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Ah sacrée Astrid, toujours égale à elle-même! Prête à profiter du moindre mot pour le remanier à sa convenance pour glisser une énième blague vaseuse dans la conversation! Bien loin de l'étrangeté qu'elle lui avait servie lors de leurs derniers verres partagés. Durant lequel Yuduar non plus n'étais au top de sa forme étant donné qu'il a dut écourter l'apéro en s'éclatant la tête contre une table mais bon ce sera une histoire pour une autre fois. Lorsque la femme à tout faire remis le sujet de Queen sur le tapis, le Capitaine hocha de la tête avec dépit et résignation, elle ne démordait pas de cette rumeur qui avait enflammé le Palais et la Capitale. Mais contrario il se gratifia d'un grand sourire rempli d'assurance et de provocation lorsque son amie moucha d'une main leste l'idée que Grimvor et Allys comptaient venir à la petite soirée du Bastion. Le destin, comme pour lui donner raison de manière encore plus magistrale, amena justement le couple royal à pénétrer l'enceinte au moment même où la phrase restait en suspend.
"Alors? Jamais quoi?" rajouta t-il victorieux avec clin d'oeil tandis que Roi et Reine fendaient la foule après avoir repéré le maitre des lieux au loin. Il leur fit un ample geste de la main pour les saluer puis héla un garde qui passait non loin du bar pour qu'il lui ramène trois pintes bien fraiches "Grim', Allys, ça fait plaisir de vous voir chez moi!" une accolade de franc camarades lia Roi et Capitaine, échangeant rires et plaisanteries sur un ton léger, suite de quoi il salua la Reine à son tour "Bah écoute, la grande forme! Bien content d'avoir réussi à organiser ce petit frichti avec mes gars!" montrant l'étendu des troupes entrain de profiter des festivités derrière et autour de lui, le grand brun ne pouvait masquer sa petite fierté "Sans compter les invités de marques bien entendu." souligna t-il avec un clin d'oeil malin "Même si certains, ou devrais-je dire certaines, ont visiblement prévu de passer leur soirée sur mon dos."
Dernier coup d'oeil vers Astrid, sourire en coin, il avais beau dire mais Yuduar restait bien content que la Citoyenne ai pus venir ce soir malgré son caractère des plus colorés. D'ailleurs elle ne tarda pas bien longtemps à se rappeler à leurs bons souvenirs, accueillant à sa manière Grimvor et Allys qu'elle avait eu l'honneur de connaitre comme de simples bambins lors de sa précédente vie. Plus d'uns allaient surement trouver singulier de voir une parfaite inconnue se conduire avec tant de familiarités aux côtés de personnalités si importantes mais après tout ce qu'elle avait pus faire depuis son arrivée, cela collait finalement avec le personnage. Puis, comme pour encore plus donner raison à ses dernières pensées, Astrid eu la riche idée de se hisser sur une table pour clamer haut et fort que le couple royale venait d'arriver au sein du Bastion. Une arrivée tout en discrétion et en finesse, a coup sûr ils n'auraient pas rêvés mieux n'est-ce pas? Yuduar s'en colla une main sur le front en regardant les deux tourtereaux avec un regard à la fois désolé et amusé. Mais pensez-vous que ça ce serait arrêté là? Que nenni. Non contente d'avoir beuglée sur la table, voila que l'enquêtrice la plus chaotique du Royaume se rattaqua -une fois de plus- au sujet bien croustillant des affaires privés du Capitaine Al Rakija devant lui. Avec une nouvelle fournée encore plus appuyée que la précédente et son grand renfort de mimes suggestifs. Le soldat tiqua à ses propos cette fois mais à peine eut-il le temps d'ouvrir le bec que Solveig se réinvita à la discussion puis très vite Sammaël aussi commença à s'en mêler. Décidément, cela prenait une tournure des plus singulières.
"Bon, je vous arrête tout de suite, je n'ai pas de nouvelle compagne ou de quoique ce soit, y'a les rumeurs d'un côté et les faits de l'autre." entama Yuduar avec un sourire presque las d'avance "Par contre..." son regard se dressa, bien plus sérieux, vers Astrid "On vas rester tranquille concernant Madame Al Rakija et mes enfants et j'aimerais ne pas avoir à le répéter deux fois." que la citoyenne soit passionné par sa vie sexuelle était une chose, qu'elle commence à étaler ses implications jusqu'aux cercles privés de Yuduar, notamment sa famille, s'en était une autre. Le brun pouvait vite perdre de son humour et de sa bonhomie sur le sujet "Enfin bref, je me doutais que ça allait enflammer le Palais voir la Capitale mais j'ai terminé en calbard dans le bureau de la Trésorière et sa secrétaire est entrée pile à ce moment là." chassant son regard plus tranchant, son sourire revint et un rire agita ses épaules à ce bon souvenir "C'était quand j'y suis allé pour le Bilan du Régiment là." précisa le gradé aux Valkyries autour de lui "Ah bah elle à pas loupée les conclusions faciles ça c'est sûr! En plus vue la réputation de Milan là-haut, ça c'est pas privé de lui sucrer le dos ahahah!" relevant le nez de son audience, il adressa un clin d'oeil à Grimvor "Puis j'ai finit ma soirée avec Grim' à manger un morceau, se lancer quelques godets en se racontant des histoires, du bon temps avant de décoller sous peu." une tape sur l'épaule du Roi "Du coup méfie toi camarade, et toi aussi Allys, visiblement vous devriez pas tarder à entendre que le Roi et le Capitaine du Sud entretiennent une liaison secrète vue que ça à l'air d'être mon lot dès que je suis enfermé dans une pièce avec quelqu'un, ahahah!"
Son histoire de terminée, le petit gars qu'il avait précédemment interpellé joua des coudes prêt du Capitaine avec les mains chargées des trois pintes demandées. Yuduar le remercia puis l'aida à poser le tout sur les tables, demandant au passage à la Reine si elle désirait peut-être quelque chose de plus raffinée pour son Palais. Allys pouvait avoir des goûts bien plus sophistiqués que son mari et ne devait pas être aussi à l'aise que lui dans ce genre d'ambiance très légère. Or il était de la mission sacré du Capitaine que chacun puisse trouver son petit plaisir pour cette soirée. Choses faites, il tourna du chef pour lancer un clin d'oeil amusé vers Solveig.
"Du coup oui, Sol'! Grimvor Renmyrth, Allys Renmyrth, couple royal d'Aryon à leurs heures, tu l'avais surement compris mais au moins maintenant les présentations sont faites!"
Son rire s'invita aux chants du Bastion et, pinte à la main, de nouvelles gorgées glacées purent dévaler le long de sa gorge. La conversation n'allait pas tarder à reprendre avec encore plus de questions plus ou moins déplacées, tant qu'a faire autant éviter d'être assoiffé avec ça.
Alors qu'elle était dans ses pensées, Grimvor arriva enfin dans le transport. Elle parla de choses et d'autres en lui jetant un regard intrigué quand il ordonna l'arrêt de la calèche ... au milieu de nulle part. Allys n'était même pas sûr qu'ils n'aient pas plusieurs minutes à marcher, puis elle se rappela la volonté de son mari de faire dans la simplicité. Ce n'était pas plus simple d'arriver à bon port ? Alors qu'elle allait lui faire remarquer ce détail en penchant légèrement la tête, il... lui coupa l'herbe sous le pied. Il n'y avait pas d'autres mots... leurs premières escapades, elle ne s'en rappelait que trop bien et alors qu'ils s'en rapprochaient, elle en était à lui demander s'il se souvenait de cette soirée où ils avaient dansé ensemble jusqu'à avoir le vertige et ... tomber élégamment au sol. La vérité était toute autre, elle se souvenait avoir manqué de heurter le sol en lui donnant une peur bleue. Allys s'était prise les pieds dans sa robe et ivre d'avoir virevolté n'avait eu d'autres choix que vaciller.
"... Même si je ne regrette pas le moins du monde que nous soyons plus occupés, je ne regrette pas ces moments. Chacun d'eux a une valeur significative pour moi et ce que nous sommes aujourd'hui. " ajouta -t-elle en prenant ses doigts pour y passer les siens. Finalement le barbecue n'était pas si loin. Elle sentait une odeur d'huile monter, on était bien loin de la nourriture habituelle servie au repas. Comme si la reine pressentait qu'elle arrivait en terrain étranger, elle lâcha la main de son époux pour avancer d'elle-même de façon indépendante. Cela faisait vraiment un très long moment qu'elle n'avait pas évolué ainsi. Même les gardes l'avaient un peu rassuré en un sens avec leurs révérences, c'était comme un rappel de ce monde auquel elle appartenait. Grimvor venait de ce monde-ci, il retrouvait des camarades autour d'un moment convivial, de son côté elle allait sans doute retrouver des personnes qu'elle rencontrait également. Le coup d'envoi fut donné par tout ce tutoiement à lui en faire perdre la tête. Vraiment inhabituel, sauf pour Astrid... qu'elle fut étonnée sans l'être de la retrouver ici. Elle eut à peine le temps de saluer le capitaine Al Rakija...
" Bonsoir Capitaine, le plaisir est...."
Allys commençait à se faire à l'idée que ce serait une soirée, où elle continuerait d'agir comme elle était le plus à l'aise tout en se fondant dans le décor. Erreur. Non seulement, elle avait bien remarqué que son entrée avait été remarqué même dans cette robe "simple" à ses yeux, mais en plus elle se sentit embarquée dans une accolade forcée avec Astrid. Elle ne pouvait rien faire sans le clamer cette femme... et à présent sous son regard dépité, tout le monde savait qu'ils étaient là... Des applaudissements rien que ça...En plus, elle avait même pris soin de refaire sa coiffure. Allys savait déjà ec qu'elle ferait sitôt qu'elle en aurait la possibilité. Se recoiffer devenait une priorité. C'était ainsi qu'elle dut refaire sa coiffure en ayant un maximum d'attention. On aurait dit sans rien qu'elle était passée sous une soufflerie... Alors qu'elle remettait ses mèches à peu près correctement, elle entendit une histoire entre sa trésorière et le capitaine, tiens donc . Elle releva un oeil en se disant qu'il s'en passait des choses dans ce grand château.
"Une liaison... tu avais oublié de me parler de ce détail mon chéri. Il va falloir que nous ayons une discussion... "
Elle ne put s'empêcher ensuite de jeter un regard fixe, insistant et lourd de reproches à Astrid. Allys n'avait plus qu'une obsession : trouver un miroir pour savoir si elle avait su se remettre à son avantage. D'autres pensées lui vinrent à l'esprit, il n'était sans doute pas prudent qu'elle reste près d'Astrid... Si elle était capable de diffuser des rumeurs pareilles, que ferait-elle avec cette fameuse soirée au cimetière. Non, elle saurait se tenir... Elle avait entre temps tourné la tête, puis était revenue croiser ce regard plein de malices... Cette personne était capable de tout. C'était ça le danger. Comme ils n'étaient pas si loin que cela pour se servir un verre, elle s'autorisa à se tourner pour ne plus avoir cette pensée. Elle chercha quelque chose de léger et sur le coup ne trouva qu'un verre de vin. Très bien, ce serait parfait.
"Astrid enchantée de même. Comme ça mon très cher mari glandouille, ça par exemple... je te trouvais trop sérieux ces jours-ci..." dit-elle en laissant sa phrase en suspens. Elle ne savait pas trop quoi dire à Astrid après l'énorme sourire gêné et l'air boudeur qu'elle avait eu... Pour Astrid, aucun souci à ses yeux elle était un morceau de son passé même si peu de choses dans son caractère le montrait. Elle lui tapota le dos en lui souriant, une façon de la saluer plus modestement qu'elle ne l'avait fait. Ce fut encore de nouvelles salutations cette fois pour une personne qu'elle avait dû entrevoir rapidement.
