Les sentiments enfin révélés fusèrent avec une douleur sourde dans son esprit, rapidement atténué par la caresse de son amante.
Son cœur ayant finalement décidé de réagir normalement s'accéléra, cognant sourdement dans sa poitrine. Souriant presque naïvement, il plongea ses yeux dans les siens, y décelant d'avantage qu'une promesse.

-Allons... L'important... C'est la finalité non ?

Proposa t'il en tachant d'ignorer son mal de tête, son esprit se débarrassant peu à peu de sa cécité imposée.
Et si un souvenir parvint à lui revenir, ce fut au prix d'un certains effort.

-Hum... Triste et solitaire oui... Mais maintenant que je m'en souviens... Une soirée tu n'étais pas ainsi... Un peu ivre surement

Arthorias se mit à sourire, rigolant doucement avant de se relever péniblement. S'arrachant avec difficulté de l'étreinte qui lui était offerte.
Commençant à retirer ses bottes il dut s'y reprendre à deux fois tant ses blessures le rendait maladroit

-Mais je pense qu'il serais bien inutile de t'énumérer toutes les qualités que tu as, il faudra me faire confiance quand je te dit être amoureux.

Un léger sourire s'afficha sur ses traits avant qu'il ne se saisisse d'une serviette et ne commence à descendre les marches qui menaient à la salle d'eau.
Manquant plusieurs fois de perdre l'équilibre il dut se rattraper à la rambarde avant de dire

-Mais les révélations devront attendre, la douche m'appelle. J'aurai préféré resté avec toi... Mais mieux vaut te retrouver propre

"Ah non mais oui, ivre ça peut tout expliquer."

Mon visage devient aussi rouge que ma crinière encore humide qui cascade dans mon dos, détournant le regard du blond alors qu'il se lève pour rejoindre la pièce du dessous. Non mais ivre... Qu'est ce que j'ai bien pu faire encore comme connerie moi ? Et puis... C'est pour ça qu'il tenait tant à trinquer de nouveau avec moi ? Non... Non quand même...

Non mais qu'est ce que j'ai fais ce jour là ?! Et puis c'était quand au juste ?! Je m'en souviens tellement pas...

Je le laisse alors disparaitre sans un mot de plus, toujours figée dans mes réflexions et tâchant de savoir ce qu'il en est exactement... Mais rien ne me vient. Raaaah comme ça peut être frustrant !

- Les mists sont censés avoir une bonne mémoire, non ?
"Me regarde pas comme ça, j'étais aussi bourré que toi !"
- Tu sers vraiment à rien, tu le sais ça ?

Je lui envoie un coussin dans la tête, chose qui n'a aucun effet mais qui me permet de me défouler. Puis, finalement, je souris, repensant aux mots d'Arthorias, me laissant baigner dans le simple bonheur de me savoir aimée. Me laissant tomber sur le lit, je reste ainsi un instant en regardant le plafond, réalisant doucement que tout ceci n'est pas un rêve, que je suis bien chez lui, chez ses parents, dans sa chambre d'enfant... En outre : au cœur même de son intimité.

Attrapant l'autre oreiller, je le sers un instant contre moi, me laissant emportée par la béatitude. Jusqu'à ce que mes yeux se posent sur l'escalier qui continue de monter. Un étage en plus ? Curieuse, je me redresse, reposant le cousin sur le lit, ramassant l'autre et le jetant près de son paire puis gravissant les marches tandis que le bruit de l'eau coule toujours.

Et loin d'y trouver une pièce, c'est une trappe qui termine les escaliers de pierre, d'un simple geste, je la soulève et découvre alors l'air extérieur sur le toit de la tour délimités par des remparts de pierre. Bien que déclinant, à cette hauteur, le soleil inonde encore l'endroit de ses rayons, caressant ma peau de sa faible chaleur de la saison fraiche et illuminant le ciel de couleurs chatoyante.

M'approchant du bord, je m'assoie alors dans une des alcôves et laisse mon regard se perdre dans la vie de ce petit village encore actif à cette heure, fixant plus particulièrement ces jeunes enfants qui s'entrainent sans relâche dans la cour de la caserne où nous sommes, imaginant le petit Arthorias y faire ses propres classes...

Après le bonheur... La douleur. Ce fut en tout cas la première impression d'Arthorias quand il parvint à mettre un pied dans la douche.
Révélant de nombreux bleus en tout genre, sa veste rejoignit négligemment une chaise laissée là, et si l'eau chaude faisait de son mieux pour chasser les nœuds dans ses muscles. Le problème ne venait pas vraiment de là.

Sa chevelure trempée se colla contre son dos, alors que le flot liquide qui coulait contre son corps se teintait d'un rouge écarlate qu'il ne remarqua qu'après quelques instant. Remontant ses mains jusqu'à son visage, Arthorias retrouva ses doigts rendus rouge par un flot coulant de son nez

-Merde...

Fut tout ce qu'il trouva à dire, une première grossièreté qu'il ne s'accorda qu'au vu de la migraine qui découlait de tout cela.
Et s'il dut s'asseoir un moment, le blond ne chercha pour autant pas à tarir le saignement, sachant pertinemment ce qui l'attendait.
Une telle extrémité avait été son dernier recours. Pensant naïvement que la vie ne remettrait plus Lunarya sur son chemin, l'Arthorias d'alors avait misé le tout pour le tout.

Et alors que la migraine n'en terminait pas, il s'appuya contre le mur, descendant lentement le long de celui avant de ramener ses jambes vers lui.
Un flot indistinct parcourait ses pensées, comme si son esprit tentait de remettre de l'ordre dans des émotions troublées par une magie qu'il avait choisi d'oublier.
Force était de constater que l'officier payait maintenant ses errance du passé, comme si son corps rejetait les nouvelles informations qui y affluaient.

Le contact du carrelage froid contre son front fut un répits de courte durée, mais lui permis de se laver. Lavant le sillon sanglant formé par le saignement, il prit un temps infini pour laver et démêler sa longue chevelure, regrettant presque une coupe plus courte.

Ce ne fut qu'une fois habillé. Epuisé mais vêtu d'une tenue plus chaude qu'il remonta dans la chambre, ses yeux fatigués peinant à trouver Lunarya.
Son seul indice fut la trappe laissée ouverte.
Grimpant les marches, l'officier y retrouva l'air frai de ce début de soirée. Et son amante assise proche des créneaux, un regard pensif en observant les recrues qui suaient sang et eaux sous les ordres de son père.

-La meilleure vue du village

Même s'il n'avait que rarement pu en profiter, la jeunesse lui ayant toujours empêcher de profiter du moindre panorama.
Et là encore, ses yeux étaient tournés vers la demoiselle plus que vers la soleil qui se couchait sur la plaine.

-Et il y aussi le paysage si on regarde au delà des créneaux

Dit il avec amusement en passant une main dans les cheveux de la rousse, s'asseyant en face d'elle, laissant une de ses jambes pendre dans le vide avec négligence.

-Et oui, j'ai été à leur place à mon époque. Même si j'avoue qu'avoir été le fils du maitre d'arme m'a causé plus d'ennuis qu'autre chose

Un sourire nostalgique apparut sur ses traits, les souvenirs de cette époque révolue remontant avec d'autant plus de vigueur qu'il pouvait enfin les partager avec quelqu'un

J'accueille le chevalier avec un sourire, regardant ce qu'il m'indique avec attention avant de revenir à lui qui ne me quitte pas vraiment des yeux. Et si sa dernière phrase pourrait me faire rebondir, alors qu'il la prononce je fronce les sourcils.

- Artho, ça va ?

Inquiète, je m'avance vers lui, posant une main sur son front, puis sur sa joue. Il est pâle, bien plus que d'habitude et surtout par rapport à ce soleil couchant qui embrase doucement le ciel tandis qu'en bas, les bruits mâts des bâtons s'arrêtent pour laisser place à la rentrée des apprentis dans la caserne. Mais je ne le remarque qu'à peine, mon attention étant totalement portée sur mon capitaine tandis que plusieurs hypothèses se forment dans mon esprit. Et la première et plus probable étant que ses blessures ne sont peut être pas aussi bégnine que cela.

- Tu devrais aller te reposer...

Oui, qu'il s'allonge et qu'il y reste au moins jusqu'au lendemain. Même si ça veut dire pour moi devoir affronter ses parents toute seule... Une chose qui ne m'enchante vraiment, vraiment pas je préfère mille fois cela à le voir aux portes de la mort dans vingt quatre heures... Et pour éviter cela, je pense que la visite d'un médecin serait plus que salutaire... Je suppose que si j'en parle à sa mère, alors elle pourra peut être en contacter un ? Mais d'abord, je me lève, prenant sa main pour l'inviter à me suivre et, le couvant de mon regard, je m'assure qu'il redescende l'escalier sans difficulté avant de refermer la trappe sur nous.

- Allonge toi et reste là, je vais aller demander à ta mère de faire appeler un médecin pour qu'il t'examine.

Quand j'y pense, on aurait du faire ça depuis le début... Non mais quelle pitoyable amante je fais moi... Laisser ainsi mes petites craintes personnelles m'aveugler au point d'oublier ce qui lui ai arrivé. Il manquerait plus qu'il fasse une hémorragie interne, qui expliquerait la diminution de la couleur de sa peau du visage...

Non, non. Hors de question de prendre de risques. Surement pas alors même que je viens de choisir d'emprunter le même chemin que lui.

Devant tant de prévenance, Arthorias était à moitié touché, mais à moitié gêné, peinant à reconnaitre ses propres faiblesses, il préféra retenir son amante par le bras, secouant la tête avant de reprendre d'une voix fatiguée.

-Inutile de les inquiéter pour rien, qui plus est il n'y a rien à faire à part prendre un peu de repos. Et tu en as au moins autant besoin que moi
Je dirais même plus

Partagé entre cela et une peur irraisonnée des médecins, le blond préférait encore faire comme si de rien n'était. Et il voyait mal la belle descendre seule pour se retrouver face à ses parents.
Aussi sympathiques étaient-ils, cela n'en restait pas moins quelque chose d'assez spécial.

-Et puis je dois au moins me présenter à mon père, c'est la moindre des choses. Ce sera aussi plus simple pour te les présenter.

Les deux anciens gardes sauraient de toute façon quoi faire si quelque chose n'allait pas. Mais Arthorias n'avait pas mentit sur un point : Le repos était la seule bonne solution.
Et si une petite plaisanterie sur le fait de jouer aux médecins lui vint, il la retint avant d'essayer de se lever.

-Cela dit, je ne serait pas contre un peu d'aide pour descendre je sens que cela va être un peu rude.

C'était sans dire, car il dut user de l'appuis de son amante pour simplement se lever. S'appuyant sur cette dernière avec un peu de honte.

-Navré de te faire subir ça...
Ce n'est pas vraiment dut au toit qui m'est tombé dessus. Du moins pas complètement

Dit il à mi-mot.
Même si Lunarya avait compris que les sentiments du blond n'étaient pas apparut en quelques jours, elle était bien loin de se douter de la vérité.
A vrai dire, lui même était encore un peu surpris.

-L'histoire devra attendre que l'on soit couché, et je pense que l'on va avoir quelques questions avant. Ou si mes parents sont compréhensif, ils attendront demain.

Alicia et Loyd l'étaient, et au vu de la journée à la caserne, ils devaient aussi avoir envie de se reposer, même si la venue de leur fils était un évènement, les deux ne pouvaient pas stopper l'entrainement des potentielles recrues de l'académie

Décidemment...

Je souris alors que je l'aide a descendre la première floppée de marche pour retourner jusqu'à la chambre en elle même, là où réside le lit, secouant la tête sous ses dires.

- Et dire que je me croyais tête de mule.

Je marmonne cela, pas vraiment à son attention mais je le regarde en coin quand même, plutôt moqueuse bien que clairement sure de ce que je dois faire.

- Tu l'as dis toi même, tu as seulement besoin de repos. De RE-POS, pas d'aller gambader dans la caserne et de diner devant tes parents que tu n'as pas vu depuis je ne sais combien de temps et a qui tu viens de ramener une parfaite étrangère qui s'est présentée comme une demoiselle en détresse. Alors, mon beau chevalier, tu vas rester bien sagement dans ton lit, arrêter de gigoter, je vais aller prévenir tes parents et leur dire d'appeler un médecin. Puis, une fois fait, je remonterai me blottir contre toi pour me reposer aussi en attendant que tu sois examiner par un expert qui pourra me rassurer sur le fait que tu n'as pas de blessures interne.

Et si cet expert dit que tu peux bouger, alors nous irons diner avec tes parents qui te poseront toutes les questions du monde tandis que je ferai au mieux pour garder bonne figure alors que je passerai surement une des soirée les plus stressantes de toute ma vie, mais comme j'ai survécu au diner avec ces idiots de nobles venus m'acheter, je pense que j'y survivrai. Et si cet expert dis que tu dois rester alité, alors je resterai près de toi toute la soirée et tu pourras me raconter absolument tout ce que tu m'as promis de me dire.

Sans vraiment lui laisser le choix, je nous emmène donc jusqu'au lit avant de m'y assoir moi même pour l'obliger à me suivre. Puis, je me tourne alors face à lui, caressant sa joue d'une main tout en lui offrant un regard bien plus tendre.

- Quelqu'un m'a demandé de lui faire la promesse de faire soigner mes blessures. Alors j'espère que ce quelqu'un est prêt à me montrer l'exemple... Car il compte énormément pour moi et je ne veux pas le savoir en souffrance...

Scellant mes mots d'un baiser sur ses lèvres, je termine enfin, juste avant de me relever.

- Bref, je vais prévenir ta mère pour tes blessures. Reste là et repose toi, je fais vite.

Décidément, les deux semblaient être aussi têtu l'un que l'autre, mais l'état d'Arthorias ne lui permettait pas de lutter. Encore moins quand a demoiselle promettait de revenir sous peu.
Alors, la laissant le déposer sur le lit, il se glissa sous les couverture avec le rouge au joues.

-Reviens vite alors...

Dit il en enfouissant sa tête sous la couverture, laissant la belle descendre les escaliers pour rejoindre ses parents.
Les marches défilant, elle fut rapidement guidée par une odeur de cuisine, la menant jusqu'à une salle ou Alicia était penchée sur une grande marmite, visiblement accompagné du maitre d'arme de tout à l'heure.

-Ah ! Lunarya

S'exclama la dame en mettant une bourrade dans les côtes de son mari qui se fendit d'un sourire en découvrant l'amante arrivée plus tôt.

-Lunarya donc !

Dit il en esquissant un geste de bienvenue, ses traits étaient bien celui d'Arthorias, quoi que plus durs et plus marqués par l'expérience.
On pouvait aisément deviné que l'officier était le digne rejeton du couple

-Enchanté, je m'appelle Loyd, le père d'Athorias.
Navré de ne pas avoir pu vous accueillir plus tôt, l'entrainement...

-Oh pas la peine de l'ennuyer avec les détails.
J'espère en tout cas que vous avez fait bon voyage et que vous avez pu vous installer convenablement.

Ses grands yeux cherchèrent dans l'encadrure de la porte, s'attendant visiblement à trouver le capitaine avec elle.

-Mon fils n'a pas daigné nous bénir par sa présence ?

Dit elle avec un ton amusé dans la voix.
Etonnamment, les deux wargs étaient dans la pièce, couchés dans deux paniers bien distinct, plus sage que la rousse n'avait pu le voir jusque là

Inspire.
Tout va bien se passer.
Expire... Fuuuuuu.

Me voilà seule en face des deux personnes ayant élevées Arthorias. Deux personnes qui l'ont vu grandir, qui l'ont éduqué, entrainé... Et je dois maintenant leur annoncé que leur fils s'est pris un toit sur la tronche et a fini assommé et frigori... Non, ça je suis pas obligé de le dire. Juste assommé et contusionné, ça suffira.

Et alors que j'ouvre la bouche, une petite voix me dit clairement et me laisse en suspens la bouche entrouverte.

"La politesse Luna ! Je sais que tu aimes aller à l'essentiel mais pour une fois, ne l'oublie pas !"
- Bonsoir et... C'est un véritable honneur pour moi que d'avoir l'obligeance de rencontrer les deux personnes qui ont su faire du Capitaine ce qu'il est aujourd'hui.
"Ah non mais là... Je peux vraiment plus rien pour toi..."

Je rougis alors, honteuse de moi même, n'osant plus vraiment les regarder en face avant de bafouiller.

- Il... Il voulait mais... Il... C'est que... Il est... blessé. Et je... je m'inquiète... ma voix s'étrangle dans ma gorge alors que je me sens stupide de dire ça, reprenant finalement : Il aurait besoin d'un médecin.
- Oh... Je vois... Aussi têtu que sa mère !

Que ce soit l'un ou l'autre, aucunes des deux têtes blondes qui me font face ne semblent véritablement inquiètes. Et une chance pour moi, ils n'ont pas l'air de me tenir rigueur de mes bafouillages...

- Je vais voir pour faire amener le médecin ici, il n'habite pas loin, merci de nous avoir prévenus.

Alicia me sourit en passant et s'éclipse immédiatement dans mon dos, tandis que Loyd lui me dévisage, plutôt amusé.

-Encore en train de jouer la comédie je paris... J'espère qu'il ne vous cause pas trop de soucis ?

Du soucis ? Non clairement pas... La tête toujours basse, fixant les carreaux du sol, j'ose tout de même répliquer.
- Merci... Et non... Vraiment... C'est... C'est plutôt moi qui... Qui devrait fermer ma bouche et partir d'ici à toutes jambes... Enfin... Je devrai...

Je pointe la direction de la tour de guet de mon doigt, reculant d'un pas pour tenter de m'éclipser le plus rapidement possible.

- Je vais retourner voir si tout va bien...

Si le père laisse échapper un petit rire, le ton de sa voix reste finalement très doux et compréhensif.

- Très bien, nous vous apporterons à manger dans la soirée, reposez vous d'ici là.
- Me..Merci.

Et il ne m'en faut pas plus pour retourner à toute jambe ou presque jusque dans la petite tour de celui que j'aime, et en gravir les deux étages jusqu'à atteindre le lit et immédiatement me glisser dedans, couette sur la tête pour cacher ma honte.

- Cette fois c'est foutu. Ils doivent me prendre pour une folle...
"Je ne te le fais pas dire..."

Enfin... tout n'est pas perdu ? Je suppose que je peux rester cacher là tout le temps de notre séjour, non ?

On rentre quand à la capitale déjà ?

Il y eut quelques bruits de pas précipités, et un grand bruit de draps froissées. Arthorias n'eut pas besoin d'attendre d'avantage pour voir son amante sous les draps à son tour, visiblement essoufflée ou totalement honteuse.
Se tournant sur le côté, il l'attira à lui, callant sa tête contre son torse en caressant ses cheveux.

-Je ne pense pas. Ils sont bien conscient de la pression que tu dois avoir
Je suis sur qu'ils ne pensent que du bien de toi

Le rassura t'il en déposant un baiser sur le front de son amante. Cette dernière ne semblant pas décider à bouger, sans doute en train, comme à son habitude, de se convaincre d'une faute qu'elle n'avait pas commise.

-Luna, ils ne sont pas dans la chambre, tu peux respirer

Un léger sourire sur le visage, le capitaine tacha de faire se détendre son amante dont la gène faisait fondre son cœur.
Quelques baisers dans sa nuque, puis sur ses lèvres avant qu'il ne relève doucement l'épaisse couette de son visage ou le blond put voir un visage gêné

-Je suis désolé de t'avoir fait descendre, j'aurai dut y aller moi même

S'excusa t'il avant de tenter de se lever lui même. Il fallut bien quelques secondes pour qu'il soit sur ses pieds.
Mal assuré, mais volontaire, l'officier commença à débarrasser le large bureau en face du lit, enlevant quelques dagues mal aiguisées de ce dernier. La plupart de ces dernières étaient trop usées pour encore servir, et leurs lames portaient des marques profondes.

-Et si je reste encore aussi inutile, je pense que je vais finir par devenir fou

Dit il, en fouillant dans son sac pour en sortir sa trousse du parfait maladroit, en sortant plusieurs baumes contre les hématomes.
Rester allongé alors que son amante peinait à l'aider le rendait nerveux. Et, ignorant la douleur, il commença à dévisser les pots, ses mains tremblantes peinant à retirer les couvercles qui finirent par glisser de ses doigts avant de rebondir de façon sonore contre le sol de pierre

En vérité, la honte est très vite passée mais... Vu l'attention dont je bénéficie soudain, je préfère encore garder ma moue honteuse pour continuer de me faire réconforter.

Malheureusement pour moi, cela ne dure finalement qu'un temps avant qu'Arthorias ne sorte carrément des draps alors même que je lui avais dit de rester au lit. Non mais sérieusement, on dirait moi, c'est presque vexant.

Alors cette fois je fais la moue, mais pas de honte, juste un peu boudeuse. Bon, bien sûr, il ne me voit pas trop occuper à faire joujou avec son sac sans fond et à en tirer sa trousse du parfait maladroit. Et finalement, sous sa dernière réplique, ma bouderie se transforme en un regard de tendresse alors que je me relève doucement et m'approche de son dos, posant une main sur la sienne et mon menton sur son épaule.

- Tu n'es pas inutile. Et ton seul devoir là tout de suite, c'est de t'allonger et de te reposer, ordre de ta cuirassière.

Je pose alors un baiser sur sa joue avant de le faire doucement se tourner vers le lit pour le pousser dans la bonne direction.

- Laisse moi prendre soin de toi pour cette fois, d'accord ?

Puis je regarde les différentes boites de métal sortie et en lis le contenu avant de ramasser le couvercle qui a glissé sur le sol. Et, emportant tout avec moi, je retourne m'assoir sur le lit juste à côté de lui.

- Bien, montre moi l'étendu des dégâts... Et promis, je vais essayé d'y aller doucement...

