Et alors que Sileas se préparait a accepter la mort dans l'âme une mission de ce genre, son regard est attiré par une demande, et surtout la prime qui y est liée. La somme est plus que correcte, signe que ce n'est pas une simple escorte. Redressant le regard sur l'encadré, l'homme voit son regard s'éveiller de curiosité bien rapidement. Des villages attaqués par une créature, une demande faite auprès de la guilde pour enquêter sur cette dernière et l'éliminer ? Voila quelque chose qui parle déjà bien plus au spécialiste de la lance. Attrapant le papier entre ses doigts, il vient l'arracher sans hésitation pour se rendre au comptoir. Et un rapide échange lui apprends que la Guilde souhaite qu'au moins deux aventuriers se chargent de cette demande, au vu de la menace potentielle. Hochant du chef, Sileas vient rendre le papier à l'hôtesse, se dirigeant vers la sortie dans l'objectif de tuer le temps jusqu’à l'arrivée de ce partenaire potentiel.
Une première journée passe, permettant à l'homme de faire quelques achats et profiter des commodités de la capitale. Ainsi que se renseigner un peu plus auprès de la Guilde sur cette affaire. Les informations sont assez rares, et les quelques témoignages recueillis quand les responsables sont venus déposer cette demande plus que parcellaires, pour ne pas dire sans queue ni tête. Une créature qui, a la tombée de la nuit, apparaît soudainement, semant mort et destruction avant de repartir alors que tout le monde est sous le choc. Il y'a des victimes, des corps emportés ailleurs... Cela voudrait dire que la bête soit s'en nourrit, soit joue avec. Et ce n'est pas une bonne nouvelle, car peu nombreuses sont les créatures qui chassent naturellement l'homme, surtout sur son propre territoire. Cela voudrait indiquer que soit l'animal fait partie de cette catégorie, soit a été assez dérangé dans ses propres habitudes pour en venir à de telles extrémités. Que d'options qui présagent d'une mission assez complexe.
Mais ce n'est pas ce genre de détails qui va troubler le combattant, du moins au point de l'empêcher de rester sur son avis et remplir son devoir auprès des aventuriers. Une fois ses achats, ses questions et son équipement préparés, il ne lui reste plus qu'a attendre la perle rare avec laquelle il risque de devoir combattre. Espérant que cette dernière sache se débrouiller, il se décide à aller profiter d'une soirée et d'un verre bien mérité dans une taverne non loin de la Guilde, réputée pour être un nid d'aventuriers. L'hôtesse en charge de cette mission étant au courant du lieu où l'homme réside et traine, elle n'aura absolument aucun mal à guider l'âme chanceuse -ou non- qui décidera de prendre le second papier et se lancer sur les traces de cet animal en compagnie de Sileas, qui savoure un repas bien mérité, peut être l'un des derniers vraiment chauds avant son départ. Car, si il sait que cette quête commence dans l'un des petits village qui parsème la bordure de cet immense réseau vivant traversant les plaines, difficile de dire jusqu'où cela va les mener...
Avec un soupir, j’inspecte les diverses requêtes disponibles. Beaucoup de petites quêtes ne rapportant pas beaucoup. Je sais qu’elles sont aussi essentielles que les autres, mais pour une fois, je dois être regardante sur la prime. Il y a bien des missions bien plus dangereuses avec une grosse prime, mais je tiens à rentrer en vie. Il me faut un entre deux. Une mission avec des risques limités et une bonne prime. Une perle rare. Aucune quête n’attire mon regard et je finis par me diriger vers une des hôtesses de Guilde pour lui expliquer ce que je cherche.
« Une quête avec une bonne prime sans trop de risques ?
- Juste quelque chose qui m’est accessible. Je sais me défendre, mais je ne tiens pas à risquer ma vie non plus...
- J’ai une demande qui attend d’avoir au moins deux aventuriers pour enquêter sur une créature qui s’attaque à des petits hameaux isolés. Au début ce n’était que de l’attaque de bétail, mais il y eu des blessés et même des morts dernièrement. Un aventurier s’est proposé hier et attend qu’on lui trouve un second partenaire. »
L’hôtesse me tend un papier avec la demande ainsi que le moyen de trouver l’aventurier en question. Je me mets sur le côté pour lire ceci, laissant un autre aventurier prendre ma place pour se renseigner auprès du personnel de la Guilde. La mission n’est pas sans risque, la créature pas identifiée, car suffisamment intelligente pour se dissimuler dans l’obscurité. Je n’aime pas trop cette idée, mais la prime est intéressante. Même partagée en deux, elle est alléchante. Je peux sûrement au moins rencontrer cet aventurier et voir si la demande en vaut vraiment le détour...
Je pense avoir trouvé la bonne auberge. Un lieu plutôt respectable sans être trop cher. Je ne vais pas faire de commentaire sur la tenue d’une des femmes qui sort de l’établissement, mais je pense avoir une petite idée de pourquoi l’aventurier a choisi ce lieu plutôt qu’un autre. Enfin, j’espère qu’il s’agit d’un homme qui garde son attention ailleurs qu’entre ses jambes. Je soupire en poussant la porte de l’établissement. La chaleur m’accueille rapidement et vient piquer ma peau refroidie par la météo hivernale. Je renifle un peu en m’avançant vers le comptoir où un tavernier s’occupe de servir un café à un soulard qui essaye de se remettre de sa cuite de la veille.
« Je cherche un aventurier qui séjourne ici. On m’a dit de le demander ici pour le retrouver. »
L’homme me regarde de bas en haut, jaugeant certainement de ma tenue. Comme à mon habitude, j’ai enfilé une robe de combat, mais j’ai eu la décence de mettre un short chaud dessous et des bottes hautes pour marcher dans la neige, une cape chaude couvrant le haut et la partie la plus révélatrice de ma tenue. Partie normalement cachée par mon armure. À me voir actuellement, on ne dirait pas vraiment que je suis une aventurière, seuls mon sac sans fond et l’épée à ma ceinture trahissant cela. D’une geste du menton, le tavernier m’invite à regarder dans la direction du fond de la salle.
Je fais un pas dans la direction de ce qui semble être la salle à manger. Il est encore tôt, à peine le milieu de matinée, mais un grand blond fais travailler le cuisiner à lui seul. À part un homme ronflant dans un coin, lui seul occupe l’endroit, la table devant lui couverte de plats qui paraissent lui servir de brunch. Je souffle un petit rire, cette image me rappelant Java et Sio. Finalement, je retire ce que je pensais plus tôt. Peut-être que je vais pouvoir m’entendre avec ce gouffre sans fond. Je m’avance vers la table en question et m’arrête au niveau du blond. Je me rends alors compte qu’un cache œil couvre son côté droit et pendant un instant, je pense à mon demi-frère. Je chasse cette image et tend alors la demande posée à la guilde pour attirer son attention.
« C’est bien vous l’aventurier qui souhaite participer à cette quête ? Je suis Sia, et j’aimerais aussi participer. »
Mais en cet instant, ce qui est sans fond, ce n'est pas le sac de l'homme. Oh non, c'est plutôt son appétit. Les plats commencent à s'accumuler sur la table tandis que les bajoues de Sileas tentent de retenir les quantités indécentes de nourriture en train d'être broyé entre ses molaires puis ingérées. La disette arrive, et le combattant préfère l'affronter en faisant des réserves qui bruleront bien assez vite. Totalement à son buffet matinal qui fait le bonheur du tavernier et la déprime du cuisinier qui espérait une matinée calme. Le cadavre d'un poulet s'étant vaillamment défendu avant de finalement tomber sous les coups de fourchette du borgne est présent , tout comme diverses assiettes qui pourraient chacune passer pour en soi un repas suffisant pour commencer la journée. Puis une interruption fait jour au milieu de son petit déjeuner tout ce qu'il y'a de plus normal. Un papier est agité non loin de son visage, et pendant un instant ses narines interprètent cela comme une nouvelle source de nourriture, avant de comprendre que non, ce n'est pas quelque chose de comestible au plus grand mécontentement de l'homme qui pousse un léger grognement avant de redresser la tête pour essayer de comprendre la raison de cette interruption soudaine dans cette activité vitale.
Sileas finit par comprendre qu'il s'agit d'un papier de la guilde, avant de redresser l’œil vers la charmante demoiselle qui vient ainsi de s'annoncer, elle et son souhait de participer à la quête qu'il avait décroché auparavant. S'apaisant enfin, il vient lui faire signe de s'installer tout en récupérant une serviette pour s'essuyer les lèvres, insistant bien sur les coins. Profitant de ces quelques secondes de répit avant de parler, il la jauge de haut en bas, intégralement. Sa tenue ne fait pas réellement aventurière, ni même combattante. Et si les formes que l'homme aperçoit sous les différentes couches de tissu sont plutôt agréables à imaginer, il ne louche même pas sur ces dernières, préférant se concentrer sur les détails plus importants pour la tâche qui les attend. En effet, il se dégage d'elle cette aura si particulière qu'il est impossible de rater ni même de décrire. Une façon de bouger, de se mouvoir, qui prouve clairement que malgré ses vêtements, elle sait de quoi elle parle et dans quoi elle s'engage. Ne voulant la dévisager sans parler, il finit par poser la serviette, puis une main sur cette dernière, abandonnant son repas tout en offrant un sourire à la forgeronne.
-"Bonjour à vous et excusez moi. Je tend à être un peu grognon quand on vient m'interrompre durant mon repas, mais vous avez bien fait de le faire. Enchanté Sia, je suis Sileas, et effectivement je suis celui qui a déjà pris la quête. J'attendais justement de pouvoir partir, c'est donc un plaisir de vous voir."
Et même si il aimerait justement s'en aller dans l'instant et commencer son travail, certaines formalités sont nécessaires. Son sac et sa lance ne sont pas loin, et il a juste besoin d'aller les chercher pour commencer le voyage, mais un minimum de conversation peut s'avérer utile.
-"Juste à votre posture, ça se voit que vous savez vous battre et que vous avez un minimum d'expérience. Je suis prêt à partir quand vous en avez envie, mais avant j'aurais bien quelques questions, et vous aussi je pense. Mais que pensez-vous sincèrement de cette demande ? Une créature qui attaque ainsi des villages, c'est un phénomène assez rare et qui est rarement bon signe."
Puis bien vite, le vouvoiement commence déjà à lui porter sur les nerfs. Ils vont potentiellement travailler ensembles, et mettre les formes à chaque coin fait prendre un temps phénoménal, en plus de ne strictement rien apporter. Indiquant les plats encore vierge de tout assaut de fourchette sur la table, l'aventurier reprend d'un ton un peu moins formel et plus amical.
-"Je vais me permettre de te tutoyer, ça sera plus simple. Sers toi donc si tu as faim, un bon repas avant de partir ne fait jamais de mal. Quels sont tes domaines d'expertise et tes armes de prédilection ? J'aime bien savoir avec quel genre de personne je vais me battre, surtout dans l'inconnu."
Définitivement, le tutoiement est plus aisé. Surtout que sans hésiter, Sileas entre dans le cœur du sujet avec des questions qui éveillent sa curiosité, alors que son regard se pose de nouveau sur l'attirail de Sia en se disant qu'ils ont clairement de quoi former un duo, assez improbable pour fonctionner mais avec un peu de chance assez efficace pour finir cette mission sans trop de casse... Selon ce qui les attends à la fin du chemin.
Il continue en disant que ma posture dégage quelque chose. Je suis légèrement surprise. Je sais que j’ai commencé à apprendre me battre depuis un moment et que j’ai maintenant deux saisons complètes d’actif en tant qu’aventurière, mais je ne pensais pas avoir tant évolué de ce côté. Peut-être que ma vie dans les montagnes et les entrainements que j’y suis m’ont forgé plus que je ne le pense. Il continue avec des questions. J’arque un sourcil tout en suivant son invitation à m’installer, l’écoutant parler. Il m’invite aussi à me servir dans la nourriture et à abandonner le vouvoiement.
Je souris en m’asseyant, retirant ma cape et mes vêtements chauds. J’enlève aussi mes gants, révélant le tatouage sur le dos de l’une d’elle, les traits tous bien visibles indiquant que j’ai chargé mon énergie au maximum avant de me rendre à la guilde. Je viens me servir, piochant dans des plats plus légers en vue du voyage nous attendant, commençant par répondre à sa dernière question.
« Je combats au corps à corps. Plutôt à l’épée ou doubles épées. »
D’un geste de la main j’indique l’épée que j’ai accroché à ma chaise.
« J’ai plusieurs armes dans mon sac. J’ai toujours un arc et des flèches même si je ne suis pas très douée. Lancer de couteaux et dagues, je me débrouille plus. Mon truc, c'est vraiment d’être au plus près du feu de l’action. »
Je me prépare une sorte de gros sandwich qui se met rapidement à ressembler à une étrange tour de nourriture peu stable qu’à réellement un en-cas. L’aventurier m’a invité à manger, et je ne vais pas me gêner même si j’ai mangé avant de partir. Je ne sais pas encore combien de temps on va partir, alors autant profiter d’un bon repas au chaud.
« J’ai aussi une capacité de guérison. Je peux te soigner, même si je te conseille plutôt d’utiliser une potion de soin. C’est douloureux. »
Je n’en dis pas plus. J’évite maintenant de parler de mon auto-régénération. Même si ma fleur attire les regards, j’ai appris que révéler tous ses aspects pouvait être dangereux pour moi et ceux qui m’accompagnent ou qui me sont proches. Je viens prendre une bouchée de mon en-cas et le temps de mâcher avant de continuer de parler, essuyant juste un peu de sauce au coin de mes lèvres.
« Et une créature s’attaquant à un village, c’est rare, mais pas impossible. Surtout en cette saison. J’ai déjà pu voir un vaaki argenté qui se mettait à attaquer une route commerciale. On n’a pas eu le choix que d’éliminer la bête. Et pourtant la nourriture ne manquait pas à ce moment-là, il cherchait vraiment à s’attaquer à des humains et convois de marchandises. Là on est en pleine saison froide. Beaucoup de créatures ont du mal de trouver leur pitance. Un prédateur qui s’est mis à goûter au bétail, mais qui trouve que les humains ont meilleur goût ? Qui sait ? La nature m’étonnera toujours. »
Peut-être que vivre au milieu de la montagne m’a habitué à perdre mon côté plus citadin. J’ai appris à observer la faune et la flore, et parfois certains comportements ne peuvent s’expliquer avec la simple logique humaine. Il y a des paramètres que l’on ne contrôle pas ou que l’on ignore et qui entrainent des réactions qui nous paraissent étranges, mais elles ont toute leur logique. Je prends une nouvelle bouchée avant de regarder l’aventurier et de le toiser. C’est à mon tour de le jauger.
« Et toi alors ? Que peux-tu me dire sur toi et ce que tu penses de cette mission ? »
Je regarde Sileas avant de prendre une nouvelle bouchée. Ce qui est sûr, c’est qu’il a un bon appétit, mais qu’il est assez généreux pour partager avec moi. Déjà un bon point. Il semble aussi bien plus puissant et expérimenté que moi. Je pense que son œil invalide vient aussi d’une de ses rencontres, un signe qu’il en a vu bien plus que moi. Instinctivement mon regard se porte sur ses mains et mon expérience de forgeronne se met à me parler. Il n’a pas les mains d’un archer, mais plutôt d’une personne manipulant des armes de corps à corps. La corne sur ses mains en dit long. Si je pouvais en voir les paumes, je pense que je pourrais deviner plus facilement. Mon regard remonte ses bras jusqu’à ses épaules, détaillant sa musculature sous ses vêtements. Il a clairement le gabarit de quelqu'un qui se bat depuis longtemps, et surtout qui s’entraine et s’entretient au quotidien pour cela.
Et bien rapidement, ce qu'il entend étire le coin de ses traits en la naissance d'un sourire. Il aime ce que Sia lui dit, c'est en bonne partie ce qu'il avait besoin d'entendre, ou du moins ce qu'il espérait. Une combattante au corps à corps, mais a une distance bien plus courte que la sienne. Une combinaison parfaite pour son propre style de combat. Et tandis qu'il observe la lame accrochée à la chaise, laissant l'aventurière se préparer son casse croute, il commence enfin à s'exprimer réellement, passant outre les quelques banalités et politesses servies jusqu’à cet instant.
-"C'est parfait, quelqu'un au combat très rapproché. J'ai justement besoin d'un peu d'allonge pour être totalement à l'aise, on risque donc de bien s'harmoniser, avec un peu d'entrainement, d'expérience et d'échanges."
L'évocation de la capacité de soin fait briller sa pupille. C'est une capacité précieuse et rare que voici, et il va donc falloir préserver la demoiselle, qui saura surement bien plus facilement s'occuper de lui que l'inverse. Prenant de nombreuses notes mentales sur tout ce qu'il relève en chaque mot de Sia, chacun de ses gestes, jusqu'à sa façon même de se mouvoir et de manger, il continue de l'écouter en maintenant son avis en suspens, préférant continuer son repas. Il hésite à commander un nouveau plat, avant de se dire qu'il a surement déjà assez sur la table. Même si l'aventurière tape sur ses réserves, cela deviendrait -presque- de la gourmandise mal placée. Un léger grognement ponctue la fin de la pensée de sa nouvelle partenaire de mission, signe d'assentiment relativement visible, si compris. Il partage son avis, et elle est maintenant avide de réponses. Terminant sa bouchée, l'aventurier laisse son regard se poser quelques secondes sur le manteau blanc recouvrant les toits à l'extérieur de l'auberge, avant de se river sur celui de Sia.
-"Alors, me concernant, je préfère largement me battre avec des armes d'hast. Lances, hallebardes, glaives... La liste est longue, mais c'est probablement cette dernière que je risque de prendre, si nous ne savons pas réellement ce à quoi nous avons affaire. Tout ce qui me donne assez d'allonge pour rester hors de portée de la majorité de mes ennemis. Je garde un bien meilleur contrôle du rythme du combat ainsi. C'est pour cela que ton utilisation des épées est précieuse, tu peux me permettre de garder cette distance dont j'ai besoin pour pleinement me battre."
Tandis qu'il parle, il se sent jaugé et observé comme il a pu le faire quelques instants auparavant. Il ne se formalise même pas de cela, trouvant normal de subir un certain examen visuel avant de partir en mission. Ils risquent de chacun avoir la vie de l'autre entre leurs doigts sous peu, se connaître au mieux est un minimum à vouloir atteindre. Il continue donc sans sourciller.
-"Pour mon don, il est principalement défensif. Si jamais les choses se corsent trop, je te conseille de te rapprocher de moi et me laisser attirer l'attention de la créature pour profiter d'une ouverture que je pourrais créer. C'est pour ça que j'espère ne pas avoir besoin de te demander d'user du tiens pour le soigner, ce serait de mauvais augure."
Sileas rit ensuite tout seul, d'un rire à la fois chaleureux et pourtant étrangement froid, remontant une main pour pointer son cache-œil d'un doigt, le sourire qui étire ses lèvres s'élargissant légèrement.
-"Même si depuis ça, j'ai appris à relativiser la douleur, je préfère éviter d'en subir gratuitement si je peux éviter. Mais plus sérieusement, je partage ton avis sur la créature, ce qui nous demandera d'être particulièrement prudents. Comme tu l'as dis, soit on va croiser un animal affamé, soit un qui a pris gout à chasser l'humain pour une raison ou l'autre, voir même les deux en même temps. Dans le premier cas, une bête au bord du gouffre est toujours plus dangereuse et ne se retiendra absolument pas si elle se sent en danger pour tenter de survivre. Dans la seconde possibilité, on risque de faire face à une bête particulièrement vicieuse, qui, si elle prends plaisir à tuer, aura surement trouvé de nouvelles méthodes de le faire bien plus cruellement qu'auparavant."
Un petit silence se fait durant quelques secondes, le combattant tapotant du bout des doigts sur le bois de la table pour réfléchir, le bruit de ses ongles sur le meuble produisant un son régulier avant qu'il ne finisse par soupirer en grognant la suite.
-"Et qu'importe, cette créature n'aura plus peur de l'homme. Il sera donc impossible de la surprendre ou de jouer sur une quelconque crainte de ce coté. Elle a déjà tué des humains, elle sait comment ils se défendent. On aura donc un ennemi bien plus informé sur nous que l'inverse. Autant dire qu'on risque d'aller sur son terrain, dans ses conditions. Il nous faudra redoubler de prudence et surtout d'ingéniosité pour s'en sortir. Voir même essayer de prédire où elle pourrait attaquer pour au moins regagner l'avantage du terrain."
Attrapant la carafe d'eau, Sileas s'en resserre un verre qu'il porte à ses lèvres pour le boire, glissant ensuite le récipient entier à Sia. Après tout, elle voudra surement boire à son tour, et sans autre verre à portée de main, il faut improviser comme ils peuvent. Terminant rapidement le plat face à lui, le combattant lie ses mains, coudes sur la table, rivant son œil unique sur la jeune femme en la jaugeant, sans aucune animosité.
-"Qu'en pensez-vous de tout cela ? Pour ma part je serais d'avis par commencer à aller questionner les villages les plus récemment attaqués, mais vous pourriez avoir un autre plan d'action en tête. Et nous pouvons partir dès la fin du repas, si vous le souhaitez."
Définitivement, ces prochains jours ne vont pas manquer d'action. Mais l'homme a l'impression qu'il est en bonne compagnie, ce qui rend tout de suite la chose plus aisée à supporter malgré toutes ces inconnues qui planent au dessus de leur tête telles des épées de Damoclès prêtes à venir les empaler au moindre faux pas.
Il me pointe ensuite son œil borgne, et cela me coupe un instant dans mon festin. Je n’ose pas imaginer ce que cela fait de perdre son œil, moi je suis née ainsi et n’est jamais eu à subir une quelconque douleur liée à cela. J’ai déjà eu des blessures graves, mais j’ai toujours relativisé la douleur avec le fait que je peux me guérir plus rapidement et souffrir ainsi moins longtemps. Il continue en parlant de ce qu’il pense de la créature et nous semblons partager le même avis là-dessus. Je ne peux m’empêcher de réfléchir au fait que la créature attaque spécifiquement à un moment précis de la journée. Une simple bête affamée pourrait attaquer à toute heure de la nuit, mais sur la demande, on parle d’attaques régulièrement peu après la tombée complète de la nuit. Et en cette saison, elle est relativement tôt.
J’engouffre une nouvelle part de ma tour de nourriture que j’ai pu bien entamer avec cette discussion, laissant l’aventurier terminer sa phrase. C’est que j’avais encore pas mal de place dans l’estomac, et j’ai déjà presque fini mon assiette.
« Le mieux reste d’aller inspecter le dernier lieu d’attaque que l’on a. Il me semble qu’il est à une bonne heure de marche en sortant de la capitale. Nous pouvons faire le trajet assez rapidement ou trouver un marchand qui accepte qu’on l’accompagne pour aller plus vite. »
C’est d’ailleurs le chef de ce petit hameau qui a déposé la demande auprès de la guilde. Ils ont déjà subi plusieurs attaques, principalement sur du bétail qui reste confiné en raison de la mauvaise saison, mais la dernière fait mention de personnes blessées et d’au moins un mort. Après une enquête de la part d’un autre groupe d’aventuriers, il paraitrait que le cas n’est pas isolé et que d’autres fermes proches ont aussi été touchées. Je croque dans ce qu’il reste de mon repas, réfléchissant à tous les éléments encore inconnus de cette affaire. Même s’il y a déjà eu des investigations, rien n’a été poussé en raison du manque de victimes. Maintenant que les blessés et cadavres commencent à apparaitre, la priorité n’est plus la même.
Le point qui risque d’être plus complexe pour moi est la période de la journée où survient les attaques. Même si j’ai pu faire en sorte d’utiliser mon pouvoir quand je ne peux pas être exposée à la lumière, la quantité de magie que je peux accumuler n’est pas illimitée. Je regarde à nouveau l’aventurier tout en mâchant. Au moins je ne suis pas seule, et s’il dit avoir une compétence pour nous créer des ouvertures, peut être que notre duo risque de bien fonctionner.
« Interroger les blessés ou ceux qui ont subi des pertes, idéalement observer les lieux de l’attaque pour essayer de trouver des indices sur l’espèce en question, voire la traquer. Sinon, veiller et attendre la prochaine attaque. Peut-être même essayer de lui tendre un piège... »
J’imagine bien un plan un peu simple en utilisant du bétail mis en évidence volontairement pour attirer la créature... Ne pas connaître l’espèce pour l’instant nous limite réellement. J’ai presque fini mon repas, et il va être temps que l’on prenne la route, mais avant cela il y a un dernier point à aborder.
« Tu as un sac sans fond ? J’en ai un grand si tu veux essayer d’emmener plus d’équipements que ce que tu avais prévu. Au moins pour le trajet. Par contre, je n’ai pas de sac de conservation, alors il va falloir se limiter à des rations ou aliments qui se conservent bien. »
J’affiche un petit sourire taquin à l’aventurier, faisant référence à la quantité de nourriture qu’il a commandé. S’il a un appétit pareil au quotidien, il risque de trouver le temps long pour cette mission. Nous partons sûrement pour plusieurs jours de traque ou à attendre l’apparition de la créature. Et je ne pense pas que les locaux nous offriront un tel festin tous les jours. Nous risquons aussi de beaucoup camper en pleine nature, cuisiner autant en traquant une bête sanguinaire n’est pas prudent.
-"A vrai dire je pensais faire le chemin comme ça, mais il est vrai que si nous pouvons trouver un chasseur ou un marchand qui fait le voyage, ce serait tant mieux. Il pourrait peut être nous donner de premières informations préliminaires durant le trajet. Les rumeurs sont rarement fiables, mais ça nous donnerait de premières pistes de réflexion."
Le repas se termine enfin, et tandis que la forgeronne termine son assiette, le borgne commence à se préparer, vérifiant tout ce qu'il a sur lui. Bien sur, la majorité se trouve dans sa chambre, mais déjà il peut faire un tour de son harnachement. Vu que le voyage est court, il va très clairement porter son armure sur lui pour ne pas perdre de temps, et ça lui fera les pieds -comme les muscles-, en plus d'être déjà prêts si jamais l'arrivée s'annonce sportive. Car mine de rien, le temps de faire le voyage et l'enquête préliminaire, la soirée, temps favori pour l'assaut de la créature, arrivera déjà. Il est peu probable qu'elle frappe le soir même, du moins le combattant le théorise, mais peu probable ne veut pas dire impossible. Et il faut toujours se préparer au pire, car il tend à se produire quand on ne s'y attend pas. Ses doigts tirent et vérifient les lanières de sa tenue de cuir, les resserrent. Et alors que ses phalanges dansent sur le matériau, l'esprit de Sileas lui continue sa trajectoire et ses réflexions, plongeant totalement dans l'objectif à venir. Aux mots de la forgeronne, il grogne deux fois. Une première en signe de réflexion, et la seconde, approbatrice. Finalement, ses mots viennent compléter cette onomatopée gutturale.
-"Je suis totalement d'accord avec toi. Faire un premier tour des attaques, questionner ceux qui ont "vus" les attaques de première main. Avec l'obscurité et la peur, je ne m'attend pas à grand chose, mais peut être que quelques détails pourront nous aiguiller plus précisément. Après tout on sait que c'est surement une créature nocturne, ça limite déjà un peu les possibilités."
Le sourire taquin de Sia est rendu par un autre, en coin, de Sileas. Il rit presque, l’œil brillant d'un éclat amusé alors qu'il s'accoude à la table en venant se pencher vers elle, plissant le regard tout en agitant le doigt proche de son nez. Puis sa voix résonne de nouveau, d'un ton amusé et taquin.
-"Alors non, je n'ai pas encore de sac sans fond. Et pour la nourriture, je sais me débrouiller, ne t'en fais pas, tu le verras vite. Et si tu proposes de la place dans ton sac, je ne peux qu'accepter. Mais attention, tu risques de le regretter... Allez, on se retrouve dans une petite demi-heure ici pour partir, le temps de finir de se préparer?"
A peine la réponse de la forgeronne donnée, l'homme saute pratiquement sur ses pieds en récupérant ses armes pour rentrer dans sa chambre. Les minutes passent rapidement, tandis qu'il enfile son armure et vérifie son paquetage. Cordes, matériel de camping, bandages, premiers soins, rations, un petit bestiaire tenu par Sileas. Quelques objets utilitaires, de quoi faire des pièges improvisés... Bref, tout le barda qu'un aventurier ne sachant pas ce qu'il va affronter peut essayer d'emporter pour garder un paquetage équilibré sans être trop lourd. Puis vient ce qui va entrer dans le sac de l'aventurière avec qui il partage cette mission. Un second set d'armes blanches, et surtout une hallebarde et quelques lances de jet au besoin. Et enfin, chose importante, plusieurs paquets enroulés de linges laissant échapper un fumet des plus agréables. Il comptait en embarquer un seul avec lui, à la base. Mais si Sia se propose si gentiment, comment refuser ?
C'est donc avec l'équivalent de deux paquetages bien remplis et son armure entièrement équipée qu'il sort de sa chambre et vient rendre les clés à l'aubergiste. Celui qu'il porte sur son dos, et celui sur ses mains. Rejoignant la forgeronne qui l'attends déjà, il vient lui sourire tout en déposant ses paquets sur la table, l'air particulièrement jovial. Peut être le fumet qui s'échappe des linges qui le met de bonne humeur, tandis qu'il fait la liste. A chaque fois qu'il cite un produit, il presse le doigt sur l'objet ou le paquet en question.
-"Donc ! Dans mon paquetage personnel, j'ai tout le nécéssaire pour accomplir la mission. Mais au vu de ta proposition, j'ai décidé d'embarquer un peu plus de matériel. D'autres armes d'hast si jamais je viens à casser la mienne ou me rendre compte que je me suis trompé sur le besoin. Une seconde épée et un autre poignard pour la même raison. Et ces linges la, ce sont des paquets de... Saucissons. Cela fait d'excellentes rations. C'est bon, ça se conserve bien, ça ne demande pas de cuisine. L'ami parfait de l'aventurier lors de ses longs périples. Et le dernier, ce sont des fruits secs. L'équivalent du saucisson en sucré. Je suis donc prêt au départ dès que tu le souhaites."
Oui, Sileas passe de détailler des armes d'hast simples mais de bonne qualité, que Sia saura surement apprécier dans leur simplicité efficace, à des paquets de nourriture censé servir d'encas en pleine expédition. Et une fois le tout chargé dans le sac de la demoiselle, il n'hésitera pas à se diriger vers la sortie de l'auberge pour entamer le début de leur aventure.
Il rebondit aussi sur mes propositions qu’il parait apprécier. Est-ce qu’il me teste ? Une démarche pour me juger en tant qu’aventurière ? Je souris pour toute réponse, me concentrant sur la nourriture jusqu’à ce qu’il lève après avoir fini. Je souffle un petit rire quand il dit que je vais regretter ma proposition. Un sac sans fond a un espace tellement grand qu’il est presque infini. Même si le mien est déjà bien rempli, je peux encore y ajouter pas mal de choses. Je hoche donc de la tête à sa proposition avant de retourner manger. J’ai déjà préparé la plupart de mes affaires avant de partir, autant en profiter avant d’enfiler mon armure.
Le blond part et je m’occupe de finir les quelques plats encore sur la table. À mon grand regret, je dois cependant délaisser la nourriture la plus lourde qui risque de trop me tenir sur le ventre et éviter de trop me remplir. C’est qu’on risque de marcher un moment et il va falloir être réactive une fois sur place, je ne peux pas être somnolente à cause de la digestion. Je me goinfre autant que possible pour réduire le gâchis et demande même au chef de m’emballer le reste d’une sorte de purée pour le soir et je récupère plusieurs fruits qui pourront se garder. Mon compagnon s’occupe de payer pour son festin, autant en profiter pour récupérer un maximum. Je laisse tout de même quelques cristaux de pourboire pour m’avoir laissé une boite bien emballée dans un torchon pour le repas. Il faut que je pense à me trouver des boites et sacs magiques dans lesquels conserver la nourriture. Sûrement mon prochain investissement.
Le repas terminé, j’enfile mon armure et mes différents équipements d’aventurière, prenant la peine de bien glisser ma plaque d’aventurière et mon talisman d’indépendance ensemble à mon cou. Je fais aussi le tour de mes bijoux magiques : sceau magique, anneau de pensée, bracelet de transfert, polymorphe ayant la forme d’un bracelet en argent depuis plusieurs jours. J’enfile mon armure en cuir, range mes différentes armes, ma petite poche de cuir à ma ceinture et je termine avec ma cape. Mon sac sans fond à une épaule, j’attends Sileas avec une certaine impatience, tapant légèrement du pied en refaisant l’inventaire mental de tout ce que j’ai emmené. J’ai toujours cette désagréable sensation d’oublier un truc sans pouvoir mettre le doigt dessus.
L’aventurier vient interrompre mes pensées en arrivant avec ses propres affaires et des paquetages supplémentaires. J’arque un sourcil quand il me détaille le contenu. Mon œil passe sur ses armes avec une certaine curiosité que je ne peux réprimer. Je n’ai pas l’habitude des armes de hast, autant dans leur manipulation que dans leur confection, mais je sais reconnaitre du bon travail. Il faudra que je lui demande l’autorisation d’entretenir son arsenal quand nous camperons et patienterons ce soir. J’esquisse un large sourire en sentant l’odeur des paquets que l’homme désigne ensuite. De petits “en-cas” qui peuvent rapidement devenir de véritables repas. Je récupère le tout et l’ajoute avec les paquets préparés par le cuisiner.
« J’ai pu récupérer une purée facile à réchauffer pour ce soir et plusieurs fruits. On en va pas mourir de faim, j’ai aussi plusieurs rations. Par contre, si on vient à devoir s’éloigner des villages, il faudra faire le plein avant de s’aventurer plus loin. »
Une fois le tout rangé, je sors ma carte holographique sur la table. Après quelques gestes agiles, je viens montrer à l’aventurier notre position ainsi que notre objectif, mon doigt traçant le trajet que l’on a à faire en suivant des petites routes commerciales.
« Si on sort de la Capitale ici et que l’on continue en direction du Nord, nous en aurons pour une bonne heure de marche. C’est une zone assez passante, on peut sûrement trouver des marchants et autres itinérants qui connaissent le hameau où l’on se rend. Ce sont des routes plutôt sûres, donc difficile de négocier une escorte, mais si on peut au moins glaner des informations, c’est déjà ça. »
Je récupère l’objet magique en l’éteignant, le rangeant à nouveau dans sa petite poche aux côtés de mon jade et je suis complètement prêt pour partir. Je remets mon sac correctement sur mes deux épaules, ajuste ses lanières et nous pouvons partir.
Nous gagnons rapidement l’extérieur bien plus froid que l’agréable chaleur de la taverne. Nous avançons rapidement dans la gadoue qui recouvre les pavés de la ville, l’un suivant l’autre de façon plutôt silencieuse, nos positions s’inversant au fur et à mesure de notre avancée et des différentes manœuvres pour éviter les passages de transports de marchandises. Quand enfin nous quittons la ville pour arriver sur les plaines, je souffle un peu. Bien qu’ayant grandi ici, je préfère toujours le calme de la pleine nature. Nous avançons encore un peu, prenant le chemin que nous devons suivre, mon regard commence à se poser sur les différentes charrettes et autres caravanes qui circulent. Quand je repère un marchand légèrement en difficulté et qui avance dans la même direction que la nôtre, j’esquisse un petit sourire et échange un regard complice avec Sileas.
Je gagne rapidement la charrette et vient aider le pauvre homme à pousser son chargement, mon compagnon nous rejoignant et nous aidant bien plus que moi à pousser le tout. Quand enfin le véhicule semble avancer plus facilement, le marchand nous remercie longuement jusqu’à apercevoir nos insignes de la Guilde.
« Que c’est agréable de voir des aventuriers aussi serviables de nos jours. Il faut bien reconnaître cela à la Guilde, on en tombe plus souvent sur de sales vauriens sans scrupules.
- Ce n’est rien. Il semble que nous allons dans la même direction. »
L’homme réajuste son couvre chef de fourrure en nous toisant de bas en haut, un air désolé sur les traits.
« Alors vous allez vous occuper de cette sale histoire de bestiole sanguinaire ? Mes pauvres enfants... Si jeunes et courant vers de tels dangers... »
J’essaye d’afficher un sourire confiant au marchand tout en regardant Sileas. On dirait que l’idée d’interroger des marchands va pouvoir porter ses fruits.
- inventaire:
- Sur elle ou à portée de mains
- Épée à une main (à la ceinture)
- Plastron de cuir & brassards
- Plaque d'aventurière
- Talisman d'indépendance
- Polymorphe (bracelet d'argent, bras droit)
- Bracelet de transfert (ODP, bras gauche)
- Gants en cuir
- Sceau magique (bague, majeur gauche)
- Anneau de pensée (index gauche)
- Lame retour (dans une botte)
- Couteau de lancer (dans l'autre botte)
- Carte holographique (dans une poche en cuir à la ceinture)
- Jade de téléportation (dans la même poche)
- Grand sac sans fond + revêtement étanche
- Cape à capuche arrivant jusqu'aux cuisses- Dans le grand sac sans fond:
- - 2 épées à une main de rechange et de moindre facture
- 1 épée fine (type rapière)
- 1 épée longue
- 1 épée courte
- 1 dague
- 3 couteaux à lancer ajustés (faits par son père et équilibrés pour Sia)
- Plusieurs autres couteaux de différentes tailles
- Son fidèle marteau de forgeronne (fait par son père)
- Outils de forgeron
- 1 arc de chasse et un carquois avec une douzaine de flèches
- Des petits pièges simples (type collets)
- 2 potions de soin
- 1 potion d'insensibilité
- 1 corde enchantée
- Boussole
- Plusieurs vieilles cartes en papier de différentes régions du royaume
- 1 lampe magique
- 1 gourde fontaine
- Des rations pour 3 jours pour une personne (viandes séchées et autres aliments conservables)
- Cristal de comm'
- Combinaison magique
- Sub'harpon
- Son cimetière de forgeronne (un coffret avec de nombreuses lames brisées)
- Livre mémoire
- Un carnet à dessins avec de quoi écrire
- Boîte de Sero
- Son passe de téléportation
- Vêtements de rechange & linges
- Kit de couture (aiguilles, fils et petits morceaux de tissus et cuir)
- Net'noix
- Un seau
- Savon
- Matériel d'aiguisage et entretien des armes
- Matériel de camping (couvertures et autres fourures)
- 1 petite tente
- 1 pierre de feu
- Nécessaire de cuisine (casseroles, couteaux et autres ustensiles)
- Bandages et nécessaire aux premiers soins
- Nécessaire de pêche
Dans un coffret à part dans le sac sans fond (trucs fun) :
- 1 enchantement de serrure
- Carillon de la mère Noël (non synchronisé)
- Bague jamais-sans-toi (la paire)
- 3 potions de grelots
- 3 potions de flocons
- 2 âmes artificielles (non utilisées)
- 1 cristal de souvenir
- 1 cristal de massage
- Bel'incandescent (boucle d'oreille)
- Œufs de familiers non éclos
- Objets et magies pour familiers (pas de familiers en jeu pour le moment)
Ajouts :
- Une boite enroulée dans des linges contenant une purée encore tiède.
- Des fruits
- Une hallebarde [à Sileas]
- Des lances de jet [à Sileas]
- Un poignard [à Sileas]
- Une épée [à Sileas]
- Des paquets de saucissons [à Sileas]
- Des fruits secs [à Sileas]
- Pouvoir, améliorations & ODP:
- Pouvoir de base
Auto-régération améliorée quand Sia est exposée à la lumière du soleil (jusqu'à 3 fois plus en été par beau temps, en hiver ou mauvaise météo seulement 1,25)
Première amélioration
Tatouage de fleur à la base de la nuque
Peut guérir volontairement une blessure grave de son choix ou plusieurs petites en échange de sa régénération passive.
Deuxième amélioration
Tatouage de cadran sur le dos de la main droite
Permet d'accumuler de l'énergie solaire pour l'utiliser pour se soigner quand il n'y a pas de lumière (6h de régénération passive sans lumière ou une utilisation supplémentaire de la première amélio)
Bracelet de transfert [ODP]
Un bracelet métallique faisant deux fois le tour du poignet et prenant l'apparence d'un serpent à deux têtes (une tête à chaque extrémité et elles servent de fermoir).
Permet de transférer la capacité d'auto-soin à quelqu'un d'autre en le touchant (le soin est particulièrement douloureux et fatigant pour les deux)
Descriptions précises dans le JDB
-"Tu as bien fais. Je ne refuse jamais d'agrémenter un repas, même en mission. Et pour l'approvisionnement dans les villages, je ne les vois pas nous refuser quelques provisions, si nous sommes la pour les soulager de leurs craintes."
Puis la carte. Sileas s'y concentre, notant mentalement le chemin à parcourir. Il en a aussi, en papier. Nul doute que cette version est bien plus pratique et aisée à transporter, et surtout ne craint pas l'eau. Vu que Sia semble déjà tout avoir en main, l'homme se contente d'écouter sagement ce qu'elle lui indique, hochant la tête pour signifier qu'il est d'accord alors qu'ils quittent enfin l'auberge pour se diriger vers les portes de la ville.
-"Si proche de la capitale en tout cas, clairement la créature s'est habituée à la présence de l'homme. C'est à quelques kilomètres à peine, je suis presque surpris que la garde elle même ne s'en occupe pas. Mais écoute, on ne va pas se plaindre, ça fait un joli contrat pour nous, au moins."
La navigation à travers la ville est aisée, même si plus lente qu'elle ne pourrait l'être. Malgré la température fraiche, beaucoup de monde est présent et navigue à travers les rues, et bien souvent le duo est obligé d'avancer l'un derrière l'autre pour arriver à fendre la foule. Heureusement, bien rapidement, les portes, puis enfin l'extérieur de l'enceinte se dessine. Le bruit est toujours aussi présent, et a l'achalandage par des marchands bruyants, le bruit des sabots et des roues sur les pavés glacés vient répondre et reprendre ses droits. Et pourtant au milieu de cette cacophonie naturelle, un certain silence règne alors que le duo entame son aventure dans un certain silence, qui n'est pas forcément désagréable pour autant. Une certaine synergie semble se dégager des aventuriers, qui progressent sans avoir besoin de se guider toutes les dix secondes. Il faut dire que si proche de la capitale, le maillage routier est plus qu'excellent. Et pourtant, malgré toutes ses qualités, bien rapidement Sia repère un marchand en difficulté. La roue embourbée dans le bas coté, il semble peiner à s'en sortir. Et bien sur, chacun est occupé à ses affaires et préfère faire comme si la personne en difficulté n'existait pas. Notifier sa présence obligerait à lui venir en aide et perdre un temps précieux, après tout.
