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Pas de papiers ni de crayon? Comment faisait-il pour ne jamais se perdre ou prendre en note des informations qu’il devait retenir? Elle ignorait ce dont un véritable ranger avait besoin pour réussir dans ce métier, mais peut-être que ce dernier avait acquis l’expérience nécessaire pour ne plus que cela soit une nécessité. Enfin, c’était plutôt dommage qu’il ne puisse pas exploiter ce talent surtout en sachant qu’il aurait pu utiliser ses dessins pour aider à la formation d’autres aventuriers. Jaina avait beaucoup appris dans les livres pour son cas.
« J’imagine que tu ne souhaites pas t’encombrer d’objet en tout genre, dit-elle en simple supposition. Après tout, elle n’était pas là pour lui faire un interrogatoire complet. Mais imagine si tu pouvais montrer tes propres dessins aux autres, tu pourrais leur apprendre bien plus rapidement des notions qu’ils apprendraient aussi en pratique! Ils auraient simplement une base avant de te suivre! Enfin, je ne dis pas que c’est la meilleure chose à faire, je ne veux pas t’imposer ma façon de penser… »
Elle ne pouvait pas lui dire quoi faire, après tout elle n’était pas lui et ne vivait pas la même vie. C’était qu’une simple suggestion qui pourrait peut-être l’aider éventuellement.
Cobalt devint à nouveau le centre de l’attention, ce qui ne dérangeait en rien la demoiselle. Elle était du genre à parler de ce dernier dès qu’elle le pouvait alors avoir quelqu’un avec qui partager sur le grand loup l’amusait. Puis cela évitait aussitôt de se pencher vers des questions un peu plus intimes qui pouvaient être difficiles à répondre.
« Cobalt est né dans la capitale et y a grandi pendant quelques mois, nous n’en sommes pas réellement sorties.
- Cobalt pas chassé humain…
- J’espère bien, dit-elle avec le sourire. Il aurait dû m’aider dans les patrouilles, appréhender les méchants, mais des circonstances particulières ont fait en sorte qu’on ne puisse pas continuer et Cobalt est devenu une source de soutien plus qu’autre chose… »
Xylia et Fedora lui avaient fait savoir que plus elle parlerait, mieux ce serait, mais elle ne se sentait pas mieux. Elle n’avait pas envie que Cobalt passe pour un paresseux, mais elle n’avait pas le choix de passer par là pour expliquer ce genre de chose non?
« Enfin, nous avons été aidés d’un professionnel pour qu’il apprenne à combattre ainsi qu’utiliser et maîtriser son feu… Donc tu peux te douter qu’il n’a pas appris à chasser et que je ne suis pas une chasseuse moi-même alors. On fait de notre mieux pour trouver à manger quand on est loin d’une ville, mais normalement, j’arrive à faire assez de provisions pour subvenir à nos besoins. »
Ce que les gens ignoraient, c’est que Jaina avait avec elle un emport’tout assez spéciale qui lui permettait de vivre aisément où qu’elle aille.
« Cobalt pas manger cheval! Cheval ami de Cobalt! Frey étrange... »
Le loup n’avait pas compris le sens de la phrase, après tout il gardait tout de même un esprit animal même s’il pouvait parler et qu’il s’améliorait de jour en jour. Mais la logique humaine ne lui parviendrait peut-être jamais. Jaina avait serré les lèvres pour ne pas rire et offusquer la grande bête noire et c’était contenté de faire un simple signe positif de la tête au forestier.
Restant un moment devant la forge à vapeur, l’observant avec attention, tu pouvais sentir un goût amer remonter ta gorge… T’en voulais à Sia. Tu en voulais à cette forge. Tu en voulais au festival… Tu en voulais à toi. Mais tu pouvais tous les remercier. Tu avais compris que ce genre de fête n'était pas fait pour toi, loin de là. Tu soupires en te rendant compte que ça n’allait pas aller, pas du tout. Tu t’étais mis en tête que tu reviendrais chez toi avec une meilleure humeur qu’à ton arrivée… Mais ce souvenir, qui te chagrinait, refusait de te laisser tranquille et de repartir tranquillement.
Tu te frappas légèrement les joues et… Tu étais à la forteresse. Alors autant faire ce que tu faisais à la forteresse. Tu te séparas de la foule pour aller voir des magasins plus vides. Des magasins de matière première. Là, tu pouvais peut-être trouver des matériaux de bonnes qualités. Par chance, ton magasin habituel n’était pas fermé…
Meeeeercredi… Tu avais oublié que tu n’avais rien pour transporter les matières avec toi. Et tu n’allais pas traverser la montagne avec des matériaux à bout de bras… Tu fis donc directement demi-tour vers… Vers la sortie, tu ne savais même plus pourquoi tu te forçais à rester ici. Elle te l’avait dit au début non… "Si ça te plaît pas, rentre"… Ouais, elle avait parfaitement raison. Tu détestais les fêtes du genre. Plein de gens, mais vide, plein de vendeur donnant des arnaques, plein de soiffard qui cherchait juste à se noyer dans l’alcool…
Tu pris donc le chemin de la sortie de la forteresse, traversant la foule à contre sens et prenant le chemin pour rentrer chez toi. Tu n’avais qu’une seule envie, frapper encore et encore de l’acier pour te défouler. Tch ! La prochaine fois qu’elle demandera, elle pourra s’y rendre seule. Elle a des amis à retrouver ici après tout, pourquoi elle voudrait venir ici avec son maître. Quand elle essayait de se rapprocher, elle voyait directement le mauvais caractère que tu avais… Alors autant rester le maître. Le bonheur, elle finira par le trouver ailleurs. Tu n’étais pas fait pour elle… Et tu détestais cela à cause de ce que tu ressentais pour elle.
La jeune femme avait l’air perplexe, mais Apolline ne s’en formalisa pas. Elle était habituée à ce genre de réaction, et trouvait que l’incrédulité avait un certain charme. Ce qui tombait bien, puisque c’était l’un des états les plus récurrents chez Calixte.
- Oh coquine ! A peine rencontrée, et déjà ce genre de jeu ! Non, non ; personne n’est propriétaire de la formidable autrice A. Poal, même s’il faut reconnaitre qu’y a des moments où il est plaisant de posséder et d’être possédé, répondit joyeusement l’âme artificielle en suivant sur quelques pas l’inconnue qui s’était levée.
Certainement était-elle de ceux qui préféraient réfléchir en se mettant en mouvement, et la petite trousse pouvait tout à fait apprécier ce genre de trait de caractère. Même si le soupir balayant l’assiette à présent aussi vide que les plages septentrionales hivernales n’augurait logiquement rien de bon. Mais, à nouveau, Apolline n’était pas vraiment un être porté par la logique.
- Au quartier de la Forge ! répondit-elle à la jolie blonde tout en profitant de son nouveau point de vue pour la reluquer indécemment. Mais pour toi ma belle, je veux bien mettre de côté ma Marguerite pour… Xar’optimiste ! hurla d’allégresse Apolline en reconnaissant le visage emmitouflé du protégé de Fauve.
