Finalement, c'était une bonne pêche. Trouver du pognon et des objets de valeurs, ça peut que faire du bien à la boutique. Je regarde les derniers restants tomber les uns après les autres dans le sac sans fond de Luciole pendant que j'regarde aux alentours. Évidemment, faire demi-tour serait du suicide donc on n'a pas le choix d'avancer, et c'est ce que va proposer Luciole dans la foulée. On acquiesce automatiquement et prend ce petit couloir qui fait pas envie. Au vu de l'obscurité, Luciole pilote de nouveau le groupe, Mad tient son épaule et moi j'tiens celui de mon amie. Zahria va ralentir le pas, soudainement un peu alertée de quelque chose.

- Un problème ?
- Ils arrivent, fermez la et faites comme si vous étiez mes prisonniers.
- T'inquiètes, j'ai l'habitude maintenant.
- La ferme, j'ai dis.
- Les tourtereaux, c'est pas le moment...
- Grr. Envoies ta bestiole.

Rapidement mais avec assez de douceur, j'récupère le Lumios en le mettant sur mon épaulière en métal. Moins confortable, moins réconfortant, moins Zahria. Tant pis, va falloir faire avec. La lumière devient de plus en plus intense et c'est quatre bonshommes habillés comme des ploucs qui se ramènent. L'idée de leur casser la gueule me plaît bien, mais le plan de la Garde paraît plus sur. Après leurs garde-à-vous en carton, ils commencent à jacter. Apparemment tout le monde sait que nous avons disparu de la cellule et qu'il faut nous ramener chez le patron. Championne des comédiennes, Zahria prend la parole suite aux questionnement de notre identité et de la description faites à notre sujet.

- Les voilà, en chair et en os.

Ils décrochent de leurs positions et nous encerclent, armés jusqu'aux sourcils. La transformation qui fait toujours rouler dans la farine ces ploucs, ils se proposent en nous escortant. Ils nous attachent les poignets, j'souris légèrement quand j'vois que c'est de la corde. Mais beaucoup moins quand ils les serrent. Ça douille, on est à deux doigts du garrot.  L'un d'eux me regardera avec Dhim sur l'épaule.

- C'est quoi ce truc ?
- Il s'appelle "c'est-mon-familier-et-t'avises-pas-de-le-toucher-connard".

J'ramasse une mandale dans la gueule qui me fera légèrement grogner. D'un œil rassurant, j'caresse la bestiole maladroitement avec mon front, qui n'attend qu'une chose c'est de retrouver la chaleur de sa maîtresse. T'inquiète, tu vas bientôt la retrouver. Un autre s'approche de notre faux-semblant, intrigué quand il nous voit que tous les deux.

- Ils étaient pas trois à la base?
- Le troisième a prit la fuite, introuvable jusqu'à présent.

Et sur ces mots, nous continuons d'avancer. Vers notre perte ? Pour l'instant, jusqu'ici, tout va bien...

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Dangereusement sensuelle, elle nous toise comme des gibiers déjà prêts à être mangé. En temps normal son approche et son sous-entendu auraient pu être une remarque chaleureusement agréable, mais vu le mystère de cette île, et toutes les emmerdes qu'on récolte depuis, j'me dis que ce qu'elle propose doit être bien différente des "choses de l'amour"... Si j'puis dire. Elle devine que la Guilde nous envoie enquêter ici, confirmant ainsi qu'on n'est vraiment pas les seuls à vouloir tenter notre chance. Alors c'est comme ça que ça se termine? Les mecs se pointent, trop curieux se font choper et finissent soit culbuté par l'équipage, soit dans le gosier de ...

... Ce truc ??!!

Tentaculaire, effrayant de par son seul oeil au milieu de la face, il pourrait donner des cauchemars au plus taré de la guilde. J'ravale ma salive, serre la mâchoire à la simple vue du machin imaginant déjà ce qui pourrait se passer si je me retrouvais seul dans le fond de l'océan face à lui. Toujours impératrice, elle veut en savoir plus sur Luciole, ne sachant pas qu'elle est se trouve juste en face. J'avais bien une réponse mais j'risquais de griller la couverture en plus de manger une mandale dans la gueule. D'abord d'un des sbires et peut-être par Zahria juste après. D'un regard complice, Mad' et moi on s'entend pour garder le silence. C'est tellement facile entre nous de se comprendre. Et dans ce genre de situation c'est un avantage considérable.

Mais la venue d'une tierse personne va nous mettre le doute. Ce connard murmure dans son oreille, impossible de savoir ce qu'il dit. De quoi parlerait-t-il ? De Luciole ? Du vrai Horace? Notre couverture se sentira d'autant plus fébrile lorsque le Capitaine parlera de son fantastique vaisseau. Alors c'était bien ce qu'on pensait... Même pour Luciole et sa capacité extraordinaire à s'adapter à n'importe quelle situation - un peu comme un agent double - trouver une réponse qui atténuerait les doutes va devenir presque impossible. J'commence à envisager que nous sommes dans l'impasse et qu'il va falloir vite agir. J'compte sur les années de complicité avec Mad' et notre curieuse façon de bosser aisément ensemble avec Zahria pour tenter quelque chose.

La femme, carnassier dans son sourire, a l'air de faire mouche. Sans leurs laisser une seconde de plus qui pourrait nous trahir définitivement, j'prends une grande inspiration. Les yeux incandescents, je pivote sur mes genoux pour cracher une gerbée de flammes sur toutes les paires de jambes face à moi. C'est pas agréable, j'ai la gorge qui brûle mais c'était ma seule option. Un verre d'eau me fera le plus grand bien après cette histoire.