Même si en soit, ce n'est clairement pas quelque chose dont j'ai l'habitude... Après tout, moi, quand je me soigne, en général j'appuie comme une brute pour vérifié que c'est bien cet endroit là qui fait mal...

Mais bon, là le soucis, c'est que c'est moi qui vais "appuyer" et Artho qui va ressentir... Hm.. Faut vraiment que je fasse attention.

L'étendue des dégâts... La simple mention de ses blessures suffisait à rappeler à ce dernier à quel point il avait été imprudent.
Sa première idée fut de refuser, autant par pudeur que par fierté, mais force était de constater que sans aide, il n'aurait pas été capable de se soigner.

-D'accord...

Dit il en rougissant, commençant très lentement à dénouer les boutons de son haut. La tache était ardue avec ses doigts engourdis. Lentement, le morceau de tissus tomba de ses épaules, laissant voir son dos contusionné.
La chair normalement diaphane était percluse de bleu en tout genre, certains prenant tout l'omoplate et virant sur le violet.
Cela et quelques légères griffures qui laissaient deviner la taille des tuiles qui avaient manquées de mettre fin à sa vie.

-C'est comment ?

Demanda t'il en tachant de prendre un air rassuré. Pour le moment, il avait préféré ignorer les miroirs, le peu qu'il avait vu de son torse ayant suffit à lui faire peur.
Et son torse... Ce dernier était tout aussi marqué que son dos, bien que là, ce soit d'avantage de légères entailles déjà refermées.

N'osant qu'à peine lever les yeux, il se retrouvait pour la première fois aussi peu vêtu devant son amante. Et contrairement à ce qu'on aurait put le penser, l'officier était bien loin d'être à l'aise.
Son corps, bien que fin, était bien musclé, le résultat d'années passées à s'entrainer.
Et chose plus qu'étonnante, il n'avait aucunes anciennes cicatrices, seules les nouvelles ayant marquée sa peau.

-J'espère que ce sera la dernière fois que tu aura à faire ça. Enfin... pas prendre soin de moi... Simplement... enfin

Même s'il peinait à trouver les mots, le fond était plutôt compréhensible, et si les marques d'attentions de la jeune femme étaient plus qu'appréciées, l'obliger à jouer l'infirmière alors que lui même était dans une fâcheuse posture ne lui plaisait pas vraiment.

C'est comment hein ?

Ce n'est que lorsqu'i commence à déboutonner sa chemise que je prends vraiment conscience de ce que je vais faire. Alors, avant même de voir ce qu'il en est, ça devient soudainement... gênant... Même si... Même si une partie de moi se retrouve soudainement toute émoustillée par la simple idée de pouvoir voir son buste en détail. A tel point que je choisis de me concentrer sur les pots dans mes mains le temps que la chemise tombe sur le lit et qu'il me montre enfin son dos tout en me posant la question fatidique.

Et là alors, je regarde, le rouge au joue. Rouge qui part très vite, remplacé par un froncement de sourcil en découvrant les différentes teintes de sa peau, allant du bleu au violent, en passant pas des dégradé de vert et de rouge...

Alors j'hésite, comment décrire cela ?

- Disons simplement que je serais plus sereine après avis médicale.

Je souffle longuement en attrapant le premier baume et en en récupérant sur mes doigts. Puis, avant même d'oser le toucher, je m'arrête un instant.

- Surtout, dis moi si je te fais mal...

Et enfin, mes doigts viennent doucement effleurer sa peau multicolore, faisant attention de ne pas mettre de crème dans les éraflures encore ouverte, ne sachant pas trop quel effet ça aurait. Et alors que je m'applique, je l'entends bafouiller quelques mots... Cela me fait sourire un peu, comprenant tout à fait ce qu'il veut dire.

- Je n'aimerai pas non plus que tu te retrouves sous un effondrement... Vraiment pas. Mais, même si avec ton pouvoir je me doute que ça arrive rarement... Nous sommes des gardes et... Maintenant qu'on est ensemble, je suppose qu'on peut bien se permettre de se reposer un peu sur l'autre pour ce genre de chose ?

Nous n'avons clairement pas choisi le métier le plus tendre au niveau des blessures, même si au vu l'état de sa peau qui, bien que coloré, reste tout a fait indemne de la moindre cicatrice et donc de trace d'ancienne blessures, je ne doute pas que de telles situations se reproduiront.

Et à choisir, je préfère largement que ce soit moi qui lui apporte ces soins que n'importe qui d'autres... D'autant plus maintenant où cela me permet d'être proche de lui, vraiment proche, détaillant consciencieusement chaque parcelle de son dos, chaque muscle, chaque contour... Prenant soin de n'oublier aucune zone malmenée tout en ressentant sous mes doigts la chaleur qui se dégage de sa peau, embrassant une nouvelle fois mes joues.
Jusqu'à ce que mon œuvre se termine, du moins pour ce côté ci de son corps... Cela dit, je laisse trainer un peu, hésitante, repassant à certains endroit avant de finalement souffler longuement pour me ressaisir et déclarer.

- Tourne toi...

Et si j'ai eu un aperçu de ses abdos la veille, ayant tout fait pour ne pas les dévisager et m'emporter, là, alors qu'il se tourne et me fait face, difficile de passer à côté.
Son dos ayant tout pris, il n'y a pas grande contusion de ce côté ci, juste quelques eraflures bégnine sur une peau d'albâtre avec quelques tâche à peine bleu, des muscles finement sculptés, le tout surmonté d'un visage rougis par la gêne et des yeux dans lesquelles j'ose me perdre en murmurant sans même m'en rendre compte...

- Tu es magnifique.

Avant d'aller me pendre à ses lèvres dans un baiser, envoutée.

