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Rebondissant sur ses propos, il commença doucement à manger.
-Disons qu'elles sont pour moi comme ton Mist, pour sur, elles ne parlent pas, pas plus qu'elles ne procurent le moindre réconfort.
Mais je les portes depuis mon entrée à l'académie.
Et encore, même quand il était enfant, ses parents lui avaient fabriqués une petite armure en bois, pour pouvoir jouer aux bandits et aux gardes.
Secouant la tête, il finit par terminer son assiette, se levant une fois le repas terminé pour gagner leur chambres.
-Je possède bien une armure enchantée, mais ce n'est pas celle là. Elle dort bien au chaud dans ma chambre.
Enfin, passons la dessus, je vais essayer de me laver
Fermant la trappe, Arthorias commença à défaire les sangles de sa cuirasse faisant tomber peu à peu ses protections, laissant enfin apercevoir son véritable corps.
Enserré dans une tenue claire qui laissai voir sa silhouette, il sentit l'air frai parcourir ce qui avait été jusque là recouvert par du métal.
-Disons... que ce sont des vêtements comme les autres maintenant, peut être plus lourd cela dit.
Ses épaules craquèrent à l'unisson quand il s'étira, s'appuyant contre un des murs de la pièce. Fixant la jeune femme, il désigna l'armure posée au sol.
-Mais je suis touché par ta proposition, même si je n'ai pas vraiment le droit de t'imposer mes soucis, tu en as déjà bien assez, et comparés aux tiens, ça ne fais pas le poids.
Soit juste assurée que je ne compte pas rompre ma promesse.
Mains sur les genoux, il fixa la porte qui menait à la petite salle de bain
-Les dames d'abord, laisse moi un peu d'eau chaude s'il te plait.
Et promis je n'écouterais pas aux portes
Fit il en souriant
- Je sais Artho... Mais chaque poids, aussi faible soit il est un fardeau et, pour ton bien comme pour le mien, je préfèrerai savoir que tes épaules sont vides de tous désagréments... Ne serait-ce juste pour que tu puisses plus facilement m'aider à porter mes propres soucis.
Je lui souris alors, le dépassant pour prendre le tour dans la salle d'eau ridicule, rougissant une nouvelle fois alors qu'il m'assure qu'il n'écoutera pas aux portes. Pressant le pas, je m'enferme rapidement avant de me laisser tomber sur la porte. Mine de rien, une part de moi est inquiète... Qu'est ce qui pourrait bien le rendre triste ?
Ai-je vu juste avec mes hypothèses sur de potentielles amours impossibles ? Et pourquoi ça me rend triste de penser que ça pourrait être le cas ? Parce qu'il mérite de trouver le bonheur ? Parce que le voir triste me rend triste ?
Je n'en sais rien. Et cette fois, Haku a décidé de se taire, veillant simplement sur moi comme il le fait toujours, à défaut de pouvoir faire autre chose.
Alors, silencieuse, je me dévêtis et me lave de la poussière accumulée dans la journée, ne prenant pas plus de temps que nécessaire sous l'eau que je laisse froide pour pouvoir laisser tout le loisir à mon protecteur de se détendre.
Mon protecteur... Légèrement frigorifiée, frottant mes longs cheveux laissé libre avec ma serviette, je regarde la porte de la salle d'eau, imaginant qu'il se trouve derrière. Jamais je n'aurai un jour imaginé que mon supérieur de la garde royale choisisse ainsi de se mettre en danger lui et sa réputation pour moi, une de ces nombreuses subalternes ne valant clairement pas plus que les autres.
Et pourtant, on est là, tous les deux, dans cette petite chambre plutôt miteuse de cette auberge au milieu de rien. Et malgré tout ce qui nous attend, malgré mon mist qui me soule et cette warg qui me pousse dans des situations malaisante, je me sens bien, réellement bien.
Me rhabillant rapidement, je laisse alors la place au Prétorien.
- J'espère que je n'ai pas été trop longue... Mais promis, tu auras de l'eau chaude. Enfin... S'il y en a.
Les cheveux encore humides, habillée d'une simple tunique longue dévoilant mes nombreuses cicatrices trop grossière pour avoir été soignées sur les jambes, je me dépêche de passer devant lui pour aller me réfugier sur le lit de paille et m'enrouler dans la couette, cherchant même ma cape de voyage dans mon sac pour m'étaler sur moi et augmenter la température de ma couche.
Celui donnait un charme de guerrière féroce, qui intimida presque l'officier dont la peau n'affichait rien d'autre qu'une absence totale de défaut.
Malheureusement, il n'eut pas l'occasion d'en dire plus, car elle plongea sous ses couvertures. Se levant lentement, le blond sauta dans la salle de bain, découvrant un endroit bien simple mais fonctionnel.
Comme promis, l'eau fut chaude, et en bonne quantité, l'officier se permettant ainsi de laver ses soucis à grand coup d'eau et de savon. Il ne fallut qu'une dizaines de minutes pour qu'il ne ressorte en tenue légère.
Là ou Lunarya avait l'air d'un vétéran, Arthorias était bien trop parfait pour son expérience, un fait qui aurait sans doute dut choquer.
-Il n'y a rien de mieux qu'une bonne douche pour enlever les soucis de la journée.
Dit il en s'allongeant sur la paillasse à côté de Lunarya, de telle sorte à ce que seule sa tête dépasse de la couverture. Cela lui rappelait l'époque ou il était enfant.
-Ne t'en fais pas, pour le moment les seuls soucis que j'ai, c'est de prendre soin de toi, même si cela ne s'avère pas aussi compliqué ou contraignant que je le pensais.
Par contre, j'espère que tu pourra me raconter comment tu as eut toutes ces cicatrices.
Dans la pénombre, ses yeux luisaient doucement, fixés sur le visage de la jeune femme. Frissonnant légèrement à cause du froid, il se tourna doucement pour se mettre sur le dos, soupirant en entendant le plancher craquer
-Si mon armure avait une fonction chauffante, je l'aurais peut être gardée, j'avoue avoir mal estimée les températures de la région
La lune vint rapidement éclairer la petite pièce. Les pupilles émeraude de son amie resplendissant à leur tour
Mais cela a-t-il encore une quelconque importance aujourd'hui ? Je suppose que non. Je me redresse alors, attrapant ma cape fourrée pour lui étaler dessus suite à sa remarque et me rallonger, comme si de rien était, un geste qui me semble tellement naturelle que je n'y fais même pas attention, puis je me rallonge, me cachant largement sous le duvet avant de répondre à sa question sur un ton plutôt dépité.
