Aller à la page : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Si l'officier avait oublié une bonne part de son enfance, sacrifiée sur l'autel de la garde, nul doute qu'un retour à son village natale ferait le plus grand bien.
Son histoire était cela dit assez sordide... Et au vu de l'ambiance, le blond ne voulait pas risquer de rendre la soirée morose.
Au lieu de cela, il prit la phrase laissée en suspens.
-Presque à l'identique, je suis né dans un village bien loin de la capitale et de tout le reste. Un endroit que l'on oublie très vite. Il faut dire que ce n'est ni très grand, ni très réputé pour quoi que ce soit.
Mes parents étaient gardes enfin, ma mère était garde, mon père était maitre d'arme pour la garde. Ils ont tout les deux vécus une vie honnête avant de se retirer du service actif.
C'est là que je suis né. Mais je ne vais pas trop te décrire là ou j'ai grandit, ce serait gâcher la suite du voyage
Ajouta l'officier en souriant.
Contrairement à elle, il n'avait pas d'histoire palpitante sur un amour d'enfance. De ce côté là, sa vie avait toujours été d'un ennui profond.
-Mes parents sont des gens simple, et la noblesse n'a jamais coulée dans nos veines. Ainsi... tu risque peut être d'être surprise quand tu les rencontrera.
Mais il ne put continuer plus longtemps, un craquement inquiétant venant d'au dessus le faisant se relever brusquement.
-Tu as entendu ? Un tel bruit... ce n'est pas le vent...
Pas le vent, ni la neige qui tombait depuis un bon moment.
Se glissant en dehors de la tente, il s'éloigna à regret de la demoiselle, portant la main à son épée avec un air tendu
Je déteste les nobles ! Je déteste la capitale ! Je déteste leurs airs supérieurs et leur confort si... si exagéré qui pourrait permettre à des centaines de personnes de manger à leur faim !
Alors, me levant à mon tour, je cherche mon épée en répondant et faisant comme si je n'avais pas entendu sa dernière remarque sur le pauvre bruit tout bidon qu'on a pu entendre.
- Pourquoi devrai-je être surprise ? Pourquoi devrai-je ne pas apprécier une vie simple ? Pourquoi une petite chambre dans une auberge devrai me mettre mal à l'aise au point qu'on y dorme pas ? Et pourquoi camper devrai me poser problème ?! J'ai grimpé aux arbres, déchirés mes robes, me suis roulée dans la boue, dormi à même la terre, et hais chaque secondes passé dans une maison doré au point de rester à l'académie puis à la caserne chaque jour où je l'ai pu. Je suis peut être au bout du rouleau psychologiquement parlant, mais je ne suis pas en sucre Elion !
Je lui passe alors devant, sans le regarder, épée en main et avance jusqu'à l'escalier briser. Bon, et maintenant que je fais la dure, je monte comment là haut pour aller voir moi même qu'est ce qui fait du bruit et le servir en brochette au capitaine pour lui prouver ma valeur, et surtout que ce n'est rien ?
Heureusement, la rambarde n'est pas complètement détruite, toujours plutôt énervée, ne réfléchissant qu'à moitié, je commence à tester la résistance du bois avant de me hisser dessus... Et maintenant, j'avance comment ? Si je me penche de l'autre côté, est ce que mes mains atteignent l'autre mur ?
Non. Définitivement non. Fait chier.
Et finalement, Arthorias me rejoint, m'observant d'un air qui me semble plutôt désapprobateur. Ou est ce moi qui voit le mal partout ?
- Quoi ?! Tu dormiras pas sans savoir ce que c'est non ? Alors je vais voir, je les chasse, et on en parle plus.
Le ton de ma voix pourrait presque être crédible si je n'étais pas perché sur ma rambarde et incapable de monter plus haut... Ou alors peut être qu'en sautant d'ici j'arriverai à attraper le reste des marches et me hisser jusqu'à l'étage ? ça fait quand même un saut pas évidement, mais clairement faisable...
Sauf qu'en cas d'échec, la chute fera très mal. Mais en soit, si c'est ce qu'il faut faire...
Mettant tout cela sur le compte de la fatigue, il retint au mieux ses reproches, se contentant de la fixer avec une certaine désapprobation.
-Si j'ai pu dire quelque chose qui t'a déplu... je suis désolé
L'observant tenter de monter à l'étage, il soupira de consternation, la chose devait être grave si la Lunarya qu'il connaissait avait disparut
Rangeant son épée, il partit chercher une table qu'il poussa jusqu'à la base des escalier, s'en servant comme escabeau pour se hisser à l'étage.
Là il tendit la main à son amie qui la chassa pour monter toute seule, ne lui accordant pas un regard.
Haussant les épaules, le capitaine reprit son épée, parcourant les couloirs enténébrés avec méfiance. Difficile de se concentrer quand son partenaire semblait vouloir vous fusiller du regard.
Le plancher craquait sous chaque pas, mettant au supplice les oreilles des deux soldats dont la respiration venait former de grands nuages de vapeur dans le couloir.
Le bruit entendu plus tôt recommença. Un grattement contre le bois des plus désagréable qui ne manqua pas de faire sursauter le capitaine.
Ce dernier suivit la source du son jusqu'à une chambre au bout. Poussant la porte légèrement, il ne vit rien en premier lieu.
Le toit éventré avait laissé la neige et le vent s'infiltrer, créant une ouverture sur l'extérieur. Et alors que le soldat s'aventurait en premier, une ombre se dressa devant lui. Plutôt grande, c'était un animal quadrupède qui ne tarda pas à se mettre sur ses pattes arrière avant de pousser un cri strident et de battre des ailes.
