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La Capitale est en effervescence depuis plusieurs jours pour célébrer cet événement attendu de (presque) tous : le Solstice. Pour cette occasion, résidents et voyageurs de toutes les classes sociales se sont regroupés dans les rues enneigées de la ville. Attention, tous les lieux ne sont pour autant pas accessibles aux curieux et la garde civile a été réquisitionnée pour veiller au maintien de l’ordre et de la sécurité.
Le soleil disparaît progressivement et la Déesse Lucy semble aussi au rendez-vous : une fine pellicule de neige commence à se déposer sur les toits de la ville. La soirée ne fait que commencer et, un peu partout, les festivités débutent pour battre leur plein jusqu’au petit matin…
Le Grand Marché saisonnier du Solstice
Situé sur la place commerçante, c’est une multitude de stands saisonniers qui attendent petits et grands pour célébrer le Solstice. Chocolats et vins chauds, friandises acidulées et plats de saison, les amateurs de gastronomie ne tarderont pas à y jeter leur dévolu ! Pour l’occasion, beaucoup de commerçants de la zone ont simplement agrandi leur boutique en ajoutant un étal à l’extérieur. Ils proposent des objets de saison, comme des manteaux en fourrure de renard, des potions antigel et d’autres étrangetés qui sont à la disposition des plus curieux… Contre une coquette somme de cristaux, cela va sans dire. Quelques marchands chanceux ont aussi pu acheter un emplacement pour leur présentoir et viennent de loin pour proposer leurs articles.
Les stands sont si nombreux qu’ils s’étendent même par-delà la place commerçante et une foule immense s’y promène. Ici, personne n’a voulu rester enfermé chez soi et les promotions pleuvent pour attirer le plus grand nombre. Il paraît même que les tavernes en profitent pour gonfler leur chiffre d'affaires en proposant des boissons à moitié prix. L’une d’elle a même tiré son épingle du jeu, Le frouska enchanteur propose des mixtures - pour 2 cristaux noirs! - qui permettent de ne pas être ivre. Mais ce ne sont que des rumeurs et il est sûrement possible que cette décoction ne vous donne que des maux de ventre…
Arts : spectacle de rue et Fontaine de Lucy
Une splendide fontaine aux couleurs chatoyantes et de facture précieuse et délicate a été spécialement conçue pour le festival du Solstice et est à l’effigie de la Déesse Lucy. Chacun peut, s’il le désire, y lancer un cristaux et faire un vœu. Il est aussi possible de déposer un petit mot aux pieds de la sculpture de marbre blanc. Qui sait, peut-être que Lucy lira vos souhaits et les réalisera ?
Un peu partout, des musiciens des rues font preuve de talent pour emplir la Capitale de musique du Solstice. De nombreux artistes se produisent également dans les rues pour faire briller les mirettes des passants. Illusionnistes, sculpteurs, bouffons et autres performances sont à découvrir un peu partout ! Au théâtre, c’est aussi une pièce de plein air et de saison qui se joue et dont la promotion est faite un peu partout depuis quelques jours déjà. Alors si vous voulez vous délecter de la version hivernale de L’île des gloobies et des fiouks, n’hésitez pas ! L’estrade a été placée près d’un grand sapin décoré pour l’occasion.
Au fil de l'eau et du vent
Loin de la place commerçante et sur une zone sécurisée par la Garde, une foule se presse pour découvrir la nouveauté de cette année. Il s’agit des ballons voyageurs conçus quelques lunes auparavant pour emmener de vaillants explorateurs sur le Désert Volant… Cauchemar pour certains mais émerveillement pour d’autres, ces ballons sont utilisés à des fins purement attractives. Attachés au sol grâce à divers enchantements et objets magiques extrêmement solides pour ne pas qu’ils se détachent, il y a cinq ballons qui peuvent accueillir entre quatre et dix personnes. Le principe est simple : avoir un panorama éblouissant sur la Capitale et ses alentours ! Pas d’inquiétude, les érudits du royaume se sont penchés sur ces merveilles pour les améliorer et empêcher leur dysfonctionnement puisque la Couronne a à cœur de protéger ses simples citoyens.De ce fait, cette attraction n’est pas donnée pour compenser les dépenses liées à cette sécurité, 5 cristaux gris ! Mais, une fois là-haut, la vue est à couper le souffle.
Pour ceux qui ont le vertige, pas de panique : les balades en bateaux pour découvrir la Capitale sont aussi disponibles (et pour moins cher !). Pour l’occasion, les embarcations sont parées des couleurs du Solstice et leurs quilles teintées d’or scintillent dans la Luisante. Il est alors possible de découvrir la Capitale sous un nouveau jour, au fil de l’eau. Mais gare aux lancers de boule de neige qui sont prévus dans le parcours de la balade…
Le Palais et la Guilde des aventuriers
Pour l’occasion, ces deux grandes institutions ont aussi décoré l’extérieur et l’intérieur de leur bâtiment et les ont ouverts aux plus curieux.
Sur l’île de Lutetia, c’est l’occasion de faire du recrutement et de peut-être convaincre certains citoyens de se laisser tenter par l'administration - ou l’aventure! - au sein de la Guilde. Mais peut-être sera-t-elle désertée par ses aventuriers qui préféreront se presser dans les rues de la Capitale pour oublier, le temps d’une soirée, les dangers qu’ils affrontent constamment.
Le Palais est, toujours sous couvert de sa bulle anti-magie, lui aussi accessible à tous. Cependant, la Royauté et les personnalités les plus importantes sont très protégées par une poignée de Garde Royaux qui ont désiré rester en fonction ce soir. Ils seront néanmoins relayés par quelques renforts de la Civile s’ils le désirent, après tout chacun peut profiter du Solstice. C’est sans doute le Palais qui arbore la décoration la plus fastueuse et enchanteresse de la ville.
Pour l'occasion, nous avons décidé d'éviter la place commerçante, après tout je ne travaille pas donc, même si je les apprécie grandement, je préfère éviter de croiser des clients réguliers. Cela risquerait de finir en grande conversation et ce n'est pas ce que je désire aujourd'hui. Je veux profiter de la soirée avec mon épouse et non pas discuter du fait que l'alcool est quand même meilleur chez moi que dans les autres tavernes - discours habituels lorsque des gens goutent mes breuvages - évitons cela! Non, nous nous dirigeons plutôt vers des petites rues, il y a des artistes un peu partout en cette période et c'est toujours agréables d'apprécier quelques numéros bien montés! Je me souviens encore de ce magicien qui j'ai rencontré par hasard alors que nous étions tous deux soumis à un pouvoir d'illusion nous faisant apparaître comme des goules aux yeux des autres. Une sale aventure mais je m'étais promis de voir son spectacle un jour. Malheureusement je n'en ai guère eu l'occasion, peut-être sera-t-il présent en cette douce soirée?