"Enchantée, vous avez pu profiter de ce moment sans doute depuis plus longtemps que moi. Nous venons tout juste d'arriver... " ajouta t-elle en hochant la tête en direction de Solveig. Son verre décrivait de petits cercles en attendant le bon moment pour se porter à ses lèvres. Elle adossa légèrement son épaule contre celle de Grimvor avant de le goûter tranquillement. Mêle dans sa dégustation, elle était très mesurée et pondérée.
Barbecue au Bastion !
« Oui, tout va bien. Je ne m’attendais pas à une attaque surprise, pas ici et maintenant ! »
Elle ricana en sentant son amie bouillonner à l’idée de taper sur celui qui s’amusait à bousculer les convives. Le peu de temps qu’elle avait passé avec Khalie lui avait suffit pour comprendre qu’elle n’était pas du genre à se laisser faire. Bien qu’elle soit loin d’être tactile, Leo ne rechignait pas non plus à secouer ceux qui s’imaginaient qu’une " gamine " n’avait pas sa place dans ce régiment. Elle ajouta avec un regard carnassier :
« Et l’imprudent qui s’est un peu trop approché a filé sans que je n’ai le temps de lui dire deux mots… »
La longue journée qui avait précédé cette douce soirée l’avait mise sur les nerfs. La jeune fille se sentait d’humeur bagarreuse. Le duvet de ses avant-bras frétillait discrètement, signe que ses griffes s’agitaient sous sa peau. Pourtant, ses longues heures d’entrainements lui avait permit d’apprendre à les retenir un peu mieux. On était encore très loin d’une maîtrise parfaite, mais on moins elle n’avait pas blessé involontairement quelqu’un depuis plusieurs semaines !
Sachant que les gardes présents n’étaient pas tous au courant de la nature de son don, et encore moins de son incapacité à le gérer, elle se concentra sur ce que lui avait appris Java : se détendre et accepter la situation. Après tout, elle se trouvait dans un endroit qu’elle aimait, avec une amie, de la bonne nourriture et une ambiance de festival ! Que demander de plus ? Avec un nouveau sourire (décidément, voilà qui la sortait de ses habitudes…) elle attrapa un morceau de poulet dans l’assiette que lui tendait Khalie. Entre deux bouchés, elle la remercia puis s’amusa à la taquiner :
« Je suppose que le lieutenant Rivolti n’est toujours qu’un bon ami… »
Son ton était innocent au possible, mais ses yeux pétillaient de malice. Elle s’apprêtait à ajouter quelque chose lorsqu’une voix bruyante clama que le couple royal était arrivé. Comme tout ses camarades, Leo savait que les Renmyrth étaient conviés mais elle ne s’attendait pas à ce que leur arrivée soit annoncée avec autant de désinvolture. Elle savait, comme à peu prêt tout les jeunes de sang noble (ou presque), que le roi avait pour réputation d’être un habitué des tavernes. Ses parents avaient eu l'audace de faire quelques remarques à ce sujet lors de repas de famille.
Toute curieuse, Leo ne put s'empêcher de fixer longuement le visage du grand rouquin. Elle ne se l'était pas vraiment imaginé ainsi. Il avait une tête de gentil papa, doux et affectueux, mais certainement pas de monarque ! Sa femme, à contrario, scintillait malgré ses efforts visibles pour ne pas trop sortir du lot. Sa posture, droite et rigide, semblait témoigner d'un grand sérieux. Des deux, c'était elle qui semblait être la plus autoritaire et sérieuse. Quel curieux duo !
L'adolescente s'étonna également de la familiarité qu'avaient les gardes avec le couple royal, en particulier le roi. Une civile qui n'avait, semblait-il, rien à faire là s'agitait bruyamment auprès de tout ce beau monde. Elle n'avait rien d'une noble comme ses gestes brutaux et peu gracieux en témoignaient.
D'un geste du coude, elle attira l'attention de Khalie et lui demanda d'un ton discret proche du murmure :
« Tu connais la femme aux cheveux blancs à côté de Yudar ? Enfin, pas Solveig, l'autre. »
Il fallait dire que le capitaine semblait bien entouré en cet instant... Quatre femmes, dont deux à la chevelure immaculée, voilà qui n'était pas commun ! Curieuse comme elle l'était, Leo brûlait d'envie d'en apprendre un peu plus sur cette drôle de fille.
©LUNY
Malgré l’achalandage, j’avais réussi à me glisser vers la jeune valkyrie qui était encore en train de secouer sa pauvre robe suite à sa chute. Sûrement qu’elle ne s’attendait pas à me voir arrivé, mais elle releva la tête surprise lorsqu’elle entendit son nom. Bien sûr, je n’étais pas vêtue de la même façon qu’à l’habitude préférant opter pour quelque chose de plus classique et propre, mais n’empêche que ma chevelure avait été longuement étirée, mais le bleu et le turquoise qui s’y trouvait ne pouvaient pas me trahir. Je me calme doucement lorsqu’elle me signale qu’elle va mieux, bien que nous semblions être prêtes à foncer sur le ou la bougresse qui venait de la bousculer sans s’être arrêté pour l’aider.
Je pousse finalement un petit soupir et malheureusement, je ne peux pas réellement me gratter l’arrière de la tête puisque mes mains sont toutes les deux prises. D’une part, il y a ma brochette et de l’autre mon assiette remplie de victuaille que je tends en sa direction. La nourriture a un petit quelque chose d’apaisant et puis nous ne sommes pas réellement ici pour nous taper sur la gueule, n’est-ce pas? Je prends en bouche quelques morceaux de ma brochette et Leoven se sert à son tour sans négliger une petite réplique concernant le lieutenant Rivolti. Toujours qu’un bon ami? J’ai un petit sourire con qui se dessine sur les lèvres alors que je me retourne pour observer en sa direction. Il semble occupé à discuter avec l’ancienne lieutenante des valkyries ce qui n’est pas réellement le moment de faire les présentations. Du coup, je détourne la tête faisant voler ma tignasse dans la même direction que le mouvement et reporte mon regard métallique sur la rouquine.
« Un ami…hmm… » sauf que je n’ais pas réellement le temps de rajouter un truc que l’attention de pratiquement tout le monde est attiré vers une tête blanche qui venait de grimper sur l’une des tables et beuglait pour annoncer l’arriver du couple royal. Je savais qu’il allait venir, puisque Val’ m’en avait parlé, mais je ne suis pas tant curieuse de m’en approcher. Vous le savez, moi et la sociabilité, ça fait deux. Enfin, je laisse tout ce beau monde s’approcher de nos invités de marque et me détourne d’eux alors que Leoven semble bien intrigué par la femme aux cheveux blancs. Qui était-elle en réalité? Elle n’avait pas l’air bien vieille, peut-être même qu’elle avait mon âge et pourtant chaque fois que je l’entends parler j’ai les oreilles qui sille. On dirait un vieux mélange étrange entre deux types d’individus que nous voulons tous éviter d’être assis à leur côté. Dans tous les cas, j’entends peut-être ce qu’elle dit, mais je ne prends pas la peine de comprendre ses propos.
Je hausse donc les épaules. C’est la première fois que la vois ici et j’imagine que si elle est là, c’est qu’elle a reçu une invitation directe de la part du capitaine.
« J’imagine que c’est une amie de Yuduar et qu’elle doit connaître le roi et la reine. » Je note la curiosité dans son regard et je ne peux m’empêcher de sourire. « Si tu veux t’en approcher, fait donc. Tu dois vouloir saluer tes collègues Valkyries par la même occasion. Je vais aller me chercher à boire pour le coup et m’assurer que le lieutenant n’embête pas trop les autres femmes. Tu veux que je te ramène quelque chose? »
Je lui fais un clin d’œil lourd de sens sachant que je n’ai pas réellement eu la possibilité de lui dire que nous étions finalement ensemble. Bien évidemment, j’ai une parfaite confiance en ce dernier seulement qu’il peut parfois être un peu bourru par occasion et que ses méthodes pour remonter le moral sont parfois questionnables. Je tapote finalement son épaule et me dirige alors vers le bar où le regard fuyant du barman m’attend. Je fronce doucement les sourcils avant de m’appuyer au comptoir.
Bien-entendu c'est animé ici, très animé! Sans doute trop pour une discussion de ce genre : déjà mes oreilles sifflent lorsque j'entends mon ancien colocataire parler avec le gars qui nous a servi les verres! Une minutes, les fesses de sa colocataire? Est-ce qu'il vient vraiment de parler des fesses de Khalie devant moi en faisant preuve d'une très mauvaise discrétion? Je le regarde du coin de l'oeil avec un léger froncement de sourcils, il a intérêt à relever les yeux lorsqu'il regarde Sunny - et plus haut que la poitrine - s'il veut vraiment pouvoir profiter de la soirée celui-là! J'suis pas forcément jaloux, j'sais bien que même s'il tentait quoi que ce soit il va juste se faire rembarrer mais tout de même! Un peu plus de respect quand on parle de ma compagne bordel de merde! Pas le temps de dire quoi que ce soit façon - pas l'envie non plus ce sera plus marrant de le chopper sur les faits - parce que voilà qu'une véritable tornade se ramène vitesse grand V pour commander à boire et s'incruster dans notre conversation! Bon j'peux pas lui en vouloir, j'm'attendais bien à un truc du genre de la part de Solveig! Alors déjà, comment ça rustre? En plus elle se fou de mon rire la bougresse! Bon en même temps j'peux pas lui en vouloir j'ai un magnifique rire communicatif!
Au moins, ça fait plaisir de voir que mon amie veut prendre ainsi soin de sa soeur, on va pas se mentir ça réchauffe le coeur! Je savais que l'hybride était une bonne personne - il ne serait pas arrivé ce qu'il est arrivé entre nous sinon - mais elle le confirme en étant ainsi attentive au bien-être de sa cadette! Elle me fait ses dernière recommandation que j'écoute attentivement - même si j'comptes pas vraiment les appliquer - et se détourne rapidement pour prendre son verre et partir aussi vite qu'elle est venue alors que la demoiselle rapide comme l'éclair de tout à l'heure annonce l'arrivé du couple royal... Une bonne chose, au moins l'animation va être par là maintenant! Je regarde donc ma compagne de discussion et de boisson avec un petit sourire en coin. "Vous avez entendu Solveig, on ne boit pas à outrance! Ça tombe bien, je sais pas où ça se trouve donc on va rester au bar!" J'la gratifierai bien d'un clin d'oeil si avec mon cache-oeil cela ne donnait pas un truc totalement con, à la place je lève mon verre en sa direction et j'me renvois une rincade dans le gossier.
"J'vous arrête tout de suite Thépa - vous permettez que j'vous appelle Thépa? - ce qui se dit sur vous présentement, on s'en bat complètement les couilles! Les ragots ou autre commérage de bonne-femme, sans vouloir vous offenser, c'est le cadet de mes soucis! Ouai les épreuves ont laissés des traces mais en même temps, celui qui ne perd pas pied en perdant un autre cher c'est juste un putain de psychopathe on va pas se mentir!" Nouvelle gorgée de mon verre alors que je fais signe au dénommé Reno de servir les deux petits frères pour le lieutenant ex-major et la major ex-lieutenant. "J'vais pas commencer à vous casser les burnes, vous dire que ça va aller, que vous allez remonter la pente! Ça arrivera sans doute mais personne peut dire combien de temps cela prendra et c'est pas en vous forçant à participer à ses sauteries que ça va accélérer les choses, on a tous notre manière de faire notre deuil." Ouai... Moi ça a été en m'occupant de Lisa mais franchement, si ma cadette n'avait pas été là j'ignore comment j'aurais tourné! "Dans tous les cas, ce qui m'intéresse, c'est ce que j'ai entendu sur LA Thépa Preth! Le lieutenant, le bouclier inébranlable du sud... J'pense que j'ai beaucoup de chose à apprendre de vous en réalité... Mais on peut aussi juste picoler si vous voulez pas discuter?"
Et alors que je dis ça. voici que Khalie arrive au comptoir pour demander quelque chose à boire. Le mec au comptoir baisse légèrement les yeux et je souris, il a peut-être bien vu mon regard? Quoi qu'il en soit, je passe ma main dans le dos de la demoiselle à la chevelure bleue et noire qui est à mes côtés et je jette un petit regard au dénommé Reno. Ouai, c'est puéril mais j'ai jamais dis que j'étais pas un grand gamin! "Khalie ma belle! Ça va, pas trop envie de fuir? Je te présente le Major Prêth! Thépa. Khalie Drak'gnir, elle est un peu dans le même état que vous sauf qu'elle, c'est naturel! WOUARFOUAFOUAF!" Et naturellement, fallait que mon rire sorte au moment où j'emmerde Khalie... On ne se refait pas!
Une accolade emplit de camaraderie avec Yuduar, un salut clair et bruyant d'Astrid et me voici aux anges. Bien loin des titres honorifiques, des formalités sans queue ni tête, me voici au milieu d'une troupe de bons (et pour certains, vieux) bougres comme je les apprécie tant ! L'attention du Capitaine me va droit au cœur alors que je jette un œil vers Allys, inquiet de sa condition, elle qui semble se tracasser sur de petits détails. Son visage tirant une moue discrète me mit la puce à l'oreille concernant un léger malaise immédiat que je n'arrive à déceler, malgré tout je passe mon bras autour de ses hanches et la serre brièvement contre moi dans une tentative silencieuse de réconfort, l'air de dire que je la soutiendrais quoi qu'il arrive. Une petite pique d'Astrid et la Reine rentre dans le jeu, insistant sur ce qu'appelle feu mon mentor comme de la "glandouille".
- Moi ? "Glandouiller" ? Allons, ces derniers jours furent lourds de responsabilité, ahah !
Un rire franc et distinct, que je contiens à moitié pour ne pas gêner l'élue de mon cœur qui doit actuellement être en train de s'habituer à la douche froide. Nous sommes effectivement bien loin des soirées distinguées au petit doigt levé et grand cru dans toutes les bouteilles. Non, l'ambiance ce soir est bien plus détendue, bien plus similaires à ce que je connaissais de mon passé de garde, qu'Allys n'avait que peu ou jamais expérimenté. Quand on parle de choque culturel ... voici qu'une curieuse demoiselle se hisse à mon oreille en chuchotant une question pour le moins singulière. "A quoi ressemble le couple royal ?" Oh, si Yuduar voyait mon sourire, il aurait flairé la grosse bêtise que je m'apprêtais à lâcher, malheureusement trop occupé à corriger Astrid, je me permets donc de me mettre à table pour une petite farce innocente.
- Le couple royal ? Aucune idée, non. Tu les vois comment, toi ? Moi j'dirais, aigris et coincés du cul, ahahah !
Chuchoté à mi-voix pour éviter de me faire tirer les oreilles par Allys à cause de mon langage déplacé, je me redresse et lorsque cette Solveig insouciante évoque mon amitié avec Yuduar, je reste évasif sans donner mon nom.
- Oui, un ami, tout à fait ! Enchanté mademoiselle Prêth ! Et je suis effectivement l'heureux mari de cette charmante femme.
Un petit regard amoureux vers la brune à mes côtés et j'intercepte un regard dur. La voici qui parle de liaison secrète et d'une conversation à avoir, sans que je n'aie réellement suivit la discussion à laquelle se prêtait cette allusion. Croyez-moi, quand votre femme vous lâche un truc comme ça, vous faites pas le malin, d'autant plus lorsqu'elle s'avère être un détecteur à mensonge sur pattes. Un coup de chaud soudain et mon cerveau remet en place le contexte, Queen Milan, Yuduar, le bilan financier ... et je respire de nouveau, comme si une pression énorme venait de quitter mes épaules. Un regard sous-entendant la non-nécessité d'en parler en public vers Allys et un mensonge franchit mes lèvres. Évidemment, elle n'était pas sotte et me questionnerais sans en douter sur cette histoire, mais si je pouvais au moins assurer que la soirée se passe sans gros drama, j'allais le faire.
- Voyons, Yuduar ? Avec Milan ? Pourquoi pas Haru avec un pignouf, tant qu'on y est ?
Oh Grim, tu ne sais pas à quel point tu as juste sur ce point.
Un rire distingué et un clin d'œil discret au Capitaine, puis j'embraie sur son écart habile en riant de l'improbabilité d'une romance entre un capitaine et son souverain. Il faut avoir un sacré sens de l'humour pour imaginer ce genre de scénario et curieusement, c'est précisément ce genre d'humour qui colle bien à Astrid. Commandité par son Capitaine, un garçon arriva avec des boissons pour tout le monde et je ne me fais pas prier pour accepter une choppe. Remerciant le brave ayant amené de quoi désaltérer mon royal gosier, habitué aux bitures costaudes à base d'alcool fort – autant dire que ce ne sera pas de la bière qui m'émoustillera – je prends une première gorgée et lâche un soupire satisfait après avoir pu goûter cet alcool qui n'est pas aussi immonde que celui qu'on sert dans les tavernes mal situées de la Capitale. Je savoure de nouveau la boisson et la présentation de Yuduar auprès de cette fameuse Solveig manque de me faire recracher le liquide, perdu entre la surprise et l'hilarité. Quel dommage que la boutade tombe à l'eau aussi vite ! Je fini alors proprement ma gorgée et lui adresse un sourire resplendissant.
- Eheh, je suis démasqué, il semblerait.
Ah, une occasion manquée de sortir du rôle de Roi et de parler sans aucune révérence quelconque ne rendant le dialogue que plus barbant. Boarf, je trouverais bien une nouvelle occasion, un jour. Je reportais alors mon attention vers Allys qui ne semblait toujours pas à son aise, qui sait, peut-être que manger l'aiderait à combattre le malaise ? L'odeur de la grillade toute proche flottant dans l'air m'incita à aller inspecter de plus près ce qu'il se tramait sur le grill, sans compter que la route aura eu le don de faire réagir mon estomac positivement au premier effluve de viande grillée. J'adresse donc une petite courbette à toute cette charmante compagnie.
- Je me doute que vous devez être chargés ... surtout toi, Yuduar. Je vais nous chercher à manger et prends donc provisoirement congé de votre agréable présence. Sur ce, chers amis.
J'invitais Allys à mon bras et me dirigea donc vers là où la nourriture se trouvait, nous écartant volontairement du petit groupe, aussi serait-ce l'occasion de discuter un petit peu si elle souhaitait me soumettre immédiatement ses interrogations ou exprimer une plainte. Je veux dire, il est bien beau de s'amuser, mais il fallait que tout le monde passe un bon moment et je suis certain que beaucoup partagent cette mentalité, ce soir.
Toutefois, cette commère décida de faire un clin d’œil plein de malice qui se voulait rassurant à la reine. « Tout se passera bien, je saurais me tenir...euuuuuuh, plus ou moins », qu'elle voulait faire passer. Elle éviterait au minimum de lui vomir dessus, tout comme elle avait réussi à se retenir à leur première rencontre au cimetière. Enfin, elle tenterait. Qui pouvait se targuer de voir dans le futur, surtout avec une personne aussi imprévisible que la citoyenne ?
Oh tiens, voilà que revenait Solveig. Sa mémoire lui revenait peu à peu. L'hybride avait gagné le petit jeu de société et avait volé à Astrid la première place. Il fallait donc qu'elle se venge à un moment ou un autre ce soir ! Mais avant qu'un plan ne se forme dans l'esprit de la fouteuse de merde, un fou rire éclata lorsque la garde demanda au roi qui il était et s'il était un ami du capitaine.
-Bwahahahahaahahahahaha ! Un rire bruyant qu'elle ne chercha pas à cacher, étant littéralement pliée en deux et se tapant de façon répétitive la cuisse. Oh merde ! J'suis morte de rire ! Elle t'a lâché son meilleur « t ki » sans aucune pression ! Oh j'en peux plus ! T'es la meilleure Sol' !
Son hilarité se calma légèrement lorsque l'hybride s'approcha pour lui demander où elle chopait ses ragots. Hum hum, la citoyenne hocha la tête en reconnaissant là une camarade commère avec laquelle elle allait bien s'entendre. Mais elle n'était de toute évidence pas la seule intéressée, car très vite l'autre garde aux cheveux roses qui avait jeté un petit regard bien insistant à Sol se tourna vers Astrid pour demander si elle avait d'autres informations croustillantes à partager. Une autre camarade !
Avec son éternel sourire narquois, elle répondit aux questions sans embarras :
-Je chope mes informations grâce à mon charisme légendaire voyons héhé ! Les gens viennent à moi et me supplient de les écouter, heh ! Eeet sinon, ça circule vite dans les rues et surtout dans les tavernes, les ragots. Et comme elle y passait chaque soir à picoler, forcément…Bah, elle allait cacher le fait qu'elle payait aussi des contacts pour toute information digne d’intérêt, mais ça c'était clairement moins glamour. Ah sinon bien sûr, j'ai d'autres informations juteuses sur Yuduar mais aussi d'autres personnes. Par exemple, vous saviez que le capitaine de la garde royale Hekmatyar était également un sacré coureur de jupon, comme Yuduar ? À croire que c'est un critère pour être capitaine huéhuéhué. Oh, et détrompe-toi mon petit Grimvor, la première ministre a été vue en train d'embrasser un jeune homme 20 ans plus jeune qu'elle faut croire ! T'en saurais pas plus ? Il ne serait pas étonnant qu'elle ait exagéré certains éléments et qu'elle ait elle même participé à propager les rumeurs en les amplifiants. Mais pour en revenir à Queen Milan, c'est de famille d'être lubrique et de se taper des mecs sans être discrète, parce qu’apparemment c'est aussi le cas de sa sœur Andra Milan ! Tu serais pas passé sur elle aussi Yud' ? Petit ricanement digne de celui d'un gremlin content de ses méfaits. Et vous ? D'autres rumeurs intéressantes ?
Sous ses airs je-m'en-foutiste et son sourire qui montrait qu'elle passait un agréable moment à raconter des conneries , elle ne mentionna pas l'inquiétante rumeur concernant le marché frauduleux et les transactions malhonnêtes menées par certains gardes du Grand-port.
C'était un sujet un peu trop sérieux pour cette fête, qui avait d'ailleurs peut-être été payée avec les cristaux gagnés illégalement, haha.
Nah. Elle se doutait que Yuduar n'avait rien à voir dans tout ça. Cela étant, ce n'était pas le problème de la femme à tout faire maintenant qu'elle n'était qu'une simple citoyenne et elle était sûre que Arban était probablement déjà au courant de la situation. Toutefois, elle restait curieuse et demanderait peut-être au capitaine une explication quand elle en aurait l'occasion.
Hmmm, donc pas de nouvelle compagne pour le capitaine pour l'instant eh ? Petite déception, mais étrangement, il ne cherchait pas exactement à nier le fait d'être passé sur la trésorière, ce qui était tout aussi bon qu'un aveu aux yeux de la femme aux cheveux blancs. Ce n'était peut-être pas une compagne, mais une petite histoire ou un plan cul comme son histoire avec une ou plusieurs des Valkyries? Hmmm. Quelle audace mine de rien, de faire ça dans un bureau, heh.
Astrid afficha un petit sourire en coin lorsque le gamin devint sérieux pour avertir la citoyenne de ne pas aller plus loin dans ses remarques sur sa famille. Oooh, c'était donc là un sujet sensible eh ? Elle garderait ça à l'esprit, pour l'enquiquiner un autre jour.
Tout en haussant les épaules, la chieuse se pencha et tendit son oreille, faisant mine d'être à moitié sourde :
-Quoi ? Pardon gamin ? Va bien falloir le répéter une deuxième fois, parce que tu sais je deviens un peu dur de la feuille et un peu sénile haha. Elle se redressa ensuite : Bah, je rigole. Cela dit, pour terminer en calbar, faut le faire quand mê…..
Petite moment d'hésitation puis de réalisation. Ce genre de situation n'était pas si étrange que ça maintenant qu'elle y réfléchissait. C'était même assez normal….pour Astrid, surtout quand on comparait ça à ce qu'elle avait vécu cet été. Mais c'était bien plus drôle de penser et de faire croire qu'il s'était passé quelque chose chose dans le bureau, vrai ou non.
-Ohoh, Yuduar et Grimvor ont passé une soirée ensemble seuls en tête à tête vous dites ? Dit-elle en haussant assez la voix pour que les gens autour d'eux puissent entendre. Une liaison secrète ?! Oouuuuh, chaud chaud chaud ! Bwahaha ! Un nouveau fou rire qu'elle ne put décemment pas contenir avant de reprendre en baissant le volume : J'suis sûre que y'a des jeunes femmes qui payeraient cher pour voir ce genre de relation secrète et interdite, héhé. Aaah, je m'imagine déjà le nombre de cristaux que je pourrais me faire en écrivant un bouquin à ce sujet….
C'est alors que Grimvor décida d'emmener Allys avec lui pour chercher à manger et éventuellement revenir plus tard.
-Oh, prends à manger, mais surtout à boire Grim' ! On t'attend pour le concours de boisson! Soudainement, l'alcoolique se tourna vers le capitaine avec un air inquiet : Y'a bien un concours de boisson hein ? Ou des activités, des jeux ? Même si un concours de boisson c'est mieux. Avec des récompenses j'espère ? Et où on pourra boire sans...euh...avoir peur de faire des conneries, genre au solstice de la saison froide dernier si tu vois ce que je veux dire ? Elle eut alors un air complice qui voulait tout dire avant de passer ses bras autour des épaules de Solveig et de la jeune femme aux cheveux roses. Collant sa joue à celle de l'hybride comme cette dernière l'avait fait à leur première rencontre, elle continua : J'ai une revanche à prendre avec Sol' et j'ai toujours la langue aussi bien pendue. Puis t'as intérêt à y participer hein Yud', va pas fuir la queue entre les jambes, même si elle doit pas être bien grosse haha ! Un rire bien gras accompagna sa énième blague sans délicatesse, et avec un clin d’œil et son air taquin, elle demanda aux deux jeunes femmes à côté d'elle : Vous en pensez quoi ? Concours ? Pas concours ? Grosse ? Pas grosse ?
En posant ces deux dernières questions, le regard malicieux de la citoyenne s'était dirigé vers Solveig.
D'un relou sans nom.
Et elle n'était même pas encore bourrée!
Un murmure diffusa de l’épicentre de la tempête haute en couleur vers le reste de la cour accueillant les festivités ; apparemment le couple royal les avait rejoints. Le moment de flottement ne dura probablement pas plus que quelques secondes. On était après tout au régiment Al Rakija, déjà célèbre pour son capitaine fantasque, et la grande majorité du personnel était habitué à l’inhabituel. Cela faisait presque partie du contrat pour entrer dans la Garde. Par ailleurs, l’ambiance décontractée et l’alcool alanguissant les idées ramenèrent rapidement les participants à une préoccupation bien plus importante que celle de faire preuve de curiosité : se sustenter jusqu’à s’en faire péter le bide. Et comme cela signifiait que la machine continuait à tourner à plein régime pour satisfaire l’appétit vorace et les bouches assoiffées, Calixte détourna lui aussi le regard et reprit ses déambulations affairées.
Ses pas le ramenèrent bientôt près de Réno qui semblait avoir trouvé un poste plus ou moins permanent au niveau du bar, et tandis qu’il lui refaisait un bref état des lieux des consommations, le coursier jeta un œil à leurs collègues installés près du comptoir. Khalie avait rejoint Valentino, et ce dernier faisait toujours la conversation – unilatérale ? – à Thépa Prêth.
- Pourquoi Val te regarde comme ça ?
- Me demande pas, j’en sais rien ! grinça des dents son camarade. A ce stade j’essaie d’me trouver une nana sur laquelle flasher lourdement et me débarrasser de l’œil soupçonneux du lieutenant. Il est unique, mais crois-moi que c’est suffisant pour m’hérisser le poil !
- Et moi qui pensais qu’Agatha était la femme de tes rêves…
- Ouais ben… si Solveig et toi arrêtiez de lui raconter des cracks sur moi aussi.
- On cherche juste votre bonheur.
- Mon cul, oui. Hé elle a un joli visage celle-là, tu crois qu’elle est libre ?
- Elle a surtout l’air d’être à peine sortie de l’Académie. T’es sûr de vouloir draguer une mineure au milieu d’un régiment de gardes ? commenta Calixte en haussant les sourcils en appréhendant la silhouette d’une jeune rousse.
Elle lui était d’ailleurs vaguement familière ; partageait-elle une chambre proche de la P302 qu’il avait avec Khalie ? L’espion fut cependant coupé dans ses réflexions par Lara qui venait prendre le relai de Réno – visiblement agacée de l’entendre gémir et planifier des rencards foireux – au bar et les deux collègues décidèrent de combiner leurs efforts pour effectuer un nouvel aller-retour du garde-manger au barbecue les bras chargés de vivres. Alors qu’ils déposaient leurs lourds paquetages auprès de commis toujours plus empressés, l’attention de Calixte fut attirée par l’agitation autour de l’appareil servant à cuir les diverses préparations. Le va et vient des affamés était toujours le même, mais il y avait une certaine fièvre du côté des cuisiniers. Intrigué, le coursier se rapprocha davantage de l’outils dernier cri.
- C’est pourtant pas compliqué, y a un seul bouton !
- T’es sûr que c’est pas v’nu avec un manuel ce truc ?
- Un seul bouton j’te dis !
- Y a dû y avoir des chutes au niveau des flammes parce que sinon…
- Avec l’épaisseur de ces plaques ?
- J’en sais rien mais tu vois bien que…
- C’est normal que ça fume autant ? demanda avec curiosité le coursier en s’immisçant dans la conversation. Et ho… C’est pas le couple royal qui vient par ici et qu’on est en train d’enfumer ? ajouta-t-il à voix basse alors que ses yeux s’écarquillaient davantage en suivant le nuage de fumée et les silhouettes qu’il emprisonnait peu à peu.
Yuduar se prêta de bon coeur aux rires d'Astrid en voyant la réaction de la Citoyenne face à l'ingénuosité de Solveig aux côtés de Grimvor. Il est vrai que rencontrer le Roi et la Reine est chose rare pour les soldats de la Garde qui n'ont pas de grade qui demande à se rendre souvent à la Capitale, pour plus d'uns d'entres eux le Couple Royal si simplement amené doit avoir l'aspect de deux parfaits inconnus. Tout du moins si on ignore le précédent appel lancé à la criée par la turbulente Citoyenne présente avec eux. D'ailleurs celle-ci ne s'arrêta pas en si bon chemin et, voyant que son savoir avait sut piquer la curiosité de ses voisines, renchaina de plus belle sur les milles-et-uns ragots dont elle disposait.
Arthorias qui court les jupons, la première Ministre avec un jeunot sorti de nul part, à chacun d'entres eux Yuduar approuva d'un simple signe de tête en gardant le sourire aux lèvres. Le Capitaine n'avait beau pas être autant versé dans le fin art des ragots au même titre qu'Astrid, ses oreilles baladeuses savaient tout de même intercepter les discussions de couloirs aux détours de la Caserne lors de ses passages. D'ailleurs il avait eu vent que le Capitaine Hekmatyar n'avais pas pris d'une bonne oreille les rumeurs à son sujet et ne s'était pas privé de couper court à tout les éventuels potins sur sa personne. Par compte concernant la Première Ministre du Lys, ce n'était que quelques murmures de bonnes femmes entendus au Palais durant sa dernière visite, surement rien de bien sérieux au final. Puis finalement le sujet revint sur sa personne avec la mention d'une autre Milan, Andra la jeune soeur de Queen qu'il ne connaissait que de nom.
"Tu parles, je l'ai jamais vue elle. Par contre j'ai entendu dire qu'elle avait encore plus mauvais caractère que sa soeur et c'est pas peu dire!" rigola t-il en glissant un clin d'oeil amusé à Grimvor qui l'avait précédemment couvert "Meh, ça doit être de famille ça aussi j'imagine."
Ainsi il se joignit à l'hilarité commune de leurs légers sujets, tel un poulailler de mauvais goût non content d'étaler les pires histoires possibles sur quelques têtes du Royaume. Un petit sourire entendu se traça sur son visage quand Astrid fit mine de jouer la sourde oreille mais Yuduar se doutait qu'intérieurement son message avait dut être bien reçu. La jeune femme avait beau être une incarnation vivante du sans-gêne allié à la lourdeur, elle n'en gardait pas moins un minimum de tenue lorsque le sujet devenait épineux. De multiples facettes qui étaient toutes à son honneur pour dire vrai. Mais n'allez pas croire que cela pourrais suffire à l'assagir car ni une ni deux la voila revenue sur le dos de ce bon Yuduar avec cette fois Grimvor en partenaire. A ce rythme là elle allait le marier avec le Royaume tout entier dans une série sans fin d'affabulations toutes aussi ridicules les unes que les autres. Au moins on ne pouvait lui nier un imaginaire aussi puissant que prolixe pour en arriver à de pareil fanfaronnades parties de rien!
"Ah, mon bon Grimvor, nos soirées passées les yeux dans les yeux autour d'une bonne bouteille, à se raconter nos histoires pleines de péripéties rocambolesques..." soupira Yuduar avec un air faussement grave, atteint et dramatique "Tout ça pour réaliser que nos lendemains seront surement plus fait de paperasses que d'actions et se servir de cet appui pour remplir à nouveau nos verres, ahahaha!" une triste réalité dont il fallait mieux en rire que d'en pleurer après tout! Le Régent du Sud avait sut se trouver un ami cher à travers la personnalité qu'est le Roi derrière ses atours travaillés de Noble. Cela ne faisait qu'un an et quelques que les deux se connaissaient mais les atomes crochus entre les deux hommes ne manquaient pas. Yuduar était dans un sens fier et heureux de servir aujourd'hui un Roi qu'il pouvait aussi appeler ami.