- C'est le résultat de mes nombreux efforts pour devenir Prétorienne. Surtout, ne pas montrer ces faiblesses, encaisser, faire croire qu'on est pas blessée, cacher le sang, les plaies, attendre, forcer et surtout, ne pas hésiter à prendre des risques parfois inutiles pour parvenir à ses fins... Bref. La dernière en date étant celle ci. - Je lui montre alors la zébrure qui pare mon bras, remontant du coude jusqu'à dix centimètre en dessous de l'épaule. - Sauf que ça s'est infecté... Que je me suis faites engueulée par la médecin que les autres ont appelé alors que je me suis écroulée dans l'escalier... Je ne compte pas le coup de couteau de l'autre jour vu qu'il a été immédiatement soigné... Bref, toutes ces marques montre juste à quel point je suis désespérée de faire ce qu'on veut que je fasse de peur des conséquences... Ce n'est en rien quelque chose de glorieux...
Je me tourne une nouvelle fois, plutôt honteuse, avant de continuer.
- Désolé de te l'avoir caché. La vérité c'est que je suis une piètre garde royale. Mais malgré tout, j'essaye vraiment de faire de mon mieux...
Je me demande ce qu'il va dire, maintenant qu'il sait qu'une de ces soldates qu'il m'a avoué admiré vient de briser toute l'image qu'elle s'était forgée en l'espace de quelques instants. Un parcours impeccable ? Clairement pas. Un gout du risque prononcer ? Beaucoup trop... En même temps c'est facile quand on ne tient pas tellement à la vie.
Je suppose qu'il va m'engueuler. Après tout, c'est son rôle et je le mérite. Alors j'attends la sentence, resserrant la couverture sur mon visage.
-Merci...
Dit il, presque honteux de profiter du peu de confort qu'avait la jeune femme. Mais, les nombreuses cicatrices de Lunarya finirent par attirer son attention.
Laissant ses yeux se balader sur les blessures qui lui étaient montrée, il fit courir ses doigts le long de plaie.
Il sentait la chaleur qui émanait de sa peau, peut être pour la première fois sans le filtre de ses gantelets, lui procurant une étrange sensation.
Mais comme d'habitude, Luna se reprocha tout cela.
-Tu es toujours trop dure avec toi même. Ta seule faute c'est de ne pas te laisser soigner correctement.
Tu sais, tu n'es pas la seule à te faire blesser en mission. Je n'ai simplement pas de cicatrice, même si j'ai perdu la vie à cause de cette blessure
Une histoire qui remontait à des évènement qu'il valait mieux oublier, la douleur revenant parfois comme un mauvais rêve. Lorsque la griffe noire lui avait perforée le cœur.
Secouant la tête, il sourit à son amie avant d'ajouter.
-Un piètre garde royal ? Les blessures ne sont pas signes d'un échec. J'ai connu de mauvais gardes, et le nombre de cicatrice n'avait rien à voir avec leur qualité.
Si tu as été intégrée, c'est que tu était déjà la meilleure.
Repassant sur la cicatrices, ses yeux vairons finirent par remonter vers ceux de son amie, se faisant inquiet.
En tant que supérieur, il était de son devoir de ne pas la laisser recommencer ce genre de folie. Mais pour le moment, ce n'était pas le capitaine Hekmatyar qui parlait.
-J'aimerai que tu te laisse soigner désormais. Tu n'as plus rien à prouver. Et si tu peux bien me faire un seul serment, je veux que ce soit celui de prendre soin de toi
Son air était sérieux, mais étrangement, sa main tenait toujours celle de la jeune femme
Suivit d'une demande... Une demande qui me rappelle très largement la propre demande que j'ai faite à Elion lors de nos adieux. Cela me serre la gorge, et me fait refermer ma main sur ses doigts qui me tienne. Mais pour une fois, je ne pleure pas, souriant juste.
- Je vais essayer oui. Avant, je n'avais que trop peu de raison de faire attention, ma vie étant de toute façon un véritable fiasco que je ne pouvais contrôler... Et comme les Prétoriens représentent les vingt meilleurs guerriers du royaume, et que je devais absolument les rejoindre, je me sentais obligé de mentir, sur ça et sur plein d'autres choses.
Mais maintenant... Maintenant je suppose que je peux effectivement essayer de penser à moi. Et ça, c'est grâce à toi.
Je fixe ses yeux vairons, mon regard débordant de gratitude pour lui. Je doute qu'un jour il se rendre vraiment compte de l'importance de ces petits gestes et affections pour moi. De ce qu'ils m'apportent réellement. Car si pour lui, c'est quelque chose qu'il ferait pour n'importe lequel d'entre nous à la royale, pour moi, ça représente l'espoir d'une nouvelle vie, d'une sortie des enfers, d'une liberté que j'ai perdu lorsque mes parents sont morts.
Alors non, ce n'est clairement pas quelque chose d'anodin.
"Je sais que tu ne veux pas que je parle mais... Luna... Juste, demande lui si il a l'habitude de faire ce genre de missions de haut vol pour ces soldats. Juste ça, je suis sûr que tu veux savoir aussi..."
Mon sourire s'efface un peu alors que j'écoute Haku, me concentrant sur le contact de sa main sur la mienne qui ne semble pas vouloir me lâcher, que je ne veux pas qu'elle me lâche.
Oui, moi aussi, je me demande...
- Ça... J'espère que les autres gardes ont moins de problèmes personnels que moi... Je n'ose imaginer à quel point ça doit être fatiguant de devoir aider tout le monde comme tu le fais avec moi...
Au mieux, il aurait pu faire un rapport et laisser quelqu'un d'extérieur à tout cela gérer la situation. Cette simple question était donc quelque peu troublante.
-Chaque personne à ses soucis, même si j'avoue ne pas avoir eut à autant m'impliquer avec quelqu'un d'autre. Pas plus que je n'aurais pu le faire...
Il aurait aimé lui dire que tout cela n'était qu'une partie de son travail. Mais ce fut avec une certaine surprise que l'officier se rendit compte que ce n'était pas le cas.
