Luz pouvait presque sentir la magie à l’œuvre résonner dans ses entrailles. Le gouffre béant qui s’agitait là-bas et se parait de deux nuances successives tandis qu’il éjectait au loin la première apparition diaphane était sans aucun doute une prouesse d’enchantement. Elle songea à sa consœur scientifique, Lin, qui aurait probablement tué pour pouvoir avoir accès à une telle technologie magique… Il était déjà suffisamment triste que la magie qui agitait le dôme protecteur de la Ville aquatique et le palais royal se soit perdue au fil des âges, malgré la kyrielle de cerveaux à s’être penchés sur ce problème épineux. De là où elle se tenait, Luz put du moins percevoir la tension dans le corps de Zahria, toujours suspendue à l’arche : elle n’eut soudainement aucun doute sur le fait que sa colocataire était actuellement traversée par les mêmes interrogations qu’elle, tout autant percluse d’une envie dévorante de comprendre davantage la situation. Hé quoi, ils n’allaient pas s’en aller comme ça ?
Affamée et mue par une soif qu’elle ne maîtrisait pas, Luz repoussa la possibilité d’une mort peu ragoûtante pour se tourner vers les murs lointains de la pièce. Celle-ci avait considérablement souffert des assauts de Jin, de longues traînées de suie maculant la roche cristallisée comme autant d’indicateurs de la présence d’un incendiaire en ces lieux… Incapable de se concentrer sur les divers grattements qui avaient pris de l’ampleur dans le tunnel, Luz trottina jusqu’aux parois et entreprit d’en fouiller la matière : elle passa la paume de sa main dans tous les interstices à sa portée, guettant la présence de hiéroglyphes, d’un message, d’un mécanisme ou de quoi que ce soit d’autre… Elle complétait cette étude par un regard acéré qu’elle retournait régulièrement dans la salle à la recherche d’anciens objets ou de débris qui n’auraient pas trait à leur groupe.
¤ Renkhi, aide-moi à chercher ! ¤
Par Lucy, pourquoi manquaient-ils toujours terriblement de temps pour fouiller ?
- Résumé :
- Luz et son familier, Renkhi, se lancent dans une fouille de la pièce à la recherche d'indices ou d'explications sur cette île magique.
C'est la fin du voyage, Jin.
Luciole retrouve son apparence, et toujours aussi inarrêtable se remet au turbin. Pour une fois la chance est de notre côté - ou alors elle nous a jamais quitté si on voit ce qui nous arrive depuis le début - et le portail s'active pour nous arranger un retour confort pour les rues de la Capitale. L'immense cavité apparut plus tôt me tique quand même un peu et j'me demande si c'est pas une dernière étape avant de dégager d'ici.
Le tas d'os mis hors course par Vrenn, il en reste pas moins son collègue qui maintenant pète la forme de nouveau, et j'aime pas ça du tout. J'peux pas décoller les yeux de la scène qui nous attend; les éboulis sont en train de faiblir face au passage en force des autres qui veulent s'inviter à la fête alors que j'ai bien mis une pancarte qui disait le contraire dans leurs gueules. Faut croire qu'ils n'ont pas compris. Un ultime regard toutefois quand j'vois Renkhi bouger.
On a pas fait tout ce voyage pour rien, on doit pouvoir élucider cette histoire avant qu'il n'arrive la même chose à une autre paires d'aventuriers pas assez méfiant.
- J'y retourne. Comprenant que j'suis le seul de disponible.
J'commence à prendre quelques foulées vers le réanimé restant. Il m'a verrouillé lui aussi, sprint puissamment pour réduire la distance et tenter une estocade les griffes droit devant. Il fallait utiliser ses pouvoirs le moins possible lorsque nous sommes au corps-à-corps direct, ça m'évitera de prendre une épée de glace dans la rate sans pouvoir faire quelque chose. Portecendres à l'épaule, j'saisis une caillasse dans ma course.
Détourner l'attention en la jetant pleine gueule, il ouvre sa défense en la dégageant d'un revers de la main. Trancher coude, attraper le membre flottant en l'air, l'enfoncer dans le crâne, coup de talon dans la cage thoracique, balayer les jambes d'un coup horizontal de l'épée, commencer le martèlement pour piétiner les os. J'plante la lame au sol et concentre une nouvelle charge explosive en avisant l'ancien boyau qui redonne accès à ses occupants. Un pas, deux pas, trois pas. La musique vous la connaissait maintenant.
Lancer, détonation, déflagration, envolé d'os général ajouté à un autre éboulement qui vont se mêler au reste des squelettes et son environnement.
J'me rapproche du squelette défoncé plus tôt et d'une paume vers le ciel, déploie un dôme de feu de niveau deux. Les quelques 2200° tourbillonnent autour de moi avant de nous enfermer dans un cocon infernal qui incinère en continue les os sous mes pas. Le souffle de la chaleur se répand donnant certainement l'impression aux autres d'être à côté du four de forge d'un géant.
Une question de temps avant que les autres squelettes retrouvent le formes et que l'éboulement ne suffisent plus.
J'gratte du temps.
- Résumé :
- Jin neutralise le squelette et balance un Kaboom dans les décombres pour refermer la potentielle brèche et ainsi faire gagner du temps à ses compagnons pendant qu'il libère un dôme de feu sous les restes osseux de son premier adversaire.
Pouvoir actif :
Kaboom
Charges restantes : 17
Palier défensif
Dôme de feu, température x2, temps restant : 7 min 30
Alors que vous portez tout vos efforts pour chercher le moindre indice et vous défendre des squelettes qui vous entourent, cela n'est guère suffisant. Déjà effondré une fois, le plafond ne laisse échapper que quelques cristaux qui viennent tomber de façon bien ridicule sur le passage qui finit par être cette fois totalement dégagé par un coup de bélier qui viens projeter une foule d'éclats sur vous.
Seul le roi squelette semble mis hors d'état par les menottes anti-magie. Les vibrations occultes semblent d'ailleurs donner aux squelettes des pouvoirs encore plus impressionnant que ce que vous pensiez alors. Et au lieu d'un dôme de feu, c'est une tornade qui se forme, le squelette à peine détruit se relevant, un feu bleu cette fois grondant dans ses orbites.
Les os couverts de cristaux, il s'agite en reprenant son épée.
De l'autre côté de la chambre, la nouvelle troupe fait son apparition, et en même temps, l'air de la sale se fait plus frais, de la fumée s'échappant rapidement de vos bouche alors que la température chute à toute vitesse, allant jusqu'à former de petites plaques de givres sur le bois humide du navire.
Vos adversaires s'avancent donc hors de la brèche, bien plus dangereux qu'auparavant, le vortex magique au centre de la pièce les alimentant bien plus que ce qui aurait pu se trouver dans l'île.
vos recherches ne donnent pas grand chose, seul le portail est un tant soit peu remarquable dans la pièce, mais les écritures qui le couvrent sont à moitiés effacés. Tout le reste est de toute façon recouvert de cristaux.
D'ailleurs cette arche se met à trembler violement l'image de la capitale peinant à garder sa forme alors que des craquelures se forment le long des piliers, lézardant toute la surface de pierre.
L'énergie semble attaquer le portail lui même, le consumant lentement.
Le squelette apparut fait bientôt suite à un autre, dont l'action semble ralentir vos mouvement de façon plus en plus prononcée
Attention
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Dans une semaine, ceux qui n'auront pas répondu d'ici là seront exclus du rp
Raté, raté, raté et encore raté.
Finalement je n'ai pas plus arrangé les choses. Pire même, mes pouvoirs ont accéléré nos emmerdes. Mon dôme commence à disparaître, poussé par un froid glacial, puis balayé par une tornade qui me propulse plus loin avant que le squelette retrouve sa forme.
On est vraiment en train de se fritter à une magie puissante. La plus puissante que j'ai pu connaître jusqu'à présent. J'suis pas serein, devant ce tas d'os qui récupère son épée alors que le climat tourne en sa faveur. J'essaie de surchauffer ma main. Elle brille d'un coup puis commence à perdre en intensité pour libérer un simple crachat de flamme qui s'étouffe comme un enfant soufflant dans une bougie.
D'accord, là, on est sérieusement dans la merde.
- On se barre ! VITE !
Un regard alerte vers le boyau, ils arrivent. Rien de mes actions ont pu donner quelque chose en la faveur du groupe. Désolé les gars. De toute manière, j'ai pas l'impression que j'aurais pu faire quoi que ce soit de plus. L'issue avait l'air inéluctable. Alors perdu pour perdu, j'saisis correctement Portecendres pour qu'il retourne dans son fourreau et détale en cinquième vitesse vers le portail. Un portail maintenant gangréné par cette magie. Le petit signal qui nous dit simplement de se magner le tronc sinon c'est une dernière causette avec les anciens aventuriers qui nous attend. Et ça va, j'crois que j'ai un peu compris à ce niveau.
J'peux pas m'envoler, me propulser, ni de faire de grand bons, alors j'cours de toute mes forces en espérant que les trois autres jugent de faire la même.
Des fois, faut se battre, des fois, faut fuir.
Aujourd'hui il faut fuir.
Ah ben finalement, j’avais raison : fallait bien se faire la malle. En tout cas, c’est clairement l’avis de Jin, alors que la température chute brusquement autour de nous, et que les squelettes qu’on a fui tout à l’heure commencent à tous se radiner dans l’arrière-boutique. Et, pour le coup, frotter les murs pour regarder les tags faits par les générations antérieures, ça me semble pas être l’idée du siècle.
J’baisse les yeux vers le squelette solitaire, qu’a toujours mes menottes. J’pourrais les reprendre pour éviter de les abandonner, mais ça lui laisserait le temps de se reconstituer, avec le vortex magique, là, qui abîme le portail, on sait pas combien de temps il lui faudra. Ça se trouve, ils sont tous plus puissants. N’empêche, maintenant que j’y pense, on a grave du bol qu’ils aient pas copié mon pouvoir, vu qu’on voyait plus ceux qu’on a abandonnés derrière nous…
On aurait eu l’air fin, si on avait oublié leur existence, putain.
Oh et puis merde, la Garde me fournira une nouvelle paire de menottes. C’est débile de passer trente secondes à les reprendre.
D’une pensée, j’me téléporte au portail pour éviter toutes les mauvaises surprises, et d’un pas, j’me retrouve de l’autre côté.
- Spoiler:
- Vrenn laisse ses menottes derrière lui et se téléporte à travers le portail.
Luz s’arracha contre son gré à la contemplation des murs vides. Les bruits de cavalcades et les cris d’avertissement avaient progressivement attiré son attention, jusqu’à ce qu’elle réalise subitement que la température de la pièce n’avait rien de normale. Le souffle de ses respirations glacé sur ses lèvres, elle fit volte-face et embrassa pleinement la catastrophe en devenir. Tout en brossant mentalement une soigneuse lecture du Dictionnaire des insultes exotiques – un très bon exemplaire publié l’année dernière au Grand Port par les Editions Gégé Requin-, Luz tâcha d’invoquer le plus vite possible ses boucliers. Dans le même temps, elle avait commencé à courir.
Elle dérapa pratiquement dans la poussière pour parer un coup destiné à Renkhi, son champ de force bleuté chancelant sous la puissance de l’attaque. Un bouclier, deux boucliers… Du coin de l’œil, elle put constater que Jin et Vrenn avaient déjà sauté au cœur du portail. Elle espéra que celui-ci les conduirait bel et bien à la Capitale et qu’il ne s’agissait pas d’une vieille arnaque d’Aventuriers… Vous glissez une jambe, et paf, la magie vous coupe le membre. Ils n’avaient cependant pas le loisir d’y réfléchir sereinement, car la situation présente récompensait plutôt une promptitude salvatrice.
De l’autre main, elle avait invoqué deux autres boucliers qu’elle tâchait de refermer derrière eux pour protéger leur retraite, reculant progressivement jusqu’aux arches de pierre. L’un de ses champs de force se brisa, ponctionnant une part de magie désagréable dans son objet de pouvoir. Un seul misérable mètre la séparait encore désormais du gouffre enchanté. Elle jeta un regard de connivence à Zahria, hocha subrepticement la tête à un invisible message et bondit à son tour au cœur du portail.
- Résumé :
- Luz et Renkhi passent le portail.
C'est peut-être débile, vu que je n'ai plus de pouvoirs, mais j'ai tenu à rester jusqu'à ce qu'ils passent tous. Histoire de m'assurer qu'ils vont tous bien, pas pour leur planter un couteau dans le dos, évidemment. J'ai donc eu l'occasion, d'abord, de jouer avec la pierre dans le mécanisme pour essayer de voir si ça allait changer quelque chose, si j'allais revoir le premier paysage qu'il m'a montré, mais que dalle. Après, j'ai senti l'atmosphère se refroidir, et j'ai assisté à l'arrivée et la reprise en puissance des squelettes. Luz s'est mise à chercher en panique, à la recherche d'un indice, d'une piste, de quoi que ce soit qui pourrait expliquer ce qui se passe ici. Je l'aurais bien rejoint, si j'avais pu, mais j'ai plutôt autour du portail. Rien. De concret, disons. J'ai sorti vite fait mon cadre magique, j'ai pris quelques clichés. Du portail, de la grotte, des squelettes qui approchaient. De mes camarades en train de se précipiter vers la sortie, aussi, par inadvertance. Va falloir faire du tri dans tout ça quand ce sera fini.
N'empêche, que finalement je n'ai pas spécialement eu de répit pour réfléchir plus que ça à toute cette affaire. Car les trois autres ont vite été à côté, et que ça s'est passé très rapidement. Alors quand Luz, la dernière, traverse en échangeant un regard plein de sens avec moi, alors que je m'excuse en silence, je traverse telle quel, toujours mon cadre magique dans une main et mon arbalète-grappin dans l'autre. Je balancerai un carreau explosif dans l'entrée derrière nous s'il faut refermer le portail précipitamment. En attendant, essayons déjà de voir où est-ce qu'on atterrit...
- Résumé :
- Zah essaye de jouer avec la pierre dans le mécanisme, puis quand les squelettes apparaissent, prend des clichés à la va vite, et enfin traverse le portail.
Avant de partir, un objet file vers vous, et transperce Jin cruellement, une épée courte de cristal se plantant dans son flanc avant qu’il ne s’extirpe de cet endroit maudit.
Le portail vous mène comme vous l’imaginiez à la capitale, l’air y ai bien plus pur que ce que vous avez connu jusque là.
Au loin, vous distinguez le palais qui se dresse fièrement. Loin de l’île que vous avez quittés sans réponse.
Cela dit en baissant les yeux, vous pouvez apercevoir une figure de lion. Une figure que vous connaissez tous pour l’avoir déjà vu jusque là.
Un félin rugissant au regard dur, sculpté dans de l’acier et représenté une dizaine de fois devant vous sur tout les boucliers qui se dressent devant vous comme une nouvelle muraille.
Par dessus ces derniers, vous voyez des yeux enfoncés derrières des heaumes à panache rouge, chacun d’entre eux rivés sur vous avec toute la dureté de la loi. Et au vu des lances tendues vers vous, il n’est pas à douté que vous étiez attendu.
-Les voilà.
Surgit de nulle part, un soldat vous menottes tous, alors qu’un officier royal à l’armure plus décorée que les autres s’avance entre les pavois dressés, sa voix résonnant comme une sentence absolue. Ses yeux guère plus cléments que ceux de ses hommes.
Il ne se présente pas, de toute façon nombres d’entre vous le connaissent déjà. Le crane d’acier stylisé sur son casque vous fixant avec toute la froideur d’un soldat.
-Pour infraction à un édit royal, et sur ordre du commandant de la garde, vous êtes tous mis aux arrêts.
Devinant déjà des protestations, et sans doute par égard pour les personnes qu’il connaît, le capitaine lève la main pour vous faire signe de vous taire.
-Je serais bref. Ce que vous avez fait là… est grave… Très grave.
Jin, on te retire sommairement l’épée plantée dans le corps, sans aucune considération pour la douleur avant qu’un infirmier cuirassé vienne te soigner, enlevant les menottes le temps de panser la plaie et de t’empêcher de saigner.
Un geste sec et les prétoriens s’emparent de vous. Le portail se fermant de lui même après quelques instant, un des soldats en retirant une pierre similaire à celle que vous avez trouvés alors
Sans doute êtes vous choqués d’une telle réception, mais aucuns des gardes royaux n’en a cure, et vous êtes poussés sans ménagement dans une carriole bâché qui vous transporte sans confort jusqu’à l’île forteresse proche du palais ou vous êtes sommairement descendu.
On vous pousse jusque dans les sous sols, vos pas peinant à suivre le rythme de la garde qui ne vous lâche pas des yeux une seconde, vous fouillant pour retirer le moindre objet que vous avez sur vous avant de vous installer dans des cellules austères, ou seuls une petite porte à barreau permet de voir le couloir qui vous à vu venir.
Au moins avez vous la joie de tous pouvoirs vous voir et de communiquer. Naturellement, vous n’avez plus rien sur vous et seul une petite fenêtre hors de votre portée parvient à éclairer le couloir ou d’où vous venez.
Au moins êtes vous en lieu sur. Mais pour combien de temps.
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Le portail, c’était décidément pas un si mauvais plan. Bon, Jin devrait apprendre à courir en zigzag ou garder un œil derrière lui, visiblement, mais c’est comme ça que le métier rentre. La téléportation mineure, c’est quand même le moyen de déplacement le plus facile et rapide entre deux points, j’en suis persuadé : j’vais plutôt bien.
Quand on arrive, par contre, le comité de réception est pas hyper glamour, à moins d’aimer les grosses armures qui brillent. C’est tout le grattin de la Royale qui s’est amené pour nous féliciter et nous remettre des couronnes de lauriers. A moins que, à voir leurs armes et visières baissées ?
J’jette un coup d’œil vers la patronne, en haussant un sourcil. M’faudrait pas grand-chose pour me faire la malle : une invisibilité, attendre la téléportation, et ils m’oublieraient bien vite, après tout. Mais elle secoue la tête, alors en bon Sbire, j’me laisse foutre les menottes comme les autres. Ça va salement à l’encontre de tous mes instincts, mais j’suppose qu’il faut croire en la Justice du Royaume. De toute façon, si ça commence à déconner, j’dirai que c’était un ordre du maître-espion, et que mon contrat précise bien que j’dois obéir.
Si on continue à m’accuser après ça, franchement, c’est dégueulasse.
Hm. Du coup, c’est pas si improbable, que j’me dis alors que le claquement des menottes retentit à mes poignets.
Reste que s’ils savent qu’on est là, et que y’avait tout le comité pour nous cueillir, c’est pas le gugus du port qui leur a dit, il sait pas vraiment ce qu’on est devenu. Donc soit le portail ne donne qu’ici, soit y’avait un autre moyen pour être informé, un genre d’alarme sur place, au niveau de l’île. C’était sur ordre du Commandant, en prime, et ils savent pour l’édit royal. Ça voudrait dire que le royaume est au courant pour toute cette histoire ? Voire, contrôle l’île ?
Nan mais ça serait débile de bloquer son propre port, j’suppose. Y’a qu’à penser à toute la thune qui transite… à moins que le but, ce soit d’impacter les affaires de quelques marchands spécifiquement ? J’avoue que si c’était le cas, ce serait un cynisme que je goûterais particulièrement, mais vu que y’a eu des morts et tout, ça m’paraît peu en ligne avec la politique générale de la reine.
En tout cas, c’est le retour en zonzon, pour moi. J’adresse un hochement de tête à ma cellule, vide. Visiblement, ils ont pas encore trouvé de locataire, ou il est déjà reparti.
« Hé bah, ils rigolent pas, tes patrons, Zah. »
J’suis accoudé aux barreaux de la porte, et j’me dis que j’grillerais bien une clope, comme la dernière fois que j’étais là. Ça passait le temps, au moins.
« Vous pensez qu’on va gagner un ticket de groupe pour la Frontière ? »
Tout ça pour ça, l’ironie serait mordante.
- Spoiler:
- Vrenn blablate, chillax.
Groggy mais étrangement satisfaite du calme temporaire des lieux, Luz avait fait fi de l’agitation des dernières heures pour s’installer le plus confortablement possible au fond de sa cellule. Appuyée en tailleur contre un mur, elle savourait la relative fraicheur de la pierre, bienvenue après les goulées enflammées de Jin. Il n’y avait guère que dans la littérature que les héros étaient capables de s’agiter contre d’impossibles titans sans dénier transpirer… Elle se sentait pour sa part crasseuse et fort lasse, les muscles endoloris par ce récent surmenage. Elle entreprit d’ailleurs d’étendre tour à tour ses jambes pour masser sa chaire crispée et retroussa son haut pour mieux jeter un coup d’œil aux estafilades sanglantes qui marbraient toujours son flanc et son épaule. Bon, la bonne nouvelle, c’était qu’elles ne s’étaient pas rouvertes. La mauvaise, c’est qu’elle était présentement dans l’impossibilité d’améliorer son sort et de laisser ces vilaines blessures loin derrière elle en l’absence de Vol vie. Et encore, elle s’estimait chanceuse. Elle n’avait pas servie de pigeon cible au contraire de Jin.
Murée dans un silence en apparence impassible, ses pensées volaient en tous sens à la manière d’un nuage d’étourneaux affolés. Oh, ce n’était pas la perspective de la prison qui l’inquiétait, ni même celle de la frontière… Elle serait certes ravie de pouvoir continuer ses activités de Noble, ces punitions étaient encore bien trop abstraites dans son esprit pour qu’elle leur prête de l’attention. Elle verrait bien lorsque les soldats la relâcheraient nue dans la neige avec sa paire de menottes et des fenrirs pour toute compagnie. En attendant, elle pouvait penser en priorité au présent, une temporalité sur laquelle elle avait prise. Au moins Renkhi était-il en sécurité à l'extérieur de la prison, somnolant à l'entrée sous la surveillance d'un Garde spécialisé.
De toute évidence, la Garde royale avait anticipé leur venue et était parfaitement au courant de leur pied de nez à la loi. Elle en vint sans trop de difficultés à une conclusion similaire à celle de Vrenn : ils devaient avoir dissimulé une alarme quelque part. En revanche, cela n’expliquait aucunement pourquoi le Maître espion en personne n’avait pas connaissance de cette information ni même de l’existence d’une île toute entière. Une île d’une extrême dangerosité qui rôdait en périphérie des côtes et qui disposait d’un accès direct à la Capitale. Voilà ce que Luz classait très volontiers dans les informations primordiales à connaître pour la sécurité du Royaume… Arthorias le savait-il ? Ou avait-il simplement été envoyé à leurs trousses sur ordre d’Arban ou des têtes couronnées ? Tout cela ne faisait pas grand sens. La Garde royale au courant, et un Maître espion dans l’ignorance ? Par extension, les morts-vivants cristallisés étaient-ils au service du Royaume ? Chargés justement de protéger le portail des éventuelles intrusions ? Il aurait été moins coûteux de détruire tout bonnement le portail, plutôt que d’utiliser une techno magie antique sur des cadavres gardiens…
Luz posa un regard compatissant sur Zahria. A voir la nuée infernale de questions qui vrombissaient dans son esprit, elle imagina sans peine ce que devait vivre sa colocataire en cet instant.
La même chose, mais en infiniment pire.
- Résumé :
- Luz se repose en attendant patiemment qu'on vienne les chercher.
Parce que des erreurs, j'en fais, et celle-là, elle aurait pu être fatale. Le froid ambiant me glaçait déjà la colonne, mais cette décharge de douleur qui me transperce le flanc m'arrache un cri, au seuil de l'égosillement, le regard embrumé par la douleur, écarquillé et tremblant. L'inertie de l'attaque me fait basculer en avant, et c'est le roulé-boulé qui remue la lame dans mes côtes, insupportable, une souffrance difficile à définir mais très facile à ressentir.
Dans un éclair de lucidité, j'reconnais facilement la différence entre l'accueil chaleureux du palais et une arrestation dans les règles, peut-être parce que j'ai vu plus souvent le deuxième cas. J'arrive à peine à respirer, mes expirations deviennent sifflantes, j'suis pris d'une grosse suée. Les casqués commencent à baver, mais j'vois trouble et mes oreilles n'entendent que dalle. Jusqu'à ce qu'un enfoiré retire la lame dans une belle giclure de sang. Ca me coupe l'air, et aucun son sort de ma bouche alors que j'hurle de toutes mes forces.
Puis on me soigne, pas de ma douleur, mais au moins de ma plaie...
***
- ON A SAUVÉ LES MICHES DU GRAND PORT D'UNE ENORME BESTIOLE BANDE DE DEBILES !
- La ferme !
- Répète ça devant moi le tas de conserve !
Pas de réponse, hormis des rires des gardes plus loin dans l'allée. J'tiens ma plaie, en tirant des grimaces, essayant de cacher la douleur par pure fierté. Ca m'a pas manqué la prison, clairement. A tourner en rond nerveusement, des fois en foutant un coup de pied dans les barreaux. J'ignore les regards des collègues qui voudraient me calmer, j'y arrive pas. La rage dans les veines.
Une lumière de curiosité me prend quand je m'assois parterre contre le mur. Pourquoi on apparaît au palais ? Comment la Royale a anticipé notre venue ? Et qu'est-ce qui ont comme lien avec cette île bizarre pour avoir ce comportement. Le supérieur au Grand Port doit pas être au courant que nous sommes là. Tu m'diras, est-ce qu'il en a quelque chose à tartiner, depuis que ses quais sont maintenant sûrs ?
Ma blessure m'a fait perdre beaucoup de sang, le corps réagit. J'tremble, perlant de sueur. J'ai froid, j'ai chaud, je tousse après deux expirations.
Sympa le séjour.
- résumé:
- Jin râle, puis prend son mal en patience.
Je suis dépitée.
Pas d'être en prison, ça je m'en fous, c'est pas la première fois. Mais d'y être sans explications, ça me dépite.
Trois voyages sur la mer, pour ça. L'île sombre, on a dû partir avec les otages pour les sauver, on a pas pu chercher d'explications sur sa présence, sur les cristaux, aucune réponse. Le diable marin, non seulement on ne l'a pas vaincu, mais on s'est retrouvé avec ce cristal sans plus de raisons, et personne n'était capable de nous renseigner, aucune réponse. L'île de cristal, on a à peine commencé à enquêter qu'on s'est fait attaquer par des squelettes invincibles, et on a pas plus pu chercher d'indices, aucune réponse. Et quand je demande à Arthorias pourquoi il nous arrête ? Aucune réponse.
L'édit royal, ouais, d'accord, j'espère vraiment que c'est ça le truc "vraiment grave" qu'on a fait. Parce que si Arthorias et ses gardes sont au courant de choses qu'Höls aurait malencontreusement oublié de me mentionner, c'est qu'il y a un gros problème de sécurité dans ce royaume. Höls était au courant que je partais là-bas, qui plus est, on s'est appelés après l'orage, il m'a pas spécialement demandé de revenir. Qui ne dit mot consent, il paraît, et s'il est vrai qu'Höls me consent pas mal de trucs, là j'invente rien.
Mais même si c'est l'édit royal qu'on a bravé... Pourquoi la garde royale nous attendait devant le portail de téléportation, et pas au port ? Comme s'ils avaient su qu'on allait utiliser un portail secret. Vrenn a l'air de s'amuser, à côté, j'ai envie de lui jeter des cailloux. Ça me détendrait. Mais je suis toujours menottée, et heureusement d'ailleurs, parce que personne n'a proposé de me soigner, et si ça se trouve j'ai toujours la malédiction en moi. Bordel, mais qu'est-ce qu'ils foutent ? Il y a eu un coup d'état de la Royale pendant notre absence ou quoi ? Arthorias n'est pas le genre à vouloir prendre le pouvoir comme ça, mais j'en viens à étudier les possibilités les plus invraisemblables. Je suis même pas sûre qu'il ait le droit de m'arrêter dans un papier officiel qui vient de plus haut, et je sais à quel point il aime être dans les règles. Donc ça vient pas de lui, définitivement. Ça n'explique pas plus pourquoi Arban, la Commission ou la Royauté nous a fait arrêter.
Je suis dépitée, parce que je déteste être dans l'ignorance. Et je déteste encore plus de ne pas avoir l'occasion de démêler les noeuds de cette ignorance pour aller y chercher la vérité. Sauf que là, je suis poings liés, littéralement et métaphoriquement. Dans ce genre de moment, la patience n'est pas ma plus grande vertu. Mais j'ai pas le choix. Je cherche du réconfort dans le regard de Luz. Elle est tout autant assaillie de doutes que moi. J'espère qu'elle ne s'inquiète pas trop pour Renkhi. Il doit faire la fête avec Dhim à la sortie, c'est pas des monstres non plus à la Royale. Nos familiers sont peut-être même assez malins pour être retournés nous attendre à la Volière, dans laquelle on retournera dans quelques heures, pour boire un thé en riant de tout ça et en décortiquant toutes les informations qu'on nous a donné. C'est beau, de rêver, je sais. Mais j'ai plus que ça à quoi me tenir.
- Résumé:
- Zah est dépitée.
Pour Luz :
- Spoiler:
- Luz, tu es appelée par un des soldats royaux qui te fait sortir en douceur de la cellule et te demande presque de façon polie de le suivre.
En t’exécutant, tu es emmenée plus en hauteur, le long de volée interminables de marches ou tu découvre une porte gardées par deux golems d’aciers qui ne tournent même pas la tête vers toi.
T’attend le capitaine de la garde royale, les mains dans le dos qui t’invite à t’asseoir, un thé t’attendant.
-Madame Weiss
Commence t-il en s’asseyant face à toi, son regard bien moins lourd que précédemment.
-Je ne sais ni comment vous êtes arrivée ici, ni pourquoi, mais vous allez devoir tout me raconter, en détails.
Sa voix est plus clémente, mais on devine que même derrière sa politesse, des choses d’importance se jouent.
-Votre réputation impeccable et les appuis dont vous disposez vont certes vous permettre de vous en tirer sans dommages, mais pour la suite, je vous prie d’oublier ce que vous auriez pu voir. A défaut, de n’en parler à personne.
Il ôte ses gantelets avant de te regarder fixement, un léger sourire réprimé flotte sur ses traits, partagé entre la joie de revoir une amie, et le poids du devoir, Arthorias finit par soupirer avant de s’enfoncer dans son fauteuil.
-Commençons donc…
Et alors que tu termine ton récit, l’officier croise les doigts devant lui. Un certain étonnement lisible dans son regard.
-Je vois… Je pense que vous avez tout dit.
Un petit paquet glisse sur le bureau alors que tu découvre le médaillon que tu avais récupéré jusque là. Le saphir contaminé lui doucement dans le jour déclinant.
-Merci pour vos paroles, j’espère que nos prochaines rencontrent se feront sous de meilleurs auspices.
En attendant… je me permet de vous remettre en personne cela. Il à été examiné, mais ne présente pas de corruption majeure. Tachez d’en prendre soin
Après ce bref entretiens, le capitaine te raccompagne à l’extérieur ou tu peux retrouver ton dragon et tes amis avant de repartir sans un mot
Pour Zahria :
- Spoiler:
- Après Luz quelqu’un arrive, pas un garde royal cette fois. Un homme très bien habillé mais nullement un soldat dans son apparence.
Néanmoins son autorité est évidente, et il t’ordonne d’avantage qu’il ne te demande de le suivre.
Vous ne quittez pas la forteresse, mais vous vous rendez dans une pièce exiguë que personne ne semble surveiller malgré la sécurité ambiante.
Une simple table en bois munie de deux chaises t’accueille, et rapidement, tu comprend qu’il faut t’asseoir en face de l’individu qui se racle la gorge
-Ombre donc…
Voilà qui ferait tache sur mon rapport, mais j’ai cru comprendre que le commandant fondait beaucoup d’espoir sur vous
Il te tend une liasse de papier, avec de quoi écrire, allumant une cigarette qu’il fume sans te proposer avant de préciser.
-Il veut votre rapport complet et détaillé sur ce que vous avez trouvés sur l’île du Scolopendre.
Visiblement, vous êtes tombés sur quelque chose de connu. Même si la mystère reste entier et scellé loin de tous… Même des membres les plus influents du gouvernement.
-Et une fois toute cette affaire terminée… Oubliez ce rapport, tournez la page et faites comme si de rien n’était. Même si au vu de votre blessure, cela sera… difficile
L’homme fixe précisément l’endroit ou le squelette à blessé Zahria, se grattant le menton avant de hausser les épaules
-Le commandant à dit que malgré cela, vous seriez apte… Nous tacherons donc de voir si son jugement est le bon
Une fois ton rapport terminé, il le récupère sans cérémonie avant qu’on ne t’indique de sortir, pour enfin retrouver tes amis dehors
Pour Jin :
- Spoiler:
- Jin, tu ne peux que regarder Vrenn alors qu’on te fais sortir toi aussi de ta cellule. Plus rudement que les autres j’en ai peur. Et si les blessures te font grincer des dents, tu parviens à tenir le rythme qui te mène dans une pièce ou t’attend un courrier avec un sigle que tu connais bien
Sur cette dernière est marqué la chose suivant :
Monsieur Hidoru,
Le Conseil de la Guilde des Aventuriers a été mis au courant par coursier gouvernemental que vous avez enfreint le décret royal n° 107A relatif à la navigation dans un certain quadrant maritime.
Nous vous rappelons que la charte de la Guilde des Aventuriers invite solennellement chaque membre de notre honorable institution à respecter la Loi du Royaume et son autorité comme n’importe quel habitant de ce pays. Plus particulièrement, la pérennité de la Guilde des Aventuriers se repose sur une réputation la plus irréprochable possible afin de permettre à ses aventuriers de vivre et de travailler convenablement.
Vous comprendrez donc que faillir à cette tache de respecter la Loi Royale ne saurait être accepté si elle venait à se reproduire et à entacher l'honorabilité de la Guilde des Aventuriers. De ce fait, nous vous invitons très fortement à vous tenir éloigner de ce quadrant maritime ce jour et jusqu’à ce que la Loi vous y autorise par décret royal ou par dérogation des autorités responsables concernées.
Veuillez prendre le présent courrier comme votre premier et dernier avertissement.
Ignorer ce message et enfreindre à nouveau la Loi Royale relative à ce quadrant maritime conduira le Conseil de la Guilde des Aventuriers, dont la mission est la protection des ses intérêts et des ses membres, a prendre des mesures disciplinaires à votre égard pouvant aller jusqu’à votre exclusion définitive des rangs de la Guilde des Aventuriers.
Ceci en sus des poursuites judiciaires que le Royaume pourrait entreprendre à votre encontre.
Espérant que vous comprenez la portée de vos actes sur la réputation de la Guilde des Aventuriers, veuillez agréer nos bienveillantes salutations les plus fermes.Whiskeyjack Callahan
Conseiller de la Guilde des Aventuriers
Mais avant que tu ne puisse partir, un des gardes royaux qui t’a emmené t’interpelle, sa voix rendue presque hilare
-Eh le soit disant héro qui a réussit à crée plus de problème qu’autre chose, tu as oublié ton cure dent !
Un objet t’es lancé, et tu attrape au vol l’étrange épée qui t’avais percé le flanc, plus large qu’épaisse, elle ne possède pas de garde, mais ses motifs sont équivoque
Tu es invité à retrouver tes camarades à a porte de la forteresse.
Pour Vrenn :
- Spoiler:
- Tu es le dernier dans les cellules, et le temps semble s’écouler bien lentement. Et ce jusqu’à ce qu’on vienne t’ouvrir la cellule et t’escorter dans la même salle que Zahria qui en est déjà sortie visiblement.
Le même homme t’attend et tapotant la table du bout du doigt.
-Sbire donc, je serais bien ravi de vous rencontrer si je n’étais pas persuadé que j’allais vous oublier
Plutôt qu’un papier et un crayon, le mystérieux agent de la garde sort d’un sac une scribouilleuse qui s’agite quand il se racle la gorge.
-Vous allez faire comme tout les autres, et raconter précisément ce qui c’est passé et en rentrant dans les détails.
Comment, pourquoi. Et tout cela sans rien oublier ni omettre.
Soyez rassuré sur un point, ce dernier ne finira pas entre les mains d’ombre
Et à peine ton rapport finit, l’homme te dit de sortir pour retrouver tes amis dehors
PROCHAINE APPARITION MDJ : Aucune, vous avez terminés en vie !
Je vous communiquerais sur le chan discord vos gains :artho:
Aussitôt mon rapport signé, on m'amène récupérer mes affaires, et je me précipite sur mon cristal de communication. Luz est dehors en train de nous attendre, après avoir retrouvé Renkhi, et de toutes façons Vrenn et Jin ne sont pas encore sortis. J'ai le temps pour un petit appel, cachée dans un recoin de la forteresse. Höls devait attendre mon appel, car il décroche aussitôt, et ne me laisse même pas le temps de m'énerver, avant de m'expliquer qu'il n'en sait pas plus que moi. Qu'il en sait même moins que moi, pour l'instant, vu qu'il n'a pas eu mon rapport. Je me tais, je l'écoute. L'alarme a sonné quand on était sur l'île, dans les tréfonds de l'île de la caserne royale, personne ne connaissait son existence, dossiers oubliés, blablabla. En gros, je pourrais bien retourner la Capitale et interroger tous les hauts dignitaires de la Garde ou de la Guilde, que personne ne pourrait répondre à mes questions. Quelque part, ça me calme, d'entendre ça. Höls me demande même de foutre la paix à Arthorias, m'explique que le capitaine de la Garde Royale est actuellement débordé, ce que je peux comprendre.
Quand je raccroche avec un soupir, je suis apaisée, soulagée, lessivée, et tous mes questionnements se tournent ailleurs. Qu'est-ce qu'on a vécu là-bas, bordel ? Qu'est-ce que c'était, que cette île, ces cristaux, cette magie étrange ? Je passe la main sur le bandage que l'on m'a fait à l'avant-bras, là où la griffe du squelette m'a blessé. Les cristaux ont disparu, des soins m'ont été prodigués, et je ne ressens plus le désir de tabasser tout ce qui passe. Mais pourquoi ça pulse, comme ça, sous mes doigts ? Ai-je ramené quelque chose de néfaste, de là-bas ? L'île au Scolopendre, ils l'ont appelé... Donc la bestiole, c'était pas un mirage, hein. Pourquoi le Scolopendre, pourquoi pas les cristaux, pour la nommer ? Qu'est-ce que ça cache ?
Il faut que j'écrive une missive à Arthorias. Il doit me recevoir dès qu'il en saura plus, c'est pas normal que de pareilles informations se soient perdues dans les tréfonds de ses archives. Il voulait qu'on communique plus, on va le faire. Tout ce qu'on doit apprendre sur cet endroit doit aussi être consigné dans le Savoir des Anciens. Hors de question que la Royale soit la seule à supporter le poids d'un tel secret. Ils ont déjà tellement à faire...
Mais avant tout... il faut que je rentre à la maison. A peine ai-je fait quelques pas vers Luz en pensant à tout ça, que j'ai failli m'effondrer dans la rue, et je me doute que les autres sont dans le même état de fatigue. Jin l'a rejoint, entre temps, et j'aperçois Vrenn qui sort à son tour. Je le laisse se présenter à nouveau, au besoin, si les deux autres l'ont oublié. Même si après ce qu'on vient de vivre, ça risque de ne pas être pour tout de suite. Dhim me saute dessus dès que je m'approche. Je m'appuie sur le bras de Luz, avec un petit sourire.
« Tu crois qu'on a du thé pour quatre, à la Volière ? »
D'un geste entendu, on se met tous en direction pour notre demeure. Plutôt silencieux sur le chemin, les langues commencent à se délier une fois installés dans les confortables canapés de notre salon, le thé infusant ses douces odeurs réconfortantes dans toute la maison. Je ne sais plus dans quel ordre tout ceci se passe, entre Luz qui insiste pour ausculter nos blessures, Jin qui répète en boucle les actions les plus incroyables que l'on ait vécu, moi qui sort de la cuisine une assiette de petits choux, que je pensais préparés avec amour par notre gouvernante, et s'avèrent être un test culinaire ratés quand je goûte le premier et découvre qu'il est au piment, avant de le recracher immédiatement. Et comme on tourne du pot sans que personne n'ose aborder le sujet, je finis par m'excuser.
« Désolée, pour mon comportement. Je sais que je n'aurais pas pu faire grand chose face à la malédiction, mais je... il y avait une partie de moi qui était toujours consciente, là-bas. Les sentiments négatifs qui sont nés de la malédiction... ils auraient pu être les miens, dans d'autres circonstances, ils n'ont pas été créés de toutes pièces. Je ne sais pas comment l'expliquer clairement... mais je m'en veux, car je sais que je suis capable de ressentir ce que j'ai ressenti là-bas. Et d'utiliser ce que je sais de vous, notre amitié, pour vous faire du mal. »
Mes yeux scrutent le sol, et mes mains tremblent, alors que la culpabilité m'envahit enfin, alors que je me retenais depuis quelques heures. Dhim vient se presser contre ma peau dans mon cou en m'envoyant une vague d'amour serein. Mais je le sais, je l'ai senti. Je suis un monstre. Et je les mets en danger, quoi qu'ils en pensent. Pas seulement par mes sentiments négatifs, mais par mon métier, par mon lien avec la Cabale, qui a décidé de s'en prendre à mes proches. Je ferais peut-être mieux de disparaître, loin d'eux, rejoindre mon père. Lui donner ce qu'il veut, pour qu'ils soient enfin en paix...
« S'il vous arrivait du mal à cause de moi... Je m'en voudrais tellement, je ne sais pas si je serais encore capable de me regarder dans la glace. »
Mon regardé fixé sur le tapis se pose sur les chaussures de Vrenn, et je relève la tête pour scruter son visage. Toujours impassible, il doit trouver tout ça bien futile. Je le déteste autant que je l'aime, en cet instant, et comme la bouée qu'il est pour moi depuis son retour dans ma vie, je m'y accroche avec un soupir, et je souris. Mes tremblements s'apaisent.
« Je vous promets de plus jamais vous mettre dans cette situation. »
Je ne suis pas certaine de pouvoir la tenir, celle-ci. Mais je ferai tout pour.
Luz était lessivée et exsangue malgré le soutien bénéfique de Vol vie. Les multiples coups de couteau ainsi que l’utilisation déraisonnée de sa magie en peu de temps avaient sérieusement entamé ses réserves d’énergie… Elle n’était pas mécontente que cette mystérieuse aventure s’achève ici, et ce, en dépit des questions en suspens qui subsistaient dans toute cette histoire. Un seul regard coulé vers Zahria l’informa toutefois que le Maître espion n’en resterait probablement pas là et que de nouveaux indices fuiteraient probablement très prochainement. La praticienne s'en tiendrait pour sa part aux consignes qui lui avaient été données par le Capitaine de la Garde royale, consciente qu’elle risquait davantage de gêner plutôt que d’aider les hauts pontes du gouvernement en enquêtant par ses propres moyens. Après tout, Allys et Arthorias étaient de précieux alliés, et Zahria faisait partie de sa famille proche. Elle leur faisait confiance pour démêler le vrai du faux et protéger la Capitale d’une potentielle invasion d’Aventuriers zombies.
Jin parce qu’elle était quasi certaine de ne l’avoir jamais croisé entre ces murs, Vrenn parce que ses souvenirs étaient trop troubles pour pouvoir l’affirmer. Elle se fendit d’un léger sourire fatigué mais vaillant, jaugeant que quelqu’un dans ce groupe de bras cassés devait bien tâcher de réintégrer une once de bonne humeur serviable sur cette terre. Tandis qu’ils entraient, elle se tourna tout à fait vers Jin et reprit la blague récurrente que Zahria et elle se plaisaient à raconter aux nouveaux invités :
Un mensonge éhonté bien entendu, rien de plus qu’une blague bon enfant. Luz appréciait toujours de voir l’émerveillement, le doute et cette étincelle fugace de magie gagner les yeux de ses patients lorsqu’elle racontait cette histoire invraisemblable. Par conséquent, elle n’ajouta rien lorsque le mensonge parut prendre sans problème chez son interlocuteur, après tout Aventurier de métier. Qu’est-ce qu’une once de romance pouvait faire de mal lorsque la réalité était beaucoup plus terne… ?
Lorsqu’ils furent tous assis, dignement soignés et armés d’une tasse de thé revigorante, Luz vint s’asseoir tout contre Zahria pour frotter tendrement son épaule d’une main réconfortante.
Elle parut alors subitement saisie d’un souvenir et farfouilla dans sa poche pour en extraire l’insigne du Saphir gangrené. Le médaillon qu’Arthorias lui avait confié. Elle le tendit sans une once d’hésitation par-dessus la petite table, un geste destiné à nul autre que Jin.
Ses lèvres s’ourlèrent d’un sourire apaisé. Ils étaient tous revenus en vie, et tout allait bien dans le meilleur des mondes. Non… ?
Ouaw, un putain de Dragon. Ca y est, j'veux dézinguer un dragon. J'essaie alors d'imaginer une créature semblable à ce que j'ai pu voir dans les histoires pour enfant, planant en cercle au dessus de leur piaule. Et bordel, quelle piaule ! Ma boutique peut rentrer quelques fois à l'intérieur. Faudrait peut-être que j'envisage de me prendre une plus grande baraque maintenant que le pognon remplit les caisses. Puis c'est qu'on commence à se marcher dessus m'man et moi. En tout cas, le dragon ça sera pas pour aujourd'hui, mon corps me demande doucement d'aller me faire voir pour se reposer comme il se doit après un sacré boulot.
Nous sortons d'une grande histoire.
Malgré ça, j'ai pas trop la banane. La lettre de Jack, elle me mine le moral. J'ai du mal à voir ceci comme quelque chose de juste. Nous sommes des aventuriers, putain, nous sommes engagés pour explorer au-delà du Royaume, du moins, c'est ma conception que j'ai de la chose. J'ai même pas réussi à déchirer la lettre, ni à la jeter. J'me console, en me disant que Jack doit faire son boulot comme nous tous, certainement l'Aryon d'en Haut qui lui a dit de faire ça, et il peut pas se permettre de pénaliser la Guilde simplement pour mes mirettes, ça serai absurde.
En tout cas me voilà prévenu. Passons.
Mes yeux vont s'ouvrir en grand pour apprécier cette baraque gigantesque, entouré d'espaces verts qui fusionnent pour mieux la décorer. Un soupir tout aussi appréciateur quand on nous remettra sur patte, et le thé va être accueilli par un sourire attendri. Affalé, accoudé et poing sous la joue, les paroles de Zah font résonner sa culpabilité. Et en posant ma tasse, j'me redresse pour accompagner les mots de sa copine.
- N'importe qui ici a un salopard caché au fond de nous. On choisit d'être une bonne personne à partir du moment où on envoie ce salopard se faire mettre. La malédiction ne t'as pas laissé le choix. Oublies, t'as largement assez fait pour nous pour te permettre d'être une garce le temps d'une reprise ou deux. Non ?
Clin d'œil. Alors que j'ai fini de parlé, la rouquine me tends un objet. Une étincelle dans mes yeux qui s'ouvrent de nouveau, et les mots de Luz n'arrangent pas les choses. Je... Moi ? Pour moi ? Une main timide s'approche pour saisir le Saphir. Dans le creux de la main, j'reste hypnotisé par ce badge que j'convoite tant. La Haute Distinction. Est-ce que j'suis vraiment la personne qui mérite ce genre de titre ?
- Saphir...Saphir...Saphir. Que j'susurre, comme pour m'imbriquer ce mot en lettres de feu dans mon esprit. Merci, Luz, j'essaierai de m'en montrer digne.
J'fends un sourire timide pour répondre au sien et de la même manière, j'ai moi aussi un truc à refourguer. Sortant un objet dans un chiffon de mon sac sans fond, je le retire pour dévoiler la lame de cristal avant de la jeter dans la direction de Vrenn qu'il attrape par reflexe.
- Jouer avec des couteaux c'est amusant cinq minutes. Tu pourras garder la distance et faire peut-être faire plus de dommages. Euh, elle marche, hein, testée par mes soins.
Mes côtes pour être plus précis. J'ai encore le souvenir de la douleur qui me lance rien qu'en y repensant. Bon s'il sait pas s'en servir, c'est le moment d'apprendre. Il est grand t'façon.
Bon bah, c'est pas le tout, mais, croiser des bestiaux légendaires, c'est marrant.
Par contre, construire sa propre légende, ça va pas se faire tout seul.
On s’pointe à la coloc de Zah et Luz. J’suis déjà venu, évidemment, mais c’était généralement sur le pouce, l’affaire de quelques heures, et j’croisais même pas la médecin à chaque fois. Là, j’ai juste envie de rentrer chez moi, et de pioncer un grand coup, maintenant que toute l’adrénaline s’est barrée, et que j’ai survécu à la fois aux monstres, et aux humains qui m’ont foutu à nouveau derrière les barreaux. Mais on avait déjà fait une discussion du genre après l’exploration de la Citadelle des Tréfonds, au bord de mon lit d’hôpital, après que j’me sois ouvert le bide pour activer la pierre de téléportation.
Cela dit, j’avais l’excuse de la fatigue pour couper court, et on avait plus ou moins esquivé le truc après le monastère des montagnes. J’parle même pas de la Cité Enfouie : un vague salut et on s’était séparé, avec… Zorro ? Zoran. Voilà.
J’avoue avoir flippé un peu en rendant mon rapport. Le type était vraiment pas sympa, mais quand il a dit que j’pouvais lâcher mon sac et que rien n’arriverait chez Ombre, j’me suis dit que ça irait. Pas que j’veuille pourrir son dossier et son image auprès des hautes instances, hein, mais j’vais pas prendre un taquet dans la gueule pasque j’ai juste obéi aux ordres.
Du coup, j’ai dit qu’elle avait été pour enfreindre l’édit royal, que j’m’étais chargé de trouver le navire de contrebande, et qu’en plus, elle a voulu aller à l’épreuve de force avec le Marcus au lieu de faire les choses subtilement ou officiellement. On serait même pas parti, si elle avait juste demandé la permission à Höls, tiens, probablement.
Ç’aurait été posé, tranquillement chez mémé.
J’reste silencieux quand Zahria parle de quand elle était contre nous, qu’elle est désolé et que ça se reproduira plus. Mais ç’aurait pu être quelqu’un d’autre, et on n’y peut pas forcément grand-chose. On se serait démerdé, pas le choix. Je hausse les épaules. Y’a pas eu de mal, c’est ça qui compte et qu’est important.
Par un miracle de la vie, j’me retrouve avec une épée de cristal dans les mains. J’jette un œil à la patronne, qu’a pas l’air de la vouloir, vu qu’elle a déjà sa wardan, et Weiss, qu’est pas intéressée non plus et m’offre un sourire encourageant.
« Ben… Merci. »
Plus qu’à apprendre à s’en servir.
Vous rentrez donc chez vous, quelque peu marqués par votre aventure, mais riche d'une expérience que peu en ce royaume on pu avoir. Et alors que vous regagnez la douceur de vos foyers, c'est sans imaginer ce qui se trame dans l'institution que vous venez de quitter, la caserne de la garde royale étant soudainement prise d'une activité bourdonnante bien qu'invisible.
Loin, dans les profondeurs de la terre, des archives scellées sont rouverte et des parchemins jaunis par le temps sont redécouvert. Le capitaine de la garde royale c'est lui même joint à cette recherche désespérée alors que tout les prétoriens ont quittés leurs postes pour fouiller plus en profondeurs dans les archives désormais interdite d'accès à ceux qui ne porteraient pas la marque de la première compagnie.
Faisant fi des missives qui s'accumulent, la royale tache de retracer le passé perdu de tous, révélant une partie des mystères qu'elle gardait jusque là cachée.
Il n'en ressortira qu'une seule et unique chose pour le moment : les temps ne sont pas à la fête, et le futur pourrait s'annoncer sombre.
PROCHAINE APPARITION MDJ : Et voilà une conclusion ! Passons à vos gains !