D'ailleurs ce bon roi et sa reine décidèrent qu'il était temps de s'éloigner un peu pour se sustenter comme il se doit et, probablement, en profiter pour régler quelques interrogations lever par Allys. La belle n'avait pas spécialement l'air dans son assiette au beau milieu d'un tel foutoir et le fait d'avoir été toute chamboulée par Astrid ne semblais pas l'avoir aidée en ce sens. Ah c'était à s'en douter mais après tout Yuduar était bien content de la voir parmi eux, même si il ne partageait pas le même lien simple, franc et honnête qu'il pouvait avoir avec son son mari.
Mais l'extirpant de ses pensées et réfléxions, Astrid ne tarda pas à se rappeler à sa mémoire en amenant le sujet plus pressant de quelques inquiétudes de bas étages. La boisson, concours pas concours, un petit fion en rappel de leurs péripéties de la saison froide dernière, entre mauvais goût et vrais enjeux, la Citoyenne sautait du coq à l'âne d'un mot à l'autre. C'est entre rire et soupir que le gradé pus enfin trouver une ouverture pour en placer une:
"Y'a pas de concours officiel de prévu mais bon tu connais les animaux, c'est qu'une question d'heure avant que ça commence à se chauffer pour grimper dans les tours. Chacun fait sa tambouille à son rythme, j'ai pas prévu de programme officiel ou quoi ils sont assez grands pour ça ahah!" posant sa chope vide sur la table a côté, il laissa son regard circuler au milieu des différents groupes amassés ça et là dans la grande cour du Bastion. Des gueulards grivois aux musiciens de chambres qui s'étaient décidés à gratter les cordes à l'air libre, il y'en avait pour tout les goûts "Après bon, faut savoir se tenir je dirais hein, c'est le jeux... Au pire je te préparerais une geôle en chambre d'ami, ça joindra l'utile et l'agréable!" termina t-il avec un petit clin d'oeil de roublard à l'attention d'Astrid.
Soudainement son attention fut happée par de généreux nuages de fumée du côté du barbecue et du bar. Sourcils froncés d'interrogations, Yuduar releva le nez vers la direction approximative d'où tout avait commencé: le grille-gourmand. Merde alors, qu'est-ce que le Chef était donc entrain de glander pour que que ça fume comme ça au juste?
"Ah fait chier, j'vais voir c'qu'ils foutent là-bas..." ronchonna Yuduar avec une moue désabusée, puis il se tourna vers les Valkyrie "Sol', Sam', je vous confie Astrid et... ouais, faites gaffes à vous on dirait pas comme ça mais elle peut vite devenir un danger public! Et dans plus d'un sens, 'fin bref!"
S'écartant du groupe qu'ils formaient juste avant, le brave et fantasque Capitaine se dirigea droit à l'assaut des épais nuages de fumées qui commençaient à lui barrer le chemin. Le tout avec une odeur de grillade, de gras et de je-ne-sais quoi un peu acre aux narines.
"Oh! Chef! Vous essayez de faire cramer la baraque là où bien?"
"Mais je sais pas à quoi ils ont touchés les cons là!" la voix de Chef en arrière couvrait les paroles d'excuses hâtives de ses commis autour de lui, visiblement déjà affairés à résoudre le soucis. De temps en temps, un petit bruit de taloche sèche à l'arrière du crâne servait de battement de tambour pour maintenir un rythme sain dans le travail. Sacré Chef.
Les yeux rivés vers la source, Yuduar percuta quelques soldats en avançant sans vraiment y faire attention, avec toute la douceur légendaire qui pouvait être sienne par moment. Grimvor et Allys devraient être dans le coin aussi normalement. Ou peut-être plus au bar à quelques mètres de là maintenant, qui sais. C'est qu'on commençais à y voir de moins en moins à chaque pas dans ce merdier!
Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle était à jour concernant les scandales de la cour et du royaume, bien plus que la Valkyrie. Dans un sens elle supposa que c’était une chose normale, même si ses oreilles étaient avides de ragots, elles vivaient bien trop loin de la capitale pour capter les plus croustillants d’entre eux. Maintenant qu’elle y pensait sans doute enverrait-elle quelques courriers à Astrid de temps à autre afin de se tenir au courant des dernières nouveautés. C’était bien là la seule chose qu’elle enviait aux nobles. Sous leur froufrou et leur étalages de richesse se trouvaient des centaines de messes basses et complots visant à se mettre le plus de bâton dans les roues. Sans parler des familles qui, pour certaines, avaient des exigences concernant les mariages ou autre fantaisies et qui donnaient lieux à des relations secrètes qui avaient toujours piqué la curiosité maladive de la chiraki. Rien que pour cela elle aurait payé cher pour faire partie de la noblesse. Au moins le temps d’une soirée. Les bras se glissant autour de ses épaules la ramenèrent sur terre et elle laissa un sourire naître aux coin de ses lèvres.
- Tu te fais du mal pour pas grand-chose tu sais. En plus si c’est un concours d’alcool ça sera sans moi, j’ai déjà un adversaire qui m’attend et je compte bien lui botter les fesses… Dit-elle en se frottant les mains et en glissant un regard en direction de l’endroit où se trouvait Calixte. Alors qu’elle allait poursuivre, la voix de Yuduar l’interrompit et elle arqua un sourcil en le voyant prendre ainsi la fuite. - Vraiment ? Laisser un danger public à deux autres danger public. Une rasade d’alcool s’enfila dans le fond de son gosier. - Je le pensais plus malin que ça. Ma foi. D’un mouvement sec de l’épaule elle se dégagea de l’étreinte d’Astrid et se planta devant les deux jeunes femmes. - Bien. Puisque nous sommes laissé à l’abandon et comme l’a proposé notre chère amie, je propose un jeu. Je ne sais pas lequel, choisissez mais moi, je m’ennuie ! Ou alors on va tous au bar, je ne sais pas mais on va pas rester planté là ! Et elle arbora sa mine le plus boudeuse, les oreilles bien droites, comptant largement sur les deux femmes pour combler son ennuis.
- Shhh… tourne ce truc plutôt pour voir ?
- Voir quoi ? Ça se tourne pas j’te dis ! T’as pas retrouvé l’mode d’emploi ?
- Merde ! V’là l’chef ! Et Cal, reste pas là.
- Pardon, pardon, s’excusa le coursier en décidant de laisser les cuisiniers se pencher sur l’affaire du barbecue enfumant le coin de plus belle.
A travers la cour, une large bande de volutes aux senteurs alléchantes mais plutôt opaques s’envolait à présent de l’outils jusqu’à l’un des passages menant vers l’entrée du Bastion. Si plusieurs âmes tournaient un regard intrigué à l’évènement, personne ne semblait vraiment se préoccuper de l’affaire. Après tout, il n’y avait pas matière à s’inquiéter à outrance pour le moment, et chacun était bien déterminé à profiter des festivités. Cela n’empêcha pas les piques taquines d’être lancées aux commis qui étaient en poste, mais c’était après tout monnaie courante dans ce genre de rassemblement, avec de type de population.
S’éloignant du barbecue pour retourner à ses propres occupations de support logistique – et bien en peine d’aider à quoi que ce soit auprès de l’appareil faisant des siennes – Calixte récupéra sous son bras une caisse à présent vide, et avisa le reste des comptoirs à la recherche d’autres objets nécessitant d’être débarrassés. Quelques pas et une bourrasque de vent nocturne plus tard, et ce fut la tête dans la fumée qu’il chercha son chemin. Le fumet de la viande en cours de cuisson lui chatouilla les narines, et il retint un éternuement. Le voile opaque lui piqua cependant un peu trop les yeux, et il céda à la tentation de les frotter tout en poursuivant son chemin quasiment à l’aveugle, gêné par ses propres doigts comme par les vapeurs.
Il lui sembla percevoir la voix puissante et interrogative du Capitaine par-dessus la cacophonie des festivités, mais il n’eut pas l’occasion de s’attarder trop sur cette notion car un corps volontaire le dégagea brusquement de son passage et le coursier perdit l’équilibre pour vaciller sur quelques mètres. Son épaule heurta alors une seconde personne et, perturbé par la fumée agaçant ses sens et chancelant de sa première bousculade, Calixte bascula finalement à la faveur de la gravité pour rencontrer – une nouvelle fois, puisque c’était récurrent chez lui – le sol. Ses bras moulinant dans le vide par réflexe, il toucha cependant du doigt un objet dans lequel fusionner avant de finir les quatre fers en l’air. Ainsi, instinctivement, laissant uniquement une caisse vide tombant lourdement à l’endroit où il s’était trouvé une fraction de seconde plus tôt, il se coula dans le tissu salvateur.
Désorienté par les évènements, le coursier mis un moment à se remettre. Sa peau avait reconnu le toucher familier des vêtements, mais son cerveau accusa une seconde supplémentaire pour faire le point de sa situation. Finalement, il appréhenda la haute silhouette adjacente qui se découvrait peu à peu alors que le couple échappait aux volutes de fumée, et le corps altier que son abri improvisé drapait. Surpris par la tournure des évènements, Calixte fut un moment indécis. Puis légèrement paniqué. Il aurait dû défusionner aussi rapidement qu’il avait auparavant fusionné, et profiter de la confusion, comme de la brume, pour s’éclipser. Mais à présent que sa porteuse s’était extirpée du voile opaque, il allait être plus compliqué de s’extirper discrètement.
Y avait-il une sentence pour avoir investi la robe de la Reine ?
Et comme son nez se souvint à ce moment que la fumée l’avait indisposé, le vêtement éternua tout d’un coup. Faisant instinctivement sortir le coursier qui réapparut tout à fait face au couple royal, tel l’automate surgissant soudainement d’une boite à musique. Le blanc autour des prunelles ambrées s’arrondit largement, et Calixte se fendit d’une révérence déroutée, repêchée de ses années d’éducation dans le milieu de la noblesse.
- Bonsoir, en vous priant de pardonner cet… incident. Je vais heu… chercher ma caisse.
Oui, voilà. Ça paraissait pas mal comme programme de secours.
- Bonne soirée ?
Grimvor s'exprima plus doucement, dans le bruit ambiant elle perçut simplement deux ou trois mots. Perplexe, elle se pencha pour observer l'expression de son époux dans l'attente d'un éclaircissement... Elle tenta quelques secondes, puis haussa les épaules en se disant qu'il devait dire des bêtises. Comme pour masser de la pommade, elle eut droit à un compliment sincère... Elle secoua la tête en souriant, il avait vraiment le don de passer du coq à l'âne en beauté tout en restant cet homme charmant qu'elle avait rencontré... Elle fit un signe de tête avant de se caresser la main de son époux.
" ... l'heureux mari de cette charmante femme, quelle belle présentation mon cher. Je ne vais pas surenchérir, je devrais te laisser les présentations au palais. Tu les fais si bien"
Son visage s'était un peu adouci.. Toutefois, elle sentait bien qu'ils allaient bien discuter à leur retour. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas tenté ce genre de sortie, elle le ressentait bien à chaque instant. Elle voulait faire accompagner son époux aussi souvent que possible, être auprès de lui même si certains aveux la faisaient bien sourire. Comme beaucoup disaient des bêtises autour d'elle, ses frissons se multipliaient, autant dire qu'elle était incapable d'user de son pouvoir dans un tel brouhaha. Il aurait fallu qu'elle se concentre, chose qu'elle essayait de ne pas faire pour profiter au mieux de la fête. Elle avait un peu laissé tomber sur la conversation pour se concentrer sur une autre personne qu'Astrid. Dès qu'elle était présente, elle arrivait à tout concentrer sur elle.... Quand elle évoqua la boisson, Allys n'en fut pas étonnée, mais elle allait se permettre une question quand Grimvor l'éloigna un peu de l'agitation. Juste avant de tourner complètement le dos, elle secoua la tête vers Astrid tout en prenant par la taille Grimvor.
" J'ignorais de nombreuses choses sur mon époux.. dis moi que ce concours, ... comptes le faire ?" Elle lui parlait d'un ton à la frontière entre l'interrogation et la surprise. Sa perplexité était palpable. La reine marchait tout en le dévisageant un peu, elle recherchait des réponses. Quelques questions semblaient de circonstance autant pour satisfaire sa curiosité que pour embêter son époux... Elle ne savait pas également ce qu'il avait comme projet pour cette soirée. Une fumée irritante les entoura rapidement. Une odeur d'huile, de charbon la fit tousser temporairement. Elle marcha un peu pour s'éloigner de la source de ce brouillard. Quelques pas suffirent à lui donner une sensation étrange. Son épaule entre en contact avec.. quelque ... chose visiblement invisible. La fumée était moins épaisse à l'endroit où elle se trouvait.. mais sa robe éternua. La reine faillit s'évanouir, elle tituba en ayant la certitude que ce son ne venait pas d'elle. Sa robe s'était froissée, puis s'était défroissée en produisant un éternuement. Elle avait les yeux écarquillés devant ce jeune homme... D'où sortait-il ? Comment était-il arrivé devant elle ? Elle ne fit pas immédiatement le lien avant qu'il ne s'excuse pour l'incident. La reine avait senti de vagues vertiges suite à cette découverte... mais était restée debout.
" .. Attendez, monsieur, comment vous appelez vous ? "
C'était à ce genre de moment où elle avait oublié son rang. Les événements inattendus avaient le don de faire sortir de sa bulle.
" ... Ne me dites pas que vous êtiez dans cette robe..."
Le mieux aurait sans doute été de retourner auprès de Grimvor, mais elle était absorbée par cet individu qui venait d'outrepasser bien des règles d'usage. Plus elle en parlait, plus une certaine gêne s'installait en elle. Elle ne pouvait décemment pas laisser partir cet homme après ce qu'il venait de faire... En même temps, à présent que c'était fait qu'y avait-il à faire ? Elle allait pas lui dire à quel point cette robe était confortable, il le savait de toute manière... Elle songea alors à toute cette fumée qui s'était déclenchée d'un coup comme par hasard à ce moment précis.. L'individu aurait-il voulu suivre un pari ? Il aurait tout orchestré. Elle avait bien senti que quelqu'un l'avait heurté... mais elle préféra penser autre chose.
" Vous vous êtes faits surprendre... tout comme nous n'est ce pas ? "
Sa moue fit donc rapidement place à son sourire narquois habituel lorsque le capitaine lui proposa avec bonté et gentillesse une chambre d'ami au sein même du Bastion. Elle était plus habituée aux cellules de la capitale, mais elle n'était pas étrangère à celles du Grand-port.
-Heh merci de penser à moi, si tu peux rajouter une couverture bien chaude dans la geôle ça m'arrangerait. Parce dans ta geôle, j'ai pas envie de me les geôler ! Pffff ! Elle pouffa à sa propre blague d'une médiocrité sans nom et continua avec son air de gamine malgré ses 83 ans : Et un oreiller ! À force de dormir sur le sol dur et froid, ça commence à me donner mal au dos haha.
Oh oui, elle était sacrément exigeante comme future prisonnière, mais il fallait savoir ce qu'on voulait dans la vie et elle, elle le savait exactement : boire, déconner, et rire quitte à finir en prison quelques heures ou jours.
Toujours alerte au moindre phénomène sortant de l'ordinaire dont elle pourrait profiter et utiliser à des fins débiles, elle remarqua rapidement de la fumée venant du côté du barbecue qui s'intensifiait de plus en plus et qui requérait apparemment la présence de Yuduar.
-Attention à que ton grille-gourmand parte pas en fumée ! Commenta la citoyenne en ricanant alors qu'il la laissait avec les deux gardes.
En temps normal, elle aurait été ravie d'être laissée en si bonne et charmante compagnie, mais elle devait avouer que ce qui se passait là-bas piquait sa curiosité et enflamma son imagination. Surtout que le couple royal s'y était dirigé et qu'il y avait encore des gens à embêter côté bar.
Elle relâcha son étreinte et fit donc un pas en direction de la nouvelle source de problème en ayant déjà l'excuse toute prête de devoir aller aux chiottes, mais Solveig réussit à attirer son attention. Un jeu ? Un énorme sourire apparut sur le visage de la citoyenne qui n'eut pas besoin d'en entendre plus, oubliant momentanément la fumée qui se faisait de plus en plus opaque côté barbecue.
-Un jeu hein ? Moi ça me va. Je te propose un truc tout simple, vu qu'on se connaît pas encore. Un cap ou pas cap ! Classique et indémodable dans les fêtes en tout genre. On fait ça chacun notre tour, et comme c'est toi qui a proposé, tu passes en première ! Par contre, il se peut que ton adversaire de picole gagne par forfait, héhéhé. Une pointe de malice se lisait dans les yeux d'Astrid qui était bien – trop bien même – habituée à ces jeux débiles et à faire des requêtes débiles. Bah, cela dit je te laisse choisir ce que le perdant devra au gagnant !
Puis la citoyenne fit mine de se gratter la barbe, tout en réfléchissant à ce qu'elle pourrait demander à l'hybride. Commencer par quelque chose d’extrême dès le début ? Non, ce serait dommage que le jeu s'arrête trop tôt alors qu'il venait à peine de commencer. Renverser un verre sur le roi ou la reine ou mettre une main aux fesses à l'un d'eux ? Baisser le pantalon du capitaine devant les autres ? Rouler une pelle au serveur qui était près du bar un peu plus tôt ? Renverser une assiette sur la dépressif pas trop bavarde et un peu absente et ses voisins ? Lancer une bombe puante artisanale qu'Astrid avait dans son sac ? La fumée ne rendait pas le choix facile. Hmmmm….
Une fois encore, la farceuse se racla la gorge et s'exclama pour attirer l'attention des voisins :
-Alors ! Pour ce jeu de cap ou pas cap, je vais commencer pour l'instant par un truc un peu classique, tranquille et sympa histoire qu'on s'échauffe ! Enfin, c'est surtout toi qui va t'échauffer, huéhuéhué. Encore une fois, plusieurs regards intrigués se tournèrent vers les jeunes femmes qui n'avaient cessés d'attirer l'attention depuis le début. Enfin, surtout celle aux cheveux blancs. Eeeh, plus précisément celle qui avait des habits bizarres. Avec des spectateurs, c'était toujours plus drôle.
Fouillant rapidement dans son sac, elle y sortit un petit flacon contenant un liquide rouge et le tendit à l'hybride : Toi qui voulais pimenter un peu les choses….Cap ou pas cap de boire ce flacon de piment super-extra-méga-fort-de-la-mort-qui-tue de ma propre production, la tête à l'envers ? Parce que ouais, ce serait pas drôle sinon !
Pourquoi se baladait-elle avec ça dans son sac ? Rien de plus normal pour une farceuse qui n'hésitait pas à en mettre dans des plats pour faire chier (parfois littéralement) de pauvres innocents ! Et puis, elle avait envie de voir si le sens du goût d'une hybride était plus développé, héhé.
- Calixte. Calixte Alkh’eir, votre Majesté, répondit finalement le coursier dans un battement au paupière circonspect.
Il voulut reprendre un peu contenance, enfiler le rôle de noble dont on avait tenté de l’investir dans son enfance avant que le désespoir n'eût poussé ses parents à l’offrir à la Garde, mais la question soudaine, précise, de la Reine lui arracha cette possibilité. La lueur ambrée de ses yeux passa avec hésitation de la silhouette du Roi à celle de sa compagne, et il se demanda s’il finirait sa soirée, non pas à engorger son corps d’alcool, mais à décuver celui qu’il n’aurait eu l’occasion de boire dans le fond d’une cellule. S’il avait su que sa nuit se passerait derrière les barreaux, il aurait davantage insisté sur le ménage des geôles lorsqu’il avait été de corvée la veille.
- Si tel est votre souhait, Majesté, je ne vous le dirai pas, accorda-t-il tout à fait prêt à accepter toute demande de son interlocutrice plutôt que par désir de faire de l’esprit.
Si Grimvor Renmyrth semblait osciller vers l’incrédulité hilare et que son amitié avec le Capitaine Al Rakija – comme avec l’étrange tornade bigarrée récupérant de temps à autres le centre de l’attention – l’inscrivait plus aisément dans le parti des bons publics pour ce type d’incident, Calixte préférait s’assurer de ne pas être autrement que bienveillant envers la Reine qui paraissait tout de même plus sévère. Ou moins accessible.
- Néanmoins, il n’est pas impossible que j’y ai fait un tour par inadvertance, avoua-t-il dans une grimace contrite. Je me suis effectivement fait surprendre par la fumée…
Qui, bien que diminuant progressivement, joua de nouveau d’un quart de tour sous la brise vespérale pour aller chatouiller les âmes trainant du côté de la buvette.
- Et ai trébuché contre quelques camarades, avant de chuter et de me rattraper à votre robe. Et fusionner dedans. Par instinct, ajouta-t-il en glissant un rapide regard autour d’eux, pour vérifier que lesdits camarades n’avaient pas été blessés par sa maladresse.
Et de vérifier si quelqu’un ne souhaitait pas échanger sa place avec lui. Discuter avec la Reine était une occasion appréciable. Mais il aurait préféré que l’ouverture de leur dialogue fût différente. Enfin, inutile de s’apitoyer davantage sur sa position, elle ne semblait pas être prête à s’améliorer de sitôt comme de s’effacer des mémoires aussi rapidement qu’il l’eût souhaité.
- C’est mon pouvoir, indiqua-t-il à l’air interrogateur de la Reine. De pouvoir fusionner dans les objets.
Après un nouveau regard en aller-retour entre le couple royal et sa caisse déchue, il finit par oser faire un pas de côté pour la récupérer avant de se repositionner droit comme un i devant son auguste interlocutrice.
- Je suis vraiment désolé d’avoir investi vos vêtements de la sorte, même par erreur, réitéra-t-il sincèrement. Si leurs Majestés me le permettent, je vais retourner à mon travail, poursuivit-il les yeux passant avec prudence d’un visage à l’autre, serrant contre lui son paquetage comme une bouée de sauvetage.
Il hésita une demi seconde, avant que la curiosité de paire avec la politesse ne lui fissent ajouter :
- Mais peut-être puis-je me faire pardonner en vous proposant un endroit plus calme pour profiter des festivités.
Parce qu’il était relativement évident aux yeux encore sobres que la Reine était loin d’être dans son élément, et qu’un peu de recul vis-à-vis de ce joyeux capharnaüm lui serait peut-être profitable.
- Je retourne vers l'entrepôt puis le cellier, pour débarrasser certaines affaires et en récupérer d’autres ; il y a par là-bas matière à épargner ses sens de l’agitation régnante, et de trouver un certain confort – même si l’on reste dans la rusticité du Bastion – pour l’appréhender, proposa-t-il en se passant en mémoire les coins un peu abrités donnant, d’une distance raisonnable, sur l’effervescence. Et puis les collègues de la logistique vous y accueilleraient avec enthousiasme.
Et certainement beaucoup trop de d’attention ; à travers leur curiosité, comme les mets et boissons plus délicats que ceux proposés dans la cour, qu’ils s’empresseraient d’empiler devant la souveraine. En dehors des cuisiniers et leurs commis, les mieux placés pour connaître les ressources de la Caserne étaient assurément les membres de la logistique. Emeor Calyx piquerait certainement un fard s’il apprenait que ses troupes gâtaient la Reine de victuailles et accaparaient son attention, mais c’était là une possibilité intrigante que Calixte ne pouvait s’empêcher de proposer à sa Majesté.
