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Aeron dut admettre en dedans de lui qu’il fut très surpris quand Solveig expliqua sa situation. Pour lui, elle cherchait manifestement à se faire des amis au sein de la noblesse, et ce afin de s’élever au-dessus de sa condition de Garde. Il fallait bien admettre que la retraite semblait fort peu alléchante par rapport aux divers avantages dont un membre de la famille d’Alton était naturellement doté en raison de sa naissance. Après, tout ceci n’était peut-être qu’un stratagème pour viser plus haut et attirer l’attention du Capitaine Hekmatyar.
Qui, s’il était un excellent soldat et gardien du Palais et de la Capitale, n’en avait pas moins une réputation de coureur de jupons. Mais comme le pensait le Prince, ainsi que le Commandant et le reste de la Royauté, il faisait bien ce qu’il voulait de son temps libre tant qu’il s’avérait parfaitement efficace dans son travail. Et ce n’était pas Père qui critiquerait, surtout étant donné son incapacité à faire autre chose que de vider le cellier du Palais.
« Je comprends bien que le sujet des régulations ne présente pas un intérêt certain pour vous, Capitaine. C’est différent pour moi, je le gagerais, pour tous les conseillers. Encore que d’Alton serait capable de rendre soporifique la réforme de l’imposition du Conseiller La Mer, ce qui semble proprement ahurissant, quand on y songe. »
Il s’arrêta une fraction de seconde. Tout le monde ne partageait peut-être pas son intérêt pour les réformes fiscales de grande envergure ayant totalement réorienté la politique et les finances du Royaume, tout en permettant à la population de vivre bien plus confortablement. Hé bien, songea le Prince, c’était une perte pour eux.
En tout cas, pour naïf qu’il soit en ce domaine, il avait bien l’impression de sentir quelque chose naître entre la Valkyrie et le Capitaine du Guet. Il sentait cela autant dans les mots fleuris qu’ils échangeaient que les regards, qui surveillaient autant la salle que leurs vis-à-vis.
« Néanmoins, Soldat Prêth, ce que vous dites m’interpelle. Il me paraît intolérable qu’un membre de la noblesse se permette de tels actes. Je compte bien enquêter sur le sujet. Vous serez peut-être sollicitée à l’avenir pour répondre à quelques questions. »
A fortiori si tout cela relevait d’un comportement systématique et qui allait plus loin que ce dont la militaire faisait état. Et, de la maigre expérience d’Aeron, les gens, fussent-ils nobles, s’arrêtaient rarement aux premiers délits, mettant en application avec entrain le proverbe disant que qui volait un œuf volait un bœuf.
« De faire, je ne le laisserai pas prétexter d’être un somnambule pour échapper à toute investigation. »
Cela faisait bien entendu référence à une affaire sordide d’il y a quelques semaines. Mais l’attention du Prince fut distraite par de l’animation près d’une des cheminées : une ribambelle de chaussettes venait de tomber au sol en répandant les friandises qu’elles contenaient.
-Rendez vous est prit dans ce cas, je ne doute pas qu'une visite du sud me fasse du mal
Répondit il avec un sourire à la garde. Irait-il seul ou en manœuvre ? Seul l'avenir le lui dirait, la première compagnie pourrait bien avoir besoin d'un peu de vacances sur les plages du sud. Ou d'un entrainement adapté en fonction de l'appellation.
Quoiqu'il en soit, cela s'annonçait sous de bonnes hospices.
Et quand le prince revint vers eux, parlant de dérégulation et d'autres taxes économiques, l'officier ne put que hausser les épaules.
-Dans ce cas majesté je me ferais une joie de vous l'envoyer quand il reviendra, il avait l'air friand de quémander un quelconque avantage, comme la majorité de ceux qui viennent me parler pour ce genre d'occasion.
Manque de chance... Je ne négocie pas la sécurité du palais.
Et alors qu'il voulait continuer à s'étendre sur la nécessité d'être incorruptible, surtout pour des raisons aussi futile que "l'honneur d'avoir droit à un tatouage anti-magie du palais". Il fut interrompu par le choc d'un couvert sur un verre, le bruit cristallin résonnant dans toute la salle.
-Et maintenant le traditionnel chant de Noël !
Lança le maitre de cérémonie alors que le silence se faisait.
Le ton fut donné alors que toute l'assemblée se mit à chanter, Arthorias y comprit. Même s'il détestait cela....
- N’allez pas vous embêter avec ça votre Altesse, ce n’est rien qu’un garde ne puisse affronter. Et je pense que le pauvre ne s’y essayera plus. Elle retint un petit rire. - Les soldats ne sont pas franchement docile et je crois que je l’agace plus qu’autre chose.
Terminant sa phrase sur une note joyeuse, elle se tourna de nouveau vers Arthorias et lorsqu’il en eut terminé avec son histoire de taxe elle lui assena une tape amicale sur l’épaule. - Pour sûr capitaine, vous êtes aussi pâle qu’un ribec blanc ! Un peu de soleil vous fera du bien. En plus il paraît que c’est bon pour le moral. Elle soupira. - Ça ne peut pas être pire que la grisaille de la capitale de toute façon… Solveig aurait pu poursuivre encore un moment sur les avantages du sud comparé à cette ville, après tout elle y avait vécu suffisamment longtemps pour en voir les bons et les mauvais côtés, mais elle fut interrompu par une voix franche qui attira son attention.
- Ooooh des chants ! Je pensais que c’était une légende ! Qui donc voudrait faire ce genre d’activité en public en dehors de la noblesse ? Et à son tour, elle poussa la chansonnette. L’occasion pour ses voisins de découvrir l’un des talents qu’elle cachait toujours avec soin, celui de faire vriller les tympans de n’importe qui, même d’un sourd.
– Oui, je suis un idiot, mais ça, c’est la base… Pour ce qui est de mon imagination, je dirais que c’est un peu la faute de Melta. Tu sais ce qu’il faut comme imagination pour inventer une nouvelle chaque soir ? C’est impressionnant comme il ne veut pas avoir la même histoire deux soirs de suite. D’ailleurs, il voulait venir aussi, mais le faire rentrer au palais ce n’est pas trop possible.
Noie le poisson, change de sujet. Parler de son fils est plus simple que de vraiment répondre à la question du pourquoi autant de scénarios catastrophe se font dans son esprit avec son amie dedans. Surtout avec ses nerfs aussi à fleur de peau à cause de son pouvoir c’est épuisant. Il devrait lâcher prise, ne plus s’en faire, prendre les choses comme elles arrivent, mais c’est tellement plus simple à dire qu’à faire. Tout est plus simple à dire qu’à faire avec elle. Il a l’impression constante de marché sur des œufs.
– Et… Tu parlais avec le prince, ce n’est pas le premier paysan du coin, alors, fin… je n’ai pas eu l’impression d’avoir eu ma place et j’ai fait l’idiot, comme d’habitude.
Comme toujours. Admettre qu’il y a un souci avec leur position social fait mal aussi, parce qu’il voudrait que ça ne soit pas le cas. Fermer les yeux et oublier qu’elle est noble, qu’elle peut avoir mieux dans sa vie qu’un simple cuisinier père célibataire qui bat la campagne à la recherche du plus de recettes possible. Pourtant il sait qu’ils sont amis, que c’est un lien précieux pour lui, mais il a cette peur que cela soit éphémère et que comme Asha elle trouve mieux plus tard et se joue de lui. Ce n’est pas le genre de Fedora, jamais elle ne lui ferait ça, il le sait, mais il y a cette crainte stupide qui reste tout de même. Pour chasser cela, il la prend maladroitement dans ses bras pour lui offrir un câlin de pardon, parce qu’il sait qu’elle apprécie ce genre de contact et qu’il en a besoin aussi, surtout.
– Attends, j’ai retenu une chanson d’un troubadour qui a chanté dans l’auberge où j’ai travaillé. Elle m’a fait penser un peu à toi. Je ne suis pas aussi doué que celui qui l’a chanté à la base, mais prends ça comme une excuse en plus.
Il se décala un peu pour prendre une peu de courage et d’assurance. Une grande inspiration avant de se mettre à chanter face à Fedora. Il espérait vraiment que sa voix ne tremblerait pas trop, qu’elle apprécierait, qu’il ne faisait pas un nouveau faux pas en plus.
– Les yeux dans le vide
Elle me regarde passer
Dans le creux de ses rides
Moi, j’ai trébuché
Ça me fait mal au bide
Sa belle gueule cassée
Comme une étoile livide
À deux doigts de tomber
Elle tire sur un mégot 100 fois rallumé
Quand je lui tends la main à travers la fumée
Elle était si belle la poupée
Elle que Lucy avait oubliée
Et si on l’avait un peu regardée
Peut-être que
la saison froide ne l’aurait pas brisée
Un pied dans le vide
Elle a déménagé
Elle perd son équilibre
Entre deux larmes salées
Y a comme un goût acide
Qui hante ses baisers
Elle dit qu’elle est lucide
Non, plus jamais se caser
Elle tire sur un mégot 100 fois rallumé
Quand je lui tends la main à travers la fumée
Elle était si belle la poupée
Elle que Lucy avait oubliée
Et si on l’avait un peu regardée
Peut-être que
la saison froide ne l’aurait pas brisée
Et ton cœur en saison froide, je le garde au chaud
En attendant le retour du soleil
Et si le mien passe la saison froide au chaud
Sache que sur toi je veille
Elle était si belle la poupée
Elle que Lucy avait oubliée
Et si on l’avait un peu regardée
Peut-être que
la saison froide ne l’aurait pas brisée
Elle était si belle la poupée
Elle que Lucy avait oubliée
Et si, et si on l’avait un peu regardée
Peut-être que
la saison froide ne l’aurait pas brisée
Peut-être que
la saison froide a déjà trop duré
Il se stoppa et la fixa sans rien dire, le cœur battant un peu trop vite, et le rouge aux joues. Il attendait en silence sa réaction face à son action.
Aeron cligna des yeux quand Prêth le remercia, puis l’assura de passer à autre chose, de ne pas s’en faire et de laisser les événements suivre leurs cours. Cela n’était pas l’objectif, ni l’idée, ni même le concept, pourtant. Légèrement distrait par l’agitation autour de lui, il fronça les sourcils et remonta la monture de ses lunettes.
« Mais ce n’est pas l’objet, voyons. Au-delà de la pénibilité de son attitude envers vous, tout noble et, au sens plus large, tout citoyen du Royaume se doit d’être irréprochable afin de préserver notre société et notre prospérité. Je dirais même que c’est d’autant plus important pour un noble, qui, par certains aspects, représente directement la couronne, que pour un roturier. »
Oui, décidément, c’était cela, le cœur du problème : les nobles se devaient d’être exemplaires, davantage que les autres.
« Quant à d’Alton, en cas de souci, n’hésitez pas à le renvoyer vers moi, je me chargerai de l’écouter et de le recadrer si nécessaire. »
C’est que, malgré son jeune âge, le Prince Aeron avait déjà l’habitude des nobles pleurnichards qui venaient essayer de quémander des choses diverses et variées, dans un peu tous les domaines, pour peu que l’occasion s’y prête. Par conséquent, il était tout à fait tristement expérimenté dès lors qu’il s’agissait de les remettre à leur place de quelques mots bien sentis, généralement devant un public flagorneur.
Mais l’attention de tout le monde fut distraite provisoirement par le moment que certains, ou plutôt certaines, attendaient avec impatience. Aeron se mit à chanter avec l’intégralité des convives, sérieusement et avec application. Sur sa gauche, un homme d’âge mur hurlait de toutes ses forces pour s’assurer d’être entendu, au point que les veines de son front ressortissaient sur son visage écarlate. Plus loin sur la droite, deux jeunes femmes, manifestement sœurs, avaient élevé leur tessiture un moins un octave au-dessus de celles des autres, afin d’être certaines que leurs voix ressortent parfaitement.
Et elles chantaient juste, le Prince ne pouvait pas en dire autant des autres. Mais c’était un passage obligé de la soirée, donc il s’y soumettait de bonne grâce : cela aurait pu être bien pire.
Ft : Des gens !
Effectivement, car tu étais le mieux placé pour savoir que les gens parlaient entre eux et que c'était ainsi que débutaient les rumeurs et... Dans ton cas tu devais avouer que si cela devait se produire, tu serais bien embêté. Cependant, tu ne pouvais plus faire marche arrière à présent et puis, au fond de toi, même si tu ne le montrais pas, le fait que cette petite demoiselle ne soit pas accompagnée à cette réception... Cela t'inquiétais tout de même.
Enfin, d'après les dires de Chloé – la petite demoiselle en question – elle était bien accompagnée de sa famille donc tu allais décider de la croire et ce, même si tu n'avais pas le pouvoir de la Reine et puis, ce n'était pas si inintéressant que cela de discuter avec elle, au final car on pouvait apprendre beaucoup de choses auprès des enfants mine de rien.
D'ailleurs, ce que tu avais plus ou moins deviné se révéla vraie : cette petite demoiselle était elevée dans l'optique d'avoir un haut niveau de langage car c'était ce qu'on attendait des enfants nobles et, d'après ce qu'elle disait, elle n'aimait pas parler de manière compliqué.
Tu la laissas silencieusement raconter son histoire avec un léger sourire triste. Finalement le statut social semblait peser sur bien des gens. À la fin, tu hochas légèrement la tête pour prendre la parole :
« Si cela peut vous rassurer, Chloé, sachez que chacun est différent et, même si votre père aimerait que vous ressembliez à votre grande sœur, il ne pourra aucunement changer le fait que vous avez votre propre personnalité » C'était assez délicat de donner des conseils à la petite sachant que tu avais vécu quelque chose de tout à fait différent pour ta part : « Ainsi, si je puis vous donner un conseil ce serait de savoir doser entre ce que l'on attend de vous et celle que vous êtes vraiment. Posez vous ainsi la question de « qui est réellement Chloé ? » et cela, vous seule avez la réponse, même s'il se peut qu'elle ne vienne pas de manière immédiate »
Comme quoi... Chassez le naturel, il revient au galop... Et, même si vous ne demandiez pas forcément conseil à un Conseiller, il vous en donnera tout de même un. D'ailleurs, en y repensant, tu espérais que ce « discours » ne sonne pas comme un sermon aux oreilles de la petite Chloé...
Cependant, il fallait être aveugle pour ne pas constater le changement d'attitude de la petite demoiselle qui était, soudainement, devenue toute timide. Évidemment, une part de toi était flattée mais une autre part te réprimandais en te « disant » que tu en faisais peut être un peu trop avec cette petite et que, si cela continuait comme cela, tu allais sûrement gagner a être la cible de fâcheuses rumeurs mais, une nouvelle fois, tu pourrais gérer si cela te touchait personnellement. En revanche, si part un « effet boule de neige » quelconque cela touchait également la famille royale... Nul doute que tu te sentirais très mal...
Alors, tu te promis de faire attention dans tes gestes et tes paroles car on avait beau dire que l'on maîtrisait tout, tu savais que la situation pouvait facilement devenir incontrôlable. Ainsi, tu eus un discret soupir de soulagement lorsque tu vis l'attitude de la petite Chloé redevenir normale, surtout lorsqu'une serveuse vint vous aborder en vous proposant limonade et chocolats.
Comme l'on pouvait s'y attendre, la petite demoiselle eut le sourire aux lèvres tandis que tu lui conseillais de prendre plutôt la limonade plutôt que les chocolats. Pourtant, lorsque « la serveuse » croisa rapidement ton regard – pas assez pour que tu puisses lire dans ses pensées cependant – tu te fis la réflexion sur le fait qu' « elle » te disais quelque chose.
En tout cas, tu étais heureux que Chloé aille dans ton sens :
« Je me disais simplement que les chocolats auraient été de trop au vu des friandises que vous avez déjà mangées, Chloé. Je vous rejoins cependant sur le fait qu'ils ont, effectivement, l'air appétissants mais je doute votre estomac l'aurait supporté » Tu pris alors toi aussi une coupe de limonade en remerciant « la serveuse » d'un hochement de la tête pour reprendre : « Mais, si davantage vous aviez encore faim après le buffet, vous pourriez prendre la décision de prendre des chocolats à cet instant »
Décidément... Tu faisais office de père maintenant ?... Tu savais que tu aurais pu agir autrement, totalement ignorer cette petite demoiselle en pensant à ta propre réputation mais tu ne le pouvais pas. D'ailleurs, la petite prit également une gorgée de limonade en faisant la réflexion à voix haute comme quoi la boisson était pétillante.
Tu ne relevas pas. Évidemment, c'était amusant à entendre parce qu'il s'agissait d'une remarque enfantine mais tu pris le parti de garder un visage neutre, afin de ne pas embarrasser Chloé alors qu'elle vous proposais – à « la serveuse » et à toi – de la suivre jusqu'au buffet. Décidément...
Tu l'a suivis dans un sourire sans mot dire, accompagné de « la serveuse » qui s'excusa cependant bien vite de ne pas pouvoir rester, croisant de nouveau ton regard pour dire que si vous aviez besoin de quelque chose, que vous demandiez « Psolie » avant d'assurer à la petite Chloé qu'elle lui laisserait des chocolats de coté si elle lui en faisant la demande.
Avant que « la serveuse » ne parte, tu pris la parole :
« Soyez en remerciée. Nous ferons donc appel à vous si le besoin s'en fait sentir »
Répondis tu avec respect même si tu ne pouvais pas te sortir l'idée que tu avais déjà entendu parler de « cette femme ». Enfin, pour le moment, ton attention fut attirée par un bruit de chants. Décidément, les festivités avaient commencés. Sans y penser, un sourire vola sur ton visage, tandis que tu t'adressais à Chloé :
« Il semblerait que les vraies festivités aient commencées et tout le monde semble jouer le jeu. Pourquoi ne pas essayer, nous aussi ? Cela pourrait être amusant. Aimez vous chanter, Chloé ? »
Demandas tu alors que, relevant les yeux, tu pouvais voir que le Prince lui même jouait le jeu. Au fond de toi, le coté enfantin que tu pouvais encore avoir était ravi mais... En tant qu'adulte, une partie de toi avait peur du ridicule mais bon... Pourquoi ne pas pousser la chansonnette tout de même ?
Ainsi, prenant une grande inspiration, tu chantas, d'une voix légèrement grave, des paroles qui te vinrent à l'esprit en rapport avec cette saison froide :
« Le paysage, recouvert de froids flocons,
Reste immuable, malgré les âges et éternel.
Tout y est immobile, à cette saison
La vie y est, cependant, plus belle.
En cest moments de festivités, la joie se répand
Et les chants, en de douces mélodies
Se font entendre, doucement,
Car tous semblent être en harmonie »
Ta voix ne portait pas assez pour être entendue de tout le monde mais tu te disais que, quelque part, tu étais entrain de participer à « l'effort collectif »
Écouter cet homme parler de ses parents alors qu’elle ne les avait pas encore vus depuis quelques semaines était d’un ennui. Pire encore! Il cherchait à connaître tout sur la boutique de Nemue. Entre les profils qu’elle faisait par an, combien d’employés avait-elle et tout le patatras… Poussant un soupir, elle répondait de simples hochements de tête faisant comme si cela l’intéressait, quand celui-ci rigolait, elle cachait son sourire inexistant derrière ses longs doigts et gloussait, mais cherchait par la même occasion à se trouver une échappatoire.
Alors qu’elle ne s’y attendait pas, un plateau garni se présenta entre eux. Nemue observa un bref instant ce dernier puis leva doucement les yeux et eut droit à un contact visuel avec cette personne. Elle avait l’impression qu’elle lui disait qu’il s’agissait de sa chance.
- Ah! Enfin, vous voilà! Dit-elle avec un grand sourire ravi à l’intention de la personne. Navré de couper court à cette discussion, mais j’attendais justement le retour, de cette gentille personne suite à une demande de ma part. Je ne manquerai pas de saluer mes parents de votre part!
Faisant une petite courbette courtoise à l’homme, elle attrapa alors délicatement le bras de son sauveur et marcha élégamment avec lui. Une fois perdue dans les convives, elle s’assura que ce dernier ne l’ait pas suivi et elle soupira de soulagement.
- Merci! Vous venez de me sauver d’un ennui pas possible. Vous savez lorsque vous ne reconnaissez pas la personne, mais que celle-ci oui… Je ne savais plus sur quel pied danser et à quel point il était supposément proche de mes parents. Enfin, je ne vais pas vous ennuyer plus longtemps, vous avez certainement des choses plus importantes à accomplir que de sauver une demoiselle en détresse.
Le regardant avec un doux sourire, elle se délogea de son bras et le remercia gracieusement. C’est d’ailleurs à ce moment que les chants commencèrent à se faire entendre et comme elle s’était présentée en ce lieu pour cette fameuse fête, autant qu’elle y participe, non? Alors elle fit un clin d’œil à son sauveur et se mit donc à chanter accompagnant ainsi les nombreuses personnes qui s’y étaient adonnés. Elle se savait douer pour le coup de crayon, mais en ce qui concernant le chant, sa voix légèrement rauque avait quelque chose de vrombissant. Enfin, elle n’était pas chanteuse, mais une fois ne la tuerait pas.
La Fête du 24
Libre
Au grand regret de la petite, la gentille serveuse refusa de les accompagner pour le plat de résistance. Bien qu’il était noble de sa part de faire passer son travail avant tout le reste, Chloé trouvait cela bien injuste qu’elle ne puisse pas prendre au moins une courte pause. Elle leva bien haut la main pour lui faire coucou en agitant le bras avec vigueur.
“C’est d’accord madame ! cria l’enfant à l’intention de la serveuse qui s’éloignait. Vous pouvez être certaine que je garderais une place pour les chocolats. Nous n’aurons qu’à les manger tous ensemble quand vous aurez une pause ! Bon courage pour votre travail !”
Elle soupira finalement alors que son regard se porta sur la piste de danse. Se retrouvant seule avec Chess, elle sentit ses joues chauffer alors qu’elle commença à tapoter ses doigts doucement entre eux. L’idée d’aller danser lui plaisait, du moins en la compagnie de monsieur Chess. Elle tourna la tête pour le regarder un moment laissant échapper un léger son en suspend avant de baisser la tête lentement. Chassant de son esprit cette idée farfelue. Elle n’oserait jamais lui demander une danse car bien que petite, elle comprenait que les danses qui étaient pratiquées ici étaient bien plus calmes et moins solitaires que celle dont l’enfant avait l’habitude de faire seule dans sa chambre en secouant la tête dans tous les sens. Elle avait dû apprendre à danser ce genre de danse noble en duo, mais elle était bien forcée d’admettre qu’elle était particulièrement mauvaise dans le domaine. Néanmoins, l’idée de pratiquer la danse avec le charmant jeune homme qui la suivait continua de lui piquer doucement le cœur malgré ses tentatives pour faire taire cette idée.
Elle se tourna de nouveau vers son nouvel ami en repensant à ce qu’il lui avait dit.
“Qui je suis ? questionna-t-elle. Euh… eh bien je suis moi ! Enfin…”
Elle croisa les bras. Comprenant bien qu’il s’agissait là d’une question qui demandait une réponse un poil plus complexe. Elle chassa de son esprit les réponses idiotes qu’elle pouvait sortir habituellement. Elle avait pu comprendre dans le ton de l’homme, qu’il lui prodiguait conseil et qu'il était normal pour la petite de répondre à ce dernier avec tout le sérieux dont elle pouvait.
Qui était Chloé ? Elle regarda tout d’abord ses mains puis le reste de son corps un moment avant de secouer la tête. Non ce n’était pas une question qui pouvait trouver une réponse si simple. Elle ferma les yeux pour s’aider à se concentrer. Elle savait qui étaient ses amis, elle savait qui était sa famille. Enfin, elle n’était pas réellement sûre de cela. Plus depuis la mort de son frère. Elle savait ce qu’elle voulait, ça elle en était certaine. Elle avait un rêve, une promesse à respecter.
Ouvrant de nouveau les yeux, elle se tourna vers Chess pour lui répondre avec toute la rigueur dont était capable la fillette.
“Je… je ne suis pas totalement sûre de qui je suis, débuta-t-elle incertaine avant de continuer avec bien plus de conviction. Mais je sais qui je veux être. Je veux être quelqu’un de bien. Je veux être reconnue comme la plus douée de tous les explorateurs d’Aryon et plus loin encore. Je veux pouvoir être capable de faire sourire ceux qui comptent pour moi. Je veux… je veux…”
Elle serra les poings pour renforcer sa détermination.
“Je veux que ma famille accepte mon rêve. J’en ai marre de devoir me cacher vis-à-vis de mon père. Je veux qu’il m’accepte comme je suis ! Je…”
Elle baissa la tête lentement pour continuer d’une voix moins engagée.
“J’aimerais beaucoup qu’il soit fier de moi, admit-elle alors. Mais ça n’arrivera pas. Je suis incapable de rentrer dans ses standards.”
En effet, le serpent se mordait la queue. Que ce soit la petite ou son paternel, aucun ne semblait vouloir faire de concession à l’autre. Néanmoins, Chloé grava dans un coin de son esprit les mots du garçon.
“Vous pensez qu’en faisant preuve de retenue, en dosant un peu plus ma façon de me comporter je pourrais peut-être améliorer les choses avec ma famille ? J-j’ai pas besoin d’eux d’abord. J’ai ma meilleure amie Ivara qui me soutient. C’est la meilleure sculptrice de verre de tout Aryon ! Mais… je vais vous faire confiance monsieur Chess. Peut-être que si j’essayais d’être un peu plus conciliante, Père en ferait de même.”
Elle se sentit sourire malgré elle.
“Merci beaucoup monsieur Chess ! s’exclama-t-elle alors joyeusement. Vous êtes doué pour parler ! Je mettrais votre plan à exécution, promis !”
L’appréciant de plus en plus, elle tourna la tête en rougissant progressivement. Elle ne savait pas quoi ajouter de plus et en oubliait presque le repas. Chose rare pour la gloutonne qu’elle était habituellement. Heureusement, quelques chants la sortirent de ses songes. Tout le monde s’était mis à chanter et l’adulte qui l’accompagnait en fit de même. Chloé resta silencieuse un long moment en écarquillant les yeux. Chess chantait drôlement bien et la petite qui n’était pas du tout confiante dans ses capacités musicales préféra l’accompagner en tapant dans ses mains en rythme. Trop timide pour chanter devant celui pour qui elle éprouvait des sentiments inconnus, elle se décida à aller lui chercher une assiette pour qu’il puisse manger.
“Vous chantez drôlement bien monsieur Chess ! lui dit-elle en lui tendant l’assiette à l’odeur alléchante. Moi j’ai beaucoup plus de mal à faire tout ça ! Mais en contrepartie, je grimpe drôlement bien aux toits ! La dernière fois, j’ai même fait une promenade sur les toits !”
Elle se tut bien vite en se rendant compte qu’il n’était peut-être pas très malin de raconter les bêtises qu’elle avait pu faire dans la semaine. Elle changea bien vite de sujet en prenant sa propre assiette avant de retrouver sa manie de poser mille et une questions comme une pipelette.
“D’ailleurs monsieur Chess ! Vous êtes qui vous ? Vous faites quoi comme travail ? Enfin, vous avez un rêve vous aussi ? C’est important les rêves, si on les perd de vue on finit peu à peu par les oublier. Et finalement ils ne se réalisent jamais.”
Elle marqua une courte pause avant de s’étrangler avec le contenu de son assiette. Elle se mit à tousser en tournant et baissant la tête. Venant se rapprocher de son ami pour se cacher derrière lui. Elle venait d’apercevoir son paternel passer tout proche, assiette à la main. Et bien qu’il affichait une mine sereine, elle savait que lorsqu’il l’attraperait, elle passerait le pire quart d’heure de son existence. Et puis il était hors de question de se faire punir ou de se faire sermonner devant monsieur Chess. Elle leva la tête pour faire un sourire au garçon comme si ne rien était et tenta une fuite.
“Monsieur Chess ! s’exprima-t-elle à voix basse. Allons par là bas, j’ai vu quelque chose d'intéressant !”
Par réflexe, elle lui prit la main pour le tirer derrière elle. Voulant mettre le plus de distance possible entre elle et son paternel, elle se rendit à l’autre bout de la salle. Malheureusement, il lui fallait maintenant trouver une raison à ce changement soudain d’emplacement. Légèrement paniquée, la petite tourna la tête dans tous les sens à la recherche d’une solution. Ne trouvant rien de bien révélateur, elle se contenta d’improviser catastrophiquement.
“On va jouer à un jeu, déclara t-elle essayant de faire croire qu’elle avait prévu cela bien avant. On va jouer au jeu des dessins ! Il va falloir trouver ce que je dessine. C’est super simple !”
Elle souffla sur une vitre pour y mettre de la buée avant de commencer à dessiner de son doigt ce qui semblait être un grossier sapin de noël. Elle voulut lui rajouter des guirlandes mais le regard mécontent d’un noble qui passait par là l’en dissuada. Peut-être n'était-il pas particulièrement malin de dessiner sur les vitres de la salle de balle après tout. Et puis monsieur Chess risquait de penser qu’elle n’était qu’une espèce de délinquante si cela continuait. Elle soupira longuement laissant son œuvre sur la vitre.
“J’imagine que vous n’aurez aucun mal à deviner de quoi il s’agit mais…”
Elle baissa la tête honteusement. Au point où elle en était, il valait mieux qu’elle dise la vérité.
“J’ai vu mon père passer et je ne désire pas lui parler avant la fin de la fête. Alors… je me cache un peu comme je peux parmi la foule… J’aurais dû vous dire la vérité. Pardon pardon pardon !”
Elle se mordit la joue avec honte.
L'économie étant loin d'être un sujet qui passionnait tout le monde.
La voix de la garde avait quelque chose de spécial à mieux y repenser. Et Arthorias mit un moment à se rappeler de ce bruit de trompette broyée sous la masse d'un cheval, qui couinait affreusement alors que son possesseur tentait de faire sortir une note.
Solveig massacra donc consciencieusement la chanson avec une oreille experte pour rater chaque accord, ou chaque envolée. Il y avait dans ce carnage musical une sorte d'art qui fit rire Arthorias.
-J'imagine que vous n'êtes pas la préposée au chant au grand port ?
Dit il avec un sourire sans pour autant se montrer trop moqueur. Au vu de cette soirée catastrophique, on ne pouvait pas dire que cela gâchait l'ambiance, au contraire
-Voulez vous jouer à un jeux ? Un très simple qui me maintiens éveillé pendant ces longues soirées. C'est le jeu des alliances
Prenant une assiette qui passait par là, il montra un groupe de noble d'un bout de son couteau avant de décrire le jeu.
-Il suffit de miser sur un noble, celui que vous pensez le plus prometteur. Vous voyez tout les petits groupes ? Ce sont tous des nobles de fortunes équivalentes, et il n'est pas rare que les petits tentent de venir chez les grands.
Alors le but est simple miser sur celui qui montera le plus haut
Un jeu simple mais qui faisait toujours sourire l'officier sous cape quand il observait ce jeu de pouvoir à peine voilé
Force était de constater que la garde Prêth chantait particulièrement mal, contrairement au Capitaine Hekmatyar, plus à l’aise dans cet exercice. Ce n’était pas surprenant que beaucoup le considèrent comme le gendre idéal, surtout maintenant qu’il était revenu sur le marché matrimonial. De toute façon, il y avait bien peu de choses à faire lors de ces occasions mondaines, si ce n’était échanger, trouver des secrets ou des informations plus ou moins confidentielles, et préparer le terrain en vue de ce qui était prévu du côté du Gouvernement d’Aryon.
En tout cas, c’était rarement le plaisir des conversations reçues, la qualité qu’Aeron notait suite à ces soirées, a fortiori depuis son retour d’absence… involontairement prolongée. Les premiers mois avaient été les plus pénibles, chacun souhaitant s’enquérir de son état de santé, de ce qui lui était arrivé, l’assurant de leur soutien et de leur disponibilité s’il avait besoin de quoi que ce soit… Evidemment, ce dont il avait le plus besoin, c’était que tout redevienne comme avant, mais aucun noble n’était capable de remonter le temps.
« Ma foi, cela me semble être un jeu tout à fait intéressant. »
Et le Prince était en bonne position pour se prêter à ce petit jeu, encore que davantage au niveau des nobles de haut rangs que des autres, moins familiers de la cour et de la famille royale.
Il tourna d’abord son regard vers un groupe de quatre, une femme et trois hommes, tous entre la trentaine et la cinquantaine. L’un d’entre eux avait déposé récemment une pétition, sans qu’elle ait déjà eu le temps d’être traitée. Il essaya de se rappeler de ce dont il s’agissait, mais cela s’entremêlait dans sa mémoire.
Il remercia le serviteur qui lui apporta une assiette généreusement garnie, et observa l’attitude du quatuor.
« Celui avec les moustaches essaie à mon sens de convaincre les autres de le soutenir, et la femme est la plus en retrait. Elle a les bras croisés et une petite moue. Le trentenaire est plutôt convaincu et enflammé, contrairement au dernier, plus mesuré. Qu’en pensez-vous ? »
Il parle de Melta et cela la fait doucement sourire, elle la connait cette stratégie qui vise à parler d'autre chose, il l'a utilisé bien assez souvent! Bien-sûr, la poupée est attristée que le bambin ne soit pas là, elle apprécie grandement après tout, mais en même temps... Est-ce méchant de dire qu'elle en est également soulagée? Peut-être mais elle peut bien être un peu - juste un tout petit peu - égoïste non? Vouloir passer un instant juste avec lui sans que personne ne les dérange ce n'est pas trop demandé si? Peut-être que Lucy acceptera de lui accorder cela? Sauf que voilà, si la divinité veut bien être gentille avec Fedora, Faolan lui n'en rate pas une et voilà qu'il revient encore à la charge en parlant du prince! Voilà bien une chose que la jeune noble déteste : il remet toujours en question leur différence de classe sociale! Elle gonfle les joues comme un enfant mécontent et lui frappe une nouvelle fois l'épaule du plat de la main en fronçant les sourcils.
"Idiot!" Clame-t-elle. "On s'en moque du prince!" Affirme-t-elle sans aucune hésitation. "C'est toi mon ami pas lui! Arrête de toujours te rabaisser parce que tu n'es pas noble! Toi au moins tu sais faire plein de chose que lui non comme cuisiner par exemple! Je suis sûre qu'il est nul pour ça donc tu vois, toi non plus tu n'es pas le premier venu!" Affirme-t-elle certaine de sa démonstration avant d'accepter, avec un petit sourire, le câlin fort agréable de son ami. Est-il toujours aussi chaleureux? Elle n'a pas réellement de sensation normalement à cause de sa condition, alors elle n'a pas la réponse cependant, cet échange est particulièrement agréable, si bien qu'elle se laisse aller à fermer les yeux. Quand est-ce la dernière fois qu'elle a pu fermer les paupières d'ailleurs? Cela devait être alors qu'elle était enfant! Elle se souvient d'un jour bien particulier, proche du solstice justement! Elle avait été dormir et, durant son sommeil, elle avait rêvé d'un étrange véhicule, sorte de bac tiré le long d'une colline enneigée par des rennes alors qu'il était remplit de divers présent et qu'un homme étrange les distribuait... Elle ouvre soudain les yeux alors que Faolan se recule en affirmant connaître une chanson lui faisant penser à elle?
Elle l'écoute, silencieuse durant son récital, souriant doucement... Si elle devait être parfaitement sincère, elle dirait sans aucun doute qu'elle ne comprend pas réellement : peut-être ne comprend-t-elle simplement pas la profondeur de ces paroles mais de son point de vue, seule la partie sur la poupée est réellement capable de lui rappeler elle-même! Elle ne fume pas, elle n'est pas spécialement belle - pas selon elle du moins - et surtout, elle n'est pas encore brisée! Cependant, elle sourit! Touchée par l'action du jeune homme, elle n'a pas réellement l'habitude qu'on lui accorde et lorsque Faolan termine sa chanson, qu'il la regarde rougissant en attente sans aucun doute une réaction, elle n'a qu'une chose qui lui vient en tête... Un premier pas vers le jeune homme, un second pour en être plus proche encore, elle attrape ses mains, se met sur la pointe de ses pieds nus et vient déposer sur sa joue un baiser. Reculant ensuite en rougissant légèrement mais sans lâcher ses mains, elle baisse la tête sans réellement savoir où se mettre.
"Merci..." Laisse-t-elle simplement passer avant de relever la tête avec son plus beau sourire. "Mais tu n'échapperas quand même pas à ce qui est absolument nécessaire pour une demoiselle dans un bal!" Dit-elle en fronçant doucement les sourcils, plus joueuse que vraiment menaçante. "C'est le moment où tu es censé m'inviter à danser!" Affirme-t-elle comme si cela était un impératif.
L'idée était là, mais en les reconnaissant, il eut un petit rire amusé avant de se tourner vers le prince.
-Il essaye, et c'est pour présenter une motion auprès d'un conseiller, une modification de la taxe sur les chariots de plus de quatre essieux. Il est persuadé que plus un chariot est gros, plus il faut de chevaux pour l'entrainer et que cela consomme trop de fourrage qui pourrait être utilisé ailleurs.
L'officier se fendit d'un sourire en voyant l'air étonné du prince.
-Pas de magie à l'œuvre je vous rassure, j'ai juste eut sa demande d'accès au palais sous les yeux il y a peu de temps. Un fervent défenseur de la nature qui aimerait mettre toute la ville à pied.
Plus de chevaux ou de chariot.
Messire.... Hidallégaut si je me souviens bien
Dit il en passant une main pensive sous son menton avant d'être surprit par une nouvelle extinction des lumière.
Seule une personne resta éclairée, et le responsable des titres du palais s'avança sur une petite estrade ou il commença à déclamer un discours assommant sur les vœux du gouvernement pour cette nouvelle année.
Un discours si assommant que dans l'obscurité Arthorias ferma les yeux et partit dans une micro-sieste.
Cette dernière s'accordait bien au temps de l'année car dans son rêve express, il y vit un grand traineau rempli de cadeaux, tirés par des reines à l'allure fier.
Et une Allys Renmyrth déguisée en père Noël qui lançait de ci et de là des cadeaux.
Le personnage le surpris tellement qu'il rouvrit les yeux immédiatement, une minute à peine étant passé, et le discours toujours d'actualité, à son grand déplaisir...
Le coup de grâce lui fut donné lorsque les lumières baissèrent, que quelqu’un monta sur l’estrade et qu’un discours long à se damner fut entamé. Non content d’être long, la voix qui parlait lui semblait terriblement monotone. Un peu comme un bruit blanc, fort utile pour endormir les enfants. Luttant comme elle le pouvait, elle repassa de l’autre côté du blond. Ses yeux papillonnaient avec difficultés afin de rester ouvert. Une minute de plus et elle les ferma pour de bon. Sa tête tomba lourdement sur son camarade de gauche et elle ne put empêcher un léger sifflement d’échapper à ses narines jusqu’à la fin du discours. Dans ses songes, les paysages étaient recouvert d’une épaisse couche de neige, le vent battait dans ses oreilles comme un ouragan et le froid mordant lui grignotait le bout des oreilles. La chiraki se pensa seule dans un premier temps, mais rapidement le tintement de grelot se fit entendre et elle fit volte-face.
Si Solveig avait déjà vu des spectacles complètement improbable ce n’était absolument rien comparé à ce qu’elle voyait maintenant. Un traîneau recouvert de guirlandes étincelantes oscillant entre le vert et le rouge, six rennes lancé à bride abattue et une cargaison monstrueuse de cadeaux. Mais là n’était pas le plus étrange. Oh que non. A la place du conducteur, ce tenait un visage qu’elle ne connaissait que trop bien. Yuduar, dont la barbe était décorée de petits nœuds blanc et rouge, dirigeait avec un fort accent du nord les créatures. Il l’a gratifia d’ailleurs d’un délicat « ohohoh ! » avant de lui lancer un cadeau. C’est là qu’elle pu s’apercevoir que la personne qui lui avait lancé le cadeau n’était autre que Calixte. Où du moins une version lutine de Calixte. Aux oreilles pointues et aux joues rouge piment, agrémenté d’un horrible chapeau vert sapin et d’une fausse barbe qui lui tombait jusqu’au nombril. De plus il ne devait pas dépasser les soixante dix centimètres. Sidérée, elle se réveilla en sursaut, les yeux écarquillés, le souffle court, partagée entre hébétude et hilarité.
La Fête du 24
Libre
La lumière se coupa alors, ce qui surpris la petite qui attendait les réponses de monsieur Chess. En un sens, cela la rassura légèrement. Ainsi, elle n’avait plus à cacher son visage gêné devant l’adulte et de plus, elle pourrait se soustraire au regard réprimant du noble qui l’avait aperçu en train de salir une vitre de par son comportement enfantin.
Quelqu’un semblait faire un discours important car tous les convives s’étaient mis à l’écouter sérieusement, malheureusement pour la petite, elle avait du mal à comprendre tout ce qui était dit et son intérêt pour ce genre d'affaires d’adultes était des plus moindre. Elle tâtonna alors en direction de la table la plus proche qu’elle avait aperçu pour attraper quelque chose à boire et ainsi patienter jusqu’à la fin du discours.
Dans le noir, elle trouva un verre aux formes raffinées qu’elle porta à ses lèvres avant de l’écarter rapidement, fronçant les sourcils d’incompréhension. Le contenu pétillait beaucoup, ainsi elle pensa en un premier temps qu’il s’agissait de limonade mais le manque de sucre dans le breuvage l’en dissuada bien vite. Néanmoins, ce n’était pas particulièrement mauvais. Elle avala alors d’un coup le contenu du verre et par gourmandise, récupéra un second verre pour le boire tout aussi sec.
Elle ne s’attendait pas à ce qui arriva par la suite. Prise d’une certaine fièvre, elle se sentait flotter et particulièrement heureuse. Rapidement, elle fut prise d’un fou rire incontrôlable, oubliant toute la gêne qu’elle pouvait avoir.
“Monsieur Chess !” s’écria-t-elle joyeusement avant de s’écrouler au sol tête la première. Laissant son verre se casser au sol avec le peu de champagne qu’il contenait encore. Une boisson qui n’était de toute évidence pas pour les petites filles de son âge.
[Voyant flou, elle se sentit s’endormir avec un sourire aux lèvres. Se retrouvant dans la neige à gambader aux milieux de nombreux et adorables rennes avec des guirlandes lumineuses dans leurs bois. Sautillant avec eux et caressant leurs encolures, ces derniers la menèrent devant une large bâtisse où se trouvaient encore plus de rennes qui dansaient et chantaient ensemble. La petite fut d’autant plus comblée lorsque ce qui semblait être la porte d’un garage s’ouvrit pour laisser sortir une nouvelle ribambelles de rennes, tirant un immense chariot magique qui glissait au-dessus du sol. Ce dernier était rempli d’un nombre impressionnant de boîtes colorées toutes plus attrayantes les unes que les autres. Les ficelles dorées qui les attachaient donnaient une envie folle à la petite de se jeter dessus pour les ouvrir, voulant découvrir quels genre de prestigieux cadeaux pouvaient bien se cacher à l’intérieur d’une telle richesse de cartons. Un véritable trésor !
Sa joie atteignit son paroxysme lorsqu’elle vit monsieur Chess tout vêtu de rouge et affublé d’un bonnet à grelot commandant le chariot en lançant un “Hohoho !” tonitruant et lui jetant un cadeau en plein visage.
La petite lui offrit son plus merveilleux sourire avant de commencer à déchirer la boîte pour découvrir ce qu’elle contenait.]
Dans le monde réel, Chloé était encore étendue sur le sol, ivre après deux malheureuses coupes de champagne. Un sourire de béatitude sur le visage, elle continuait de délirer totalement.
Il était désormais l’heure d’un nouveau discours. Tout à coup, Aeron se sentit les paupières lourdes. Pourtant, il avait bien fait attention à manger avant de boire à l’excès. C’était un autre désavantage de son manque permanent de sommeil : son état de fatigue permanent et fermement ancré dans son être faisait qu’au bout d’un tout petit peu d’alcool, il ressentait déjà les premiers effets de l’ivresse. Bien sûr, il ne se mettrait pas à chanter d’une voix criarde, ou à courir partout en arrachant ses vêtements. Non, il avait tout de même davantage de contrôle sur lui-même que cela.
Par contre, dès le début du discours, débité d’une voix lente et monocorde, il sentit que ses yeux le piquaient terriblement. Le pire était qu’il avait déjà eu la transcription du texte sous les yeux et, déclamé par un orateur moyen, cela ne prendrait pas plus de quelques minutes. Même un mauvais orateur discourant au rythme normal de parole d’un être humain abrègerait le calvaire. Hélas, l’heureux élu était manifestement ravi du rôle qu’il avait à jouer, et comptait donc en savourer chaque instant.
Dans l’obscurité qui s’avérait douceureusement complice, il ferma contre son gré les yeux pour ce qui devait être une poignée de secondes.
Tout à fait endormi, il vit un vaste traineau tracté par des rennes et chargé de monceaux de cadeaux circuler dans la neige d’une montagne quelconque. Une musique joyeuse retentissait tout autour de lui, et un incomparable sentiment de liesse le possédait. Puis, tout à coup, les rennes le regardèrent, et quelque chose dans leurs yeux changea brusquement. Des tentacules noirs jaillisent des cadeaux, et le traîneau se précipita dans sa direction.
Le monstre de la Cité Enfouie ! Il était là !
Le Prince partit en courant dans la poudreuse qui lui montait jusqu’à mi-cuisse, s’aidant de ses mains pour aller plus vite, mais toujours l’équipage gagnait du terrain sur lui. Ses mains se couvraient de givre, il ne les sentait plus, puis noircissaient avant que son pouvoir ne les régénère. Puis les tentacules étaient là, sur le point de le toucher et…
Il se réveilla en sursaut, alors que son menton allait tomber sur sa poitrine. Il regarda subrepticement autour de lui, mais personne ne semblait avoir remarqué quoi que ce soit dans la pénombre. Son front toujours orné d’une fine pellicule de sueur froide, il profita de l’occasion pour s’essuyer avec un mouchoir de soie et passer la main dans ses cheveux soigneusement coiffés-décoiffés. En plus, il semblait bien que le discours touchait à sa fin. Son absence avait dû être plus longue que prévu.
Ft : Des gens !
Enfin, apparemment, la « question » que tu avais posé à la petite fille semblait la faire réfléchir. Qui était elle vraiment ? Oui, effectivement, c'était une question qu'il était normal voire nécessaire de se poser à soi même sauf que... En ce qui te concernais, tu préférais ne pas avoir a y penser.
Pourtant, la réponse franche de la petite Chloé te fis sourire car elle révélait tout le paradoxe. On sentait qu'elle aimait son père et qu'elle voulait faire un effort pour correspondre à ces attentes mais, comme tu l'avais dis précédemment, chacun avait sa propre personnalité et, d'après ce que l'enfant te racontais, elle voulait devenir une grande exploratrice.
Tu hochas alors la tête :
« En voilà un rêve intéressant emprunt d'une grande ambition. Même si, pour l'instant, il s'agit d'un rêve inateignable, il est tout de même important de le garder dans votre cœur Chloé. Ne l'oubliez surtout pas. Nul ne sait ce que la vie nous réserve, vous savez » Tu eus un petit sourire compatissant avant de reprendre, sur un ton encourageant : « Qui sait, peut être allez vous être amenée à faire de grandes découvertes ? Vous êtes encore jeune, Chloé, vous avez bien le temps d'y penser alors ne vous angoissez pas de cela dès à présent » Effectivement, ce serait dommage de voir cette petite déjà s'angoisser pour des « problèmes d'adultes » : « La détermination que vous montrez vous honore, mais il vous faudra être patiente et puis ne considérez surtout pas votre rêve comme une faiblesse. Transformez le plutôt en la force qui vous fera avancer »
Effectivement, que de belles paroles dignes d'un conseiller même si une petite voix au fond de toi, la « voix de la raison » continuait de te traiter de menteur, d'imposteur. Pourtant tu continuais ainsi, ayant prit cette habitude qui, à présent, faisait parti de ce que tu étais...
Par ailleurs, les conseils que tu étais entrain de prodiguer à la jeune Chloé finissaient par te rendre coupable car tu sentais bien toute la sincérité dans le discours de la petite, qui voulait faire en sorte que son père soit fière d'elle et qui faisait d'ailleurs des efforts pour cela, tout en étant consciente des difficultés qu'elle était amenée à traverser et toi, qui étais tu pour parler de cela ?
Tu sentais également la détermination fluctuante dans la voix de la fillette, mais tu affichais toujours ce même air compatissant, vrai de façade mais peut être faux en réalité qui sait.... Cependant, l'écouter dire qu'elle n'avait pas besoin de sa famille te rendais tout de même triste car tu savais qu'on avait toujours besoin de sa famille, qu'elle était irremplaçable même si, comme le disait Chloé, elle avait apparemment une meilleure amie qui la soutenait, une certaine Ivara qui était sculptrice de verre. Tu repris alors la parole d'un ton doux :
« Vous avez beau dire que vous n'avez pas besoin de votre famille, Chloé mais il m'est facile de deviner que ce n'est pas vraiment le cas car, même si vous ne vous entendez pas bien avec eux actuellement, vous savez bien qu'ils restent indispensables pour vous. Cependant, je suis ravi de vous entendre dire que vous avez trouver une bonne amie »
Tu gravas alors cette information dans un coin de ta tête, on ne savait jamais. Elle ne te servirais peut être jamais mais tout espion ne devait jamais craché sur la moindre information qu'il pourrait avoir. Tu eus alors un nouveau sourire de façade car nul ne connaissait le fond de tes pensées.
À présent que tu avais cette « information gratuite » à dispostiion, tu étais libre d'en faire ce que tu voulais même si tu n'avais qu'un nom : « Ivara ». Libre à toi d'aller te renseigner par la suite. Enfin, ce n'était pas le sujet du moment car la petite fille te remerciais de nouveau, te disant que tu savais bien parler et te promettant de mettre son plan a exécution.
Ton sourire s'agrandit alors que tu répondais :
« Nul besoin de me remercier autant, Chloé, j'ai l'habitude de conseiller les gens vous savez. J'espère simplement ne pas avoir été incorrect avec vous et j'espère également que vous n'avez pas interpréter mes discours comme étant des sermons, ce qui était nullement mon intention sachez le »
Effectivement car, une nouvelle fois, qui étais tu pour te permettre de sermonner la petite fille ? Tu n'étais pas son précepteur et encore moins son paternel et tu n'avais aucune autorité sur elle puisque tu venais simplement de la rencontrer dans cette salle de réception !
Enfin, apparemment, les festivités avaient commencés et c'était le moment où tout le monde chantait. Tu avais alors joué le jeu, pour « faire comme tout le monde », mais tu ne relevas pas le compliment que te donnas la fillette sur le fait que tu chantais bien. De ton point de vue, tu n'en avais pas l'impression mais bon... C'était ainsi. D'ailleurs, Chloé t'avouas qu'elle avait du mal avec le fait de chanter, préférant grimper sur les toits.
Aussitôt, ton regard s'écarquilla de surprise :
« Et bien... En voilà une activité originale pour une jeune demoiselle. N'est ce pas trop dangereux pour vous de grimper sur les toits ? Veillez à ne pas confondre courage et inconscience, jeune fille »
Certes, tu lui avais dis que tu ne la réprimanderais pas et, pourtant, ton visage affichait un air de réprimande mais que la petite Chloé se rassure, tu ne faisais que plaisanter même si tu devais avouer que tu étais, pour le coup, sincèrement surpris de cet aveu : depuis quand un adulte laissait il une petite fille grimper et faire une promenade sur les toits ? Son père était il même au courant ? Tu en doutais mais c'était une question que tu n'allais pas poser.
D'ailleurs, en parlant de question, elles n'allaient pas tarder à arriver et en nombre... Aussitôt, tu mis ton poing devant ta bouche, pour étouffer un rire avant de laisser la « déferlante » de questions arriver, afin de répondre par la suite, sur un ton rempli d'humour :
« Et bien, et bien, si nous n'étions pas dans une salle de réception, je pourrais facilement me croire être interrogé par un membre de la Garde » Tentant de reprendre, plus ou moins, ton sérieux, tu repris la parole, une main sur le cœur, dans une attitude théâtralement solenelle : « Ainsi, pour répondre à vos questions, je vous dirais que je travail au sein du Palais en tant que Conseiller Royal. Quant à savoir si j'ai un rêve... »
Tu restas un moment silencieux car Chloé avait posé LA question piège qui, au moins, avait le mérite de te faire sincèrement réfléchir. A ce moment là, heureusement même si c'était atroce de le penser, la fillette manqua de s'étrangler avec son assiette. Tu profitas donc de cette « brêche », pour changer totalement de sujet et espérer que Chloé ai oublié sa question concernant tes rêves :
« Tout va bien ? Prenez le temps de manger, tranquillement sans risquer de vous étouffer »
Fort heureusement, il y avait plus de peur que de mal même si tu fus, une nouvelle fois, surpris par l'attitude de la fillette qui changea. Effectivement, se rapprochant de toi, elle te pris subitement par la main pour t'entraîner dans son sillage en te disant, à voix basse, de la suivre car elle avait trouvé quelque chose d'intéressant.
N'ayant, de toute manière, pas d'autres choix que de la suivre, tu te laissas donc entraîner avant de te rendre compte que ce n'était pas une si mauvaise idée que cela car, pendant le « trajet », ton regard s'arrêta quelques instants sur une silhouette que tu semblas reconnaître.
Enfin, « semblas » était le mot juste puisque tu n'eus pas tellement le temps de t'y attarder puisque la petite Chloé te proposas aussitôt de jouer au jeu des dessins, t'assurant que le jeu serait simple car il s'agirait de reconnaître ce qu'elle allait dessiner. Pourquoi pas, cela pourrait être amusant.
Cependant, apparemment, nul besoin de crayon ni de papier puisque la vitre et la buée semblaient être suffisants, au moins jusqu'au moment où le regard d'un noble sembla refroidir la petite fille. Décidant de ne pas te démonter, tu pris la parole :
« Hum... Il s'agit d'un sapin de Noël si je ne me trompe pas ? » Puis, attendant que le noble parte, sûrement pour aller se resservir en boisson et part de buffet, tu repris : « Maintenant, à mon tour ! J'espère avoir autant de talent que vous en dessin » Et te voilà parti à souffler une nouvelle fois sur la vitre pour tracer grossièrement ce qui était censé être un ours, mais... : « Hum... C'est loin d'être évident... » Selon toi, ton ours ne ressemblait à rien : « Je dois admettre que vous êtes meilleure dessinatrice sur vitre que moi, Chloé »
Tu poussas un long soupir résigné. Tu savais conseiller, certes, mais tu n'avais pas de talents particuliers que ce soit en chant comme en dessin mais bon... C'était amusant tout de même jusqu'à ce que vienne le temps des aveux apparemment. Effectivement, de « responsable d'interrogatoire », Chloé devenait le « suspect » en disant qu'elle avait vu son père et qu'elle ne souhaitait pas lui parler avant la fin de la fête.
Ainsi, c'était pour cela qu'elle t'avais entraîné à sa suite ? De plus, elle semblait réellement honteuse de t'avoir menti disant qu'elle aurait dû te raconter la vérité. Que répondre ? Tu n'allais pas la réprimander dans le sens où tu ne faisais pas mieux qu'elle donc c'était inutile. Pourtant, tu trouvais cela admirable qu'elle reconnaisse son mensonge et qu'elle ai le courage de s'excuser. Ainsi, silencieusement, tu t'accroupis de nouveau en face de Chloé, pour être à sa hauteur avant de lui sourire doucement, mettre un doigt sur tes propres lèvres pour lui répondre, sur un ton complice :
« Vous aviez vos raisons d'agir ainsi, Chloé mais vous avez raison sur le fait que le mensonge ne soit pas une bonne chose. Ainsi, pour que je vous pardonne » Et cette phrase était dite sur un ton amusé, de plaisanterie parce qu'au fond, tu n'en voulais absolument pas à la fillette : « J'aimerais que vous me promettiez quelque chose, si possible » Tu retiras alors ton doigt de tes lèvres, regardant la petite dans les yeux, ayant ainsi la possibilité de lire dans ses pensées si tu le souhaitais, avant de reprendre : « Mentir à autrui n'est pas un crime en soi même si ce n'est pas une chose à répéter. Cependant, et c'est là la promesse que j'aimerais que vous me fassiez Chloé, c'est de ne jamais, ô grand jamais, vous mentir à vous même »
Encore une fois, il s'agissait là de belles paroles dignes d'un Conseiller qui ne suivait malheureusement pas ses propres conseils. Quoi qu'il en soit, tu eus juste le temps de te redresser avant de te rendre compte de la lumière qui s'éteignit soudainement, plongeant ainsi toute la salle de réception dans le noir.
Aussitôt, ton premier réflexe fut de mettre ta main à ta ceinture, te maudissant intérieurement sur le fait que tu n'étais pas venu armé car la cause de cette coupure pouvait tout autant être naturelle que criminelle et tu avais peur qu'il s'agisse d'un quelconque attentat visant le Prince.
Alors que tu allais bouger, tu entendis un bruit de fracas suivit d'un bruit de chute. Tu tournas aussitôt la tête, réussissant à distinguer, dans la pénombre ambiante, le petit corps de Chloé qui était tombée au sol. Hésitant une seconde, tu finis par te diriger vers la petite fille, t'accroupissant une nouvelle fois pour t'assurer qu'elle allait bien et, apparemment, elle ne faisait que dormir, ayant confondu un verre de limonade avec un verre de champagne.Rassuré, tu pensas à te redresser lorsque, soudainement, tu sentis ton corps basculer en avant, t'effondrant ainsi, également endormi, sur le sol.
Tu fis alors un songe étrange. Il y avait un petit garçon, du même âge que Chloé environ, qui te ressemblais en face de toi, accompagné d'un homme beaucoup plus âgé, ressemblant étrangement au Roi Grimmvor, mais affublé d'une tenue rouge et d'une barbe blanche, avec un traîneau, une hotte et des rennes qui étaient à l'extérieur de ce qui semblait être une chambre. Ce « Roi-Père-Nöel » posa, par la suite, une main sur l'épaule du petit garçon en lui disant d'une voix, mi paternelle mi autoritaire, qu'il fallait qu'il arrête ce « jeu des identités » au risque de se perdre de vue et d'oublier totalement ce qu'il était réellement
Le soucis était que, réellement, tu étais toujours allongé sur le sol, les traits du visage angoissés, toujours plongé dans un étrange sommeil qui ne semblait pas être réparateur.
La soirée suit son cours, et Zahria sous les traits d'Ulys Duchen continue à évoluer au milieu des convives, tendant l'oreille pour ne rien perdre des juteuses conversations qui se déroulent un peu partout. Elle a soigneusement évité les gens qu'elle connaît et qui la connaissent, et le noble roux dont elle a pris l'apparence se balade en sirotant une coupe de champagne, loin des alcools qui coulent à flot dans la soirée et qui l'empecheraient de garder ses moyens.
Les discours se succèdent, lui permettant un temps de répit. La nuit précédente, Zahria discutait avec son père jusque tard, et elle n'a pas vraiment eu le temps de rattraper son sommeil perdu. Ces discours sont donc l'occasion de micro-siestes, tant qu'elle ne se trouve pas autour de gens dont elle veut entendre la conversation. Celui-ci n'y échappe pas, et déjà des rêves étranges et paradoxaux la cueillent, alors qu'elle s'imagine à dos de renne à Forteresse, d'autres rennes tractant un traîneau rempli de cadeau à distribuer...
Le discours s'achève, et les applaudissements la réveillent. Le rêve est aussitôt oublié. Il faut se concentrer à nouveau sur sa mision, désormais, après avoir fermé les yeux quelques secondes.
- Tout vas bien ? Demanda-t-elle en le voyant éponger son front. - J’espère que vous n’avez pas attrapé une vilaine fièvre. Il y a une petite épidémie en ce moment au grand port, c’est infernal. Ses yeux se tournèrent ensuite vers l’une des grandes fenêtres qui donnait sur les jardins. - Et visiblement le froid et le vent sont de la partie. J’espère que vous avez prévu des moufles en fourrures, il n’en faudra pas moins pour ne pas mourir de froid ! La chiraki partir d’un rire aussi franc que sonore avant de le stopper brusquement en se souvenant que elle, n’avait aucunement prévu ce genre d’accessoire. Ne pouvant s’en empêcher, elle laissa un long soupire franchir la barrière de ses lèvres. Afin de se donner contenance, mais également oublier qu’elle mourrait sans doute de froid dès la fin de la soirée, elle attrapa une nouvelle coupe de champagne en se retournant vers la foule. Pendant un instant elle se demanda ce que pouvait bien lui réserver le reste de la soirée.
Inquiet-e et curieux-se de l’évolution de la situation, Calixte amorça une nouvelle arabesque pour traverser la foule, longer la piste de danse, aviser l’âtre rougeoyant d’une cheminée, et être alpagué-e par quelques collègues penchés sur deux silhouettes allongées à même le sol. Les billes ambrées du-de la serveur-se s’arrondirent en contemplant la scène, avant qu’iel ne déposât son chargement sur la table la plus proche pour prêter main forte à ses collègues du soir. Dans l’étrange langueur ayant saisi le lieu de liesse, l’évanouissement de sieur Arkhet et de Chloé étaient passés presqu’inaperçu, et avait provoqué bien moins d’émoi que ce qu’une ambiance plus alerte aurait pu développer. Alors qu’un quatuor de serveurs soulevait les corps inanimés pour les mener dans une pièce annexe, lo garde récupéra une balayette pour récupérer les débris de verre ayant chuté sur quelques mouvements malheureux. Un murmure s’était tout de même propagé de l’épicentre de l’affaire, et l’espion-ne tendit l’oreille aux rumeurs inspirées.
- … encore un ivrogne… ?
- … les boissons sont fortes ce soir. Quoi que ce champagne soit remarquable…
- … conseiller de leurs Majestés ? Quelle disgrâce, vraiment…
- … une fille ? Avec qui est-il marié ? Il ne me semblait pas…
- … celle des Di Horion. Mon fils connaissait le leur avant…
- … quelqu’un a vu les sanitaires ?
- Longez la table garnie de canapés, prenez sur la droite, et au bout après les trois sapins vous trouverez de quoi vous soulager, répondit instinctivement Calixte en se débarrassant des débris qu’iel venait de ramasser.
Après un instant d’hésitation, iel décida de suivre le chemin que ses collègues avaient emprunté un peu plus tôt, chargés de leurs colis humains. Et, à l’écart d’un passage bien plus calme et esseulé, iel pénétra dans la salle de repos qui avait été mise à disposition des âmes un peu trop chancelantes.
Le Conseiller et la petite fille n’étaient pas les seules victimes de la boisson, des discours interminables, ou de diverses affections. Il y avait là sur les banquettes mises à disposition, voilées de quelques paravents opaques assurant une certaine discrétion, quelques convives au pas instable. Furetant au gré de ces couloirs de toile improvisés, Calixte finit par repérer sieur Arkhet et Chloé. Ses collègues finissaient de les installer sur des matelas adjacents, et un soigneur vérifiait succinctement leur état clinique.
- Comment vont-ils ? ne put s’empêcher de demander lo serveur-se avec une légère inquiétude et une grande curiosité.
- Comme une gamine inconsciente ayant bu de l’alcool, et un homme qui devrait savoir quelles sont ses limites avant de v’nir pousser les miennes, grommela le charmant personnage avant de tourner vers Calixte un regard peu amène. Et puisqu’vous êtes intéressée d’savoir ça, vous pouvez bien rester là les surveiller. J’sais pas c’qu’ils foutent dans la salle de bal en ce moment, mais les invités tombent comme des mouches. De grosses mouches engoncées dans leur mousseline.
- Heu mais…
- Quoi ? aboya presque le soigneur. Et tâchez de récupérer le nom de l’enfant, qu’on alerte ses parents dès que possible. Le Palais fait pas dans la récup’ de mômes. Deux ça suffit bien. Paraitrait même que y ait des plans pour un troisième… continua à marmonner dans sa barbe l’homme en s’éloignant d’un pas agacé.
Restant quelques secondes sur place, lo serveur-se finit par récupérer un tabouret pour s’assoir non loin des deux endormis.
Au bout de quelques minutes, s’ennuyant déjà fermement, iel entreprit de délester Chloé de ses lunettes – pour les garder en sécurité dans la poche avant de sa chemise – puis les deux formes inconscientes de leurs chaussures. Toujours dans l’idée d’améliorer leur confort, iel trouva même de fines couvertures dont iel les drapa. Puis, ne voyant pas quoi faire d’autre, iel se rassit et commença à tapoter d’un doigt léger, distrait, l’épaule du Conseiller. Etrange soirée que celle-ci.
- Bridget, enfile toute de suite ta tenue de cérémonie, on doit aller au palais.
- Mais, nous ne sommes pas de garde, Swan !
- Ce n’est pas une raison, nous sommes des officiers de la Capitale, on doit être présentes.
- Mais Höls ne nous a rien demandé.
- Comme si le Commandant nous allait nous envoyer une convocation officielle pour une chose évidente. Alors t’enfile ça et tu te dépêches.
Je grogne dans un coin dans le quartier des officiers dans le bastion de l’lle Rocheuse. Je ne voulais pas aller à cette fête remplie de gardes de la Royale et tous ses nobles qui se pavanent. Pas intéressant mise à part bien se faire voir. Je comprends bien que le Major Lagertha, c’était pour ce but précis qu’elle voulait y aller, se montrer et je serai son bouche trou.
- Mais grouille toi là !
- Oui, oui.
Ça fait quelques années qu’on travaille ensemble, nous sommes devenues plus proches, pas amies, loin de là mais bien collègues. Je finis par retourner dans mes appartements, change de tenue pour choisir quelque chose d’effectivement plus élégant. L’armure était légère, ne protégeait presque rien mais avait le bénéfice d’être jolie et peu encombrante. Ne prenant pas mes armes habituelles, juste une épée d'apparat était fixée à ma ceinture. Swan frappe à la porte avec vivacité.
- Dépêche-toi et fait l’effort de te coiffer avec du maquillage.
- j’ai l’impression d’aller à un bal là !
- Tu crois qu’on va jouer à la pelote là-bas ou quoi. Fait toi belle et peut-être qu’un homme t’offrira un verre.
- Je ne vais pas au Palais pour ça.
- Tu devrais, ça te ferait du bien.
- Swan !
- Tu vois, tu es tendue…
Je finis par plus rien dire pour les dernières retouches. Je sors de ma chambre et je vois mon major avec la même tenue que moi ainsi les armoiries de notre bastion sur nos épaules.
- Allez, j’ai prévenu quelques sergents de notre départ. Ne t’en fais pas, il va rien se passer ici.
- Tu as mis qui ?
- Sergent Dumas.
- ça va, tu as bien choisi sinon je ne serai pas partie.
- Je le sais bien, c’est pour ça qu’il était le candidat idéal.
On rejoins l’écurie de notre citadelle et nous prenons nos montures, laissant mes familiers là-bas. On se retrouve rapidement devant les grandes portes. On nous montre où se trouve les festivités. On laisse nos chevaux non loin pour rentrer rapidement en cas d’urgence et rentrons dans la grande salle. Il y avait de tout, surtout des nobles mais Swan m’attrape le bras et me dirige au bar.
- Pour qu'une fête soit amusante, il faut boire un coup.
- Mais nous sommes de service !
- Arrête de réfléchir, laisse toi faire un peu.
- Un verre, c’est tout…
Elle attrape deux coupes et même des petits fours sur un plateau qui passait entre les gens.
- Mais je crois que je connais cette personne !
- Bien sûr, tu connais des serveuses maintenant. Arrête de réfléchir et mange.
C’est ainsi que je laisse filer cette silhouette blonde, mon verre à la main…
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