Ils s’étaient brièvement croisés au début de l’année alors que les pas de Calixte s’étaient perdus du côté du refuge de l’aventurier, et si la trousse se souvenait surtout du formidable parcours d’obstacles affronté avec Kaname, elle n’avait pas oublié les sacs de cendre férocement éventrés et l’amusante course-poursuite pour couvrir le garçon de noir.
- Kitty, hein ? rit-elle malicieusement. Par Lucyette, il faut qu’je rajoute un élément de ce genre dans De Fusion en Fusion. HE MAIS C’EST QU’ELLE AUSSI S’ENFUIT ! rugit l’âme artificielle d’un enthousiasme étrangement non accordé à la tournure de la phrase que l’on aurait pu penser déçue.
Mais, à nouveau, Apolline était à la fois habituée à ce genre de situation, et friande de ces jeux de chat. Sautillant presque sur place, elle tendit sa boucle élégamment entremêlée d’un beau bracelet coloré – cadeau de son ami Daril via Luz – à Xarope.
- Hisse-moi sur tes fières épaules, mon preux neptu’chevalier, et partons récupérer les douces attentions de notre inconnue dorée et de Marguerite ! décida fébrilement la trousse de cuir. Et sinon mon beau damoiseau : quoi d’neuf ? s’enquit-elle avec curiosité comme elle observait avec intérêt la foule depuis la hauteur où Xarope l’avait diligemment déposée. J’vois que t’as un nouvel ami glooby. Avec Samoussa vous allez pouvoir leur apprendre à faire le poirier et les inscrire aux concours nationaux d’acrosport.
Ils se faufilèrent entre les badauds – certains brièvement intrigués par leur étrange composition, mais la plupart bien trop affairés pour leur accorder une seconde d’attention – et se réengouffrèrent dans le quartier de la Forge où la couronne de cheveux blonds s’effaçait au loin. Avec ses jambes plus courtes et leur départ en différé, il semblait vain à Xarope et Apolline de remettre la main sur l’inconnue, mais l’animation adjacente autour d’un groupe de machines en mouvement détourna bien vite leur attention et celle-ci, comme Marguerite, s’effacèrent temporairement des pensées de l’âme artificielle.
- Trop cool ! s’écria la petite trousse en se balançant gaiment sur l’épaule de l’enfant. Allons voir les machines, mon p’tit chiot. J’suis sûre qu’on peut en trouver une à rapporter au refuge !
La foule était ici plus dense, agglutinée autour de ces automates métalliques respirants de fumées étranges, se demandant s’il n’y avait là que la transcription de l’audace la plus poussée des scientifiques alentours, ou s’il n’y avait pas un peu de magie pour aider ces créatures extraordinaires à se mouvoir à travers la ville. Profitant de la percée d’un jeune homme bien déterminé, aux cheveux en bataille reflétant joliment le bleu givré des reliefs saupoudrés de neige, Xarope et Apolline se glissèrent dans la marée festive pour appréhender de plus près le défilé mécanique. Jusqu’à percuter maladroitement, dans l’étau implacable de la foule, une jeune femme au physique singulier.
- Ah mam’zelle, vous et moi on fait la paire ! l’apostropha joyeusement l’âme artificielle. Parce que si votre fleur vous obstrue un œil, le fait que vous ayez tapé dans le mien nous accorde. Z’êtes venue seule ou bien avec votre jardinier particulier ? J’ai croisé un forgeron en manque de travail tout à l’heure, ptet il a un numéro cristallique si vous cherchez à diversifier vos plaisirs !
Une sorte de petit spectacle a lieu et je n'ai pas encore eu l'occasion de le voir. Un bras accroché à ma sœur à l'apparence draconique, mon ami goupil de l'autre ainsi que l'enchanteur, nous observons les mécanismes à vapeur ainsi que l'ingéniosité dont fait preuve les forgerons ici. Je suis comme absorbée par ce spectacle, ignorant presque les paroles d'Almassar. Ses mots ont le dont de m'arracher un petit sourire, le regardant jouer des coudes pour se frayer un chemin, suivi de près par Adam qui semble aussi émerveillé que lui. Les deux sont tels de grands enfants qui observent un tour de magie qu'ils ne comprennent pas. Sio à mon bras semble bien plus ennuyée et pas vraiment captivée. Je la tire un peu pour essayer d'avoir son attention.
« Au fait, il faut que tu m'expliques ce que c'est que cette histoire de... »
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que je me fais bousculer et me retourne pour interpeller la personne en faute. Quelle n'est pas ma surprise de voir une jeune homme accompagné d'une... trousse ? Cette dernière semble animée et m'interpelle directement avec un langage qui a le mérite de me faire cligner de l'œil. Une âme artificielle ! C'est la première fois que j'en croise une, et même si je suis particulièrement curieuse de cette rencontre, c'est ce qu'elle dit qui m'intrigue le plus. Un forgeron en manque de travail ? Je relâche ma sœur et vient agripper le gamin par le col, un air empressé et presque affolé sur les traits.
« Le forgeron, est-ce qu'il était roux ? Cheveux courts, plutôt flamboyants, presque rouges ? Bien musclés, un air ronchon sur les traits et du genre à se faire chier ici ? »
Mon cœur se met à battre la chamade alors que je pense que je peux certainement retrouver mon maître parmi cette foule. À vrai dire, j'espérais intérieurement pouvoir au moins le croiser, il n'a pas quitté un coin de mon esprit depuis que je l'ai abandonné. J'ai besoin de m'excuser pour mon comportement et je ne tiens pas à passer ce Solstice en étant en froid avec lui. Je dois absolument présenter mes excuses au rouquin et trouver le moyen pour qu'on commence la nouvelle année sur de bonnes bases.
Dans un cas comme dans l'autre, la solitude recherchée n'était pas vraiment au rendez vous.
L'Aurore Boréale dans le ciel colorant la scène d'une aura bleuté donnait à tout cela un air presque surréaliste, ce qui donna au moins à tout cela un cachet plus authentique.
S'asseyant sur la cape de la demoiselle, il n'eut pas à attendre longtemps avant qu'elle ne le rejoigne, lui faisant partager sa douce chaleur.
Dans un silence presque surréaliste, ils restèrent un bon moment à observer les spectacle dans le ciel.
-A ton avis, serons nous toujours là pour le prochain solstice ?
La question semblait innocente, mais Arthorias était bien sérieux, ayant vécu trop de déceptions pour être vraiment rassuré à ce sujet.
Et si son pouvoir lui prêtait une certaine immortalité, pouvait il promettre qu'il serait toujours capitaine ?
Rien n'était moins sur
-Enfin, pardonne mes pensées vagabondes, la période se prête à la mélancolie
- Je ne sais pas où on sera. Est-ce qu'on reviendrai ici ? Est ce qu'on sera ailleurs ? Est ce que tu seras parti pour une expédition au bout du monde et moi je serai coincée au palais ? Ça Lucy seule le sait.
Mon regard jusqu'alors perdue dans l'Aurore Boréal vient lentement se tourner vers lui, le regardant avec au moins autant d'intensité que les merveilleuses lumières qui décorent le ciel du solstice.
- Mais tout ce que je peux te dire, c'est que j'espère que nos sentiments n'auront pas changés... Où seulement pour devenir plus fort.
Ce dernier mois, nous en avons passé des moments ensembles, et Arthorias a pris le temps de tout me raconter de ces histoires infructueuses, comme il me l'avait promis dès le premier soir où nous avons choisi d'avancer ensemble. Alors je pense que je comprends un peu sa peur, et pour rien au monde je ne souhaite lui faire revivre une déception similaire.
Mais déjà que je suis légèrement rongée par la peur de mon côté, si lui aussi s'y met on risque de se gâcher notre dernière soirée.
- Au pire, tu n'auras qu'à faire de l'abus de pouvoir pour m'emmener où tu veux, après tout tu sais bien faire ça, non ?
Taquine ? Oh, rien qu'un peu.
— Lucy c’est une pute.
C’est sorti tout seul. Même si j’avais voulu être poli et respectueux, là c’est mort. Je ne crache pas sur la mémoire de Lucy tous les quatre matins, mais sur les options qu’elle offre dans la vie c’est souvent une pute qui baise mal, mais qu’on paye cher. Un gouffre financier où l’on retourne comme des cons en pensant que la fois prochaine sera meilleure, mais que c’est toujours le même pétard mouillé à la fin. Une baise sans orgasme, dans le noir, avec quelque chose qui semble plus vomir que gémir à chaque mouvement. Non, sa vision de Lucy est tout sauf réjouissante.
— Mais, ouais, je comprends.
Parce qu’en soi, on est un peu dans la même situation. On a fait des merdes, mais certaines de ses merdes on fait qu’on est qui ont est aujourd’hui. Je ne sais pas si j’aime la personne que je suis aujourd’hui, mais je sais que certaines de mes erreurs ont été bénéfiques. J’écoute simplement la suite et ne sais pas trop quoi dire. Je n’ai pas le détail et je n’ai aucune idée si dire que son ex-femme est une pute soit une bonne idée. J’ai comme un gros doute là-dessus. Dans cette histoire tout le monde est une pute.
— Tu sais, si ça peut te remonter un peu le moral, au moins tu n’as pas eu à creuser leur tombe avec tes propres mains. C’est quand même fou quand tu es au plus mal il y a toujours la vie qui te rappelle que tu peux être encore plus mal…
Je prends une inspiration. Il en a parlé, je peux bien lui en parler aussi. Il se confie, je peux le faire aussi.
— Je ne sais pas si tu te rappelles, mais ça devait juste être un contrôle de routine derrière la frontière. Un truc pour faire flipper les petits nouveaux et surtout pour se décrasser les jambes ensemble. Seulement, ça a fini en embuscade. Je ne sais même pas ce que c’était, je me suis pris un coup au début de l’attaque et j’ai sombré dans l’inconscience. Quand je me suis réveillé il n'y avait que des corps et c’est… mon chien de l’époque qui a tenté de me garder au chaud alors qu’il a passé l’arme à gauche qui m’a permis de survivre. Je ne peux même pas dire ce qu’il c’est passé, juste que c’était une boucherie et qu’il n’y avait aucun survivant… Certain il dirait que Lucy m’a sauvé, moi je continue de croire que c’est une pute de m’avoir offert ce genre de survis. Je ne dis pas que j’aurais aimé vivre ce que tu as vécu, juste que survivre à ce genre de truc… Hum… Ce n’est pas vraiment la chose la plus plaisante au monde.
L’art de plomber l’ambiance, bonjour.
— Allez, trouvons cette sortie avant de faire revivre vraiment nos traumatismes de sous merde qu’on est.
Côté Xarope
Il a le regard médusé en regardant Apolline, le nom est revenu en réfléchissant à ce gars avec aussi trop de familier autour de lui dont celui que Farouk avait tenté de séduire avec une danse. Dans la capuche du petit, Nat, la petite glooby des glaces de Fauve sort la tête pour observer le monde. Son propriétaire est bien loin et tout semble bruyant. Tout est toujours bruyant depuis qu’elle est sortie de son œuf de toute manière, mais elle aime tout de même observer le monde.
— Heu… mademoiselle Apolline ? … Enfin, on dit mademoiselle pour une trousse ou autre chose ? De Fusion en Fusion, c’est quoi ?
Non, parce que si l’identité féminine de Fauve doit finir dedans il aimerait bien comprendre pourquoi. Au moins, ce n’est pas grand-chose, il savait maintenant que Marguerite n’était pas Fauve. Ce n’était pas une fleur qui lui serait allée de toute manière. Trop… Trop pas lui tout simplement. Il n’a même pas d’idée de fleur passant mieux. Qu’importe, il suit le mouvement de la trousse sans même faire attention. Comme un enfant suivrait un inconnu avec un paquet de bonbons. Donc il prend Apolline et laisse sur l'épaule pour la conduire comme une princesse dans son royaume.
— C’est Nat ! Elle est née la semaine dernière ! Il disait qu’il ne voulait pas la garder à la base pour Solveig, mais que Calixte a dit que Samaël aimait bien les glooby lui, donc il l’a fait naître. J’ai hâte de le connaître le petit parce que ça rend le chef tout nerveux et tout ! Il fait même deux fois plus de ménage dans les box des familiers quand il pense à cela.
Parce que Xarope est une petite commère qui aime bien parler et qu’il a confiance en la trousse. Il a confiance en tout ce qui est proche de Fauve de base et Calixte est proche de lui, donc ce qui est a lui est forcément aussi avec la confiance du chef aussi.
— J’aimerais bien un moulin pour jouer au refuge !
C’est un peu grand, mais il peut y avoir des modèles plus viables à ramener . Il écoute la description donner par la jeune femme qu’a abordée sa nouvelle amie et hoche la tête avec vigueur à la description.
— Il sentait la tristesse ! La même que celle avant de boire trop ! Enfin, ça avait cette odeur un peu comme ça. Vous le connaissez du coup ? Vous voulez qu’on le retrouve ?
Pendant que Xarope s’occupe de ce qu’il ne le regardait pas à la base, Nat sort de la capuche du petit pour venir voir la trousse et s’amuse de ses petites pattes de mettre un peu de givre dessus. Cela semble beaucoup l’amuser en tout cas.
"C'est prêt?"
-Ou...Oui... Voilà! Bégaye-t-il en posant devant lui l'armure... Elle la prend et observe la pièce de métal, pas un travail parfait mais ce sera suffisant. Elle analyse le résultat et sort quelques cristaux qu'elle dépose sur le comptoir avant de tourner les talons.
- Et une minute... Il y a un peu trop."
Un léger rire, glaciale, gutturale, profond alors qu'elle se tourne vers lui. Elle relève la tête pour le fixer de ses yeux spectraux alors que l'homme recule d'un pas. Nul doute, il a aperçu, au moins un instant, la couleur de sa peau, l'éclair dans son regard. "Disons que c'est un petit plus pour ton honnêteté... C'est une qualité que j'apprécie!" Et sans plus de cérémonie, elle se retourne pour quitter la boutique... Maintenant, ne lui reste qu'à quitter la ville et retourner chez elle, en espérant que rien d'autre ne la retienne ici.