Le sujet de la discussion vint alors sur un thème bien plus important : la boisson. Et plus précisément un concours de boisson. Solveig se désista pour le concours puisqu’elle avait déjà un adversaire à affronter, Calixte. La valkyrie savait que ces deux là devaient s’affronter et elle comptait bien sur sa collègue pour gagner au nom des valkyries face à la logistique. Voyant la déception d’Astrid face au refus de l’hybride, elle lui glissa une tape derrière la tête. - Hey Sol’ est pas la seule alcoolique ici, t’inquiète ! Et justement j’ai pas d’adversaire moi. Elle lui adressa un sourire entendu et se dégagea de son étreinte elle aussi. Yuduar avait en effet commis une belle erreur en laissant ces trois là ensemble. Solveig, Astrid et Sammael était sûrement un des pires trios possibles. Et il ne fallut d’ailleurs pas plus d’une seconde pour que l’hybride dise s’ennuyer et demande à faire quelque chose, et pas une seconde de plus pour que l’autre danger public propose un jeu assez stupide pour rapidement foutre le bordel.
- Parfait, va pour moi aussi ! Mais Sol’ je te préviens, ce cap ou pas cap c’est pas une excuse pour perdre contre Calixte tout à l’heure. T’as intérêt de le gagner ce concours de boisson !
- Ça me va. Mais ne me sous-estime pas trop ! Répondit-elle avec l’un de ses petits airs espiègles dont elle avait le secret. - Je serais encore debout demain matin. Dans quel état je ne sais pas, mais je le serais ! Elle déclara cela avec conviction avant d’éclater d’un rire sincère et loin d’être discret. - Les perdantes devront… Mh… On verra ça plus tard. Si quelqu’un a une idée cela dit… Puis comme Astrid elle se mit à cogiter tout en portant à ses lèvres la choppe de bière qui n’était pas encore vide -étrangement. Sans qu’aucune réponse ne lui vint, la voix de sa camarade l’obligea à sortir de sa torpeur. Ses oreilles se dressèrent sur son crâne comme des i, prêtes à tout entendre. D’une certaine façon l’impatience pointait le bout de son nez ; que pouvait bien lui réserver une personne avec un cerveau aussi fou que celui d’Astrid mais d’un autre, c’était aussi ça lui l’inquiétait, la folie du cerveau d’Astrid. La sentence tomba et une petite grimace déforma ses traits.
Si il y avait bien une chose pour laquelle elle remercia Lucy aujourd’hui ce fut de lui avoir donné un bon odorat mais d’avoir laissé ses papilles tranquilles. D’ailleurs à peine eut-elle débouchonné la petite fiole que ses poils nez semblèrent s’enflammer. C’était comme plonger tête dans un champs de piment ou pire encore de s’en tartiner dans les narines. Cela la fit tellement souffrir qu’elle s’en détourna immédiatement. Dans le mouvement ses yeux se posèrent sur Sammael.
- Je gagnerais ce concours de boisson si je survis à ça et après réflexion je commence à avoir quelques doutes. Elle se pencha vers elle de manière à ce qu’Astrid ne puisse entendre. - Elle va me tuer pour sûr. Puis, les yeux plissés elle se redressa et lança à l’attention d’Astrid : - Rend toi utile ! Dans un mouvement d’une souplesse infinie elle se courba vers le sol, y déposa l’une de ses mains avant de donner un coup sec du pied qui releva ses deux jambes vers le ciel. - Tiens ma robe et mes jambes. Ordonna-t-elle à la blanche. - Sam, si tu la vois regarder plus bas qu’elle ne le devrait tu as ma bénédiction pour lui en coller une. Leur adressant un dernier sourire elle leva le petit flacon. - A la votre. Non sans une petite hésitation elle versa le liquide orange dans son gosier.
Si les premières secondes rien ne se passa au point qu’elle manqua de se moquer d’Astrid elle se rendit vite compte que c’était une erreur. Au début des gouttes de sueur se mirent à perler le long de ses tempes puis ses joues prirent une légère tinte rosée. La bouche entrouverte elle commença à haleter. - Ça reste… Supportable. Soudain, l’incendie. De rosée ses joues virèrent au cramoisies et des perles salées vinrent également couler le long de ses yeux. D’un mouvement sec mais habile ses jambes échappèrent aux mains d’Astrid et elle se remit sur ses pieds. Le poil de ses oreilles étaient hérissés au possible, le blanc de ses yeux était injecté de sang, chaque respiration était une véritable punition qui lui brûlait la trachée. - A boire… Grogna-t-elle tout en avançant pour prendre appuie sur la table la plus proche. Désespérée elle tenta d’avaler une gorgée de sa bière mais cela ne fit que renforcer la douleur qui maintenant lui arrachait les entrailles. Elle aurait pu décrire l’exact trajet du liquide jusqu’à son estomac et plus encore.
Il fallut plus de vingt minutes pour que le feu qui sévissait dans sa bouche ne daigne calmer ses ardeur, son visage commença enfin à reprendre une couleur basanée mais ses yeux n’en finissaient pas de déverser des torrents de larme.
- Super… kofkof… Contentes ? Demanda-t-elle aux deux femmes, les fusillant du regard au passage. - Tiens Sam, puisque tu as l’air… Elle toussa une nouvelle fois. - Ravis de participer, on va passer à ton défi et pour ça je dois aller chercher quelques choses. Je reviens. Ni une ni deux elle fit un demi tour bien sentit et partie en trottinant jusqu’au cellier. L’aller comme le retour ne lui prirent qu’une poignée de minute. Là où elle perdit le plus de temps fut pour trouver le bocal qu’elle cherchait. Après avoir poussé des dizaines de conserve, paquet et autre joyeusetés elle tomba enfin dessus, recouvert d’une fine couche de poussière mais intact. Elle rejoignit ensuite les deux femmes.
- Tiens Sam. Dit-elle en lui tendant le bocal. - Ce sont des œufs… Mh ils appellent ça œuf de cent ans je crois. Cap de danser la gavotte en mangeant deux de ces œuf et en nous chantant de ta douce et mélodieuse voix « frère Jack » ? Le sourire qui étira ses traits fut aussi amusé que jubilant. Ses yeux rivés dans ceux de sa camarade attendaient de voir une quelconque réaction.
Arrivant au bar, j’essaie de ne pas m’immiscer dans la conversation qu’à Valentino avec la major Prêth. Je ne sais pas de quoi il parle et je ne veux pas le savoir en vérité. Cela semble être plutôt sérieux, même si le connaissant, il tentera certainement une combine étrange pour essayer de lui mettre le sourire ou au moins la sortir de sa léthargie. Puis, nous sommes peut-être ensemble officiellement maintenant, mais cela ne veut pas dire que je dois rester coller à lui, même s’il faut avouer que ma présence ici n’est due qu’à ce dernier. Enfin, mon plan de ne pas lui adresser la parole était parfait jusqu’au moment où je sens la main du lieutenant se glisser dans mon dos pour me rapprocher de lui. Je pousse un léger soupir avant de me mettre face à eux. Déjà les questions qu’il me pose sont bien étranges alors qu’il vient de jeter l’un de ses regards au pauvre barman. Qu’est-ce qu’il s’est passé quand je n’étais pas là? Bien évidemment je le laisse dire ses bêtises et avant même que son rire n’arrête, je lui donne une petite tape derrière la tête. « T’as fini de dire des conneries toi… » Je me tourne finalement vers la major puisque c’est la première fois que je discute avec elle. « Enchanté, Thépa! Si vous le trouvez agaçant, vous avez le droit de le frapper. Je vous en donne la permission. » Bien évidemment, nous ne sommes pas en service et nous sommes ici pour nous amuser. Alors, laissons les titres de côté, bien que la seule personne qui n’aura pas le droit à son prénom, si je le croise, c’est la capitaine.
D’ailleurs, quand je repense à notre péripétie d’il y a quelques mois avec Cal et Val, je ne peux pas m’empêcher de penser à un muffin chaque fois que je le vois. Cela me fait légèrement sourire, puis je finis par me pencher vers l’oreille de Val’ pour lui chuchoter ces quelques mots; « Arrêtes tes bêtises et ne fait pas peur aux autres, tu veux? Je n’ai pas envie que les gens me fuient quand il me voit à cause de toi. » Bien évidemment, j’attrape sa grosse tête entre mes mains et dépose vite fait un baiser sur sa tempe. « Bon aller, je vous laisse. Moi j’ai une copine à rejoindre! » Du coup, je me commande une bière et une simple boisson non alcoolisée pour Leoven et quand la commande est prête, j’essaie de retourner à l’endroit où je l’ai laissé.
Bien évidemment, avec cette foule, bien difficile de retrouver la jeune rouquine. Je n’ai pas vraiment envie de crier pour tenter de la retrouver, mais voilà. Je cherche un moment, puis je décide de me diriger vers le centre de l’attention. Bien évidemment, il s’agit là de la femme à la chevelure blanche ainsi que des valkyries qui accompagnaient le capitaine qui semblait s’occuper d’une affaire des plus urgentes; l’origine de la fumée. Enfin, Leoven semblait avoir disparu pour le moment, me laissant seule pour le moment. Enfin, je me pose donc non loin du trio qui semblait se lancer des défis.
Je prends enfin une gorgée de ma bière, bien que je tienne toujours la seconde boisson dans mon autre main et je me dis que ça allait très certainement être amusant à regarder.
La famille Alkh’eir... Voyons oui la reine voyait bien cette famille noble assez aisée dont le nom lui avait directement parlé. Allys demeurait figée en attendant qu'il veuille bien poursuivre. C'était tout de même une situation bien incongrue. Elle s'était un peu détachée de Grimvor pour tourner complètement son attention vers Calixte. A l'entendre, il s'agissait bien d'un accident... Tout de même, elle pencha la tête en ne sachant pas trop comment réagir. Il disposait d'un pouvoir particulièrement intéressant : la fusion avec les objets. Elle comprenait bien mieux pourquoi sa robe s'était soudainement doté de la capacité d'éternuer. C'était tout de même un peu surprenant comme réaction. Elle hocha la tête sans chercher à approfondir cette discussion un peu étrange. La reine ne savait plus ce qu'elle devait répondre ou faire. Elle était là bras ballants, la tête penchée en se disant que cet homme venait de la faire se relâcher en un instant. La logique avait fui... que faire quand quelqu'un prenait possession de son vêtement ? Ce n'était pas quelque chose qui s'apprend... ni même qui se vit aurait-elle envie de se dire... Quel honneur. Elle se massa la tempe doucement en tentant de reprendre ses esprits... Mais c'était bien peine perdue. Quitte à totalement être perdue dans ces tumultes, autant ne plus lutter et chercher à faire de bonnes discussions... si cela était possible.
" Bien entendu... je vous rejoindrai dans ce cellier. Cela... changera effectivement sans doute. "
La reine réalisa tout à coup combien elle devait sembler à côté de la plaque pour qu'une personne lui propose de se rendre dans un endroit plus calme... Elle marqua le coup en gratifiant ce garde d'un hochement de tête franc et décidé. Il était hors de question que cela se dise qu'elle ne pouvait pas se sortir de cette situation. Tout de même, elle ne put s'empêcher de jeter à sa robe un regard circonspect... comme si d'autres personnes allaient en surgir. Mine de rien cet homme avait ébranlé un peu sa soirée. Elle allait continuer de discuter un peu avec Grimvor le temps de reprendre un peu d'assurance pour retourner profiter de la fête... Allys jeta un regard lointain à Astrid, c'était fou mais ... cette femme avait le don de la tenir à distance tout en lui donnant envie de se joindre à elle.. Elle allait s'en dispenser pendant la soirée pour sa propre survie. La reine sourit chaleureusement à son époux, tant qu'il était présent de toute façon la soirée ne pouvait être mauvaise et elle devait bien le reconnaître mais cet individu qui s'éloignait y avait beaucoup contribué... Devait-elle le remercier pour autant ? Elle en doutait. En tout cas, c'était bel et bien un accident.
