettant un morceau de poisson dans ma bouche et on continue de manger en discutant de tout et de rien. On termine nos plats et je me lève pour payer, mais Val est bien plus rapide que moi. Ma bourse se trouve de mon côté droit dont je n'ai pas facilement accès à cause de mon bras. Je gonfle les joues et croise les bras.

« Ce n’est pas du jeu! J'ai dit que j'allais payer! »

Enfin, on sort et Val semble savoir où trouver notre homme puisqu'il se dirige vers les quais. Avec toute cette marche d'aujourd'hui, on aurait dû prendre nos montures pour se promener de droite à gauche, ça nous aurait évité des pas et fait gagner du temps. Enfin, on s'arrête à côté d'un homme en train de pêcher. Val prend la parole le saluant tout en lui posant une simple question sur la pêche. Bien sûr, ce dernier ne tourne pas autour du pot et demande la véritable raison de notre présence. Il nous présente, je fais un petit salut de la main et il explique grosso modo la raison de notre présence. Sauf que cette fois-ci il me met en charge de l'interrogation.

- Mis à part vous, qui étiez sur l'affaire?
- C'était le soldat Kovatch à ce moment-là.
- Quelle était votre relation avec le soldat et l'accusé?
- J'faisais mon devoir moi m'a p'tite dame. Alors pour ma part je n’avais pas une mauvaise relation avec Kovatch, c'était un brave garçon avant que Wild lui retourne le cerveau dans tous les sens. J'suis persuadée, encore aujourd'hui, que c'est lui qui a tout fait planter. On devait le prendre sur les faits, c'était une grosse affaire, mais quand on est arrivé sur les lieux, y'avait plus rien. C'était ce qui m'aurait permis de vraiment mettre la main dessus, mais les autres preuves n'étaient pas suffisantes.
- Donc il a été relâché et sur quel genre d'affaires il travaillait?
- De la contrebande en général de biens magiques volés, de substances illicites non répertorier. Mais tout avait disparu. Alors voilà. Je peux vous dire qu'on m'a plus donné de ce genre d'affaires.
- En effet, sinon vous avez pris votre retraite, mais vous étiez encore là quand le capitaine Al Raki'ja a repris le règne? J'imagine qu'il y a eu mécontentement.

L'homme rigole un moment et me regarde de la tête aux pieds comme s'il daignait enfin à m'observer.

- Mécontentement? J'ai jamais autant entendu gueuler! Wild en faisait partie. Sa mise à pied n'a certainement pas aidé le cas de votre capitaine, parce que y'a bien des gars qui lui sont restés fidèles, même s'il n’était pas le chef. Sinon, j'espère que c'pas Rivolti qui t'as mis dans cet état, parce que t'as qu'à me le dire et je lui règle son compte.
- Non ce n’est pas lui, mais ce n’est pas l'important.

Je regarde vers Valentino, je ne sais pas s'il veut rajouter autre chose. Après tout, j'ai plus ou moins les informations dont j'avais besoin. Wild pourrait être responsable de la corruption de certains gardes anciennement marine et serait aussi responsable du marché noir. Maintenant, il faudrait simplement découvrir où il y aurait leur planque et peut-être que le vendeur pourra nous aider.

- Besoin de rajouter quelque chose, Lieutenant?