La rencontre fut brève, l'hippogriffe ne cherchant pas le combat, il se contenta de s'enfuir par le toit ouvert.
Le seul problème fut que son gabarit ne passait qu'à peine et qu'en partant, il déclencha une avalanche de tuiles et de neige qui tombèrent sur le capitaine dans un chaos blanc, ensevelissant l'officier sous une montagne de gravât, ne laissant de la silhouette de l'homme qu'un tas informe.
Cette fois cependant, le bruit avait disparut
Non mais merde ! Je sais !
Suivant le capitaine, toujours boudeuse, ne répondant même pas ses excuses : ce serait admettre qu'il y a effectivement quelque chose qui m'a contrarié alors que non enfin, il n'y a rien ! J'avance en regardant dans la direction du bruit, et puis, toujours légèrement derrière Arthorias, je regarde l'énorme bête s'envoler sans demander son reste et me protège le visage quand le toit s'effondre dans le mouvement. L'instant d'après, la poussière volant toujours autour de moi, je regarde là où devrais être le blond et ne voit qu'un tas de gravât et de neige.
- ARTHORIAS !
La peur me prend aux trippes alors que je me jette sur le monticule de bois et de neige pour en libérer le corps caché dessous.
- Artho ! Tu m'entends ! Hé ! Réponds moi !
Je sens la panique enflée en moi alors que le m'accroupie près de lui, attrapant sa tête, cherchant des signes de vie.
"Luna, respire. Il respire."
Je lève les yeux imbibé de larmes vers Haku, me sentant totalement dépassée par l'événement alors qu'en soit, dans d'autres circonstances, ça n'aurait rien eu de terrible... Mais... Parce que c'est lui, pour tout ce qu'il représente pour moi je...
"Luna, il va s'en sortir, ça va aller. Regarde, il n'a pas l'air d'avoir de lésions sévères, pas de pieux planté dans le corps où autre. Juste, il a du recevoir un coup sur la tête qui l'aura assommé, c'est pour ça qu'il ne répond pas. Bref, calme toi et redescend le au chaud pour qu'il puisse se remettre tranquillement."
Les mots d'Haku m'apaisent assez pour que je me reprenne en main. Mais avant de tenter de déplacer le capitaine inerte, je revérifie tout de même chaque parcelle de son corps, m'assurant qu'il n'y ait effectivement pas de plaies nécessitant de soins d'urgences.
- Il... Il est glacé...
"C'est normal, il est couvert de neige."
Reniflant, j'hoche la tête et détache ma cape pour lui attacher autour du cou avant de passer un de ses bras sur mes épaules afin de le soulever lentement.
- Ça va aller, hein. Tu es juste assommé, tu vas vite de réveiller et je me moquerai de toi parce que tu t'es fait avoir par de la neige, hein ? Ça va aller...
J'essaye de me convaincre, tremblant de tout mon être de peur plus que de froid, serrant les dents à chaque pas pour supporter au mieux le poids de mon ami, essayant de le trainer le moins possible. Et puis, l'épreuve de l'escalier arrive. Mais lentement, portant une attention toute particulière contrairement à d'habitude, j'assure chacun de mes pas, repassant par la table qu'il a installé, le récupérant à bout de bras et le serrant contre moi.
Et finalement, après de long efforts, j'arrive à nous ramener jusqu'à notre petit nids de toile. Je l'installe alors sur le matelas du côté le plus près du feu, le recouvrant de toutes nos couvertures et posant sa tête dans mes jambes, ma main allant chercher la sienne, la caressant machinalement du pouce, plus par angoisse que par tendresse.
Et ainsi, j'attends. La boule au ventre, mordillant mes ongles de mon autre mains sans pour autant les couper, j'attends.
Tout ça a cause d'un putain d'hippogriffe à la noix.
Jetant un regard sur son visage éteint, une nouvelle bouffée d'angoisse me submerge.
- S'il te plait, Arthorias, me laisse pas. J'ai tellement besoin de toi. Tellement...
Je me penche alors sur lui, posant mon front sur son épaule et pleurant ma frustration d'être totalement impuissante face à cette situation.
Toussant légèrement, il essaya de se relever sans succès, la moindre parcelle de son corps lui rappelant qu'il avait pris plusieurs kilos de gravat.
-Je ne suis pas encore mort, tout va bien
Mentit t-il en passant une main dans les cheveux de la demoiselle, se fendant d'un sourire épuisé avant d'observer son amie. Se rappelant de la situation avant que le toit ne lui tombe dessus.
-Encore désolé... Je crois que je n'ai pas encore l'habitude de...
De quoi au juste ?
Il aurait bien voulu essayer de répondre, mais le froid lui coupa toute envie de continuer, préférant à la place laisser sa tête contre les jambes de la demoiselle
-Et... merci de m'avoir tiré de là... On aurait sans doute dut rester sagement à notre place.
Je suis frigorifié...
Des sensations autres que la douleur revenaient enfin, et en guise de cadeau d'arrivée, il sentit une intense culpabilité l'envahir
Mal à l'aise, Arthorias se mit à rougir, bien honteux de s'être laissé avoir de la sorte.
-Je m'excuse... Sans mon faux pas, on ne serait pas dans cette situation.
Dit il en tremblant, ses vêtement trempés n'aidant pas à se réchauffer.
Grelottant de froid, il tacha néanmoins de sécher les larmes de son amie, essuyant ses larmes avec délicatesse et cette fois sans gantelet de fer pour les isoler l'un de l'autre.
-Mais promis, je ne te laisse pas toute seule, il en faudra plus pour me tuer définitivement tu sais
Tu n'as rien de cassé toi ?