Rougissant dans l'obscurité, il resta muet un moment, commençant à effleurer du bout du doigt ce qui avait provoqué tout cela.
Cela dit, s'il aurait pu faire tout le cheminement en temps normal, le fait que le soucis parte de lui obscurci totalement son jugement, si bien qu'il se trouva incapable de savoir ce qu'il lui arrivait.
-Disons que parfois, aider quelqu'un est loin d'être un problème. Et dans ton cas, je suis réellement heureux de pouvoir le faire.
Il laissa en suspens ces mots. Se rendant compte de sa proximité avec la jeune femme dont la main était enveloppée dans la sienne.
Se remettant sur le dos, Arthorias la garda précieusement contre lui, fixant cela dit le plafond avec intensité.
-Mais nous parlons, nous parlons, hum... Demain risque d'être assez fatiguant, mieux vaut dormir tant que nous le pouvons, nous aurons tout le temps d'en parler une fois arrivés
Et étrangement l'idée de tout mettre à plat une fois à destination n'était pas forcément pour lui plaire.
Comme le contact physique qu'il avait maintenu avec Luna le lui prouvait, la situation était loin d'être aussi simple qu'il le prétendait.
-Bonne nuit Luna
Lui souffla t'il à l'oreille, se perdant encore une fois dans la contemplation de son visage
Mais aucun de nous n'ose fermer les yeux. Comme si... Comme si nous voulions que le temps s'arrête là. Où alors il n'y a que moi ? En tout cas, malgré l'absence de clarté dans ses réponses, j'ai senti comme un tambourinement dans ma poitrine.
"je suis réellement heureux de pouvoir le faire." C'est tout ce que je retiens. Il est heureux. Heureux de prendre ces risques pour moi ? Pourquoi cela le rend t-il heureux ? Raahh et pourquoi il me fixe comme ça ! C'est si... si...
Et pourtant je ne peux m'empêcher de le regarder, de me perdre dans ses pupilles que la douceur de la lumière de la lune fait briller à la manière des étoiles. Et me rappelle ma fille.
Finalement, c'est moi qui ferme les yeux en premier, mais sans pour autant oser retirer ma main de la sienne, n'osant bouger même si je suis mal installée. Alors j'attends, réfléchissant à ce qu'il se passe, à ce que je ressens.
J'aime Elion, je l'ai toujours aimé. Mais cet amour que je lui porte... Il est si douloureux. J'ai passé plus de dix ans à pleurer, puis a essuyer ses insultes, mais pour autant, je revenais toujours. Parce que je savais que je les méritais pour lui avoir fait tout ce mal, je savais que ses sentiments étaient biaisés par mes actions que j'avais été contrainte de faire.
Pour preuve : lorsque je lui ai avoué, nous nous sommes retrouvé pour nous dire enfin adieu. Je m'étais finalement résignée à ne plus le revoir, à ce qu'il se reconstruise sans moi... Pour lui, pour Kahlua, il valait mieux que je n'existe plus.
Mais c'était sans compter sur Arthorias. Cet homme... Grâce à lui, je peux enfin avoir de l'espoir ! Mieux que cela : il s'inquiète vraiment pour moi, faisant tout ce qui lui est possible de faire pour me soulager et me rendre heureuse. Est-ce que ça marche ? Totalement. Est-ce qu'un jour j'aurai ne serait-ce imaginé que je puisse sourire grâce à quelqu'un d'autre qu'Elion ? Non, clairement pas.
Et pourtant.
Soudainement, la prise du soldat se relâche sur ma main, signe qu'il semble enfin être tombé dans le sommeil. Alors je rouvre les yeux, contemplant son visage endormi. Qui pourrait croire en le voyant comme ça qu'il est le capitaine de la plus prestigieuse organisation du royaume ? Que c'est un vaillant soldat ne jurant que par ses armures et sa force, accourant au moindre problème sans hésitation pour secourir et agir pour le royaume ? A cet instant, je ne vois qu'un homme. Un homme valeureux, honnête et chaleureux. Un homme qui a ses secrets, ses fardeaux mais qui malgré tout fait tout ce qu'il peut pour aider autrui. Quelqu'un d'un peu timide, un peu trop protecteur et d'une générosité sans limite.
Je souris alors, approchant ma main libre de son visage osant toucher une mèche de ses longs cheveux blond. Avant de vite retirer ma main, comme si j'étais entrain de faire une bêtise.
Non, ça ne va pas. Ça ne va pas du tout. Je me redresse légèrement, m'assurant qu'Arthorias dort toujours avant de finalement rompre le contact que nous avions. Puis, rapidement, je me rhabille plus chaudement et récupère la cape que j'ai posé sur lui, lui échangeant contre ma propre couverture.
Et, suivit de mon mist, je quitte la petite pièce en refermant la trappe derrière moi. Toujours sans faire de bruit, je quitte l'auberge, me retrouvant dehors et prenant une grande inspiration d'air frais de la nuit, fixant les étoiles.
"On devrait tenter de dormir... non ?"
- C'est pas faute d'avoir essayé.
"Luna..."
- On va juste marcher un peu. J'ai besoin de me rafraichir les idées.
Haku ne répond pas. Me suivant docilement tandis que je m'engage sur la route, m'éloignant un peu de l'auberge, sans pour autant prendre le risque de m'en éloigner trop si d'aventure je venais à croiser d'autres âmes qui vivent.
Et après de longues minutes de réflexions tournant toujours en boucle, je finis enfin par faire part de mes tracas à mon compagnon d'âme.
- Qu'est ce que je suis entrain de faire Haku ? Qu'est ce que je dois faire ?
"Qu'est ce qui te tracasse ?"
- Je... Je ne sais plus...
"Où tu en es ? Je pense que c'est normal, non ? Pour la première fois de notre vie, quelqu'un nous aide sans rien attendre de nous."
- Tu oublies Elion...
"T'a t-il jamais aider ? Je n'étais pas là quand vous étiez enfant mais, d'aussi loin que je me souvienne, même si vous vous aimiez, il n'a fait que t'attirer des ennuis. Et jamais il n'a vu ta douleur alors qu'elle était criante."
- Je ne lui ai jamais dit, ce n'est pas ça faute...
"Tu lui as dit l'autre jour. Et même si ça fait mal, il t'a laissé partir. Il n'a même pas essayé de t'en dissuadé."
