L’obscurité, encore et toujours, dans le passage de terre et de pierre. Aucun signe des enfants cependant, ce qui signifiait qu’ils étaient restés du côté de la sortie de l’aven et, avec un peu de chance, s’étaient peu à peu regroupés sous les directives d’Apolline. L’espace s’élargit devant lui, et le jeu des courants d’air fit vaciller sa flamme. Il reconnut l’intersection où il s’était séparé des aventurières. Par où aller à présent ? Rebecca n’avait rien trouvé de probant dans son passage, et avait dû rejoindre celui de Light, tout droit. Mais lui-même n’avait pas fini l’exploration du sien… C’était là, aussi, qu’ils risquaient de perdre les enfants si ceux-ci, petites créatures parfois dépourvues de bon sens, faisaient demi-tour pour s’aventurer à nouveau dans les souterrains.

Du bruit à sa droite rappela son attention. Un nouvel adversaire ? Mais il ne percevait pas de nouvelle lueur bleutée… Par contre il reconnut finalement le timbre familier de la voix de Lightning.

- Light! Rien de trop dangereux concernant ce contre-temps j’espère !? Rebecca n’est pas avec toi ?

Et tandis qu’elle lui faisait un rapide topo des événements depuis qu’ils s’étaient quittés, il en profita pour prendre le temps de faire le tour de ses propres blessures. Son bras le lançait encore à l’endroit où la bave acide l’avait atteint, et une éraflure décorait son ventre. De multiples hématomes devaient aussi avoir éclos sous la couche de terre brune qui le recouvrait, mais rien qui ne pouvait attendre.

- Rien que des plaies superficielles, assura-t-il la jeune femme alors qu’elle touchait à la fin de son récit et le détaillait d’un regard inquiet. Vous vous en êtes bien sortis avec les feux follets !
- Il faut qu’on retrouve cette pourriture, lui indiqua-t-elle en fronçant les sourcils.
- Oui. Mais on va prendre quelques précautions avant de retourner vers Rebecca. Viens, aide-moi.

Ils sortirent la toile de tente qu’il restait à Calixte, et les affaires de camping de Lightning. Ils tendirent une toile à l’entrée de chacun des passages qu’avaient précédemment empruntés les aventurières, afin d’en limiter l’accès. Cela ne résisterait pas à un assaut déterminé, mais si les enfants décidaient de leur compliquer la tâche en faisant du tourisme souterrain, cela limiterait certainement leurs possibilités. Ou, à défaut, leur indiquerait sur quel chemin ils étaient allés se perdre. Parce qu’avec leur chance…

L’affaire fut rapide à deux, et ils ré empruntèrent le boyau de droite d’un pas rapide. Eclairé sommairement de sa bougie, Calixte tint la main de Lightning pour éviter de faire preuve trop souvent de maladresse. Enfin, au terme du couloir aux cellules vides, ils retrouvèrent Rebecca, penchée sur le centipède recroquevillé au sol. Les flammes avaient laissé place à des braises. Récupérant avec précaution ses lames retour tendues par l’aventurière à son égard, il les rangea à sa hanche. Son regard accrocha la silhouette de la créature. Allait-elle elle aussi faire place à un être humain ? Libérer une volute bleutée qui s’échapperait pour aller plus loin dans le souterrain ?

Une dernière curiosité, et puis ils iraient retrouver l’homme masqué tenant visiblement les ficelles de toute cette mascarade.

Résumé:

Et le centipède ne manqua pas de disparaitre à son tour dans une nuée de lueurs bleutées, laissant sur place un corps en très mauvais état. Dont la décomposition avancée démentait une mort probablement ancienne. Voilà qui était rassurant… Qu’avait dit le doyen du premier village ? Que cela faisait quatre semaines que les enfants leur étaient enlevés un à un ? Cela correspondait-il à l’état de putréfaction du cadavre devant eux ? Difficile de juger, à sa grande dégradation. Après un échange de regards, les trois camarades se remirent en route. Ils avaient un homme masqué à arrêter.