Je reste contre lui, resserrant mon étreinte sur sa main tandis que mon autre bras se pose sur son torse que je sens alors tremper. Ce qui explique pourquoi malgré l'épaisseur de couverture, il n'arrive pas à se réchauffer. Ce constat m'inquiète de nouveau, tâtonnant à plusieurs endroit sur son ventre pour vérifier l'état de sa tunique tout en me redressant, l'air grave.
- Artho tu... Tu es trempé. Tu... Tu dois te changer avant d'attraper froid. Tu... Tu penses pouvoir y arriver ? Et ne t'inquiète pas pour moi, j'étais derrière toi alors je n'ai rien eu du tout, mis à part la peur de t'avoir perdu pour de bon.
Une chose que je ne pourrais pas supporter. Si jamais je devais le perdre là, je sais parfaitement que je ne m'en remettrais pas. Exactement au même titre que Kahlua. Parce que sans lui tous mes espoirs de retrouver une vie libre que je découvre doucement à ces côtés s'envoleront ? Peut être... Mais au fond, j'ai l'impression que ça va au delà de ce simple plan, au delà de cette envie de liberté. Après tout, il est le seul avec qui j'ai été totalement honnête, le seul a qui j'ai avoué toutes mes angoisses mais aussi mes désirs. Et pourtant, en temps que mon supérieur il était très clairement le dernier à qui j'aurai du les dire.
Mais j'ai choisi de lui faire confiance. Et maintenant, je me rends compte que je ne m'imagine plus réussir à avancer sans lui. Et ce même si la réciprocité de mes sentiments grandissant est loin d'être acquise...
Je plante alors mon regard qui se voile légèrement dans le sien, caressant un instant sa joue avant de doucement lui redresser la tête pour la reposer sur un coussin et fuir son contact.
- Je vais attendre à côté, dis moi quand tu auras fini ou si tu as besoin d'aide.
Je ne suis qu'une de ses gardes pour lui, non ? Alors je n'ai pas à lui imposer ainsi ma présence. Il fait déjà tellement pour moi... Non mais franchement, qu'est ce que j'espère au juste ?! Je me relève alors avec l'intention de sortir de cette cabane de toile...
Mais pour une fois, cela le rendait un peu nerveux. Pourtant il dut se rendre à l'évidence, le choix ne lui était guère laissé.
-Je vais essayer...
Dit il doucement avant d'attraper le bras de son amie, son regard gêné mais un peu suppliant. Ne l'imaginant pas affronter l'extérieur juste pour une affaire de pudeur
-Non reste... Inutile de t'exposer au froid pour rien, de toute façon... ce n'est que quelques vêtement à changer.
Si elle se tournait, il n'y avait pas trop à craindre quoi que ce soit.
Et alors quel la rousse avait le dos tourné, il put gagner son sac, en sortant des affaires sèches. Et si tout se passa plutôt bien, le capitaine déposant ses vêtement près du feu en grelotant, la chemise qu'il tenta de passer refusa de se laisser fermée.
Après plusieurs minutes à essayer, ses muscles refusant de lui obéir complètement, Arthorias abandonna, devenant rouge pivoine en regardant la soldate qui se tenait de dos.
-Hum.... Luna...
Sa voix se fit presque un chuchotement. Au sec, mais sa chemise totalement ouverte, il resta un moment muet avant de finir par demander.
-Tu pourrais.... m'aider s'il te plait ?
Cela devait bien être la première fois qu'on pouvait voir sa peau exposée à nue. N'affichant rien d'autre qu'une chaire immaculée, sculptée sur des muscles dessinés mais non protubérant.
Le corps de quelqu'un qui passait ses journée à manier l'épée.
-Je suis désolé... Je n'y arrive vraiment pas... mes doigts sont encore trop engourdis....
Et pourtant il est là, rouge de gêne, sa tunique ouverte laissant apparaitre son torse finement sculpter. Mais très vite, je détourne les yeux, ne souhaitant pas le mettre mal à l'aise et surtout sentant malgré moi le rouge venir colorer mes joues.
Puis, sans rien dire, j'attrape alors ses deux mains et les rassemble dans les miennes. Elles sont effectivement gelées. Alors je souffle dessus tout en les enveloppant dans mes mains... Mais mine de rien, les miennes aussi sont froides, alors ça ne marche pas vraiment.
- Rapprochons nous du feu.
Malgré tout ce que je peux ressentir à cet instant, c'est l'inquiétude qui prend le pas sur tout le reste. Alors doucement je l'aide à se relever tout en prenant soin de ne croiser son regard, attrapant un coussin et le posant au sol pour l'assoir délicatement dessus. Puis rapidement, je repars et récupère les couettes en piteuses état que j'ai ramené de l'étage et les enroule autour de lui avant de prendre place à ses côtés.
Puis, toujours silencieuse, je m'attèle enfin à la tâche pour laquelle il m'a demandé de l'aide et que j'ai repoussé le plus longtemps possible, attachant chaque bouton avant une concentration digne d'un chirurgien, prenant soin d'éviter d'effleurer sa peau en tirant le tissu vers moi avant de relier les deux pans du vêtement.
- Ça va mieux ?
Tout en disant ces mots, j'attrape sa main pour prendre sa température. Elle est moins froide que précédemment, mais toujours plus froide que la mienne. Gardant sa main dans une des miennes, je passe l'autre dans son dos et commence à le lui frotter vigoureusement. Laissant alors enfin apparaitre un petit sourire sur mon visage.
- Je n'aurai jamais imaginé que notre capitaine soit si sensible au froid... A moins que ce soit l'absence d'armure qui te rendre soudainement si frileux ?
Hochant la tête en grelotant il répondit a son amie avec un air presque passable.
-Un peu oui...
Même si je dois dire que je tuerai pour un bain brulant. Et ce n'est pas peu dire.
Il fit au mieux pour éviter de regarder ailleurs, tachant de ne pas faire celui qui profitait de la situation. Si voir la jeune femme aussi proche de lui n'avait rien de désagréable, Arthorias aurait préféré que les choses soient différente.
Notamment qu'il ne soit pas à moitié mort de froid.
Mais la blague réussi tout de même à le faire rire. Ce fut douloureux mais salvateur.
-On se fait trop d'idée sur nos supérieurs je crois. Il m'arrive d'avoir froid, de vouloir rester au lit tout une journée au lieu de venir travailler.
Quelqu'un d'assez ordinaire si on lui enlève ses titres
Parvenant finalement à serrer la main de son amie, il posa sa tête contre l'épaule de son amie. Epuisé par cette petite expérience, il s'enivra un moment du parfum de la jeune femme avant de répliquer à son tour.
-Si j'avais su à quel point je serais bien traité, je l'aurais peut être enlevée plus tôt, il y a du bon à être malade parfois
Ironiquement, c'était la première fois depuis son arrivée à son poste que quelqu'un prenait soin de lui. Avec beaucoup de gens, il aurait refusé, mais avec Luna... le capitaine sentait ses barrières tomber petit à petit
Il y a un vieux dicton qui dit "mieux vaut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler". On pourrait se poser la question de pourquoi le chiffre sept, mais cela n'aurait présentement aucun intérêt. Cela dit, si je m'étais posé la question, j'aurai peut être pris un peu plus le temps de penser à ce que j'allais dire avant de le dire. Non parce que là, maintenant, je l'ai dit et je ne peux pas effacer ce qui est dit.
Et maintenant que c'est trop tard et que j'y réfléchis, franchement, j'aurai vraiment du tourner ma langue dans ma bouche avant de l'ouvrir, peu importe le nombre de fois.
Aussi rouge que mes cheveux, j'arrête ma main dans son dos et tourne la tête, regardant ailleurs, n'osant plus bouger. Non mais franchement, pourquoi j'ai dit ça ?! Ce n'est pas comme si, parce qu'il était mon supérieur, il avait le droit de profiter de moi comme Elion se fait payer par des gens qui profite de lui !
Cette fois, mon esprit me joue beaucoup trop de tour. Pourquoi je pense à ça maintenant moi ? Je me sens mal. Mais, avec un peu de chance, Arthorias n'a rien relevé... Après tout, il n'a pas bougé non plus. Bon, vite, trouve un truc, rebondit sur ce qu'il a dit plus tôt, fait quelque chose.
- Je... Hm. Alors... Le grand capitaine Hekmatyar ne serait pas un si grand bourreau de travail, au fond ?
Je souffle un peu. Redescendant en pression. Au final, quand j'y pense, n'ai-je pas moi même un statue similaire ? Ne jamais prendre de repos, ne jamais montrer mes faiblesses, faire toujours au mieux sans réellement prendre le temps de se détendre...
- Et si... Et si on faisait ça, demain ? Rester là, à ne rien faire toute la journée. Au final, il n'y fait pas si froid, sauf si tu comptes encore te rouler dans la neige... Et puis, si vraiment le temps se gâte, on aura qu'à faire rentrer tes deux gros radiateurs sur pattes.
Enfin, c'est comme tu le sens hein. Je... Tu ne m'as pas dit si nous étions attendu ou pas où nous allions alors... Si tu le souhaites et comme tu es blessé...
Je laisse ma phrase en suspens, me sentant une nouvelle fois stupide, tournant la tête vers l'autre côté, fuyant au maximum le regard du Prétorien pour cacher ma gêne bien que je reste toujours collée à lui.
Avec un peu de travail, ils pourrait même rendre l'endroit vivable pour le lendemain soir
Souriant plus franchement, l'officier reprit
-Je n'ai jamais dit l'être, c'est ce qu'on dit de moi, même si au final, peu de monde me connais vraiment.
Mais va pour ta proposition.
De toute façon, ils étaient là précisément pour permettre à la jeune femme d'avoir du temps pour elle. Si cela pouvait permettre également de se reposer...
-Rester seul avec toi n'est... pas vraiment une idée déplaisante...
Loin de là... Il trouvait même la chose plutôt agréable. Dormir au côté de la jeune femme, oublier pendant un moment qu'ils étaient engagés dans une mascarade des plus élaborée. Le tout en ayant parié beaucoup trop gros.
Deux enfants qui au final ne demandaient qu'à vivre tranquillement.
Le dos de sa main effleura la joue de la jeune femme, ne remarquant que maintenant qu'elle prenait autant de couleur que lui.
La douleur et la fatigue firent passer ses paroles au delà de ses pensées.
-Tu rougis, cela te donne un charme indescriptible...
Dit il avant que ses yeux ne s'écarquillent, réalisant soudain ce qu'il avait dit avant de rester muet.
Anticipant d'avance la remarque sèche qu'il risquait de recevoir en fermant les yeux
-Enfin je... hum...
Et... Quoi ?! Pas une idée déplaisante ?! Mais... Mais ça veut dire quoi ça ??? Pourquoi il dit ça comme ça ?! En hésitant comme il le fait ! Je... Je... J'ai chaud. C'est fou, je meurs de chaud. Et je suis incapable de bouger. J'ai peur. Peur que si d'aventure je bouge, alors je me réveillerai de ce rêve. Non parce que c'est forcément un rêve hein ? Hahaha. C'est un rêve, c'est obligé. Et Arthorias me réveillera bientôt pour me dire que c'est l'heure de partir...
Un rêve oui oui oui. Un très très beau rêve qui me fait sourire de plaisir.
Jusqu'à ce qu'il touche ma joue, et que la sensation soit très très réel. Et... sa remarque. L'espace d'un instant, je n'arrive plus à respirer jusqu'à ce que le contact avec ma joue se rompe. Alors quoi ? Ne suis-je pas juste une simple soldat ? Ne suis-je pas une de ces deux cents protégés ? Ou fait-il ça souvent ? Il est si... discret. Et pourtant... La veille de notre départ... Il y avait ces rumeurs sur moi, sur nous... Et sur lui.
Rassemblant mes mains contre mon ventre, et refermant mes jambes sur moi, je baisse la tête, cherchant le courage de répondre. De dire quelque chose. Juste quelque chose, un mot, n'importe quoi.
- Arthorias !
"Un peu brutal là, pour commencer une déclaration."
La ferme Haku !
- Je... J'ai besoin de savoir. Est-ce que... Est-ce que tu es gentil comme ça avec toutes tes gardes ou est-ce que... est-ce que...
Je baisse la tête, me cachant encore plus dans mes genoux avant d'arriver à murmurer.
- est-ce que ce n'est qu'avec moi...
Et... Au final... au lieu d'être réprimandé... La jeune femme sembla être encore plus confuse que lui, finissant par lui demander si elle était la seule à bénéficier de telles attentions...
Restant muet un moment il finit par laisser sa main passer dans les cheveux de la demoiselle, sa voix se faisant plus douce.
Laissant ses pensées cheminer à leur rythme, l'officier s'abandonna à la vérité qu'il se cachait à lui même.
-Non... Je suis rarement gentil, compréhensif au mieux, mais je ne peux pas me permettre de montrer une autre façade que celle d'un officier distant.
Et c'était là une cruelle vérité, aussi bien pour lui que les autres.
Laissé seul en haut de sa tour, Arthorias ne pouvait pas se permettre de fraterniser avec ses soldats. Sauf... sauf Lunarya...
Finissant par se prendre à son propre jeu, le piège c'était refermé sur lui.
-J'ai cru pouvoir feindre de n'être qu'un mari insensible...
Force est de constater que tel n'est pas le cas... Je crois... que ton charme ne me laisse pas indifférent
Fit il avec un air contrarié.
Arthorias commençait à s'en vouloir, de trouver une jeune femme promise à un autre à son gout
-Je ne devrais surement pas... Tes pensés sont tournées vers un autre... Et je ne devrais pas... Nous faisons tout cela pour que tu puisse enfin le rejoindre après tout
Quittant le regard de la jeune femme avec difficulté, il tacha de prendre une grande inspiration, presque déçu par lui même
Et puis, cette dernière phrase. Elle tombe sur mon coeur comme une pierre se décrochant d'une falaise et écrasant tout d'un seul coup. J'avais presque oublié... J'avais presque oublié que je lui avais dit... Ça me fait mal, tellement mal. Une nouvelle fois je me sens coupable, mes larmes coulant bêtement alors que je ne sais tellement plus...
- Je ne sais plus ou j'en suis.
Mon corps tremble, parcouru de quelques spasmes mettant clairement en évidence mon malaise. C'est si difficile. Elion... Kahlua... Je... Je vous aime tellement, vous êtes toute ma vie. C'est pour vous que j'ai fait tout ça et même si j'aurai tellement voulu mieux pour nous, si je devais le refaire, je sais que je referai tout exactement de la même manière, même si ça veut dire briser à nouveau l'âme d'Elion, même si ça veut dire mentir, souffrir et continuer encore et encore d'avancer sans pour autant savoir dans quel direction aller. Pour vous... Pour vous j'ai tout fait.
Et c'est encore pour vous que tout à commencer.
- Si... Si tu savais comme je m'en veux Arthorias. Depuis onze ans, chacune des actions que j'ai faite n'a été que pour eux. Toujours. Je me suis renfermée, j'ai menti, je me suis battue... J'ai même imploré la mort de me faucher tant ma vie devenait insupportable. Je... Je m'en voulais tellement de les avoir abandonné, de l'avoir brisé... Si tu savais comme j'ai pu être cruelle avec lui, juste pour qu'il me déteste ! Et il m'a détesté, il m'a fait tellement de mal ! Depuis que je l'ai retrouvé lui et ma fille, chaque jour je l'ai vu partie aux bras d'une femme différentes pour quelques cristaux de plus et... et je ne pouvais rien dire, j'avais tellement envie de hurler mais je ne pouvais pas. Je me souviens l'avoir fait une fois, au début, mais il m'a vite fait comprendre que je n'avais pas mon mot à dire dans cette histoire. C'est moi qui les ai abandonné et pour leur bien je devais garder un minimum de distance... Elion devait me détester. Sauf que cet abruti n'a rien compris ! Au lieu de m'en vouloir à moi, il s'en est voulu à lui, vivant dans la misère et la peur du lendemain. N'attendant que que notre fille puisse prendre son envol pour être libre de se donner la mort. Je... Je ne pouvais pas le laisser faire ! Alors je suis ai avoué la vérité... Et... Et je crois qu'il m'aime encore. Malgré toutes nos déchirures, malgré tout le mal qu'on s'est fait... Nous ne sommes que deux âmes brisés par la vie qui avons arrêté de croire en l'amour quand notre fille est née. Par culpabilité.
Et puis tu es arrivé.
Le visage couvert de larmes, je me tourne enfin vers lui pour le regarder dans les yeux.
- Quand tu m'as convoquée dans ton bureau après la soirée... Je venais de faire mes adieux à Kahlua et Elion, j'avais déjà abandonné tout espoir. J'ai lancé cette idée de fou comme on lance une bouée à la mer en plein naufrage. Jamais, au grand jamais j'aurai imaginé que tu l'attrapes ! Et depuis, tout ce que nous avons partagé n'a fait que m'atteindre en plein cœur ! Si tu savais... Si tu savais comme je t'admire. Lors de ce diner, tu as été plus que parfait alors que j'ai osé douté de toi... Le lendemain, tu m'as rassurée et tu m'as protégée contre eux. Et maintenant, dans ce voyage... Je te découvre un peu plus à chaque instant et à chaque fois... à chaque fois tu m'atteins toujours en plein cœur ! Pour la première fois depuis vingt ans, je sens que le bonheur est là, juste à côté de moi. Et pourtant, il ne ressemble en rien à ce que j'ai toujours imaginée... Mais je n'arrive pas à l'ignorer, je n'arrive pas à m'en détacher et je meurs de peur à l'idée de le perdre ! Ou simplement qu'il se termine...
Mes tremblements deviennent plus fort, à tel point que ma voix se meurt dans ma gorge. Alors je souffle, tentant de me calmer, fermant les yeux et basculant la tête en arrière, fixant le plafond où le feu qui brûle dans l'âtre fait danser une myriade de lumières orangées. Et sans lâcher ce spectacle des yeux, je trouve la force de continuer.
- Je ne sais pas ce que je dois faire. Je me sens tellement horrible... Tellement malhonnête envers moi même ! Je m'étais promise d'aimer Elion pour toujours mais maintenant... une nouvelle fois, je tourne la tête vers lui pour le regarder dans les yeux, lui souriant malgré mes larmes, tu es là. Tu es là et avec toi, j'arrive à être honnête. Avec toi je me sens enfin vivre. Alors j'ai vraiment envie... J'ai vraiment envie de rester avec toi.
Puis je baisse la tête, mon sourire s'évanouissant tandis que je resserre mon étreinte sur mes jambes.
- Mais je ne m'en sens pas le droit...
Avouer ce qu'il ressentait était une chose compliquée, et s'il avait promis de libérer la jeune femme, c'était avant tout pour qu'elle retrouve une vie plus simple, une vie qu'elle avait aspiré à retrouver il y avait des années de cela.
Dans le cas présent, le destin semblait s'acharner à rendre les choses infiniment plus complexe, autant pour elle que pour lui.
La vie rêvée de Lunarya était une vision qui datait d'une autre époque, un mensonge savamment monté pour qu'il subsiste un espoir. Espoir que l'officier voyait clairement comme ténu. Quant à lui, sa vie n'avait de sens que parce qu'il avait son office. Pantin parfait pour la royauté, il avait depuis longtemps cessé d'être, se contentant de paraitre.
-Je m'étais promis de vivre heureux avec Rebecca... Puis j'avais fais le serment d'en aimer une autre...et une autre... à force de suivre mes propres dogmes, j'en suis revenu à une longue solitude forcée.
A croire que nous avons bien des points en communs.
Se relevant douloureusement, il ramena ses genoux au niveau de son menton, fixant le feu qui crépitait plus joyeusement que la situation n'aurait dût le permettre, les buches se consumant en craquant, projetant des petites étincelles qui éclairaient par intermittence la scène bien plus intensément.
-A force de promettre, je ne suis plus aussi sur que tout cela ai vraiment un sens. Les relations sont comme des feux. Brûlant d'intensité, plein de chaleur et de promesses...
Mais le feu se meurt... à chaque fois, il y a ceux qui restent devant les cendres éteintes, et ceux qui partent sitôt le feu éteins, réchauffés pour un temps. Et je ne pense pas que nous faisons partit de la deuxième catégorie
L'analogie était confuse, a vrai dire, il n'était pas vraiment sur de savoir ou il voulait mener sa réflexion.
Avait il envie de pousser Lunarya dans les bras de quelqu'un qui ne la comprenait que partiellement ? Ou voulait-il écouter son désir égoïste ?
-Je ne saurais te mentir Luna, je n'ai aucune idée de ce que tu traverse. Pas plus que je peux imaginer la douleur de ton histoire.
Et crois moi, j'aimerais pouvoir la partager pour t'alléger de ce poids... Mais à mon échelle, c'est impossible.
Cela dit, quelque chose me frappe à chaque fois que je te vois te déchirer pour ces deux personnes. Tu te reproche de les avoir abandonnés. De mon point de vue, j'ai l'impression que tout les deux ont refais leurs vies, mais que toi... tu t'es abandonnée... Un pantin qui essaye d'entretenir un braiser mort depuis des lustres, les mains couvertes d'une cendre qui ne fait que te ronger les mains.
Un constat amer qu'il ne faisait pas de gaieté de cœur. Dans sa vie faite de devoir et de serment, rarement Arthorias n'avait vu une situation pareille... excepté pour lui même.
Sa dignité affichée n'était qu'une façade fragile, qui s'effritait à chaque seconde passée proche de la jeune femme.
Cherchant son regard, puis son contact, le blond l'enveloppa dans ses bras, tachant de sécher ses larmes si abondantes avec douceur.
-Tu ne te sens pas le droit ? De vivre ?
Malgré tout ce que tu dit, tu n'es pas un pantin impassible, comme tout le monde tu as besoin de chaleur. De sentir, de ressentir... Autre chose que de la douleur.
Sa main effleura sa joue tachant de faire relever ce visage baigné de larme.