La forgeronne s'élance bien rapidement pour l'aider, et rapidement le borgne arrive à son tour pour pousser de sa masse. Un grognement sourd échappe de ses lèvres, alors qu'il se retrouve à pousser pour déloger la roue et peu à peu la remonter sur la route. Trois ne sont pas de trop, et après un bon effort physique, enfin le chariot est remis sur le bon chemin. Sileas sourit à sa comparse qui semblait effectivement avoir la bonne idée, avant de peu à peu le perdre en entendant parler de ce monstre sanguinaire. Remontant de quelques pas rapides jusqu'au marchand à la chevelure grisaillante, l'armuré vient lui offrir ce qui pourrait passer pour un sourire cordial, mais confiant.
-"Justement, pouvez-vous nous en dire plus sur cet animal ? Mieux nous seront renseignés, plus il sera rapide de mettre un terme à ses attaques, tout en augmentant nos chances de survie."
Le commerçant marmonne dans sa barbe quelques secondes à propos de jeunes aux espoirs fous et sans bon sens, avant de soupirer en secouant la tête, l'air d'abandonner. Après tout, il ne peut sauver le monde entier, et si jamais ils veulent essayer de régler leurs problèmes, pourquoi refuser ? Ils sont assez grands pour se jeter dans la gueule du loup. Et cette compagnie impromptue, en plus de lui avoir rendu un fier service, ponctue agréablement ce trajet qu'il répète si souvent et particulièrement monotone.
-"La Guilde aurait du prendre des aventuriers plus expérimentés pour un tel travail. Mais si c'est vous qui avez acceptés... Je ne peux hélas pas vous dire grand chose. La créature attaque souvent à la nuit tombée, voir en pleine nuit. Elle arrive, soudainement. Un instant, il n'y a rien, puis l'instant d'après vous entendez le bruit sourd de ses pattes, du moins de ce que l'on m'a rapporté."
Laissant le marchand parler, Sileas jette des coups d’œil réguliers à Sia. Rien de ce qu'il ne dit pour le moment est très intéressant, mais cela confirme clairement que la créature ne semble pas avoir peur de l'homme, et possède une certaine masse. Enfin, c'était plus que prévisible, mais une confirmation ne fait jamais de mal. Il vient ensuite poser une seconde question, ayant en tête de laisser sa partenaire ensuite le questionner à son tour.
-"Et comment les attaques se sont déroulées ? Elles ont directement commencées sur des humains, ou il y'a eut d'autres incidents avant ?"
De nouveau, le marchand marmonne et râle dans sa barbe, mais moins longuement cette fois. Soit la route qui défile tranquillement sans jamais changer des teintes de cendres immaculées typique au manteau de neige hivernal, uniquement ponctué de quelques cabanes, maisons de fermiers ou d'arbres dépourvus de toute feuille finit par l'adoucir, soit avoir déjà craqué une fois rend plus facile pour lui le fait de parler.
-"Au début, c'était des bêtes. Y'a un ou deux mois, à vrai dire. Des attaques rares, mais qui commençaient à faire s'inquiéter. Toujours de nuit, les animaux étaient éventrés et dévorés le matin. Avec l'hiver, tout le monde pensait que ça s'arrangerait, en rentrant les animaux dans les granges et les abris. Hélas, des proies animales, la créature a simplement bougé aux proies humaines. Pauvres âmes, elles n'avaient rien demandées..."
Cette fois, Sileas arque un sourcil. Devenant plus silencieux, il hausse un sourcil interrogatif pour la jeune femme l'accompagnant, avant de lui indiquer le marchant d'un léger signe de tête. Si elle souhaite lui poser des questions de son crû avant d'arriver, elle est libre de faire...
J’observe alors le dos de mon compagnon de voyage. Je profite qu’il discute pour le détailler. Même sous son armure et ses fourrures, je peux distinguer le physique qu’il a développé. Il s’entretient, et cela se voit. Même sa démarche trahit son expérience du combat. Il est particulièrement silencieux malgré sa carrure. Signe qu’il a l’habitude de chasser ou suivre des bêtes ? Je détaille aussi l’équipement visible qu’il a, et notamment ses différentes armes. Il ne semble pas beaucoup se reposer sur les objets magiques. Un choix de vie pour une quelconque raison ? Même s’il a l’air plutôt serein, il affiche un air plutôt sérieux que j’apprécie. Il ne prend pas cette mission à la légère et ne parait pas trop confiant, il est même plutôt prudent. Je crois que je vais bien l’aimer.
Sileas pose alors une question très intéressante. Le déroulement des attaques. Même si nous aurons plus de détails sur place, il est bon que l’on puisse commencer à rassembler des informations. Je fronce alors les sourcils à la réponse du marchand. La créature a cessé les attaques sur les bêtes une fois qu’elles ont été rentré dans les granges. Un comportement plutôt inhabituel que de se tourner vers l’homme au lieu de chercher à pénétrer les abris où le bétail est plus facilement atteignable une fois l’entrée trouvée. Je remonte alors au niveau du duo, me tenant à côté de mon coéquipier.
« Les humains qui ont été attaqué. Vous savez dans quelles conditions ? »
Le marchand semble légèrement surpris de ma question. Il me dévisage un moment, mon visage grave sous ma capuche l’incite à réfléchir et peser ses mots.
« Hmm... Je ne sais pas trop quoi vous dire. J’ai surtout entendu que le fils d’un artisan avec qui je commerce beaucoup a été attaqué. Il se serait relevé pendant la nuit, sûrement pour soulager sa vessie ou je ne sais quelle raison, et serait rentré blessé et couvert de sang. Le gamin s’en ai sorti de peu, il a failli y laisser un bras. Son père m’a parlé d’horribles balafres et les traces de griffes vont lui laisser des cicatrices à vie. Il risque même de perdre en partie la force de son bras une fois totalement remit... »
L’homme se plonge un peu dans ses pensées, marmonnant dans sa barbe sur le sort de ce pauvre garçon. Nous approchons alors d’une intersection entre deux chemins, l’un partant à gauche que beaucoup de marchands prennent, l’autre à droite bien plus désert, mais où la silhouette de plusieurs fermes se détachent du blanc de la neige au loin. Le vieil homme se redresse alors et commence à nous saluer, essayant d’afficher une mine encourageante.
« Je vous remercie encore de votre aide jeunes gens. C’est ici que nos chemins se séparent. Continuez sur cette route une bonne dizaine de minutes et vous arriverez à votre destination. Je vous souhaite bien du courage et surtout de rentrer en vie chez vous. »
J’affiche un petit sourire confiant, saluant le marchand et le remerciant pour le temps qu’il a bien voulu nous accorder. Sans un mot de plus, je prends la route et marche silencieusement aux côtés du blond. Ni lui ni moi ne semble désirer tout de suite briser ce silence, comme si nous attendions de ne plus être à portée d’oreilles. Quand nous paraissons à mi-chemin entre les fermes et la route que nous venons de quitter, sans oreille indiscrète aux alentours, je brise enfin le silence.
« Toi aussi tu trouves ça anormal qu’une créature préfère attaquer un gamin qui sort pour pisser plutôt qu’un troupeau de bétail rassemblé dans une grange qui n’est pas souvent gardé ? »
Je ne peux m’empêcher de me dire que quelque chose ne colle pas dans ce que nous a raconté cet homme. Peut-être des propos ont-ils été déformés ou des exagérations faites, trop de personnes ayant déjà relayé ces quelques informations. Je ne peux me détacher de cette horrible sensation que quelque chose sonne faux. Et si on avait attiré la créature dans un but précis ? Et que cela ait fini par dégénérer ? Ou alors nous allons faire face à nouveau à une forme « alpha » d’un prédateur sauvage comme j’ai pu le faire avec le vaaki argenté en compagnie de Liory.
Alors que je pense tout ceci, une nouvelle bourrasque nous balaie et me force à resserrer ma cape pour éviter que le froid ne s’y engouffre. Instinctivement, je hâte mes pas tout en regardant le ciel. Les nuages semblent devenir plus épais alors que le jour avance. Nous avons encore plusieurs heures avant que la nuit ne tombe, mais si une tempête de neige s’invite, cela risque de compliquer les choses. Plus vite nous arriverons sur place, mieux ce sera. Il nous faudra aussi trouver un endroit où camper ou s’arranger pour dormir dans le hameau avant qu’il ne soit trop tard. Peut-être même devront nous dormir tôt pour pouvoir nous éveiller à la tombée de la nuit afin de monter la garde en espérant repérer la créature.
Appréciant cette pensée, le combattant continue d'avancer, avant de tiquer à son tour sur l'explication des évènements. Quelque chose ne colle vraiment pas. Entre les attaques qui sont certes à un timing ou il est moins aisé de trouver de la nourriture, mais toujours plus aisée que des humains en leur village, et cet assaut soudain en pleine nuit, quelque chose ne colle pas. Du moins, ce n'est pas un comportement classique. Mais heureusement -ou malheureusement, selon le point de vue- pour le duo d'aventuriers, les chemins se séparent, et saluant de la main le marchand en prenant le chemin qu'il leur a indiqué, Sileas se plonge dans ses pensées pour essayer de faire sens de l'échange. Finalement, c'est la forgeronne qui brise en premier le silence, une fois hors de portée d’ouïe indiscrète. A sa conclusion, l'homme ne peut qu'hocher la tête avant de continuer le raisonnement à son tour.
-"Non, tu as totalement raison, quelque chose ne tourne pas rond. Même si le bétail est plus difficile d'accès dans une grange, j'imagine pas une créature capable de si aisément mutiler à vie un homme ne pas pouvoir entrer dans un tel bâtiment, surtout sans être attiré par des proies faciles."
L'aventurier serre un peu les lèvres à cette conclusion, sentant comme la jeune femme que quelque chose ne tourne pas rond. Quoi est encore à deviner, mais il est sur que ce n'est pas une simple affaire classique. Quelque chose d'autre se cache en dessous. Simple méconnaissance du sujet, exagération ou réelle dissimulation ? Il faudra le découvrir bien rapidement. Voyant la fumée des premières maisons du village s'échapper au loin, Sileas finit par soudainement pivoter pour attraper d'une manière presque délicate Sia par l'épaule, lui intimant d'une légère pression de ses phalanges de s'arrêter. La voyant légèrement resserrer sa cape autour d'elle, il vient se placer de façon à être entre le vent et la femme, pas particulièrement gêné par ce dernier avec sa cape, avant de parler d'une voix plus basse.
-"Dans le doute, je pense qu'il vaudrait mieux faire attention à ce que l'on dit, et surtout ce que l'on croit des habitants. C'est peut être juste le marchand qui en a rajouté pour nous dissuader, vu qu'il ne semblait pas ravi de voir des "petiots" s'occuper d'une telle mission. Mais si on a encore l'impression que quelque chose ne tourne pas rond après avoir recueilli nos informations, je pense que l'on devra se débrouiller seuls."
Une fois cela dit, il relâche la forgeronne avant de reprendre la route. Bien rapidement, la fumée laisse voir des toits. Puis des murs, des bâtisses entières. Les habitations permettent d'entrapercevoir des habitants. Le petit village est relativement calme, la majorité des habitants occupés à leurs diverses tâches hivernales. Dès les premières habitations franchies, il est clair que l'ambiance n'est pas due qu'a la période de l'année. Un certain voile pèse sur les épaules de Sileas depuis qu'il a pénétré dans le village, comme un étrange fatalisme émanant de tant d'êtres qu'il en empeste l'atmosphère. Grognant doucement en s'agitant pour faire partir cette impression, le borgne s'approche d'une jeune femme traversant l'une des petites rues du village. Cette dernière est sursaute un instant, avant de voir l'insigne des aventuriers.
-"Bonjour, nous venons enquêter à propos des attaques ayant eut lieu aux alentours, pouvez-vous nous indiquer où vit le doyen du village, s'il vous plait ? Ou la personne ayant déposé la demande auprès de la Guilde ?"
Elle cligne des yeux, avant de se reprendre et de hocher timidement, s'avançant avant d'indiquer du doigt une maison à peine plus grande que les autres, et pour ainsi dire impossible à démarquer de ses voisines, finissant enfin par prendre la parole en une voix qui commence en un souffle avant de prendre en volume.
-"Lucy soit louée, enfin on vient nous aider à ce sujet... Allez la bas, c'est la demeure d'Aradesh, notre doyen. Il vous dira tout ce qu'il sait... J'espère vraiment que vous pourrez vite nous débarrasser de ce monstre avant qu'il ne nous dévore."
La femme effectue une légère révérence, très légère, avant de rapidement rentrer chez elle. La surveillant du coin de l’œil, Sileas soupire avant de reprendre, toujours à mi-voix, et uniquement quand Sia est proche de lui, après avoir jeté un regard aux alentours pour s'assurer de ne pas être entendu.
-"J'aime de moins en moins la tournure des évènements. On va voir avec le doyen, mais j'ai l'impression que tout n'a pas été dit dans le contrat. Par peur ou car la situation a très rapidement évoluée, je n'en sais rien. Mais j'ai l'impression qu'on a mis les pieds dans plus gros que prévu."
Et cette fois, il attend la réponse de sa comparse avant de reprendre leur chemin, son regard détaillant avec bien plus d'attention les différentes bâtisses composant le petit village, se perdant déjà sur quelques granges visibles au loin, assez proche du village...