Me penchant pour replacer la couverture sur Cid, je ne désire pas que mon fils prenne froid, je regarde ensuite Saryna avec un petit sourire, oui cette soirée s'annonce définitivement parfaite.
"Y a-t-il quelque chose que tu veux voir en priorité? Je sais qu'une pièce est jouée plus tard mais nous avons encore le temps pour cela donc, profitons des petites animations en attendant."
Je sais que ce n’est pas la première fois que nous sortons avec Cid en famille. Après tout, nous balader dans la rue n’était pas du tout hors du commun. Parfois il était dans mes bras ou contre Devon, parfois dans sa poussette et je sais qu’il est mignon à croqué et qu’il attire déjà bien l’attention. Sauf que j’ignore pourquoi, je me sens bien nerveuse aujourd’hui à l’idée de sortir. Est-ce que je suis fébrile parce qu’il s’agit de notre premier solstice en famille? Ou bien est-ce que je suis déjà en train de penser à tous ces gens qu’il y aura sur la place. Je l’ignore…
Enfin, cela doit paraître un peu puisque j’habille Cid avec bien trop de vêtement au point que Devon doive m’en faire la remarque. Il prend alors la relève alors que je prépare finalement le sac avec tout le matériel nécessaire pour prendre soin de Cid. Bref, nous nous préparons finalement à partir et pour une fois, mes familiers resteront à la maison. Ils sont toujours à mes côtés et pour une fois je ne veux pas avoir à surveiller mon entourage pour savoir où ils se trouvent. Je n’ai pas besoin d’yeux supplémentaires pour vérifier ce qui se trouve autour de moi. Je n’en ai besoin que de deux et c’est pour profiter des festivités avec mon compagnon et mon fils.
Plutôt que de passer par la place commerçante, nous avons donc décidé de passer par de petites rues secondaires. Après tout, je ne voulais pas prendre le risque que tous les habitués de la taverne nous arrêtent à chacun de nos pas. Ils sont plutôt bavards tout le contraire de moi qui me contente du nécessaire lorsque j’aide Devon. Je m’efforce de rester polie, mais mon côté asocial ne m’a jamais aidée à me faire des amis.
La musique se faisait entendre partout autour de nuit, parfois différente par moment, mais en tendant l’oreille et avec un peu de concentration il était possible de reconnaître les quelques chants. Devon, semble d’ailleurs m’offrir la possibilité de choisir la première activité de la soirée.
« Et bien, on pourrait aller à la fontaine? Je sais que nous ne sommes pas les plus fervents croyants, mais ça ne nous ferait pas de mal de nous laisser guider par la magie du solstice non? Si ça se trouve, Lucy exaucera notre souhait? »
La dernière fois que j’avais levé les yeux pour parler à la déesse elle-même, c’était pour lui demander d’avoir un enfant en bonne santé et c’est ce que nous avons. Alors, peut-être que cela pourrait devenir une tradition. Sans même m’en rendre compte, j’emprunte le chemin nous menant à cette fameuse fontaine où résidait la statue à l’effigie de la Déesse Lucy.
« Puis on pourra profiter pleinement des autres activités. Les artisans du coin seront de sortie pour faire la démonstration de leurs compétences sinon, on peut toujours profiter des quelques spectacles en tout genre. Je suis sûre que Cid sera amusé par un spectacle de marionnette! »
Chaque nouvelle pièce était un cadeau à offrir à tes proches, ta sœur et sa passion pour les fleurs, ta mère qui viendrait encore vous taper sur le museau, car elle ne désirait pas de cadeau cette année, ou bien encore ton vieux bouc de père à qui tu ne savais pas encore quoi offrir. De toute façon, lorsqu’il s’agissait de ses goûts, tu n’imaginais qu’une guillotine à ses côtés. Tu avais cette image pour ce vieux crapaud.
N’étant pas un adepte des festivités, c’était souvent Maximilia qui t’avait entraîné à décorer la vieille chaumière où vous habitiez avec enfants. Aujourd’hui, tu te fis la réflexion que c’était peut-être à toi de faire l’effort de décorer votre dispensaire. Déambulant, tu vis plusieurs boules et guirlandes qui attirèrent ton regard, t’empressant d’encombrer tes bras de tout ce que tu trouvais. Tout était dépareillé, juste attiré par les belles décorations, telle une pie.
Portant tes sacs à bras-le-corps, tu te fis bousculer quelques fois par les nombreux passants qui croisaient ton chemin, alors que tu essayais de faire ta place pour te reposer et t’octroyer un thé chaud. Tes joues étaient rougies par le froid, et tu ne voyais rien, entouré par les géants de la Capitale. Ta petite taille de nain n’aidait pas à la cause.
« Ecartez-vouuuus ! Chantonnas-tu de ta voix fluette alors qu’à plusieurs reprises, tu devais te pencher pour ramasser les sacs qui tombaient lorsque l’on te bousculait. »
Tu te retenais de hurler ton mécontentement, c’était censé être, une journée, agréable, le premier jour annonçant l’arrivée de Noël.
Elle rangea le pass de téléportation dans sa poche et s’aventura dans les rues de sa douce Capitale. Elle connaissait cet endroit presque comme sa poche et elle avait toujours adoré cette période de l’année. Les flocons de neige commençaient déjà à recouvrir de blanc sa longue chevelure blonde, tressée pour l’occasion, et elle se surprit à essayer d’en attraper un avec le bout de sa lèvre. Un coup sur l’épaule la ramena à la réalité : elle bloquait le passage. Elle s’excusa poliment, rabattant sa capuche sur sa tête pour cacher ses joues cramoisies. Elle n’était plus une enfant, bien que les festivités qui battaient son plein la ramenait inlassablement vers son enfance, bienheureuse, et les moments qu’elle avait passé avec ses parents.
Elle se souvenait d’ailleurs très bien de son père l’emmenant au grand marché, sur la place commerçante. Là-bas, il y avait toujours une multitude de choses à faire et une foule de passants. Quel dommage qu’elle ne puisse pas assurer les ventes de son commerce en ce jour béni pour les cristaux des commerçants. Elle avait communiqué avec Nessa pour qu’elle prenne son jour de congé et qu’elle profite de la fête. Ainsi, son atelier de verre/salon de thé était fermé.
Ses pas l’avaient rapidement conduits jusqu’à la place commerçante, où la foule était si compacte et impressionnante qu’elle eut du mal à se frayer un chemin pour parvenir jusqu’aux étals. Elle mira les nombreux articles qui étaient à vendre, s’extasiant sur chacun d’entre eux et se demandant si elle allait craquer ou pas. Une voix masculine dans sa tête lui soufflait de ne rien dépenser et de conserver cet argent durement gagner. Une autre lui criait de se faire plaisir. Elle avait aussi l’impression d’être libre de faire ce qu’elle voulait en ce jour du Solstice. Qui sait ? Peut-être que ce jour n’était pas réel, une simple imagination de son esprit qui dormait paisiblement dans une auberge du Grand Port.
- Je vais vous prendre cinq de ces chocolats, merci.
Et elle reprit sa route, satisfaite de son premier achat qu’elle s’empressa de déballer au milieu de l’immense foule. Cela lui rappelait les bonbons qu'elle mangeait habituellement avec son père, plus jeune. Elle déballa l’un de ces chocolats, le mirant sous toutes les coutures, prêtes à déguster cet incroyable sapin de noël déguisé par un maître chocolatier et spécialiste de son art, prête à se délecter de cette friandise qui ferait le plus grand bien à son moral… Quand une pimbêche avec plein de sacs sur le dos la percuta soudainement et fit voler son chocolat sur le sol. Ivara pesta, se retournant vers celle qui s’avérait être la responsable en faisant des grands gestes avec son bras.
- … Pourriez pas regarder où vous mettez les pieds ???!!! Y’a du monde, on peut pas avancer comme on veut ici alors faites gaffe !
Les sourcils froncés, elle ne comptait pas laisser l’individu s’en sortir aussi facilement et voulait lui faire comprendre qu’elle avait interrompu son moment de délices. Son intonation de voix contrastait parfaitement avec l’ambiance qui régnait autour d’eux, notamment les doux chants du Solstice qu’on percevait par moment par-delà le brouhaha de la foule. Ivara n’en avait cure, seul son chocolat gâché avait de l’intérêt à ses yeux.
Mais avant cela, elle avait besoin de se changer, et tant qu’à faire, sur la route, autant aller faire un petit tour vers les animations pour voir ce qui se déroulait. Rien de bien intéressant, de ce qu’elle avait pu voir. Elle rangea alors son dossier et ses affaires et quitta les bureaux de la Commission en direction de son domicile. Même si sa tenue actuelle était plus que correcte, elle n’allait pas forcément bien dans une soirée mondaine - trop stricte, et trop garçonne. Un veston bordeau brodé de fils d’or, un pantalon noir très professionnel, une chemise blanche sous son veston. Quelques discrets bijoux, et surtout son épée à la ceinture comme à son habitude. Elle s’engagea donc dans les vagues de gens et de stands qui se trouvaient à la capitale.
Elle était majoritairement impressionnée par une seule chose - les prix exorbitants de tout ce qui s’y trouvait. Un véritable attrape-touristes comme on en voyait peu. De même que ces histoires de boissons louches à moitié prix, elle n’allait pas prendre le risque d’essayer. Quitte à boire, autant penser au doux champagne du Palais, plutôt qu’à la pique-rate hors de prix de l’endroit. Bien que, un vin chaud pour un peu se réchauffer dans le climat frais de cette saison… Cela pouvait encore se négocier.
Les gens allaient et venaient, se bousculaient parfois, se chamaillaient un peu ici ou là sans que ça ne dégénère vraiment pour l’instant. Les profils des gens étaient très divers, la fête était très populaire, ce n’était pas étonnant. La rouge passa d’ailleurs rapidement au niveau des ballons qui étaient en accès pour avoir une vue panoramique de la capitale. Ces objets étaient intéressants, non pas simplement pour le panorama mais bien pour les applications qu’on pouvait leur donner. Ils avaient permis de se rendre au désert volant, mais rien n’indiquait qu’ils ne pourraient pas être utilisés dans le futur comme points d’observations mobiles pour des patrouilles, ou outils de surveillance avancés. Oui, là où les gens voyaient une attraction, Amaryllis voyait une application bien plus utile. Peut-être devrait-elle y jeter un œil, même si là encore les prix étaient prohibitifs…
D’un côté, vu l’agitation, ça ne serait pas étonnant qu’il y ait quelques pickpockets qui se baladent. Et elle n’avait pas vu tant de gardes que cela, surtout vu toute la foule. Elle ne savait pas qui avait été chargé de la sécurisation des festivités, mais de son point de vue, elle ne trouvait pas ça parfait. Même si pour le moment tout était calme, ça pouvait changer d’une seconde à l’autre. D’ailleurs, un premier cri de vol venait de retentir pas très loin d’elle, peut-être à une dizaine de mètres, derrière un groupe de personnes lui masquant entièrement la vue. Amaryllis ne comptait pas intervenir - ce n’était largement pas dans ses attributions de consultante. Mais peut-être y aurait-il des choses à tirer en regardant la façon dont la garde allait s’en charger. Après, le dit voleur avait au moins eu la bonne idée de ne pas fuir directement vers elle, sinon peut-être aurait-elle fait l’effort.
Luz souffla sur ses doigts gourds pour les réchauffer, ses gants du Solstice coincés en équilibre précaire sous un bras. Rassurée quant à la conservation de son adresse manuelle, elle put s’emparer des brochettes de viandes fumées que lui tendaient un commerçant. Aïe, que c’était chaud par Lucy ! Elle dut ravaler son impatience, pestant contre les bandages qui cerclaient certains bouts de ses doigts, conséquence de ses activités des derniers jours. Calixte, Zahria et elle avaient en effet eu à cœur de décorer la Volière aux dragons, tentatives qui ne s’étaient pas toujours révélées concluantes du fait de leur maladresse innée. Empêcher le garde de s’effondrer sur terrain plat était de toute manière une prouesse que la praticienne savait ne jamais pouvoir réussir, plus encore lorsqu’ils tentaient de travailler sous les quolibets d’Apolline : manipuler de la pâte à cookie d’une main ferme prenait soudainement des allures de samedi soir dans une maison de passe ! Restait qu’elle n’était finalement pas peu fière du résultat, la demeure familiale brillant désormais de mille feux à l’occasion de ces fêtes de fin d’année.