-Ne penses tu pas que tu as assez fait pénitence pour tout le monde ? Et qu'il est temps de reprendre ta vie ?
Posant son front contre le sien, Arthorias prit une profonde inspiration, oubliant sa propre confusion pour se concentrer sur le malaise de Lunarya.
Son visage entre ses mains, il tacha d'accorder sa respiration à la sienne.
-Tu es là, je suis là... Au milieu de nulle part, et jusqu'à Lucy sait quand. Personne ne te jugera, que tu décide de continuer comme tu l'a fait, ou bien d'avancer sur un autre chemin.
S'il faut lécher tes blessures jusqu'à leur guérison, soit. Mais peut être faudrait t'il que tu commence... à te pardonner toi même ?
S'éloignant petit a petit de son amie, le blond prit la mesure de la situation, ne devenant que trop conscient de ses propres failles, ces dernières menaçant d'emporter sa propre raison au loin.
-Crois moi Luna, si tu ne t'en donne pas le droit, personne ne pourra le faire à ta place, pas plus qu'ils ne le voudront.
Ils se retrouvèrent à quelques centimètres l'un de l'autre, le prétorien plongeant ses yeux dans les siens, cherchant une étincelle qu'il avait souvent vu dans le regard de la demoiselle. Une étincelle ne demandant qu'à s'embraser mais qui toujours, c'était éteinte au moment fatidique.
-Tu vaux bien trop pour te laisser mourir au bon vouloir d'un souvenir passé, ce qui est derrière n'est plus, ce qui est devant, il n'y a que toi pour le tracer
Ou presque toutes. Car née des débris, une nouvelle semble tenter de se dresser, de s'ériger entre moi et ce bonheur qui semble si proche de moi.
D'aussi loin que je me souvienne, tout ce que j'ai toujours voulu, c'est protéger. Et m'assurer de ne pas blesser.
- J'ai tellement peur de te faire du mal...
Un constat né de mon incertitude, de mes doutes sur la situation. Est ce que le feu qui brûle en moi pour Elion est véritablement mort ? Je n'ose y croire... Je ne veux pas y croire ! Je me suis... Je me suis tellement raccroché à lui pendant toutes ces années, j'ai tellement espéré, j'ai tellement souffert... Alors si... Si ce feu est éteint, tout cela n'aurait-il servi à rien ? Si seulement... Si seulement il me détestait comme il le devait ! Je... Je m'en voudrais moins de... De laisser mourir ce feu.
Mais si je doute de la vivacité de celui là, je ne peux désespérément pas ignorer l'ardeur de celui brûlant depuis peu pour un autre.
- Tu mérites tellement de trouver le bonheur, de trouver quelqu'un qui t'aimera toi, et rien que toi. Mon histoire est tellement compliquée... Je ne suis pas sûre de pouvoir... Mais... Mais si jamais... Je ne peux pas te promettre de rester avec toi pour toujours, ni de t'aimer pour toujours. Mais, là... Alors que nous ne sommes que tous les deux, loin de tout... Et au moins jusqu'à ce que je sois libre... Alors si tu veux bien de moi je...
De nouveau toute rouge, ayant baissé les yeux, je bouge mes mains nerveusement. C'est la première fois : la première fois que je fais ce genre de demande, et le contexte est particulièrement lourd. Pour autant, une chose est sûre : je veux rester avec lui. Là, maintenant, je sais que je n'ai besoin que de lui.
Est ce que j'en ai le droit ? Est ce que je ferais pas une terrible erreur ? Je n'en sais rien, mais comme il l'a dit : si je ne m'en donne pas le droit, alors personne d'autre ne le fera.
- Je veux être heureuse avec toi.
-Luna... A quoi bon se promettre des choses que seule Lucy peut voir à l'avance. Vivre la vie au jour de le jour est le mieux que nous puissions faire, toi comme moi
Alors...
Approchant doucement son visage du siens, à une proximité qu'il aurait trouvé dérangeante avec n'importe qui, il souffla doucement à son oreille.
-Je veux être heureux avec toi. Maintenant, demain, et jusqu'à ce que tu en décide autrement
Fut tout ce qu'il put dire avant de poser ses lèvres sur les siennes, dans un baiser aussi langoureux que douloureux. Douloureux car il savait très bien s'ouvrir pour mieux se faire blesser.
C'était néanmoins une partie du jeu dangereux qu'ils livraient, même si ce dernier avait prit une tournure encore plus risquée.
Passant ses bras autour des siens, le blond, la serra contre lui, n'interrompant l'échange que pour lui sourire, appréciant le gout sucré resté sur ses lèvres
-Et si d'aventure tu regrette tout cela... Nous n'aurons qu'à dire qu'il ne s'est rien passé... Et que tout n'était qu'une façade pour mieux tromper ta famille
L'idée ne lui plaisait guère... Mais comme il l'avait promis, il se plierait aux envies de la demoiselle, bien trop conscient que la situation était devenu d'autant plus instable.
Pour autant, le blond peinait à regretter quoi que ce soit... Sentant simplement son cœur battre à tout rompre à chaque fois que ses pupilles croisaient les siennes
Catégoriquement, non. Il en est hors de question. Mes mains viennent chercher ses joues, repoussants ses mèches blondes de son visage alors que je le fixe avec sévérité.
- Je ne veux plus mentir, je ne veux plus être fausse, je n'ai jamais voulu l'être et maintenant que je me sens enfin revivre, je refuse de reprendre les mensonges. De toute façon, j'ai l'habitude de faire et d'avoir mal alors... Même si je devais regretter, j'assumerai, mais je ne te ferai pas porter ce poids. Pas celui là.