Nous avançons à bon rythme et nous ne tarderons pas à arriver vers le petit village. C’est alors que le blond passe devant moi et me force à m’arrêter. Je sursaute légèrement à son geste, sentant sa poigne sur mon épaule. Il n’y met pas réellement de force, souhaitant juste m’arrêter et pouvoir me parler à voix basse. Je me rends ainsi compte de sa masse, il est tel une montagne qui vient me couper du froid. Il est plus grand d’une quinzaine de centimètres, bien plus musclé et large que moi. Malgré le travail que je fais et l’entrainement intensif que je suis, je ne peux que me sentir petite face à lui. Je note tout de même qu’il prend la peine de me couper du vent et ainsi m’en protéger pendant qu’il me souffle son avertissement. Un geste qui me touche même si je n’en avais pas besoin. Je lui adresse un simple hochement de tête tout en affichant un petit sourire amical. Il n’a pas de mauvaises intentions à mon égard, et cela me rassure comme me ravit. Je suis heureuse de pouvoir travailler avec un homme aussi sérieux et prévenant.
Nous reprenons rapidement la route et arrivons à l’entrée du petit village. Une ambiance lugubre plane, me donnant de désagréables frissons dans le dos. Je sens que quelque chose n’est pas normal sans réussir à mettre le doigt dessus. J’aperçois quelques visages qui se cachent à notre vue. Les traits sont tirés, fatigués, apeurés. Est-ce seulement la créature qui rend tout le monde ainsi ? Ou simplement le deuil des pertes humaines et des blessés graves ? Sileas arrive à intercepter une femme. Pendant qu’il lui parle, je lis ce même apeurement sur ses traits. Elle semble fatiguée, comme une personne qui n’arrive plus à trouver le sommeil en raison de cauchemars incessant. Je note mentalement ce qu’elle nous dit et l’emplacement de la maison de ce fameux Aradesh.
Quand elle repart, j’acquiesce aux paroles de l’aventurier. L’attaque d’une créature n’est pas censé transir de peur un village complet. Il y a sûrement plus qu’on ne veut pas nous dire. Tout en avançant, je viens tirer le bras de Sileas, l’intiment de s’approcher de moi pour que je puisse parler à voix basse.
« Je suis d’accord. Si on nous propose l’hébergement, je pense qu’il vaut mieux que l'on refuse. Quitte à dormir dans une grange avec les bêtes ou dans une tente malgré le froid, je préfère cela à devoir séjourner chez une de ces personnes. Quelque chose ne tourne pas rond, je ne me sentirais pas en sécurité. »
Nous approchons à bon rythme de la maison. Quand nous sommes plus qu’à quelques mètres, je reprends la parole.
« Pendant que nous interrogeons le doyen, essaye de rester dans mon champ de vision. J’ai un anneau de pensée sur moi. Si je note quelque chose durant la discussion, je te le ferais savoir par télépathie. »
Une fois que l’information est bien assimilée, je relâche le borgne. Je sais que je ne dois pas abuser de cet objet magique, son contrecoup pouvant être très fatigant, mais il va pouvoir montrer toute son utilité ici. Un petit investissement qui risque d’être rapidement rentable vu la tournure des événements.
Nous arrivons sous le porche de la maison. Il n’y a pas un bruit qui sort de la maison, comme si personne n’est présent. Mon compagnon frappe tout de même à la porte. Pas de réponse. Je relève un peu le col de ma cape alors qu’un nouveau vent frais nous fouette. En restant immobile ainsi, le froid nous gagne bien plus rapidement. Sileas frappe à nouveau, mais toujours aucune réponse.
« Je vais faire le tour de la maison par la gauche. Il est peut-être derrière. »
Je me dirige sans attendre vers la gauche de la bâtisse, passant sur le côté. J’avance tranquillement en faisant attention aux bruits alentours et en laissant mes sens en alerte. Alors que j’arrive vers l’arrière du bâtiment, je repère des chaines et une sorte de cage. Similaire à celles que l’on utilise pour garder des chiens de chasse. Sauf que là, les barreaux sont bien plus épais et la cage bien trop grosse. Même si les chaines semblent adaptées à un chien, la cage est bien plus imposante. Un warg de chasse ? Non, même là, c'est bien plus gros. Une autre créature ? Je réfléchis aux familiers qu’un fermier pourrait s’offrir. Un familier de combat ?
« Je peux vous aider ? »
La voix masculine derrière moi me fait sursauter. Je me retourne, une main sur la garde de mon épée, prête à me défendre. Je me détends légèrement en voyant un homme habillé comme un fermier, une hache de bucheron sur l’épaule. Peut-être la personne que l'on cherche ?
« Je cherche un certain Aradesh. Je suis une aventurière envoyée par la guilde. Je suis accompagnée d’un autre aventurier et on nous a indiqué cette maison en arrivant.
- Je suis Aradesh. »
Je me détends légèrement en voyant que j’ai affaire à l’homme que l’on cherche. Il se dirige vers l’avant de la maison, et je le suis en l’observant.
« Cette cage et ces chaines, c’est pour quoi ?
- Chiens de chasse.
- Et où sont-ils ?
- Morts. Tous tués par la bête que vous devez éliminer. »
La dernière partie de sa réponse a été prononcé sur un ton bien plus sec, comme pour m’intimer de ne pas chercher plus, que je suis payée pour tuer cette bête, rien de plus. Sauf qu’on ne va pas me berner aussi facilement. Dès que nous arrivons vers l’avant de la maison, je repère la masse de Sileas qui semble avoir aussi cherché une présence humaine. Il nous repère et vient à notre rencontre. Dès qu’il est assez proche, je lui envoie une onde télépathique pour le prévenir.
*C’est le fameux Aradesh, je sens qu’il trempe dans un truc pas net. Il y a de chaînes et une énorme cage vide à l’arrière. Il dit que c’est pour des chiens de chasse qui ont été tués par la créature, mais la cage est bien trop grosse. Elle peut contenir un truc plus gros qu’un warg. Il ne semble pas vouloir qu’on fouine. Je n’aime pas ça du tout.*
Le temps que l’on arrive devant la porte d’entrée, Sileas nous a rejoints et je fais comme si je ne venais pas de lui envoyer toutes ces informations mentales.
« C’est mon compagnon. Je me nomme Sia, et voici Sileas. C’est Aradesh, la personne qui a posé la demande auprès de la Guilde. »
Je sors alors ma plaque d’aventurière qui est autour de mon cou pour prouver mon identité. Après avoir confirmé notre appartenance à la guilde, le chef du village grogne légèrement et ouvre sa maison, nous invitant d’un geste de la main de nous suivre à l’intérieur. J’échange un regard entendu avec mon compagnon et je passe devant.
-"Je suis d'accord avec toi, je pense que je préfère encore aller camper en bordure de la forêt, pour pouvoir avoir une vue sur le village si jamais il se passe quelque chose, sans être réellement dedans. Ils sont bien trop apeurés pour une simple attaque, et je crains qu'ils ne nous cachent d'autres combats contre cette bête, peut être par peur de voir monter le coût de la prime."
Nouveau grognement, plus approbateur, et nouveau mouvement du chef quand la forgeronne évoque son anneau. Un objet en effet fort utile, qui se révèlera surement rapidement précieux. Hélas, la porte ne donne aucune réponse alors même que l'aventurier y frappe, sans hésitations. Le gant métallique donne de la voix contre le bois, mais mis à part quelques regards furtifs derrière des fenêtres et des rideaux d'autres bâtisses, rien provenant de cet endroit précis. Frustré par cela, il allait commencer à faire un tour des environs quand Sia propose de se séparer. Parfait selon lui, et avec un simple mouvement de la main il vient commencer à faire le tour des environs. Tout semble tout ce qu'il y'a de plus classique, si ce n'est des traces visibles contre les briques d'une des maisons adjacente. Comme si quelque chose s'était fait les griffes dessus. Arquant un sourcil, le traqueur ne peut s'empêcher de se pencher, laissant le bout de ses doigts gantés effleurer la surface. C'est profond, assez pour être à un animal d'assez grande taille. Sauf que ce ne sont pas des marques de combat, plutôt celles laissées par une créature qui se fait simplement les griffes pour marquer son territoire ou les tailler. Ce n'est clairement pas normal de voir de telles traces en plein milieu d'un village, et tandis que le borgne se redresse, il se sent surveillé. Pivotant rapidement de la tête, il voit simplement la forme d'une personne, potentiellement un homme, qui s'éloigne rapidement de son champ de vision.
Se redressant sans perdre un instant, posant la main sur la garde de son épée courte, le blond avance a quelques grands pas pour observer à droite et à gauche, sans rien voir. Un long souffle échappe de ses narines, son regard s'étrécissant et devenant encore plus froid que sa couleur ne le laisserait présager. Il est la pour aider ce village, mais si ce dernier ne souhaite pas de lui, il ne prendra clairement pas de gants pour réaliser sa mission. Les doigts sont toujours fermement enserrés autour du cuir du manche de l'arme, alors qu'il écoute et surveille l'horizon. Rien ne semble une menace immédiate, et avec un souffle il se détend légèrement, pivotant et retrouvant la rue principale pile pour intercepter Sia avec le chef du village. Quand la voix de la jeune femme résonne dans son esprit, il ralentit un instant avant de reprendre comme si de rien n'était le chemin, rejoignant le duo.
Tandis qu'ils se présentent, le combattant incline la tête, se préparant à entrer. Sia décide de prendre les risques pour deux, tandis que lui même ferme la marche. L'intérieur de la maisonnée est classique, et rien n'est réellement à remarquer d'un coup d’œil. Un peu de bordel à droite et à gauche, ce qui peut être compréhensible pour quelqu'un de préoccupé. Sileas reste debout en croisant les bras sur son torse, rivant sa pupille sur Aradesh tandis qu'il s'installe dans l'un des fauteuils de la pièce, invitant les aventuriers à faire de même. Sans bouger, le borgne commence à grogner d'une voix assez froide.
-"J'ai la très désagréable impression que vous ne nous dites pas tout. Le contrat parlait d'attaques et d'uniquement un mort, et pourtant dans le village tout le monde semble résigné, comme si cela faisait des mois que ces attaques duraient et que nul ne sait comment s'en débarrasser."
Oh non, l'aventurier n'aime pas être pris pour un con, et l'éclat métallique au fond de son regard parle pour lui. Il n'a absolument pas envie de prendre des gants, et cherche à directement faire cracher le morceau au doyen, sans pour autant révéler qu'il est déjà au courant pour les cages. Et sans même laisser le temps a l'ancêtre de répondre, il continue.
-"Nous sommes surveillés, épiés depuis notre arrivée. Les habitants sont terrorisés, au lieu d'être satisfaits de voir que la Guilde a enfin trouvé du monde pour les aider. Donc maintenant, dites moi, que cachez-vous qui soit craint d'être découvert ? Et je vous conseille de jouer franc jeu, si vous voulez avoir une chance de voir la fin de cette histoire."
Dans un premier temps, le dirigeant du village souffle du nez, exorbitant les yeux. Il reste silencieux un instant, avant de commencer à s'agiter, se redressant même en pointant un doigt accusateur en direction de Sileas, laissant sa voix monter légèrement, tant d'énervement que d'incrédulité.
-"Comment osez vous !?! COMMENT OSEZ VOUS REMETTRE EN QUESTION LA SOUFFRANCE DES HABITANTS DE CE VILLAGE ? Après avoir perdu des fils, des proches, vous osez leur reprocher d'être terrorisés et inquiets ? Vous n'avez donc aucun cœur pour penser cela ? La Guilde s'est elle vraiment réduite à une bande de monstres aussi inhumains que ceux qu'ils disent chasser ?"
Bien sur, il joue sur les sentiments pour essayer de détourner le sujet principal de conversation. Le regard de l'aventurier se fait distant un instant, avant de se ressaisir. Offrant un léger regard à Sia, il pivote de nouveau vers Aradesh pour s'avancer vers lui, avant de fermer le poing et le frapper sur la petite table entre le trio, se penchant légèrement pour observer droit dans les yeux le vieil homme.
-"Alors maintenant, expliquez moi une chose. Pourquoi je retrouve sur les murs de certaines habitations des traces de griffe, comme si un animal marquait son territoire ? Pourquoi je suis pratiquement sur que si j'allais examiner les blessés, ils porteraient des marques aux dimensions étrangement similaires à celle présentes sur certaines briques ou planches de bois ? Et surtout, expliquez moi pourquoi vous parlez de plusieurs victimes quand l'annonce n'en évoque qu'une seule à l'origine."
Le doyen recule, revient s'installer dans son fauteuil, préférant éviter d'affronter directement la froide colère qui commence à monter rapidement de Sileas. Doucement, il soupire en secouant la tête, réfléchissant. Il cherche clairement à savoir comment camoufler au mieux la vérité, et dire simplement ce qui l'arrange. Finalement, il redresse le regard pour reprendre la parole d'une voix plus calme, mais toujours acerbe.
-"Ces marques sont simplement celles de son attaque qui a eut lieu en ville. Et quand aux victimes... Je le reconnais, nous n'avions pas les moyens de mettre une prime suffisante pour couvrir l'attaque d'une créature ayant tué plusieurs personnes. Nous n'avons avoué que la première, pour que des aventuriers compétents l'acceptent en connaissant les risques. Mais dire toute la vérité aurait clairement rendu la quête hors de nos moyens. Et avec les bêtes déjà tuées, la saison à venir s'annonce particulièrement difficile. Si il vous reste encore un peu de cœur, comprenez que nous avons simplement fait cela pour notre survie."
Bien sur, c'est loin d'être toute la vérité... Mais le doyen essaye d'en distiller juste assez pour rendre crédible et cohérente son histoire, qui au fond l'est. Soupirant, Sileas se redresse et recule d'un pas, observant Sia et lui laissant toute latitude. Il n'est absolument pas convaincu par ses paroles, mais il ne peut hélas pas secouer le maire comme un poirier pour le forcer à tout avouer.
Finalement, l’homme commence à craquer et à donner de véritables informations. Il ne dit pas toute la vérité, ça se sent. Le forcer plus ne risque pas de donner grand-chose tant que l’on n’a pas plus d’éléments, et notamment des preuves. Son histoire de prime peut être compréhensible et complètement valable, mais il y a encore des zones d’ombres. Mon compagnon semble aussi comprendre qu’il n’arrivera pas à tirer plus les vers du nez de notre commanditaire ainsi et me laisse la main. J’affiche un petit sourire qui se veut doux et m’installe en face d’Aradesh. Je viens même récupérer ses mains pour les tenir entre les miennes pour être la plus rassurante possible.
« Ne vous inquiétez pas monsieur, nous allons nous occuper de votre problème. Comprenez mon ami, nous tenons à nos vies et plus nous avons d’informations, mieux nous sommes renseignés et plus vite nous pourrons régler cette affaire. Alors, dites nous franchement tout ce que l’on a à savoir. Nous ne pourrons rien faire si vous n’êtes pas honnête. Pour la prime, nous nous arrangerons avec la guilde, nous ne pouvons décemment pas laisser une telle affaire vous nuire. »
Je ne pensais pas devoir ressortir cette carte un jour, mais mentalement je remercie ma mère de m’avoir appris à jouer de ma féminité et de mon charme pour rassurer. Une compétence parfois utile pour négocier, mais peu utile dans un monde masculin tel que la forge. Ici en revanche, cela semble faire effet. Le doyen parait d’abord hésiter avant de finalement craquer. Je le relâche alors qu’il commence à parler à cœur plus ouvert.
« Vous avez raison... »
Il se recule dans son fauteuil et vient allumer une vieille pipe, les mains légèrement tremblantes tandis qu'il commence à parler, le regard dans le vide.
« Ç'a commencé il y a une ou deux lunes, en pleine saison fraiche. D’abord juste du bétail que l’on retrouve mort et éventré le matin. Une ou deux bêtes à chaque fois, mais c’était à peu près toutes les deux semaines. On a posé des pièges, essayé d’utiliser des chiens pour protéger les troupeaux qu’on a commencés à faire revenir en prévision de la saison froide. Nos chiens sont tombés les uns après les autres. Éventrés de la même façon, à peine dévorés. Comme si la bête avait joué avec eux. Quand nos derniers chiens sont tombés, on a posé une première requête à la guilde. C’est là qu’on a appris que d’autres hameaux ont été touchés, mais bien moins que nous... »
Je sors alors ma carte holographique sur la table et essaye de la centrer et grossir autant que possible sur les alentours.
« Quels hameaux ? Montrez-nous les emplacements des attaques que vous connaissez. »
L’homme est d’abord légèrement surpris de cet objet magique qu’il ne doit jamais avoir vu. Il regarde la carte et quand il semble reconnaître les alentours, il reprend un peu confiance. Je sors alors mon livre mémoire pour noter mentalement les endroits qu’ils indiquent, essayant de former une image mentale la plus précise de ce qu’il montre.
« Les premières attaques, c'était dans ces environs, là où il y avait les troupeaux. On a entendu parler d’attaques ici plus au nord, et là à l’ouest. Et dernièrement les attaques se sont concentrées ici, au nord du village. On a plusieurs granges où l’on rassemble les bêtes et les stocks de nourriture pour le bétail. »
Un petit bois sépare les différents points indiqués par l’homme. Ce n’est pas la grande forêt, mais suffisamment grand pour qu’un peu de gibier se réfugie et un endroit idéal où un prédateur peut élire domicile. Je range mon livre mémoire dès que la carte avec les points indiqués a pu être notée dedans.
« Parlez-nous des dernières attaques et des victimes. »
Sa mine devient plus sombre, et cela semble difficile pour lui. Il pose sa pipe avant de mettre son visage entre ses mains.
« Mon gamin... Il... »
Sa voix se brise et j’essaye de me faire plus douce pour l’encourager à continuer.
« C’est lui la première victime que j’ai mentionnée dans la requête de la guilde. Mais le temps que ça soit envoyé, traité et que vous arriviez, il y en eu d’autres... Et on ne voulait pas changer l’annonce à cause du prix... Un voisin, un brave fermier en a subi trois avant de mourir la semaine dernière. Il tenait à surveiller une grange avec son bétail dedans malgré ses blessures et... Ça lui a coûté la vie... Mon gamin, c’était au début de l’année. Il est parti chasser seul et un gars a retrouvé son cadavre le lendemain... C’était un brave garçon d’une vingtaine d’années, un sacré gaillard comme votre compagnon... »
Il désigne un instant Sileas avant de s’enfoncer un peu plus dans son fauteuil, l’air misérable.
« Il n'aurait pas pu mourir si facilement... On ne sait pas quand il est mort exactement, mais il n’était pas très loin du village, donc sûrement sur le retour de sa chasse. Son corps était mutilé, comme celui des bêtes... C’est comme ça qu’on a su que c’était la même créature... Et le brave homme dont je vous ai parlé, il disait avoir vu sa masse dans la pénombre, il parlait de bruits de pas sourds et il était convaincu de réussir à piéger la bête... Pauvre fou... »
Je sens qu’il commence à s’égarer ou qu’il essaye de nous raconter des choses pour nous embrouiller.
« Un blessé encore en vie qui peut témoigner ? Un cadavre de bête que l’on peut inspecter ? N’importe quoi qui puisse nous aider à identifier la créature. »
L’homme se gratte la tête en réfléchissant, légèrement retissant. Je sens qu’il a envie de donner des noms, mais ne veut pas risquer de donner trop d’indices, évaluant sûrement quoi nous dire et ce qui doit rester sous silence.
« On a bien des blessés, mais tout le monde au village et si effrayé...
- S’il vous plait. Nous avons besoin d’autant d’indices que possibles.
- ... Très bien... »
Il retrousse alors une de ses manches pour révéler son bras gauche. Un bandage entoure tout son avant-bras et il commence à le défaire. Dessus un large griffure zèbre son avant-bras, la blessure est encore récente et semble s’être rouverte à plusieurs reprises avec l’effort.
« J’ai essayé de sauver ce pauvre bougre quand j’ai entendu ses cris dans la nuit... Mon voisin, ce n’était pas le plus futé, mais pas un homme méchant... L’attaque a eu lieu quand tout le monde dormait déjà. Il disait vouloir poser des pièges derrière sa maison parce que la bête voulait sa peau. J’ai entendu ses cris dans la nuit... Le temps que je sorte il était déjà presque mort... Je me rappelle avoir vu deux yeux jaunes dans la pénombre... Ils brillaient bien à la lueur de la lune... Et... Et je l’ai tiré... Il hurlait de douleur... La bête a essayé de le reprendre, mais j’ai tenu bon... Et puis quand d’autres se sont réveillés en entendant le bruit... Elle est partie sans un bruit en direction des bois derrière nos maisons... »
Aradesh est tremblant, visiblement encore sous le choc. Je ne suis pas sûre qu’il est bon de continuer à l’interroger, mais je tente une dernière question.
« La cage, c’était pour essayer de capturer la bête ?
- Je vous ai dit que c’était pour mes chiens ! »
Il s’énerve d’un coup, frappant la table du poing et j’affiche une mine bien plus froide que juste avant. Nous n’en saurons pas plus et l’homme semble se rendre compte que je n’apprécie pas son coup de colère, voire que je me doute de quelque chose. Il refait rapidement son bandage avant de s’enfoncer dans son fauteuil en tirant frénétiquement sur sa pipe, comme pour se calmer. Je récupère mes affaires et me relève, faisant signe à mon compagnon que je ne veux rien savoir de plus. Avant qu’on ne puisse se diriger vers la sortie, le doyen nous intercepte, d’une voix encore un peu tremblante.
« Merci... Merci de nous venir en aide... Si vous voulez, on peut vous offrir des repas chauds ou vous héberger pour la nuit... »
J’échange un regard avec le blond, bien qu’il paraisse sincère, je n’aime pas qu’il nous cache des informations.
« Nous ne refuserons pas des vivres ou de la nourriture, mais nous allons camper. Si nous souhaitons attraper la créature, nous n’avons pas le choix que de l’attendre là où elle peut attaquer. Est-ce que vous nous autorisez à utiliser un peu de foin ou de bois pour nous réchauffer ?
- Bien sûr, bien sûr... Faites... Tant que vous nous débarrassez de lui... »
Je tique légèrement, mais ne relève pas verbalement cette familiarité. Il sait que la créature est un mâle en ayant uniquement aperçu sa forme dans la pénombre ? Je ne vais pas en demander plus pour le moment. Je laisse Sileas poser ses dernières questions s’il le désire, sinon nous allons pouvoir commencer à chercher plus de traces ou trouver où camper cette nuit pour avoir une chance de tomber sur la bête avant qu’elle n’attaque à nouveau.
Profitant de laisser sur le devant de la scène la jeune femme, l'armuré s'efface légèrement en finissant par poser l'épaule contre l'un des murs de la bâtisse, se concentrant sur les paroles et les expressions d'Aradesh, et ignorant pratiquement tout le reste. Son attention entière est focalisée sur le doyen, et peu à peu il assemble les briques des informations échappant lentement de leur conversation. Des attaques de plus en plus régulières depuis un à deux mois, d'une créature qui joue autant avec les chiens que les hommes. Et tout semble entourer le même petit bois. Si la créature ne s'y terre pas avec un nid, il est pratiquement sur qu'elle s'installe au moins la pour observer et préparer ses attaques. La forgeronne s'occupe des notes de papier, le combattant d'essayer de faire sens de tout ce qu'ils apprennent ainsi.
Puis enfin arrive la partie réellement intéressante, les blessés et les victimes. Ce n'est pas que Sileas ne possède aucune empathie pour cet homme, surtout quand il explique que son fils est l'une des victimes, non... C'est simplement qu'il est concentré sur la tâche à venir, et comment la réaliser. Et qu'en cet instant, sa tentative de leur cacher des informations est un obstacle sur sa route particulièrement gênant. Il continue donc d'écouter sans laisser paraître la moindre émotion, ne pouvant toutefois s'empêcher d'arquer un sourcil a l'évocation du nombre d'attaques. Trois attaques sur le même fermier, celle sur son propre enfant, et surement d'autres dont il ne parle pas encore. On est clairement plus sur une attaque toutes les une ou deux semaines, mais une tous les un à deux jours. Et le rythme ne semble faire qu'accélérer, ce qui n'est clairement pas commun pour une bête sauvage. Combiné au fait qu'elle ne semble pas forcément faire cela pour manger, mais plus pour jouer. Beaucoup d'informations qui donnent des directions opposées, et provoquent un léger frisson dans la colonne vertébrale du blond.
Définitivement, Sileas regrette de ne pas avoir d'anneau de pensée à utiliser pour communiquer directement avec la forgeronne. Il se retrouve à devoir laisser Aradesh finir ses explications entières pour pouvoir faire le moindre commentaire. La griffure est impressionnante, et en effet elle pourrait d'un coup d’œil, se rapprocher de celle présente sur le coté de la maison non loin. De fait, il est plus que probable que ce soit le lieu même où l'attaque s'est déroulée. A vrai dire, c'est presque une chance que l'homme soit encore en état d'user de son bras. Une fois les questions terminées, il emboite le pas à Sia, pivotant la tête pour saluer le doyen d'un léger signe de tête en venant répondre à son offre.
-"Merci pour votre proposition. On va déjà faire le tour du village et des lieux des attaques pour voir si nous pouvons tirer plus d'informations utiles pour notre traque. Si vous vous souvenez d'autres détails, ou que d'autres habitants ont des souvenirs qui leur reviennent, n'hésitez pas, tout, même ce qui peut sembler mineur, a son importance."
-"Je garde ça à l'esprit, je vous dirais si j'apprends quelque chose que je ne vous ai pas déjà dit..."
Enfin les aventuriers passent la porte. Sileas soupire, se passant les mains sur le visage avant de reprendre contenance. Il n'aime absolument pas ce qu'il a entendu, car même si ils ont obtenus quelques informations, il est clair que le doyen en sait bien plus qu'il ne veut bien l'avouer. Observant les alentours à la recherche d'un lieu tranquille, il finit par doucement saisir le bras de Sia pour venir lui montrer le flanc abimé de la maison avec les traces de marquage. Comme il s'en doutait, après un coup d’œil à droite et à gauche, personne ne s'approche trop. Le fait que quelqu'un aie été tué non loin peu de temps auparavant a surement calmé les esprits. Et tandis qu'il s'accroupit pour laisser ses doigts glisser dans les marques une nouvelle fois et les examiner plus en détail, il prends enfin la parole.
-"Je n'apprécie rien de ce que j'ai entendu. Même si l'on retire le fait qu'il, à défaut de nous mentir, nous cache au moins certaines informations, celles qu'il a pu nous donner sont loin d'être encourageantes. Si au début les attaques semblaient espacées, elles sont de plus en plus rapprochées. On compte déjà plusieurs attaques dans d'autres villages, au moins quatre ou cinq ici, et le tout en deux mois ? On est clairement sur le terrain de chasse... Ou de jeu de l'animal. Et ici en est l'épicentre, pour une raison que l'on ignore encore."
Enfonçant les doigts gantés dans le bois déchiqueté, il vient ensuite les poser sur son brassard. Si la bête est capable d'infliger un tel traitement à une bâtisse, son armure n'y survivra clairement pas. Et même son don sera rapidement mis en difficulté. De plus, la créature est dotée d'une vision nocturne. Et le feu, la lumière ne semble pas la déranger vu qu'elle attaque un village. Laissant Sia faire les vérifications qu'elle juge utile, Sileas se redresse en commençant à observer la forêt, non loin.
-"Outre cela, c'est une créature nocturne mais qui n'a pas peur du feu ou de la lumière. Pire encore, elle semble savoir s'y accommoder. On perd donc la chance de la faire reculer avec un feu ou la déstabiliser. Et si elle chasse du bétail pour se nourrir, j'ai l'impression que ce n'est pas le cas pour les chiens et l'homme. Et c'est ce qui me perturbe. Normalement, une créature qui joue avec ses proies en fait de même pour toutes. Elle ne divise pas entre les proies "a manger" et celles "a jouer". Son comportement est clairement anormal, et particulièrement dangereux pour les humains qu'elle semble prendre plaisir à traquer et tuer."
Il a beau le cacher, le combattant est clairement perplexe par la situation. Il se doutait bien que la créature qu'ils devraient affronter serait atypique, comme toute bête capable d'attaquer l'homme en un maillage si dense d'habitations et proche de la capitale. Elle est habituée à la civilisation et sa manière de vivre, ne l'évite plus, comme si elle avait été dressée. Sauf que dans le même temps, elle tue de plus en plus régulièrement. Et ce qui commençait comme une chasse pour se sustenter devient quelque chose de bien plus morbide. Un frisson prends sa nuque, alors qu'il vient indiquer à la forgeronne la lisière des arbres au loin.
-"Bon, au vu des informations que l'on possède, je propose qu'on fasse un petit tour du village pour repérer le lieu des autres attaques, vu que personne n'osera nous parler je pense. Aller voir l'état des différentes granges et bâtiments, vérifier si l'on trouve des traces similaires ailleurs, car je peux t'affirmer que ça, c'est pas provoqué par une attaque. C'est la créature qui se sentait assez en confiance pour se faire les griffes contre le mur, ou qui marquait son terrain. Et ça n'aurait jamais du arriver durant une simple attaque nocturne pour chercher à manger, même si ça cherchait à manger des humains."
Nouveau soupir, plus long cette fois. Le blond n'est pas immunisé à la peur, loin de la. Il a simplement appris à la maîtriser et l'affuter comme sa lance. Mais les mots du marchand résonnent dans sa tête. Et si ce dernier en savait un peu plus qu'il ne l'a dit durant leur court trajet commun ? Il semblait être au courant du danger représenté par la créature, bien plus qu'eux même à leur arrivée. Croisant les bras sur son torse, il préfère finir de développer sa pensée avant de reprendre la route.
-"Après ça, je te propose de chercher un lieu où camper. Commencer à explorer la forêt et sa bordure, idéalement. Je vais être sincère avec toi, je n'ai pas confiance non plus en ces villageois, et j'aimerais aussi un lieu ou je peux discuter avec toi sans avoir l'impression d'avoir une oreille qui écoute par dessus notre épaule. Il nous faut un plan d'attaque bien ficelé aussi, et avec la proposition de pouvoir prendre un peu de bois pour se chauffer, on aurait tout interêt à s'éloigner un peu. Et avec un peu de chance en plus, on pourrait essayer d'attirer la créature pour éviter de nouveaux combats à ces pauvres villageois. Tu en penses quoi ?"
Tout en finissant de parler il détaille longuement l'aventurière. Bien sur qu'il s'écouterait, il déciderait du plan de A à Z, possédant déjà ses idées. Mais la jeune femme a su montrer qu'elle était elle aussi pleine de ressources et de bon sens, ce serait donc dommage de ne pas en profiter...
L’aventurier me propose alors de faire un tour du village ou de vérifier les derniers lieux d’attaque. Je hoche encore une fois la tête, l’ensemble du programme proposé me convient. Je relève un peu la tête vers le ciel, observant l’avancée de la journée. Il est encore tôt, mais la journée est encore courte, dans à peine cinq ou six heures, le jour déclinera déjà. Je réfléchis un instant avant de me redresser et de regarder le borgne dans l’œil.
« Ça me semble bien, mais je te propose qu’on se sépare. Tu sembles avoir plus d’expérience que moi pour identifier ce genre de scènes. »
Je pointe alors la marque territoriale de la bête avant de continuer.
« Je vais faire un tour du village, voir si je repère des éléments intéressants ou non, ou si j’arrive à récupérer des témoignages utiles. J’aimerais essayer de trouver des gamins à qui parler. En général, quand c’est jeune, ça ne sait pas trop mentir. »
Et là je parle d’expérience. À force de rendre visite à l’Arche de l’Espoir et d’y consacrer du temps, j’ai appris quelques trucs à propos des enfants. Même si, au vu de l’ambiance générale, je doute d’en croiser beaucoup.
« Je te laisse aller inspecter le lieu de la dernière attaque, je pense que tu repéreras plus facilement que moi des éléments intéressants ou inhabituels. On se retrouve vers les granges pour les inspecter ensemble et trouver l’endroit idéal où monter un camp. »
Je m’approche un peu plus du blond pour souffler à voix basse un autre conseil.
« Et si tu peux aussi discrètement aller inspecter cette cage à l’arrière de la maison du doyen... J’aimerais ton avis là-dessus. »
Quand j’ai la confirmation du borgne, nous nous séparons et je me dirige seule vers le centre du village. Je garde une main sur la garde de mon épée, restant sur la défensive, prête à intervenir. Je fais le tour des lieux, voyant surtout que les gens se méfient ou ont peur. Je quitte alors le centre du village pour me diriger vers l’extérieur, en faire le tour du côté où ne se trouve pas les bois, la vue directement sur les champs. Aucune trace étrange ou signes du passage d’une créature ayant pu laisser les marques vues plus tôt. Je ne repère pas non plus les griffures vues plus tôt. Cela confirme sûrement que la bête se cache dans les bois.
Après une petite heure à faire le tour, je finis par tomber sur un gamin jouant avec un ballon à l’arrière d’une maison. Quand il m’aperçoit, l’enfant prend peur et commence à fuir. Je retire alors mon capuchon et montre mes deux mains pour le rassurer.
« Pas de panique ! Je suis aventurière ! Je ne voulais pas te faire peur... »
Je montre ensuite ma plaque d’identification. Les yeux du gamin s’illuminent un instant. L’aventure et les guerriers, ça fait souvent rêver. Le petit garçon s’approche et je m’accroupis pour arriver à sa hauteur.
« Vous êtes une vraie aventurière ? Une vraie de vraie ? »
Je hoche doucement de la tête et le laisse regarder et toucher ma plaque, visiblement émerveillé.
« Alors vous êtes venue pour vous occuper de l’ours qui s’est échappé ? »
Je cligne un peu de l’œil, légèrement surprise.
« L’ours ? Tu parles de la bête qui a tué le fils du doyen ?
- Oui ! C’est Eli, la fille du doyen, qui l’a trouvé à la fin de la saison chaude. C’était un ourson tout mignon. Il jouait avec nous la journée ! C’était super amusant, même si je savais pas qu’un ours ça ressemblait à ça. »
On dirait que j’ai bien fait de parier sur la curiosité d’un enfant. J’étire un petit sourire, décrochant mon épée de ma ceinture, pour la tendre au gamin.
« Tu veux bien me parler de cet ourson ? En échange, je te laisse regarder et toucher mon épée. »
Le gamin hoche vivement de la tête et commence alors à me raconter l’histoire de cet ourson, nommé Pooh. La fille du doyen semble l’avoir trouvé aux côtés de sa mère, morte. Elle a récupéré le petit animal effrayé, l’a nourrit et soigné. La gamine serait douée avec les animaux selon les dires de l’enfant, voulant travailler avec eux quand elle sera grande. L’ourson a rapidement grandit et il est devenu un peu la mascotte du village. Il me raconte que les adultes ont parlé de dresser l’animal pour aider à protéger le bétail et les villageois, même si beaucoup paraissaient réticents à cette idée au début.
« Mais Eli est devenue malade pendant la saison fraiche. Maman m’a dit qu’elle a rejoint Lucy et que maintenant elle va mieux. Mais Pooh n’a pas aimé cela, sans Eli il est devenu malheureux... Il ne voulait plus jouer avec nous, il a même mordu le grand frère d’Eli... Après ça, le doyen a dit que Pooh est devenu trop dangereux et qu’on avait plus le droit de jouer avec lui. Et les adultes ont commencé à parler de le chasser du village... »
Je soupire, commençant à avoir une idée de ce qui a pu se passer.
« Dis-moi petit, tu peux me décrire Pooh ?
- D’accord, mais moi aussi je peux avoir une épée ? »
Je souffle un rire et vient frotter son crâne.
« Je suis forgeronne. Je vais te faire une épée adaptée à ta taille pour que tu puisses t’entrainer. Ca te va ? »
Le gamin encore plus émerveillé, hoche de la tête en me laissant mon épée.
« Je veux qu’elle soit encore plus grande que la tienne !
- Je te promets de te faire une épée très puissante.
- Je veux aussi devenir un grand aventurier ! »
Je lui souris, l’écoutant me décrire l’animal. Il me dit qu’il ressemblait à un ourson qu’il avait vu dans un livre de contes qu’il possède, mais que l’avant était différent.
« Il avait une sorte de... bec. Comme un oiseau ! Et des griffes qui sont devenues super longues ! Et il n’avait pas de poils sur la tête, mais des plumes. Je savais pas qu’un ours ressemblait à cela. Ils sont bien différents de ceux qu’on voit dans les livres de mes histoires. »
Je prends une grande inspiration, commençant à reconnaître la créature décrite. Je sors mon livre mémoire et vient dessiner sur une de ses pages l’apparence d’un chouettours comme j’ai pu en voir dans des bestiaires, montrant ensuite le croquis à l’enfant.
« Pooh ressemblait à ça ?
- Oui ! C’est Pooh ! Mais il était plus petit ! Genre... aussi haut que le tas de bois là-bas quand je l’ai vu la dernière fois.
- Merci beaucoup gamin. Tu viens de beaucoup m’aider dans mon travail d’aventurière... »
L’enfant semble ravit et s’apprête à me poser de nouveaux plein de questions, mais sa mère sort à ce moment de la maison. Me voyant avec l’enfant, elle affiche une mine sérieuse, presque furieuse, rappelant l’enfant de façon autoritaire. Le gamin rejoint sa mère et je décide de m’éloigner avant d’être chassée. Je risque d’être un peu en retard au rendez-vous donné avec Sileas, mais j’ai récupéré des informations plus que précieuses. Contente de ces découvertes, je prends la direction des granges.
-"Moi, discret ? Je vais faire ce que je peux, mais tu sais, j'ai aucun problème a avoir le rôle du méchant dans l'histoire. Si je dois le secouer un peu pour lui faire avouer, je n'hésiterais pas, même si la perte de son fils m'attriste. Mais il nous cache des choses, tout le monde nous cache quelque chose. J'espère que tu auras plus de succès que moi pour découvrir quoi."
Et tandis qu'il la voit s'en aller, il vient l'arrêter en lui soufflant quelques mots, la regardant droit dans les yeux... Enfin l’œil. Combat de borgne, chacun pour une raison différente.
-"Et fais attention à toi quand même. J'ose espérer qu'ils n'iraient pas jusqu’à tenter de t'agresser, mais on est jamais trop prudents. A très vite."
Sia s'en va enfin, et le combattant récupère son carnet et son crayon pour commencer à prendre des notes. Il n'est pas trappeur ni expert en biologie, mais il en connait assez pour pouvoir faire quelques mesures générales et avoir une idée d'a quoi ils ont affaire. Sans plus attendre, Sileas fait le tour de la maison, de l'arrière. Le sol est encore raclé par les traces de griffes de l'affrontement, et si le cadavre a été retiré, les traces de sang sont encore visibles. Ce fut brutal et rapide, corroborant les propos d'Aradesh. La créature qui a fait ça a une sacrée force et poigne, et ce n'est pas une petite bestiole. Hélas, il est difficile d'en tirer beaucoup plus d'informations. Du coin de l’œil, il repère justement le doyen qui s'éloigne de sa maison pour aller ailleurs, laissant la fameuse cage sans protection. Il ne l'a pas repéré, après tout, le vieil homme ne se serait surement pas autant éloigné... Et c'est justement la chance du blond.
Avec une discrétion toute relative d'un homme en armure intégrale, il vient rejoindre l'arrière de la maison. Si certains habitants le voient faire, nul ne dit rien. Et effectivement, comme la jeune fleur l'avait annoncé, il se tient à l'arrière de la maisonnée une impressionnante cage. Les barreaux sont particulièrement épais. Ce n'est pas fait pour contenir des chiens, pas du genre habituel au minimum. Ce serait plus adapté à un petit Cerberus à ce stade, voir même encore plus agressif. Se penchant pour effleurer les pièces métalliques, Sileas repère bien rapidement des traces des griffes et ... D'autre chose. Ce ne sont pas des dents, c'est comme si quelque chose avait pincé le métal, avec assez de force pour créer des éclats, arraché des petits bouts des barreaux. Aucune trace de crocs n'est visible sur toute la surface, autrement. Le combattant note donc que quelque chose avec des griffes tranchantes, assez pour marquer un métal aussi épais, et surtout ne possédant pas de dents mais autre chose, s'est débattu.
Notant les informations les plus utiles dans son carnet, il range ce dernier pour revenir dans la rue, satisfait de voir que personne ne l'a abordé, et encore moins le doyen. Maintenant que la demande de la jeune femme l'accompagnant a été accomplie, il s'attaque à explorer le village. Si les maisons attaquées ne sont pas visibles à première vue, il n'est pas dur de les repérer avec un examen un tantinet détaillé. En effet, elles sont souvent vides ou abandonnées, et surtout, des traces de griffes et de trous ponctuent la brique ou le bois. Peu de choses sont découvertes entre l'une et l'autre. Des marques similaires, à des endroits différents. Les attaques semblent souvent assez proches dans leur méthodologie. L'animal surveille, trouve une ouverture et saute à l'assaut, en pleine nuit. La terre gelée labourée prouve qu'a chaque fois, le combat est bref et brutal. Sileas est concentré dans son enquête quand soudainement, un bruit de pas se fait entendre non loin de lui. Portant la main à la garde de son épée, il pivote sur lui même en observant la femme venant d'arriver. C'est celle qu'ils ont questionnés à leur arrivée, et la voici faisant face à lui, écarquillant légèrement les yeux en le voyant la main sur l'une de ses armes.
-"Ne... Ne vous en faites pas, je ne vous veux pas de mal... C'est juste que je vous vois depuis tout a l'heure fouiner partout, vous pensez vraiment pouvoir tuer cette créature ?"
L'aventurier soupire en relâchant lentement la prise sur sa lame. Ce qui ne l'empêche pas de jeter un regard derrière lui, au cas-où. Non, définitivement, cela ne semble pas être une embuscade. Revenant à la villageoise, il réfléchit quelques secondes. La question est délicate, plus qu'il n'y parait. Et finalement, il répond en la regardant droit dans les yeux.
-"Étant donné que je ne sais précisément ce que nous affrontons, je ne peux l'assurer. Vous en savez plus que vous ne souhaitez le dire, mais je ne sais pas pourquoi vous refusez d'en parler. Donc on va faire tout ce qu'on peut, mais je ne peux rien garantir."
La femme hésite, regarde a droite, à gauche. Se rapproche d'un pas, comme si elle voulait parler. Puis finalement, elle secoue la tête et se reprend, soufflant entre ses lèvres. L'hésitation et le doute se lit dans son regard, tandis qu'elle serre les mains sur le vêtement épais en laine lui servant de veste.
-"Elle a déjà tuée plusieurs personnes, s'il vous plait, faites la cesser... Je ne peux vous en dire plus, c'est à Aradesh de vous expliquer de quoi il en retourne. Mais tuez cet animal, ne le laissez pas vivre plus longtemps. Pas après les malheurs qu'il a abattu sur nous..."
Et sans plus d'explications, la demoiselle s'en va tel un fantôme, comme elle est arrivée. Perplexe, Sileas se rend compte que l'heure du rendez-vous approche. Terminant ses quelques relevés, l'homme se redresse pour se rendre au niveau des granges et en faire un premier tour. Puis, ne voyant pas Sia arriver, un second. Un troisième, un peu plus éloigné. Elle est clairement en retard, et pendant un instant il craint que son avertissement n'aie touché que trop juste, et qu'un des villageois essayant de cacher quelque chose s'en est pris à elle. Soufflant du nez en grognant doucement, il commence à reprendre la route du village... Avant de croiser la forgeronne. Se détendant en poussant un soupir de soulagement, il vient la rejoindre en haussant légèrement la voix pour se faire entendre.
-"Je commençais à croire qu'il t'étais arrivée quelque chose et j'allais venir te chercher ! Tu as pu apprendre quelque chose d'utile ? Pour ma part, pas énormément..."
Profitant de la petite marche qui vient compléter leur retour aux granges, il vient lui détailler les notes qu'il a pris ainsi que les différentes informations qu'il a pu obtenir... Ainsi que cette étrange rencontre avec la jeune femme craintive de la matinée. Définitivement, quelque chose ne tourne pas rond. Avant de lui laisser en faire de même, Sileas se passe une main sur le visage, grognant à mi-voix.
-"Allez, un tour des granges et on pourra voir où s'installer pour la nuit. Juste trouver un endroit propice à ne pas geler sur pied et surveiller le village nous prendra surement le reste de la journée... Quelle arrivée, quand même."
Et encore, il est loin de ses surprises étant donné que la forgeronne n'a toujours pas pu lui expliquer de quoi il en retournait... Définitivement, une fois mis au jus, un peu de repos lui fera le plus grand bien, car il sera pris d'une sévère envie d'aller mettre quelques paire de baffes à Aradesh de ne pas avoir parlé plus tôt.
« Tu ne vas jamais deviner ce que j’ai trouvé. Voilà ce qu’on cherche. »
Je m’approche de l’aventurier pour souffler plus doucement.
« On fait ce tour, on monte le camp et je t’explique tout ça quand il n’y a plus d’oreilles indiscrètes alentour. »
Nous croisons justement un berger, visiblement épuisé, qui rentre en direction du hameau. Nous gagnons alors rapidement les granges. Je fais le tour de l’intérieur de l’une d’elles pour ne rien constater de particulier, si ce n’est qu’un animal sauvage ne va difficilement trouver comment entrer sans être particulièrement malin et habile. Ou particulièrement fort pour enfoncer la porte ou un mur. Je laisse Sileas faire aussi son tour et repérer les éléments à l’extérieur, mais les attaques commencent à dater.
Nous nous éloignons ensuite, cherchant un lieu propice au campement. Nous choisissons un espace éloigné du village, suffisamment proche du petit bois et des granges. Nous sommes au centre d’un triangle entre ces trois points, la créature va forcément nous repérer. Mon compagnon s’occupe de récupérer du bois de chauffage et un peu de foin pendant que je monte ma petite tente de fortune. Ce n’est pas le grand luxe, mais suffisamment pour que l’on de nous se glisse dedans quand nous échangeons les gardes. On isole un peu l’abri avec du foin et des fourrures pour compléter ce petit nid.
La nuit commence à tomber rapidement et nous allumons un petit feu avec ma pierre à feu, embrasant un peu de foin pour faire prendre du petit bois avant d’attaquer des branches plus grosses et des petites bûches. Je ressors la purée, commençant à installer de quoi cuisiner, un peu de saucisson et de fruits secs. Rapidement nous nous retrouvons à cuisiner un petit repas sommaire. Quand je constate que les différentes maisonnées au loin s’allument, je profite que nous soyons occupés et tranquilles pour raconter mes trouvailles.
« Comme on s’en doutait, le doyen est bien plus trempé qu’on ne le pense. En fait, c’est tout le village. La fille du doyen avait un don pour dresser les animaux selon des dires. Elle a trouvé un "ourson" orphelin et le village a commencé à l’élever en utilisant le don de l’enfant. Mais la gamine est tombée malade et serait morte. Je te laisse deviner ce qu’un chouettourson recueilli par des humains peut donner quand il grandit avec le contact des humains... »
Je commence à servir un peu de purée réchauffée dans des écuelles, continuant de parler en donnant une part à mon compagnon.
« Nous ne cherchons pas une étrange créature sanguinaire, mais un animal abandonné qui a grandi plus que prévu, dont les instincts reviennent alors qu’il ne contrôle ni sa force, ni son envie de regagner le contact de l’homme. »
Je me sers à mon tour et m’assied près du feu, m’enroulant dans ma cape.
« Et je ne pense pas que ces détails auraient été donné à la Guilde. Apparemment le village voulait dresser l’animal pour qu’il aide à protéger le bétail. C’est la faute du village, surtout du doyen, et ils auraient dû en payer le prix. Quand l’animal a été abandonné, il n’avait même pas encore sa taille adulte. Imagine maintenant qu’il est presque à maturité, avec ses instincts, ses hormones, et le fait qu’il ne craint ni les hommes ni les chiens qui protègent le bétail ? Il voulait jouer comme il le faisait plus jeune, mais il n’a plus le même gabarit. »
Je commence alors à manger, laissant le borgne assimiler toutes ces informations. Nous nous sommes engagés sur cette requête, mais nous pouvons parfaitement décider de la refuser demain matin. Nous n’allons certainement pas faire la route cette nuit, mais nous pouvons rentrer au lever du jour et demander des comptes au doyen, faire en sorte que la requête soit ajustée. Je ne suis pas vraiment sûre que l’on ait l’équipement adapté pour un tel animal, ni les compétences...
-"Tu te moques de moi ? On doit vraiment traquer ça ? Comment diable a-il fini dans le coin, à attaquer des humains ? Même si je me sens obligé de te croire, les marques des attaques correspondraient bien à ce genre d'animal."
Mais elle ne semble pas rire, et il hoche simplement à sa proposition. Sia a totalement raison, pour pouvoir discuter en paix, il leur faut installer un camp et s'assurer que personne n'écoute, en plus d'être en sécurité. Le tour de la ferme n'apprends pas grand chose d'utile, et bien rapidement, ils balaient les zones libres pour trouver le parfait petit campement à installer. Finalement, après une triangulation rudimentaire, le duo trouve une petite zone où s'installer. Sileas aurait bien aimé pouvoir pousser jusqu’à la forêt pour réduire l'emprise du vent durant la nuit, mais cela serait s'exposer aux assauts du Chouettours en lui laissant l'avantage du milieu naturel et du terrain.
Le borgne s'occupe de récupérer le combustible, et les petites tâches vitales à un camp permettant de rester en vie par une froide nuit d'hiver occupe aisément la fin de l'après midi. Il est encore tôt quand la nuit étend son voile sur le monde, et tandis que le feu commence à crépiter, Sileas en profite pour sortir ses propres couvertures et fourrures pour les rajouter à celles déjà présentes. Il aurait eut le temps, il aurait bien aimé s'occuper de mieux recouvrir la tente, pour la rendre moins discrète et plus résistante, mais il faudra faire avec ce qu'ils ont. S'enroulant dans sa cape épaisse, il s'installe en soupirant. Pas une fois il n'ouvre les lèvres tandis qu'elle lui explique l'histoire qu'elle a découverte, autrement que pour souffler un "merci" en récupérant son écuelle. Comme quoi, prendre du saucisson, des fruits secs et quelques vivres du genre permet réellement de faire un repas de presque rien, qu'il engloutit avec appétit. Enfin, c'est à son tour de prendre la parole une fois les informations assimilées, et il ne peut s'empêcher de grogner entre ses lèvres.
-"Le problème est encore pire qu'avant, en effet. D'un simple animal sauvage, on passe à un qui est encore semi sauvage, mais assez habitué à l'homme pour pouvoir jouer avec. Sauf qu'il a perdu sa dompteuse, et qu'il peut déchiqueter en deux un être humain quand l'envie lui en prend. C'est vraiment une situation de merde. Et il ne s'arrêtera pas de revenir tant qu'il n'aura pas été arrêté, car il ne comprends pas ce qu'il se passe et ne comprendra surement jamais."
L'idée lui couperait presque l'appétit. Car a ses yeux, la seule solution viable est d'éliminer cet animal. En effet, a moins de ramener un dompteur et d'arriver à le capturer vivant pour finir de le dresser proprement, le faire fuir ne suffira pas. Il ira simplement chercher le contact humain ailleurs, recommençant à le tuer sans même forcément le vouloir.
-"Cela ne nous laisse pas réellement le choix. Nous ne pouvons le dompter de nous même pour qu'il cesse d'attaquer l'homme ou sache se comporter en sa présence. On ne peut simplement le chasser, car il recommencera ailleurs. Donc soit on arrive à le capturer pour le faire transporter pour qu'il soit libéré loin de l'homme ou dressé, soit il faut l'éliminer, même si cette pauvre créature n'a rien fait pour mériter un tel destin."
Les traits de Sileas se tirent, alors qu'il réfléchit à cela. Que des choix impossibles ou presque. Abandonner la quête reviendrait à condamner encore de nombreuses personnes à la mort, le temps de la faire ajuster et de trouver du personnel pour s'occuper de cela. Le capturer impliquerait au moins arriver à le donner à une ménagerie de la Capitale, mais un animal si dangereux, qui en voudrait ? Surtout en n'étant qu'a moitié dressé. Et l'équipement leur manque pour pouvoir faire ça en finesse, comme le personnel.
-"Bon, si l'animal attaque cette nuit, on se défendra. Par contre je pense que nous devrons avoir une sérieuse conversation avec le doyen demain. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais je vois mal comment nous pourrons couper au fait de devoir l'affronter pour la capturer, ou plus probablement l'éliminer. Mais je tiens à tirer toute cette histoire au clair. La Guilde voudra aussi un rapport sur tout cela. Ils n'aiment pas les gens qui tentent de tricher sur les prix."
Finissant de parler, il essaye d'étirer un léger sourire pour détendre l'atmosphère, venant vérifier du coin de l’œil que la forgeronne se porte bien. Si jamais elle semble avoir froid, il n'hésitera pas à attraper son épaisse cape pour l'enrouler dedans près du feu et s'assurer qu'elle reste au chaud, finissant par blaguer d'une voix plus légère, même si le cœur n'y est pas totalement.
-"Comme quoi, on sait jamais à quoi s'attendre dans la vie d'aventurier. On pensait prendre une petite quête pour aider un village, et nous voici au milieu d'un cirque ou au final, la bête est surement l'élément le moins tragiquement comique du spectacle."
Je finis mon repas, bien plus sommaire que celui que nous avons eu plus tôt dans la journée avant de me mettre à fixer le feu, pensive. Je suis encore d’accord avec Sileas. Tuer un animal sauvage ne me dérange pas, s’il y a besoin de le tuer pour une raison ou une autre, je le ferais. En revanche, on parle ici d’un animal au comportement proche d’un familier. Un frisson me traverse et je ressers ma cape à cette idée. Ici, l’homme est le seul en cause, pas la créature qui ne demande qu’à retrouver son foyer. Je pousse alors un petit soupir en resserrant ma cape.
« Je suis d’accord. Cette nuit, défendons-nous. Si le chouettours apparait, nous n’aurons pas le choix que de le tuer. Faisons des tours de garde pour veiller toute la nuit. Et demain, après un peu de repos, nous irons trouver le doyen pour avoir une discussion avec lui. Nous pourrons sûrement trouver une solution avec une discussion... posée. »
J’étire un sourire, doutant légèrement que mon compagnon reste calme après toutes ces découvertes. Je regarde le blond en essayant de m’amuser de sa réflexion. Même si je m’habitue au climat particulièrement froid des montagnes et de la saison, la chaleur de la forge me manque un peu. Je ne suis pas au point de greloter avec mes vêtements et l’épaisseur de ma cape, mais un petit vent frais vient régulièrement me donner des petits frissons.
Je récupère alors mon sac sans fond, cherchant une petite casserole et un reste de feuilles de thé dans mes rations. Je sors le tout, vide ma gourde fontaine dans la casserole et laisse l’eau chauffer.
« Un petit thé ? »
Une bonne boisson chaude pour chasser le froid et essayer de se maintenir éveillé un peu plus longtemps.
« Puisque l’on va devoir monter la garde, commençons par discuter un peu et essayer de se connaître. Nous verrons pour faire des tours de garde ensuite. »
Je réfléchis un moment en regardant le ciel. Il serait certainement beau, étoilé, mais des nuages le couvrent. Une nouvelle averse de neige risque de ne pas tarder. L’eau finit de chauffer et je récupère de quoi nous servir à chacun un peu de thé. J’en tends à Sileas avant de m’installer à nouveau et commencer à chercher quoi raconter.
« Je viens de la Capitale et j’y ai grandi. J’y suis devenue forgeronne et je devais reprendre la forge familiale. Je suis devenue aventurière pour suivre ma petite sœur qui avait des envies d’aventures et de découvrir le royaume, voire le monde. Mon rêve, c’est plutôt de devenir une forgeronne renommée, et maintenant, j’aimerais allier le fait de voyager tout en exerçant mon métier. Donc les missions de la Guilde me permettent d’économiser pour investir dans mon futur commerce. »
Le thé réchauffe doucement mes mains à travers mes gants, sa chaleur se diffusant ensuite dans mon corps. Je garde une certaine distance avec le blond même s’il ne semble pas avoir de mauvaises intentions envers moi. J’ai appris qu’il faut toujours rester vigilante des personnes que je rencontre, éviter de trop faire confiance. Discuter ainsi devrait nous aider à nous connaître et établir une certaine confiance. Entre aventuriers, j’essaye constamment d’avoir une certaine fraternité et d'être un peu plus ouverte. Après tout, la Guilde c’est un peu une grande famille.