" Mon cher, souffrez que je vous accompagne, je vais me servir un verre. "
Elle fit un clin d'oeil avant de se diriger vers le bar pour y chercher un verre et qui sait peut-être une de ces grillades qui l'avaient complètement enfumé. Ses vêtements devaient sentir une bonne odeur, rien qu'à cette idée, elle en aurait presque décroché une grimace. Malgré tout si on isolait l'odeur âcre, les grillades devaient être appétissantes...Elle aurait juré voir le capitaine de la garde civile...
"Capitaine Al'Rakija, est-ce vous l'auteur de toutes ces... enfin de cette fête ? "
Elle n'avait pas besoin d'user autant de termes sophitiqués... Allys peinait à se détendre, à se laisser totalement envahir par cette ambiance.
" Les soirées se passent-elle bien avec Grimvor ? J'ai entendu des échos en venant ici..." fit-elle en souriant l'air taquin. Elle n'était pas prête d'oublier. Elle se rendrait ensuite pour rejoindre l'équipe de logistique.
Un rapide tour des stands ajouta à sa caisse une jolie panoplie de bouteilles vides, un petit fût asséché par les gorges assoiffées, et un carton de brochettes désossées. Il allait retourner vers l’entrepôt, lorsque ses pas le menèrent à proximité de Solveig, retournée en compagnie de Sammael et de l’étrange jeune femme aux vêtements bigarrés. Le temps d’un instant, ses yeux détaillèrent le visage de l’inconnue, et sa familiarité le troubla. Ses mimiques étaient assurément étrangères à ses propres traits, mais à bien y prêter attention… il pouvait presque voir « Psolie ». Secouant la tête pour dissiper cette étrange reconnaissance, l’espion reporta son attention sur Khalie qui sirotait sa bière à quelques pas de là.
Franchissant les quelques mètres qui les séparaient, il adressa un grand sourire à sa colocataire tout en lui fourrant le carton entre les mains et en passant son bras – presque – libre sous le sien pour l’entraîner plus loin. Il savait sa collègue pas forcément la plus à l’aise sur ce type d’évènement sociable, et l’occuper lui ferait peut-être davantage profiter de la soirée.
- Allez viens, Lili la fée, on a une Reine à chouchouter. Même si je peux comprendre que chouchouter Val te convienne mieux, ajouta-t-il avec un sourire taquin. Où en es-tu de tes recherches de maison – d’appartement ? – d’ailleurs ?
Ils contournèrent le barbecue où la fumée avait presque complètement cessé, et pénétrèrent bientôt au niveau de l’entrepôt. Dans le coin réservé au débarras, ils laissèrent leur chargement, et l’un de leurs collègues nota leur livraison. Avant que les va et viens des autres membres de la logistique ne se fissent plus insistants autours d’eux.
- Il s’est passé quoi avec la Reine ?
- C’est moi ou t’as fusionné avec sa robe ?!
- C’était pas avec sa chaussure ?
- Emeor va encore nous tomber dessus avec tout ça…
- On pourra dire que c’est la faute des cuisines, et de la fumée du grill.
- J’suis pas sûre de vouloir me mettre les cuisines à dos.
- Alors il y a eu un petit incident, oui, finit par trancher Calixte. Mais on a surtout besoin de préparer un petit coin tranquille pour sa Majesté, plutôt du côté du cellier – qui reste ouvert sur les festivités actuellement, tout en profitant d’un plus grand calme – pour genre dans… bientôt ?
- La Reine va venir par ici !?
- Je t’avais dit que c’étaient pas des festivités du goût de la noblesse.
- J’ai vu d’excellents thés planqués dans les placards du côté du commis Jean.
Et comme chacun y allait de son commentaire, incrédule, enthousiaste ou désobligeant, mais toujours globalement intéressé, l’organisation de la logistique accusa un moment de flottement où l’on perdit le fil de qui était à quelle tâche, et qui avait réellement le temps de s’occuper de tailler un coin de sérénité pour la Reine. Finalement, comme tout le monde voulait pouvoir papillonner autours de l’auguste personnage, que même les plus réticents avaient envie de montrer à la souveraine que le Bastion n’était pas que rusticité et que la logistique était pleine de ressources, mais que personne n’avait envie de subir les foudres du lieutenant Calyx ; une drôle de danse se réorganisa. Chacun se remit à sa tâche, mais chacun prit le temps de quelques détours pour apporter sa pierre à l’aménagement temporaire du « nid de confort » de la Reine.
Mise à contribution, Khalie était devenue de fait celle qui orchestrait cet étrange balai. Ajustant à la table réquisitionnée pour l’occasion les diverses fournitures qu’on lui apportait. Coussins moelleux et drapés de la lingerie des dortoirs, vaisselle piquée des armoires destinées aux gradés, sirops et thés subtilisés des placards jalousement gardés des cuisines, et douceurs mises à l’écart pour le lendemain matin.
Finissant de récupérer les plateaux de service qui allaient servir aux commis, Calixte fit un nouveau passage près de sa colocataire. Son regard glissant avec amusement sur les silhouettes surexcitées de ses collègues, anticipant avec une joie presque incrédule la venue de la Reine parmi eux. Le coursier était certain d’avoir vu un ou deux de ses amis chercher dans leurs poches la présence de cadre magique afin de pouvoir immortaliser le moment.
- Pas trop déçue d’accueillir notre souveraine, noble par excellence, malgré les tensions avec ta famille ? demanda-t-il à Khalie en posant sur elle un regard soucieux. Ou est-ce que ça sera l’occasion de gagner des points ?
Enfin éloigné de la bombe à retardement qu'est Astrid, je pu trouver la paix provisoire aux côtés d'Allys, de qui je caressais le dos de la main en gage de soin pour ce brouhaha auquel elle n'était certainement pas habituée. Si ce n'était pour sa voix criarde, il était avant tout nécessaire d'éviter feu Edmond Delancy, transformé en ouragan depuis sa ... réincarnation ? Des fois, je me demande pourquoi il fallut que ce soit lui qui bénéficie d'une seconde chance et pas, qui sait, n'importe quel autre haut gradé du corps militaire n'ayant pas enfermé en lui un esprit sarcastique dévastateur. Un soupire à cette pensée et un petit flashback de mes années passées, lorsqu'il était encore mon mentor. Pour sûr, il n'était pas aussi détendu lorsqu'il était à la tête de de la milice, à presque s'en demander combien de balais il pouvait rentrer dans son ... bref.
C'était la belle époque, celle où le rôle de Roi incombait le précédent souverain et encore bien innocent, je ne me faisais pas la moindre idée qu'un jour, je prendrais sa place en épousant la princesse. Le plan initial aurait été de la séduire et l'emmener vivre à la campagne, tenir une ferme, faire trois bambins qui n'auraient le moindre intérêt à donner concernant la politique. Mais Allys étant une femme droite aux lourdes responsabilités, il fut bien plus vite arrangé de voir un fils de noble et garde royal la rejoindre, puis, la vie de souverain n'était pas pour autant la pire ... disons simplement que les échanges martiaux avec mes confrères me manquent un peu, justifiant quelques escapades nocturnes vêtu d'une cape modeste pour ne pas attirer l'attention.
Un nuage de fumée me tira de ma rêverie et instinctivement, je serrais légèrement la Reine contre moi, tentant de la tirer de l'effluve brûlé aux senteurs de semelle trop cuite. Les yeux qui piquent et les voies respiratoires encombrées, je n'eus le temps que de tousser un coup en rouvrant un œil que la robe d'Allys me répondit en éternuant. Attends, quoi ? L'instant d'après, un drôle de maigrichon fit son apparition devant nous et s'exécuta en révérence. Une mine dubitative et un sourire confus vinrent maquiller mon expression alors que je penchais la tête sur le côté, l'air d'attendre la suite de la blague. Et elle fut de courte durée car noble dame qu'est celle à mon bras interpella l'individu en oubliant provisoirement sa question sur le concours de boisson qui ne manquerait certainement pas de s'annoncer plus tard. Ainsi, ne faisant qu'un avec le mouvement, je soutins la Reine dans son interrogatoire surprise, l'air hilare par la tournure des évènements. Il faut dire que j'aurais pu essayer du mieux qu'il me serait donné de le faire, jamais je n'aurais pu investir les habits de ma femme avec tant d'adresse, enfin, bien heureusement il ne semblait y avoir aucune pensée détournée dans cet acte pour le moins surprenant. Et bien comme l'avait assumé la splendide brune, le jeunot se confessa avec une petite mine et je ne pu retenir une exclamation de rire, il en fut de trop pour moi qui lui offrit alors une joyeuse tape sur l'épaule.
- Eh bien, garçon, tu es bien audacieux ! Si je n'avais pas moi-même visé cette beauté singulière par le passé, je t'aurais traité de fou à t'y essayer ! Ahahah !
Qui serait d'ailleurs assez fou pour remettre en question la grâce envoutante de cette femme qui, même après avoir éclot en le plus resplendissant des Lys, préserve ses atouts à en décrocher la mâchoire d'homme de tout âge, même après avoir fêté sa trentième bougie ? Sûrement un aveugle, certainement pas un jeune homme aussi bien portant que ce dénommé Calixte qui devait encore bien avoir toute la vigueur qu'offre la jeunesse. Je ne lui en voulais pas, les accidents arrivent et sa sincérité couplée au calme de ma demoiselle furent assez de bons garants pour ne pas montrer les crocs. Nul besoin de faire la guerre, elle est une grande femme et sa fidélité n'est pas non plus à douter, l'esprit tranquille, je m'intéressais donc à la proposition qu'il lui fit et attendit la réponse de la brune, concernant un aménagement plus propice à savourer le calme. Arf, pas mon délire, de rester loin des festivités. Sur le champ de bataille, soit-il amical ou martial, ma place est au front, je suis un Roi, mais aussi un soldat. Et un soldat qui fuit les concours de boisson, c'est un lâche ! Non, si si, je vous jure, c'est ce qui se disait à la caserne de la civile, à la capitale.
Ainsi la Reine proposa d'aller se servir une boisson, probablement avant de rejoindre son installation loin de l'animation et, qui suis-je pour lui refuser cette faveur ? Ainsi nous nous rendions à proximité du bar autour duquel étaient installés quelques jeunes hommes, jeunes femmes, indépendamment du grade et papotant joyeusement de tout ce qui pouvait leur sembler bon d'aborder pendant ce genre de festivité ! Quoi qu'il en soit, je n'étais pas là pour glisser des oreilles indiscrètes à leurs joyeuses épopées, plutôt que la bière d'ici étant une boisson rare au Palais, il aurait été criminel de ne pas profiter de l'occasion ! J'observais donc Allys se diriger vers ce cher Yuduar et posa un coude au comptoir avec mon sourire de tombeur, adressé au responsable de la distribution des boissons.
- Il semblerait que pour goûter aux délices du Grand Port, il soit demandé de s'adresser à vous. Je suis bien curieux d'y apprêter mes papilles. Une bière pour moi donc, camarade !
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