Parce que ce serait bafoué ce qu'il ressent, et clairement il ne mérite pas ça. Mes bras s'enroulent autour de sa nuque et je le serre contre moi, à la fois heureuse et terrifiée à l'idée de lui faire du mal, à l'idée de faire du mal... Elion, je suis tellement désolé mais... Mais lui est là pour moi. Lui me protège, veille à mon bonheur et est même prêt à se sacrifier pour moi. Alors... J'espère que tu comprendras. Si un jour on se revoit, si ce plan foireux fonctionne, j'espère que tu me pardonneras ma faiblesse. Je... Après toutes ces années je me surprends à ne plus pouvoir t'attendre, et à oser recroire au bonheur.
Et pour l'heure, mon bonheur, c'est lui.
- Je t'aime Artho. Et ça, c'est la vérité.
Je me détache alors de mon étreinte uniquement pour pouvoir aller rechercher ses lèvres et les emprisonner dans les miennes, avide de retrouver cette sensation qu'il m'a fait partager. Et étrangement, alors que j'aurai cru l'inverse, ce simple geste d'abandon de mes dernières défenses me libère d'un poids.
Là, il n'y a que lui et moi, loin de la garde, loin des Lys, loin d'Elion et de ma fille. Tous ces soucis me semblent tellement superflu pour le moment... Comme si, simplement parce qu'il est avec moi, je pouvais de nouveau tout affronter.
Comme si grâce à lui j'étais de nouveau armé pour affronter la fureur de la vie. Au point que même cette idée de mariage qui me répugnait tant devient maintenant qu'une broutille, tant que c'est avec lui.
Balayant par la même retenue et regret avec une fureur qui ne laissa de ces sentiments qu'à peine un souvenir.
Alors, cessant de résister, Arthorias se laissa emporter par ce tourbillons, oubliant les douleurs et les peines, se perdant bien volontiers dans cette étreinte.
-Moi aussi Luna...
Parvint il à dire avant de se laisser submerger, attirant la jeune femme à lui pour s'allonger doucement sur le matelas. La tempête pouvait bien hurler dehors, les Lys pouvaient bien pester ou se réjouir de ce mariage fallacieux.
Rien ne lui importait plus pour le moment que la jeune femme entre ses bras
-Désormais... Nous serons ensemble, et...
Peinant à laisser sortir ces mots, il finit par soupirer, trouvant son courage dans les bras de Lunarya qu'il regarda soudainement plus intensément.
Déposant un baiser sur son front, le capitaine la serra plus fort contre lui, comme pour vérifier si ce qui arrivait n'était pas un rêve trop beau pour être vrai.
-Nous affronterons ce qui arrivera tout les deux. Ton passé... le miens...
Car s'il n'en avait que peu parlé, peut être qu'un jour... il faudrait parler de Rebecca...
Mais le temps viendrait, au milieu des bois, ils avaient tout le temps de savourer ces sentiments naissant. Faire leur propre feu et se laisser consummer.
Chose qui jusque là leur avait été refusée
Oui, en ce temps là, je séchais les cours juste pour le voir, je sortais tard le soir, je découchais... Et là, je me retrouve totalement mordue de mon capitaine qui nous a fait des ordres de missions bidons pour aller nous reposer dans son village natale. Enfin, pour que je me repose, et lui, vaillant chevalier qu'il est, il m'accompagne... Si les autres à la caserne le savait... Je pense qu'ils voudraient ma peau de leur avoir ainsi retirer leur chef.
Et loin de me faire peur, cette pensée m'arrache un petit rire alors que je lève la tête pour regarder le beau blond en posant mon menton sur son épaule. Cela dit, je me demande quand même ce qu'il a vécu pour en arriver là, à devenir ce bourreau de travail au même titre que moi. Est-ce simplement à cause de ses déceptions amoureuses ? Ou y a t-il autre chose ? Après tout, il a bien dit que nous aurions à affronter son propre passé en plus du miens... Je me demande ce qu'il en ait mais... Devrai-je lui poser la question maintenant ? Mais d'un autre côté... D'un autre côté il est sans doute fatigué par ce qui lui est arrivé.
D'autant plus que maintenant que j'y pense, je suis pratiquement allongée sur lui alors qu'il s'est retrouvé sous un éboulement. A cette pensée, je me relève presque brutalement, ne souhaitant nullement augmenter ses douleurs s'il en a !
- Je... Je suis désolée ! Je te colle alors que tu dois être contusionné de partout... C'est vraiment stupide de ma part... D'ailleurs tu vas mieux ? Tu veux peut être que je te laisse tranquille et dormir... Tu... Tu as le droit de me chasser tu sais, hein... Je ne le prendrai pas mal...
J'avais pas dit que je devais rester honnête ?
- Enfin... Si... Je ne prendrais surement un peu mal mais si c'est pour ton bien alors je comprendrai... Après... Si tu vas mieux et que tu n'as pas sommeil... On peut... On peut peut-être.. Parler de ton passé ?
Oui, la curiosité est un vilain défaut. Mais la tout de suite, je sais que je n'arriverai pas à trouver le sommeil, et puis c'est pas comme si demain on avait quelque chose à faire de toute façon, alors on peut bien parler toute la nuit que ça ne dérangerait personne.
- C'est pas obligé hein, mais... Tu as dis que nous devrions l'affronter alors... Et puis toi tu sais déjà tout de moi...
Tout cela me rend nerveuse... J'ai peur de sa réaction alors je n'ose pas vraiment le regarder bien que je reste assise tout près de lui, ne m'appuyant plus sur lui au cas où il soit relativement blessé, jouant plutôt avec mes mains, ne sachant trop quoi en faire...
Aller à la page : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
|
|