Le contact de la pommade sur sa peau était glacé, et si, très rapidement, celui plus chaud de la main de son amante venait remplacer la morsure froide, ce n'était qu'un ballet de braise et de givre qui ne manquait jamais de perdre l'officier dont les yeux étaient rivés au sol, tachant de maitriser ses émotions en se mordant la main, allant jusqu'à laisser de profondes marques de dents dans la jonction entre le pouce et l'index.
Et quand il fallut se retourner pour faire face à Lunarya, le blond ne put pas d'avantage la regarder dans les yeux, bien peu à l'aise avec sa propre faiblesse.

Le baiser fut comme un électrochoc qui ne lui fit lever le regard que pour plonger de celui de la belle demoiselle, qui se colla à lui sans plus de retenue.
Un acte qu'il ne put vraiment refouler, pas plus qu'il n'en eut envie, lui rendant son attention à peine la surprise fut elle passée

-Tu ne tiens à ce que je guérisse c'est ça ?

Parvint il à dire entre deux embrassade passionnée, résistant comme il le pouvait à l'envie de la prendre dans les bras et de la serrer du plus fort qu'il puisse.
Au lieu de quoi ses mains vinrent se poser sur ses hanches, son esprit se mettant à vagabonder bien loin de la douleur.

-Même si je n'a rien contre tes attentions, je n'ai pas vraiment pour habitude de me laisser soigner par quelqu'un d'autre.
Ma fierté d'officier peut être ?

Dit il à demi mot avant qu'un petit rire ne lui déclenche un léger pic de douleur

-Mais avec l'habitude, je pense que je m'y habituerai. Même s'il y aura fort à faire avec toi ma chère.

Remontant la manche de la rousse, il parcouru ses propres anciennes blessures avec attention, du moins l'attention que voulait bien lui laisser Luna

Mon index caresse doucement son menton pour ramener son attention vers mon visage plutôt que mes cicatrices... Je sais que sa remarque se voulait assez légère et innocente mais... Elle me rappelle soudainement l'état de mon corps et mes anciennes négligences.
Comment aurais-je pu croire qu'un jour mon attention se porterait sur un autre qu'Elion ? Comment aurais-je pu imaginer ne serait-ce qu'un instant vouloir de nouveau me trouver belle au travers des yeux d'un homme ?

- J'ai une raison de ne plus prendre autant de risque qu'avant maintenant. Alors je tâcherai de faire en sorte que tu ne t'y habitues pas trop... Du moins, j'essayerai.

Ce sera surement difficile pour moi dans le feu de l'action de faire autre chose que prendre des risques insensés pour jouer le tout pour le tout, trop habituée que je suis à ce procéder qui ne m'a pas tellement réussie puisque je ne suis jamais devenue Prétorienne malgré toutes mes demandes. Mais ça comme tout le reste... Tout ce que j'ai vécu jusqu'alors semble avoir finalement perdu tout son sens depuis que je suis avec lui.

Adieu sacrifices, adieu efforts inutiles, souffrances et solitude. Aujourd'hui tout me semble enfin possible. Bien sûr, mes chaînes sont toujours là. Bien sûr, je ne me permettrai jamais d'arracher Kahlua à Elion pour pouvoir vivre avec elle mais... Mais si Arthorias arrive à convaincre les Lys, ou mieux, si ensemble nous arrivons à briser mes chaînes alors...
Alors je pourrais peut être... la récupérer de temps en temps ? Et passer plus de temps avec elle au grand jour.

Une nouvelle fois, mes lèvres se posent sur celle du capitaine avant de simplement le fixer amoureusement tout en tenant sa tête dans ma main glissée au milieu de sa chevelure d'or. Et si une chaleur semble naitre et grandir au creux de mon ventre, guidant mon corps contre le sien, je sens aussi une certaine réticence venue de mon esprit, créant en moi une hésitation mordante qui me fait presque faire un bond en me retournant alors que deux étages plus bas la porte s'ouvre soudainement et laisse entrer les voix d'Alicia et d'une autre personne.

- Arthorias ? Lunarya ? Le médecin est là ! On peut monter ?

Et immédiatement, mes joues s'empourprent alors que je saute hors du lit, prenant un maximum de distance aussi bien avec le capitaine qu'avec une partie de mes pensées, ramassant rapidement les pots et m'attelant à les refermer maladroitement sur le bureau tout en m'asseyant à la chaise, faisant au mieux pour prendre de grandes inspirations pour chasser mon trouble et rester digne.

Même si ça semble franchement compromis.

Je me fige lorsque j'entends la médecin dire que quelque chose n'est pas à sa place, et mon corps loupe un battement sous le "crac" que produit le dos d'Arthorias. Et si jusque là je faisais de mon mieux pour rester loin, imaginer la douleur qu'a du ressentir le capitaine me fait subitement me replacer près de lui, venant m'assoir sur le lit non loin de sa tête en contournant consciencieusement les deux autres femmes de la pièce.

Pour autant, mon regard se durcit quelque peu lorsque j'entends Alicia refuser d'embler la potion. Pourquoi ? S'il a mal et si ça peut le soulager alors pourquoi l'en priver ? Personnellement je n'en utilise jamais mais c'est que la douleur ne me dérange guère. Mais... Mais lui.
Lui je ne veux pas qu'il souffre.

Sa main se glissant dans la mienne vient calmer un peu mes pensées tandis que mon regard se pose dans le sien, tâchant pour le mieux de lui rendre son sourire. Un sourire qui ne tient pas vraiment alors que la doctoresse continue son auscultation sous les yeux de la mère du blond.

