C'est fini. Enfin, j'crois. On laisse derrière nous, une sacrée histoire. C'est peut-être la première fois que je m'embarque dans un truc aussi colossal. Mais il y a des choses qui ne changent pas, Mad' est toujours malade, et Zahria... Ah bah, si. Ça a changé. Ça va mieux entre nous. Quand j'pense que je voulais lui casser la gueule il y a maintenant plusieurs jours. Maintenant, j'pourrai peut-être prendre une flèche pour elle. Enfin, si ça vaut le coup. Les prisonniers ne sont plus prisonniers et les pirates sont devenus prisonniers. Les choses rentrent dans l'ordre, et le bateau arrive à bon port. Sympa, ce cristal de communication. Même s'il n'a pas vraiment servi hormis à prendre contact avec Mlle gher, j'me dis que dans certaines situations ça pourrai être utile. Peut-être laisser une bourse si j'en croise un en vente.

S'il y a bien un truc que j'voulais là, maintenant, de suite... Une bonne grillade. Luciole va lire dans mes pensées en nous proposant la pitance et le gîte... Bordel de merde ouais. Un bon lit pour s'affaler avec le ventre plein et de l'alcool dans le sang. Les tournées s'enchaînent, la table est remplie de bouffe, l'auberge est remplie de monde, dans une ambiance de fête et de convivialité. Un beau n'importe quoi en bonne et due forme. Mad' m'enfonce encore dans les méandres ou plutôt dans le côlon du quiproquo. Encore. J'essaie de passer à autre chose, et j'ai l'impression que Luciole n'a pas saisi sa réponse. Pas plus mal et je déteste m'expliquer. Tout était pour le mieux, mon pouvoir reprendre de la place dans mon corps, mes muscles se détendent, mon foie me déteste et mon estomac me remercie. Défi numéro un, s'engloutir. Numéro deux, éviter d'être un lance-flamme humain après une gnôle trop forte pour mon corps. Défi numéro trois, au vu de la demande de Mad' insisté farouchement par Luciole....

... Chanter.

Bordel de merde. Ces deux pestes claquent des mains et l'auditoire commence à nous regarder. Mes joues deviennent chaude, j'sais pas trop où me mettre et ma chopine est pas encore vide. J'ai bien compris que je n'avais pas le choix quand les clients commencent à taper des mains également. Bon et bien, va falloir que j'me bouge le cul on dirai. J'tire ma chopine cul sec et prend une grande inspiration tout en titubant en sortant de ma table.

- Mad', "Le bon Rhum de Binks".
- Ouiiiiiiiii Feuf' !!!

Père me la chantait chaque fois qu'on prenait la mer. Je l'ai apprise par coeur et c'est arrivé de l'avoir chanté avec Mad' lorsqu'on se murgeait chez Marty. Un hommage pour mon père, son fils remplissant sa première quête digne de ce nom en tant qu'aventurier. Une belle chanson de matelots qu'il a piquée à une taverne du grand port qu'il avait l'habitude de chanter avec des potes à lui. Grab, Vulcan et Pierce. Me demande ce qu'ils sont devenu aujourd'hui... M'enfin, poussant une petite quinte pour récupérer ma voix je lève mon verre vide en l'air :



Quelques musiciens rattrapaient ma fausse voix avec un un violon et une guitare, Mad' manquera pas de se casser la gueule de son tonneau en chantant la chanson à pleine voix pendant que Luciole suit la musique en dansant sous les regards ébahis des clients qui hurlent comme un équipage de pirate avant l'abordage. J'me sentais ridicule, j'me sentais bien, j'me sentais euphorique. Un peu tout ça à la fois. La honte s'efface petit à petit, et je sais que dès que je pourrai, je reprendrai l'aventure au plus vite. Pour Okubo Hidoru, pour l'aventure, pour être un grand explorateur comme lui je l'espère.