- Parce que je lui ai dis qu'il n'y avait pas d'autres choix, parce que la vie de Kahlua est en jeu !
"D'accord. Alors prend le problème à l'envers : si nous arrivons à nous libérer grâce à Arthorias. Que feras tu ? Tu retourneras voir Elion pour vivre avec lui et Kahlua, chamboulant toute leur petite vie en leur imposant ton rythme de vie ? Tu continueras d'être loyal à Arthorias en même temps, après tout, il nous auras sauvé non ? Ou abandonneras-tu la garde royale comme tu l'as toujours voulu ? Parce que, avec l'annonce de ton mariage avec le capitaine, je doute sincèrement qu'Elion te laisse continuer de travailler à ses côtés, même si ce n'était qu'une manigance pour arriver à vos fins. Et puis toi, te contenteras-tu réellement d'être juste amie avec lui ?"
- Je...
"Que feras-tu le jour où quelqu'un d'autre sera à ses côtés ? Réussiras-tu une fois de plus à laisser faire comme tu as laisser faire avec Elion ?"
- J'en sais rien ! J'en... Je ne... Je ne sais pas...
Haku garde le silence alors qu'il se place devant moi, plantant son regard dans mes yeux de nouveau en larmes tant la situation m'échappe. Je n'ai jamais voulu qu'être avec l'homme que j'aime. Pourtant... Je regarde ma main, ressentant encore la chaleur de celle d'Arthorias sur la mienne.
- Je crois... Je crois que je suis entrain de tomber amoureuse de lui... Et ça me fait terriblement peur.
Parce que je voulais être loyale, parce que j'étais persuadée que jusqu'à la mort mon cœur ne désirerai personne d'autre qu'Elion... Mais je découvre non sans mal que je me suis peut être planter, et cela ne me plait pas.
"Profitons simplement de ce qui nous est offert. Les Lys, Elion, Kahlua... Ils sont loin actuellement. Alors que lui. Lui est là, et il prend soin de toi, soin de nous, plus que jamais personne ne l'a fait avant lui. Alors essaye de te ne plus te tourmenter et laisse toi aller. Pour une fois dans notre vie, nous sommes libres de faire ce qui nous plait, et ça, c'est grâce à lui."
J'hoche la tête, incapable de dire un mot de plus tout en me laissant tomber au sol, incapable de bouger plus. Pour l'heure, je n'ai ni sommeil, ni envie de rentrer. Alors je vais rester, et continuer de penser, perdant mes yeux dans les étoiles et la lueur de la lune, caressant machinalement cette main qu'il a si longtemps tenu, cherchant malgré moi un moyen de me sortir de cette impasse.
Même si au fond, il n'y aura impasse que si Arthorias développe le moindre sentiment pour moi, non ? Ai-je envie que ce soit le cas ?
Je ne saurais le dire...
Et ce fut le souvenir d'une des monstruosité de la citée enfouit qui assaillit son esprit, ainsi que la douleur fulgurante qu'il avait ressentit quand elle lui avait percé le cœur.
Dans un sursaut, Arthorias se réveilla, saisissant par réflexe la lame noire qui ne l'avait pas quitté jusque là. Le métal sombre se dressa devant lui, même si nulle menace n'était présente pour lui faire le moindre mal. Nul menace et nulle présence, car à sa grande surprise, Lunarya avait disparut.
Cela ne fit qu'accentuer la panique de l'officier qui sauta dans ses bottes, se ruant jusqu'à la sortie, l'épée en main.
A cette heure, l'auberge était vide, et personne ne le vit traverser la pièce, sortant à toute vitesse. Ce fut néanmoins le froid qui le percuta. Le froid et le panorama des étoiles levée.
Personne n'était à l'horizon, pas de marchand étant arrivé tardivement, ou de visite impromptue.
Juste quelques traces qui s'éloignaient du bâtiment.
Les suivant avec inquiétude, l'officier finit par trouver la jeune femme, seule au milieu de la plaine, visiblement perdue dans ses pensée.
Portant pénitence à la ceinture, il fit au mieux pour s'approcher d'elle doucement, jusqu'à arriver proche d'elle.
-Lunarya ?
Dit il à voix basse pour ne pas la surprendre, posant sa main sur son épaule avec un air inquiet. Les balades nocturnes n'étaient pas très courante, et cette dernière faisait imaginer le pire au blond.
-Encore des douleurs c'est ça ? Ta famille essaye encore de te faire du mal ?
Quoi qu'il en soit, il ne tenait pas à la laisser au froid. Lui prenant la main, il la reconduisit dans leur chambre, ou il ouvrit en grand la fenêtre pour lui laisser un peu d'air frai.
Retrouvant son "lit", Arthorias découvrit par la même la couverture de la jeune femme, cette dernière ayant pensé à lui en partant.
-A moins qu'autre chose ne te trouble ?
Proposa l'officier en replaçant la couverture de la jeune femme à sa place, humant par la même occasion le doux parfum de Luna avec un frisson.
Ne l'ayant jusque là pas remarqué, il cacha son trouble en remettant la couette pour deux à sa place.
-Je ne sais pas si je suis de bon conseil pour grand chose... Mais peut être peut on en parler ? C'est à propos de ta fille c'est ça ?
Je me doute qu'elle doit te manquer, tout comme ton...
Quel était le bon terme au juste ? Ce n'était pas comme s'il était son mari.
A vrai dire, l'officier ne savait que très peu de choses sur la relation qu'elle avait entretenu avec le père de son enfant.
De fait il se sentait presque coupable de partager une chambre avec la demoiselle, tout comme de lui avoir touché la main plus tôt.
-Je comprendrais que partager cet endroit avec moi soit gênant, je pense que je vais dormir dans le box pour t'épargner cela
Dit il en commençant déjà à prendre ses affaires, réunissant ses quelques vêtement et plaques d'armures laissés contre un des murs
Le laissant prendre ma main, je le suis sans rien dire, rougissant derrière lui alors que je profite de ce nouveau contact alors que mon esprit fuse toujours et que la réponse à ma dernière question semble de plus en plus limpide. Alors, la tête basse tout en le laissant me guider, je souris timidement.
Et de retour dans la petite chambre, alors qu'il me demande si quelque chose me trouble, je n'ose répondre. Restant silencieuse tout en réfléchissant et l'écoutant émettre des suppositions, me figeant alors qu'il parle de ma fille et qu'il s'arrête dans sa phrase alors qu'il allait très certainement parler de son père...
