Bordel, c'était pas gagné. Comme un automate, j'ai fait des noeuds un peu partout, j'ai même failli les foutre dans la merde à un moment en nouant deux cordages qu'il ne fallait pas, mais un matelot m'a arrêtée à temps et m'a envoyée faire autre chose, un peu plus loin. Je sais même pas combien de temps ça a duré, j'ai vomi à un moment donné, je me demande même si quelques larmes ne m'ont pas échappé. Personne ne s'en est vraiment rendu compte, tout le monde était concentré sur son ouvrage. Mais ça doit se voir sur ma gueule, que je suis pas en forme.

Quand le soleil a pointé le bout de son nez, y'a deux matelots qui m'ont installée entre deux tonneaux, en disant que ce serait plus stable, et que je n'y dérangerai personne. J'arrivais pas à dormir, de toutes façons, alors j'ai sorti le Savoir des Anciens et j'ai fait le rapport de ce qui venait d'arriver. Puis j'ai appelé Höls, et j'ai fait le rapport de ce qui venait d'arriver. Puis je me suis enfermée dans ma tête, et j'ai fait le rapport de ce qui venait d'arriver. Et je me la suis posée, cette question, à nouveau. Pourquoi je fais tout ça, vu l'importance de mon poste, pourquoi je reste pas vissée à mon bureau comme faisait le Vieux ? Si je venais à disparaître dans l'estomac d'une bestiole, fut-elle aussi grandiose que le scolopendre des mers, je foutrais pas tout le monde dans la merde ?

Le capitaine finit par nous regrouper, je lève mon cul d'entre mes deux tonneaux. Il a l'air reconnaissant. Pourtant on a pas fait grand chose, j'ai même envie de dire que sans nous, ils se seraient pas foutus dans cette merde noire. Ils auraient chopé leurs baleines et seraient revenus au port sans affronter l'orage, la tempête, le scolopendre, sans perdre l'intégralité de leur butin. Mais il a pas l'air de voir les choses de cette manière, tant mieux pour nous. Je crois. Je lui rends le cristal pour lui donner le cap. Au point où on en est, de toutes façons, on va pas faire demi-tour. Ma conviction n'est pas encore brisée, loin de là, après avoir affronté ma pire phobie et la plus grosse créature marine jamais aperçue, je redouble d'entrain. Même si ça se voit pas, avec les cernes, ma peau qui paraît presque blanche, mes cheveux plus que jamais en pagaille, et mes airs de mort-vivante.

Je profite enfin d'un repos alors que la journée avance, blottie contre Dhim dans un hamac dans la cale. Je ne dors pas très confortablement, ni très paisiblement, mais c'est toujours mieux que rien. Je crois que les autres se reposent un peu, aussi, ou du moins je l'espère. Parce que vu la quête dans laquelle on s'est embarqués, on est pas au bout de nos tourmentes. L'agitation au-dessus me réveille, quand ils aperçoivent l'île au loin, et je remonte sur le pont. On la voit s'approcher lentement, avec les minutes qui passent, et un plan est vite fomenté. J'enfile ma combinaison de plongée, mes palmes, mon masque, et garde ma bulle d'oxygène à proximité tout en confiant mes bottes palmées à Luz, comme j'avais fait avec Nora. Ça peut toujours servir. Dhim grimpe sur l'épaule de Jin alors qu'il se prépare à déployer la mini-barque, après qu'il m'ait fournie en lumière. J'accroche tout de même la lampe aux mille feux à ma ceinture que je passe par dessus la combinaison de plongée. On sait jamais.

On plonge, avec Vrenn, et on s'approche lentement de l'île. On a pas besoin de se parler pour se comprendre, c'est l'avantage. On aperçoit pas grand chose, pour l'instant. Je me saisis alors d'une partie de l'énergie fournie par Jin, et augmente drastiquement ma vision. S'il y a quelque chose à voir, je le verrai.

Résumé:

Luz se redressa dans un concert d’éclaboussures, ses longs cheveux flammes déjetant sur ses vêtements l’écume qui s’y était amoncelée. Trop stupéfaite pour parler, elle dévisagea Jin durant d’interminables secondes. La surface de l’île était aussi étonnante que son envers… Comment de tels matériaux pouvaient-ils flotter sur la surface de l’océan ? Quelle magie était ici à l’œuvre ? Plutôt qu’île, se corrigea-t-elle, il s’agissait davantage d’un amalgame de minerais, à en croire les multiples cristaux qui en maculaient le dessus. Des créatures vivaient-elles en ce lieu étrange ? Elle acquiesça à la question silencieuse qu’ils se posèrent. Ils avaient tous deux aperçu l’ancien foyer éteint qui trônait à des mètres de là, à peine décelable à cette distance sous l’éclatante luminosité du soleil. Au moins leur groupe n’aurait-il pas à réfléchir à un choix, car un seul chemin semblait envisageable… Cela dit, l’un de ses compagnons d’aventure proposerait peut-être d’escalader le mur de cristal plutôt que de passer par l’ouverture. Un moyen sans doute de surprendre la créature qui rôdait en ces lieux. Puisque de Zahria et de Vrenn ils ne voyaient plus rien, ils décidèrent de s’approcher de la mystérieuse plage pour y déposer leur barque. Aucun danger n’était en vue et un accostage était bien trop tentant au regard de l’ensemble de cette bizarrerie nomade.

Saisie d’un doute, Luz s’accroupit et étala sur le sol une banale carte d’Aryon. Elle sortit également sa gemme de position qu’elle envoya rouler sur ladite carte – la petite pierre magique s’arrêta bien évidemment sur le vide dessiné de l’océan, et Luz marqua d’un rapide trait de fusain leur position.

« Il ne restera plus qu’à réitérer l’exercice dans une vingtaine de minutes pour voir si cette île se déplace, et si elle le fait à grande vitesse… »

La chose pouvait être fixe malgré son manque d’attaches terrestres, se déplacer aléatoirement, ou encore se déplacer un parcours très précis. Dans tous les cas, la praticienne entendait prendre le plus de notes possibles sur cet agglomérat qui défiait les sciences, vouant une confiance quasi aveugle en Jin : si un danger approchait, il était infiniment mieux positionné qu’elle pour l’appréhender. Il la préviendrait sans faillir. C’est donc entièrement absorbée par sa curiosité dévorante, qu’elle sortit un scalpel et un sac de conservation. A l’aide de la lame, elle parvint à prélever la feuille de l’un de ces déroutants végétaux blanc cassé, à laquelle elle ajouta un reste de cristal poli récupéré sur la plage. Elle prit garde bien entendu à ne pas les toucher avec sa peau nue… Satisfaite, elle referma et rangea le tout dans son grand sac sans fond, avec la promesse d’étudier cela plus ardemment une fois rentrée chez elle… Peut-être la plante ou le cristal auraient-ils des propriétés médicales ?

Résumé :

Je sais pas ce que c'est, mon problème. Pourquoi est-ce que j'ai forcément envie d'aller au-delà du danger quand il se présente ? Je crois que j'ai mal choisi ma profession. J'aurais dû faire aventurière. Ou mieux. Chair à pâtée.

Vrenn est parti depuis longtemps. Je vais pas lui en vouloir, il a raison, c'est ce qu'il y a de plus sensé à faire. Je n'ai pas plus avancé, depuis qu'on a commencé à voir les éclats et qu'on a eu ce frisson dans l'échine. Je suis en nage stationnaire depuis tout à l'heure, j'essaye de scruter ce que je peux avec ma vision boostée. Mais franchement, je commence à me poser des questions sur l'utilité de ma dernière amélioration de pouvoir, parce que j'y vois que dalle. Alors je me remémore ma réflexion sur le bateau, sur mon utilité pour la société, et je repasse en revue les derniers jours en quelques secondes. J'apprends de mes erreurs, on peut dire. Et ces derniers temps, j'ai été un peu trop impétueuse. Il serait peut-être temps de prendre du recul.

Quelques coups de palmes me suffisent pour regagner la surface, alors que Vrenn arrive déjà sur la plage où ont accosté Jin et Luz. Mon regard scintillant croise celui de Flammèche. Je relâche ses lumières, pour qu'il puisse éteindre ses flammes, et me téléporte dans son ombre. Ouais, d'accord, je vais apprendre à être prudente. Pour l'instant.

M'approchant de Luz, j'essore tant bien que mal mes cheveux récalcitrants, avant de renoncer et profiter du fait qu'ils soient humides pour les attacher plus facilement avec le Marchombre.

« Alors, tu en penses quoi ? »

Résumé:

C’était petit, un tantinet mou sur le dessous et surtout cela s’agitait pesamment de sa main. Les yeux écarquillés par l’émerveillement et la surprise, Luz n’avait même pas songé à lâcher derechef l’individu qui s’éveillait dans sa main. S’il était empoisonné ou d’un quelconque danger hé bien… Elle était de toute façon condamnée. Indifférente à son éventuelle mortalité, la praticienne rapprocha le glooby exotique de ses prunelles pour mieux le détailler, un index curieux passé sur le dessus tranchant et solide de sa carapace. Celle-ci était faite d’un cristal semblable au sol de cette île et tranchait avec le moelleux estomac de l’animal.

« Ca alors ! »

Zahria arriva juste à cet instant sur la plage et Luz tendit la main pour que sa chère amie ait tout loisir de détailler sa trouvaille. Elle laissa également les garçons donnaient leurs quelques explications, toute accaparée parce ce qu’elle pressentait être un familier au plus profond de ses tripes… Avait-il subitement éclos lorsqu’elle avait dérangé la végétation et les cristaux alentours, la choisissant pour maîtresse faute de choix ? La créature restait du moins vissée à sa main avec un évident attachement naissant, un bruit proche du couinement heureux émanant de sa bedaine.

« Comme tu es joli ! Je n’avais jamais vu de glooby semblable à toi… »

Ce faisant, elle lui grattouilla le dessus du cou du plat de l’index, se sentant irrémédiablement attachée à ce petit être que le hasard avait projeté sur sa route. Oui, elle prendrait soin de lui. Si elle parvenait à le sortir de cette île et à le ramener jusqu’à la Volière aux Dragons, ce glooby n’aurait plus jamais à s’inquiéter d’avoir faim ou froid. Avec une grande douceur, elle souleva le rabat de la besace médicale attachée à ses hanches et glissa l’animal à l’intérieur, non sans une tendre caresse déposée sur son cuir pour l’inciter au calme. Il n’aurait de toute façon pas pu survivre dans son grand sac sans fond. Pourvu qu’elle ne soit pas attaquée sur ce flanc…

Elle fut interrompue dans ses pensées par l’agitation qui régnait dans l’eau à quelques mètres de la plage. Cela ressemblait à… Une anguille abyssale sacrément en colère et dont la croissance aurait été drastiquement améliorée. La chose, superbe et luisante, instilla immédiatement en elle une part de terreur ancienne. Celle que produisaient les monstres marins sur les êtres terrestres. Elle ne donnait pas cher de sa propre peau si elle venait à mettre un pied dans l’eau, là maintenant tout de suite. Elle dut faire un effort pour refermer sa bouche qui s’était entrouverte de stupéfaction et se contraignit à s’arracher à ce spectacle mi glaçant mi envoûtant lorsque ses compagnons prirent le chemin du lointain défilé minéral. Bizarrement, la découverte du glooby de cristal était autrement plus réjouissante que celle de ce foutu dragon transparent ! Oh bon sang, son cœur allait-il résister à toute cette folle excitation, sans cesse augmentée par les biomes et les créatures inédites qu’ils croisaient ?!


Elle avait pour sa part pris la quatrième et dernière position de leur groupe, s’assurant que leurs arrières restaient sécurisées et prête à réagir si le devant nécessitait d’être protégé.

« Il faudrait revenir plus tard… »

Oui, plus tard. Quand il leur serait possible de lancer une expédition maritime sans craindre de rencontrer une tortue géante manipulée par une magie occulte. Un dragon abyssal, c’était déjà bien assez de danger !

Résumé :

Quand je vois la bouille adorable du glooby de cristal, et que je comprends instinctivement le lien qui vient de se créer entre Luz et lui, je suis touchée. Je passe ma main dans le pelage lumineux de Dhim, me souvenant de son éclosion et de la puissance de notre lien à nous. J'ai d'autres familiers, mais l'amour que nous nous portons est tout particulier, et je souhaite quelque chose comme ça pour Luz et son nouveau compagnon. J'espère que Renkhii ne lui fera pas de crise de jalousie...

Quand on aperçoit la créature dehors, je prend immédiatement mon cadre magique pour la capturer. J'ai pas trop eu le temps ni l'état d'esprit pour le faire pour le scolopendre, mais une nouvelle créature inconnue apparaît et on a un peu de temps, alors je prend un cliché, ainsi qu'un autre de l'île, et je range mon cadre magique. Depuis que j'ai fait l'acquisition d'un livre mémoire, je m'en sers pour immortaliser les clichés de mon cadre magique, c'est assez pratique et me permet de renouveler plus souvent les images de ce dernier.

Je me prépare ensuite pour l'entrée dans la grotte. Nous convenons que je passe en premier pour servir d'éclaireuse. Je capture la lumière de Dhim, prépare mes lunettes de jour et ma longue-vue, puis j'augmente ma vision et je rentre. Dehors, des cris résonnent. J'ai une hésitation. Doit-on y retourner et aider l'équipage ? Pourtant, il faut avancer... Je me fais une raison en me disant que ces gars-là en ont vu d'autres, et s'ils ont survécu au scolopendre, ils survivront probablement à ça. Alors j'avance.

Résumé:

Le spectacle est hallucinant. Je n'ai jamais rien vu de tel, et pourtant j'ai visité des endroits magnifiques. Mais la lumière du soleil qui tape dans ce plafond de cristal en inondant la grotte de myriades de couleurs lumineuses, c'est tout bonnement splendide. Mes yeux eux-mêmes réagissent à ce spectacle en adoptant non pas une couleur fixe, mais un dégradé irisé mouvant semblable à celui qui tape sur les murs. Avec la vision augmentée qui fait briller mes yeux, ils pourraient presque passer pour une de ces boules Diiskho, du nom de leur inventeur, que l'on installe sur les plafonds des salles de bal pour parfaire l'ambiance.

Je profite d'ailleurs de ma vision pour essayer de détecter le moindre mouvement dans le campement. Je désactive ensuite mon pouvoir, et essaye de faire pareil avec l'odorat, puis l'ouïe. Rien. Je commence à me demander si ma nouvelle amélioration marche réellement... Ou alors j'ai juste de la chance et il n'y a jamais rien de dangereux à détecter. Je renifle un coup après avoir laissé s'échapper la lumière du pelage de Dhim, j'ai l'odeur forte des biches qui est restée incrustée dans mes narines, c'est plutôt désagréable. Je fais mon rapport aux autres, puis Vrenn, dans le splendide courage qui le caractérise, passe immédiatement en invisibilité, tandis que Luz propose de partir en repérage avec Jin. Je conviens de rester en retrait pour l'instant, pouvant les rejoindre très rapidement avec le Marchombre ou le Flash si ça devait mal tourner. J'en profite pour sortir mon cadre magique et prendre un cliché de la magnifique grotte. Pour les archives, évidemment.

Résumé:

Luz passa une main dans ses longs cheveux flammes afin de les rabattre en arrière et soigner leur allure échevelée. C’est ce qu’une Dame aurait fait. Malgré les intempéries, malgré un naufrage, malgré une situation précaire, une Noble de sa stature aurait pensé de prime abord à remettre sa mise en place en s’assurant qu’elle restait présentable dans les conditions présentes. Une once de coquetterie dans un océan de malheurs… Elle glissa un clin d’œil à Jin, son nouveau garde du corps, tout à fait confiante sur la capacité de Vrenn et de Zahria à surveiller leurs arrières. Elle ne pouvait certes pas voir le premier du fait de son invisibilité, mais ce plan lui paraissait le plus optimum possible pour une approche en douceur. Quelle preuve avaient-ils en effet que ce campement était celui de brigands, et non de simples égarés pacifiques ou amoureux d’une nature exotique ? Leur « technologie magique » avait peut-être été dérobée par une personne mal intentionnée, ou bien les cristaux rendaient fous à terme tout être vivant auquel ils s’accrochaient… Elle jeta un œil méfiant aux animaux locaux tandis qu’ils approchaient, leurs semelles raclant par instant sur l’incroyable matière de la grotte. Le spectacle était du moins magnifique et elle n’eut aucun mal à adopter un air moins revêche que subjugué. Les miracles de mère nature ne cesseraient jamais de l’époustoufler.

Elle attendit qu’ils parviennent à proximité du campement pour échanger un rapide regard avec Jin et se tasser à la manière d’une jeune donzelle bouleversée par les récents évènements. Bon, pour l’apparence, ce n’était pas si difficile : elle était véritablement passée par une tempête apocalyptique et ressemblait présentement plus à une serpillère séchée au sel qu’à une Dame de haut rang… Elle avait néanmoins replié ses mèches derrière ses oreilles de sorte à exhiber l’éclat tentateur de ses boucles d’oreille, bijoux d’excellentes factures.


Un soigneux mélange d’espérance et d’épuisement.

« Nous avons essuyé une tempête… Nous nous sommes échoués… Pourriez-vous nous aider ? »

Elle laissa les échos de ses intonations résonner contre les parois cristallines de la grotte. Avec un peu de chance, cette simple entrée en matière suffirait à débusquer toute âme présente. A moins que les propriétaires de ces tentes ne soient partis depuis bien longtemps ? Elle plissa les yeux, espérant déterminer la couche de poussière sur les toiles, ou même déceler les signes d’une vie récente.

Résumé :

Saisie d’un profond sentiment de malaise, un frisson enroula ses anneaux au creux de ses reins et remonta le long de sa colonne vertébrale. Elle détestait soudainement le règne animal. Elle pouvait sentir le regard scrutateur des étranges habitants de la grotte sur sa nuque, anormalement fixe pour des créatures vivantes. Quoi ? Ce champ de cristal agissait-il à la manière de ces champignons parasites qui vampirisaient tout dans la nature ? Quelle raison un minerai inerte aurait-il de développer un tel mécanisme d’attaque, puisque la reproduction était exclue… ? Etait-ce une forme de… Corruption ? Elle grimaça lorsque leurs semelles soulevèrent un fin nuage de poussière irisée, peu désireuse soudainement de respirer ces vapeurs. Ils firent du moins signe à leurs deux compagnons restés en retrait, assez fortement convaincus qu’aucune présence humaine n’était encore d’actualité dans ces lieux.

Luz écouta distraitement ses trois comparses parler à voix basse et concentra plutôt la majorité de son attention sur les affaires éparpillées dans le camp. Depuis combien de temps celui-ci était-il abandonné ? Non, se corrigea-t-elle, elle ne pouvait pas se fier à l’état de délabrement des objets présents pour établir une date. Si ces cristaux s’agitaient et dévoraient tout par magie, un cycle naturel était exclu. Elle posa par réflexe une main inquiète sur le rabat de sa sacoche, sentant l’étrange glooby de cristal se retourner sous le cuir. Dans la toute petite ouverture, elle capta son regard dévoué et interrogateur. Un animal aussi adorable pouvait-il naître d’un minerai toxique… ?


Elle poussa du pied les armes cassées, et ôta de deux doigts prudents l’affiche suspendue et frappée du symbole de la guilde. Ils avaient dû fuir extrêmement précipitamment. Ou ils s’étaient tout bonnement évaporés. Rien ne justifiait entièrement d’abandonner des moyens de défense face à un danger immédiat. Concentrée à s’en donner la migraine, elle plissa les prunelles et tenta de décrypter les écrits en partie effacés par le temps.

« Si nous pouvions obtenir le nom ou le référencement de cette escouade, peut-être pourrions contacter quelqu’un par cristal sur le continent pour obtenir les archives correspondantes. La Guilde a forcément dû garder quelque part un dossier sur ce qui s’est produit ici… Une dizaine d’Aventuriers ne disparaissent pas ainsi. »

Elle releva des yeux équivoques vers Zahria et lui tendit le document, tandis que Vrenn débutait ses propres fouilles. Si une personne ici présente pouvait obtenir des informations classifiées, il s’agissait bien du Maître Espion ! En attendant qu’une décision soit prise, le cerveau fourmillant de mille et une théories, Luz ressortit sa carte et vérifia une nouvelle fois la position de l’île. Bougeait-elle ou était-elle fixe ? Ce n’est qu’une fois la réponse obtenue qu’elle se décida enfin à donner un coup de main à Vrenn pour ouvrir et fouiller l’entièreté des tentes présentes.

Résumé :