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C’était encore l’un de mes derniers jours en tant que Garde Alnilnam, cette punition était interminable. Le Capitaine avait trouvé une sanction juste pour l’ampleur de la faute commise. Beaucoup aurait pû finir en cour martiale mais j’avais la chance d’une justice plus clémente. Peut-être aux yeux des autres mais la culpabilité me ronge jours après jours.
Le solstice d’hiver avait au moins le bénéfice de me réchauffer un peu le corps dans cette triste période. J’avais là, quelques heures de permission donc j’avais enfilé ma tenue de civil. Un long manteau de fourrure sans oublier mes chaussettes et mes gants du solstice de l’année précédente. Lucy, mon catosorus m’accompagnait. Elle adorait ce genre de choses par rapport à mes deux autres familiers. Pas encore adulte, elle avait la possibilité de déambuler dans les allées près de moi sans pousser tout le monde.
On arrive enfin à l’attraction du festival, c’était une tradition depuis de nombreuses années et j’y participais le plus souvent possible si j’étais au sein de notre belle Forteresse. Attendant mon tour, je profite pour caresser la douce fourrure de Lucy. Ronronnant de plaisir, elle profite pour discuter avec moi par télépathie. Jour après jour, son langage devient plus cohérent plus précis. D’ailleurs, on continue notre entraînement à l’instant même, lui demandant de m’expliquer les environs, ce qu’elle voit ou autre. Ma rêverie s’arrête très vite quand un jeune garde m’interpelle pour m’indiquer mon tour.
- Les animaux sont interdits Lieut… MADAME !
La première semaine, j’ai dû dire plusieurs fois à mes hommes d’arrêter de m’appeler par mon grade d’officier, je n’étais qu’une garde. Certains ont bien ris de la situation, d’autres étaient dans l’incompréhension comme l’homme en face de moi puis pour d’autres, ça leur passait par-dessus la tête. Je demande à mon familier de m’attendre plus loin sagement quand je profite pour prendre place derrière la machine.
Ça aura au moins le mérite de m’occuper un peu l’esprit pour oublier cette fin de saison froide…
Resserrant son col autour de sa gorge et de son cou sous la bise qui souffle malgré la masse de personnes assemblées, malgré la chaleur technologique qui se dégage du charbon en train de brûler pour fournir la vapeur nécéssaire à toute cette machinerie, le chercheur finit par pivoter la tête à retard quand Sia lui adresse la parole, comprenant enfin qu'on lui parle. Il semblerait que la forgeronne a choisi pour lui et vient de terminer ses retrouvailles, du moins l'instant émouvant de ces dernières. Clignant des yeux pour revenir à lui même, il secoue la tête en se frottant les oreilles. Définitivement la saison froide est sur eux et ils sont en plein dans son cœur. L'homme est heureux de ne pas être en mission en extérieur, et il comprends même que l'idée de repartir comme il avait pu le faire par exemple avec Liory durant les prochaines semaines est des plus malavisée. Une poignée de seconde supplémentaire le temps que la phrase soit assimilée et le voici à souffler un léger rire, haussant les épaules.
-"Je suis pas sur que l'on puisse dire que je suis en compagnie de ta soeur. Disons plutôt que notre rencontre fut fulgurante et marquante, dans tous les sens du terme. Enchanté en tout cas Sio. Comme l'a déjà dit Sia je suis Almassar, enchanteur, chercheur... Bref, un touriste dans la région en somme."
Le rire devient un peu plus franc, alors qu'il s'engonce complètement dans ses vêtements, l'immobilité rendant encore plus mordant la fraicheur de la journée. Détaillant un long moment la petite sœur du duo et surtout ses cornes, il finit par revenir à la forgeronne sans se départir de son air amusé.
-"Et je suis tout aussi peu surpris de te trouver ici. Tu ne pouvais te passer de l'espoir de voir une forge mécanique à vapeur, admets le. Tant de possibilités en ces objets, avec quelques enchantements. Enfin je digresse, il sera temps d'en parler bien assez vite. Et je suis pas sur que les ingénieurs apprécient que je tente de repartir avec une de leurs inventions..."
A peine le temps de finir sa phrase et de songer à leur proposer de passer au banquet pour les laisser profiter de leurs retrouvailles en un cadre un peu plus adapté qu'une nouvelle apparition surprenante se déroule sous ses pupilles. Un renard géant chevauché par un enfant débarque et s'arrête devant le pot de fleur vivant. A croire qu'elle est le centre névralgique des rencontres de la ville, vu la quantité de monde -lui inclut- qui interagit avec. Le petit semble a moitié déboussolé et perdu, tenant comme il peut entre ses doigts la fourrure de l'animal en même temps qu'une chaussette. Pourquoi un tel vêtement, aucune idée. L'enchanteur n'arrive plus vraiment à faire sens de tout ce qu'il se passe et préfère prendre cela sur le ton de l'humour, observant le nouvel arrivant un long moment sans réellement s'en approcher, plus curieux qu'autre chose.
-"En tout cas je ne te savais pas un tel succès Sia, je vais devoir prendre rendez-vous pour parler travail la prochaine fois je sens. Et vous Sio, que faites-vous donc par ici ? Je doute que vous soyez forgeronne, contrairement à un bon tier de cette ville."
L'homme ne sait presque plus où donner de la tête, entre la demoiselle avec qui il travaille, sa petite sœur qui semble plus proche de la tempête de malice innocente que de l'eau qui dort et maintenant cet hybride et sa cargaison vivante. Non, y'a pas à dire, la journée commence déjà au son des trompettes du destin.
Mais, même si je ne me sens pas plus passionnée que cela par toutes ces mécaniques, voir le visage du Capitaine s'émerveiller devant ces monstres de métaux à quelques choses d'assez plaisant. Presque autant que la pression de sa main sur la mienne qui trahit totalement son excitation du moment alors qu'il me parle d'une des missions où il a participé et où je suis pour ma part resté sagement à la capitale.
- A mon sens, la magie n'est qu'un outils comme un autre. Et ceux qui ne la maîtrise pas ne manque pas d'imagination donc... Surement qu'ils finiront par trouver des palliatifs pour réaliser à peu près n'importe quoi si tant est que l'inventeur ait les bonnes idées.
Et même si mon regard se pose rapidement sur les différentes merveilles de métal qui nous entoure, il revient le plus souvent se fixer sur le blond que je tiens. Après tout, n'est-il pas lui même une créature de métal en un sens ? Cela pourrait clairement expliqué son attrait pour toutes ses choses... Cette pensée m'arrache un petit rire alors que je me tourne vers autre chose pour camoufler ma moquerie, revenant plutôt vers le ciel où nous pouvons voir l'aurore boréale onduler au dessus de nos tête et offrir un spectacle des plus fascinants avant de finalement redescendre à hauteur d'homme et voir les machines à neiges.
- Tiens, regarde, ils essayent déjà de faire la pluie et le beau temps ! Bon, là c'est de la neige mais je suis pas certaine que l'environnement du lieu soit le mieux choisi pour faire une démonstration.
Cela dit, ça explique clairement toute la vapeur qui nous entoure alors que nous pataugeons dans les restes de neiges entrain de fondre sous nos pas.
« Mh... J-je suis désolée, j’ai dit ! » Une légère grimace lui échappe. Cette histoire va la suivre jusqu’au bout du monde, c’est sûr. « Je suis Sio. Enchantée. » La demoiselle est un peu ennuyée par la remarque et son visage peut aisément trahir ses émotions, et ce même si elle fait beaucoup d’efforts pour ne pas paraître vexée. « Et si. Je suis assistante forgeronne. ‘Fin je l’étais avant que Sia aille faire des trucs ailleurs. M-maintenant je suis juste ... moi. »
Et c’est déjà pas mal pour être parfaitement honnête. Elle place ses petits poings sur ses hanches, réfléchissant un moment. Elle aurait dû mettre des chaussettes plus épaisses parce qu’elle peut sentir ses pieds crier qu’ils n’aiment pas la neige. Le dragonnet était tellement pressé de partir à la recherche de Sia qu’elle en a oublié qu’on était au beau milieu de la saison froide. Elle est sur le point de faire un commentaire à propos de ses cheveux quand elle voit s’approcher une peluche sur pattes avec un enfant dans les bras. Elle ne sait pas auquel des deux elle a envie de pincer les joues. Ces ... oreilles... Elle tourne la tête vers Sia, toute excitée. Sio se retient de courir sur l’hybride qui s’approche d’eux. Cette petite queue qui se balade joyeusement. Elle va craquer.
« Il a l’air ... si doux... » Marmonne-t-elle en agrippant le bras de sa sœur pour ne pas sauter sur la pauvre créature. « J’peux toucher ses oreilles toutes pelucheuses, dis ? »
-Et c'est à souhaiter, si on peut améliorer la vie des autres pour rendre le royaume plus paisible, qui irait s'élever contre.
Imagine si je n'étais plus obligé d'assigner des gardes pour rester de faction, ne serait-ce pas un soulagement pour tous ?
Dit il avec un petit sourire en coin, s'aventurant plus en avant dans les ruelles, découvrant encore et toujours de nouvelles choses, que ce soit d'autres inventions, ou d'autres personnes semblant haute en couleur également.
Que ce soit un groupe d'individus en pleine discussion, qu'Arthorias ne put s'empêcher d'observer avec curiosité, détaillant les cornes qui ornaient son crane avant de passer sur une jeune femme lui ressemblant étrangement, dont l'un des yeux était ornée d'une grande fleur.
Cela ne dura qu'un bref instant, une pression de son amante suffisant à lui rappeler que l'officier n'était pas ici en tant que garde, et encore moins en tant que responsable de l'identification des gens.
Quelques petits bruits de pas humide terminant à le faire se focaliser sur la neige partiellement fondue qui parsemait le sol, sans cesse renouvelée par de grands appareillages
-Ces derniers temps, mieux vaut éviter les pluies de sables tu sais. Mais ils n'ont juste pas encore pensé à faire de la neige colorée
Arthorias passa à côté du groupe en pleine discussion, s'arrêtant sur la forge à vapeur qui claquait de façon mécanique, un grand marteau frappant un morceau d'acier rougeoyant, déclenchant à chaque fois de grandes volée d'étincelles qui ne cessait d'impressionner l'officier
-Je suppose que voir tout ça n'est pas exactement le festival que tu imaginais. Mais je suis sur que l'on pourra trouver quelque chose qui te plaira
Entre mes babines, je réussis tout de même à baragouiner quelques mots inaudibles, reculant de quelques pas à chaque fois que l’on tentait de se rapprocher de moi.
« P-perdu… »
L’enfant tendit ses bras vers moi, et saisit de ses deux mains mes oreilles. Un jappement de surprise m’échappa aussitôt, puis l’enfant m’enserra de ses petits bras, frottant son visage dans mon pelage. Mes oreilles se redressèrent aussitôt, il y avait plus important que mon inconfort alors qu’un enfant s’était égaré au milieu de la foule. Je m’approchai à nouveau de Sia, pointant mon museau dans sa direction, penchant la tête sur le côté pour suivre ses mouvements.
« L’enfant est perdu, repris-je d’une voix grinçante. »
Je n’étais pas du tout habitué à cette forme ne la découvrant que depuis peu, et je réalisai que la parole n’allait certainement pas être mon point fort. Je ne réussis cependant pas à accrocher mon regard, les silhouettes de chaque personne m’étant difficiles à distinguer sous cette forme, mais j’étais encore bien capable de les distinguer à l’odeur qu’ils dégageaient. Je m’assis, laissant l’enfant descendre, avant que celui-ci ne vienne se fourrer entre mes pattes. J’étais vraisemblablement devenu sa peluche vivante, et ce simple contact me réchauffa le cœur. Ma queue se mit subitement à battre derrière mon dos.
Puis, je réalisai soudainement la raison pour laquelle on me lançait tous ces regards interloqués. Il était évident que sous cette forme, il n’était pas possible de me reconnaître. J’étais si troublé que l’on m’accorde tant d’attention que j’avais omis un détail plus qu’important.
«C’est moi, Adam. »
Je gardai tout de même une certaine distance avec les personnes qui m’entouraient, n’étant toujours pas très à l’aise.
Je sais que Soly a le poil qui a gonflé quand mon corps c’est tendu comme un arc à la mention de mon nom et prénom. Enfin, nom d’emprunt. Qu’importe, du pareil au même. Elle a senti la tension et je n’ai aucun geste pour la rassurer parce que je ne sais pas non plus si je dois ou non être rassuré de la présence d’un fantôme de mon passé. Lui au moins il n’a pas tenté de se faire passer pour mort en ne disant à aucun moment qu’il était en vie. Il faudra quand même un jour que je régularise ma situation. Un jour. Pas aujourd’hui.
—Leffe…
Je voulais dire intelligent, mais ce n’est pas comme avec Solveig, là je sais juste pas comment réagir face à un… comment est-ce que je dois le considérer maintenant ? C’était un ami, un bon, un qui ne juge pas ma façon de parler et qui savait me recadrer, un que j’aurais voulu garder, mais qu’en fuyant, comme avec tout ce que j’appréciais à la forteresse, j’ai abandonné. Est-ce que j’ai encore le droit d’utiliser ce mot ? Il faut que je dise un truc intelligent, un truc qui aide à faire passer la pilule, un truc pas con simplement.
— Ça fait un moment.
Un truc pas comme cela en fait, juste pas un truc comme cela. Je ne sais même pas pourquoi c’est tout ce qui est sorti. Il y a un gamin en moi qui veux fuir, mais je fuis bien trop dans ma vie pour le faire encore une fois. Soly grogne en se frottant contre moi et je suis bien content que Xarope me fixe juste sans rien dire. Il doit se dire qu’encore une fois c’est un amant qui a appris que sa moitié a terminé dans mes draps et qui vient réparer cela. Je suis vraiment un sac à merde pour que ça semble aussi normal aux yeux de ce gamin.
— Ça me fait plaisir de te voir…
Ça aussi s’est sorti tout seul et même si je ne sais pas si c’est réciproque, ça me fait vraiment plaisir de savoir qu’il est toujours en vie lui.
Frey contint son enthousiasme pour ne pas effrayer la - car c'était clairement une madame - frouska, dont l'attitude, bien que curieuse, laissait montrer une certaine délicatesse d'approche. Il ne voulait pas lui faire peur mais voir d'autres bestioles parmi cette masse bruyante d'humains était comme la découverte d'un petit trésor dissimulé entre les murs de cette cité. C'est qu'il était inhabituel de croiser un tel animal en pleine ville et Frey ne cacha pas son sourire quand elle se mit à dévorer sa salade. Résistant à l'envie de lui flatter l'encolure, il aurait lui-même apprécié qu'on ne le gratte pas derrière les oreilles sans qu'il ne soit d'accord. Toutefois, son attention fut bien vite attirée par - avouons-le - une jeune femme qui fit un instant pétiller le regard du rôdeur. Déstabilisé par le fait d'avoir été pris la main dans le sac en train de faire grossir la bête de quelqu'un d'autre, il bloqua un instant sur la chevelure argentée, son regard parcourant la tignasse à la couleur inhabituelle qui lui rappelait nécessairement la sienne, avant que ses yeux ne descendent dangereusement... Vers l'assiette de nourriture. Les priorités étaient bel et bien là.
Néanmoins, néanmoins, quelque chose d'encore plus terrible balaya la concentration inexistante de Frey qui bloqua sur le grand loup noir aux yeux étrangement braisés. Celui-ci venait de répondre à sa maîtresse et même si pour d'autres ce n'était pas un spectacle si étonnant, le rôdeur étant fasciné de croiser ce genre de raretés, qui aiguillaient sa curiosité autant qu'elles l'intriguaient. Ses yeux s'écarquillèrent légèrement, son visage laissant percer une surprise sincère teintée d'une sorte de respect. Une priorité en remplaçant une autre dans l'attention versatile de l'homme, il était presque comme un enfant à la foire et manqua gravement de tact en passant à côté de la question de la jeune femme.
En cet instant, il était ravi de se faire de nouvelles connaissances, beaucoup plus à l'aise pour socialiser avec ces créatures qu'avec certains humains. S'accroupissant à moitié devant la bête, sans l'envahir - ne soyons pas stupides, c'est un foutu loup - il extirpa une brochette de petit poissons craquants du tas qu'il avait entre les bras avant de la tendre devant lui. Le tout avec un sourire d'habile corrupteur. Autant vous dire que les deux gloobies installés sur sa tête bavèrent presque comme des escargots, tout frétillants à la vue de la nourriture. Mais Frey connaissait le piège de ces choses : donnez leur à manger une fois et elle vous bavent sur le visage pour toute la vie.
Un instant plus terre à terre qu'un autre passa et il se rendit compte qu'il manquait peut être un peu de subtilité. Relevant les yeux vers la jeune femme d'un air presque bête, il s'excusa à demi.
Pendant une seconde il eut la pensée qu'il venait de mettre cette personne mal à l'aise en accordant plus d'importance aux deux bêtes qu'à elle-même. Cette pensée était très contre intuitive pour Frey, qui voyait les trois presque de la même façon, et dénotait de l'éclair de tact qu'il venait d'avoir. Un sourire de fieffé coquin revint néanmoins rapidement sur ses traits. Il se releva avec une légère pointe de bravache. Même Java ne pouvait rivaliser avec son amour de la bonne chère.
Le lugnipus aurait facilement pu sentir que le cuir léger de Frey recelait les traces olfactives subtiles d'un voyageur : terre, sapin et grand air s'il n'avait eu en main tout ce poisson frit et fort odorant.
-"Excusez moi, vous disiez haïr les forges, donc j'ai cru que vous n'étiez pas dans ce domaine. Pardonnez ma maladresse."
Et bien rapidement il perd l'attention de la dragonne, qui dévore totalement du regard le nouvel arrivant. Adam. Un nom inconnu, qu'il note rapidement dans son esprit. Et pas que, bien sur, vu que sa main vient déjà chercher un carnet pour annoter quelques mots dedans. Rien de très important, juste un nom, et cette étrange forme. Sait-on jamais, ce serait dommage de l'oublier si il a l'occasion de faire plus ample connaissance et surtout de lui en reparler. Pour l'enchanteur, le travail n'est jamais loin... Et il en est pratiquement entouré, à vrai dire. Les ingénieurs pratiquent leur art pour le même objectif, avec des méthodes différentes. Magie, technologie, mélange des deux. Le tout pour améliorer la vie des gens et les aider avec leurs besoins. La manière d'influer sur leur quotidien change, mais la finalité est la même. Bien sur, son esprit se perds encore dans un tel dédale sans en trouver la sortie. Finalement, ce qui l'en sort est l'appel de son estomac. Car si ils sont entourés par la douce odeur du métal chauffé par les coups de marteau répétés des machines, du charbon en train de bruler pour alimenter le tout en énergie, l'homme n'a absolument pas oublié les mets divins qui étaient visibles dans une autre section de la ville lors de ses premières perditions de la journée. A cette idée, son estomac se met à grogner, le forçant à se concentrer sur l'instant présent. Réfléchir à révolutionner le monde, oui. Mais le ventre vide, jamais.
Pivotant pour abandonner ses contemplation vaporeuses, il essaye d'accrocher du regard Sia. C'est elle la cible principale, après tout, la harponner semble revenir à attirer la moitié de la ville dans ses jupons -qu'elle ne porte pas, bien sur-, vu comme elle est demandée. Se raclant la gorge, il se rapproche de ce peloton improvisé pour enfin reprendre la parole, scrutant la forgeronne.
-"Quitte à profiter de ces retrouvailles, que dites-vous d'allez manger un bout au buffet pour en profiter ? Autant les forges resteront la toute la journée, autant je doute déjà plus des plats. La moitié des goinfres du royaume ont déjà du s'installer pour profiter des plats des différents chefs présents."
Il allait proposer la même chose aux deux autres comparses présents pour ne pas être impoli et faire leur connaissance sans rester au milieu d'une foule mouvante et devant un plat chaud quand une chevelure rousse passe non loin d'eux, en charmante compagnie. Arquant un sourcil il reconnait enfin Lunarya. Cherchant un instant comment la saluer sans être trop intrusif -après tout elle semble définitivement avoir l'esprit ailleurs-, il opte pour un sobre, du moins selon son propre code social :
-"Bonjour à vous Lunarya ! Je ne m'attendais pas à vous croiser ici. Profitez bien de votre Solstice, ça doit aussi vous changer de la capitale !"
Bien sur, le tout est accompagné d'un sourire, ainsi qu'une inclinaison de la tête pour saluer Arthorias qu'il n'ignore pas. Et son esprit ayant la concentration d'un moustique essayant d'approcher une pierre de feu en pleine nuit, il oublie déjà avoir proposé à Sia d'aller manger. Et encore plus impensable est le fait de se souvenir qu'il a été malpoli en ne proposant pas aux deux autres la même politesse.
« Adam ?! C'est toi ? »
Je ne savais pas que mon ami avait la capacité de se transformer en renard géant. Une fois la surprise passée, je fonds devant cette bouille poilue. Sio m'a demandé si elle peut câliner le renard, mais sachant qu'il s'agit de l'armurier, je ne suis pas certaine qu'il ait envie de cela... Je viens le grattouiller légèrement entre les oreilles en souriant, essayant d'avoir l'air douce.
« Tu as bien fait de ramener cet enfant perdu... Et tu es très mignon comme ça Adam. »
Mon sourire s'élargit alors que j'essaye de donner un peu de courage à l'armurier. J'ai appris à le connaître, et je sais que s'il n'est pas coincé dans l'armurerie, c'est qu'Ivan l'a foutu à la porte pour le forcer à se sortir. Le pauvre jeune homme n'est pas du genre à être à l'aise dans ses bottes, pourtant étrangement j'ai l'impression que cette forme lupine lui va à merveille. L'enfant accroché à lui semble bien d'accord avec cela. Je me tourne alors vers Sio.
« Sio, voici un ami à moi, Adam. Il est armurier à la forteresse et on travaille parfois ensemble. Adam, je te présente ma petite sœur Sio. Et derrière, c'est Almassar. Un enchanteur itinérant. »
Ce dernier semble distrait ailleurs à ce moment-là. Je reprends pour Sio.
« Et si tu veux le toucher, demande le lui. Adam est humain, ce n'est pas un animal. »
Je me relève alors et observe le gamin qui ne veut plus lâcher le renard géant. Il va être compliqué de retrouver ses parents s'il ne veut pas lâcher mon ami. Je soupire alors que je commence à réfléchir, interrompue par Almassar qui propose de rejoindre les buffets. Je regarde notre petite équipe et me dit que l'idée est plutôt bonne. J'ai aussi une petite pensée pour Lyle, me disant que je devrais le retrouver et aller m'excuser auprès de lui, l'inviter au buffet et le présenter à mes amis et ma sœur... mais une petite main vient se saisir de la mienne et attirer mon attention. L'enfant semble aussi avoir faim et ne veut plus lâcher le renard. Je suis sûre que ma sœur a aussi faim la connaissant. Je grogne légèrement en me disant que je suis horrible d'abandonner ainsi mon maître, néanmoins je ne peux pas aller le chercher pour le moment. Je laisse l'enfant tenir mon doigt et me penche vers Adam.
« Je sais que tu n'es pas très à l'aise avec du monde... Mais tu pourrais venir avec nous ? On pourra sûrement retrouver ses parents en allant au banquet. »
Je me penche à l'une de ses oreilles et murmure.
« Et puis, profite que personne ne puisse te reconnaître. »
Je souffle un rire et essaye de lui afficher un sourire confiant. J'aimerais essayer de donner un peu de courage et confiance en soi à mon ami, et au fond de moi j'espère que pouvoir prendre cette nouvelle forme peut l'y aider.
Un sourire amusé avait étiré les douces lèvres de l’ancienne garde royale lorsque ce dernier s’était exclamé de surprise en entendant la voix de Cobalt. En effet, il était plutôt rare d’entendre l’une de ses créatures parler et il faut dire que la plupart des gens préféraient offrir une simple magie de télépathie pour garder la possibilité de leur offrir deux magies plus offensive ou plus pratique. Jaina n’en avait que faire. Elle avait décidé de donner les deux à son lugnipus et partageait une partie de son pouvoir avec ce dernier comme troisième choix. Enfin, amusée évidemment par l’individu qui se tenait là, elle savait ce qui allait venir…
« Cobalt pas loup! Cobalt lugnipus! Plus grand et plus fort! Lugnipus faire feu aussi…
- Eeeet tu ne feras pas de démonstration. Pas ici, je n’ai pas envie que tu déclenches un incendie… »
Quelque peu offusqué, le loup détourna légèrement la tête sur le côté pour démontrer mécontentement. Après tout, il n’appréciait pas qu’on le compare à un loup, alors qu’il y avait que peu de différence si l’on ne connaissait pas la créature en tant que telle. Boudant, dans un premier temps, la brochette qui avait été mise sous son nez, son regard semblait lorgné à quelque reprise sur la brochette avant que son estomac ait raison de lui. Le loup attrapa aussitôt la nourriture si gentiment offerte donnant ainsi la chance à Jaina de discuter un peu. Elle savait que ses compagnons à pattes étaient de véritable aimant quand elle venait en ville et cela ne la choqua pas de voir ce dernier interagir davantage avec eux qu’elle. L’aventurière en aurait fait autant si la situation avait été inversée.
« Oui, ils sont très précieux pour moi. Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans Cobalt. Il peut parfois agir comme un gros bébé, mais il m’est d’un très grand soutien. Enfin, si vous avez des questions sur eux, je serai ravie d’y répondre.
- Cobalt aussi pouvoir répondre! Dit-il entre deux mastications.
- Ne parle pas la bouche pleine, mon grand. »
Secouant légèrement la tête de gauche à droite, Jaina avait l’impression que ce dernier était encore plus bavard qu’à l’habitude. Enfin, ce n’était pas plus mal tant qu’il ne disait pas de bêtises.
Le regard bleuté de la demoiselle se déposa finalement sur les éclats verdoyants qui lui faisaient face et ses traits quelque peu songeurs firent leur apparition alors qu’elle se demandait si elle avait déjà mangé de cela.
« Hmmm, je ne pense pas. Ce n’est pas le genre de repas qu’on avait l’habitude de servir là où je vivais et depuis que je suis devenue nomade, je me contente de ration sèche, dit-elle alors qu’un rire s’échappa malgré elle. Si Xylia devait l’apprendre, elle me taperait sur les doigts. »
Cobalt était en train de se lécher les babines signalant silencieusement qu’il avait terminé son encas, mais ne dit rien pour le moment, écoutant docilement l’échange entre sa maîtresse et ce dernier.
« Est-ce que ça goûte comme le lapin? Le questionna-t-elle, avant de se reprendre maladroitement. Oh! Je suis désolée, je ne me suis pas présentée. Je m’appelle Jaina. Lui c’est Cobalt, voici Elune et les deux petits sont Plue et Yétie! »
Évidemment, elle avait pointé le lugnipus, suivi de la frouska pour terminer par le glooby bleu ainsi que la glooby couverte de pelage.
Festival du solstice
Des gens, un revenant & Leffe
Il s’est figé quand tu as crié son nom. C’était donc pas lui et pas un jumeau maléfique, ni une illusion. Il était bien là, bien en vie. Tu ne sais toujours pas comment réagir quand il répond à ton appel, alors ton prénom lui échappe. Au milieu des vapeurs et de l’effervescence du festival, tu as l’impression que le temps s’est ralenti juste pour vous deux. Tu n’entends même plus les bruits mécaniques des inventions des ingénieurs, ni les exclamations enthousiastes des visiteurs. Tu ne vois que lui. ”Ca fait un moment”
Un moment ? Ça fait combien de temps qu’il est mort ? Cinq … Sept ans... Plus encore ? Tu n’arrives même pas à libérer le rire nerveux qui te titille. Tu restes juste là bêtement, les bras ballants, incapable de dire un truc. Où est passé la force de ton cri de tantôt ?
“ Ça me fait plaisir de te voir… “
Ca lui fait plaisir de te voir ? Tu répètes une première fois la phrase, puis une seconde fois plus lentement, plus sombrement. Tu serres les poings et seul ton don empêche tes ongles de se planter profondément dans ta peau. Tu finis par bouger, tu t’approches de lui d’un pas d’abord hésitant, puis plus rapide. Tu t’arrêtes à son niveau, un peu plus tu lui rentrais dedans. Tu lèves tes mains tremblantes qui viennent se poser sur ses épaules. Tu réalises alors que tu le touches. Il est bien là.
”Connard !”Tu jures avant de faire une action pas très compréhensible, un curieux mélange de coup de boule et de câlin. Tu n’as pas su quoi choisir entre la colère, la joie, le soulagement et le chagrin. ”Pourquoi ? T'étais mort..” Tu ne relâches pas ton étreinte tout de suite, comme si tu avais peur de le voir disparaître.”T’étais où putain ?” Tu veux comprendre. Tu veux savoir pourquoi il n’était pas revenu... Pourquoi il s’était fait passer pour mort. Tu te détaches finalement de lui, mais tu ne le lâches pas des yeux. Est-ce que les autres étaient au courant ? Les gars du Blizzard ? Ceux qui étaient partis ailleurs ? Yuduar ? Solveig ? Tu as bien trop de question à lui poser. ”T'as perdu la mémoire c’est ça ?”[/b] Tu voyais pas d'autres explications. Ca expliquerait pourquoi il n'était pas revenu, non?
— J’aurais voulu…
Pourquoi ça sort tout seul aujourd’hui ? Parce qu’avec Leffe c’est toujours plus simple ? Il n’y a qu’à être soi-même et il prend ce qu’on lui donne ? Parce qu’il m’avait manqué comme ami ? Parce que le Solstice me rend émotif sans raison. J’aurais vraiment voulu mourir ou perdre la mémoire, ça aurait été plus simple et moins lourd à porter.
— Je ne pouvais juste pas revenir.
J’avais trop peur. De tout. De Solveig qui attendait une, enfin deux, vit dans son ventre. Des regards des autres en étant le seul survivant. De ma famille qui est toujours un poids si lourd sur mes épaules. De juste moi-même qui avait l’impression d’être responsable de tout cela. Pourtant j’aurais voulu. Vraiment voulu. J’ouvre la bouche pour dire autre chose, mais rien ne sort et Soly gémit contre moi et j’ai l’impression qu’elle arrive à mieux s’exprimer que moi là tout de suite.
— Je voulais… juste je pouvais pas…
Ça me donne presque envie de chialer, mais je ne le ferais pas. Je suis fort. Il y a Xarope à côté, je ne peux pas lui offrir cela comme image. Je dois être soit un connard, soit un sauveur, pas un faible. Je me sens si faible face à Leffe. C’est exactement pour cela que je ne pouvais pas revenir et même maintenant ça semble toujours aussi effrayant. Je prends une grande inspiration et me lance pour tenter de changer un peu la situation.
— Si tu as le temps et l’envie, on peut profiter du Solstice ensemble pour en parler.
Je n'en ai pas envie. J’ai envie de fuir, mais si je veux un jour pouvoir être à la hauteur pour Samael il va falloir que j’affronte tout cela. Il ne voudra peut-être pas et j’aurais la chance de pouvoir aller me bourrer la gueule tranquillement à la taverne. Peut-être.
- C'est sûr que ça n'a rien à voir avec ce que j'ai pu imaginé par le passé. Tout comme je n'avais jamais imaginé tombé totalement sous ton charme. Et pourtant on est là, tous les deux, sous ces flocons de neiges artificiels et dans cette chaleur presque étouffante. Et tu sais quoi ? Ça me va bien. A tel point que maintenant, je m'imagine très bien retourner chaque année à ce même festival, à condition que tu y viennes avec moi... Enfin, si tu le veux bien, évidemment.
Je me redresse un instant et pose un baiser sur sa joue avant de lui sourire, simplement heureuse d'être auprès de lui à cet instant. Alors même que tous mes problèmes me semblent si loin désormais... Même si... Au fond, il y a une autre personne avec qui je souhaiterai partager ce merveilleux moment.
- Et un jour, je l'espère, je pourrais aussi y emmener Kahlua. Et ce sera une nouvelle fois grâce à toi.
Mes doigts glissé entre les siens se resserrent alors sur sa paume tandis que je repose ma tête sur son épaule et perds mon regard dans les braises incandescentes de la forge, imaginant les yeux pétillants de ma fille s'émerveillant de tout et de rien.
Jusqu'à ce qu'un voix familière m'interpelle et que je me redresse, me retournant alors vers l'homme qui a cité mon nom. Almassar Heckel, l'enchanteur que j'ai rencontré juste avant de partir de la capitale et que j'ai mandaté pour chercher un moyen de me faire fusionner avec mon mist esprit que personne à part moi ne peut voir. Une demande que je n'ai clairement pas oublié mais qui n'a pas vraiment d'urgence.
- Oh, Monsieur Heckel, quelle coïncidence de vous voir ici. Et oui, même si cela fait un moment maintenant que je n'y suis pas retournée. Mais soyez sans crainte, je n'ai pas oublié notre marché. D'ailleurs, si vous y êtes disponible, je pensais bientôt venir vous revoir dans votre échoppe. Mais il n'y a aucune urgence alors, profitez donc tranquillement de la fin d'année. J'attendrai 1002 pour venir vous revoir.
Force était de constater que désormais, cela lui paraissait des plus ordinaire.
-Parfois, Lucy à ses propres idées, mais je suis bien content qu'elles aillent dans mon sens pour une fois.
Et si son invitation était acceptée d'office, la mention de sa fille mis le prétorien un peu mal à l'aise. Rien n'était vraiment fait, et il voyait mal comment interagir avec la fille de son amante, ne désirant ni prendre la place de quelqu'un d'autre, ni l'ignorer totalement.
Il allait falloir jouer à un jeu dangereux d'équilibriste. Un jeu qu'il avait tout le temps d'étudier plus tard. Et au lieu de paniquer, il hocha la tête en signe d'assentiment
-Je serais ravie de l'avoir avec nous, en espérant que l'année prochaine, tu accepte de venir avec moi comme tu me l'a annoncé
Après tout... Gérer un enfant, ce n'était pas comme gérer des soldats ? De façon plus diplomatique peut être ?
La question se mit à tourner dans son esprit avant que quelqu'un n'interrompe son cheminement de pensée.
Ses yeux se levèrent vers un parfait inconnu que l'officier n'avait encore jamais vu, mais qui visiblement était une connaissance de Lunarya
-Bonjour
Répondit t-il sans vraiment savoir quoi dire d'autre, s'imaginant mal engager une conversation avec un inconnu. Inconnu visiblement un marchand de quelque sorte.
Ainsi, il se fit discret, se contentant d'observer l'individus avec un air neutre, tachant de refréner l'envie de l'examiner de la tête au pied comme à son habitude
« O-oh ! Oui ! Dites oui. Venez avec nous fêter le Solstice ! J’connais pas beaucoup d’autres hybrides ! Et j-je … Euh… Vous êtes très beau monsieur Adam. » Elle hoche la tête, approchant sa main de la fourrure. « Vous avez aussi l’air très doux. J-je peux toucher ? »
Elle pose la question, cependant le demi dragon est déjà en train de s’accrocher au cou du renard. Peluche géante ! Elle n’a pas su se retenir c’est plus fort qu’elle. Elle le sert fort dans ses petits bras sans le moindre muscle. Elle est si contente de croiser un autre hybride. Puis elle réalise ce qu’elle est en train de faire alors elle le lâche promptement en rougissant et en s’inclinant poliment en reculant.
« S-Sio ! Je suis Sio ! Enchantée ! Je suis une hybride aussi ! » Un rire nerveux lui échappe, oui Sio c'est bien, le monsieur a des yeux.... Il peut le voir tout seul qu'elle est une hybride. Elle prend une grande inspiration, désespérée par sa propre personne avant qu’elle ne s’accroupisse pour regarder l’enfant. « On peut être copains aussi ! Comme ça tu auras un renard et un dragon ! Chouette non ? »
Cela va sans dire qu’elle prie pour ne pas effrayer le pauvre gosse qui n’a rien demandé à personne. Mais devine quoi, petit bipède ? Elle a pas choisi de ressembler à une bête de foire non plus. C’est surement l’esprit de la saison et la présence d’un autre hybride qui la pousse à agir aussi chaleureusement vis-à-vis de ce qu’elle est avec un inconnu. Encore plus avec un enfant.
« J’suis sûre que tu as faim aussi ? Si monsieur Adam le renard accepte de venir avec nous, on te trouvera quelque chose de bon à toi aussi avant d’aller chercher tes parents, ça te plairait ? »
Ça faisait beaucoup de noms à retenir pour une seule personne, mais les mists avaient bonne mémoire et si Frey ne se souvenait pas de quelqu'un, c'était simplement car il n'avait pas écouté au moment des présentations. Un aveu qu'il se gardait bien de faire et qu'il dissimulait en temps normal sous la classique excuse du J'ai du mal avec les noms. Heureusement pour Jaina et sa ménagerie, si son attention allait de l'un à l'autre, il ne risquait pas d'oublier une troupe si singulière de si tôt. Et des questions, oui, Frey en avait plein. Toujours. D'autant plus lorsqu'il s'agissait de bêtes qu'il n'avait jamais vues. Dans ces cas là on pouvait le comparer à un Almassar assistant à une démonstration d'ingénierie.
Agitant la main à destination de tous dans un coucou général, ses yeux se posèrent ensuite sur les deux gloobies. Il devinait dans le regard de ces créatures qui se collaient partout tout le temps l'éclat du démon. Mais il fut tiré de ses réflexions une seconde plus tard en se rendant compte que ne pas renvoyer la balle sonnerait étrange.
C'était rare de croiser quelqu'un accompagnée d'autant d'animaux différents, encore plus d'un familier aussi exotique et capable de parler. La présence de Cobalt n'était pas sans lui rappeler sa propre condition et l'époque où il avait servi... Et bien de familier à la sorcière qui l'avait éduqué.
Engageant un mouvement de pivot pour faire demi-tour, Frey les invita à le suivre si cela leur convenait. Ce n'était pas très loin mais il fallait fendre la foule pour se frayer une place jusqu'au stand où ils vendaient les petites créatures passées au feu sur des piques en bois.
Il lui tendit une de ses brochettes. Il en connaissait un rayon sur les rations sèches puisqu'il en préparait souvent. Ses préférées étaient le lambas, mais ça devenait vite lassant au bout d'un moment, surtout qu'en montagne on pouvait mettre du temps avant de tomber sur quelque chose de comestible en cette saison.
Une expression à mi-chemin entre le froncement de sourcil sceptique et la curiosité s'afficha sur le visage de Frey. Un loup qui faisait des flammes ? Voilà une capacité qui pouvait s'avérer vitale dans le coin et il était plus qu'intrigué.
Tu pouvais presque le parier. Si tu la retrouvais, elle serait entourée de plein de connaissance… Pour une personne mal traité, tu savais qu’elle avait un talent pour attirer les bonnes personnes à elle. Et toi pendant ce temps-là, tu avais réussi à faire chasser la seule personne qui te supportait… Entre elle et toi, il n’y avait aucun doute sur laquelle des deux personnes étaient plus adapté à la société. Entre une femme venant de la ville et d'un homme qui vivait seul dans une montagne… Ouais, ridicule.
Tu te relevas, frottant tes jambes et relevant la tête. Tu avais l’option de rentrer… Et l’option de rester. Tu étais enfin dans le festival du Solstice, alors autant découvrir pourquoi Sia te disait que c’était si intéressant que cela. Tu pris une bonne inspiration avant de souffler, essayant de te donner la force de survivre à cette foule. Peut-être qu'en allant visiter les forges et en restant près d’elles, les sons, odeurs et chaleur te calmeront. De plus ! Qu’est-ce que tu pourrais visiter ou chercher. Tu ne connaissais personne dans les rues ici à l’exception de Sia… Peut-être que tu tomberais sur un client ? Nan, s'ils sont ici, ils ne voudront pas être embêtés par un forgeron… Oui, nan, les forges, c’est bien.
Tu décidas donc de prendre le chemin des forges, mais tu fis un petit détour par un stand de nourriture pour prendre une brochette de viande au miel. Juteux et bien moelleux, ça fondait dans la bouche… Ta brochette entre les dents, tu retournas finalement vers la foule, te dirigeant aussi bien que mal vers les forges pour observer ce que chaque truc présenter avait à dire. Tu ne pensais pas tomber sur un miracle… La seule chose qui pourrait t’intéresser ça serait un nouveau four. Tu sais bien qu’un excellent four peut très bien épurée le métal, néanmoins tu n’étais pas aussi bien équiper et comme ça si jamais tu tombes sur un bon four en te baladant, tu pourrais te baser sur celui-ci pour t’en faire un nouveau ! Restant sur le bord des foules, tu faisais un tour lent et méthodique de chacun des stands, jugeant sans la moindre gêne la qualité de leur travail.
J’observai la jeune sœur de Sia, venant incliner mon crâne pour la saluer lorsqu’elle se présenta à moi. Peu tactile, la jeune hybride m’avait surpris mais sa bonne humeur contagieuse me fit retenir un léger rire.
Les questions rhétoriques me donnaient au moins le loisir de ne pas avoir à répondre, et par extension de ne pas parler. Plantant mes coussinets dans la neige fondue, je me penchai pour permettre à l’enfant de remonter sur mon dos, choisissant de suivre le petit groupe, ne pouvant m’empêcher d’ajouter d’une petite voix.
« Au prochain Solstice, nous pourrons y aller ensemble également. »
C’était très certainement le plus gros effort que j’avais pu me permettre en ce jour, mais saisissant à deux mains tout le courage qu’il me restait, je voyais une bonne opportunité pour entretenir nos liens avec la forgeronne. La pêche à ses côtés avait été une expérience rafraîchissante, et réitérer l’activité ne pouvait que se montrer favorable. J’aimais me dire que je ne lirai peut-être jamais le dégoût que j’avais pu voir à plusieurs reprises dans ceux d’Ophelia ou ceux de père. Je n’avais que peu d’estime pour le mot famille, mais lorsque j’admirais la complicité entre les deux sœurs, une pointe douloureuse se peignait dans ma poitrine. C’était un joli tableau à observer, mais qui n’avait été que misérable dans ma vie.
J’ébroue rapidement ma tête pour retirer les idées sombres qui se dessinaient dans mon esprit, le temps se prêtait à de joyeuses festivités, et je n’avais aucun droit de ternir ce moment.
Trottinant jusqu’à mon ami, je vins enfouir mon museau dans sa main pendant pour attirer son attention, ma truffe encore humide se montrant fraîche en comparaison de la chaleur qu’elle dégageait.
« Je ne savais pas que tu avais une sœur. »
En vérité, nous ne savions certainement peu de choses l’un de l’autre. Moi, n’étant pas le plus grand des bavards, et surtout ne souhaitant pas interférer avec la vie des gens par peur de les voir se braquer contre moi. Je jetai un bref regard en arrière pour observer sa jeune sœur qui lui était en bien des points similaire. Je me sentais étrangement à l’aise à leur côté, parvenant à ignorer les divers regards des personnes qui s’écartaient à notre passage.
La foule semblait s’être attroupée vers des odeurs plutôt appétissantes, réveillant mon estomac vide.
Jaina avait regardé étrangement Frey lorsqu’il avait décrit le met qui avait paru si alléchant avant qu’il ne parle d’os craquant. Était-ce nécessaire ou bien elle avait manqué une information importante quelque part, mais depuis quand mangeait-on les os d’une créature. Enfin, elle ne devait pas juger. Après tout, tous les goûts étaient dans la nature et chacun avait ses habitudes. Dans tous les cas, elle n’était pas malpolie au point de refuser son invitation à le suivre jusqu'au plat en question, mais fendre la foule avec ses familiers allait être quelque peu tendu. Après tout, si elle les avait tenus à distance du banquet c’était pour éviter que cela ne dérange qui que ce soit.
Un soupir s’échappa alors de ses lèvres alors que son guide s’était déjà détourné. Ah et puis zut! C’était le solstice pour eux aussi et ils étaient dehors! Tout le monde pouvait bien en profiter! Elle fit donc un signe à ses compagnons de la suivre et tenta de rattraper leur nouvelle connaissance.
« Pardon, excusez-moi. » Dit-elle à plusieurs reprises alors qu’elle se faufilait rapidement entre tous ces gens suivis de près ses familiers qui ne semblait pas réellement embêter.
Plutôt indifférent, s’ils décidaient de passer, il le faisait, mais au vu de leur taille, personne ne décidait de jouer les murs. Heureusement, elle le rattrapa assez rapidement alors qu’elle attrapa la brochette qu’il lui tendait. L’odeur du poisson grillé avait un fumet particulier, mais ça se laissait apprécier. Elle prit une première bouchée dans la chair chaude alors que la peau croustillait sous ses dents, lui arrachant un petit sourire satisfait.
« J’ai quitté la capitale à cause de problèmes personnels sans m'installer fixement ailleurs et j’avais du mal à manger autre chose que des rations sèches. Enfin, ça, c’est quand j’arrivais à manger. Ça va mieux maintenant, c’est ce qui compte. »
Bon c’était un sujet quelque peu sensible et Jaina était resté à la surface du sujet, mais elle lui offrit un sourire sincère et le fait même qu’elle soit capable d’avaler ce poisson montrait bien la progression qu’elle avait faite depuis son « accident ». Après être tombé plus bas que terre, Jaina réussissait enfin à avoir les pieds sur terre.
« Cobalt vient d’un œuf! Jaina donné nom et naître après! Pas savoir où autre comme moi est. Toujours été avec Jaina.
- Oui, je suis allée visiter le parc du village perché et je suis revenue avec cet œuf, mais de ce que je sais, les lugnipus préfèrent les endroits chauds.
- Chaud meilleur! Et Cobalt peut faire feu! Déjà fait avec Jaina pour battre méchant!
- Il peut aussi monter sa température corporelle au point que cela soit insoutenable pour les gens autour de lui.
- Cobalt fort et grand! »
Jaina se mit à rire face à la réaction de son compagnon. En levant les yeux vers le ciel, elle put observer la neige qui tombait doucement. Elle était bien contente de s’être vêtue en conséquence.
« D’ailleurs, vous avez dit être guide plus tôt, vous œuvrez dans les montagnes seulement ou vous avez d’autres domaines de prédilection? »
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