Je me retourne alors vers lui, le fixant avec une certaine angoisse dans le visage. Devrai-je lui dire ? Lui avouer ce qui me tracasse ? "Je suis entrain de tomber amoureuse de toi et ça me perturbe parce que je croyais que j'aimerai Elion pour toujours mais je commence à en douter ?" Puis, le voilà en train de ramasser ses affaires, annonçant qu'il passera le reste de la nuit dans le box.
- NON !
Trop précipité peut être... D'autant que ma main a attrapé son bras comme pour le retenir. Oui, surement un peu trop. Maintenant, je me sens bête. Vraiment bête. Raaah que dire ?! Déjà, je le lâche, honteuse, et regarde ailleurs.
- Je suis juste... Je me sens simplement un peu coupable d'être heureuse avec toi alors qu'ils sont là bas... Je... Pour la première fois de ma vie je me sens libre mais je ne me sens pas le droit d'en profiter... Je... Je me rends compte que plus je passe du temps avec toi, et moins j'ai envie d'être toute seule... Alors...
Dans un effort, je repose mes yeux sur lui.
- Reste, s'il te plait.
-Tu ne dois pas te sentir coupable de tout faire pour te libérer.
Ecartant une mèche rebelle rousse du regard de la demoiselle, comprenant sans comprendre la situation face à laquelle elle était.
-Profite de cette liberté chèrement acquise Luna, j'aimerai pouvoir te dire que ce sera éternel, mais ça ne serait pas vrai.
Alors pour le peu de temps dont tu disposera, tu devra penser à toi. Et rien qu'à toi.
Leurs regard se croisèrent, provoquant quelques picotement dans la nuque du prétorien. Une boule se formant dans sa gorge à mesure qu'il parlait.
-Si ma présence t'aide à aller mieux, restons ensemble le temps qu'il faudra, tu mérite bien plus qu'une vie passée à t'inquiéter pour les autres.
Il n'y à nulle chaine ici, mis à part celle que tu aura décidée d'emmener avec toi.
Se faisant plus insistant, il l'allongea sur le dos avec délicatesse, ramenant la couverture sur elle sans la lâcher des yeux.
Et s'il était touché par ses paroles, Arthorias tacha de ne pas se laisser emporter.
-Je ne disparaitrais pas au matin, pas plus que dans une lune. Soit donc libre d'être qui tu voudra, je pense qu'on t'a suffisamment imposé d'être quelqu'un d'autre jusqu'à présent.
J'apprécie d'avantage la Lunarya que je découvre maintenant, aussi emplie de cicatrices soit-elle.
Je rougis ardemment. C'est si... Si troublant tout ça. Au fond, j'ai vraiment peur de ne me faire que des idées alors j'essaye de simplement me répéter que je ne suis qu'une soldate, que c'est la seule raison qui fait qu'il prend soin de moi, que je n'ai clairement rien d'exceptionnel... Après tout, Arthorias est le Capitaine de la Garde Royale ! On dit clairement de lui que son seul amour reste son travail ! Que c'est pour ça que son mariage s'est mal terminé, que ces autres conquêtes l'ont lâchées...
Alors pourquoi d'un coup il serait aussi attentionné avec quelqu'un comme moi ? Je n'ai rien de particulier, je ne suis qu'une simple garde. Certes je suis dans la royale directement après l'académie... Après avoir donnée naissance à ma fille et malgré ma dernière année manquante mais... Lui a directement rejoint les Prétoriens ! Clairement, son parcours est sans bavure par rapport au miens.
Donc comment une fille comme moi pourrait l'intéresser ? Ça me semble tellement impossible. Mais malgré ça... Malgré ça, une part de moi meurt d'envie d'y croire.
- Je vais tâcher de rester honnête avec toi alors, si c'est ce que tu préfères...
Parce qu'avec lui, je n'ai plus à me cacher. J'ai choisi de lui faire confiance, même si ça m'effraie, même si ça implique de remettre ma vie entre ses mains. Ici, et tant que nous serons loin de la capitale, je n'ai plus à me cacher. Et tandis qu'il s'allonge sur sa paillasse, je me tourne vers lui, ma main allant chercher la sienne.
- Et désolé de t'avoir inquiété... J'ai vu que tu avais pris ton épée pour venir me chercher... Je tâcherai de faire un peu plus attention à ce que tu peux ressentir quand je fais quelques chose qui pourrait t'embêter.
Emmitouflé dans ma cape et sous la couette, je décale légèrement ma tête jusqu'à ce qu'elle se cale contre son épaule et ferme les yeux. Mon geste est hésitant, j'ai peur qu'il me chasse. Mais... il a dit que j'étais libre non ? Et je lui ai dit que je voulais rester avec lui... Et puis c'est lui qui arrête pas de me prendre la main alors... Je suppose que ce petit contact ne devrai pas trop l'embêter ?
J'espère.
- Bonne nuit Artho.
Une main dans la sienne, l'autre sur son bras et mon front collé a son épaule, je ressens suffisamment sa présence et sa chaleur pour enfin cessé toutes ces questions qui me tourmentent et me laisser aller au sommeil.
Enfin.
Le contact de quelqu'un d'autre était une chose qu'il avait perdu. Et si la jeune femme s'en voulait de se sentir aussi libre, cette fois il pouvait le comprendre.
Repensant fugacement, et douloureusement à ses autres relations, il ne fit que se rendre les idées plus noires, et décida finalement de se contenter du moment présent
Fermant les yeux, il ne peina pas à trouver le sommeil, et le souvenir du wardan qui lui avait ôté la vie resta loin de ses pensés.
Pas de mauvais rêve ou de réveil en sursaut, l'officier ouvrant les yeux alors que le soleil perçait par la fenêtre, formant une grande ligne lumineuse qui atteignait déjà leurs pieds.
Cela dit, il manqua de paniquer en constatant que la configuration de la veille n'avait pas durée.
Et s'ils c'étaient endormis main dans la main, force était de constater que Lunarya était désormais pelotonnée contre lui, ses bras entourant la jeune femme dans une étreinte qui le fit instantanément paniquer.