Libre
Nevaeh se faufila entre les gens dans le quartier des inventeurs en regardant autour pour une femme de taille moyenne avec des cheveux gris et un visage ridé. Dans la foule de gens, il était impossible de la retrouver. En plus, elle avait perdu la trousse. Ce n'était pas bien grave. Elle lui donnait un mal de tête. Parlant de mal de tête, elle n'avait pas son bandeau autour de ses yeux. Partout où ses yeux se posait, quelque chose bougeait. Il y avait des enfants qui couraient un peu partout, des couples marchant main dans la main et une foule de gens allant dans tous les sens. C'était trop. Dans le labyrinthe, elle ne se sentait pas coincée et dans la salle à manger il y avait assez de place pour ne pas être trop collé sur des inconnus. Mais dans les rues, elle se sentait étouffée et la tête lui tournait.
Elle devait se battre contre la panique qui montait et le mal de tête qui faisait chanceler le sol. La blonde fit quelques pas avant de trouver un mur pour s'y appuyer. Elle se laissa glisser jusqu'à ce que ses genoux touchent le sol. Puis, elle décida de s'asseoir un instant et de fermer les yeux. Elle remonta ses jambes et les entoura de ses bras avant de poser son menton sur ses genoux. Inspirer. Expirer. Tout va bien. Inspirer. Expirer. Elle se répéta ses mots comme une prière. Peut-être était-ce à cause de sa migraine, mais pendant un moment, sa respiration devint égal et un flocon de neige tomba sur son nez. Elle s'endormit un instant au pied d'une bâtisse. Cela devait être à cause de la magie du Solstice, mais elle ne rêva pas à Gus ou au Non-mort. Non, son imagination se contenta de visualiser des plaines sans fin de neige. Un paysage d'hiver tout blanc. Pure.
Et il est tellement concentré sur cette tâche qu'il ne sent pas la neige qui tombe sur lui, sur les flocons qui se perdent dans les vents, glissant parfois sur les vêtements et la peau. Qui y ferait attention à la Forteresse après tout ? Mais tout change sans même qu'Almassar ne s'en rende compte, quand un flocon bien précis se pose sur sa joue, et vient la caresser. Un effleurement frais qui l'envoie dans un monde de rêves. Un clignement d'yeux, et le spectacle sous ses yeux est remplacé par une plaine, au sol recouvert d'un tapis de neige. La chape ne fait que s'épaissir, alors que vague sur vague de ces petits messagers hivernaux s'écrasent au sol, tombant du ciel en une pluie étoilée sans fin. L'enchanteur cligne des yeux, observant autour de lui. Au fur et à mesure que le rêve se tisse, les détails augmentent. De petites bâtisses naissent, un stand de vin et de chocolat chaud émerge. Un vrai petit village de Solstice qui sort de terre, sans queue ni tête. Différents stands d'artisans provenant de toutes les villes, de marchands itinérants. Une fête spontanée et ne pouvant être issue que d'un esprit fatigué ou magiquement altéré.
L'impression que quelque chose ne va pas est présente. Almassar était sur qu'il était ailleurs il y'a peu de temps, sans pouvoir dire où. Mais maintenant que les fondations sont terminées, que tout a été construit, des êtres commencent à apparaître, comme si tout était normal. L'esprit ne considère pas comme étrange l'idée de voir émerger des entrailles de la terre des humains. Et parmi ces formes qui sont diffuses, il semble en reconnaître une. Celle de la forgeronne qui l'accompagnait jusqu'il y'a peu... Mais l'accompagner où, au juste ? Autour d'elle, d'autres formes. Un mirage de l'esprit, ou des gens l'accompagnant ? Difficile à dire, et même en se rapprochant de Sia, il ne saurait le confirmer. Ce qui ne lui empêche pas de sourire.
-"Hey, Sia ! Drôle d'endroit, tu ne trouves pas ? Dis moi, tu sais comment on s'est retrouvés ici ? Je n'arrive absolument pas à faire sens de ces dernières heures, j'ai l'impression d'être dans une mélasse mentale dont je ne vois pas le bout..."
Mais au fond, l'enchanteur parle-il vraiment à la vraie Sia ou juste un mirage de ses pensées ? Que les rêves sont compliqués, surtout quand les protagonistes ne savent même pas qu'il sont au plein milieu d'un...
L’ensemble de la communauté regroupée temporairement pour profiter de l’animation approuve sa première intuition. Ils virent tous vers la gauche dans le calme. Un échange courtois s’entame entre les deux gardiens s’étant donnés pour mission d’assurer la protection de la garde des sceaux pendant cette aventure, à la manière d’une représentante portant en elle un trésor secret qui pourrait contenir une vérité et amener les sbires d’un mage noir à s’en prendre à elle. Elle est le centre dynamique qui occupe leurs sens aiguisés. Il ne faut pas qu’elle oublie que des gens malveillants peuvent avoir repéré sa présence dans la Forteresse dès son arrivée, et qu’ils attendent sans doute le meilleur moment pour porter un coup à sa personne. Cassandra devient plus méfiante et garde un œil ouvert, elle préfère ne pas avoir à dépendre d’autrui mais sa situation a changé et peut avoir ses avantages. Elle peut vagabonder à présent en sécurité dans un cercle de connaissances armées et à la discussion joyeusement brillante.
- Je viens d’une région montagneuse, ensoleillée et entourée de mers. La vie dans la forteresse est tout l’opposé de tout ce que j’ai connu depuis enfant. Je découvre les manteaux de neige à perte de vue et les lumières magnifiques de décembre.
- Les Archipels, et son eau turquoise ! s’exclame le garde.
C’est au tour de Lucy de décider du chemin à prendre quand le couloir large se sépare. La bête surdouée a la même idée que Cassandra, et la compagnie se tourne vers l’ouest. Le fait d’évoquer la météo des îles inspire peut-être le félin. Il ne semble pas douter de ce choix.
Il n’y a plus personne devant leur groupe et Cassandra a l’impression qu’il n’y a plus qu’eux dans les alentours. Pourtant, elle a aperçu beaucoup de couples, de familles, d’amis et d’aventuriers, tout cela à la fois, s’étant invités dans l’antre de ce lieu énigmatique. Il n’y a pas de sage qui vous pose des devinettes à la croisée des trois chemins, mais on ne peut imaginer autant de subdivisions et d’allées à l’intérieur de la ville.
- Valérian a pensé que la labyrinthe glacé pouvait être l’attraction à visiter en premier lieu pour la surprise qui nous attend à la toute fin mais s’il n’est pas trop tard, je regarderai à quoi ressemble les sources chaudes de la cité. Pas certain que j’entre dans le bassin.
Les flocons de neige se transforment en grêle puis en gouttes de pluie. À leurs pieds, s’accroche de la boue mélange de blanc et de marron humide. Vont-ils tous tomber malades le lendemain ? Il faudra surveiller la température au levée. Elle voit Bridget Anilnam continuer tout droit et Valérian ne donne pas d’autre indication.
- En combien de temps pourrons-nous atteindre la sortie du labyrinthe ?
- Selon la rapidité de notre marche, le trajet peut prendre plus ou moins longtemps. Nous ne sommes tout de même pas obligés de presser le pas car avec notre sens de l’orientation collectif, nous devrions nous en sortir sans tourner en rond éternellement dans le terrain.
- Le chemin vers la sortie n’est-il pas toujours le même ? … Aie… mais que ?
La ministre s’essuie le nez rougi par le choc, un gros amas de neige s’est écrasé en plein milieu de son visage. Cela n’est pas le fruit du hasard, le tire était trop précis. Sans que le malin ait le temps de bouger d’un pouce, Bridget et Valérian ont déjà dégainé toute la panoplie de leur garnison pointue. Plissant les yeux, Cassandra découvre l’auteur. Un jeune être pas très grand et à la carrure peu développé rigole de son mauvais tour. Ils ne l’ont pas entendu s’approcher. Son rire s’arrête quand il regarde dans les détails les deux gardes en civil le viser de leurs lames. Ses joues s’affaissent, et il crie pour répéter à ses parents.
- Nous allons ramasser nos armes, du calme jeune enfant. Où sont tes parents ?, avance Valérian.
Cassandra se rappelle les informations du guide sur les fugues enfantines ayant lieu pendant le solstice. Elle se poste devant le gamin pour le tranquilliser avec une voix douce mais elle n’excuse pas ses compagnons, cela lui fera une petite leçon à garder sur son comportement. Elle s’agenouille ensuite à côté de lui.
- Donne-moi ta main, nous allons retrouver ton père ou ta mère. Où les as-tu perdus ? On peut retourner en arrière.
Un homme apparaît à travers le brouillard nocturne. Cassandra n’a pas besoin d’avancer bien loin avec le garçon.
- Oooh Benoit, tu vas bien, que lui avez-vous fait ? N’approchez plus de lui !
Cassandra lâche automatiquement la main de l’enfant qui court vers son père.
- Papa, j’ai eu peur, ils ont des grands couteaux magiques.
- Si vous avez fait du mal à mon fils, je vais moi-même sortir ma dague.
Il grimace furieux, le même air que Benoît quand il était satisfait d’avoir lancé la boule de neige, s’affichant sur son visage.
« Je... Oui, je le connais et j’aimerais le... »
Avant de finir ma réponse, je vois un petit flocon de neige tomber sur le bout de mon nez. Sans m’en rendre compte, je sombre d’un coup dans le sommeil, rattrapée de justesse par ma sœur à mes côtés. Je ne suis pas la seule à ainsi être victime de cette étrange magie.
Dans ce monde de rêve, tout est blanc. La neige continue de tomber à gros flocons. Je ne vois que la neige et le ciel d’une couleur similaire à celui du sol à perte de vue. Et puis d’un coup, des bâtiments se mettent à apparaitre ainsi qu’une foule moins compacte que celle de plus tôt ? Mais c’était quand plus tôt ? Je cligne de l’œil un instant avant de m’approcher d’une petite échoppe qui vient d’apparaitre. Je ne connais pas ce lieu enneigé, mais en même temps il me semble familier.
Une voix familière m’interpelle alors. Almassar ! Je vois enfin un visage que je suis certaine de connaître. Drôle d’endroit ? Ça il peut le dire ! Comment on s’est retrouvé ici ? Aucune idée, mes souvenirs sont tous étrangement flous et j’ai l’impression qu’on ne veut pas que je me rappelle. Je cherchais quelque chose... ou quelqu’un. Mais quoi ?
« Tu n’es pas le seul avec cette sensation bizarre... Je n’avais jamais vécu ça. J’ai l’impression que tous mes souvenirs sont flous et c’est... désagréable. »
Je regarde à nouveau les échoppes et les bâtiments que la neige commence à recouvrir de plus en plus. J’ai la sensation que la neige tombe de plus en plus fort, comme si on voulait nous faire partir de cet endroit où les gens nous ignorent. Nous sommes comme deux étrangers dans ce petit village enneigé. Je ne me sens pas à l’aise et je ne peux m’empêcher de venir prendre le bras de l’alchimiste comme pour essayer de me rassurer. Je sens alors que je le tiens, mais je n’arrive pas à sentir sa chaleur, comme s’il était là sans être là. Je fronce des sourcils, essayant alors de me rappeler ce que je faisais.
« Qu’est-ce que je faisais ?... J’étais en ta compagnie. On se promenait je crois. Je ne sais pas où, mais on se promenait. Il y avait d’autres personnes aussi. Et un... renard polaire... Un renard géant. »
Alors que je prononce ces mots, un renard polaire géant passe devant nous, traversant la foule. L’animal s’arrête un instant et tourne la tête dans notre direction, nous regardant en penchant la tête. Je le pointe alors du doigt.
« Oui, c’est lui ! Je le connais ! »
Sans plus attendre, je prends la main de mon ami et le tire derrière moi pour suivre le renard qui s’enfuit déjà entre les passants.
- Tu m’appelles comme tu veux, mon neptu’chevalier, avait joyeusement répondu Apolline. Par cristal de com’ ou missive aussi ; j’aime les relations épistolaires. Le SolCal s’en souvient, avait-elle ajouté en ricanant. Ah j’ai de la lecture pour toi mon chéri, mais on fera ptet ça ensemble la première fois. J’aime que mes jeunes soient accompagnés pour ce genre d’expérience.
Et puis, évidemment, une fois qu’ils avaient atteint le défilé des machines, Xarope avait rivé son attention sur le moulin. Qui pourrait effectivement, à l’humble avis de la trousse, tout à fait embellir le refuge de Fauve, et ne devait pas être si galère que cela à transporter. Ses pensées tourbillonnantes avaient cependant été ajournées devant celles plus urgentes entrainées par ses pulsions lubriques et, changeant à nouveau de sujet d’attention, elle s’était intéressée à cette remarquable jeune femme.
- Aucune idée, avait-elle alors négligemment répondu car elle était alors bien plus focalisée sur Marguerite que ce forgeron en mal de travail, mais apparemment son porteur avait aussi croisé celui-ci et en avait retenu davantage de données.
Présentement, l’âme artificielle observait avec amusement les badauds s’endormir brièvement sur place, un à un comme si une vague magique déferlait sur la Forteresse touchant et épargnant de manière semblant aléatoire les être présents. Heureusement, Xarope fit partie des rescapés de cet épisode étrange, ou bien ne se cassa-t-il pas la figure sous le coup du sommeil. C’était une des raisons pour lesquelles Apolline aimait vivre en Aryon : il se passait toujours quelque chose de distrayant, même si cela devait relever de l’absurde.
- Allons trouver tout ce beau monde ! embraya-t-elle sans s’inquiéter de vérifier si la jeune femme – Sia, d’après un nouveau venu pas si nouveau à en croire sa chevelure – leur emboitait le pas.