Tout en réarrangeant son épaisse écharpe que Nakai, son shupon, venait de déranger en se lovant au plus près de son cou, Luz fit une seconde tentative pour se délecter de ses boulettes de viande chaudes et fumantes. La musique omniprésente formait un étroit cocon autour de la foule de badauds, et une multitude de fragrances goûtues mettaient à l’épreuve son projet du soir. Autrement dit, déguster un plat différent dans chaque foutue ville principale du continent ! Elle pouvait presque sentir son pass de téléportation chauffer dans sa poche par anticipation, un sourire guilleret frappé sur ses lèvres. Heh, ce n’était pas parce qu’il s’agissait du Solstice qu’elle ne pouvait pas s’adonner à une pointe de tourisme ! Sa présence était d’ordinaire requise entre les quatre murs d’un bureau, responsabilité dont elle s’était adroitement débarrassée – elle se rappelait encore la moue horrifiée de Salem lorsqu’elle avait enjambé cette fenêtre pour mieux disparaitre dans les rues surpeuplées. Nul ne se mettrait en travers de son estomac et de sa bonne humeur du jour !
… Si ce n’était d’avoir perdu Ivara dans la foule. Persuadée d’avoir entre-aperçu la chevelure blonde caractéristique de la sculptrice, Luz n’avait malheureusement guère eu le temps de l’atteindre, aussitôt bousculée par d’autres passants plus pressés. Voilà qu’à présent la silhouette familière s’était littéralement évanouie, Nakai refusant obstinément de se laisser convaincre pour une escapade aérienne. Son bonnet en laine tressé confortablement vissé sur ses oreilles, la praticienne opta pour un drastique changement de tactique.
Un semi sourire amical avait gagné ses lèvres et elle s’était légèrement penchée en avant afin d’happer l’attention de son interlocutrice. Luz était peu retournée au palais ces derniers temps, hormis pour accomplir quelques-unes de ses tâches de médecin royal occasionnel. Elle était toutefois physionomiste, et à peu près persuadée d’avoir déjà brièvement croisé une personne de cette stature.
C'était donc le sourire jusqu’aux lèvres et une chope de bière à la main (sa 2ème déjà) qu'elle se baladait – comme elle le pouvait avec la foule ambiante – sur la grande place marchande de la Capitale d'Aryon où avait lieu le plus grand marché saisonnier du solstice. Avec son petit bonnet rouge avec un pompon blanc et une robe rouge avec de la laine blanche ci et là, elle était totalement habillée pour l'occasion et l'envie de chantonner un air débile à base de « PADORU PADORU » était là. Elle avait entendu parler de ce fameux frouska enchanteur où était proposé une boisson pour 2 cristaux noirs ne rendant pas saoul et était bien bien curieuse de voir si c'était avéré. Cela étant, il y avait tellement de boutiques et tellement de monde qu'il était difficile de le trouver. Mais en faisant le tour elle tomberait bien dessus !
Ce qui était aussi avec ce genre d’événement, c'était le divertissement. Tout plein d'activités à faire, de choses à voir, et tout plein de personnes. Et qui disait tout plein de personnes disait également plus de bordel. Des disputes, de bagarres, des emmerdes...Astrid avait déjà hâte de pouvoir participer ou créer ce genre de connerie pour rigoler un bon coup. Et puis qui sait, peut-être qu'avec tout ce beau monde elle trouverait une jolie fille pour réchauffer son lit ce soir hehehe ! Peu probable, mais elle avait toujours le droit de rêver et d'être optimiste...même si elle se disait ça chaque jour qui passait.
Allez Lucy ! Un peu de fun !
En tant qu'amie de longue date, celle-ci répondit en envoyant une blonde en train de gueuler sur une gamine non loin de là. OH ! Le divertissement parfait !
Levant son verre, Astrid gueula avec son éternel sourire narquois :
-Allez vas-y gamine, te laisse pas faire ! La bogar ! La bogar ! Montre tes gros muscles ! Bwahahahaha !
On pourrait croire que la blanche était ivre, mais pas encore. C'était...juste son état naturel.
Elle ne passerait pas le solstice avec le capitaine comme ces deux dernières années, mais quelque chose lui disait qu'il serait tout autant mémorable, heh.
Festival du Solstice : la Capitale
Froid. Si froid. Il était gelé. Même avec deux écharpes et un manteau très chaud, ce grand frileux avait l'impression que ses doigts allaient tomber. Il détestait le froid et la neige. Malgré sa haine profonde du froid, Lovis décida tout de même de quitter la chaleur de son bureau à l'hôpital pour profiter des activités. La ville avait été bien occupée. Un festival de ce genre prend du temps à préparer et à décorer. Et lui-même n’avait pas été immuniser à cette effervescence, décorant son bureau avec une couronne de houx à sa porte.
Le paysage était merveilleux, tout le monde avait mis beaucoup d’efforts. Mais, ce qui l’intéressait le plus était les ballons voyageurs. Depuis qu’il avait entendu dire qu’il serait possible de monter à bord, Lovis attendait ce jour impatiemment. Il avait même pris soin de libérer son horaire pour cette soirée.
Se rendre fut un vrai cauchemar pour le blondinet. Les rues étaient bondées et les gens se marchaient pratiquement sur les pieds. Même s’il faisait bien attention de ne bousculer personne, il était difficile de ne pas pousser quelqu’un lorsqu’une personne trop pressée vous fonce dessus. Lorsqu’il fut percuté, il manqua presque de tomber sur son derrière. Il dévisagea l’homme qui n’avait pas fait attention un instant et le sermonna.
« Il faut faire attention, monsieur. Il y a des gens partout, alors regardez où vous allez. »
Le docteur reprit la route, marmonnant à quel point personne ne faisait attention. Et c’est lorsque personne ne fait attention qu’il se retrouve avec beaucoup trop de patients à son goût. Au moins, en regardant aux alentours, les gens s’étaient habillés de façon appropriée. Personne ne viendra le voir pour un simple rhume. Il allait continuer son chemin lorsqu’il sentit l’arôme de vin chaud lui chatouiller les narines. Voilà quelque chose qui allait le réchauffer. Il se dirigea alors vers le marchand ou il fouilla dans sa bourse pour quelques cristaux. En se retournant, son regard tomba sur une chevelure rouge qu’il était certain de reconnaître. Analysant pendant une seconde sa silhouette, il était sûr qu’il ne pouvait s’agir de nul autre que Luz. Il prit quelques pas vers sa direction, mais celle-ci semblait occupée. Il n’était pas certain si c’était le bon moment de l’approcher. Lui dire bonjour, ou continuer ? Il ne voulait pas être impoli en ne lui adressant pas la parole. Mais, il ne voulait pas non plus qu’elle pense qu’il l’ignorait si elle l’avait vu. Pris dans un débat, il resta donc sur place, sirotant son vin tout en réchauffant ses mains.
Ce soir, c'était le soir où il fallait sortir pour aller chercher cette foutue nourriture. Les rues principales et parallèles pullulaient de personnes heureuses, le nez rouge et les mains remplient de bouffe à ne plus avoir de place dans leur ventre. North restait chez elle. Le sortir ne ferait rendre cette excursion que plus longue, à croire qu'il attirait tous les humains du Royaume.
Se faufilant difficile dans les rues, le visage sans expression de Rebecca rebutait toutes personnes qui oseraient essayer de lui foutre un gaufre ou tout autre nourriture dans les mains. Des légumes, de l'alcool et c'est tout. Pas besoin de s'emmerder l'esprit avec des trucs de fin d'année complètement obsolètes.
Pendant son allée, la blanche croisa plusieurs personnes qu'elle aurait pu connaître, mais parler l'ennuierait au plus au point. Passer sa route, faire ces foutus courses et rentrer rapidement chez elle, manger, boire sa bouteille d'alcool, laver le mioche et se coucher. Certains se bousculer sans encombre, à croire que faire touche touche avec leurs épaules pouvaient les émoustiller. D'autres osaient le ton : du vol, c'est clairement quelque chose d'envisageable quand autant de personne sont regroupés au même endroit. Est-ce qu'elle ne se laisserait pas tenter ? Si c'est pour finir en garde, mieux vaut passer son tour. En même temps, ce n'est pas comme s'il y avait beaucoup de garde dans les environs, complètement inexistant ou dissimulé par la foule.
Ouais, faire ces courses, rentrer fissa, et boire. C'est tout ce qu'il lui reste, de toute façon.
Festival du Solstice
Des gens & Wolfram
Le festival de Solstice était de retour, poussant les gens à sortir et se réunir malgré le froid. Si tu n’avais rien contre la fête en elle-même, tu n’étais pas non plus un grand fan. D’autant plus qu’aucune des activités proposées à la Capitale ne t’intéressait. Si seulement il y avait eu un équivalent de la forge à vapeur, tu y serais sûrement allé, mais là ? Tu te fichais complètement des balades en ballon voyageur ou en bateau et tu ne parlais même pas des décorations de la guilde des aventuriers ou du palais.
” Ecartez-vouuuus ! ”
Tu te retournas pour rechercher le propriétaire de cette voix familière. Ta fille... Enfin ton fils était donc dans le coin ? Contrairement à toi, Gabriel avait dû venir profiter des festivités. Tu poussas un soupir et profitas de ta taille pour pousser les gens à s’écarter. Tu aurais pu la chercher, mais tu ne tenais pas spécialement à t’attarder ici. Tu n’avais envie que d’une chose : rentrer.
Tu allais continuer à avancer quand un obstacle se forma sur ton chemin : un petit attroupement s’était formé autour de deux femmes. Une blonde s’énervait, reprochant à l’autre demoiselle de l’avoir bousculé. Ah les bonnes femmes... Tu poussas un soupir ennuyé quand tu reconnus la deuxième. C’était ta “fille”. Un peu curieux tu t’arrêtas pour voir comment allait réagir le médecin. Avec son caractère volcanique ça promettait une bonne réplique et visiblement tu n’étais pas le seul à attendre sa réaction. En effet, une autre femme à la longue chevelure blanche, levait son verre en direction du duo en les encourageant à se battre. Était-elle ivre ? Tu la regardas une seconde avant de t’en désintéresser. Elle faisait bien ce qu’elle veut et au fond tu attendais la même chose qu’elle.
Soudain, alors que c'est supposé être un moment de fête et de joie, voici que des voix s'élèvent non loin! Apparemment un accrochage pousse deux jeunes femmes à hausser le ton et, comme souvent, les curieux s'agglutinent autour dans l'espoir d'assister à une bagarre sans que je ne comprenne réellement pourquoi ce plaisir malsain pour les affrontement. Je pousse un léger soupire, entre la jeune femme ivre qui incite au combat, l'homme curieux qui fixent les "participante" et ces-dernières prête à en venir au main, il faut croire que la saison froide ne refroidie pas les ardeurs de tous! Pourtant, voici le genre de spectacle auquel je préfère que Cid n'assiste pas. Un léger soupire, hors de question de m'en mêler, cela ne se déroule pas dans ma taverne alors cela ne me concerne pas! Je me tourne vers ma belle sauvageonne et je lui fais un petit signe de tête. "Il vaut mieux faire un détour. Nul doute que la garde va venir s'occuper de cela mais je préfère ne pas prendre de risque, il serait dommage de se retrouver prit dans une bagarre aussi stupide qu'inutile." Se battre ne pose pas de problème mais pour une bonne raison, pas pour des enfantillages ou des accidents malencontreux comme il en arrive parfois dans une foule bondée.
Je me détourne donc, invitant Saryna a passé devant moi, si les choses dégénèrent, je préfère être entre elle et la source de ce raffut! Alors qu'elle passe, je regarde dans la poussette mon fils en train de s'assoupir, bien étranger à cette folie qui court malgré le temps des fêtes. Il semble paisible, heureux, bien... Je ne peux m'empêcher un léger rire en regardant la scène, venant glisser légèrement moqueur à l'oreille de Saryna. "Dire que tu voulais l'emmitoufler et lui mettre trois paires de chaussettes... Heureusement que je ne t'ai pas laissé faire!"
« T’as fini de brailler la guenon ? Si t’es pas contente fallait pas rester au milieu du chemin ! »
Les gens se croyaient tout permis en cette période de Solstice, et tu étais outré que l’on te fasse une remarque. Tu n’étais tout bonnement pas en tort, ce n’était même pas possible vu que tu avais su faire entendre ta voix et garder ton calme le plus olympien. Même si ces imbéciles à la Capitale n’hésitaient pas à te bousculer impunément. Tu remuas sur le côté, avant de fermer les yeux en inspirant longuement. C’était la saison froide, il faisait froid, et surtout ils devaient être joyeux ! Puis l’image du visage de Maximilia t’apparut soudainement, elle et ses sourcils froncés alors que tu aurais créé un énième conflit à la Capitale. Elle allait te tirer les oreilles.
Une légère grimace apparut sur ton visage à cette idée, tu te repris bien vite en t’inclinant poliment. Surtout maintenant que la foule avait commencé à s'amasser autour de vous. Il allait devenir compliqué de passer inaperçu et de rentrer sans te faire écraser le pied par ta sœur.
« Je suis navrée, j’avais les bras chargés. Et je ne t'avais pas vue. »
Tu déblatéras ton dialogue en serrant les dents pour ne pas laisser ton caractère explosif reprendre le dessus. Puis tu fouillas rapidement dans tes poches pour sortir une poignée de cristaux, les lui déposant vivement dans la main.
« C’est pour m’excuser. »
Du coin de l'œil, tu aperçus une silhouette familière, et tes sourcils se froncèrent. Tu abandonnas quelques instants la demoiselle blonde pour venir déposer tes paquets dans les bras de ton vieux bouc de père. Si celui-ci n'était pas prompt à t'aider dans ce genre de moment, tu attirerais également l'attention sur lui. Te détournant après ton méfait, tu reviens comme si de rien n'était, un immense sourire aux lèvres. Ton bras s'enroula autour de celui de la blondinette. Soudainement rayonnant, tu étais devenu bien plus amical.
« J'ai vu un stand de pâtisseries appétissantes, allons manger ça ensemble.»
Tu te retournas pour tirer la langue à ton vieux père avant d'embarquer la jeune femme avec toi.
Indignée par le surnom octroyé par la jeune femme - dont le langage charetier jurait avec l’apparence grâcile -, Ivara sentait que la moutarde lui montait au nez. Elle avait chaud, terriblement chaud, alors qu’ils étaient en pleine saison froide et qu’il neigeait ! Ses émotions étaient si instables, elle était toujours si proche de la crise de nerfs, qu’elle serra son poing de toutes ses forces en appelant la déesse à son secours pour l’empêcher de commettre l’irréparable. Elle n’allait tout de même pas déclencher une bagarre en pleine fête du Solstice ? Elle devait se reprendre et se calmer. Inspirer. Expirer. Ce n’était pas si compliqué… Sauf quand elle s’aperçut qu’ils avaient déjà commencé à former un attroupement et qu'elle entendit, un peu plus loin, les cris d’une autre femme les incitant à se battre. Et tous ses regard… ! La sculptrice prit un énième coup de chaud et sentit que ses jambes commençaient à flageoler et à ne plus supporter son poids. Elle agita le bout de ses orteils, bien emmitouflés dans ses chaussettes en laines, pour reprendre contenance et, lorsqu’elle voulut lever les bras pour signifier que tout allait bien, l’inconnue lui fourrait quelques cristaux dans la main.
- Non. Gardez-les. Répondit-elle prestement en essayant de lui refourguer sa monnaie.
Mais la tâche s’avéra plus compliquée que prévue lorsqu’elle son propre bras lui fut subtilisé et qu’elle n’eut pas d’autres choix que de se retrouver au plus près de l’étrangère. Quel brusque revirement de situations ! Et voilà qu’elle lui proposait de manger quelques gâteaux en sa compagnie.
- Je, euh…
Son hésitation fut de courte durée. Elle voyait bien que sa réaction avait suscité l’intérêt des badauds et que beaucoup de curieux s’étaient arrêtés pour les regarder ou que des passants avaient, au contraire, modifié leur trajectoire pour ne pas se retrouver au cœur d’une potentielle bagarre. Elle ne pouvait pas se permettre de se donner ainsi en spectacle !
- Je vous suis. Seulement pour empêcher les amateurs de parler, marmonna-t-elle, non sans retirer avec sécheresse son bras pour se libérer de l’emprise de sa ravisseuse.
Du coin de l'œil, il lui sembla apercevoir une chevelure de feu qu’elle connaissait bien. Mais la foule s’était de nouveau compactée et les probabilités pour qu’elle appartienne à son amie lui paraissait bien dérisoire. Le stand de pâtisserie n’était pas si loin que ça et les deux jeunes femmes s’y retrouvèrent assez rapidement. Remettant l’une de ses mèches blondes en place, Ivara souffla à la jeune femme :
- Je n’allais pas vraiment me battre. Mais… Merci d’avoir rattrapé le coup, j’imagine.
Ces quelques mots lui arrachèrent presqu’une grimace. Obligée de remercier un tiers pour l’avoir empêché de se battre, qu’était-elle devenue ?
La rousse se retourna alors qu’une dame à la chevelure tout aussi flamboyante qu’elle cherchait visiblement quelqu’un. D’ailleurs, elle avait en effet souvenir de l’avoir déjà remarquée aussi, même si elle ne s’était jamais attardée sur son identité. Peut-être aurait-elle dû d’ailleurs. Amaryllis prit une petite seconde pour détailler cette dame, de son bonnet jusqu’à ses chaussettes, sans particulièrement s’attarder. Très jolie, elle ne pouvait pas le nier.
Elle n’en avait pas grand chose à faire de sa blonde par contre, trouver ce genre de personnes dans la foule était plutôt difficile, des blondes adorables de cette taille, c’était un peu léger. Elle n’aurait pas eu que ça à faire de la soirée, mais son regard s’illumina légèrement et se fit un peu plus chaleureux lorsqu’elle venait de se présenter. Luz Weiss, un nom qu’elle connaissait plutôt bien à vrai dire. Un grand coup du Destin de se retrouver si soudainement en face d’elle, même si l’ambiance n’était pas vraiment propice à parler affaires.
« Amaryllis Tylwaen, consultante pour la Garde. Tout le plaisir est pour moi. On a certainement dû déjà se croiser rapidement au Palais. »
Elle s’était présentée à son tour, avant de jeter un petit coup d'œil rapide aux alentours. Clairement, ce ne serait pas si simple de retrouver son amie.
« A vrai dire, je ne pensais pas tomber sur la fondatrice de l’Astre de l’Aube au hasard ainsi, même si l’ambiance actuelle n’est pas vraiment propice à de longues discussions... »
Elle avait bien quelques idées pour essayer de voir si cette fameuse tornade rousse - comme on la lui avait décrite - était domptable ou non. Surtout dans une telle ambiance. D’un autre côté, peut-être se recroiseraient-elles au Palais un peu plus tard pour la suite des festivités. Mais autant déjà voir où cette entrevue allait les mener.
« Votre amie a-t-elle un autre signe distinctif? Je vous avoue que c’est en l’état un peu léger pour la retrouver. Mais en attendant, je peux vous offrir un petit quelque chose? Un verre de vin chaud peut-être? Et peut-être que l’on retrouvera votre amie sur la route. »
Autant faire démarrer cela sur un ton assez positif, se disait-elle. Elle arriverait bien plus à solliciter l’aide de son ordre de médecins si elle entretenait de bonnes relations avec sa fondatrice. Et puis, elle n’était jamais vraiment contre un peu de compagnie, tant qu’elle était agréable dans ses critères personnels.
« Enfin, faute d’une demoiselle blonde, il y a bien un damoiseau blond que vous avez l’air d’avoir captivé. »
Amaryllis désigna donc cette fameuse personne d’un petit geste de la tête pour lui signifier la direction vers laquelle regarder. En effet, elle l’avait vu commencer à approcher avant de s’immobiliser avec sa tasse de vin chaud, le regard clairement fixé sur Luz. A moins qu’elle n’ait mal compris dans le brouhaha ambiant et qu’elle cherchait bien un blond, et pas une blonde. Dans ce cas là, elle l’avait peut-être trouvé. Enfin, c’était plutôt lui qui l’avait trouvé.
Amaryllis Tylwaen… Mais quelle bonne découverte ! Elle devait être sacrément en veine pour croiser tout à fait par hasard la route de son interlocutrice dont les inspections avaient fait parler d’elles plus souvent qu’à leur tour. Réputée sérieuse et intraitable, la fort jeune Garde pour son poste accomplissait des miracles et Luz avait eu vent de l’ordre qui naissait généralement dans les documents administratifs de ses victimes suite à ses visites. La Royauté seule savait combien la Capitale avait besoin de semblables travailleurs chevronnés, chaque malheureuse démarche prenant des allures de conquêtes sur cinq siècles dans un système trop vieux et trop peuplé pour être pleinement efficace… Elle faisait qui plus est preuve d’une cordialité sans faille, la chaleur de ses propos achevant de gagner Luz à sa cause. Elle grimaça intérieurement. Bon, d’accord, peut-être était-ce également l’harmonie de ses traits et la prestance de ses longues cornes obsidiennes dans un écrin carmin, qui tendaient à gagner sournoisement les élans favorables de la praticienne. Entre Lou, Lilith et Amaryllis, les cornues avaient de toute évidence le vent en poupe. Heh, on ne choisissait pas ses honteuses attirances !
Elle se fendit d’un radieux sourire tout en dents blanches, le museau curieux de Nakai apparaissant derrière les replis de son écharpe. Le menu corps de son familier était un rempart indéniable contre les températures de la saison froide et Luz n’avait pas eu le cœur de la chasser.
Préciser que le signe distinctif d’Ivara n’était autre qu’une présence intrusive dans son corps n'était peut-être pas le meilleur plan de l’année…
Les prunelles de Luz, pétillantes d’étincelles interrogatives, ne quittaient pas un instant les iris améthystes de sa vis-à-vis. On la disait fort douée avec les chats, plus particulièrement les chatons déchainés, pour une raison que la praticienne n’expliquait pas. Sans doute encore l’une de ces étranges rumeurs qui perçaient si bien l’intérêt de la foule… Perdue dans ses pensées, la rousse se tourna de prime abord quasi machinalement vers le jeune homme que lui désignait Amaryllis. Elle intégra le stand de vin chaud, le bois finement martelé de décorations fantasques, les lourdes chaussettes emplies de victuailles qui en parsemaient les bords... Puis les clients environnants, les verres fumants, l’odeur allègre de l’alcool bouillant et enfin…
Avançant d’un premier mètre spontanément, Luz traçait ainsi dans l’espace un invisible pont entre la belle cornue et le jeune médecin.
Etait-ce trop impoli de lui proposer de partager son temps avec elles, si cela convenait également à la Conseillère ? Un rapide coup d’œil à un tempus posé non loin de là fut suffisant pour garantir à Luz qu’elle disposait du temps nécessaire – elle ne devait retourner tirer Warren de sa tanière que beaucoup plus tard dans la soirée.
Le palais avait pris ses plus belles couleurs pour cette fin de saison froide. Le solstice d’hiver était toujours un grand moment pour les citoyens de ce royaume. C’était d’ailleurs l’une des fêtes de la Reine et nous avons préparé cet événement depuis deux lunes. Elle voulait toujours que ce soit différent des années précédentes. Il fallait des idées novatrices, une nouvelle chorale, un nouveau spectacle pyrotechnique et j’en passe. J’ai cru comprendre que Forteresse c’était surpassé en termes d'ingénierie. Les autres villes ont fait tout autant, non, cette fois-ci, tout le monde a fait le meilleur. L’année prochaine sera encore plus difficile.
Ma journée a été longue pour finaliser les derniers points importants. Les derniers papiers à valider, des autorisations par ci, des autorisations par là. J’avais décidé de prendre un peu le travail de notre chère Reine pour qu’elle puisse profiter un peu plus tôt des festivités. Elle avait fait un tour en ville et nous devions nous retrouver au Palais pour finir la journée ensemble.
Claquant mon classeur, tout était fini et j’enfile mon long manteau d’un bleu nuit saisissant. Une fourrure orne le col pour me tenir bien chaud ainsi que l’écharpe de la même couleur que mon manteau. Bien entendu la tenue d’hiver était requise et mes chaussettes étaient chaudes épaisses dans ses bottes fourrées. Je comptais rejoindre mon compagnon en deuxième partie de soirée. Jin était certainement à la Guilde et je souhaite le rejoindre là-bas. J’avais déjà demandé à Lancelot, mon garde du corps personnel, de faire le nécessaire pour m’accompagner. Après mes dernières mésaventures, il m’était difficile de circuler seule avec des mages fous dans les environs. Mais avant de penser à mes retrouvailles avec Jin sans oublier l’après, je dois rejoindre l’estrade pour m’assurer que ses majestés vont bien. Comme toujours, le Roi était toujours aussi bout-en-train et je pouvais voir comme Allys le dévorait des yeux. Est-ce que j’étais comme ça avec Jin ? Personne ne m’a fait la remarque mais il faut dire qu’avec les derniers événements, j’ai vraiment cru le perdre encore une fois…
Le Roi finit par nous laisser quelques instants. Il devait parler avec quelques anciens camarades d’armes et il savait qu’on adorait parler de tout et de rien avec sa femme. Nous prenons alors un léger cocktail et on énumère toutes les belles qu’on pouvait voir.
C’était une belle soirée et j’espère qu’aucune catastrophe va se produire…
-OOOOOOH GUEUNON ! PO PO POOOOOOOOO ! J'AURAIS PAS AIME ! JE ME SERAIS BATTUE POUR MOINS QUE CA !
La situation l'amusait au plus au point et elle s'empressa de boire le reste de sa bière pour accompagner ce divertissement en période de Solstice. La foule se faisait de plus en plus nombreuse autour des deux jeunes femmes et la citoyenne était à deux doigts de commencer à prendre des paris avec ses voisins pour savoir qui allait casser la gueule à l'autre. Une partie des personnes était curieuse, l'autre inquiète de voir l'ambiance joyeuse et festive de la saison froide être ruinée, et une autre encore dont la blanche faisait partie n'avait qu'une envie, voir du bordel, du chaos, de la destruction.
Malheureusement, à la grande déception de nombreuses personnes, la gamine préféra au final s'excuser. Ah bah super. Génial.
Et l'autre se faisait embobiner !
La dé-ce-ption vraiment.
-C'est honteux ! Hurla la femme à tout faire avec un accent du Grand Port. Booooouh ! Les enfants de nos jours, ils savent plus montrer qu'ils ont des couilles ! Des mauviettes ! À mon époque les gamins ça se provoquait en duel avec une lame entre les dents et une chaussette remplie de cailloux dans les mains pour fracasser le crâne de leur ennemi !
Bon. Elle exagérait peut-être un tout petit peu avec ces provocations gratuites. Un tooouuuuuut petit peu.
Cela étant, après un petit soupir et un haussement d'épaules, elle se dit que ce n'était que partie remise et qu'il y aurait un peu de grabuge un peu plus tard. Et s'il n'y en avait toujours pas eh bien...on n'était jamais mieux servi que par soi-même, et elle était de toute évidence une pro dans ce domaine là. D'ailleurs, une idée germa dans son esprit en constatant que les deux jeunes femmes s'éloignaient de plus en plus. Elle les suivit jusqu'au stand de pâtisserie et une fois qu'elles eurent toutes les deux le dos retourné, la citoyenne passa derrière elles à la vitesse du son pour….mettre une petite claque derrière la tête de la gamine aux cheveux mauves avant de disparaître tout aussi vite dans la foule afin d'observer les réactions au loin en s'empêchant d'éclater de rire. LA BOGAR !
La blanche passe son chemin, et évite une nouvelle fois une marchande qui essaye de lui vendre des produits de saison : guirlandes, chaussettes à pompons, bonnets affreux. Un regard en biais suffit pour qu'elle abandonne tout espoir. Le Solstice, encore une invention pour faire payer plus.
Laissant la querelle de côté, Rebecca continue sa route, et se retrouve face à face avec une rousse qu'elle connait que trop bien.
- Luz...
Aucune envie de parler, aucune envie d'expliquer comment va le bébé, le papa, la maison, les animaux. Aucun envie de repenser à cet homme qui lui avait promis monts et merveilles, et qui se laisse aller à la première garde croisée. Elle lui fait donc qu'un simple signe de la tête et commence à partir. Mais c'est sans compter sur la joie et le bonheur naturelle de la doctoresse qui l'empêche de faire le moindre pas supplémentaire.
Il allait donc falloir rester quelques temps supplémentaire dans le froid, le bruit et la foule....
Festival du Solstice : la Capitale
Il faut dire que Lovis préférait de loin la douce température de la saison chaude. Il aimait sentir la chaleur du soleil sur sa peau et les vent doux soufflant dans les arbres. Toutefois, même si la saison froide annonçait la neige et les tempêtes, elle emmenait la joie. Elle emmenait des décorations et surtout, du vin chaud. Un vin exquis épicé juste à point pouvant réchauffer le blondinet de l’intérieur. Il avait fini de greloter pour un rien et se sentait déjà mieux dans ses chaussettes.
Alors qu’il se décida à reprendre la route pour voir les ballons voyageurs, Luz le remarqua. La petite excursion devra attendre. Dessinant un sourire dans son visage, il s’avança aussi pour rejoindre les deux femmes. La fondatrice l’impressionnait toujours avec ses connaissances. Il aurait presque pu croire qu’elle connaissait tous les gens de la capitale.
« Bonsoir Dame Tylwaen, enchanté de faire votre connaissance. J’espère que vous vous plaisez bien durant ce festival. Avez-vous gouté au vin ? Il est excellent. Parfait pour se réchauffer. »
L’avait-il vu quelque part ? Il n’était pas certain. Pourtant, ce nom sonnait quelque peu familier. Peut-être se trompait-il de personne. Il ne s’attarda pas à ce sujet bien longtemps que son attention revint sur Luz. Il n’était pas pressé et n’était accompagné de personne. Même qu’un peu de compagnie ne serait pas de trop.
« Ce soir je suis seul, j’ai été attiré par les ballons voyageurs. J’ai entendu dire qu’il était possible de pouvoir monter à bord de ceux-ci et voir la ville dans toute sa splendeur. »
Son visage s’illumina à la mention de cette nouveauté. Ses yeux scintillèrent et son sourire se fit plus large. Quoi de mieux pour pouvoir observer toute la beauté que le festival du solstice avait à offrir. Alors qu’il allait lui demander si elle voulait peut-être visiter l’attraction dont il parlait, une autre femme arriva en scène. La jeune femme était un vrai aimant, attirant toute sorte de personne. Dont lui inclut.
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