Et ce fut avec un trésor de délicatesse qu'il parvint à s'extraire de cette situation, bougeant avec toute la douceur qu'il gardait en réserve, finissant par réussir à se lever alors que la jeune femme ouvrait les yeux.
-Bien le bonjour Luna
Dit il à voix basse, enfilant sa tenue de voyage alors que son amie commençait à se réveiller. Le bras encore engourdi par la nuit, il rata plusieurs fois le fourreau de son épée.
-J'espère que tu as bien dormie, la route nous attend une fois de plus
Passant sous silence les évènements de la nuit, il fit comme si de rien n'était. Bien peu disposé à parler de cela pour le moment.
Ce qui se passait à l'abris du jour avait toutes les raisons de le rester.
Cela dit... Il ne put s'empêcher de dégager une mèche trainant devant les yeux de Luna, avant de lui tendre sa propre épée en rougissant.
-Avant dernier jour de voyage, une fois la bas, nous n'aurons plus besoin de louer de chambres
J'ouvre alors les yeux, voyant Arthorias qui me regarde, les joues rouges, me tendant mon épée pour me signaler que l'heure est venue de se bouger. Je me lève alors, empoignant mon épée sans prendre le temps de l'attacher, plutôt inquiète.
- Arthorias, ça va ? Tu... Tu n'as pas l'air dans ton assiette.
Immédiatement, je mets ma main sur son front pour vérifier sa température. Elle semble normale. Pour en être sûre, je mets ma main sur mon propre front. Bon, ça semble pareil... Mais d'un autre côté je ne suis pas médecin. Cela dit, les joues rouges... C'est peut être juste qu'il a froid là tout de suite ? Pourtant il ne m'a pas semblé frigorifié...
Enfin, de nous deux, c'est plus moi la cachotière alors je suppose que s'il ne m'a rien dit, c'est qu'il va bien.
- Dis moi si tu as besoin de te reposer, hein. Je... Je ne sais pas où tu nous emmènes mais je préfère qu'on y arrive en état plutôt que...
Finissant d'accrocher mon épée à ma ceinture et de récupérer mes quelques affaires dans mon sac sans fond, je m'arrête avant de terminer ma phrase, la trouvant relativement stupide tout en rougissant de mon intervention. Après tout, ce n'est pas n'importe qui, je suppose que j'aurai tort de le sous estimer. Fuyant son regard, je passe la première par la petite trappe et m'arrête pour l'attendre au bas de l'échelle.
- Je vais aller demander à l'aubergiste de nous faire deux repas pour ce midi. Je te retrouve dehors ?
Autant qu'il aille lui même libérer les fauves et demander à ce qu'on prépare nos chevaux. Pour ma part, je me dirige vers le comptoir, hésitant quelques instants sur ce que préfèrerait le blond pour le repas. Plutôt viande blanche ? Rouge ? Poisson ? Légumes ? En fait, j'en ai aucune idée...
- Et il reste du ragoût d'hier.
- Vendu. Et mettez moi du pain et du fromage avec.
- Comme vous voudrez.
- Ah et... Serait-il possible d'avoir deux gourdes de thé bien chaud ?
- Des gourdes ?
- Oui... Attendez, j'en ai peut être une.
- Si vous me la donnez je vous la remplis mais on vend pas de gourdes nous.
- Je vois. Ah, elle est là, tenez, juste celle là remplis alors.
L'avantage du sac sans fond, c'est qu'on peut vraiment avoir plein de bazars avec soit tout le temps, et prendre une deuxième gourde en plus de la gourde fontaine, c'est toujours bien quand on veut pouvoir boire quelque chose de chaud au début du voyage...
Je fourre alors tout dans mon sac, gardant uniquement la gourde au cou pour la garder sur moi tant qu'il y a quelque chose dedans, puis réglant la note, je rejoins le capitaine dehors, restant un instant à le contempler de loin.
"Je pense que tu fais le bon choix Luna."
Ignorant mon mist, je rejoins alors Arthorias.
- Je suis prête, et j'ai du thé encore chaud si tu en veux.
De quoi le réchauffer un peu si son problème était bien qu'une question de température...
Et alors qu'elle le rejoignait, le capitaine fut plus qu'heureux d'avoir une gorgée de thé chaud.
-Bonne idée, cela nous aidera à rester éveillé.
Remerciant son amie d'un signe de la tête, il prit une petite gorgée de thé. Avant d'emmener la jeune femme dans l'auberge ou attendait le même repas que la veille.
Au moins étaient ils sur de ce que leur servait l'aubergiste.
Le repas fut plutôt vite avalé, et l'auberge quittée
Et alors que le soldat montait, il fut plus que surpris de se mouvoir avec tant de légèreté. Peut être que la demoiselle avait raison. Se déplacer sans armure avait ses avantages.
-Une dernière journée de chevauchée, mais la température risque de chuter. On ferait bien de se couvrir un peu.
Puis, laissant l'auberge derrière eux, ils partirent à toute allure.
Le voyage fut assez monotone, le paysage défilant de plus en plus vite, changeant bien peu au début alors qu'ils longeaient la grande forêt.
Comme prévu, la neige fut bien vite de la partie, recouvrant les environs d'un voile blanc léger.
Et si la pause repas fut rapide, rien de bien notable n'arriva pendant le reste du trajet, le soleil finissant par retomber aussi vite qu'il c'était levé.
Arthorias guidait Lunarya, retrouvant un chemin qu'il avait bien souvent emprunté quand il était plus jeune. Cela dit, une petite surprise vint compliquer leur petite aventure
Là ou aurait du se trouver l'auberge de ses souvenirs, ne subsistait qu'une masure abandonnée, son toit recouvert de neige, et ses vitres barricadées par des planches clouées.
-Hum.... Dans mes souvenirs... C'était une auberge...
Déclara le prétorien. Visiblement déboussolé par l'état du bâtiment.
Mettant le pied à terre, il marcha jusqu'à la porte.
L'endroit était aussi délabré de l'intérieur que de l'extérieur, le calfeutrage laissant passer le froid comme s'il n'y avait rien eu.
Et s'il était tout de même vierge de la moindre occupation, on ne pouvait pas dire qu'il serait agréable d'y dormir.
-On dirait qu'il va falloir camper...
Déclara t'il en regardant Lunarya d'un air désolé
Le seul point "positif" pour nous, c'est que souvent dans ce genre de cas, le propriétaire n'a pas non plus les moyens d'emmener toutes ses possessions avec lui avant de quitter les lieux, ce qui veut dire que, malgré l'état déplorable de l'endroit, en fouillant un peu on devrait dénicher de quoi faire une chouette cabane...
Euh, j'ai pensé cabane ? Je voulais dire, un chouette endroit pour dormir une simple nuit.
- Regarde, il y a une cheminée là. Tu crois que tu saurais allumé un feu ? J'ai jamais été douée pour ça.
Loin d'être découragée par la nouvelle, je remonte mes manches, posant mon sac dans un coin de la vaste pièce à vivre de l'auberge décrépie et m'enfonce immédiatement dans l'exploration des étages.
L'escalier est en assez piteuse état, chaque marche grince sous mes pieds et l'une d'elle s'effondre même à peine ai-je posé le pieds dessus. Heureusement, prudente, j'arrive à me retenir aux murs et continue mon ascension comme si de rien n'était.
A l'étage, je trouve plusieurs chambres, mais dans chacune d'elle le toit semblent avoir subit les ravages du temps, laissant passer grandement l'air un peu partout. Bien évidemment, la plupart des placards des chambres sont vides, et mis à part quelques bassines de faïences, il n'y a pas grand chose qui puisse avoir un intérêt. Par contre, comme je l'imaginais, la plupart des matelas de pailles sont encore sur place. Certains en bien meilleure état que d'autres.
"Tu devrais lui demander de l'aide non ?"
- Je ne vais quand même pas l'embêter juste pour bouger un matelas...
"Hm..."
La vérité, c'est que j'ai l'habitude de me débrouiller seule... Et en plus, j'aime ce genre de situation. Ça me rappelle tant de bon souvenir de cette cabane dans les arbres que nous avions construit avec Elion. Nous prenions des choses de chez nous pour la rendre plus confortable, et nous en avions finalement fait un super nids douillet où j'aimais à faire la sieste l'après midi quand ses parents ne le laissait pas sortir...
Alors, enjouée par la perspective de repartir en enfance, j'attrape la grande paillasse et la tire du cadre de lit pour l'amener jusqu'en bas. Évidemment ce truc pèse un âne mort, mais ça ne m'arrête pas. Tirant d'abord, puis poussant, je l'amène jusqu'en haut de l'escalier.
- Attention en bas !
Et le pousse de manière à ce qu'il le dévale tout seul.
*BAM BAM BAM CRACK !*
Le problème de retourner en enfance, c'est qu'on oublie de prendre en compte des informations importante... Comme le fait qu'un escalier fragile plus un matelas très lourd jeté dedans, ça donne une absence d'escalier pour pouvoir redescendre...
- Arf. Bon, pas grave, je me débrouillerai.
Le principal c'est qu'il est finalement en bas non ? Et puis, il reste encore pas mal de chose à récupérer là haut avant que je redescende, comme des rideaux et tapisseries qui sont restés sur les murs pour isoler un petit peu le coin autour de la cheminée...
Pendant que Lunarya grimpait à l'étage, Arthorias sécurisa toute la petite ménagerie, les enfermant dans le box, encore relativement épargné par l'âge. Au moins auraient ils un toit sur la tête et des murs solides autour d'eux.
Il ne fit qu'un petit détour pour récupérer du bois, majoritairement du bois mort, mais sec. Suffisamment pour alimenter un foyer pendant une bonne nuit. Verrouillant la porte pour éviter des visites inopinée, et comptant sur les deux loups pour protéger les chevaux, le capitaine se mit au travail, plaçant quelques grosses buches dans l'âtre avant de le parsemer d'herbe sèche.
Il ne fallut que quelques essais, à frotter un silex contre une pièce de métal pour faire prendre le feu. Ce dernier se mit à crépiter, diffusant une joyeuse chaleur dans toute la pièce, même s'il elle fut chassée par les courants d'air.
Et si un des matelas tomba comme une pierre de l'escalier, le reste ne tarda pas à suivre. Sous la forme d'épais rideaux défraichis, et de couverture usées.
-Avec ça nous allons pouvoir nous construire un petit nids douillet
Dit le blond avec un sourire, s'emparant des rideaux pour calfeutrer les fenêtres et ainsi augmenter significativement la température dans l'auberge.
Utilisant les tables comme murs, il fabriqua une tente en accrochant le reste des tissus en cercle, jusqu'à former un grand espace couvert devant la cheminée, parsemé de couvertures ou les deux matelas prirent place côte à côte.
Pas le plus grand luxe, mais c'était bien mieux que rien.
S'il avait pu trouver une porte en état, sa clé dimensionnelle aurait été parfaite, mais aucune des serrures ne semblait être encore apte à recevoir la moindre clé.
-Je crois qu'on à plus que ce qu'il nous faut !
Cria t-il à son amie. Qui seule en haut de l'escalier risquait avoir du mal à descendre.
Tendant les bras, le capitaine lui fit signe de sauter
-Je te rattraperai !
Cela sembla suffire, et après quelques hésitations, Luna lui sauta dans les bras, Arthorias la réceptionnant comme une princesse avant de lui laisser regagner la terre ferme, lui présentant par la même sa petite instalation.
-Une tente improvisée, ironiquement, elle sera peut être plus confortable que ce que nous avons eu jusque là
Les fenêtres calfeutrés par les rideaux et les planches ne laissaient que peu de chance à quiconque de venir déranger les soldats, et le bancs poussé en travers de la porte d'entrée suffisait largement à lui assurer un verrou solide.
-C'est amusant, je n'aurai pas dit il y a une lune que l'on se retrouverait à bricoler une cabane dans une taverne en ruine....
Je n'y aurai pas cru
Cela dit, ne pas le croire, ne voulait pas dire ne pas l'apprécier.
Sortant de ses sacs quelques rations pour la soirée, il mit la viande à griller devant le feu, s'asseyant sur le sol de tapis improvisé.
-Vu ou nous en somme, nous atteindrons notre destination dans l'après midi
Même si j'avoue commencer à être épuisé
Dit il en posant sa tête sur l'épaule de son amie, observant le feu qui brûlait dans l'âtre
Je voulais vraiment le faire... Mais quand je lui ai sauté dans les bras -chose qui au passage était à la fois gênant et plutôt agréable en même temps- et que j'ai vu tout installé, j'ai été à la fois émerveillée et affreusement déçue. Il a réussi à tout faire exactement comme je l'avais pensé, mais sans moi.
Alors oui, je boude un peu, me contentant de boire de l'eau chauffé avec quelques plantes infuser dedans après le repas tandis qu'il pose sa tête sur mon épaule... Geste qui réussit un tant soit peu à m'attendrir assez pour bouder un peu moins.
Ou plutôt, assez pour que j'ose lui en parler.
- J'en faisais beaucoup quand j'étais petite. Elion et moi avions construit un véritable palace ! Bon, palace temporaire puisque quand j'y suis passée dernièrement, il avait totalement disparu... Et puis à voir l'endroit où il était, il n'était peut être pas si grand que ça mais, bon... J'avais sept ans la dernière fois que je l'ai vu alors...
Forcément par des yeux d'enfants, tout semble plus grand. Repensant à ces souvenirs heureux, je penche ma tête vers celle d'Arthorias, à la recherche de chaleur humaine.
- J'aimais beaucoup ce petit coin de nature dans les arbres, où nous étions que nous. Elle n'était pas aussi confortable que celle ci, mais je m'y sentais bien, à l'abri. C'était mon repère secret de princesse.
Une princesse défendu par un brave chevalier... Bien que contrairement à Arthorias, Elion ne faisait que rarement le fier quand il était confronté à un ennemi réel, comme les insectes ou les chiens errants...
Je laisse échapper un petit rire en repensant à ces souvenirs, baillant de fatigue en repensant au père de ma fille me faire de long discours sur l'honneur d'un chevalier à défendre la princesse et se dégonflant au moindre soucis. Et dire qu'il a failli entrer dans la garde pour me faire plaisir... Cette fois, cette pensée me fait mal. Alors je me redresse, posant mon bol vide sur le sol et me reculant sur le matelas, brisant sans préavis le contact avec le Prétorien et m'allongeant dos à lui.
- Bonne nuit.
Les yeux ouvert, je regarde les flammes crépiter dans l'âtre tandis qu'Haku pose sa tête immatérielle près de moi, me regardant avec des yeux qui en disent long, migrant de moi à la position d'Arthorias.
- Ah, et je te préfère sans ton armure. C'est plus facile pour m'accrocher quand tu m'évites de tomber.
Voilà. Content le mist. Il me sourit et ferme les yeux. Moi je réajuste la couverture pour cacher au mieux mon visage pivoine sans être trop suspecte...
Ses pensées vagabondèrent un moment, listant tout ce qu'il pouvait y avoir à faire pour redonner au bâtiment un peu de sa splendeur. Un peu de bois, un mur d'enceinte et de la peinture et cette vieille auberge pourrait devenir un avant poste plutôt cohérent au vu de l'éloignement.
-Bonne nuit à toi
Finit il par dire, observant le dos de la demoiselle devant lui. Regrettant presque la nuit passée contre elle.
Son compliment le fit sourire, et il ne put s'empêcher de répondre
-C'est gentil, même si j'avoue me sentir presque nu sans elle...
Au moins ça m'aura permis de retrouver quelque chose que j'avais oublié.
Se levant lentement, il rechargea le feu pour la nuit, y enfournant plusieurs grosses buches qui restèrent inerte un moment avant d'enfin se consumer
Cette fois, Arthorias se recoucha un peu plus près de son amie, peinant à avouer que le contact de la rousse était quelque chose de plaisant.
-En tout cas, c'est étonnant d'apprendre que tu as aussi rêvée d'être un princesse un jour
Dit il en souriant. Jusque là, Luna avait toujours été tellement sérieuse, a tel point que le blond l'avait souvent imaginée étant née avec la raideur militaire qu'on lui connaissait.
-Dit moi, ou as tu grandi au juste ?
Oh, certes ils c'étaient souhaités une bonne nuit, mais plus le temps passait, plus le capitaine se posait des questions sur la femme qu'il devait épouser.
Et si ce genre de questions auraient sans doute pu aider au réalisme de leur petit manège... Il brulait d'entendre les réponses...
Je l'entends alors s'allonger à son tour, loin. Assez pour que je ne le sente pas. Mais loin de dormir, voilà qu'il enchaine la conversation... Toute fille ne rêve-t-elle pas d'en être une, de princesse ? Je ne vois pas en quoi ça à quelque chose de si étonnant... Mais peut être que le capitaine me considère plus comme une soldate qu'une femme. Moui, possible...
Attrapant ma longue tresse, je commence à en tourner la pointe dans mes doigts avant de finalement me résigner à répondre à ses questions.
- Je suis née dans un tout petit village à environ six heures de cheval de la capitale. Et mes parents, bien que fort occupés, m'ont toujours traitée comme une princesse. Ils m'ont souvent couverte de cadeau, des bijoux, des robes... Je ne manquais vraiment de rien même s'ils n'ont jamais voulu me dire ce qu'ils faisaient. Surement parce qu'ils savaient à quels point je détestais les injustices. Plusieurs fois je suis rentrée à la maison couverte de bleus parce que je m'étais battus avec les adolescents du village qui se moquait d'Elion... Ou qui volaient les affaires de sa petite sœur. Je me faisais alors gronder par tout le monde... Mais je m'en moquais. Elion lui me rabâchait que c'était à lui de me protéger mais il en a toujours été incapable. Alors je le laissais parler, simplement contente de pouvoir passer du temps avec lui...
Et puis, la garde est arrivé pour arrêter mes parents. Ils se sont débattus, se sont fait tuer en luttant... Et je me suis retrouvée catapulté à la capitale et promu héritière de la famille Lys. C'est à partir de la que tout à déraper.
Je m'arrête un instant. Quand j'y pense, jusqu'à mes sept ans j'ai vraiment eu une enfance heureuse... Je me demande s'il en est de même pour lui. Alors, allant à mon tour l'interroger, je me tourne soudainement vers lui.
- Et t...
Ma phrase meurt dans ma bouche alors que je me retrouve nez à nez avec lui. Jamais je n'aurai cru qu'il était si près ! C'est si... gênant ?
Et pourtant, il est juste là. Si près que je pense entendre le bruit de sa respiration tandis que mes yeux plongent dans les siens et que je ressens tout son corps collé au miens.
Et là, j'ai au moins autant envie de fuir que de rester contre lui...
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