Ce qui, en l’occurrence, ne devait pas être le cas, comme le duo d’adulte se lançait à la poursuite d’un renard polaire se faufilant à travers la foule. Xarope et la trousse se dégagèrent de la foule de la Forge pour retrouver un passage un peu moins bondé, et tandis que les pas hasardeux de l’adolescent les menaient à la fois partout et nulle part, Apolline lui indiqua un duo griffonnant quelques indications sur ce qui semblait être une carte – et si du moins la narration avait bien lu et relu les chapitres précédents – entouré de charmants familiers.
- Eux ! indiqua avec espoir Apolline. Bien l’bonsoir les amoureux, apostropha-t-elle sans gêne l’homme et la femme. On cherche Marguerite, bibliothécaire, âge avancé, pourrait sortir d’un musée mais terriblement véloce pour une momie. Mais aussi une jolie jeune blonde au regard d’un vert concombre dont j’ai manqué le numéro cristallique. Un forgeron rouquin qui cherche à faire du bénévolat et se trimballerait un air fortement constipé. Et sa copine qui le cherche, qu’on a perdue, qui était avec un autre gars. Assurément ça prépare un plan à trois uhuhuhuh. M’enfin faut avouer qu’c’était une belle fleur !
Sautillant joyeusement sur l’épaule de Xarope, son attention se riva sur le lugnipus qui avait l’air tout à fait charmant et qui lui rappelait quelque peu K’awill dans l’écho innocent de parole humanisée qu’il lui semblait avoir perçu.
- Hé mais t’es tout feu tout flamme mon beau ! Absolument parfait pour briser la glace, ajouta-t-elle dans un rire. Alors, c’est le premier rencard ou bien vous avez déjà de croustillantes histoires à raconter à l’écrivaine A. Poal ?
Frey écouta la réponse de Jaina d'un air légèrement distrait, laissant ses doigts parcourir lentement la fourrure de Cobalt comme pour s'imprégner du toucher soyeux et apaisant de la bête. C'était quand même étrange de l'avoir en face de soi, se laissant caresser, alors que cette espèce était un prédateur redoutable dans la nature. Le rôdeur comprit son erreur quand Jaina la lui exposa, à savoir qu'il avait bien devant lui une bête apprivoisée et qui n'avait pas vraiment connu les nécessités d'une survie en zone sauvage avec une meute. Oui, ça faisait sens en même temps avec ce qu'elle lui disait, mais dans le fond Frey ressentait un léger désarroi, comme si c'était un peu triste qu'il n'ait jamais connu que le contact des humains. Cette pensée le dérangeait. Il était sûrement très heureux avec sa propriétaire, mais le forestier ne pouvait s'empêcher d'avoir des pensées conflictuelles à ce propos.
La dernière remarque du loup le fit revenir à l'instant présent. Frey remarqua le sourire de Jaina et il devina la naïveté de la réflexion de l'animal. Il tapota le haut de son flanc comme pour appuyer ses propos.
Il avait aussi deviné que la réponse de Jaina frôlait des sujets probablement sensibles, sûrement liés à la remontrance qu'elle lui avait faite tout à l'heure, alors il laissa passer quelques instants, hésitant quant à s'il rebondissait sur ce sujet ou pas.
Il haussa les épaules. Par trucs il entendait les livres et autres supports écrits, mais il ne saisissait pas forcément que tout le monde n'avait pas la mémoire aussi facile. C'était une des premières choses qu'il intimait : ouvrir les yeux et regarder. Certains trouvaient ce conseil bête, mais c'était la première étape pour comprendre. Mais bon, enseigner n'était pas sa spécialité, c'était quand même rare.
Bâillant sans retenue, une soudaine fatigue sembla lui tomber dessus.
Il n'eut pas le temps de terminer sa question que sa tête tangua dangereusement alors que ses yeux se fermaient. Une sorte de vertige où il se vit un instant parcourir les étendues neigeuses, survoler les pics et les cimes, passer à travers les branchages des sapins dans cette forme brumeuse et immatérielle qu'il n'était désormais plus capable de revêtir. Il se sentait attiré par une force, là-bas loin au nord. Un besoin impérieux de passer la frontière, de retourner visiter ces vastes landes gelées et solitaires où des mystères reculés vivaient encore. Un besoin urgent.
Il sursauta, rouvrant les yeux alors qu'il prenait une grande inspiration d'air frais pour le réveiller. Il avait fait une sorte de chute de tension ? Il cligna une ou deux fois des yeux, comme pour retrouver ses esprits sans trop savoir ce qu'il se passait. Un instant, il avait eu une déconnexion où il avait tangué dangereusement et là encore il ne paraissait pas tout à fait stable, presque déboussolé. Heureusement qu'il était assis.
C'est à ce moment des plus inopportuns qu'une apparition des plus singulières survint : un enfant avec des traits de neptuchien se présenta à eux, ayant sur l'épaule une sorte de trousse qui se tortillait en même temps que... Qu'elle parlait ? Frey fut complètement pris au dépourvu, n'ayant jamais croisé d'objets capables de parler et ses neurones émergeant encore du brouillard dans lequel il venait de sombrer. Autour d'eux, quelques personnes semblaient aussi s'être endormies. Un peu d'adrénaline dans son sang le réveilla bien plus rapidement que prévu, mais de ce genre de réveil trop intenses qui laissent un mauvais rythme sur le cœur. Ses instincts se désengourdissaient maintenant et lui criaient soudain que quelque chose n'allait pas, mais alors pas du tout. Qu'est-ce qu'il venait de se passer, qu'est-ce que c'était que ce truc ? La tension tendit subrepticement ses muscles alors qu'il dévisageait ce numéro de cirque, avant de jeter un coup d’œil inquiet à Jaina, à la fois pour savoir si elle se sentait comme lui et à la fois pour se rassurer par la seule présence familière actuelle.
Son ton avait changé, il y avait dedans l'inquiétude de quelqu'un qui ne maîtrise soudain plus rien. Il amorça à demi un mouvement pour changer de position et être mieux capable de réagir si jamais. Mais il se sentait encore groggy, comme si on avait mis quelque chose dans ses brochettes de poisson.
Ses yeux ne quittait pas la trousse qui se tortillait. Ça n'avait aucun sens.
Festival du solstice
Des gens, un revenant & Leffe
C'est vrai. Tu n’avais pas eu à le faire et tu t’en sentais d’autant plus désoler pour Fauve. Personne ne méritait ça. Mais il n’avait pas tort, tu finissais par croire que Lucy vous en voulait, sinon pourquoi le destin s’acharnerait autant, hein ? Tu fermas les yeux. Que dirait ta mère en vous voyant ? Elle n’était pas la plus croyante au monde, mais ne tolérait pas que tu te montres irrespectueux envers Lucy dans ta jeunesse. Quand il commence à parler de sa propre expérience tu restes silencieux. Ça devait être horrible de ne pas savoir qui détester... Toi, tes cauchemars avaient un visage avec les kerberus et sa meute, mais Fauve ? Il n’avait rien... rien d’autre que Lucy et lui à haïr. Tu seras les poings. Tu te redressas après une dernière caresse pour Soly. Ta main vint s’écraser sur l’épaule de ton ami pour l’attirer à toi. Tu le gardas quelques secondes contre toi, avant de le lâcher.
”Ouais sortons d’ici et allons boire un verre.” Tu avais besoin de quelque chose de fort là, de suite. Tu allais te remettre en route quand quelques flocons se posèrent sur ton visage et plus particulièrement ton nez. Tu t’accrochas à Fauve alors que tu commençais à piquer du nez. Tu retins un bâillement, ouvris la bouche pour dire quelque chose pour finalement t’effondrer aux pieds de ton ami dans un ronflement sonore.
Encore une fois tu rêvais d’un paysage enneigé, mais contrairement à tes habituels cauchemars, il n’y avait aucun corps ensanglanté dans la neige, aucune créature dévorant tes amis... Non, tout était paisible et il y avait même des gens qui s’amusaient. Tu te laissas tomber dans la poudreuse, fermant les yeux profitant de cet instant paisible.
Tu te réveillas quelques minutes plus tard, complètement en forme sur un maître-chien paniqué en train de prendre ton pouls.
”Qu’est-ce que quoi?” Tu clignas des yeux en regardant le visage inquiet de ton ami. ”Fauve ? M'suis endormi ?” C’était drôle ça... Et surprenant puisque tu ne t’endormais pas si facilement et surtout pas comme ça dans la neige alors que tu parlais avec quelqu’un.
Libre
Autour de Nevaeh, les gens endormis se réveillaient. Mais elle était si bien dans ce rêve, elle ne voulait pas se réveiller. Un sentier de pierre serpentait entre des plaines enneigées. Elle suivait le chemin qui semblait sans fin. C'était si calme sans personne en vue. Elle continua d'avancer sous le ciel de nuit. Au loin, sur une colline, un joli chalet en bois. Elle pouvait voir une cheminée et de la fumée y sortir. Elle avait envie de s'y rendre. Plus elle avança, plus son petit monde commença à s'effacer et la réalité la rattrapait. Elle ne pouvait pas croire qu'elle s'était endormie ! Elle n'était pas sûre combien de temps s'était écoulé, mais elle n'avait pas l'impression que ça faisait longtemps. La lune était encore bien haute dans le ciel et son mal de tête était encore présent.
Ne voulant pas rester assise dans la neige, elle se releva à difficulté. Il était temps de partir. Elle aurait voulu rencontrer un ingénieur et discuter de son projet, mais il était temps de trouver un endroit pour dormir. Il devait sûrement avoir une auberge près. Encore un peu instable sur ses jambes, elle se concentra sur le sol pour ne pas glisser sur de la glace. Elle avait encore de la neige collée sur ses vêtements et un frisson lui parcouru le dos. Un plaid aurait bien été apprécié pour se réchauffer davantage.
Elle s'aida à marcher en s'appuyant sur les murs. Sa main resta suspendue au-dessus de son sac. Son bandeau était si près. Elle pouvait s'éviter un mal de tête plus long. Mais elle ne pouvait pas se permettre de porter ce morceau de tissu. Un objet signature d'une vie d'autrefois. Alors elle continua d'avancer en essayant d'ignorer le monde autour.
Regardant à droite à gauche, nulle trace de la forgeronne. Une masse de gens l'entoure, et il n'a qu'une vague idée de l'endroit où ils se sont séparés. Redressant le regard sur les toits, il n'est salué que par les épaisses couches de neige et les statues de glace fabriquées pour l'occasion, trônant telles des gargouilles du froid éternel. Soupirant, l'homme commence à remonter la foule à contre-courant. A rechercher les compagnons perdus dans sa hâte de profiter des merveilles de l'ingénierie. La chose n'est pas facile, surtout qu'il tente toujours de faire sens de ce qu'il s'est passé dans cette poignée de minutes qui ne semble avoir été qu'un instant. Tout le monde semble normal ou presque, ce qui ne manque pas d'enflammer l'imagination du chercheur sur le phénomène venant de se passer.
Un choc avec quelqu'un de pressé qui l'a envoyé quelques instants dans le monde des songes ? Peu probable, il se serait étalé par terre. De la magie ? Possible, mais en ce cas, pourquoi si peu de monde semble avoir été touché par ce phénomène ? Tant de questions qui en rajoutent à cette couche d'incompréhension, enserre l'esprit dans un plaid certes chaud, mais empli de doutes, dont il ne pourra en éliminer certain qu'aux retrouvailles avec Sia.
Cette dernière finit par apparaître durant quelques instants, immobile. Jouant des épaules pour la rejoindre, Almassar vient directement poser sa main sur son épaule pour signaler sa présence, prenant rapidement la parole pour éviter de se prendre une manchette défensive perdue.
-"Sia ? Rassure moi, toi aussi tu as été transportée dans cette dimension étrange ? Je ne suis pas le seul et je ne suis pas fou ?"
Une certaine inquiétude vient pondre dans sa voix, alors qu'il détaille de bas en haut le petit groupe, à la recherche d'un signe, du fait qu'il n'a pas juste été le seul à vivre ce phénomène, ce qui voudrait annoncer de bien funestes choses. N'ayant pas eut conscience de la présence de la trousse enchantée et de son partenaire, il n'a absolument aucune idée de ce qu'il s'est dit peu auparavant, finissant par pousser un soupir en reprenant peu à peu consistance.
-"Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais je dois dire que ça m'a coupé l'envie de rester ici. Si vous souhaitez continuer d'en profiter, libre à vous, on pourra toujours se retrouver ailleurs ou une prochaine fois."
Après, a-il vraiment envie de se faire emporter dans la quête de la forgeronne pour retrouver son maître perdu ? Difficile à dire. Enfin, si elle demande de l'aide, il dira surement pas non.
En parlant de ce dernier, il vient nous retrouver, l'air aussi perdu que moi et presque inquiet. Quand il me pose sa question, je hoche doucement de la tête. Oui, je me rappelle cet étrange événement et je suis certaine qu'il était en ma compagnie. Tout ceci n'était pas qu'un rêve, ou plutôt, il s'agissait d'un rêve collectif. Une étrange magie a dû nous frapper, mais j'ignore laquelle. L'enchanteur annonce alors qu'il n'a plus trop envie de rester ici. Il faut dire qu'après une telle vision et la sensation d'avoir ainsi l'esprit manipulé donne l'envie d'aller s'enrouler confortablement dans un bon plaid au coin d'un bon feu de cheminée.
« Je comprends... C'était agréable de te voir ici et j'espère que l'on se recroisera rapidement pour de nos petits projets. »
Je souris à l'enchanteur avant de me tourner vers mon ami armurier et ma sœur. Je les adore, mais j'ai une autre personne à retrouver.
« J'adorerais passer le reste du Solstice et du Festival en votre compagnie, mais... Je dois retrouver quelqu'un. Je suis venue avec Lyle et je dois le retrouver pour lui parler. Donc je vais aller le chercher à travers cette foule. »
Je fais un rapide signe à tout le monde avant de commencer à avancer. Je suis rapidement rattrapée par Adam qui vient se poster devant moi. Il articule difficilement quelques mots, mais me fait comprendre qu'il peut m'aider à le retrouver avec son odorat. Ma sœur le suit et vient s'accrocher à mon bras avant de lâcher timidement quelques mots. Je comprends vaguement qu'elle n'aime pas cette idée, mais qu'elle veut bien m'aider à le retrouver si c'est ce que j'ai envie de faire. Je les remercie intérieurement avant de me tourner à nouveau vers l'enchanteur.
« Tu veux venir avec nous ? Si tu n'as pas envie, je comprends. Sinon, j'aimerais te présenter mon maître. Je suis sûre que tu pourrais avoir des discussions intéressantes avec lui, et il a un niveau bien plus élevé que le mien si un jour tu as besoin d'équipement ou d'un bon forgeron... »
À vrai dire, je n'ai pas très envie de me séparer de mon ami et j'ai bien envie de présenter tout ce petit monde à mon ronchon de maître. J'ai envie de profiter de ce Solstice en sa compagnie, mais j'ai aussi envie qu'il apprenne à se sociabiliser avec d'autres, lentement le faire sortir de son triste monde pour qu'il partage un peu plus le mien.
Pourquoi ces choses arrivent quand je ne suis pas en uniforme ? Car j’ai l’impression qu’en l’espace de quelques secondes, la situation s’est drôlement empirée. Devons nous rappeler les faits que cet enfant à “ attaquer “ la Ministre de la Justice avec un projectile ? La méfiance pourrait me faire croire que cette soi-disante farce n’était qu’un coup monté de toute pièce. Mais je ne souhaite pas voir le mal partout. L’enfant a peut-être juste voulu s’amuser et il est tombé sur la mauvaise personne.
- Elle m’a menacé celle-là
L’enfant me pointe outrageusement le doigt. Par chance, Lucy reste dans son coin et ne se manifeste pas. Je lui intime par message télépathique de ne pas bouger sinon ça risque de mal finir.
- Qu’avez-vous fait. Vous êtes des enchanteurs, vous brutalisez les enfants ? Ca vous amuse.
Le mari s’emporte alors que sa femme, derrière, essaye de poser une main réconfortante sur le bras. Elle venait d’arriver après voir entendu les bruits.
- Je n'en ai plus qu’assez de ces voyous. Ils sont propres sur eux et font leur expérience sur nos enfants. La garde ne fait jamais rien.
- Elle m’a fait peur, papa…
Le père lâche son fils et essaye de sortir sa dague de sous le manteau.
- Vous faites un pas de plus Monsieur et ça risque d’être compliqué pour vous.
J’avais pris une voix autoritaire et machinalement, Valérian se place devant la Ministre pour la protéger.
- Vous ne me faites pas peur !
Je souffle d'exaspération. M’attaquer aux civils, c’était toujours une mince affaire. Entre les violences policières et j’en passe, le garde avait toujours des problèmes car un tiers n’avait pas compris la scène.
- Je vais donc me présenter. Lieutenant Alnilnam et voici Dame Heydell, la ministre de la Justice. Je vous somme de ranger cette arme.
- Et moi je suis le roi d’Aryon bien sûr !
J’avais utilisé mon vrai titre pour marquer un peu plus les esprits même si actuellement, je suis rétrogradée mais l’effet n’a pas abouti et l’homme finit par sortir sa dague pour foncer sur moi. Machinalement, j’active mes avants-bras magiques et deux lames sortent des fourreaux. Elles me permettront de me protéger. Je dévie la lame en m’aidant de la vitesse de sa course et attrape son poignet à mon niveau pour effectuer une torsion précise. Bien entendu, ce n’était pas sans douleur mais il l’avait cherché. Me plaçant derrière lui, l’autre paume contre son omoplate, j’immobilise son bras et plaque son buste face contre le sol.
- Je vous avais dit de ne pas nous attaquer. Dame Heydell, que voulez-vous faire ?
- Pitié, relâchez- moi !
- Attaque à mains armées sur une personne représentant la loi est un délit, mon cher monsieur. De plus, vous avez fait aggravé car nous avons un membre du gouvernement. Donc, plaidez-vous coupable. Oui ou non ?
-"Oh pour tes petits projets, aucun doute que nous allons rapidement nous recroiser. Tu peux toujours me contacter de toute façon"
Puis elle se détourne en expliquant qu'elle doit retrouver quelqu'un. Le nom titille quelques neurones de l'enchanteur sans remettre réellement le doigt dessus. Ça semble néanmoins lui être important, assez pour se lancer dans une quête perdue d'avance, et seule qui plus est. Cette simple constatation arrache la curiosité d'Almassar qui se demande bien qui peut compter autant pour la demoiselle. Adam et Sio n'hésitent pas à lui emboiter le pas. Il est vrai que seule, elle risque de ne jamais retrouver sa cible, au milieu d'une telle masse. Se frottant la joue et toujours un peu perdu, l'homme ne sait pas quoi faire, ses pupilles s'éloignant de la situation pour se perdre sur ses propres rivages. C'est finalement la voix de la forgeronne qui, une fois de plus, le fait revenir au monde terrestre. Haussant les épaules avec un petit sourire, il s'avance pour rejoindre ce petit groupe.
-"Eh bien pourquoi pas. Je suis curieux de rencontrer ton fameux maître, surtout que c'est le seul dont j'ai entendu parler qui se retrouve à se faire rechercher par son apprentie et non l'inverse."
En quelques pas il rejoint le petit groupe qui commence déjà à se mettre en route, rejoignant la rue principale avant de laisser l'odorat d'Adam faire la suite. A vrai dire, l'enchanteur ne sait pas vraiment comment il fait avec l'odeur de tant de monde, de tant de produits aux alentours. Mais si il y arrive, il ne va pas se plaindre, surtout que ça semble vraiment tenir à cœur à Sia de retrouver son tuteur. Hésitant à poser la question qui fâche et qui lui brule les lèvres, l'homme remonte plutôt au niveau de son amie, évitant au passage la dragonne qui ne semble plus la lâcher depuis cette déclaration.
-"Et pour en revenir aux bons forgerons, je dois dire que si c'est le fameux maître qui n'aime pas l'utilisation de la magie et des enchantements, cela risque d'être compliqué. Si jamais je dois me fournir à un artisan, l'objet va clairement finir enchanté jusqu’à ne plus ressembler à rien de son aspect initial. Mais on verra, pour quand je ferais mon atelier portatif, ce qui ne risque de pas trop trainer."
Et il aurait été capable de continuer à un moment, mais pour une fois, Almassar se rend compte qu'il parle trop, trop vite, et préfère simplement se faire pour laisser la forgeronne s'exprimer. Après tout, elle voudra peut être parler de ce qui lui pèse ainsi, ou juste d'autre chose.
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