- A toi Zahria !

Mes deux poings prennent feu et la corde saute. Mad' se relève et naturellement me tourne le dos pour qu'avec l'une des serres tranchantes de mon Gantelet vienne sectionner la corde d'un seul coup. Plus qu'a miser sur notre Garde pour s'occuper de la donzelle.

Epée dégainée, j'attends la riposte. Aujourd'hui pour le Faungupta, au menu...

... C'est fritures humaines grillées sur le feu.

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J'trottine vers Mad' qui venait de terminer la correction que ces deux bouseux méritaient. Elle est en bon état, moi aussi. D'un coup de coude commun on se félicite de s'en être sorti sans blessures. Le calme revient dans la pièce et Luciole a encore géré du steak : elle a coincé le capitaine en otage. On se croirait dans ces bouquins que m'man lisait quand j'étais gosse sur le héros qui tente une mutinerie d'un capitaine tyrannique et sans pitié. Ça m'fera une belle histoire a raconter pour une fois.

Sauf que c'est étrange.

Pas un bruit, pas de connards qui gueuleraient un "yaaah" comme des idiots, sabres et cimeterres dégainés. Non, absolument rien. Seulement le rire du capitaine qui m'parait beaucoup trop sure d'elle. Mes yeux sont donc tournés sur Luciole, difficile de savoir ce qu'elle pense. Mais dans mon cas, j'pige rien à ce qui se passe. Lorsqu'elle a terminé son boucan à gorge déployée, elle demande à faire entrer le "vrai Horace". Bordel... Son sbire s'exécute et l'homme en question se dévoile enfin en face de nous. Ferré au cou comme un simple prisonnier. J'fais le lien de suite. Ils savaient déjà que Luciole avait prise son apparence, ils se sont juste trompés sur le colis. On s'est fait enfler depuis le début. Le capitaine de plus en plus en menaçant, ses mains vont empoigner les bras de mon partenaire. Ma respiration devient haletante, j'grogne sans le vouloir. Cette fumée blanche n'est pas naturelle, Zahria est en mauvaise posture. Toujours aussi sur d'elle, le capitaine la menace. Ça me semblait clair désormais, c'est une attaque de température négative. Mais alors que j'pensais que le vent ne tournait plus en notre faveur, mon binôme de lumière m'zyeute cette fois, et reprend son apparence.

- Je ne suis pas la seule dont il faut se méfier... y'a Flammèche aussi !

Tes désirs sont des ordres. Se comprenant instinctivement, Luciole se baisse et une boule de feu apparaît dans la paume de ma main qui n'attendra pas une seconde avant d'être catapultée dans sa trogne.

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J'aurais pu pisser dans un violon, c'était pareil. Mon attaque n'a servi à rien, hormis de sortir Luciole d'un pétrin assez frigorifiant. Finalement elle va devoir se passer de notre aide et tenir le front face à cette nana qui visiblement est capable de cryo-kinésie. Il faudrait que j'augmente à une température telle qui pourrait me faire tomber dans les vapes une bonne fois pour toutes, ou bien nous enfermer dans un dôme de feu. À voir. En tout cas j'peux pas y réfléchir de suite, la capitaine envoie deux de ses larbins pour terminer le travail. Mais elle n'a visiblement pas compris qu'elle est tombée sur les deux plus gros têtus et bornés d'Aryon. Le duo se sépare et choisisse avec qui ils veulent danser. J'm'occupe du monsieur apparemment. Mad', attentionnée, échappe instinctivement un conseil qui relève de l'évidence. Un petit sourire me trahis pendant que je mouline mon épée.

- Ca va aller, Mad'.

Faut pas faire de conneries. Les mecs se pointent, sans armes. On me l'a fait pas à l'envers moi. Ils ont l'air de faire confiance en leurs pouvoirs. Et bien soit. Le connard, Kayn j'crois, s'approche de moi. Il me laisse pas une seconde de répit lorsqu'il dégaine son couteau et m'attaque à la tête. D'un grand revers de la Main Ardente, j'viens marteler son poing tenant l'arme en question et m'permettre d'avoir une ouverture d'attaque à l'épaule. Ni une, ni deux, d'une attaque diagonale avec l'épée j'tente de trancher son épaule.

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C'était pas normal ça ! Comment il a fait ? Comment la lame a rebondi ? À peine eut le temps d'y réfléchir qu'il m'offre le coup de poing dans le ventre qui fait remonter le fourré à la crème que j'avais mangé quelque temps plus tôt. J'recule de quelques pas en conséquence, le bonhomme cogne dur. Mais pas assez pour me faire tomber. J'tente de reprendre ma respiration et envisage la théorie suivante sur son pouvoir : le métal comme le feu pour moi, c'est son dada. Et évidemment, des pièces de métal, entre l'épée, mon gantelet, mes jambières... Je n'ai que ça sur moi. Il veut jouer avec ses pouvoirs . Très bien, à mon tour. Résigné, j'abandonne l'idée d'utiliser mon épée pour le saigner comme on l'a fait avec les Porcs-Becues. Alors ce que je vais faire...

...C'est utiliser ma tête.

L'empêchant d'attaquer de nouveau, un flux de flammes va débiter grâce à la paume de ma main de manière interrompue comme un lance-flammes dans ses jambes. La diversion flamboyante lui dévorant la chair, je prends deux grands pas d'élan avant de tenter de l'assommer en matraquant mon crâne contre le sien. En plein milieu de visage.

Chercher la commotion ? Pourquoi pas. Lui pulvériser les dents ? Bien sur que oui.

- De la part du dentiste, enfoiré !

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