Poursuivant le boyau à la suite des aventurières plus avisées que lui sur un terrain qu’elles avaient déjà parcouru, Calixte marqua un temps d’arrêt à la nouvelle salle circulaire dans laquelle ils arrivèrent. Si les enfants laissés avec Apolline cherchaient vraiment à faire du tourisme souterrain, ils allaient passer des jours à tous les récupérer. Rebecca indiqua le passage qui lui semblait le plus approprié pour continuer – trouver l’origine des cris d’agonie pouvait effectivement être judicieux – et ils débouchèrent rapidement sur une nouvelle pièce aux contours arrondis. Occupée.

S’approchant de la jeune femme se contorsionnant – de douleur ? – le coursier s’intéressa aux marques étranges parsemant sa peau. Puis au mécanisme indiqué par Rebecca. Il fronça les sourcils à la remarque de l’aventurière. Remarque justifiée.

- Je pense que tu as malheureusement raison, Reb. Il serait plus sécuritaire de trouver, en premier lieu, de quoi la défaire de ces marques. Ou au moins les stabiliser. Tu trouves quelque chose dans ce fouillis ?

Jetant un coup d’œil à la ronde, il chercha d’autres issues que celle par laquelle ils étaient arrivés.

- Quoi que je peux aussi la mettre à l’abri dans une bille, pour le moment. Le temps de trouver comment la soulager. Voire de mettre la main sur son bourreau.

Où était-il, d’ailleurs, cet homme masqué ?
Sortant finalement une nouvelle bille de bois, l’espion s’avança vers la prisonnière aux marques bleutées.

- Qu’est-ce que tu en penses Light ? demanda-t-il à la petite aventurière. On la détache ? On la met dans une bille ? On la laisse là ? Il faut qu’on retrouve celui qui tire les ficèles de cette affaire, ou nous allons tourner en rond.

Résumé:

Acquiesçant aux propos de Lightning, Calixte fit fusionner la jeune femme amochée dans la petite bille de bois qu’il avait en main. Ainsi à l’abri, elle ne présentait plus de risque potentiel pour eux. Pour le moment. Et puis, ils pouvaient ainsi la transporter avec eux plus facilement. Cela permettrait aussi, peut-être, de limiter la douleur de l’inconnue. Enfin, on pouvait espérer. Le coursier était loin d’en être convaincu.

Ils se dispersèrent pour mieux apprécier la pièce, et il nota que Rebecca embarquait une partie des affaires présentées. Il n’y avait cependant rien de probant, que ce fût concernant les expériences visiblement menées ici, ou le moyen de soulager les maux infligés sur la chair de leurs deux pièces rapportées. Ils eurent un moment d’espoir lorsque leurs yeux se portèrent sur un texte codé, mais le sens de celui-ci continua à les éluder et les schémas l’accompagnant ne semblaient pas évoquer grand-chose de plus que des rapports anatomiques et autres bagatelles médicales.

Le tour complet de la pièce leur apprit rapidement qu’il n’y avait qu’une seule autre issue possible. Ou alors ils pouvaient retourner sur leurs pas et tenter l’aventure par un des multiples couloirs au départ de la salle ronde.

- Je suis aussi d’avis d’essayer de ne plus se séparer.

Sa rencontre un peu longuette et pénible avec le centipède bleuté l’avait un peu vacciné contre les promenades souterraines en solitaire.

- Peut-être que le plus simple est déjà de voir sur quoi donne cette porte. Et si cela ne donne rien de concluant niveau possibilités, on pourra toujours faire demi-tour. Prêtes ?

Au hochement de tête de ses deux camarades, l’espion poussa la porte pour découvrir sur quoi est-ce qu’elle donnait. La lame Wardän toujours dans sa main avec sa bougie pour l’éclairer, l’autre poussant le battant et prête à le faire fusionner dans celui-ci au besoin.

Résumé:

Derrière la porte, pas de piège, pas de nouvelle créature bleutée vindicative, juste un innocent escalier en colimaçon descendant davantage dans les entrailles de la terre. Qui donc avait construit tout ce complexe ? Cela avait dû demander de sacrés efforts et bien quelques lunes pour le bâtir. L’hôte masqué actuel n’avait-il fait qu’établir ses quartiers dans un lieu préexistant ou en était-il l’architecte ?
Ils débouchèrent sur une pièce éclairée et réchauffée par un large feu de cheminée, contrastant avec la froideur humide des autres parties du souterrain. La décoration était aussi plus fournie ; il y avait des tapis au sol, de nombreux livres généreusement garnis rangés contre les alcôves, et un homme affairé au milieu de tout ça. Qui avait perçu leur présence, mais ne paraissait pas s’en inquiéter. Apparemment, son « chef d’œuvre était déjà presque terminé », et les trois nouveaux venus n’y changeraient rien.

- Ce mille-pattes était le vôtre ? demanda avec curiosité Calixte en s’avançant prudemment dans la salle. Il a laissé place à un cadavre décharné, après avoir volé en milles éclats bleutés. Comment avez-vous réussi cette prouesse ? De changer les humains en créatures d’autres espèces ?

Il souffla ce qu’il restait de sa bougie et la rangea.

- Nous avons effectivement récupéré une partie des enfants, mais bien loin du compte indiqué par le doyen du village. Où sont les autres ? Sont-ils seulement encore vivants ?

Les yeux de l’espion balayaient l’espace de la pièce à la recherche du moindre indice sur les disparus, sur un remède contre la métamorphose imposée, sur le fameux chef d’œuvre, sur un éventuel moyen de neutraliser rapidement l’homme lumineux.

- Ou peut-être font-ils déjà partie de votre « chef d’œuvre » ? Quel est-il d’ailleurs ?

Il s’approcha encore du bureau, se saisit d’un tabouret et s’assit en face de l’inconnu. Saisissant délicatement l’un des documents présents sur le bureau, il en parcourut rapidement les informations tout en gardant la majorité de son attention sur l’homme.

- Si vous me répondez qu’il s’agit juste d’une ménagerie aux teintes bleues car vous aimez le curaçao, j’avoue que je serai peut-être un peu déçu, ajouta-t-il en s’avançant encore contre le bureau.

Afin de jeter un coup d’œil aux notes de l’être lumineux. De mieux jauger celui-ci. Et de garder son attention tandis que les aventurières s’affairaient. Il y avait là un jeu tout en risques, mais ça n’était pas la première fois que la curiosité de l’espion lui faisait emprunter ce chemin, et ça ne serait probablement pas non plus la dernière. Sauf s’il se faisait tuer juste là. Ses doigts effleurèrent un crayon trainant sur la table, prêts à une retraite stratégique au besoin.

Résumé:

Du coin de l’œil il pouvait voir Rebecca s’aventurer prudemment vers les alcôves. Elle leur jetait de temps à autre un regard pour évaluer la progression de la situation, et tenait en main… deux colliers jumeaux et une paire de lunettes de jour. Fronçant les sourcils, Calixte détourna momentanément son attention de l’homme lumineux et tourna les yeux vers le reste de la pièce. Où était Lightning ? Ne les avait-elle pas suivis ? Avait-elle été retenue par autre chose ? Lui était-il arrivé malheur ? S’obligeant à revenir à des préoccupations plus pressantes, le coursier nota qu’il lui faudrait interroger Rebecca à ce sujet.

Bien qu’étrange et un peu perturbant, l’être lumineux était réellement intéressant. Intéressant dans le genre génie mégalomane dangereux ayant grandement besoin d’être menotté par du matériel restreignant la magie puis d’être jeté au fond d’un cachot lourdement gardé.

- Voilà qui est fâcheux, commenta Calixte aux propos de son interlocuteur concernant les enfants disparus. Avez-vous encore les dépouilles des enfants ? Pour leur famille.

S’installant face à l’homme et se rapprochant du bureau, il pouvait partiellement observer ce que celui-ci était en train d’annoter. D’autres feuilles mentionnaient les expériences menées, et le coursier reconnu quelques paragraphes faisant référence à la jeune femme qu’il portait à l’abri de sa bille. Ainsi donc il y avait besoin à la fois du concours de potions – injectées ? – et du pouvoir de l’individu lumineux. Cela signifiait-il qu’à défaut d’une nouvelle injection, cette fois-ci fructueuse, sa passagère ne risquait pas de se transformer ? Ou manquait-il uniquement l’action du pouvoir de l’homme lui faisant face ? Mieux valait ne pas tenter Lucy, elle ne lui avait jamais vraiment souri.

Se penchant davantage par-dessus le bureau alors de son interlocuteur lui dévoilait ses plans et le contenu de la boite qu’il tripotait, Calixte ouvrit de grands yeux à l’orbe lumineux. Il avait évidement la teinte des créatures qu’ils avaient croisées jusqu’ici. Y avait-il un lien ? Pas tant que ça, à en croire les paroles suivantes de l’homme. Rapidement, le garde jeta un nouveau coup d’œil à Rebecca – et toujours aucune trace de Ligthning – et il put lire dans les yeux de l’aventurière le même intérêt qui l’animait. Le même besoin d’en savoir plus. Pour éventuellement agir de manière adaptée.

- Je la sens… La vie qui s’insinue en moi, voulez-vous ressentir cette douce sensation aventuriers ?
- Oui, répondit simplement le coursier sans feindre sa curiosité.

Il s’approcha encore un peu par-dessus le bureau, jusqu’à presque toucher la silhouette de l’homme. Une main fermement posée sur la table comme plan de repli.

- C’est fascinant ! Vous avez transféré la vie de ces êtres dans cette sphère ? Et vous êtes capable de l’utiliser pour… rallonger la vôtre ? Augmenter vos capacités ? Décupler votre pouvoir ?

Il avait uniquement parlé de vie éternelle, mais à tous les coups c’était une force supplémentaire qui risquait de mettre en difficulté Rebecca et Calixte lorsqu’ils chercheraient à appréhender activement celui-ci.

- Êtes-vous obligé d’alimenter cette sphère de manière constante – de lui offrir régulièrement des vies – pour en retirer son énergie, ou bien maintenant qu’elle est constituée va-t-elle justement vous permettre de vivre éternellement sans plus de soucis ? Vous suffit-il de l’avoir en main pour l’utiliser ?

Résumé:

Bon, très clairement, l’homme lui faisant face était un illuminé. Et ça tombait bien, il était justement lumineux. Fronçant les sourcils, Calixte se dit que ça risquait d’être un peu délicat de retourner auprès des villages avec seulement une partie des enfants, mais c’étaient là des préoccupations pour plus tard. Son regard et son attention se focalisèrent sur la silhouette dansant d’allégresse dans un accès de mégalomanie – ou d’ivresse du pouvoir de la sphère bleue – et il espéra que Rebecca était prête à passer à l’action. Leurs combats respectifs contre les créatures bleutées avait mis en avant qu’elle était bien meilleure que lui pour ce type de situation, et si l’homme se montrait trop coriace pour l’aventurière… ça risquait d’être problématique. Calixte était tout à fait prêt à jouer l’appât, la diversion, voire le punchingball au besoin, mais il n’était pas bien certain de pouvoir lui être d’une meilleure aide.

