Derrière elles, Jin et Vrenn avaient entrepris de créer un sinistre spectacle de sons et lumières. Luz prit le temps de prendre une profonde inspiration avant de se saisir des clés tendues par sa colocataire et amie. Il lui fallait ignorer les secousses qui se réverbéraient sur le sol au rythme des attaques explosives des deux hommes, ignorer la détresse de Renkhi qu’elle percevait s’échouer en ondes mentales dans son crâne comme un reflux incessant. Elle ne pouvait dire ce qui était arrivé à son familier, car il s’était plongé dans un mutisme frileux. Sa race n’était après tout pas conçue pour les combats au sommet, davantage gratifiée d’une tendance à fuir lorsque les situations devenaient corsées. Elle fit ce qu’elle put pour lui envoyer un court message télépathique qui se voulait rassurant et soupesa avec douceur les poignets liés de Zahria.

¤ Prête-moi ton énergie Renkhi. ¤

Le souffle ramassé entre ses lèvres, mais une ferme conviction animant son regard, elle glissa la clé dans l’interstice et fit jouer le mécanisme dans un bref cliquetis. Autour d’elles, les secondes paraissaient s’égrener dans une mélasse affreuse. Sans attendre, sa dextre agrippa fermement le poignet du Maître espion tandis que sa senestre puisait son énergie contre le corps intact de Renkhi. Ses prunelles s’ancrèrent pour leur part fermement dans leur vis-à-vis, guettant la moindre étincelle éventuelle d’hostilité qui s’y glisserait.

La blessure se refermait du moins à vue d’œil au contact de Vol vie. Qu’en serait-il de la présence qui avait précédemment investie le crâne de Zahria ? De crainte qu’elle ne se dégage de son étreinte, Luz tâchait de maintenir ses doigts fermés sur sa peau avec la volonté d’une griffe de fer. Elle se prépara qui plus est à lui jeter une onde d’électricité méticuleusement dosée, infiniment désireuse de protéger Zahria de ce contact mental par tous les moyens possibles.

« Tu sens quelque chose… ? »

Elle n’osa pas non plus jeter un regard sur le combat qui faisait rage plus loin. La situation présente accaparait de toute façon l’entièreté de ses sens.

Résumé :

De l'amour à la haine, il n'y a qu'un seul pas. Et il y a une seconde, je les aimais tous les trois de tout mon coeur, empli de confiance et de camaraderie. Mais je me rends bien compte, maintenant. Je me rends compte, que Jin s'en fout de moi, il se sert juste de ce qu'il croit être une force chez moi pour avancer, et me laisserait tomber à la moindre faiblesse, dans sa course vers l'inconnu, la gloire et la force. Je me rends compte, que Vrenn, qui m'a déjà brisé le coeur, n'est qu'indifférence envers moi. Il reste et obéit à mes ordres parce qu'il n'a pas le choix, parce que c'est ça ou l'exil, et qu'il tient à sa vie. Il a couché avec moi par dépit, et maintenant il est passé à autre chose. Il regrette certainement. Et me déteste, comme les autres. Je me rends compte, que Luz me voit comme un poids à charrier. Elle est fatiguée, de toujours avoir à me soigner, à s'occuper de moi et des espions, elle n'en peux plus des attaques incessantes envers notre foyer, et si Naëry était plus présent, ça ferait longtemps qu'elle serait partie habiter avec lui. Elle attend la moindre occasion pour me tourner le dos, et ne tient pas du tout à moi comme je tiens à elle.

Ils sont tous prêts à me trahir à la première occasion. Mais je ne me laisserai pas faire, certainement pas.

Elle est encore en train de fermer ma plaie, quand mon autre main se glisse dans mon sac sans fond. Je sais parfaitement ce que je cherche, et tombe assez rapidement dessus. J'attends qu'elle ait fini sa phrase, pour sortir le Teïzeur et le planter dans le torse du médecin. Je me suis toujours demandé ce que ça lui ferait, quand je vois ce qu'un surplus d'électricité peut lui faire. Mais je suis assez déçue du résultat. Qu'importe. J'ai d'autres atouts dans la manche.

Elle me tient fermement, mais ne peut rien contre l'effet de mon Marchombre. Je disparais dans son ombre, me téléporte un peu plus loin, et profite de ces quelques secondes de répit pour allumer tous les orbes de la Lampe aux Mille Feux, et les absorber. Je ne dois pas les laisser partir d'ici. Ils vont me trahir. Me livrer à la Cabale, à mon père. Donner tous mes secrets. M'abandonner.

Ils vont m'abandonner.

Alors je dois les en empêcher.

Je laisse un Mirage avec mon apparence devant Luz, et d'un Flash, je cours jusqu'à cette pierre luminescente sur laquelle ils ne doivent surtout pas mettre la main. Je ne sais pas ce que c'est, mais c'est important. Peut-être même que ça permet de remettre le portail en marche. Je pourrais peut-être même la détruire, mais pour l'instant, la priorité est surtout de les mettre hors d'état de nuire. J'utilise cinq orbes pour augmenter ma force, mon agilité, ma vitesse, ma vision et mon ouïe. Mon corps luit intensément. Lame retour en main gauche, épée Wardän en main droite, je suis prête à les accueillir.

Je laisse les garçons à leur combat, c'est de Luz dont je vais m'occuper en priorité, tant qu'ils ne s'intéressent pas à moi. De toutes façons Vrenn est invisible, ce n'est pas le moment de le chercher. Et tout concentrés qu'ils sont sur le squelette, ils n'ont pas dû se rendre compte que j'avais compris leur stratagème pour se débarrasser de moi. Il faut juste que j'empêche Weiss de leur parler. Ma lame retour part à toute vitesse dans sa direction, parfaitement visée grâce à ma vision améliorée. Occupée par le Mirage, elle ne va pas la voir venir, c'est idéal. Et sans médecin, déjà affaiblis par leur combat avec le squelette, il sera aisé de m'occuper des deux autres. Oui, c'est un bon plan.

Malgré toute l’attention du monde, il y avait un gouffre subtil entre la préméditation d’une attaque ennemie et la sournoiserie d’un allié aimé. Cette abysse était d’autant plus grande lorsqu’il s’agissait de nul autre que de Zahria, l’âme qui vivait à ses côtés depuis à présent la moitié d’une année : elle connaissait ses doutes comme s’il s’agissait des siens, et ses peurs avaient le goût de la familiarité sur sa langue tant elles avaient mutuellement léché leurs plaies. Aussi, lorsqu'un choc atténué par son armure de cuire lui écrasa le flanc et que ses prunelles éberluées se posèrent sur le Teïzeur, Luz ne sut comment réagir de prime abord. Ce faisant, cela n’empêcha guère ses doigts de se refermer plus avant sur le poignet de son amie, malheureusement incapable de retenir un corps mu par la magie de Marchombre. Zahria se délita dans sa main, ne laissant dans sa paume que la trace froide de l’absence et la sensation ferreuse de la trahison.

Son flanc picotait sous ses vêtements, là où l’arme électrique avait attaqué sa chaire, repoussée et absorbée par sa propre énergie fourmillante. Cela ne guérissait nullement le souvenir cuisant de cette tromperie – non pas parce que Zahria l’avait attaquée, mais bien parce qu’elle avait failli à la protéger. La protéger d’elle-même et de ses capacités. Désormais, qui pourrait garantir qu’elle ne culpabiliserait pas par la suite ? Luz n’osa songer aux conséquences que cette manipulation mentale aurait sur le Maître espion si elle venait à égratigner ses propres amis, voire pire… Parcourue de sa magie libérée à pleine puissance, la praticienne n’attendit donc plus pour jeter son poing droit dans la mâchoire de Zahria, réapparut juste en face d’elle.

A la place du choc attendu, la silhouette se délita plutôt dans un soyeux froissement tandis qu’une lame en perçait l’illusion. A mi-parcours de son attaque, Luz ne put empêcher la lame adroitement lancée de percer sa tenue comme du beurre liquide, perforant la chair tendre de son épaule. Elle amorça l’once d’un pas en arrière pour bloquer l’énergie cinétique de l’attaque et puisa derechef dans ses talents. Elle ne chercha pas à ôter la lame de son épaule. Un grondement sourd, animal remonta de sa gorge, le corps tendu par une tension grandissante. Sa silhouette disparut à son tour, emportée dans un vrombissement électrique, rebonds erratiques qui fusèrent en direction de Zahria. Derrière elle, la lame émit un faible tintement métallique lorsqu’elle tomba sur le sol.

Une course folle s’amorçait, totalement indifférente à l’autre combat qui faisait rage à côté d’elles. Ombre contre lumière, sauts de chats fous qu’elles alternèrent pour s’éviter et s’attaquer, Luz puisant dans l’énergie survoltée de sa foudre pour accélérer son adresse et repousser plus durement le sol. Seule, elle n’avait pas grand espoir de parvenir à prendre Zahria par surprise. Elle pouvait en revanche compter sur Renkhi, qui s’était subrepticement glissé derrière la scène, longeant les murs de sa longue silhouette serpentine.

« Maintenant ! »

Elle n’espérait aucunement réussir par le biais d’un stratagème aussi vulgaire. Elle avait plutôt fait le choix de crier verbalement cet ordre, et non télépathiquement, pour donner une occasion à Zahria d’éviter Renkhi puis de jauger l’occasion opportune pour contre-attaquer sa maîtresse. Au corps à corps, dans sa proximité physique immédiate, Luz fit mine d’être si accaparée par l’attaque de son familier qu’elle ouvrit grand ses défenses. Pas n’importe où toutefois, puisqu’elle donnait l’opportunité au Maître espion de l’attaquer au flanc, par arme blanche ou à main nue. Si tout se passait bien, elle escomptait parvenir à bloquer son bras pour lui passer vivement le premier bracelet des menottes anti-magie.

Quant à cette deuxième blessure ? Oh, hé bien, voilà un détail qu’elle gérerait plus tard. Ce ne serait pas le premier couteau que Zahria lui planterait dans la chair, et mieux valait sacrifier un flanc ainsi qu'une épaule plutôt que de laisser le Maître espion dans sa condition présente.

Résumé :

Je n'aurais jamais dû m'entraîner avec elle. Je lui ai laissé trop d'occasions de me tester, d'évaluer mes capacités, mes forces et mes faiblesses. Elle a su parfaitement comment faire pour me passer cette putain de menotte, quitte à ce que ma lame Wardän laisse une magnifique estafilade sur son flanc. Elle s'en fout, avec Vol-Vie, elle sera sur pied en deux secondes. Mes pouvoirs sont largement diminués par cette menotte, dont je ne peux me défaire tant qu'elle aura la clef en sa possession. Mais mes objets de pouvoir fonctionnent toujours parfaitement, quelle aubaine.

Dans un petit rictus, je prends l'apparence parfaite de Naëry. Je connais bien ses proportions, son corps, il m'est aisé de le recopier en une seconde. Et je me téléporte dans l'ombre de Luz, pour susurrer quelques mots à son oreille.

« Tu ne vas tout de même pas me blesser, Luz... ? »

La lame retour vient faire une nouvelle entaille sur l'armure de Luz, ripant contre le cuir, ne laissant certainement qu'un gros bleu à la flamboyante, avant que je ne me téléporte à nouveau. Je regarde du côté des garçons. Je ne peux pas les laisser s'approcher, surtout Vrenn, rien qu'avec un oubli il serait capable de m'arrêter.

Derrière nous, dans le boyau, on entend les squelettes qui commencent à réapparaître. Je tiens là ma chance. Je dois gagner du temps, et j'ai l'objet parfait pour ça. 100 secondes de répit, m'offre le Marchombre, si je joue bien mon coup. Ils ne pourront jamais supprimer toutes les ombres de la pièce, de toutes façons.

Une ombre, dix secondes, et on passe à la suivante, dix secondes, et ainsi de suite. Le temps de faire arriver au moins deux ou trois squelettes, et qu'ils soient débordés. Je disparais. Adieu.

Résumé:

Si Luz s’était sentie vidée de prime abord, elle en eut pour sa peine. Avachie sur le cou de Renkhi qui s’était précipité pour la soutenir, elle peinait à reprendre son souffle, ses doigts pressés contre sa blessure au flanc maculés d’hémoglobine. Plus par réflexe que de manière consciente, elle puisa d’ailleurs derechef dans l’énergie de son mist par le biais de Vol vie, bénéficiant bien malgré elle d’un temps de répit contre le Maître espion démoniaque qui avait remplacé Zahria… Néanmoins, la forme suivante dont elle s’empara acheva de faire sortir la praticienne de ses gonds. Les dents soudainement serrées d’un impérieux besoin d’enfoncer son poing dans la tête de son adorable Lynx, ses doigts se ramassèrent en poings secs. Il y eut un frémissement perceptible de magie et les arceaux d’or qui encerclaient ses poignets mutèrent d’office en fines lames acérées. Un chuintement d’appel à mort, aussi brusque et immédiat que la colère qui avait soufflé promptement tout le calme d’apparence de Luz.

Fort heureusement pour la paix des ménages, Zahria n’attendit pas ses réactions pour se décomposer une nouvelle fois dans les ombres. La praticienne n’eut d’autres choix que de ravaler son cri de rage pour mieux tourner des yeux constellés de souffrance vers l’autre scène de cette pièce. Un vrai bordel, constata-t-elle, guère plus concluant que ses propres affaires. Elle jeta un bref coup d’œil à ses deux blessures et constata que Vol vie avait au moins suffi à arrêter l’hémorragie ainsi qu’à amorcer une douce opération de suture… Elle n’avait pas le temps d’attendre un travail plus propre et se prépara en serrant les dents à voir ses blessures se rouvrirent en surface d’ici peu.

Elle s’avança dans la salle, échangea un regard de compréhension muette avec les deux garçons. Bordel, ils n’avaient foutrement pas le temps de courir derrière les fesses rieuses du Maître espion. Ô combien ces fesses pouvaient-elles être attrayantes. Alors, constatant que la magie étrange de Vrenn était à l’œuvre et que Jin avait sécurisé leurs arrières, Luz jugea judicieux d’empêcher l’odieux squelette à bouclier de se reposer dans son confort.

Elle plongea une fois encore dans la puissance de Rebonds et s’éjecta en lignes électriques erratiques au travers du mort vivant. La foudre le traversa de part en part, tandis qu’elle se rematérialisait brusquement derrière lui, prise dans la souplesse de son mouvement. Ses griffes dégainées se parèrent soudainement d’une teinte rougeâtre aux éclaboussures instables. Les lames qui puisaient dans son sang pour vrombir d’un pouvoir destructeur décuplé furent plongées promptement au travers de la colonne vertébrale de leur détestable ennemi, du coin de la nuque vers le bas des reins.

Du moins, tenta-t-elle. Pourvu que ce tas d’os ne l’ait pas vu venir !

Résumé :

Je douille. Les sauts ne sont pas compliqués à faire, je dois juste bien calculer ma trajectoire, et ils se sont désintéressés de moi pour l'instant, donc je m'en sors pas trop mal. Mais les attaques de Weiss et sa saloperie de familier m'ont plus touché que ce que je ne pensais, et l'adrénaline retombant, je commence à m'en rendre compte. Si je sors de l'ombre, je sais que ce sera en sang et sonnée. Mais je sais aussi que le Marchombre se rapproche de ses limites, et je ne vais pas avoir trop le choix. Je ne peux pas vraiment me permettre de prendre une potion de soin, sinon ils profiteront de ma fatigue pour m'achever. Il faut que j'arrive à me mettre à l'abri...

En soit, une demie seconde serait suffisante pour retourner me terrer dans les ombres. Mais c'est sans compter sur la vivacité et les pouvoirs de Vrenn. Je peux essayer de me téléporter dans son ombre à lui, mais il guette, ce bâtard. Non, il faut que j'arrive à mettre hors de sa vision. Ils ont les yeux rivés sur le squelette qui charge, c'est peut-être ma chance.

Je me téléporte dans l'ombre de Jin, et en ressort immédiatement. Un petit rictus sur les lèvres, je m'apprête à y retourner mais suis stoppée par une quinte de toux, faisant perler du sang sur le beau visage de Naëry. Il n'en faut pas plus à Vrenn pour...

Quoi ? Où suis-je ? Qui suis-je ? Qui sont ces gens, pourquoi ils se battent contre moi ? C'est quoi cette menotte à mon poignet ?

Je... ne sais plus.

Résumé:

Luz prit un très bref instant pour reprendre son souffle, juste avant de chasser du pied les décombres du « roi » squelette qui gênaient son avancée. De toute façon, celui-ci n’allait pas tarder à se reconstituer et elle n’était pas exactement prête psychologiquement à contempler pareil spectacle. Ce tas d’os bigrement récalcitrant avait déjà déployé toute l’étendue de son potentiel irritant ! Puisque ses lames enchantées puisaient dans son sang, elle les réduisit à de simples katars sans magie : l’hémoglobine était suffisamment rare dans son corps par les temps qui courraient pour qu’elle le gâche inutilement. Constatant que toute la sainte trinité était décidément occupée à gérer ses propres oignons, elle grogna quelque chose de l’ordre de « J’ai compris, m’en occupe. » avec la sagacité d’un boucher contrarié et se tourna vers le prochain squelette à abattre.

Bon, l’histoire avait montré que les agresser par magie ne créait pas d’excellents résultats. De crainte que même ses katars enchantés ne déclenchent une sombre réaction du côté de son adversaire, Luz réduisit ses armes à deux bracelets d’or autour de ses poignets et tira son épée de souplesse de son grand sac sans fond. Elle était moins à l’aise avec cette arme-ci, mais il faudrait bien que cela fasse l’affaire !

L’horrible sac à balais esquiva le premier coup porté, qui partit d’ailleurs un brin trop sur la gauche. La lame se dévissa et s’étendit dans le cadre du mécanisme qui la rendait si particulière, ripant à peine contre la moelle épinière du vieux crouton. Luz dut se fendre d’un brusque pas en avant pour contraindre son corps à passer sous la garde du squelette et ainsi éviter à son tour le coup de griffe virulent qu’il lui renvoya. S’ensuivirent quelques pas d'ivrognes foutrement gênants, tels deux grabataires agonisants, et puis Luz parvint enfin à enrouler son arme autour du torse du non-vivant dans un ultime ahanement : elle s’arcbouta vivement, la semelle brutalement posée à plat contre le sternum de son adversaire, entrainant la lame qui scia prestement le pauvre hère.

Alors, les mains sur les genoux, pliée en deux pour recouvrer un semblant d’ordre dans son corps malmené, Luz jeta un rapide coup d’œil à Jin, Vrenn et Zahria.

« J’espère que vous avez une proposition de solution finale, car personnellement, je commence à être à court d'imagination. »

Résumé :

La deuxième menotte se referme sur mon poignet au moment où je reprends conscience et m'apprête à mettre une droite à Jin. Je me sens rétrécir, alors que je quitte l'apparence de Naëry, et je suis sonnée, mais comme avec un oubli de Vrenn. Plutôt comme une culpabilité qui m'envahit, alors que mon regard part immédiatement vers Luz, de l'autre côté de la grotte, et les multiples estafilades que je lui ai laissées. Dans mon désir de fuite, heureusement, je n'ai pas été très dangereuse, mais j'aurais pu faire bien plus de dégâts.

Le temps n'est pas aux excuses, pourtant, et je regarde la pierre luisante que je tiens toujours dans ma main, que je cherchais absolument à protéger tout à l'heure, pour je ne sais quelle raison. Je capte le regard inquiet de Jin, et acquiesce en silence, pour lui dire que tout va bien, que je suis redevenue moi-même. Et lui montre le portail de téléportation en panne et la pierre que je tiens.

« Je crois qu'il faut mettre cette pierre dans le portail. Le truc qui m'a possédé me disait de le protéger pour vous en empêcher. »

Je n'ai plus de pouvoir, je suis toujours blessée, mais je suis malgré tout armée et entraînée. Mon arbalète-grappin sort immédiatement de la bague Tsépi quand je passe la main dessus, et se déploie sur une accroche du portail pour me tracter là-bas en vitesse. Moins efficace que le Flash ou le Marchombre, mais ça joue tout de même son rôle. Puis je plante la pierre dans un interstice qui semble fait pour, et j'attends. J'espère qu'il va se passer quelque chose. Quelque chose de bénéfique pour nous.

Résumé: