Selon lui, il n’y a pas de truc à sa façon de faire, mais pour ma part je reste persuadée que oui. Apès tout, tout est une question d’attitude. Si je ne suis pas même convaincue de ce que j’avance ou de mes questions, on ne pourra pas me prendre au sérieux. Bref, je tapote quelques fois ma main sur son avant-bras. Je ne sais pas trop pourquoi je le fais. Est-ce pour lui donner du courage pour la suite ou est-ce plus pour moi? Dans tous les cas, je lui demande de ne pas abîmer notre prisonnier et me réponds tout simplement qu’il allait faire son possible sans oublier le fameux clin d’œil de la fin. J’ai un petit sourire en coin et je le laisse finalement seul.

Malheureusement, je ne suis pas sortie assez vite de la salle. Je n’ai pas eu le temps de me rendre plus loin alors je dois dire que lorsque le suspect et moi-même nous nous croisons, j’ai envie de me faire petite dans mes pantalons. Ce dernier me regarde avec un grand sourire. Sauf qu’on ne lui laisse pas la chance de me parler.  Le garde à sa droite le tire d’un coup quand il le sent ralentir et je détourne la tête pour ne pas le regarder. J’ai peut-être gagné ce combat, mais j’ai failli ne pas en ressortir. Contrairement à moi, ses blessures se trouvaient à son dos, alors que moi, elles étaient bien évidentes et me voir dans cet état devait le faire jubiler.

Du coup, je me trouve une chaise non loin et m’y assois relisant toutes les notes que j’avais pu écrire. Je ne relève la tête qu’au moment où j’entends la porte s’ouvrir pour laisser place à un Valentino légèrement fulminant parce qu’il n’a quasiment rien obtenu de ce dernier précisant que les seules informations lâchées n’étaient pas de sa volonté en précisant bien sûr que ce dernier faisait partie de la troisième catégorie, les manipulables. Il prend le temps d’expliquer, sa trouvaille après avoir pris son carnet me propose, finalement une petite balade sur les quais. Je ne peux m’empêcher de sourire et de rigoler de la façon dont il l’a formulé.

« Seulement si on marche main dans la main, d’accord? »

Je lui donne quelques coups de coude au niveau sur le bras dans le but de l’emmerder un peu pour lui faire comprendre que je rigolais bien évidemment puis on finit par se mettre en route. Premier arrêt, l’écurie parce que j’ai réussi à le convaincre que le déplacement à cheval allait nous faire gagner du temps! Et que je ne passerai pas une autre journée à marcher partout dans mon état actuel. Lorsqu’on entre, le palefrenier nous salut jovialement et pour ma part je cours vers le box d’Arlequin et me glisse à l’intérieur.

« Hey, grande bête… que je dis en lui offrant un câlin au niveau de l’encolure.  Désolé de ne pas être venu te voir ce matin. J’espère que tu ne m’en veux pas! »

Arlequin appuie son menton dans mon dos resserrant ainsi notre étreinte. Depuis la visite de Niraen, la complicité entre Arlequin et moi-même ne cesse d’augmenter. Je me suis occupée de tout le matériel nécessaire pour m’en occuper. Malheureusement, ce n’est pas lui que je prendrai aujourd’hui parce qu’il est bien trop voyant. Je vais me contenter d’un des chevaux présents. D’ailleurs, j’entends la paille bouger un peu plus loin dans son box et une petite tête de dragon feuillu sort de sous.

« Ah, en parlant de Aja. Vous êtes copain maintenant? »

Le petit dragon sort joyeusement de sa cachette et nous tourne autour un petit moment jusqu’au moment où il voit son maître un peu plus qu’il rejoint aussitôt tout content. Pendant ce temps, j’annonce la mauvaise nouvelle à mon pauvre bestiau qui ne semble pas satisfait de ma décision, mais je lui promets que dès que nous aurons terminé pour aujourd’hui, je resterai avec lui pour le promener un peu. Bref, je vais donc mettre la selle à une monture qui est disponible aux membres de la garde et réussie à la monter.

« Prêt à y aller? »

Second arrêt, le quartier commerçant, car j’ai un petit achat à faire! J’en profite pour acheter un petit cadre magique qui se porte quand même bien en main et où l’on voit bien les images même malgré la taille de ce dernier. Mon but n’était pas de garder des souvenirs, mais seulement d’ajouter des preuves visuelles à notre enquête.  Puis une fois fait, nous prenons finalement le chemin vers les quais.

Je dois dire que monter à cheval avec un bras en moins n’est pas nécessairement la chose le plus facile et bien que je demande à Valentino s’il est prêt, pour ma part, je dois demander de l’aide du palefrenier qui, dans la gêne la plus absolument, doit avant tout me faire la courte échelle puis une fois mon pied mis dans l’étrier,  il pousse sur mes fesses pour me permettre de passer ma jambe de l’autre côté. Pour ma part, je n’en ai rien à cirer, mais quand je me retourne, celui-ci semble quelque peu mal à l’aise. Enfin, c’est peut-être parce que je suis une femme et que tripoter le derrière d’une jolie fille comme moi ne faisait pas partie de ses plans de la journée. Enfin, je le remercie comme si de rien était et on se met aussitôt en route après que Val’ promis à ce dernier qu’il allait repasser prendre son dragonnet ce soir.

On fait notre arrêt rapide à la boutique et on reprend la route après que mon lieutenant m’ait aidée. Bon cette fois-ci c’est plutôt moi qui me sens honteuse à ce sujet après tout, mais vu sa taille, il n’a pas besoin de me pousser une fois en haut. Enfin, disons que contrairement au palefrenier, il n’a pas eu besoin de mettre ses mains n’importe où, puis on se rend jusqu’au quai où on attache non loin à un bar nos montures avant de poursuivre à pied.

Je préfère suivre Val de prêt et dans le doute, je prépare mes dagues de façon à pouvoir me défendre rapidement en cas de besoin. Je n’active pas mon pouvoir dessus, mais je glisse les manches entre mes doigts tout en fermant le poing. Une simple impulsion le moment venu et je pourrai les faire voler. Val’ est donc le premier à jeter un coup d’œil à l’intérieur du bâtiment et me fait signe que nous pouvons poursuivre notre route. Par contre, une fois à l’intérieur ce dernier se transforme sous mes yeux prenant ainsi sa forme hybride. La première fois qu’il avait fait cela, ça m’avait grandement surprise et comme je sais que ce dernier peut ressentir les vibrations, j’essaie de ne pas trop le brouiller dans ce qu’il ressent. Enfin, peut-être qu’il sent que mon cœur bat plus fort que la normale; après tout me retrouver dans un entrepôt à moitié dans le noir ne me dit rien qui vaille, mais on finit par trouver du matériel de contrebande.

« Je vais utilise mon cadre magique, enfin, trouver la meilleure source de lumière aussi. Faudra vraiment que je me prenne une lampe magique avec tout ça. Pas pratique dans le noir… » que je chuchote

Sauf qu’à ce moment, Val ressentit des vibrations qui ne venaient pas de nous et me signale aussitôt de ma caché. D’où je suis, je ne vois pas ce qu’il se passe, mais j’entends seulement un cri de surprise aigu suivi d’un bruit qui rappel un corps qui tombe et peu de temps après, j’entends le lieutenant qui m’appelle en me précisant que nous avons un problème. Je me dépêche de venir jusqu’à lui et la lumière de la porte entrouverte me permet de voir très bien la jeune femme qui se trouve coucher au sol.

« Ashley?! » Je ne sais pas si je suis plus surprise qu’en colère de la voir ici, mais tout ce que je sais c’est qu’elle ne bouge tout simplement pas et j’entends des bruits qui ressemblent à des pleurs? Je fronce les sourcils et demande à Valentino de la relâcher au moment où je l’attrape avec main au niveau de son poignet. Je l’aide à se relever, mais ma poigne est ferme.

« Sérieusement?! Tu sais dans quelle merde que tu es?
- Je…je sais, Khalie, dit-elle en reniflant.
- Je fais tous les efforts du monde pour ne pas t’en coller un! Maman et papa sont bien trop doux avec toi!
- C’est pas de leur faute…
- Qu’est-ce que tu fais ici?
- Il m’a envoyée ici pour faire brûler des preuves…
- C’est qui ce "il"?
- Personne…
- Wild? C’est pour lui que tu travailles? »

Ashley ouvre grand les yeux à ce moment comme si elle venait de voir un fantôme passer derrière moi et ses yeux semblent s’emplir de larmes à nouveau. Elle fait signe que oui et se met à trembler comme une feuille.  Je pousse un long soupir et j’ai presque envie de la serrer dans mes bras, mais je ne peux pas. À la place, je l’amène jusqu’à une caisse afin de l’y asseoir.

« Dis-nous tout, Ashley. Cela allègera peut-être ta sanction… Le temps nous est compté pour tous. »

Car oui, peut importe son histoire, elle était sur le point de faire brûler des preuves, donc du matériel de contrebande, voir tout l’entrepôt si personne n’arrêtait le feu à temps. Puis si Wild ne voit pas le nuage de fumée d’ici un certain temps, il s’en prendra certainement à elle. Ashley commence donc à parler, expliquant pourquoi elle s’était retrouvée dans ce genre de situation. Elle était amoureuse d’un jeune marine qui s’était retrouvé embarqué dans les histoires de Wild contre son gré, mais une fois entré il ne pouvait plus en ressortir. Au début, ils se voyaient en cachette pour protéger Ashley, mais quand ils ont découvert leur lien, Wild voulait profiter du titre de la demoiselle et la menaçait de bien des choses. Elle avait même volé de l’argent à leur famille pour aider son copain et la seule fois qu’elle n’avait pas obéis, elle s’était retrouvée aux mains de Kovatch. Elle n’expliqua rien en détail, mais la voir serrer ses bras et se tenir ainsi me fit comprendre pourquoi il m’avait dit ce genre de commentaire lors de notre combat. Ashley n’avait jamais été consentante de quoi que ce soit et la peur la retenait de faire quoi que ce soit. Depuis combien de temps est-ce qu’elle était prise dans ce genre de cercle infernal?

« Tu peux nous dire où on peut le trouver?
- Il..il y a une vieille maison plus loin sur les côtes tout prêt de la plage. Normalement, elle sert de chalet pour ceux qui veulent profiter de la mer, mais elle lui appartient et c’est là-bas qu’il se trouve. C’est à trente minutes d’ici à dos de monture. Une heure à pied. »

Je me tourne alors vers Valentino. Je sais que ce n'est pas le moment de me mettre en colère. Je dois garder la tête froide. Ma soeur est dans la merde jusqu'au cou ce qui fait de moi une personne bien trop impliqué personnellement dans cette affaire. Sauf qu'heureusement, l'enfoirée qui a osé la touché est au trou pour le moment. Il me connait mal et je vais trouver le moyen de lui faire vivre un enfer! Ça lui apprendra à s'en prendre à ma famille! Je soupire fortement, j'ai envie de frapper dans quelque chose en même temps que de hurler de rage, mais je ne dois pas me laisser aller. Valentino compte sur moi et je compte aussi sur lui.

«  On fait quoi d’elle? »

Qu’allions-nous faire d’Ashley? Nous ne pouvions pas la laisser ici sous risque qu’elle disparaisse et on ne pouvait pas l’amener avec nous. Donc même si je lui posais la question, je savais plus ou moins ce qu’il allait me dire. Et comme de fait, je suis laissée sur la touche pour m’occuper des preuves et de la ramener au bastion alors qu’il s’arrête devant moi plongeant son œil unique dans mon regard. Est-ce qu’il a lu en moi comme dans un livre ouvert pour m’interdire de toucher Kovatch? À moins qu’il se soit imaginé ce qu’il aurait pu ressentir en étant à ma place. Ashley et moi n’avons pas de grand frère sur qui compter et comme notre passif commun n’est pas l’un des meilleurs qu’Aryon ait connu, elle reste ma petite peste de sœur. On est une famille et il faut s’entraider.

« Très bien, Lieutenant. On vous rattrapera rapidement. »

Avant qu’il ne quitte, je me saisis impulsivement de son bras et le regarde à mon tour droit dans les yeux. « Ne fait pas de conneries, Val. » et je le lâche le perdant ainsi rapidement de vu. Je secoue la tête et prends en main mon cadre magique avant d’allumer les cristaux de lumière. Je prends en image le matériel de contrebande, les objets ainsi que les substances certainement illicites dont alcool et certainement quelques drogues. Ma sœur reste à mes côtés observant ce que je fais.

« Dis, tu l’aimes bien n’est-ce pas?
- Hmm?
- Le lieutenant.
- De quoi tu parles.
- Je le vois dans tes yeux. Tu le regardes comme Ramah te regardait.
- N’importe quoi arrête de dire des conneries. Bon aller, j’ai tout ce que j’avais besoin. On y va. »

On récupère mon cheval et montons toutes les deux dessus. Je dois dire qu’une fois au bastion, tout ce déroule rapidement. Je guide Ashley jusqu’aux cellules. Malheureusement, elle devra y rester et elle n’a pas le choix de partager celle de Ludwig. Par la suite, je demande quelques renforts pour m’accompagner jusqu’à l’adresse que nous avait donné ma petite sœur. Cinq hommes sont donc dépêchés à ma suite et comme il s’agit d’une urgence, on se remet rapidement en route.

Une fois à la demeure, je cherche Val du regard, mais je ne vois que son canasson… Un grognement s’échappe de ma gorge lorsque je réalise que ce dernier ne nous a pas attendus et je mentionne alors à trois des cinq hommes de vérifier les issus possibles pour que  personne ne s’échappe puis fais signe aux deux autres de me suivre. Nous nous équipons tous les trois de nos armes de prédilection et lorsque nous nous approchons de la porte, il semble y avoir quelques bruits de combat, mais j’ai l’impression d’entendre la voix du lieutenant sans comprendre ce qu’il dit.  On ouvre alors la porte dans la volée et le gros de l’action semble déjà avoir lieu. Au loin, il y a un Valentino en très mauvais état qui lâche aussitôt le col de son adversaire afin de le laisser choir au sol. Je scrute les lieux et aperçois un total de quatre corps au sol.

« Vérifier leurs signes vitaux! » ordonnai-je alors que pour ma part je me dirige en courant vers Valentino.

Mon premier réflexe est de vérifier les signes de vie de ce supposé Wild et heureusement, il respire toujours, mais est simplement en très mauvais état et entre les deux, je ne sais pas dire si ce n’est pas Valentino qui a le plus mangé. Je lève alors un regard charger de colère en sa direction.

« Mais t’es con! Il aurait pu te tuer et vu ton état j’imagine qu’il ne lui en manquait que très peu pour y arriver! Franchement Valentino, t’es peut-être lieutenant, mais tu restes qu’un homme. Je ne sais pas ce que t’as essayé de faire là, mais t’es plus utile vivant que mort. Bordel… »

J’ai envie de le frapper de lui faire comprendre que le voir dans cet état n’a rien d’amusant, mais je ne fais rien. J’ai envie de me jeter sur lui et de le serrer contre moi, mais je ne bouge pas. Ce n’est pas le moment. Je me relève alors que les deux hommes me signalent que les autres sont vivants, mais seulement dans l’incapacité d’agir. On menotte les hommes présents et on fait le tour de la demeure afin de s’assurer que personne n’est caché. Bien sûr, on trouve une trappe menant vers un sous-sol et nous y trouvons à nouveau de la contrebande. Je prends le tout en photo, ajoutant ainsi des preuves à ma collection, puis on ramène toute la belle bande au bastion du grand-port.

Alors qu’on les place tous en cellule, j’amène de force Valentino jusqu’à l’infirmerie où il reçoit des traitements. Malheureusement, ce dernier est maintenant en plus mauvais état que moi et se retrouve recouvert de bandage un peu partout. C’est le moment d’écrire le rapport de notre enquête et comme le malheureux ne pourra pas écrire pendant un petit moment, je suis celle qui doit l’aider. Cette arnaque! Je suis qu’une simple soldate moi! C’est à lui normalement de faire ça!

« T’es chanceux que je sois là! Tu vas me redevoir cela! Bon aller, dis-moi ce que je dois écrire qu’on en finisse une bonne fois pour toutes! »

Malheureusement, la décision ne nous revient pas en ce qui concerne les huit personnes que nous avons arrêtées. On ne laisse aucun détail nous échapper et je remets même mon cadre photo avec le rapport afin d’agrémenter nos écrits de preuves visuelles, mais avec ça, je suis sûre que Wild ne sera pas libérer et que Kovatch non plus, du moins je l’espère fortement. Pour ce qui est de ma sœur, je devrai aviser les membres de ma famille, mais c’est ce qui arrive quand on ne dénonce pas. L’amour peut parfois rendre con et aveugle et c’est ce qui lui est arrivé. Enfin, son copain pourra aussi témoigner contre ces derniers, alors ça fera des voix de plus.  M’enfin, on a arrêté qu’une bande et la tête dirigeante anciennement marine d’un groupuscule responsable d’un marché noir. Combien y en a-t-il toujours en liberté? Cela sera pour une nouvelle chasse, une nouvelle enquête.