L’homme lumineux s’approcha à nouveau de lui, comme grisé par l’énergie bleue et l’intérêt qu’on lui portait, et alors que Calixte hésitait à poser le doigt sur la sphère par curiosité – ainsi que pour toujours retenir l’attention de son interlocuteur alors que Rebecca… faisait quelque chose – il sembla soudainement céder à l’impatience et se saisit de la main du coursier. Surpris par l’action, le garde perdit son équilibre au-dessus du bureau et, alors qu’il trébuchait contre celui-ci, son geste se termina instinctivement pour venir se poser contre la sphère bleutée. Automatiquement ses doigts se saisirent de l’objet tandis qu’il se rétablissait maladroitement.

Une douce chaleur se répandit de la sphère à sa peau, remontant phalange par phalange, pénétrant au plus profond de sa chair jusqu’à ses os. Captivé, Calixte en oublia temporairement ce qu’il se passait autour de lui, et sa prise sur l’objet se réaffirma inconsciemment. C’était étrange, mais pas au point d’expliquer l’excitation de l’homme… Une vive douleur apparut soudain au bout de ses doigts, rappelant la morsure acide du centipède un peu plus tôt, et il voulut retirer sa main. Néanmoins, le temps de quelques inspirations saccadées, souffreteuses, la brûlure se propagea de long de sillons bleutés de ses doigts à sa paume, de sa paume à son coude, et bientôt à son épaule. Et impossible de lâcher la sphère de pouvoir.

Etourdi par sa souffrance, sa surprise et son effroi, le coursier se débattit vainement de ses membres libres jusqu’à ce que, dans ses mouvements de moulin à vent, la peau de sa dextre effleurât le bureau près duquel ils se tenaient toujours, et qu’il fusionnât avec par habitude. Pour se mettre à l’abri. Prendre du recul. Souffler. La douleur pourtant, ne semblait pas en finir. S’était-il défait de la sphère ou l’avait-il embarquée avec lui dans sa fusion ? Les marques continuaient-elles à progresser ?

- Reb.. ? gémit-il doucement.

Résumé:

Il avait beau avoir fusionné avec le bureau, rien ne semblait vraiment avoir changé. Sous cette forme, il sentait malgré tout la douleur pulsatile remontant le long de son bras immatériel, et il devinait les aspérités de la sphère qui l’avait suivi dans sa fusion. Plus collant qu’un glooby ce truc ! Peu à peu, une chape cotonneuse s’installa en limbes prégnantes sur son esprit, et distraitement, pris entre l’insupportable sensation de brûlure et cette distrayante nouvelle affection, Calixte se demanda s’il s’agissait-là d’une nouvelle surprise de la sphère à son égard. Ça n’aurait pas été surprenant. Qu’avait donc dit l’homme lumineux tandis qu’il se débattait de sa douleur ? Qu’il serait un « fidèle servant » ? Cela signifiait-il qu’il risquait de se transformer en créature bleutée ? Ce qui bon, le tentait moyen vu qu’ils n’avaient jusque-là pas trop trouvé de moyen de les arrêter sans les trucider. Mais surtout, qui sous-entendait qu’il risquait de se retourner contre Rebecca.

Son cerveau de plus en plus gourd lui signala l’urgence de prendre une décision : rester dans le bureau en espérant que s’il se transformait effectivement en créature celle-ci resterait contenue dans le meuble, ou défusionner pour essayer de se débarrasser de la sphère puis attaquer – parce que bon, toute autre option diplomatique semblait avoir été explorée – l’homme lumineux. Par Lucy, il allait douiller ! Rassemblant ses pensées, luttant contre le sommeil et la douleur, Calixte défusionna. Glissa pour se mettre à distance de Rebecca et de l’homme lumineux. Jeta un regard à sa main tenant toujours la sphère bleutée, et ses doigts fermement accrochés. Formidable. Heureusement que l’entrainement d’espion l’avait rendu pas loin d’ambidextre. Sortant rapidement de son sac à dos le premier tissu qu’il y trouva, et sa potion d’ivresse, il se saisit de sa dague Wardän. La bonne nouvelle, c’était qu’entre la douleur et la fatigue l’incitant à fermer les yeux, ses pensées n’avaient pas le loisir de trop gambader. Quant à savoir s’il finirait sa tâche malgré l’ivresse… la prochaine fois il irait récupérer une potion d’insensibilité.

Sans se préoccuper davantage de Rebecca et de l’homme lumineux, le coursier posa sa main bleutée sur le tissu, mis en bouche sa potion d’ivresse et plongea sa lame au contact de la sphère avant d’avaler le liquide magique. Et parlimposantscrotumduroi il n’avait pas pensé qu’on pouvait autant souffrir d’un coup ! Le temps que la potion n’agît, une intense douleur – comme un électrochoc affûtant soudainement ses sens et jouant avec sa conscience – suivit le parcours de sa lame effectuant une séparation la peau collée de la chair sous-jacente. Un vertige le saisit alors, et il perdit quelques secondes le fil de ses actions. Puis une douce chaleur investit ses entrailles, et il se mit à rire.

Il y avait de drôles de fourmillements dans son bras, avec un épicentre battant et sanguinolent au niveau de sa main. Une sphère bleutée pendait lamentablement entre ses doigts, encore maintenue par la peau non sectionnée dans sa totalité. Voilà qui était bien moche, et qui devait être repris en main. Rigolant à sa propre blague, l’espion reprit d’un geste malhabile ce qu’il avait commencé quelques secondes plus tôt. En même temps, qui allait juger de la beauté de la découpe ? Eh ! Peut-être y avait-il des concours d’auto-scalpe… pouvait-on appeler ça scalper comme ça n’était pas au niveau du crâne ? Il faudrait qu’il demande à Wendy à l’occasion. Oh elle lui manquait Wendy. Ça faisait longtemps qu’il ne l’avait pas vue. Mais quelle idée d’aller se perdre à la Forteresse aussi ! Et maintenant que la Capitaine von Andrasil avait passé l’arme à gauche… En parlant d’arme à gauche…

- J’ai finiiiiiiii, fit-il à l’adresse de Rebecca en agitant sa main à présent dépourvue de peau – et par endroits de pulpe parce que bon, la potion d’ivresse faisait pas des miracles non plus – mais couverte d’un joli mélange de rouge et de bleu.

Bleu comme la sphère. Et rouge comme le truc sanguinolent qui y était resté attaché. Bon, ça restait un peu rustique comme art, mais c’était plutôt sympa dans les tons, non ? Bien décidé à montrer à Zahria son œuvre, le coursier replia le tissu sur la sphère/bout de main et fourra le tout dans son sac-à-dos. Sûr que ça allait lui plaire à Zahria. Et puisqu’ils en étaient à recoller les morceaux de leur relation, assurément qu’elle se ferait une joie de lui recoller ce bout-là ! Oooh elle aussi elle lui manquait !

- Zaaaahria, se mit-il à chantonner doucement. Zaarhiiiia. C’est la plus belleuh. Comme…

Y avait quoi qui rimait en « euh » ?

- … un léviaran spongieux ?

Il éclata à nouveau de rire. Non, non, c’était pas beau un léviaran spongieux. Mais c’était certainement aussi dangereux qu’une Zahria déterminée ! En parlant de dangereux…

- Reby petit glooby, attaque l’homme lumineux, qu’avait l’air gentil mais qu’est dangereux, fredonna-t-il en regardant la scène se déroulant plus loin.

Peut-être avait-elle besoin de lui d’ailleurs ? Probablement, l’homme avait l’air fort méchant. Fronçant les sourcils, Calixte se leva. Tenta de se lever. Mais ses jambes semblaient être fatiguées, ou indécises, ou amoureuses du sol. Et sa dextre en bouillie n’était pas non plus très coopérante. Comme tout son bras droit, globalement. Fichtre.

- J’arriiiive, fit-il à l’aventurière en observant ses membres, un peu contrarié. Je me démêle et j’arriiive.

Résumé:

Inventaire: