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Sur le moment ça paraissait être une bonne idée mais, en réalité, il avait été idiot et aurait dû se douter de ce qui allait suivre. Cobalt se mit à lui expliquer plein de trucs qu'il n'était peut-être - très probablement, en fait - pas censé lui raconter en termes de détails intimes de la vie de sa maîtresse. Il y eu un petit instant de panique mentale où Frey était à la fois gêné par ce qu'il apprenait et dans le malaise que Jaina n'entende leur conversation. Toutefois, même par réflexe on ne prend pas facilement la décision de tenter d'étouffer la parole d'un loup géant en lui entourant les babines des mains, ce que ne fit bien entendu pas le rôdeur. Il tenta de lui faire comprendre par des signes exagérés du regard mais le lugnipus était bien trop sincère et enthousiaste dans sa volonté de veiller sur sa maîtresse pour qu'il comprenne les étranges singeries de cet humain.
Mais ce qui devait arriver arriva et Frey dut faire un grand effort pour ne pas avoir lui-même une expression similaire à celle de Cobalt lorsqu'il avait fait la bêtise de traverser la table tout à l'heure. Il y eu un instant de suspense un peu malaisant où Frey ne sut trop où se placer et il se redressa, un peu penaud, voyant bien que Jaina n'appréciait vraiment pas la situation. Il crut un instant que cela allait signer la fin de leur discussion temporaire, tentant maladroitement de justifier quelque chose.
La suite le surprit un petit peu alors qu'il s'était attendu à se faire jeter et il se dit qu'il aurait été peut être plus honnête de sa part de simplement lui demander si tout allait bien quand ils étaient encore à table, point barre. N'osant pas refuser la balle de Cobalt, il la prit entre les doigts de sa main droite, un peu maladroit, ne sachant trop quoi répondre durant un instant.
Il venait de faire ce qu'il détestait qu'on lui fasse : fouiller dans ses affaires personnelles.
Un danger. Il se sentait bête maintenant à dire ça comme ça. Ils n'étaient pas en pleine nature avec des ours-hibou hibernant dans des grottes et sortant de temps en temps pour croquer un voyageur opportun.
Reprenant doucement la marche, Frey était encore un peu gêné et ne voulait pas imposer un malaise par sa présence. Il lança machinalement la balle de Cobalt un peu plus loin sur un coin de neige, provoquant bien malgré lui la folle course du familier qui était aussi efficace qu'une déneigeuse pour creuser un sillon dans la neige. Le rôdeur pouvait constater sans mal que les appuis de la bête étaient puissants et il fit hurler les enfants qui jouaient avec leur traineau un peu plus loin. Des cris à mi-chemin entre l'enchantement de voir un gros chien énorme jouer et la terreur de voir un énorme monstre foncer dans la neige non loin d'eux. Ils s’enfuirent en hurlant et en abandonnant la luge.
Quand Cobalt revint, il s'ébroua et il envoya valser des flocons de neige partout. Les cristaux sur sa fourrure scintillaient comme une nuit étoilée.
Il ne fallut pas longtemps pour que Frey glisse de nouveau vers un état où sa santé mentale fondait comme neige au soleil face à cette énorme bête dangereuse et beaucoup trop mignonne. S'il s'écoutait, il se transformerait là tout de suite en mist pour faire la course avec le gros loup. Tentant de récupérer la balle, il fut néanmoins en compétition avec la force de la bête énorme qui ne voulait pas lâcher, jouant en grognant de plaisir. Frey se faisait presque trainer en avant tellement elle était puissante.
Il finit par la récupérer, pleine de bave entre ses doigts.
Comme si elles avaient compris qu'il parlait d'elles, elle frétillèrent un instant.
Il se rendit soudainement compte qu'il n'en savait rien, et la chose le perturbait.
Frottant doucement sa main contre son front avant de la glisser sous sa mèche rebelle qui se retrouva plaquée sur son crâne dans le mouvement, Jaina vint finalement faire pression derrière sa nuque lâchant par la même occasion un soupir.
« Ne t’excuse pas. Ce n’est pas ta faute. Je sais que tu ne pensais pas à mal et que Cobalt s’inquiète simplement pour moi. Mais tu as raison, n’en parlons plus. »
Elle laissa finalement tomber mollement sa main contre sa hanche alors qu’il reprise leur marche, mais cette fois-ci dans le silence. Heureusement que Cobalt était présent pour amoindrir le malaise naissant entre les deux, parce qu’il était clair comme de l’eau de roche que tous les deux ne savaient pas comment redémarrer leur discussion. Peut-être c’était mieux ainsi? Cela allait peut-être revenir de par lui-même et forcer les choses n’était jamais une bonne idée.
* Cobalt, fait attention. Il y a des enfants qui jouent dans les environs. Je n’ai pas envie de me retrouver avec des plaintes de parents…* lui dit-elle en usant de la télépathie.
* Faire attention promit! * répondit-il, d’un ton bien trop joyeux.
Au moins, il y en avait qui s’amusait réellement même s’il était l’élément déclencheur de tout cela.
« J’imagine qu’elles peuvent oui, celles que l’on retrouve dans la nature à l’état sauvage doivent pondre. Mais pour ce qui était de Plue j’ai trouvé un petit œuf bleu dans une petite forêt et on m’a donné en cadeau l’œuf de Yétie lorsque j’ai adopté Elune. »
Prise de réflexion, Jaina vint poser son index et son pouce contre son menton alors qu’elle plissa doucement les paupières.
« Enfin, les animaux ont quand même leur méthode de reproduction classique à leur spécimen. Seulement, les œufs de familiers sont différents. On ne sait pas d’où ils viennent. »
Pendant ce temps, le grand loup fixait intensément la balle qui ne lui avait été relancée et pourtant Lucy seule sait comment il n’attendait que cela. Son regard était fixé sur l’objet de ses désirs et il trépignait presque d’impatience.
« BALLE! finit-il par dire en faisant sursauter Jaina qui ne s’était pas attendu à cela.
- Pardon? Demanda-t-elle sur un ton de reproche.
- Lancer balle! Cobalt veut balle.
- C'est pas comme ça qu'on...»
Et sans attendre les indications de l’aventurière, Cobalt sauta alors sur le pauvre forestier dans l’intention de récupérer sa balle. Le poids de la bête et le sol glissant n’aidèrent pas ce dernier qui chuta vers l’arrière emporté par le mouvement. Évidemment, tout cela pour une pauvre balle…
« T’es pas croyable, Cobalt! On ne saute pas sur les gens comme ça! » dit-elle en attrapant le loup par derrière et sous les pattes avant pour essayer de l’enlever.
Évidemment le loup se tortilla et échappa à l’emprise de l’argenté non sans conséquence. Jaina perdit pied s’écrasant sur le pauvre Frey qui s’en était déjà bien pris la poire à cause du canidé. Heureusement, elle était tombée légèrement de travers empêchant ainsi une collision frontale. Cela aurait pu finir dans une situation bien plus embarrassante que celle-ci.
Les joues légèrement rougies par l’embarras, Jaina s’excusa rapidement et vérifia son état avant de rouler sur le côté et de s’asseoir. Le lugnipus était devant eux en position de jeu avec les fesses relevées alors que son torse était penché vers l’avant frottant même le sol. Jaina attrapa de la neige à ses côtés et forma une belle boule.
« Tu veux jouer? Et bien tien! » Finit-elle en lui balançant une boule de neige entre les deux yeux.
Secouant son pelage et légèrement surpris, le lugnipus se redressa alors que Jaina préparait de nouveau une boule, mais qui fut cette fois-ci esquivé d’un bon sur le côté.
« Tu viens de déclencher les hostilités! »
C'était la guerre et elle espérait simplement qu'il n'y aille pas de dommages collatéraux.
Je balayai brièvement la neige sur le sol avec ma queue, alors que nous arrivions enfin au banquet. Un attroupement de civils s’était tourné vers les tables garnies de nourriture en tout genre. Je voyais principalement des formes mouvantes, mais les différentes odeurs provenaient d’un point précis. Les oreilles droites, je trottinais vers Sia, dans cette forme, il faudrait certainement que l’on m’apporte les plats. Je doutais que l’on me laisse approcher dans cette forme. J’attendis patiemment en retrait, profitant de ce temps de pause pour occuper le gamin à mes côtés.
Celui-ci descendit de mes épaules, faisant rouler dans ses mains, la neige ayant été épargnée. Je m’éloignai davantage de la foule pour que nous nous retrouvions dans un coin isolé. C’était idéal pour que ses petites créations ne se fassent pas piétiner. Et avec l’avantage de ma grande taille, ils n’auraient aucun problème à nous retrouver.
Du bout du museau, je poussai la neige en direction de l’enfant afin que celui-ci ait davantage de matière. De mon côté, je pouvais difficilement l’aider plus dans cette forme. Mais je voulais également m’éviter des souffrances inutiles en revenant à ma forme initiale. Avec mes pattes, je tentais de modeler la forme d’une boule-de-neige sans tout détruire. Bientôt, une forme un peu bancale se dessina sous nos yeux, et notre bonhomme de neige fut enfin créé.
Mes oreilles se dressèrent subitement lorsque j’entendis la voix fluette d’une petite fille.
« Regarde maman un gros chien ! »
Mes oreilles s’aplatirent sur mon crâne. J’avais voulu opter pour une forme dangereuse, et il fallait croire que cela ne suffisait pas et que je n’étais au final devenu qu’une grosse peluche. Au moins l’avantage, c’est que je n’effrayais pas les enfants.
« Je peux aller jouer moi aussi ? »
J’aperçus la silhouette de l’enfant s’approcher de moi joyeusement. Supposant que la mère ne resterait pas très loin, tandis que je devenais peu à peu l’attraction des enfants aux alentours. L’enfant à la chaussette s’accrocha à mon cou possessif. Visiblement peu partageur, et moi, légèrement dépassé, je me laissai manipuler sans trop savoir où me mettre, suppliant mon amie de revenir au plus vite.
Une boule-de-neige s’écrasa sur mon museau, et en un rien de temps, j’étais entouré de quelques espiègles gamins. Je tournai la tête dans tous les sens en essayant d’en placer une difficilement sans parvenir à avoir leur attention, tandis qu’une autre boule s’écrasa sur ma figure. Bientôt, ce fut la guerre, les enfants se jetaient de la neige dessus, alors que mon corps servait de rempart à ceux qui souhaitaient un abri de leurs assaillants.
« Siaaa… Counai-je. »
Etant pratiquante à cette fameuse attraction depuis maintenant des années, je retrouve très facilement mes marques pour viser les différentes cibles. Tour à tour, je fais mouche et mon projectile arrive en plein centre au désespoir de l’animateur. J’étais venue pour gagner la merveilleuse récompense. Ma mère adorait ce petit souvenir que je lui amenait généralement quelques jours après. Elle faisait toujours un heureux dans le quartier. C’était elle qui se débrouille pour choisir l’heureux gagnant dans l’histoire mais c’était un petit rituel qui s’est imposé depuis que je faisais partie du régiment du Blizzard.
Ici pas besoin de neige magique pour faire tomber les flocons et après avoir remporté mon prix, je finis par descendre par la machine. Des enfants s’amusent à faire une bataille de boules de neige. Quittant le stand, je jouais avec la neige qui se trouvait sous mes bottes. Faisant quelques pas à gauche puis à droite, je faisais en sorte de faire un petit dessin. Bien entendu, Lucy, mon catosorus s’amusait à effacer mes traces.
- Ça te dit le labyrinthe glacé ?
Lucy sauta de joie.
- Bon allons-y alors !
Direction la grande place pour trouver notre bonheur alors.
C'est accompagnée de l'enchanteur que je m'approche des tablées déjà bien envahies par la foule. Sous cette forme de renard géant, Adam ne peut pas nous suivre. Je laisse Sio nous frayer un chemin avec sa carrure de géante, souriant au renard. Je dois me débrouiller pour lui apporter à manger. Une fois notre place faite, je lâche enfin Almassar pour me prendre une assiette, ainsi qu'une en plus pour Adam. Je récupère un peu de tout, dressant rapidement des assiettes qui tiennent plus de la montagne de nourriture qu'autre chose. J'ai préféré récupérer des choses faciles à mâcher pour un canidé, sinon mon amine pourra pas profiter de la nourriture comme il souhaite. J'évite aussi tout ce qui est trop sucré, peu sûre qu'il puisse digérer cela correctement avec cette forme.
J'abandonne un instant l'enchanteur et ma sœur, essayant de retrouver l'armurier. C'est avec difficulté que je me fraye à nouveau un chemin alors que la foule se presse vers la nourriture. Après une bataille compliquée et dangereuse pour mes petites montagnes de nourriture qui doivent rester en équilibre, je retrouve mon renard polaire géant embarqué dans une bataille de boules de neige. Je ne peux m'empêcher de pouffer un rire en voyant cette scène, le pauvre Adam m'appelant en couinant. Même sous cette forme, il reste le garçon peureux et timide qu'il est. J'esquisse un sourire et essaye de l'appeler doucement.
« Adam ! »
Je l'appelle à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'au milieu des cris d'enfants il perçoit ma voix. Quand son regard rencontre le mien, j'ai l'impression de voir un éclat de délivrance dedans. Je pouffe à nouveau un rire. Je lui montre alors nos assiettes et il semble essayer de ramper pour s'échapper de cette scène de guerre enneigée. Je m'approche de lui et le laisse se saisir de son assiette tout en mettant la mienne en équilibre sur son dos. Je me penche vers lui et vient lui souffler doucement à une oreille.
« Essaye de protéger notre nourriture et de nous trouver un endroit calme, je fais diversion. »
Dès que ma nourriture est en sécurité avec le renard, je me tourne vers les enfants. Je prends de la neige dans une main et en lance en direction d'un des camps, puis j'en forme rapidement une seconde pour la lancer en direction de l'autre camp. Avec un rire, je me mets à jouer avec les enfants qui se vengent, mais ne visent pas aussi bien que moi. Des passants se font rapidement entrainés dans cette bataille et des adultes se mettent à jouer autant que les enfants. Dès que l'attention n'est plus tournée vers moi, je viens récupérer l'enfant à la chaussette et m'enfuis plus au moins discrètement pour retrouver Adam. Ce dernier a réussi à nous trouver une place près d'un banc et à la garder.
« Merci Adam ! »
Je viens installer l'enfant sur le banc, récupère nos assiettes, posant celle de mon ami à terre pour qu'il puisse manger, et je m'installe à côté de l'enfant pour commencer à manger. J'ai beau avoir passé à un bon moment, avoir trouvé des amis et ma sœur, avoir pu rire et trouver de la bonne nourriture, un goût amer reste dans ma bouche. Je partage un peu de ma nourriture avec l'enfant, essayant de chasser ce sentiment qui vient étreindre mon cœur. Je passe sûrement le meilleur Solstice que j'ai pu avoir, mais pourtant... Pourtant, mes pensées me ramènent aux mots durs que j'ai donnés à Lyle. Je sais que j'ai eu raison de m'énerver, mais pas d'être aussi méchante, et je m'en veux terriblement.
« Grande sœur est triste... »
La petite voix de l'enfant me sort de mes pensées, sa petite main tirant sur mon vêtement. Je lui souris et caresse doucement sa tête, essayant d'afficher un visage plus serein.
Cela fit sourire Arthorias qui regrettait cela dit de ne pas avoir apporté de casque. Et alors que le doigt de Lunarya venait effleurer sa joue, déclenchant bien malgré lui quelques rougeurs.
-Hum... Merci ?
Dit il, un peu gêné de cet élan si soudain de proximité. Bien que cela ne le dérangeait pas vraiment, c'était si inattendu, qu'il manqua presque de faire un pas en arrière.
Fort heureusement, rien de cela ne survint et une fois suffisamment ravitaillés, les deux purent aller gaiement jusqu'à l'attraction, pour le moment, il n'y avait pas encore trop de monde.
Prenant un petit pain au fromage, le blond mordit dedans avant de regarder son amante, pointant la grande tour avec un sourire.
-Tu pense pouvoir réussir à monter sans qu'on se perde ? Même un entrainement de garde royal ne saurait te prémunir contre un labyrinthe.
Pire encore, un dédale transparent, renfermant peut être quelques surprises.
- Mon entrainement n'a rien à voir la dedans. Pour une fois, Haku va être utile. Après tout, c'est un mist et il a une excellente mémoire, alors il saura nous guider pour le retour, pas vrai ?
Mon regard se tourne vers le mist esprit qui blêmit sous mon regard, ayant pris l'habitude d'être relativement oublié jusque là.
"Euh... Tu m'en demandes beaucoup là !"
- Là, il est tout à fait d'accord. Il va se concentrer très fort et nous sortira de là en un clin d'oeil, donc on sera jamais vraiment perdu. On va juste grandement galérer à trouver le chemin vers le sommet. Mais là encore, il nous dira si jamais on tente plusieurs fois le même chemin.
"Ah mais carrément."
- Pour une fois qu'il peut être utile, je suis sûre qu'il ne nous décevra pas !
"Je te déteste... Mais tellement..."
Souriant toujours, je continue mon avancée jusqu'à finalement m'enfoncer au travers des murs de glace, faisant courir ma main contre un mur tout en gardant celle de mon amant dans l'autre, avançant sans vraiment faire attention, me retournant régulièrement pour voir le visage du blond qui semble beaucoup moins rassuré que moi. Ou plus prudent ?
Et au moment ou je me me tourne, mon front heurte bêtement un mur transparent, me laissant échapper une petite exclamation de douleur et tremblant suffisamment pour faire tomber du haut de celui ci un peu de poudreuse venant s'écraser sur ma tête.
La double peine. Enfaite non. La triple, voire quadruple, parce que les deux êtres qui m'accompagne sont déjà entrain de se moquer. Et si l'un est immatériel, l'autre quand à lui à le droit aux restes de poudreuses dans sa tête.
"Ça t'apprendra à faire l'idiote !"
Et sous le commentaire du mist, je lâche finalement la main du capitaine, me penche et ramasse de la poudreuse pour l'envoyer sur l'esprit, même si ça le traverse consciencieusement avant d'atterrir sur quelqu'un d'autre...
- Oups ! Pardon ! C'était pas pour vous. Désolé...
Non mais c'est sur que là, soit je passe une véritable menteuse, soit pour une très très mauvaise tireuse de boule de neige...
Il eut tout juste le temps de percevoir cette énorme masse noire et bien trop excitée se jeter sur lui pour venir le percuter dans un bond puissant. Entamant un mouvement réflexe de recul, il finit par perdre l'équilibre en même temps que le loup géant le percutait dans une tentative d'assassinat en bonne et due forme. Mais s'il crut mourir en heurtant le sol plein de neige, il se sentit un instant tel un lapin en train de se faire déterrer par un prédateur d'un petit quintal. Il tenta tant bien que mal de lutter contre le loup en ne cédant pas la balle qui était à l'origine de tout ce chaos, mais il dû s'avouer vaincu et elle lui échappa quand une nouvelle catastrophe lui tomba dessus : Jaina tenta de l'achever et il émit un petit couinement, le souffle coupé, écrasé dans la neige.
Ce n'est qu'une seconde plus tard qu'il comprit que le truc froid et mouillé qui avait atterri sur son visage n'était pas du flocon mais l'une des deux limaces, Yétie.
Il fit un gros, gros effort pour ne pas tenter de la faire sauter de son visage par réflexe et se contenta de tirer une grimace de dégoût tandis qu'il avait de la bave de limace gelée sur le visage. Ôtant le petit être le plus délicatement possible du monde considérant les circonstances, il mit ses mains autour pour la protéger - elle avait vraiment l'air d'une grosse chenille moumoute avec ses poils, c'était à la fois fascinant et un peu ridicule - et il rampa hors de la zone de guerre avant qu'il ne soit trop tard.
Se relevant du côté d'Elune, il déposa la petite chose tortillante et apeurée sur la tête de la frouska, avant de s'épousseter les mains. Ce n'est qu'à cet instant qu'il se rendit compte qu'il lui manquait quelque chose. Quelque chose de précieux. Ouvrant bêtement la tête de surprise une seconde, ses yeux parcoururent le sol jusqu'à tomber sur les brochettes éparpillées qui étaient tombées au sol dans la bousculade.
Un petit pincement au cœur le prit à la poitrine devant ces friandises gâchées. Qu'à cela ne tienne. Déterminé, il se mit à commencer à rouler en boule de la neige. Un peu plus, toujours un peu plus. La horde d'enfants qui jouaient à la luge un peu plus tôt revint à la charge et se mirent à mitrailler des boules de neige partout en visant principalement l'énorme loup noir qui courait partout, mais personne ne fut épargné. Une petite fille - elle devait avoir à peine cinq ans - aida même Frey à faire grossir sa boule dans des proportions plus que respectables. Il lui fit un sourire amical avant de continuer à charger sa munition.
La pauvre enfant n'avait probablement pas compris qu'il ne faisait pas un bonhomme de neige, et il ne fallait pas compter sur le tact de Frey pour ça. Il finit par s'en saisir, la portant à bout de bras au-dessus de sa tête, prenant quelques pas d'élan, criant un mot-clef pour - tenter de - attirer l'attention du loup. À la guerre comme à la guerre.
Et lui la lui lança dans sa direction, laissant la petite fille horrifiée de voir ainsi son monsieur bonhomme de neige en construction voler vers une mort inéluctable.
Les assiettes sont rapidement remplies de merveilles culinaires, sucrées, salées. Aucune distinction, tout doit disparaître et ça finira avec plaisir au fond d'un estomac. Aidant à préparer les assiettes, l'enchanteur finit par se détourner à la recherche d'une place pour manger. Les groupes se divisent, la demoiselle partant à la recherche de son ami à fourrure. Et si l'idée semble lumineuse, elle devient rapidement problématique. La pression des gens n'aide clairement pas à pouvoir s'installer pour manger, et pire pour se retrouver. Finalement, Almassar regarde à droite et à gauche, et, voyant nulle trace du duo supplémentaire avec lequel ils ont commencés la journée, prends la décision d'emporter Sio avec lui pour retrouver les perdus en chemin. Chose qui n'est pas difficile, étant donné que la bataille de boules de neige à libéré un espace au milieu de la foule, zone de grâce a peu près respectée par des lois qui dépassent les hommes, capables de se presser par dizaines pour arriver au buffet, mais évitant quand même ce no man's land de neige.
Accrochant du regard Adam qui détonne clairement dans le paysage, l'homme se dirige vers eux, avant de se poser sur le banc, veillant à ne pas avoir perdu la sœur réelle -et non métaphorique comme l'enfant- de la forgeronne. Il n'a pas envie de se faire engueuler pour ça, même si il se doute bien que la connerie peut arriver à tout moment, les deux semblant l'une comme l'autre des batteries vivantes, débordantes d'énergie et d'un besoin de toujours être en mouvement. Et la source de nourriture non loin est une attraction des plus passionnante pour quiconque a pour but de finir sa journée en roulant d'avoir trop mangé.
-"C'est pas facile de vous retrouver dis donc ! Je vais finir par attacher des petits bandeaux au poignet de chacun pour s'assurer de vous voir dans la foule, car la, j'ai cru que j'allais jamais vous retrouver."
Avec un rire Almassar se laisse tomber à coté de ce petit groupe, observant quelques secondes l'enfant, puis l'homme transformé pour enfin tomber sur Sia. Un peu de "calme" au milieu de cette tempête ne fait pas de mal, et observant son assiette il se décide par commencer par du sucré. Attrapant une petite pâtisserie nappée de glaçage, il vient mordre dedans avec appétit, la dévorant en quelques bouchées. Aujourd'hui, tout est permis, même inverser l'ordre du repas. Mais sa curiosité n'est jamais loin, mais avant il pivote de nouveau vers la forgeronne.
-"Au fait Sia, je risque de partir un moment d'ici peu. Des affaires à régler, je ne suis resté que trop longtemps à la Forteresse en oubliant le reste. Ça ne m'empêchera pas de revenir bien sur, on a encore du travail sur la planche."
Puis enfin la cible de ses interrogations. Se penchant pour donner l'un de ses gâteaux à l'enfant qu'il voit bien dévorer du regard l'assiette avec un sourire, il observe Adam, s'adressant à lui un peu plus directement, essayant d'être poli et de cesser de toujours user de la forgeronne comme relai de transmission mobile. Après tout, elle est déjà un pot de fleur, elle va pas en prime servir de pigeon voyageur, ce serait un peu beaucoup pour une seule femme.
-"Adam, si j'ai bien retenu ? Enchanté de faire votre connaissance. Ce n'est pas trop dur pour vous une telle fête avec autant de bruit aux alentours ? Très belle transformation en tout cas."
Clairement Almassar prends sur lui pour ne pas laisser sa curiosité dévorante tout dévorer et se montrer trop intrusif, préférant noyer les questions les plus directes dans son repas. Laisser respirer les gens à qui l'on parle, c'est important après tout...
Son rire fut cela dit accompagné de quelques boules de neiges bien sentit qui vinrent s'écraser sur son visage, projetant une brûlure glacée sur ses joues. Et alors qu'il se les frottait pour faire partir la sensation, il se mit à râler gentiment avant de reprendre le cheminement.
-La prochaine fois, peut être serait-il plus sage de mettre une de tes mains devant plutôt que sur le côté
Dit il, amusé par la réaction de son amante à qui il laissa tout le loisir d'éclairer le chemin. Lui cédant pour une fois bien volontiers le commandement de leur petite mission.
Mieux encore, comme c'était la seule à pouvoir communiquer avec son Mist, elle était la plus à même de trouver la route
-Et tu dira merci à ton Mist pour moi, même si... Je crois qu'au final il faut que je te dire merci tout simplement ?
Son pouvoir était assez obscur pour lui.
Le Mist avait d'après ses dires ses propres réactions, sans pour être totalement différent d'elle...
De quoi rendre la chose perturbante pour n'importe qui.
Mais tant qu'il les sortaient du labyrinthe de glace, c'était peut être pour le mieux !
-A moins bien sur qu'il soit tout aussi perdu que nous ?
- Tant qu'on sera capable de rejoindre la sortie, on ne sera pas perdu.
"Non mais si, vous êtes perdu."
Cette fois, ce mist m'irrite juste assez pour que j'ose utiliser mon anneau de pensée pour lui répondre à lui et lui seul.
"Arrête de faire ta mauvaise tête hein ! Je sais très bien que tu es capable de nous sortir de là !"
"Mais c'est de la glace partout ! Et quasiment invisible en plus ! Comment veux-tu que je me repère ?! En retenant le nombre de fois où on a croiser ce type avec son pull moche ?!"
"En retenant le nombre de fois où on va à droite ou à gauche ! C'est quand même pas compliqué !"
"Bah t'a intérêt de tourner à chaque intersection alors, et toujours à gauche, comme ça on s'en souviendra tous les deux."
En gros, monsieur me dis d'utiliser la technique classique de toujours longer le même mur... Super, merci le mist inutile, comme d'habitude.
"Soit ça, soit tu sèmes des sucreries pour te retrouver."
"Tu me déçois."
"Roh, ça va hein. Avance et on verra bien comment on rentre quand ce sera le moment... Au pire, on suivra d'autres gens. Où on attendra que tout fonde."
Mouais, pas sûr que ce soit une super idée.
- Bref, allons y. Et tu sais, il t'entend, mais je peux tout à fait comprendre que ce soit perturbant de parler à un esprit que tu ne peux ni voir, ni entendre. Donc oui, tu peux te contenter de considérer que c'est une partie de moi. Une partie plutôt grincheuse et rabat joie, d'ailleurs.
"Non mais qu'est ce qu'il ne faut pas entendre."
Ignorant le mist, je reviens glisser mes doigts dans ceux d'Arthorias et reste cette fois à sa hauteur, prenant soin d'avancer plus lentement tout en resserrant ma cape autour de mes épaules pour me protéger du froid qui est clairement plus prenant que dans le coin des artisans.
Lentement mais surement, on va quand même bien réussir à atteindre le sommet avant de mourir de faim et de froid, non ?
J’aurais accepté ton aide et celle de tous ceux le pouvant à la forteresse. J’aurais certainement remonté la pente avec le temps. J’aurais épousé Solveig. Je lui aurais offert mille et une sucreries pour qu’elle soit heureuse pendant sa grossesse. J’aurais été présente pour Samael et son frère qui est mort-né. Il ne serait peut-être pas mort lui aussi. J’aurais acheté des pulls moches pour le Solstice et vécu une vie bien facile en étant un bon garde. J’aurais complètement tourné le dos au Milan.
— Dans une autre vie, cela aurait été parfait.
Seulement voilà, il n’y a pas de si, pas de chemin comme cela dans l’histoire. C’est une autre histoire, une autre vie et cela me pique tellement le cœur de me dire que j’ai détruit tout cela d’un revers de main. Ce n’est pas une excuse, mais j’étais jeune, seul, con, traumatisé, perdu. Ce n’est pas une excuse, mais cela explique et j’assume avoir merdé.
— Je reviens parce qu’il y a des traces de mon passé d’avant la garde qui peuvent la toucher et que je dois à un moment où l’autre arrêter de la fuir… Puis… Hum… Maintenant il y a le gamin aussi.
Même si j’ai tout fait pour ne jamais savoir qu’il existait. Pour ne pas m’accrocher à cela. Parce que je ne veux pas qu’il soit blessé parce qu’il a le sang d’un bâtard de Milan dans les veines sans même le savoir. Puis, fuir, au bout d’un moment, c’est épuisant et me porte sur les nerfs. Même pour Xarope et Walnuts ce n’est pas bon de vivre caché. C’est aussi pour cela que j’ai créé de manière plus officielle le refuge et fait de la publicité.
— Oui, je l’ai revue. Sans surprise elle a été moins accueillante que toi, mais… On en avait besoin tous les deux.
Pour passer à autre chose.
Coincés dans un labyrinthe pour encore bien des heures, il serait stratégiquement idiot de se mettre à dos son seul allié non ?
-A en juger par tes réactions, il est aussi perdu que nous c'est ça ?
Arthorias aurait pu titiller l'être fantomatique en parlant des wargs, ces derniers auraient sans doute put retrouver le chemin grâce à l'odeur de ceux passés avant, mais ajouter le mist fantôme à la liste des personnes lui en voulant n'était pas là non plus un choix judicieux.
La liste était déjà bien trop longue à son gout.
-Mais oui, on va s'en sortir, de ça je n'en n'ai pas le doute, reste simplement à savoir quand
Cela dit, son sourire ne disparut pas pour autant. C'était une occasion comme une autre de penser à autre chose qu'à son travail et à ce que les autres pouvaient attendre de lui.
Ses talents supposés de meneur ou de diplomates n'étaient pas nécessaires ici. Il pouvait donc se contenter d'être juste lui même, encore plus maintenant qu'ils étaient hors de portée des oreilles indiscrètes.
-Il suffit d'avancer et de tirer partit des erreurs. C'est une attraction, pas un piège mortel !
Dit il en prenant la tête, tendant un bras devant lui pour anticiper les murs invisibles, et parvenant par la même à les faire progresser d'un étage avec méthode.
Et s'ils ne parvinrent pas à s'extirper du dédale tout de suite, au moins avançaient ils un peu plus vite.
-Si ça peut te motiver, dit toi que si nous arrivons trop tard, nous raterons l'aurore boréale
La réaction de son compagnon arracha un rire spontané à la demoiselle. Elle aurait pu se sentir offusquée face à la réaction de ce dernier, mais elle avait vite compris que les gloobys n’étaient pas sa créature totémique. En le voyant faire de gros efforts tout en faisant preuve de dédain envers le petit animal, Jaina n’avait pu se contenir. Par contre l’idée de lui venir en aide et de reprendre son familier ne lui était pas venue en tête, puisqu’elle avait d’autres chats à fouetter – bien que lugnipus aurait pu être plus d’actualité. Enfin, elle avait tout de même vérifié que Plue allait bien.
Lorsqu’elle s’arrêta enfin de rire, ses grands yeux bleus s’étaient tournés vers la grande bête noire qui avait commencé à les narguer en leur tournant autour. Il manqua de faire tomber un jeune homme qui portait un pull moche, mais par contre les sucreries d’une gamine ne furent pas épargnées, tombant ainsi dans la neige. Les regards courroucés de certains parents la fixaient elle et son compagnon et c’est dans ce genre de situations qu’elle avait envie d’être comme une tortue et se cacher dans sa carapace. Elle devait mettre fin à cela.
La demoiselle s’était donc levée approchant avec lenteur le familier. Préférant utiliser de simples paroles pour chercher à l’amadouer, elle savait que si elle se mettait à courir après lui, il chercherait à la fuir.
« Reste ici, pas bouger. Tu es gentil garçon et si tu restes tranquille tu auras une surprise. »
Les grandes oreilles de l’animal bougèrent vers l’avant. Il était tout ouïe, mais son corps restait en position défensive. À tout moment il pouvait décoller comme une flèche. L’aventurière avançait petit pas, par petit pas, mais quand elle fut assez près pour s’en saisir, la horde d’enfant le fit fuir. Jaina ne fut pas épargné par ces derniers et reçus quelques boules de neige perdues. Plutôt mérité vu ce que le loup avait causé. Elle secoua sa tenue d’une simple main alors qu’un morceau de brochette tomba ai sol… Mais qu’est-ce que ça faisait sur ses vêtements.
À ce moment, elle ne comprit pas trop ce qui se passa. Frey sembla animé d’une certaine vengeance envers son poisson et attira l’attention du loup et de tout ceux qui les entourait – même Jaina – en lui balança finalement une énorme boule de neige. Il voulait assommer le loup?
Cobalt avait regardé dans cette même direction et malheureusement pour lui, il y avait bien trop de monde pour qu’il puisse faire son numéro spectaculaire. Il allait faire fondre la neige, mais il risquait de brûler quelqu’un même si ce n’était pas dans son intention. Enfin, il n’avait pas d’autre solution. En bondissant vers l’avant, il se rendit intangible arrachant quelques cris de surprise et ils eurent du mal à comprendre ce qu’il venait de se passer en voyant l’énorme balle s’écraser au sol.
Profitant de la confusion Cobalt avait chargé en direction du forestier et lui avait tout simplement passé au travers pour venir se poser à quelques mètres de distance de lui. Sans hésitation, il se mit à creuser la neige envoyant cette dernière rapidement dans sa direction n’épargnant pas ceux qui se trouvaient dans le même périmètre.
Pendant ce temps, Jaina avait demandé aux enfants de l’aider et avait préparé quelques boules de neige afin de riposter.
« Vous êtes prêts?
- Ouuui! Cria leur petite voix à l’unisson.
- Feu!!! Ordonna alors l’argentée. »
Le loup en avait reçu quelques-unes sans trop comprendre ce qui venait de se passer.
Je presse soudainement le pas, avançant de la même manière que le blond sans pour autant accepter de lâcher sa main. L'épreuve est longue, et plus nous montons, plus le frais se fait ressentir. Où est ce le nombre de mur de glace qui provoque cette chute de température ? Mais l'exercice de l'ascension nous réchauffe assez pour nous empêcher de ralentir, bien que mes doigts dans la main du capitaine commence à vivement s'engourdir.
- Allons par là !
A force d'avancer, j'ai fini par remarqué que l'ont pouvait finalement pas trop mal se repérer en scrutant le haut des murs du labyrinthe : ils sont couvert de neige qui elle, est bien visible. De plus, il y a fort à parier que les endroits avec le plus d'emprunte de pas au sol sont ceux qui mènent au sommet : car c'est le but de toutes les personnes présentent ici de l'atteindre et si beaucoup rebroussent chemin dans leurs erreurs, ils finissent tous pas se diriger vers le but à atteindre.
- Là !
Je ne sais pas trop combien de temps on a tourné en rond dans ce dédale de glace mais maintenant, nous pouvons enfin voir le bout du tunnel et notre récompense. Et si le spectacle est vraiment somptueux, par contre, il y a aussi beaucoup de monde et peu de place pour s'installer. A tel point que ma déception est assez visible sur mon visage... Mais bon, j'aurai surement du m'y attendre...
Soufflant un instant, je décide de chasser mon malaise dans ce geste avant de reprendre mon avancée, bien décidée à profiter de la dernière soirée avec le Prétorien avant que nous soyons contraint de retourner à la capitale.
Et finalement après quelques pas, je repère un petit coin où je choisi de m'assoir au sol en étendant ma cape pour nous protéger de la neige, puis je me colle une nouvelle fois à Arthorias, sans pour autant croiser son regard, ni même dire un mot, me perdant un moment dans la contemplation du spectacle nocturne tandis que mes pensées sont ailleurs.
Car notre voyage touche à sa fin, que demain, nous serons à la capitale, chez nous, a nos assignations respectives... Et probablement séparer l'un de l'autre alors que nous venons de passer toute une lune ensemble.
Et force est de constaté que j'y a pris goût... Vraiment.
Et qu'au fond de moi, j'ai cette peur irrationnelle que tout s'arrête au moment même où nous quitteront le nord du pays.
Ce n'est pas réellement le bon moment pour descendre vers la ville qu'elle protégeait jadis, avec l'effervescence qui semble toucher toutes les âmes de Forteresse, il est évident que se déplacer sans attirer l'attention sera difficile, de plus les gardes doivent sans doute être au rendez-vous, plus occupés à s'assurer que ce cirque, parodie de moment heureux, n'est pas interrompu plutôt qu'à nettoyer leurs rangs de la corruption qui les gangrène... Comme quoi, certaines choses ne changent pas même en deux cent années. Pourtant, elle n'a guère le choix, sa dernière traque n'a pas laissé son armure en parfait état et, solstice ou pas, elle n'a pas le luxe de prendre du repos, pas temps que sa mission ne sera pas parfaitement exécutée! Forteresse a cette avantage d'avoir un quartier entier dédié aux inventeurs, les ingénieurs ont toujours su travailler le métal, leurs connaissances s'avère essentielle, surtout pour elle qui préfèrera toujours une armure solide ou une lame aiguisé à un enchantement ridicule! Sa lance ne l'a jamais trahie cela, elle le sait!
C'est avec aisance qu'elle descend donc, le froid ne lui faisant que peu d'effet vu sa nature, elle s'est tout de même vêtue d'une cape cachant un maximum son être, habitué à ce que son apparence se doivent de rester dissimulée, elle a certes l'air boiteuse et bossue mais au moins, il est difficile de deviner la présence de lances - ou de morceaux - dans son corps. Au pire elle a l'air d'une miséreuse, au mieux d'une personne atteinte de malformation. L'un dans l'autre cela lui convient, la bonne société aryonnaise n'a que peu d'égard pour les parias dans ce genre et cela lui permet de se déplacer sans qu'on ne fasse réellement attention à elle. Un regard compatissant, dégoûté parfois, mais au moins elle évite les discussions. Ce n'est pas comme si quelqu'un allait lui tendre la main! Dans le pire des cas, il restera toujours la possibilité d'user de son brouillard pour fuir rapidement.
Éviter la foule n'est pas particulièrement compliqué, en deux siècles d'existence - même plus en fait -elle a vu la ville grandir, elle en connaît les recoins, les entrées que certains ont oubliés, c'est en entrant dans le quartier des ingénieurs que cela devient plus compliqué. Éviter la foule, surtout qu'elle sente que cet étrange personnage n'a pas une bosse mais trois bâtons dans le dos n'a rien d'une partie de plaisir. Heureusement, comme prévu, beaucoup s'écarte en l'apercevant. Une chance qu'elle prévoyait et qu'elle est fort aise de voir arriver. Entrant dans une boutique, elle est accueillie par un forgeron jovial, bien trop pour elle, qui lui demande si elle veut de quoi fêter la saison... Pas de réponse. Elle se contente de déposer sur son établi son armure, vieille et cabossée.
"Réparez la!"
- C't'une vieille pièce que voilà... Vous s'avez j'pourrais vous en offrir une neuve pour moins cher et...
"Réparez la!" Se contente d'elle de répéter d'une voix caverneuse, coupant son interlocuteur. "Combien de temps?"
Il observe l'armure, décidant visiblement qu'il vaut mieux ne pas trop discuter avec cette étrange personne.
- Quelques heures tout au plus... Allez donc faire un tour en attendant vous... Cela pourrait vous faire du bien j'veux dire!
"Deux heures!" Tranche-t-elle en se tournant vers la porte, c'est le temps qu'elle lui accorde cependant, il va maintenant falloir rester discrète pendant ce temps... Elle n'aime vraiment pas le solstice.
C'était... Le chaos, plus ou moins. L'image d'une ribambelle d'enfants jouant avec un énorme loup qui pouvait les tuer juste en les poussant un peu trop fort était plutôt insolite et ne manquait pas d'attirer l'attention. Frey n'eut pas le temps d'être outré de la sorcellerie dont usa Cobalt pour esquiver la neige qu'il lui envoya qu'il l'avait déjà traversé, provoquant un frisson d'adrénaline qui le parcourut de part en part à l'instant où tous ses muscles se contractèrent en attente du choc. Un choc qui ne vint jamais. Clignant quelques fois des yeux, Frey admira en silence cette capacité extraordinaire de laquelle il venait d'être témoin. Bon, il aurait aussi beaucoup voulu le voir faire le numéro des flammes mais il y avait des limites à la catastrophe et c'était peut être tout aussi bien ainsi.
Laissant tomber cette stratégie, il prit quelques instants pour réfléchir à la suite des opérations. L'endroit était en train de devenir un lieu de bataille généralisée et il aperçut du coin de l’œil le cataclysme qui s'en venait. S'éloignant légèrement, il se mit ainsi à l'abri d'une potentielle pluie de boules de neige qui étaient en réalité sur le point de viser le lugnipus. Laissant échapper un soupir d'effort, un petit peu de buée se forma dans l'atmosphère. Son regard suivait les bonds et sautillements enthousiastes du familier. Il mourait d'envie de laisse tomber cette enveloppe humaine pour aller s'amuser avec sans se poser plus de questions que ça mais... Et bien il allait éviter de se retrouver tout nu dans la neige devant tout le monde. Ou simplement d'attirer l'attention. Cherchant du regard sa prochaine bêtise, ses yeux captèrent l'attention de trois brochettes rescapées, tombées sur un petit tas de neige encore vierge. Bon, d'accord, presque vierge.
Il les ramassa, les époussetant comme si de rien n'était. Bon, elles étaient froides désormais mais ça n'avait pas réellement d'importance. Il avait un faible pour le poisson, un gros faible. Il s'assit les fesses dans l'herbe enneigé d'un petit talus sur le côté, balaya d'un geste ou deux de la main la neige qu'il avait encore ici ou là et se mit à grignoter tranquillement ses brochettes rescapées, tout en profitant du spectacle de guerre qui se déroulait sous ses yeux. Voir les enfants se jeter de la glace à la figure avait un quelque chose de terriblement satisfaisant, et il mettait sa main à couper qu'il ne faudrait pas longtemps avant que l'un d'entre eux ne se mette à pleurer pour en avoir reçu dans les yeux.
Faisant un petit coucou de la main de loin avec un sourire innocent à Jaina, il pointa du doigt un des gosses en train de préparer un sale coup, comme pour l'encourager à le noyer dans la neige...
Libre
Nevaeh fut surprise de voir autant de gens à la forteresse. Elle ne pensait pas qu’elle pouvait accueillir autant de gens. Elle se promena observant les activités offertes. Elle n’était pas très intéressée de gagner un prix en tirant sur une cible. Elle n’avait pas très faim non plus, elle venait tout juste de boire du champagne et manger des petits pains. Peut-être plus tard, elle irait grignoter. La forge vapeur était intéressante, il y aurait peut-être quelque chose là-bas qui pouvait l’aider. Malgré toutes les activités, celle qu’elle choisit fut le labyrinthe. Voir de vraies aurores boréales était plus intéressant que celui à la patinoire.
En chemin, elle s’acheta un verre de vin aux épices pour se garder au chaud. Elle eut un sourire triste en regardant le vin. L’une des boissons préférées de son frère. Elle aurait tant aimé pouvoir partager un verre avec lui. Chassant ce souvenir, elle suivit les indications pointant vers le labyrinthe. Il n’y avait pas autant de gens qu’elle pensait. Ils étaient peut-être perdus aussi. Nevaeh pouvait voir au travers des murs quelques personnes avec leur bras tendu devant eux pour s’assurer de ne pas foncer dans un mur. Ne voulant pas frapper les parois face première, elle fit de même avec sa main libre.
Sa cape et son foulard l’aidaient à se garder au chaud. Cela faisait déjà un bon moment qu’elle cherchait la sortie. Elle avait même terminé la tasse de vin. Elle commençait un peu à s’impatienter. Elle détestait les labyrinthes, mais elle adorait les aurores. Elle soupira lorsqu’elle tomba sur un autre chemin menant nulle part. Un jour, elle trouverait la sortie.
Elle aussi était jeune et avec ses peurs à l’époque. Elle aussi était perdue avec la nouvelle qui lui est tombée dessus sans prévenir. Elle aussi ne pensait pas à cela pendant nos moments de passion quand on oubliait tout, surtout nous même, dans les bras l’un de l’autre. Pourtant, c’est bien à cela que sert ce genre d’étreinte à la base. Le plaisir n’est que secondaire pour la nature. Le plaisir n’est qu’un leurre pour nous conduire à refaire l’acte autant que possible pour qu’un être soit une étincelle de vie qui se forme.
C’est un peu stupide, mais c’est peut-être aussi pour cela que je fais autant attention que jamais Soly n’ait de portée. Je ne veux pas que cette dernière vive un dixième de ce que Solveig a pu vivre. Elles se ressemblent tellement, autant physiquement avec la même couleur de cheveux que de pelage ou la particularité des yeux vairons avec les mêmes nuances.
Quelque part, je suis bien soulagé qu’il ne me demande pas son nom. Soulager que cela soit Leffe et pas quelqu’un d’autre. Cela semble si simple et naturel de lui parler. Mes doigts se perdent un peu dans la neige autour de moi, comme pour garder les pieds sur terre. Cette neige maudite qui a englouti les corps de nos camarades en commun dans un lieu où jamais leurs familles ne pourront réclamer les corps pour un enterrement.
C’est déprimant, mais il faudra peut-être que j’aille voir ces familles en question pour leur raconter. Il n’y avait même pas de dernière parole à offrir, tout le monde est mort si rapidement. Il n’y a que dans les livres d’aventure que les compagnons offrent leurs derniers mots pour leur famille avant d’être emportés par la mort.
Lucy est une pute.
Vraiment.
« Si tu veux vraiment nous retrouver facilement, mets nous des grelots ou des petites clochettes. Ça sera bien plus utile. Ou pense à une sorte de corde magique invisible qui pourrait tous nous relier et qui permettrait de nous retrouver qu'importe la distance... »
Une idée comme ça qui m'est venue, mais que je vais sûrement oublier rapidement. Je fais confiance à l'enchanteur pour s'en rappeler et se pencher sur le problème s'il la trouve intéressante. Il me prévient aussi qu'il va partir un moment pour régler des affaires. Je souffle un nouveau rire en le regardant.
« J'espère bien que tu ne m'oublies pas. J'ai du travail pour toi. Et plus je vais approcher de la fin de mon entrainement, plus je vais pouvoir t'en proposer. »
Je tourne légèrement la tête vers mon ami métamorphe et lui sourit.
« D'ailleurs, il faudra aussi qu'on parle boulot Adam ! Pas aujourd'hui, c'est jour de fête, mais maintenant que je suis dans la deuxième moitié de mon entrainement auprès de Lyle, je dois réfléchir à la suite. »
Je me concentre à nouveau sur ma nourriture et laisse mes amis échanger entre eux, évitant de m'incruster dans leurs conversations. Autant les laisser faire connaissance et poser leurs questions entre eux. C'est ainsi que l'on crée des liens et que l'on se trouve de nouveaux proches. Alors que je me préoccupe uniquement de mon assiette et du monticule de nourriture présent dessus, l'enfant attire à nouveau mon attention. Je lui tends mon assiette pour qu'il se serve, mais je vois sa petite bouille triste.
« Ma maman me manque... »
Je ne peux pas résister à cette adorable bouille et à la petite larme qui semble poindre au coin de l'un de ses yeux. C'est vrai, jusqu'à maintenant nous n'avons pas vraiment cherché à retrouver les parents de cet enfant. Je regarde mes amis puis l'enfant, prenant une nouvelle bouchée dans mon assiette et lui donnant un petit gâteau.
« C'est vrai. On doit retrouver tes parents. »
Je pose mon assiette sur mes cuisses et me tourne vers mes amis.
« Bon sinon, on fait quoi de lui. »
Je pointe le gamin à mes côtés, ce dernier affichant un air triste et visiblement fatigué.
« C'est pas que j'aime pas les enfants, mais j'ai pas envie que ça me devienne une habitude de récupérer des enfants perdus. »
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