Mon pouce caresse doucement la main que je tiens tandis que je cherche désespérément ce que je pourrais faire pour l'aider à aller mieux.

- J'ai terminé. Au final, c'est clairement pas beau à voir, mais vous y survivrez à n'en point douter. Par contre, et j'insiste : seul le repos vous aidera à guérir. Si vous le négligez, ce n'est pas pour une lune que vous en aurez mais peut être trois.
- Oui, évidemment. Même si ça ne nous dérangerai pas que vous restiez aussi longtemps, je suppose que le Capitaine de la Garde Royale ne peut pas vraiment se permettre de s'absenter trop longtemps.
- Une lune, c'est déjà trop.

Je ne sais pas combien de temps avait prévu de s'absenter Arthorias mais... Une lune entière ? Alors qu'il a des centaines de responsabilités à la capitale ? Moi à la rigueur, passe encore... Je ne suis qu'une cuirassière parmi d'autre mais... lui ? Nous n'avons qu'un seul capitaine et même si il se permet de déléguer régulièrement, je doute que cela soit très apprécié dans les hautes sphères... Et si... Si à cause de moi il perdait son poste ? Non. Non, je ne le permettrai pas.

D'autant plus que les choses ont clairement changé depuis notre départ. Si à la base nous sommes venu ici pour que je puisse me reposer et reprendre du poils de la bête, aujourd'hui je sais que mon repos, je le trouverais tant que je serais près de lui.

Alors, puisant mon courage dans cette main que je tiens, je tourne mon regard vers Katelyn en ignorant totalement Alicia.

- Vous pourriez nous fournir une potion ? Ou dois-je me rendre en ville pour en acheter une ?

J'ai bien conscience d'aller totalement contre l'avis maternel mais... Si les potions sont réservées aux urgences, alors à mes yeux au vu du fait que ce soit lui qui soit blessé et immobilisé, on est clairement dans l'urgence...

L'urgence de faire en sorte qu'il se sente mieux, et qu'il puisse lui aussi profiter de ce repos qu'il nous a octroyé.

La réaction de la jeune femme n'avait rien d'étonnant, et Arthorias lui prit la main avec le sourire, secouant doucement la tête, un mince sourire rassurant sur le visage.

-Non pas la peine d'en prendre une, c'est une denrée plutôt rare ici, et mieux vaut que cela serve à quelqu'un dans le besoin

Dit il de sa voix douce, mais empreinte d'une certaine fatigue.
Le village était en effet assez isolé du reste du royaume, les routes commerciales n'étant pas forcément légion dans les parages et les rares fois ou un marchand venait ici, c'était presque par hasard, il était donc normale que les potions soient laissées pour des cas urgent.
Et considérant l'état actuel du royaume, l'officier tenait laisser à son village natale le plus de réserves possibles, à défaut de pouvoir leur envoyer quoi que ce soit.

-Ne t'en fais pas, mes amis restés à la caserne sauront gérer le régiment sans moi. Ils commencent à avoir l'habitude

La propension d'Arthorias à vadrouiller partout dans le royaume était notoire pour les prétoriens, et ces derniers savaient parfaitement comment organiser la vie du régiment, Tancred et Ciaran étant tout aussi compétent que le capitaine pour les affaires courantes.
Et si les choses allaient de travers, ces derniers sauraient le retrouver, aussi surement que le soleil se levait chaque matin.

-Je ferais en sorte de trouver un herboriste demain, ce sera mieux que rien

Alicia serrait le poing, visiblement attristée de ne pas pouvoir en faire plus, mais mieux que son fils, elle connaissait la situation du village

-Heureusement, nous avons quelques plantations qui fournissent de quoi guérir les maux les plus légers, rien d'aussi efficace qu'une potion j'en ai peur.
Mais ce sera déjà ça.

Le prétorien hocha la tête, remerciant le médecin qui rangea ses affaires, observant une dernière fois le corps de l'officier

-Pas d'actions inconsidérées, et évitez le cheval pendant quelques jours. Une fois que les bleus auront commencer à disparaitre, vous pourrez reprendre des activités ordinaires.
Et une fois disparut, attendez au moins une semaine.

Ce fut tout ce que Katelyn put faire, avant de se retirer avec Alicia, laissant les deux amants seuls dans la chambre
Arthorias secoua la tête tristement.

-Si j'avais fais plus attention, on n'en serait pas là....

Des plantes... Ça me rappelle...

A peine les dames entament leur mouvement de descente que je me lève aussi et me précipite vers mon sac sans fond. Et tandis que je farfouille à l'intérieur, j'entends Arthorias marmonner.

- Si ce toit n'était pas tombé sur toi, j'aurai surement continué de bouder parce que tu semblais me prendre pour une petite noble superficielle et que ça m'agaçait. Je ne me serai alors pas inquiété pour toi, et aurait peut être continuer de me forcer à croire que tu étais juste un amour avec tous tes soldats, et pas juste avec moi. Ah, te voilà toi.

Je sors soudainement un bocal contenant des plantes séchés de mon sac, le montrant à Arthorias.

- J'avais complètement zappé que j'avais ça... En même temps ça fait quelques mois maintenant que je me trimballe avec et que je ne l'ai jamais utilisé... C'est une médecin de la capitale qui me les a donné pour combattre les douleurs... Même si bon, je n'ai pas eu le cœur de lui dire que ça ne me serait d'aucune utilité pour celle que je voulais combattre vu que ça nécessite d'être infusé et que, lors des crises, je suis totalement... Hm. A défaut de me soulager moi, ça pourra peut être t'apaiser ? Enfin, c'est juste un anti douleur hein... Ça n'aidera probablement pas à la guérison. Juste à la rendre plus supportable.

Mais parfois, la douleur nous permet justement de savoir ce qu'il faut faire, et ce qui est de trop. Donc est-ce vraiment une bonne idée de la lui réduire ? Enfin, quand je repense au craquement de son épaule, je me dis qu'il n'y a clairement pas à hésiter.

- Je... Je devrai aller demander de l'eau chaude à tes parents pour en faire infuser une ou deux feuilles...

Pas plus... Il parait que c'est mortel si c'est trop fort, et je ne souhaite pas prendre le moindre risque de perdre mon beau chevalier tout juste trouvé.

Cela dit, j'avoue que l'idée de redescendre ces marches pour me retrouver une nouvelle fois seule avec les parents de l'homme qui fait battre mon coeur ne me plait qu'à moitié.
Et c'est bien pour ça que, malgré mes paroles, je reste encore face à l'escalier, mon bocal en main, et sans oser faire un pas de plus tout en me mordant la lèvre.

Mon plan infaillible c'était pas de rester cacher sous le draps jusqu'à notre départ ? Mais maintenant, le départ n'est pas avant une lune... Clairement, je tiendrai pas tout ce temps dans un trou, aussi douillet et chaleureux soit-il.

Une noble superficielle hein ? La réaction aurait presque pu le faire rire si tout cela n'avait pas été aussi dramatique.
D'un autre côté, la jeune femme lui avait fait payer sa prévenance sans le savoir.

-J'imagine qu'il aurait fallu trouver un autre moyen pour te redonner le sourire. Peut être que nous n'en serions pas là sans cette bestiole et ce toit en ruine.
Mais j'avoue que l'idée de ne pas recevoir plusieurs dizaines de kilos de tuiles sur le dos...

Mais l'important n'était plus vraiment là. Bien au contraire. Le fait était que le Prétorien était dans un salle état physique, mais ironiquement, il ne s'était jamais sentit aussi heureux.
Lucy avait un certains sens de l'humour. Observant la jeune femme ouvrir son sac pour en tirer un bocal de feuille qu'il ne reconnu pas immédiatement.
Et alors qu'elle commençait à partir pour chercher de l'eau, Arthorias dut la retenir par le bras.

-Franchement... Je pense que je survivrais sans ça.
Si par contre tu peux rester avec moi... Je suis sur que cela fera plus de bien qu'une décoction aussi originale soit elle.

L'attirant à lui, il lui fit poser le petit bocal par terre, préférant la savoir avec lui plutôt que perdue dans un des recoins de l'ancienne caserne.
Surtout à cette heure là ou les élèves devaient être en train de courir partout pour se préparer à aller dormir.
Et le sommeil ces derniers temps n'avait pas été des plus reposants... En regardant la chambre, il se rendit compte d'un petit détail qui jusque là lui avait totalement échappé.

-Je comptais prendre un des canapés à l'étage du dessous pour dormir... Mais... Tu penses qu'on pourrait partager le lit au moins ce soir ?
J'ai bien peur que mon dos me fasse payer une aventure hors d'un lit cette nuit

Avoua t-il un peu gêné.
S'ils avaient jusque là partagés une couverture, un lit aussi grand soit-il représentait une toute autre épreuve. Et si le capitaine n'imaginait pas faire dormir son amante ailleurs, son état ne lui permettait pas de faire autrement.

-Enfin je comprendrais que cela te gêne, après tout toi et moi... c'est assez récent

En fait, je suis rassurée qu'il me retienne, alors je ne rouspète pas lorsqu'il me tire vers lui, m'asseyant simplement sur le lit à ses côtés. Et sa dernière réflexion me fait lever un sourcil. N'avons nous pas dormis l'un contre l'autre cette nuit ? Certes c'était court à cause des Trappeurs mais... mais je me souviens bien m'être endormie dans ses bras alors...

- Mon pauvre capitaine tout blessé... Laisse moi te dire une chose.

Je m'allonge alors à ses côtés pour mettre mes yeux à hauteur des siens.

- Toi convalescent il est clairement hors de question que tu dormes ailleurs que dans ce lit. Après... Si tu m'as trouvée trop collante la nuit dernière alors... Très bien, j'irai sur ton canapé. Mais il ne faudra pas venir te plaindre que tu as froid... De toute façon, je doute de pouvoir t'entendre si loin...

Oui, je me moque de lui. Cela dit, au fond, je me demande si c'est une véritable bonne idée que de précipiter les choses... Oui, j'ai envie d'être près de lui... Parce que je me sens revivre. Je me sens enfin libre d'être heureuse et c'est vraiment ce que je souhaite mais... Mais est ce que ce ne serait pas... dangereux ?

Déjà tout à l'heure... Maintenant que j'y pense, j'ai ressenti cette tension entre nous, une tension dévorante et hurlante. Et ma seule envie était d'y céder mais...
Mais la voix de Joshua Lys résonne encore bien trop fort dans ma tête, lui qui a osé me dire de tomber enceinte pour être certaine de garder mon fiancé. Et clairement, je refuse de compliquer encore plus la situation avec un petit être qui n'aura rien demandé.
J'ai suffisamment d'une Kahlua, hors de question de m'y reprendre une seconde fois.

Alors je baille, fortement, faussement.

- De toute façon, je suis vraiment fatiguée et toi tu dois absolument te reposer... Donc promis, si tu veux bien de moi, je ne t'embêterais pas et te laisserai dormir jusqu'à demain matin d'une traite. A toi de me dire...

Mais au fond, j'espère vraiment que, comme moi, il ne veut pas qu'il y ait de distance entre nous.